• Covid : solidarité, humanité, responsabilité

    _Un fil de Jacques Caplat publié sur twitter https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1696080159911100741 et sur mastodon https://piaille.fr/@JacquesCaplat@eldritch.cafe/110966999186302514
    enregistrement via @karacole à venir_

    « Lors de mes conférences et réunions, la plupart des participant·e·s s’étonnent de me voir porter un masque. J’en suis extrêmement déçu et préoccupé, venant de militant·e·s paysan·ne·s et écolo. »

    Explications cruciales 🔽​🔽​🔽​

    Je vais commencer par un peu d’anthropologie, avant de revenir à l’épidémiologie et à la responsabilité politique.

    1) Ce qui fonde l’humain

    Depuis notamment les travaux du paléoanthropologue kenyan Richard Leakey, il est admis que l’un des facteurs clefs dans l’évolution du primate vers Sapiens a été le soin solidaire : le groupe prend soin des plus faibles, des malades, des blessés, des bébés, des vieux. J’insiste : la vie en société et la solidarité envers les plus faibles est un des préalables au développement de l’humanité en tant que telle, c’est consubstantiel à l’humain. Cela n’a pas à être « expliqué » puisque c’est un facteur initial, une condition préalable.

    Sans solidarité envers les vulnérables, nous perdons notre humanité.

    Or cette solidarité signifie par définition refuser la simple « sélection naturelle ». Permettre aux myopes d’avoir une vie normale grâce à des lunettes, et donc d’avoir des familles et des enfants, c’est refuser que les myopes soient éliminés de l’humanité. Permettre aux bébés malades de survivre aux maladies infantiles (raison principale de « l’augmentation de l’espérance de vie » qui est une moyenne), c’est refuser que certains profils génétiques soient éliminés de l’humanité.

    Il faut donc le dire clairement : celleux qui pensent qu’il faut laisser mourir les personnes vulnérables à telle ou telle maladie se placent, fondamentalement et par définition, en dehors de l’humanité. C’est précisément pourquoi l’eugénisme est une abomination.

    2) Le Covid est actuellement endémique

    Du fait de l’irresponsabilité insoutenable de la plupart des gouvernements, particulièrement en France, le Covid s’est installé profondément.

    Je sais qu’un grand nombre d’entre vous pensent qu’il est maintenant mineur. Soyez honnêtes : si vous le pensez, vous vous mentez à vous-même pour éviter de changer vos habitudes de vie (exactement comme le font les climatonégationnistes : même mécanisme de déni). Car qui peut réellement et sérieusement penser que supprimer le thermomètre suffirait à éliminer la fièvre ?!? Soyez honnêtes (bis) : vous savez bien que tous les indicateurs de suivi du Covid ont été éliminés (quasiment plus de tests PCR, plus de remontées statistiques) et que c’est la SEULE raison de sa disparition du paysage médiatique.

    En acceptant cette mystification, vous jouez le jeu du gouvernement, que le Covid dérange à la fois parce qu’il montre son incompétence gravissime et parce qu’il perturbe l’économie.

    Les médias partagent une responsabilité, en acceptant de ne plus parler du sujet, en jouant le jeu de son invisibilisation artificielle.

    La réalité, très facile à vérifier via les publications scientifiques ou le suivi de la présence du SARS-Cov-2 dans les eaux usées (indicateur indiscutable et édifiant), est que le Covid continue à circuler constamment à un haut niveau – et en plus avec une nouvelle « vague » qui débute. Le Covid n’est pas une maladie saisonnière comme la grippe, il circule toute l’année.

    Et la rentrée scolaire va amplifier la nouvelle vague actuelle, puisque le brassage des enfants à l’école est le premier facteur de diffusion (ce fait, totalement admis et évident dans la littérature scientifique mondiale depuis deux ans, a été nié en France par les irresponsables qui nous dirigent : ce déni français est un motif supplémentaire de colère extrême).

    3) Les conséquences sanitaires et humaines du Covid

    Bien sûr, le Covid tue, et ce fait suffit déjà à ce que nous mettions en œuvre tous les moyens possibles pour le limiter. Mais c’est d’une certaine façon bien pire : il handicape à un taux très supérieur à sa létalité. S’il ne tue que 0,1% des personnes atteintes, il laisse des séquelles gravissimes chez 5 à 10% (voire 20%) des malades. Ces séquelles (notamment neurologiques et cardiaques) sont très bien documentées par les épidémiologistes et virologues à l’échelle mondiale, mais scandaleusement étouffées en France, selon la logique de déni que j’évoquais précédemment.

    Ce que l’on appelle les « Covid-longs » touchent environ 2 millions de personnes en France, provoquant plusieurs centaines de milliers d’arrêts de travail prolongés – ce qui explique d’ailleurs l’apparente baisse actuelle du chômage, qui correspond en fait tout simplement au remplacement des salarié·e·s en arrêts-maladie !
    https://www.nature.com/articles/s41579-022-00846-2

    Le Covid se transmet par la respiration (aérosols) mais ce n’est pas une maladie « respiratoire » comme on l’a cru au tout-début : c’est une maladie qui s’installe dans l’organisme entier et dont les affections les plus graves touchent le cœur et le système nerveux (notamment le cerveau).

    Par ailleurs, du fait de ces séquelles, les systèmes immunitaires fragilisés sont plus sensibles à d’autres maladies. À moyen et long terme, de nombreuses morts vont être attribuées à des « grippes », « crises cardiaques », « maladies auto-immunes », « AVC », etc., alors qu’elles ne seraient pas advenues sans une infection préalable de la personne par le Covid. Ça n’apparaît pas dans les statistiques des « morts du Covid » mais c’est bien une mortalité due au Covid !

    Pour votre info, plus souvent vous attrapez le Covid, plus vous risquez de telles fragilisations immunitaires et un Covid-long.

    Certains ici vont hausser les épaules et grogner « catastrophisme » alors que je cite les travaux internationaux indiscutables et faisant consensus. Si vous poussez ce soupir condescendant, vous réagissez exactement comme les climatonégationnistes.

    4) Un virus aéroporté

    Il n’y a plus aucune discussion scientifique sur la transmission du Covid : il est aéroporté.

    Oubliez les consignes simplistes de 2020 sur la « distanciation », car nous ne parlons pas ici de gouttelettes projetées à un mètre (postillons, toux, éternuements). Ces projections sont certes concentrées en SARS-Cov-2 et doivent être évitées, mais elles sont dérisoires par rapport au mode principal de transmission : la respiration.

    Les aérosols de respiration se diffusent comme la fumée de cigarette. Même si le malade vous tourne le dos, même s’il est à 20 mètres de vous à l’autre bout de la salle, ses aérosols finiront par vous atteindre si vous restez plusieurs dizaines de minutes dans la même pièce fermée.

    Dès lors, la protection ne s’obtient pas par la distanciation mais par l’aération et par le port d’un masque.

    Dans un monde idéal où le gouvernement serait responsable et compétent, un grand programme d’aération des salles publiques aurait été lancé depuis deux ans (écoles, hôpitaux, restaurants, cinémas, salles de réunion, EHPAD…). En l’absence d’une telle aération, il n’y a qu’une seule solution pour éviter de diffuser le Covid dans une pièce fermée : porter un masque. Et par pitié : un masque FFP2, car les masques chirurgicaux protègent très peu (uniquement si 100% des gens le portent, et très rigoureusement ajusté).

    Est-il vraiment nécessaire de rappeler que les trois-quart des porteurs du Covid sont asymptomatiques ? Est-il vraiment nécessaire de rappeler que même si vous n’avez aucun symptôme vous pouvez en être porteur et qu’il faut donc que VOUS portiez un masque même si vous ne pensez pas être malade ?

    5) Les « vulnérables » n’ont plus de vie sociale

    En l’absence de politique partagée de protection solidaire contre le Covid, les personnes dites « vulnérables » sont en danger de mort. En effet, les personnes immunodéprimées (notamment du fait des soins contre un cancer, ou ayant bénéficié d’une greffe, etc.), avec handicap génétique, dialysées, avec grave affection cardiaque, âgées, etc., ont un risque considérable de mourir si elles développent un Covid. Elles doivent donc absolument éviter de l’attraper. La question de la transmission est cruciale.

    Dans une salle fermée, si ces personnes vulnérables portent un masque mais que tous les autres n’en portent pas, il n’y a pas de protection suffisante. Pour que les masques protègent les vulnérables, il faut que tout le monde porte un masque.

    L’argument « portez le masque si vous avez peur mais laissez moi ne pas en porter » est une ignominie. D’une part parce qu’il place sur le terrain de la « peur » le fait de ne pas vouloir mourir (c’est abject), ensuite parce qu’il s’agit d’une insulte à l’épidémiologie et à la responsabilité médicale. Non, il ne suffit pas que les vulnérables portent un masque. Il faut que nous portions tou·te·s un masque.

    Comme ce n’est pas le cas, les personnes vulnérables n’ont pas d’autre solution que de s’interdire toute vie sociale. Iels ne peuvent plus aller au ciné, au restaurant, dans des réunions, dans des conférences, à des concerts, etc.

    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/face-au-covid-19-la-vie-en-pointille-des-immunodeprimes-ca-fait-trois-a

    6) Être humains et responsables

    Admettre cet état de fait, c’est abdiquer notre humanité. Ne pas porter de masque, c’est soit considérer comme « normal » que les personnes vulnérables n’aient plus de vie sociale, soit encore pire et considérer comme « pas grave » qu’une partie de l’humanité meurt alors qu’on pourrait facilement l’éviter. 😱​

    Car nous ne parlons pas ici d’un dilemme du tramway. Il ne s’agit pas de choisir entre « X morts » ou « Y morts ». Il s’agit juste de choisir entre « X morts » ou « mon confort personnel ». Celleux qui osent invoquer leur « liberté de ne pas porter de masque » placent leur confort personnel devant les vies humaines. Iels disent explicitement préférer que des gens meurent plutôt que de faire un effort qui ne coûte pourtant presque rien. C’est juste intolérable, inexcusable. C’est très précisément se placer en dehors de l’histoire humaine (cf. mon point 1 ci-dessus).

    Incidemment, ces cyniques sont très mal placés pour donner la leçon sur l’inaction climatique puisqu’iels font exactement la même chose : préférer « ne rien changer à nos habitudes de vie » plutôt que faire preuve de solidarité humaine. Nous aimerions tou·te·s que « la crise climatique soit finie ». Nous aimerions tou·te·s que « le Covid soit fini ». Mais nier la crise climatique ou le Covid ne servira à rien.

    7) Pallier l’inaction politique

    Alors bien sûr, les premiers irresponsables sont les gouvernements populistes, à commencer par le gouvernement français.

    Début 2022, Emmanuel Macron a promis un grand programme d’aération des écoles et lieux public. Depuis : rien, rien, rien.

    En 2020, le gouvernement avait nié l’importance des masques pour ne pas avoir à affronter sa responsabilité dans leur pénurie en France à l’époque, et cette turpitude a encore des conséquences aujourd’hui par la minimisation de l’importance des masques.

    Depuis un an, les hôpitaux n’imposent plus le masque, y compris dans des services dont les malades sont particulièrement vulnérables au Covid (cardiologie) : c’est un niveau d’irresponsabilité effroyable et criminelle.

    D’une manière générale, pour le Covid comme pour la crise climatique, le gouvernement cherche à culpabiliser les Français·es et à leur demander des efforts individuels (voire à les brimer), au lieu d’assumer sa responsabilité politique.

    OK. Mais cette critique politique ne nous autorise pas à la politique du pire, ne nous autorise pas à ne rien faire et laisser mourir les vulnérables.

    Certains réseaux anarchistes et syndicaux agissent heureusement et mettent en place des procédures sanitaires responsables. C’est le cas par exemple ici de « Révolution permanente » (cf. image).

    Des comptes et sites partagent les ressources sur « l’autodéfense sanitaire » pour lutter contre les maladies aéroportées, tels @/arra ou @/cabrioles

    L’aération des lieux publics limiterait considérablement la transmission et permettrait donc une vie sociale pour tou·te·s, mais aurait également un effet d’atténuation des vagues et du « niveau endémique constant », ce qui réduirait le taux de mutation (plus on laisse circuler le virus avec le mythe délirant de « l’immunité collective » qui signifie en fait « abjection eugéniste », plus on favorise le nombre de mutations et la vitesse d’apparition de nouveaux variants) et qui réduirait progressivement la pandémie jusqu’à l’éteindre peu à peu.

    À défaut d’une telle action politique collective, nous avons une responsabilité humaine élémentaire : porter un masque dans les lieux clos. Cela ne se discute pas, sauf à nier toutes les valeurs humaines.

    #Covid #OuiAuMasque #AutoDéfenseSanitaire #CovidIsAirborne #CovidIsNotOver
    archivage https://web.archive.org/web/20230829205538/https://eldritch.cafe/@JacquesCaplat/110966999112891150

  • Moins responsables que les hommes du changement climatique, les femmes en sont les premières victimes – vert.eco
    https://vert.eco/articles/moins-responsables-que-les-hommes-du-changement-climatique-les-femmes-en-sont-

    · Les #femmes sont plus #vulnérables au bouleversement du #climat. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la vulnérabilité des sociétés dépend de leur niveau de développement (Vert). Or, au sein des populations les plus pauvres, « les femmes ont généralement un accès moindre à la terre, à l’éducation, à l’information et aux ressources financières », relève la Banque de France. Elles dépendent davantage des ressources naturelles pour vivre et ont une capacité de résilience moindre en cas de choc. Selon les Nations Unies, elles représentent 80% des personnes déplacées dans le monde (pdf) en raison du réchauffement climatique.

  • HCR - Avec la réinstallation des réfugiés à un niveau historiquement bas en 2020, le HCR appelle les Etats à offrir des places et à sauver des vies
    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2021/1/600e79ffa/reinstallation-refugies-niveau-historiquement-bas-2020-hcr-appelle-etats.html

    Environ 1,44 million de réfugiés à travers le monde auraient d’urgence besoin de réinstallation. Mais seulement 22 770 d’entre eux ont été réinstallés en 2020 avec l’appui du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Ce chiffre a été publié aujourd’hui par le HCR.C’est le nombre de réinstallations le plus faible jamais observé par le HCR depuis près de deux décennies, du fait des quotas limités qui ont été proposés par les Etats ainsi que de l’impact de la pandémie de Covid-19 qui a retardé les départs et les programmes.« Nous espérons que l’année 2020 restera une anomalie historique en termes de réinstallation des réfugiés. Nous appelons d’urgence les gouvernements à intensifier leurs programmes cette année, à offrir davantage de places de réinstallation, à accélérer la gestion des cas et à nous aider à sauver la vie de personnes menacées et extrêmement vulnérables », a indiqué la Haut Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale, Gillian Triggs. « L’année 2020 a été extrêmement difficile pour toutes les populations à travers le monde, mais elle l’a été encore davantage pour de nombreux réfugiés, dont la situation était déjà précaire et qui luttent pour leur survie. » Alors que la pandémie a profondément impacté le nombre de réfugiés pouvant être réinstallés en 2020, le HCR est encouragé par le fait que 20 pays ont néanmoins repris leurs programmes, avec l’examen de dossiers de candidature et l’accueil de réfugiés tout au long de l’année. Beaucoup d’entre eux ont mis en œuvre des modalités innovantes et flexibles pour gérer la réinstallation malgré la pandémie.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#refugie#vulnerable#unhcr#reinstallation

  • Trois semaines plus tard : #Covid-19 : des patients « à très haut risque » pourront être vaccinés dès lundi
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/15/covid-19-des-patients-a-tres-haut-risque-pourront-etre-vaccines-des-lundi_60

    Le premier ministre Jean Castex a annoncé qu’environ 850 000 patients pourront bénéficier de la vaccination dès lundi 18 janvier, quel que soit leur âge. Les autres malades chroniques devront attendre.

    Outre les plus de 75 ans, les personnes présentant des pathologies à « très haut risque », quel que soit leur âge, pourront se faire vacciner contre le Covid-19, à partir de lundi 18 janvier, dans l’un des « 700 centres » de vaccination, a indiqué jeudi 14 janvier le premier ministre Jean Castex. Ce sont les personnes atteintes de cancer et de maladies hématologiques malignes en cours de traitement par chimiothérapie, de maladies rénales chroniques sévères, dont les patients dialysés, des personnes ayant eu une transplantation d’organes ou souffrant de certaines maladies rares, porteuses de trisomie 21, ou atteintes de poly-pathologies chroniques, avec au moins deux insuffisances d’organes, une indication peu claire. Soit environ 850 000 personnes. « Ces patients devront avoir une prescription médicale de leur médecin traitant pour bénéficier de la vaccination », précise le ministère de la santé.

    Il a fallu la mobilisation d’associations de #patients pour que les personnes malades chroniques, jusqu’ici oubliées, deviennent prioritaires. Cette liste de « vaccination en très haute priorité des personnes à très haut risque », visible sur le site du minstère de la santé a été établie « sur avis de la Haute autorité de santé https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/le-gouvernement-ouvre-la-vaccination-aux-patients-vulnerables et du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale présidé par Alain Fischer », a indiqué Olivier Véran. « Ces pathologies les rendent très vulnérables au Covid-19 », a précisé le ministre de la santé. L’obésité – un facteur de risque de forme grave repéré tôt après l’apparition de l’épidémie – n’en fait toutefois pas partie.

    Les populations « prioritaires » définies fin juillet par le comité analyse, recherche et expertise (CARE) et le comité vaccin Covid-19 et par la Haute Autorité de santé, étaient beaucoup plus larges : 23 millions de personnes, en raison de leur âge supérieur à 65 ans, d’une pathologie chronique ou d’une obésité.

    « Pourquoi pas nous ? »

    Dans une tribune publiée sur le site du Monde, l’association de patients d’insuffisants rénaux Renaloo, qui se dit aujourd’hui satisfaite, déplorait que « la vaccination n’ [ait] simplement pas été organisée ».

    Mais « pourquoi oublier les malades cardiovasculaires, les diabétiques et les obèses ? », se demande sur Twitter Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles- Saint-Quentin-en-Yvelines. De même, l’association Rose Up milite depuis des semaines pour que les malades de cancer « bénéficient dès à présent de la vaccination, y compris s’ils ne sont pas en chimiothérapie ».

    « Il est assez raisonnable de penser que les patients de plus de 60 ans en cours de traitement sont d’assez bons candidats [à la vaccination prioritaire]. De même que les patients de moins de 60 ans avec des traitements assez intensifs », abonde Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, qui fédère des centres de lutte contre cette maladie.

    « Il y a naturellement d’autres malades chroniques qui vont se dire : pourquoi pas nous ? On est encore dans une priorisation induite par la #pénurie de vaccins... C’est compliqué pour les autres pathologies aussi, comme le VIH estime Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon (APHP), on suit 3 000 patients VIH, beaucoup m’envoient des mails [pour savoir quand ils se feront vacciner], il faut leur expliquer que ce n’est pas pour tout de suite... » .
    Les autres maladies facteurs de risque, comme les pathologies cardiovasculaires, respiratoires, le diabète... « feront l’objet d’une vaccination prioritaire dans un second temps », indique l’avis du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.

    heureusement que l’on choisi des médecins comme ministres de la santé

    #vaccins #stratégie_vaccinale #vulnérables #malades_chroniques #gouvernement

    • Patients greffés et dialysés : « Chaque jour qui passe sans vaccin nous menace davantage », Nathalie Mesny,
      Présidente de Renaloo, 14 janvier 2020
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/14/patients-greffes-et-dialyses-chaque-jour-qui-passe-sans-vaccin-nous-menace-d

      La vaccination de ces populations « ultra-prioritaires », prévue par la Haute Autorité de santé, ne figure pas dans le calendrier vaccinal officiel, explique la présidente d’une association de patients insuffisants rénaux dans une tribune au « Monde ».

      Tribune. Dans une décision du 17 décembre 2020, la Haute Autorité de santé (HAS) prévoyait une vaccination de sous-populations non âgées mais particulièrement vulnérables et exposées au SARS-CoV-2 très précocement dans la campagne. Les patients dialysés et greffés rénaux sont directement cités.

      Cette priorisation, que réclamait Renaloo, est absolument nécessaire, puisque le risque de décès du Covid-19 pour ces patients est de l’ordre de 15 %, équivalant à celui des résidents d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), bien qu’il concerne très souvent des personnes bien plus jeunes.

      La campagne vaccinale a débuté en France le 23 décembre 2020. A ce jour, la vaccination de ces patients « ultra-prioritaires » n’a, en dehors de la HAS, fait l’objet d’aucune information institutionnelle. Elle ne figure pas dans le calendrier vaccinal officiel. Elle n’a simplement pas été organisée.

      En attente de « consignes gouvernementales »

      La présence obligatoire trois fois par semaine des patients dialysés dans les centres faciliterait l’administration du vaccin. En revanche, les équipes de greffe rénale suivent au moins un, voire souvent plusieurs milliers de patients transplantés rénaux, et sont confrontées à la grande difficulté de réaliser leur vaccination dans des délais compatibles avec l’urgence qu’elle implique.
      Sur le terrain, les patients témoignent. On dit à certains être toujours dans l’attente de consignes gouvernementales pour les vacciner.

      D’autres sont envoyés directement vers les centres de vaccination, où ils se heurtent évidemment à des refus, puisque seuls les professionnels de plus 50 ans et les plus de 75 ans sont actuellement prioritaires.
      Certaines équipes prévoient d’ores et déjà de limiter la vaccination à une partie seulement de leurs patients : ceux qui auront la chance d’avoir une consultation programmée dans les quelques semaines à venir, les plus âgés – alors que, de facto, les plus de 75 ans vont accéder dans quelques jours aux centres de vaccination, suivis de près par les plus de 65 ans – ou encore les happy few , sélectionnés pour participer à des études cliniques.

      Décès et séquelles évitables

      Tous les autres seront laissés sans solution, renvoyés à une date ultérieure ou vers leur médecin généraliste, qui n’est évidemment pas en mesure de leur répondre.
      Certains se tournent en désespoir de cause vers les services d’information de l’Assurance-maladie, qui leur confirme rapidement qu’ « ils ne sont pas prioritaires ».

      Enfin, plusieurs équipes de greffe se sont vu purement et simplement interdire par leurs agences régionales de santé (ARS) de vacciner leurs patients, au motif « qu’ils ne sont pas prioritaires ».

      Dans le contexte du risque de flambée épidémique et d’émergence probable d’au moins un variant du virus plus contaminant dans les semaines à venir, ces retards dans l’organisation de l’accès au vaccin de personnes pour lesquelles il est hautement mortel ont des conséquences directes en termes de perte de chances mais aussi de décès et de séquelles évitables.
      Chaque jour qui passe sans vaccin nous menace davantage.

      Une urgence absolue

      Cette situation constitue une faute manifeste et grave dans la mise en œuvre de la stratégie vaccinale, ainsi qu’une entorse majeure au principe retenu pour la campagne en France, qui prévoit que la vaccination repose sur des critères équitables et soit d’abord accessible aux personnes les plus à risque.

      L’impossibilité d’accès au vaccin et les informations contradictoires auxquelles nous, les plus fragiles parmi les fragiles, sommes confrontés, suscitent une immense inquiétude, qui devrait nous être épargnée.

      Nous demandons que notre vaccination soit organisée sans délai, et en particulier que :
      – soit garanti notre accès prioritaire à l’ensemble des centres de vaccination, afin que tous ceux qui le souhaitent puissent obtenir un rendez-vous rapide, par Internet ou téléphone, et une première injection avant la fin du mois de janvier (même calendrier que les résidents d’Ehpad, dont le niveau de risque est équivalent) ;
      – soit assurée la bonne organisation de cet accès, et en particulier que les informations nécessaires nous soient sans aucun délai adressées, ainsi qu’à nos équipes de soins, aux centres de vaccination, aux établissements, agences régionales de santé, etc.

      Il s’agit d’une urgence absolue, médicale, éthique, et humaine.

      Renaloo est une association de patients insuffisants rénaux (maladies rénales, greffes, dialyse) www.renaloo.com.

  • Décret du 11 novembre : sacrifice des travailleurs vulnérables et mépris pour la démocratie en santé - Renaloo
    http://www.renaloo.com/actualites2/les-dernieres-actualites-

    ✅ Une fois encore, la démocratie en santé est bafouée durant cette crise, et les travailleurs les plus vulnérables, à risque de forme grave de Covid19, risquent de le payer cher.

    Renaloo est mobilisé depuis le tout début de la crise sur l’indispensable protection des travailleurs à risque de forme grave de Covid19 et des proches vivant sous le même toit qu’une personne vulnérable. Un feuilleton qui a d’ores et déjà comporté de nombreux épisodes(1). 

    Le décret paru le 11 novembre 2020 est un nouveau coup, qui sacrifie leur protection sur l’autel de la reprise économique. 

    ✅ Nous dénonçons tout d’abord un simulacre de concertation 

    Alors que nous l’attendions depuis le 16 octobre, le projet de décret n’a été communiqué à France Assos Santé que le 10 novembre, sans information sur les délais impartis pour sa relecture. Nous avons avec effroi constaté sa publication le 11/11 au matin.

    ✅ Une liste des pathologies à risque arbitraire, incohérente avec l’avis du HCSP du 29 octobre.

    Certaines des pathologies identifiées par le HCSP comme étant les plus à risque de forme grave sont même absentes du décret.

    ➡️ C’est le cas notamment de l’insuffisance rénale chronique(2), qui pourtant fait partie selon le HCSP des pathologies entrainant le sur-risque significatif le plus élevé (HR >5 au stade 5) et figure en quatrième position des comorbidités retrouvées chez les patients décédés de Covid19 en France(3).

    ✅ Les proches cohabitant avec des personnes fragiles sont à nouveau injustement exclus des dispositifs dérogatoires.

    Bien que la Direction Générale de la Santé ait demandé au HCSP de se prononcer sur l’activité professionnelle des personnes cohabitant avec les personnes à risque de forme grave de Covid19, son avis est totalement muet sur le sujet…

    ✅ Un texte qui n’impose pas le télétravail même s’il est possible

    Selon le décret, le télétravail, bien que présenté comme l’alternative prioritaire par le HCSP, n’est pas opposable à l’employeur. S’il réunit les "critères de sécurité renforcés", il peut exiger le retour en présentiel de son salarié même si le télétravail est possible. 

    ✅ Une opposition inconciliable entre les intérêts des employeurs et ceux des travailleurs vulnérables, qui conduira à des risques de discrimination et d’exclusion professionnelles.

    A compter du 1er janvier 2021, les conditions financières du chômage partiel évoluent :

    les salariés en chômage partiel ne toucheront plus que 60% (70% actuellement) de leur rémunération brute (100% s’ils sont au Smic)(4)
    les employeurs se feront rembourser 60% de l’indemnité versée (85% actuellement). Soit un reste à charge de 40% (15% actuellement)(5) 
    ➡️ L’employeur aura à sa charge une part croissante du chômage partiel et sera donc fortement incité à « encourager » au retour en présentiel.

    ➡️ Les pressions qui vont s’exercer sur les travailleurs vulnérables seront donc majeures : employeur + diminution de l’indemnisation.

    ➡️ Elles les conduiront à devoir faire des choix entre leur protection et leur santé d’une part, et leurs ressources et leur avenir professionnel d’autre part. 

    ➡️ Combien de conflits naitront entre employeurs et salariés à risque qui devront assumer de dénoncer l’insuffisance de protection dont ils font l’objet ?

    ➡️ Combien de travailleurs seront mis à l’index et promis à un départ imminent pour avoir tenté de faire valoir leurs droits ?

    #covid-19 #prévention #vulnérables #travail #chômage_partiel

  • Patients vulnérables : petits mensonges entre amis - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/19/patients-vulnerables-petits-mensonges-entre-amis_1802815

    Qu’Olivier Véran cherche à se prémunir contre d’inévitables procès pour mise en danger de la vie d’autrui est flagrant. Mais ce mensonge, de la part d’un confrère, qui plus est ministre de la Santé, est particulièrement intolérable. Faire croire à nos patients que nous étions en capacité de les protéger et que nous avons choisi de ne pas le faire est scandaleux. En effet un médecin qui aurait prescrit un arrêt de travail à un salarié vulnérable à risque de forme grave de Covid-19 hors des critères très restrictifs de la nouvelle liste aurait engagé sa responsabilité à titre pénal (escroquerie, faux et usage de faux : trois ans d’emprisonnement, 45 000 euros d’amende), à titre civil (remboursement des sommes versées par la sécurité sociale au salarié), et à titre professionnel (interdiction temporaire ou permanente d’exercer). C’est bien car il était conscient de cette réglementation et jurisprudence très précises que le législateur a créé en avril 2020 le dispositif d’arrêts de travail « dérogatoires » pour patients vulnérables, qui dérogeait donc effectivement de manière très inhabituelle à cette obligation de n’arrêter que des patients malades.

    • Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires avaient soudain cessé d’être considérées vulnérables au coronavirus. Le dispositif de chômage partiel permettant de les prendre en charge si leur poste ne permettait pas le télétravail avait été supprimé, les contraignant à s’exposer à nouveau dans les transports en commun et sur leur lieu de travail. Aucune instance n’avait défendu ces patients vulnérables. Pis encore, France Assos Santé, regroupement de 80 associations de #représentants de malades, s’était dans un premier temps félicitée : « Pour la première fois depuis le début de cette épidémie, ce ne sont pas les scientifiques du Haut Conseil pour la santé publique ou les professions de santé qui ont dicté ce décret. Il a été négocié avec nous, les représentants de patients. » Joie de l’entre-soi, fierté de la pseudo-concertation, ultime hochet agité devant les plus dociles.

      Malgré de nombreuses alertes, entre autres dans ce « Journal », aucun membre du gouvernement n’a communiqué sur cette décision indéfendable. Les personnes concernées ont tenté de se faire entendre, mais ont eu peu de relais. Jusqu’à ce qu’un recours devant le Conseil d’Etat soit intenté par Olivier Berruyer et déposé le 11 septembre, avec l’aide de l’avocat Philippe Prigent. Alors que la loi prévoit un jugement sous quarante-huit heures, le Conseil d’Etat rejettera la demande le 25 septembre, au motif d’un « manque de pièces justifiant l’intérêt à agir » des plaignants. Ou, selon les mots inoubliables de Jean-Pierre Darroussin dans Mes meilleurs copains : « Y’a pas mort d’homme… »

      [rituel :] Des données tronquées par le gouvernement

      Nouveau recours déposé le 27 septembre en lien avec la Ligue Contre l’obésité, jugé… le 9 octobre [soit plus de deux mois après la reprise de a hausse des contaminations, ndc] , où lors d’une première audience le Conseil d’Etat demande au gouvernement de partager les sources sur lesquelles il a appuyé sa décision. Celles-ci se révèlent truffées d’erreurs scientifiques, d’approximations, et montrent à quel point les données ont été tronquées pour « privilégier l’économie ».

      Entre autres perles, on y découvre que le gouvernement considère qu’il n’y a aucune urgence à étudier le recours parce que les vulnérables ne sont pas encore tombés malades et que le décret « ne porte aucune atteinte à la vie ou à l’intégrité des personnes » . Enfin, alors que ce type de décision va contribuer à la flambée de l’épidémie, le gouvernement affirme que la protection des vulnérables ne se justifie plus, car « la situation sanitaire a significativement évolué depuis mars » , et que le virus ne circulerait plus « activement ». Sous vos applaudissements, le représentant du gouvernement poursuit : « Il y avait aussi un aspect politique. Fin août, le virus ne circulait quasiment plus, et le gouvernement a voulu envoyer un signal qu’il fallait reprendre l’activité… Tout le monde pouvait reprendre le travail, même ceux qui bénéficiaient du chômage partiel, pour des raisons d’affichage. »

      Enfin, pour le gouvernement, « la protection de la santé de la population doit être conciliée avec les contraintes pesant sur les finances publiques » … Le coût est estimé à 2,8 milliards par mois, à la charge de l’Etat, et 400 millions d’euros à la charge des employeurs, si les 2,8 millions de personnes concernées font appel au dispositif, présenté comme particulièrement onéreux. Or l’Observatoire Français des conjonctures économiques note que, comme souvent, le nombre de personnes ayant demandé à bénéficier de ce dispositif est très faible, et très loin des 2,8 millions de personnes fantasmées par le gouvernement . Olivier Berruyer note : « Le dispositif de protection des salariés les plus vulnérables concerne entre 50 000 et 100 000 personnes, ce qui représente un coût de 50 à 100 millions d’euros par mois… Le gouvernement… a donc de nouveau effrontément menti en multipliant le coût par 30 à 60 pour justifier son choix d’arrêter le dispositif. Sachant que la première vague a entraîné un coût pour la société concernant les malades de 20-65 ans de plus de 2 milliards d’euros (indemnités journalières et frais de santé), protéger les personnes les plus vulnérables pour moins d’une centaine de millions d’euros par mois (soit 10 % du coût actuel habituel des IJ) est parfaitement rentable, et… un excellent investissement pour les finances publiques, réduisant, en plus, les coûts futurs liés aux séquelles. »

      Le Conseil d’Etat désavoue finalement totalement le décret le 15 octobre au matin, le lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron décrétant un couvre-feu, et alors que les domiciles de plusieurs membres du gouvernement sont perquisitionnés.

      Les mensonges d’Olivier Véran

      Obligé de commenter ce revers lors d’une conférence de presse conjointe, Olivier Véran va se rendre coupable d’un de ces petits mensonges entre amis qui font la saveur de ses apparitions. Feignant de n’avoir jamais été pris en faute, il annonce : « Une première liste de personnes qui ont pu retrouver le travail pour éviter une désinsertion professionnelle trop longue avait été mise en place cet été… Nous allons faire probablement évoluer cette liste afin de protéger davantage de personnes compte tenu de l’état d’urgence sanitaire. Une discussion a d’ores et déjà commencé avec les associations responsables des usagers. »

      Une journaliste faisant plus clairement référence au désaveu du Conseil d’Etat, Olivier Véran explique que « le Conseil d’Etat considère, et ça nous va, que vu la situation épidémique et l’évolution avec l’état d’urgence sanitaire dans certaines régions, charge à l’Etat de repenser le dispositif de protection » [comme c’est la politique du stop and go, ça peut avoir l’air crédible, ndc]. C’est un mensonge, visant à laisser entendre que le décret du 29 août était justifié et que seule l’évolution du virus amène cette défaite cinglante. Le Conseil d’Etat juge en droit, pas en fonction de la situation épidémique.

      Cerise sur le gâteau, et ultime traîtrise vis-à-vis des soignants en première ligne, Olivier Véran lâche que, de toute façon « un médecin a toujours la possibilité de prescrire un arrêt de travail »

      [...]

      Quid de la suite des évènements ? Bien entendu le gouvernement n’a fait aucune annonce publique pour indiquer clairement aux personnes vulnérables éjectées du dispositif le 1er septembre qu’elles peuvent à nouveau en bénéficier, comme elles doivent pouvoir à nouveau bénéficier d’une dotation en masques en pharmacie… Mais d’ores et déjà les patients vulnérables peuvent se tourner vers leur médecin traitant et leur demander à nouveau un certificat d’isolement (selon les critères antérieurs du décret du 5 mai 2020). Malheureusement, rien n’a été fait pour les proches de patients vulnérables, qui ne sont toujours pas protégés malgré cette décision du Conseil d’Etat.

      Et on notera, si on a le temps, le satisfecit de nombreuses associations de patients et de syndicats de fonctionnaires qui se félicitent bruyamment d’une victoire judiciaire… à laquelle ils n’ont nullement contribué.

      #conseil_d'État #travail #arrêt_de_travail #vulnérables #covid-19 #santé_publique

  • Non-protection des vulnérables #Covid-19 : Les 40 erreurs impardonnables du gouvernement
    https://www.les-crises.fr/non-protection-des-vulnerables-covid-19-les-44-erreurs-impardonnables-du-

    Un chiffre qui résonne comme un véritable scandale : la suppression de la protection des personnes vulnérables résulte de l’accumulation d’une quarantaine d’erreurs du gouvernement… Plan : I. Contexte II. Où en sommes-nous ? III. Les erreurs juridiques IV. Les erreurs médicales V. Les erreurs épidémiologiques VI. Les erreurs financières VII. Les 30 erreurs scientifiques […]

    #Santé #Recours_CE #Vulnérables_Covid-19 #Santé,_Covid-19,_Recours_CE,_Vulnérables_Covid-19

  • Non-protection des vulnérables #Covid-19 : Les 30 erreurs scientifiques du gouvernement
    https://www.les-crises.fr/non-protection-des-vulnerables-covid-19-les-30-erreurs-scientifiques-du-g

    Un chiffre qui résonne comme un véritable scandale : la suppression de la protection des personnes vulnérables résulte de l’accumulation d’une trentaine d’erreurs scientifiques de la part du gouvernement français… Le Gouvernement a fourni un document au Conseil d’État afin d’expliquer sur quelles bases scientifiques il avait décidé de réduire la liste des personnes vulnérables […]

    #Santé #Recours_CE #Vulnérables_Covid-19 #Santé,_Covid-19,_Recours_CE,_Vulnérables_Covid-19

  • Muge Cevik sur Twitter : “A real overlap in the causes of mortality and deprivation can be seen here. The age-standardised rate of deaths involving #COVID-19 in the most deprived quintile was more than double (2.3 times higher) than in the least deprived quintile in Scotland.” / Twitter
    https://twitter.com/mugecevik/status/1308080099900698624

    La #pauvreté est un facteur de risque ignoré de décès par #COVID-19

    Muge Cevik sur Twitter : "In summary: The disproportionate impact of COVID-19 on households living in poverty, and the racial and ethnic disparities observed in many countries, emphasize the need to urgently update our definition of “#vulnerable” populations for COVID-19 & address these inequities. (22/n)" / Twitter
    https://twitter.com/mugecevik/status/1308080103407132673

    #inégalités #mortalité #vulnérabilité

    • C’est une question d’exploitation et donc de capacité à se soustraire aux risques de contagion.

      Quelle communauté de risques et de destin entre le bourgeois de centre-ville qui s’est tranquillou dématérialisé dans sa résidence secondaire en Normandie et sa femme de ménage qui a lutté pour sa survie dans son clapier de Seine-Saint-Denis  ?

      Rappelons que les FDO on laissé les premiers violer le confinement pour aller se « vacancer » en cambrousse (où ils ont généreusement covidé l’autochtone  !) pendant qu’ils harcelaient le fils de la seconde qui tentait d’aller au ravitaillement dans sa cité-cimetière.

      https://seenthis.net/messages/877380

  • #COVID-19 Is like an X-ray of Society - Scientific American Blog Network
    https://blogs.scientificamerican.com/voices/covid-19-is-like-an-x-ray-of-society

    When coronavirus first spread through Wuhan, so too did the x-ray’s exposure: illuminating a pervasive fear of the other, and the xenophobia that follows; exposing how we speak before we think, and the extent to which we project our own prejudice. According to press reports, on February 2, an Asian American woman in Chinatown was attacked for wearing a face mask; and on March 10, another Asian American woman was attacked for not wearing a face mask. It seems you’re damned if you do, and you’re damned if you don’t. Consider these stories without the mention of any face mask: two Asian American women were attacked. Our x-ray confirms what it’s like to be a minority in this country. What it’s like to be a woman.

    #mental #vulnérabilité #vulnérables

  • A la veille du déconfinement, des projections épidémiologiques globalement pessimistes, Paul Benkimoun, Chloé Hecketsweiler
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/07/a-la-veille-du-deconfinement-des-projections-epidemiologiques-globalement-pe


    Désinfection d’une salle de classe du groupe scolaire des Peupliers à Beaune (Côte-d’Or), le 6 mai. JEFF PACHOUD / AFP

    Selon différentes modélisations, la stratégie du gouvernement est insuffisante pour endiguer une seconde vague de l’épidémie. Elle pourrait frapper de plein fouet des hôpitaux fragilisés par deux mois de lutte contre le Covid-19.

    A quelques jours du déconfinement, la France est-elle aussi à la veille d’un rebond épidémique ? « Trop de relâchement et d’insouciance, et c’est une deuxième vague qui menace ; trop d’immobilisme et d’angoisse, et c’est l’asphyxie collective. Tel est le chemin de crête sur lequel nous devons avancer : chaque versant est un à-pic vertigineux » , a résumé le premier ministre, Edouard Philippe, auditionné le 4 mai au Sénat.
    Partant de ce constat, plusieurs stratégies sont possibles, mais celle en demi-teinte présentée par le gouvernement est loin de faire l’unanimité parmi les épidémiologistes.

    Premier écueil en vue : l’absence de mesures de protection renforcées pour les personnes les plus vulnérables. Dans une étude mise en ligne mercredi 6 mai, les modélisateurs de Public Health Expertise estiment qu’il sera impossible d’éviter une seconde vague si cette population est de nouveau exposée au virus.

    Les auteurs prennent pour hypothèse un scénario proche de celui esquissé par le président de la République dans son allocution du 13 avril avec une réouverture des écoles et un retour au travail pour le plus grand nombre. Dans leurs différents scénarios, la circulation du virus est en partie contrôlée par la mise en quarantaine des personnes infectées et le dépistage de leurs contacts. Leur objectif est d’évaluer l’impact de deux autres mesures de contrôle : le port obligatoire du masque et la réduction des contacts dans la vie quotidienne (la « distanciation sociale »).

    Protéger la population « vulnérable »

    Pour cela, leur modèle « recrée » la circulation du virus au sein d’une population fictive de 500 000 personnes avec la possibilité d’ajuster des dizaines de paramètres selon les hypothèses retenues. Résultat : même si le port de masques et la distanciation sociale permettent de réduire de 75 % le risque de contamination, le nombre de cas graves serait tel que les capacités d’hospitalisation en réanimation seraient débordées dès la fin du mois de juillet (14 000 lits au total dont les trois-quarts réservés aux patients Covid). « Dans ce scénario, un nouveau confinement serait inévitable » , estime Nicolas Hoertel, psychiatre et modélisateur à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), coauteur de l’étude.

    Pour l’éviter, l’étude suggère des mesures additionnelles pour protéger la population « vulnérable », celle qui risque le plus d’être hospitalisée en réanimation et de décéder : les personnes âgées de plus de 65 ans, ou présentant des facteurs de risque (diabète, hypertension, maladie pulmonaire, obésité). Sans prolonger leur confinement, elles seraient encouragées à limiter au strict minimum leurs contacts et leurs sorties jusqu’à la fin de l’année. Dans ce scénario, la mortalité globale diminuerait de 85 % avec 33 000 décès entre mai et décembre contre 217 000 dans le scénario le plus pessimiste, qui ne prévoit ni port du masque ni distanciation sociale.

    A la fin de cette vague, le nombre de personnes infectées – en majorité les moins susceptibles de développer des formes sévères de Covid – serait suffisant pour atteindre l’immunité de groupe. « Il ne s’agit pas d’exposer une partie de la population plutôt qu’une autre mais de tenir compte du déséquilibre de risque entre elles » , souligne Nicolas Hoertel. « La question, qui devrait faire l’objet d’un débat de société, est : comment protéger de façon humaine une population vulnérable, essentiellement âgée » , ajoute le médecin.

    Autre modélisation, celle réalisée par l’équipe de Vittoria Colizza (Inserm) et Pierre-Yves Boëlle (Sorbonne Université). Elle reprend le modèle utilisé pour estimer l’impact du confinement sur le système de soins en Ile-de-France, en l’actualisant avec des données sur les admissions en réanimation jusqu’au 28 avril. « Cela donne une idée de ce à quoi nous pouvons nous attendre pour le 11 mai et après en Ile-de-France, là où l’épidémie est la plus forte » , explique Vittoria Colizza.

    « Une seconde vague plus intense que la première »

    La question de la réouverture des écoles est ici centrale. Bien que la contribution des jeunes enfants à la transmission du SARS-CoV-2 soit plus faible que celle des adultes, elle entraînerait selon eux une augmentation du nombre de cas de Covid-19 dans les deux mois suivants.

    L’épidémie ne pourrait être contrôlée qu’à plusieurs conditions. La première est le maintien des mesures de distanciation physique. « Cela suppose que 50 % des gens restent chez eux – soit que leur activité professionnelle n’ait pas repris, soit qu’ils pratiquent le télétravail –, que les personnes âgées aient réduit de 75 % leurs contacts, et qu’il y ait une réouverture partielle (pas plus de 50 %) de différentes activités et commerces » , détaille Vittoria Colizza.

    Autre condition pour ce scénario : que le dispositif de dépistage, de traçage et d’isolement des cas et de leurs contacts détecte au moins 50 % des nouvelles infections. « Si 25 % seulement sont identifiés, nous aurions à affronter une seconde vague plus intense que la première, débutant fin juin avec des capacités de réanimation dépassées jusqu’en août », insiste Vittoria Colizza. La modélisatrice souligne qu’au-delà du nombre de tests disponibles, ce dispositif de traçage des contacts nécessite des ressources humaines massives afin de casser les chaînes de transmission.

    Enfin, les modalités de la réouverture des établissements scolaires sont déterminantes. Si maternelles et écoles primaires rouvrent le 11 mai en Ile-de-France, les besoins d’admission en réanimation atteindraient au maximum 72 % des capacités hospitalières. Ce résultat rassurant ne se produirait que dans deux situations : soit aucun autre établissement scolaire ne rouvre avant les vacances d’été, soit les collèges et les lycées ne commencent à accueillir de nouveau leurs élèves qu’à partir du 8 juin, avec dans un premier temps 25 % de l’effectif et une augmentation progressive semaine après semaine.

    Dans l’hypothèse où l’ensemble des élèves, de la maternelle au lycée, reprendraient les cours le 11 mai, les chercheurs de l’Inserm envisagent une seconde vague épidémique, similaire à la première. Elle serait toutefois évitée en limitant à 50 % l’effectif pour l’ensemble des classes. Un retour en classe de l’ensemble des adolescents en juin aurait pour effet de submerger les services de réanimation, les nouveaux cas qui en découleraient nécessitant 138 % des capacités.

    « Les équipes sont sur les rotules »

    Quels que soient les leviers actionnés, l’arithmétique « de terrain » s’annonce, elle aussi, complexe. « On nous demande de faire deux hôpitaux en un, avec des unités Covid + et des unités Covid –. Mais c’est exactement comme dans les écoles : nous n’avons pas assez de place » , constate Romain Dufau, chef du service des urgences de l’hôpital Jean Verdier à Bondy (Seine-Saint-Denis). Faute d’un nombre de chambres simples suffisant, seuls six patients pourront être accueillis au lieu de dix en temps normal. « Nous allons tous perdre 20 % à 30 % de notre capacité d’hospitalisation, alors qu’il n’y avait déjà pas assez de lits » , regrette-t-il.

    Avec le départ des renforts, se repose la question des ressources humaines : « Nous aimerions recruter de nouvelles infirmières, les diplômées de juin, mais la prime d’attractivité [destinée à encourager leur installation en Ile-de-France] est insuffisante » , estime le médecin. Faute d’assistante sociale, le suivi des patients précaires s’avère très compliqué, dans ce département qui est le plus pauvre d’Ile-de-France. « Comment va-t-on les isoler ? Nous n’avons déjà pas assez de lits. Je me vois mal immobiliser une chambre en attendant le résultat des tests. Il faut que l’Etat nous donne des moyens pour cela », insiste Romain Dufau.

    A l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le rythme des admissions s’est beaucoup ralenti et une partie des lits de réanimation a été réaffectée à la prise en charge d’autres patients. Mais la perspective d’une nouvelle vague inquiète. « Les équipes sont sur les rotules » , témoigne Alexandre Demoule, chef de service de réanimation. « Nous sommes comme une équipe de foot qui vient de gagner un match et à qui on demanderait de le rejouer le lendemain », souligne le médecin.
    L’AP-HP tablait sur 256 patients hospitalisés en réanimation au 21 mai. « Il n’est pas sûr que nous puissions atteindre cet objectif, car les sorties sont plus lentes que prévu » , explique le réanimateur. « Certains patients sont là depuis plus d’un mois et resteront encore longtemps » .
    Selon le scénario « intermédiaire » de la modalisation élaborée par l’AP-HP, près de 500 patients pourraient être hospitalisés en réanimation au 30 juin, contre un peu plus de 1 100 au 8 avril. Ce nombre pourrait s’élever à 1 200 en cas d’échec de mesures « post-confinement ».

    #cise_sanitaire #déconfinement #deuxième-vague #vulnérables #travail #école #transports_en_commun

  • Coronavirus : à Paris, voyages au bout de la nuit
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/17/coronavirus-a-paris-voyages-au-bout-de-la-nuit_6036869_3224.html

    REPORTAGEDepuis le début du confinement, le pouls de la capitale bat au ralenti. Et plus encore après la tombée du jour, quand la cité n’est plus qu’un théâtre d’ombres.

    « Vous connaissez Ayn Rand ? Non ? ! Il faut lire Ayn Rand, c’est une romancière, la grande théoricienne de la philosophie libertarienne. Voilà, c’est ça que je suis, un libertarien, c’est-à-dire un gros égoïste qui essaie de prendre soin de soi et de ses proches. Et si chacun fait cela, peut-être qu’un avenir est possible. Sinon, on est foutus. Parce que là, je peux vous le dire, on est devant la pire crise économique qu’a connue l’humanité. Ça va être un carnage et il ne vaudra mieux pas être là quand ça va péter. On est tous à se demander où on va aller pour la suite. Parce que l’avenir à Paris, dans notre petit appart qui a coûté un bras, ça va pas être possible. Ça va être la guerre, je vous le dis, la guerre. Et nous, les bobos comme moi, on n’est pas armés pour ça. Le mendiant à qui je donne d’habitude à la sortie du supermarché, je le vois, lui, il est peinard. Détendu. Les SDF, c’est eux qui s’en sortiront parce qu’ils n’ont rien à perdre et qu’ils sont déjà en mode Mad Max. »

    Il est bientôt minuit. Tanguy – les personnes rencontrées ont préféré ne donner que leur prénom – est descendu de chez lui pendant que ses filles dorment pour acheter deux bières dans la petite épicerie de sa rue, perpendiculaire aux Grands Boulevards. Des XL, pour traverser cette première nuit chaude de l’année, un air d’été, de putréfaction, de vacances de la fin du monde. La conversation s’est engagée à distance, et maintenant, Tanguy ne s’arrête plus de parler. En un quart d’heure, on en sait plus sur sa vie que son voisin de palier. C’est le propre des guerres et des grandes catastrophes de produire un tel mélange de concision et de confusion : il faut que tout sorte d’un coup avant de se retrouver les tripes à l’air. Sa vie défile comme un film muet accéléré. Tanguy a fait HEC, n’a pas aimé le monde de l’entreprise et de la finance. S’est installé à son compte en faisant « un peu d’immobilier et un peu de trading ». Deux enfants, divorce ou séparation. Plus tout jeune, quelques cheveux gris, mais ça fait partie de son charme de quadra mal rasé, en jean et tee-shirt sous une chemise déboutonnée. Une ex-amoureuse qui habite dans la même rue l’a appelé au téléphone : il pensait qu’elle voulait retenter sa chance, elle voulait juste lui annoncer qu’elle toussait. « Prendre soin de soi et de ses proches. » Oui, mais comment ? Insondable est la nuit.

    Tanguy repart avec ses deux bières poursuivre son cauchemar en confinement. Tout le temps de la discussion, aucun autre client ne s’est présenté au comptoir de l’épicerie Super Market. Zeitoun, le gérant, est affalé sur son comptoir. En mode survie. Pourquoi rester ouvert aussi tard ? « La journée, les grandes surfaces attirent toute la clientèle. Je suis obligé de rester ouvert le soir pour attraper les autres. Je ne peux pas fermer, comment je vais payer 3 000 euros de loyer, sinon ? » Son regard erre sur le mur de bouteilles d’alcool bon marché scintillant de toutes les couleurs sous l’aveuglante lumière du néon. Inquiète est la nuit.

    Une nuit en nuances de gris

    La porte Saint-Denis écarquille son œil de Cyclope, muette d’horreur face au vide qui l’entoure, médusée par le silence qui l’enveloppe. Où sont-ils tous, les poivrots, les fêtards, les clodos, les crevards, les Turcs, les Kurdes, les Arabes, les Africains et les autres ? Partis, envolés, effacés. Oubliés. Même le Paris qui ne dort jamais s’est claquemuré. Il y a bien quelques dealeurs à la recherche de clients, quelques SDF à la recherche de nourriture ou d’un refuge, quelques employés de restaurants qui rentrent chez eux en pressant le pas, mais pas de quoi fouetter un chat de gouttière. Paris n’est pas Istanbul et compte d’ailleurs nettement plus de rats que de chats.

    Quatre nuits d’affilée, on est sorti vérifier si, dans la nuit de Paris, tous les chats sont vraiment gris. Chercher le long de ses artères le pouls faiblard d’une capitale sous Covid-19, toucher son front moite d’une mauvaise fièvre, celle qui brûle la cervelle, écrase le thorax et fait trembler les membres. Au début du confinement – que cela paraît loin déjà ! –, la nuit commençait bien avant les applaudissements de 20 heures. Mais le changement d’heure et l’arrivée du printemps ont repoussé les ténèbres bien après l’hommage quotidien aux soignants. Au tout début, donc, il n’y avait personne, sauf ceux qui ne pouvaient pas faire autrement, les « sans » : sans-abri, sans-papiers, sans-domicile-fixe, sans-famille. Il y avait le froid aussi, un froid sans pitié.

    Désormais, la nuit est un nuancier de gris. D’abord, les joggeurs, dont la pratique a été repoussée après 19 heures. Ils slaloment entre les promeneurs de chiens. Ensuite, les livreurs, qui sillonnent la ville en tous sens et à toute heure, à scooter ou à vélo. Puis les couples, qui prennent le frais, main dans la main, émerveillés et intimidés par cette ville déserte et pourtant vivante. Et enfin tous ces « sans », dont la présence, d’ordinaire noyée dans la foule nocturne et le vacarme automobile, saute aux yeux. La nuit leur appartient autant qu’elle les possède. Gloutonne est la nuit.

    Les sapeurs-pompiers de Paris récupèrent un sans-abri malade, au Forum des Halles, à Paris, le 8 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Dans l’ancien ventre de Paris, aux Halles, tous les SDF s’appellent Jonas. C’est leur royaume dévasté. Le centre commercial a fermé ses portes, les contraignant à dormir les uns contre les autres dans les issues de secours, les entrées du métro et du RER, qui ferment leurs portes à 22 heures. En surface, le jardin est occupé par différents groupes qui se croisent en une chorégraphie erratique. On se rassemble par affinités, origines, addictions ou hasard. Les SDF isolés risquent d’être rançonnés, pour une cigarette ou une bouteille, voire de se faire agresser gratuitement. Un groupe de jeunes Antillais propose un peu de « shit », sans conviction. A côté, des Russes sont saouls comme des Polonais. L’un d’eux frissonne et tousse en crachant du sang. Les pompiers arrivent rapidement. Coronavirus ? « Bah, on sait pas, on va le tester, mais j’ai peur que le virus ne soit pas son souci principal », soupire un pompier fataliste.

    L’axe de la misère

    Les jeunes Antillais, eux, n’ont pas peur du Covid-19 : « C’est une question d’anticorps et de gênes », assure David. Mais quand les autorités lui ont proposé de se confiner dans un gymnase ou un hôtel réquisitionné, il a préféré refuser, par prudence : « Entassés dans un gymnase, ou à deux dans une chambre d’hôtel, on est sûr de l’attraper. » Mais dans la rue, tout est devenu plus difficile : moins de passage, moins de commerces ouverts, donc moins d’argent. « Les gens, ils reculent quand ils nous voient parce qu’on n’a pas de masques. » La Croix-Rouge distribue des repas tous les midis au pied de l’église Saint-Eustache.

    Un sans-abri compte l’argent gagné dans la journée, autour du Forum des Halles, le 8 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Sophie, sans-abri, nettoie les vitres de la terrasse d’un restaurant où elle passera la nuit, à proximité de l’esplanade du Forum des Halles, le 8 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Plus loin, au pied de la Bourse de commerce, qui doit accueillir la collection Pinault en septembre, la « famille » de Francesca – trois femmes, deux hommes, « une invitée » et le chien – a installé son campement sous l’auvent d’un restaurant en réfection de la rue Coquillère, entre l’As de trèfle et Au pied de cochon. Le bric-à-brac de matelas, coussins, lampes et vivres est soigneusement rangé dans un coin. Sophie, l’« invitée », fait les carreaux. Lola, la métisse, dit qu’à elles trois, avec Francesca, l’Italienne, et Gracias, l’Espagnole, « [elles font] la mondialisation ». Les deux hommes, Momo et « le Vieux », restent muets : « Les femmes dans la rue, c’est des problèmes, finit par lâcher Momo. Ça crée des jalousies, des disputes. »

    Francesca est née dans le nord de la péninsule, il y a à peine trente ans, et a eu deux filles : la première est morte d’une leucémie, la seconde a été placée. « Le père est toujours dans le crack, moi, je préfère l’alcool. » Aujourd’hui, le seul être dont Francesca ne pourrait plus se passer est son chien. Après des années d’attente, elle s’est vu attribuer un appartement thérapeutique, mais elle n’a pas pu y emménager à cause du confinement. « T’as l’espoir et puis d’un coup, on te le retire. Ça s’appelle un ascenseur émotif », philosophe Lola. Brutale est la nuit.

    Une femme sans domicile fixe devant la gare de l’Est, à Paris, le 10 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Un groupe de sans-abri et de toxicomanes sur le parvis de la Rotonde, place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris, le 11 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    L’axe de la misère part des Halles et remonte vers le nord de Paris en passant par les gares de l’Est et du Nord, avant de rejoindre Stalingrad, place forte des « crackés » et des paumés, puis de finir à la porte d’Aubervilliers, principal rassemblement des migrants depuis le démantèlement du camp de la porte de la Chapelle. Tout le reste est strictement vide une fois passé 22 heures, à l’exception de quelques ombres furtives. Rue Saint-Denis, pas une prostituée en vue. Le seul commerce ouvert est une sandwicherie, Le Généreux, qui fait de la vente à emporter. Un client qui souhaite s’attabler pour avaler son kebab se voit fermement rappeler les règles par Smat, le cuistot. Le client repart à vélo pour Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où il habite : « Je viens tous les jours pour m’occuper de ma mère. Elle m’emploie comme aide à domicile. C’est comme ça que je vis. » Il a 60 ans passés.

    Des tribus et une caste

    Smat a convaincu son patron de rouvrir la sandwicherie parce qu’il devenait « fou » dans son studio de la Courneuve, au bout de deux semaines de confinement. « Comme on ne vend presque rien, à peine vingt sandwiches par jour de midi à minuit, mon collègue et moi avons accepté de baisser notre salaire de 300 euros. » Ils gagnent désormais 1 300 euros par mois. Son patron les raccompagne tous les soirs en scooter du quartier Montorgueil à la Courneuve à minuit ou 2 heures du matin, selon que les affaires marchent plus ou moins mal. Chiche est la nuit.

    Mohamed-Amin, étudiant en administration économique et sociale, profite de son job de livreur pour sortir voir un de ses amis, le 9 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Un homme récupère sa commande dans un restaurant de la rue Saint-Denis, à Paris, le 8 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Hakim Amarouche, chauffeur de taxi parisien, attend des clients dans la rue Réaumur, le 8 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Hakim aussi préfère travailler que ne rien faire. Il a convaincu le patron de sa société de taxi de lui laisser la voiture. « Ça fait tellement longtemps que je dors le jour et veille la nuit, je ne me vois pas changer de rythme. Mais franchement, il m’est arrivé de faire des nuits à une course de 20 euros. C’est pas pour l’argent, c’est pour pas péter un câble. » Il a du gel hydroalcoolique mais plus de masques. Il ajoute : « Au moins, je peux circuler et passer voir les copains. Parce que sinon, la nuit, y a que des fous et des zombies dehors. » C’est un peu exagéré : Christel et Timothée, tout droit sortis d’un catalogue de The Kooples, promènent leur chien à la fraîche, un bouledogue miniature. Christel, pourtant pas bégueule, ne veut plus sortir le chien seule car elle « ne se sent pas en sécurité, surtout à cause des hommes d’Europe de l’Est sous alcool ».

    Chaque tribu reste à part : les sportifs, les poivrots, les couples, les promeneurs de chiens, les drogués, les migrants. Pas ou peu de rencontres imprévues : il faut profiter à fond du peu de temps imparti en cas de contrôle policier. Les livreurs forment une caste à part. On les retrouve en groupes, devant les rares restaurants ouverts. Penchés sur leurs scooters, ils ressemblent à des cowboys abreuvant leur monture autour du même puits. Eux aussi ont moins de travail : « Trop peu de restaurants ouverts pour trop de demande, constate Amir. L’attente est longue, on se bat pour les livraisons. Les gens s’énervent. En fait, les clients sympas sont plus sympas et les emmerdeurs plus chiants. Ils insistent pour que tu montes dans l’immeuble alors que c’est interdit. » Grâce à son métier, Amir en voit des vertes et des pas mûres : « Les geeks dans leur chambre de bonne qui commandent deux Twix et une bouteille d’eau pour toute la journée ; l’handicapé de la cuisine qui commande trois croque-monsieur, ça fait pitié. » « C’est toi qu’il voulait kékro [“croquer”, en verlan] », le charrie son copain Abdoulaye. Ironique est la nuit.

    Mohamed-Amin est livreur lui aussi, mais en mode dilettante. Il ne prend pas les courses qui ne le rapprochent pas d’un copain. « L’attestation de travail, je m’en sers surtout pour bouger », rigole-t-il. Ce soir-là, il a rejoint Eddy, son pote de fac, au pied du 12-2, la cité du 122, boulevard de l’Hôpital. « La nuit, on chill, on est entre nous, loin de la mifa [la “famille”] », confirme ce dernier, survêtement bleu électrique et cheveux impeccablement tirés. Et le virus ? « J’ai bien flippé quand j’ai appris qu’un pote du Val-d’Oise était en coma artificiel, assure Mohamed-Amin. Mais le lendemain, j’ai recommencé à sortir. C’est plus fort que moi. » Ses Ray-Ban le protègent de la nuit.

    Gigantesque musée après fermeture

    Dans l’immense échangeur RER de la gare du Nord, on ne croise que des soignants rentrant en banlieue. Un homme fait des rodéos sur une trottinette électrique équipée d’une sono poussée à fond. Une Allemande, visiblement perdue et dérangée, en pyjama vert d’hôpital psychiatrique, cherche comment se rendre à Villiers-le-Bel, à 21 h 45. En surface, un homme en sandales pédale lentement, le nez levé pour contempler l’immense nef de la gare du Nord. Reynald est un esthète, horloger de métier : « Je ne verrai probablement plus jamais Paris comme cela, alors je pars à vélo tous les soirs. Dans ce climat de peur épouvantable, je me nourris de toute cette beauté. » Dehors, la nuit est complète : c’est l’heure des zombies. L’hôpital voisin, Lariboisière, a dû embaucher des gardes du corps pour accompagner le personnel soignant au métro.

    Dans les couloirs déserts de l’échangeur RER de la gare du Nord à Paris, le 10 avril. Olivier Laban-Mattei / MYOP POUR LE MONDE

    Reynald n’est pas le seul à chercher à échapper à la pesanteur ambiante, à l’image de ce couple rencontré autour du jardin du Luxembourg. Elle, Aude, la cinquantaine, médecin hospitalier, lui, Jean-Paul, la soixantaine, haut fonctionnaire bientôt à la retraite, domiciliés à Port-Royal. « Tous les soirs, nous faisons un parcours différent pour redécouvrir le quartier. J’ai un autre regard, je découvre des façades, des portes cochères s’émerveille-t-elle. C’est une ambiance très spéciale, insolite. Parfois, nous faisons un petit pèlerinage devant le dernier restaurant où nous avons dîné pour l’anniversaire de mon mari. C’était trois jours avant le confinement. Ça paraît une éternité. » L’éternité, on pourrait presque la toucher du doigt devant le Panthéon, soudain intimidant dans la nuit. Céline, Norma et Renée, trois étudiantes libanaises résidant au Foyer franco-libanais tout proche, en sont presque saisies. Elles ont préféré poursuivre leurs stages et leurs études à Paris que prendre un vol de rapatriement pour rentrer au pays. « Pour une fois que le gouvernement libanais gère bien une crise », rigolent-elles. Face au Panthéon, on voit la tour Eiffel, au loin. Des perspectives insoupçonnées se révèlent.

    Tout-Paris est un gigantesque musée après fermeture. Dans le Quartier latin, on remarque une petite maison ancienne, verte, tout droit sortie du Moyen Age, au croisement des rues Galande et Saint-Julien-le-Pauvre. Derrière la fenêtre à carreaux épais, la silhouette d’une femme qui semble tricoter à la bougie. Le long des quais, devant Notre-Dame, la Seine est sage comme un miroir. Ses eaux noires glissent à l’allure d’un tapis roulant. Sioomin et Marion se promènent main dans la main, bouche bée : « D’habitude, il y a trop de monde, et là, pas assez. » Mutique est la nuit.

    Le Quartier latin, à Paris, le 12 avril. OLIVIER LABAN MATTEI /MYOP POUR "LE MONDE"

    Un sans-abri se repose sur la terrasse d’un restaurant du boulevard Saint-Michel, à Paris, le 12 avril. OLIVIER LABAN MATTEI /MYOP POUR "LE MONDE"

    Rudy, chauffeur de bus sur la ligne 96, à Paris, le 12 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Rudy, chauffeur sur la ligne de bus 96, se souvient qu’il y a quatre mois seulement, pendant la grève contre la réforme des retraites, il bataillait pour faire rentrer 200 personnes dans un véhicule conçu pour 90. Aujourd’hui, il lui arrive d’aller d’un terminus à l’autre sans charger personne. Trop ou pas assez, mais Rudy est toujours aussi zen. Ce soir-là, quatre jeunes rentrent aux Lilas en se faisant des checks sonores au fond du bus. « J’ai fait huit mois de bracelet [électronique], je vais mourir si je sors de chez moi. Déjà, le virus, ça casse bien le délire. Je donnerais tout pour une bonne chicha », confie un gaillard à casquette et sans masque – « truc de boloss ». Des chichas clandestines, il paraît qu’il y en a une à Bondy et une autre à Sevran, mais il faut connaître le propriétaire, qui n’ouvre qu’aux personnes de confiance. Secrète est la nuit.

    Des cimes aux abîmes

    D’autres vont s’enivrer des odeurs des fleurs et de la terre humide au sommet du Sacré-Cœur. Après 22 heures, l’esplanade devant la basilique est le lieu préféré des couples d’amoureux. Ils se tiennent à distance les uns des autres, pétrifiés par le mélange des sensations : la beauté du panorama, la force du silence, la puissance des fragrances, la fraîcheur de la brise d’air pur qui donne le sentiment d’être en altitude. Roxanne et Thomas, tous deux étudiants, sont comme hypnotisés par la lune rousse qui a des allures de « soleil cou coupé » d’Apollinaire. « C’est une période dure, constate Thomas, mais je vois aussi beaucoup de solidarité entre voisins, des gens qui font connaissance à l’échelle de leur immeuble et s’organisent pour les plus démunis. » Tendre est la nuit.

    Cent trente mètres plus bas, au pied de la butte Montmartre, commence le royaume de l’infortune. Barbès, La Chapelle, Stalingrad, autre axe de la misère, ouest-est celui-là. A Stalingrad, trois distributions de nourriture avaient lieu simultanément la veille de Pâques pour les sans-abris de la Rotonde. C’est là que se rassemblent le plus grand nombre de #SDF dans la capitale, dont nombre de toxicomanes depuis que la « colline du crack », à la porte de la Chapelle, a été évacuée. Dorian et Odile, qui travaillent dans une supérette bio des alentours, passent donner des invendus, surtout du pain. « Lorsqu’on a commencé les distributions, raconte Frédéric, bénévole pour autremonde, une association de lien social du 20e arrondissement, tout disparaissait en trente minutes. Depuis, les circuits de distribution se sont un peu réorganisés. »

    Une bénévole de l’association Autremonde assure une distribution de nourriture au niveau de la station de métro Jaurès, à Paris, le 11 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Un couple sur les marches du Sacré-Cœur, à Paris, le 11 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Un groupe de sans-abri et de toxicomanes sur le parvis de la Rotonde, place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris, le 11 avril. #OLIVIER_LABAN_MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    « Nous n’avons pas vocation à distribuer de la nourriture, explique Marie Nardon, la présidente de l’association. Mais lors de notre première maraude d’après confinement, le 23 mars, nous avons constaté que les gens à la rue crevaient littéralement de faim. On a même vu quelqu’un échanger un sac de couchage pour un sandwich. Aujourd’hui, 70 bénévoles se relaient chaque semaine pour distribuer à manger et à boire. La Protection civile nous fournit les repas. Nous avons commencé aussi une distribution hebdomadaire dans nos locaux, parce qu’il y a la pauvreté invisible de ceux qui ne sont pas à la rue mais n’ont plus aucun revenu. Nous avons aussi, avec les autres associations, insisté pour la réouverture des sanisettes et toilettes publiques. D’après la mairie, 140 ont été remises en service. »

    Hussein, un Turc bien mis que les aléas de la vie ont mené à la rue, voudrait trouver une place en foyer, à l’hôtel ou dans un gymnase. « N’importe quoi, mais pas la rue. Je ne dors pas la nuit car j’ai tout le temps peur. Seulement le 115 (SAMU social de Paris), quand j’arrive à l’avoir au téléphone, me répond qu’il n’y a plus de place. » « Il faudrait que l’Etat réquisitionne les logements de tourisme », suggère Mme Nardon.

    Lune rousse au-dessus de Paris, vue de la butte Montmartre, le 11 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    Hussein passe le temps sur un banc près du métro Anvers à Paris. L’entreprise de BTP qui le faisait travailler a fermé, le laissant à la rue sans revenu. Le 10 avril. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR "LE MONDE"

    La porte d’Aubervilliers est l’autre « cluster » de la misère à Paris. Les migrants chassés du campement de la porte de la Chapelle s’y sont installés. Ils passent le plus clair de la journée regroupés par langue ou par nationalité sur l’espace vert entre les deux voies qui mènent au boulevard périphérique. C’est là qu’associations et particuliers viennent distribuer de l’aide. Dorothée est venue le dimanche de Pâques à la tombée de la nuit. Cette esthéticienne d’une soixantaine d’années avait récolté deux chariots auprès des commerçants dans son quartier, dans le 19e arrondissement. Mais le premier a disparu aux mains d’un groupe de jeunes partis le revendre. Le second est dédaigné, car essentiellement constitué de sandwichs au jambon : « Je ne comprends pas, se récrie la femme, peu au fait des interdits alimentaires musulmans. Quand on a faim, on fait pas le difficile. » Drôle de bonne samaritaine ! Elle est venue de son propre chef, sans association, ni masque ni gants. « Je suis contre Pasteur, et de plus, je suis en très bonne santé », se persuade-t-elle.

    A Paris, l’infortune des « confinés dehors » , Simon Piel et Joan Tilouine le 15 avril 2020
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/15/a-paris-l-infortune-des-confines-dehors_6036606_3224.html

    REPORTAGE Dans les quartiers du nord et de l’est de la capitale, sans-abri et toxicomanes errants sont les dernières âmes qui vivent dans les rues désertes.

    Nul ne veut mourir seul sur le boulevard de la Chapelle. Allongé sur le bitume crasseux, le corps comme désarticulé, appuyé sur le grillage qui surplombe les trains de la gare du Nord, un homme d’une cinquantaine d’années quitte doucement ce monde à l’arrêt. Hagard et désorienté, il ne prête même plus attention à Barbès et à ses rues vides où, ce vendredi 10 avril vers 17 heures, ne grouillent plus que des petits dealeurs et des toxicomanes aguerris à toutes les combines de la survie dans Paris.

    Même les rayons de soleil de ce printemps qui démarre paraissent l’accabler un peu plus. Il n’a ni toit ni d’autres habits que cette tenue d’hôpital trop large pour son corps fluet. Il ne parle plus. Des pompiers ont été alertés par des policiers écumant les 10e et 18e arrondissements, qui suspectent une infection au coronavirus.

    Depuis la mise en place du confinement, il n’est plus possible de regarder ailleurs. Les ombres qui errent en quête de survie ont investi le nord-est de Paris. « On ne fait quasiment plus que du Covid-19 », dit l’un des policiers, inquiet de la dégradation rapide de l’état de santé de l’homme sans nom. Un pompier en combinaison intégrale tente de le soulager en lui apportant de l’oxygène médical. Il faut le transporter à l’hôpital Lariboisière, tout proche. Il est bientôt 18 heures. Il ne mourra pas sur le boulevard de la Chapelle.

    Dans le quartier de Belleville, le 4 avril à Paris. DIANE GRIMONET

    A la station de métro Barbès-Rochechouart, sur un bout d’asphalte envahi par les pigeons, Arlan installe ses matelas noircis par la crasse avant d’avaler une salade glanée dans les poubelles. Visage grêlé, œil gauche percé recouvert par une frange de cheveux longs et gras, ce quadragénaire sri-lankais a échoué là il y a plusieurs mois.

    « On le voit tous les jours, et il faut l’aider, car ici c’est dangereux », dit un jeune revendeur de cigarettes de contrebande qui passe par là. Arlan ne se plaint ni de l’insécurité, ni de l’absence de points d’eau, ni de la fermeture des toilettes publiques. « Je ne me douche pas depuis bien longtemps et, ici, je n’ai pas de problème », lâche-t-il, indifférent au ballet des toxicomanes et des margoulins qui rôdent autour du métro.

    Quelques cars et voitures de police passent mais ne s’arrêtent pas. La veille, des CRS étaient déployés en nombre dans le quartier. « Le lendemain et les jours suivants, ils n’étaient plus là, glisse Michael, un gaillard de 43 ans. C’est parce que le préfet était dans le quartier. » Avec quatre collègues, il escorte, depuis le 31 mars, le personnel soignant de l’hôpital Lariboisière sur la centaine de mètres qui mènent au métro ou à la gare du Nord.

    « Il y a eu trop d’agressions, de vols, de tracas faits par les toxicos. Ma mission, c’est qu’ils arrivent sans problème », explique le garde du corps, ancien militaire reconverti dans la sécurité privée depuis dix ans. En cas d’embrouille, il ne compte que sur ses gros bras, sa bombe lacrymogène, sa matraque télescopique et sa maîtrise des techniques de self-défense. « Je fais du pencak-silat, un art martial indonésien », dit-il fièrement de sa voix grave qui s’échappe de son épais masque en tissu noir. « Il n’y a que des cafards dehors en ce moment », poursuit son collègue.

    « Les grands oubliés »

    Sur le chemin, ils peuvent croiser Ndiaye, alias « Beurre de karité », qui musarde avec son sac à dos de randonneur et son tapis de sol. A 47 ans, ce Sénégalais sans papiers ni logement depuis six mois se débat dans ces rues interlopes, angoissé par le Covid-19 qui pourrait lui être fatal. Il a de sérieux problèmes pulmonaires. « Mes médicaments et mes ordonnances ont été volés pendant que je dormais. Dans la rue, il y a trop de charognards ; t’es pas encore mort qu’ils viennent pour te finir et te dépouiller », raconte-t-il. Puis il reprend sa marche d’un pas décidé, comme s’il savait subitement où le mènera son interminable errance.

    Ceux qui n’ont plus l’énergie de se mouvoir se retrouvent rue Saint-Vincent-de-Paul, à une dizaine de mètres de l’entrée de l’hôpital Lariboisière. Un toxicomane édenté s’y cache derrière une voiture. Sur le trottoir d’en face, une femme d’une trentaine d’années, assise sous un porche, les pieds nus ravagés par les mêmes trous de seringue qui parsèment ses jambes et son cou, se prépare un shoot. « Ça va, oui », parvient-elle à articuler.

    Son injection sera photographiée par un habitant exaspéré par ces scènes qui se répètent et bouleversent la vie du quartier. Des images ensuite retweetées par le compte Riverains Lariboisière gare du Nord avec ce commentaire : « Il faisait beau, on entendait les enfants jouer sur les balcons. Sans vouloir stigmatiser, sous leurs yeux, [il y avait] des shoots à la seringue et des fumeurs de crack. »

    Sophie Paris X
    @SophieParisX
    Hier rue St-Vincent de Paul #Paris10 il faisait☀️on entendait les enfants jouer sur les balcons mais sans vouloir "stigmatiser",sous leurs👀shoots💉et fumeurs de crack
    –Soignants escortés
    –Toxicos soutenus par assos unilatérales
    –Qui se soucie des habitants #SCMR salle de shoot ?
    Voir l’image sur Twitter

    Dans une tribune parue le 9 avril dans Libération, un collectif d’associations a décidé d’alerter sur la situation des usagers de drogues, les « grands oubliés » du Covid-19. « La crise actuelle agit en révélateur des manquements de notre société vis-à-vis de ses membres les plus vulnérables, et met en lumière les limites d’un système basé sur la prohibition et la répression », écrivent ces professionnels du monde associatif.

    La docteure Elisabeth Avril, directrice du centre Gaïa, la salle de consommation de drogue à moindre risque jouxtant l’hôpital Lariboisière, fait partie des signataires. Beaucoup des personnes que reçoit l’association « vivent de la manche, mais aujourd’hui, en raison du confinement, ça ne leur rapporte plus rien », explique-t-elle. Elles sont sans domicile fixe pour la plupart. Début avril, une soixantaine d’entre elles ont été relogées grâce à la solidarité de quelques hôteliers. Les plus autonomes – entre 70 et 100 par jour depuis le début du confinement – se déplacent jusqu’au centre Gaïa pour accéder à un traitement de substitution. Le chiffre de fréquentation de la salle a décru à l’initiative de la direction en raison de la nécessité d’observer les gestes barrières et la distanciation sociale. Les usagers n’ont ni masque ni gel, l’équipe de Gaïa peinant déjà à en avoir pour elle, mais rentrent désormais un par un. Ils doivent patienter à l’extérieur, ce qui les rend encore un peu plus visibles pour les riverains.

    Fragilisés par la rue

    La moitié sont accros au Skenan, un antalgique composé de sulfate de morphine utilisé contre le cancer et moins risqué que l’héroïne de mauvaise qualité. Les plus précaires se rabattent sur de la drogue bon marché vendue autour de la gare de Nord, dont le parvis paraît avoir été abandonné. Seuls quelques chauffeurs de taxi, de rares bus et le kebab Oasis du Nord poursuivent leurs activités. Les devantures du McDonald’s, du Burger King et de la célèbre brasserie Art déco terminus Nord, tous fermés, sont squattés par des sans-abri couchés dans la saleté.

    De chaque côté de l’entrée de la gare, rue de Dunkerque, les dealeurs, eux, continuent leurs affaires à ciel ouvert. « On peut y trouver facilement un petit caillou de crack pour 12 euros, de quoi se faire un ou deux shoot à la pipe en ce moment, mais c’est de la “pharmacie”, avec moins de 2 % de coke dedans. Ça bouche les artères et la descente est hyper dure », dit Hervé, un usager de la salle Gaïa, la quarantaine abîmée. « Nous, on est à la rue, on a besoin de notre came, coronavirus ou pas », ajoute-t-il.

    Les prix ont augmenté avec la crise sanitaire et ses conséquences sur l’approvisionnement des trafiquants, mais il est encore aisé d’acheter de la drogue dure. A Stalingrad aussi, où le nombre d’usagers et de dealeurs a considérablement augmenté depuis le démantèlement de la « colline du crack », porte de la Chapelle en février. En fin de journée, alors que la nuit tombe, ne se croisent plus sur la place de la Bataille-de-Stalingrad, dans le 19e arrondissement que les joggeurs, les dealeurs et les toxicomanes. « Stal » est redevenue, crackopolis, la cité du crack.

    Entre #Jaurès et #Stalingrad, le 21 mars à Paris. DIANE GRIMONET

    « La crise sanitaire rend visibles ceux qui étaient jusque-là invisibles et fait ressortir les inégalités. On ne voit plus qu’eux car il n’y a plus qu’eux dehors, les confinés dehors, constate Louis Barda, coordinateur des programmes de Médecins du monde à Paris. La situation est très compliquée, car l’Etat se repose trop sur le secteur associatif, dont l’activité a baissé avec le confinement. Les SDF sont surexposés à la maladie. »

    Certaines pathologies liées à la vie dans la rue, comme les problèmes respiratoires dus à la pollution respirée jour et nuit, les rendent encore plus fragiles face au coronavirus. M. Barda rappelle que les politiques publiques ont toujours visé à repousser les plus démunis vers la périphérie. Malgré les quelques poches de très grande pauvreté dans le nord et l’est de Paris, c’est bien sur les boulevards extérieurs, à hauteur du boulevard Ney, au niveau de la porte de la Chapelle ou, plus à l’est, à proximité de la porte d’Aubervilliers, au niveau de la gare Rosa-Parks, que le paysage est le plus cauchemardesque.

    Porte de la Chapelle, le long de la ligne de tram T3b, qui rallie la porte de Vincennes via les boulevards extérieurs, débute un autre voyage dans la grande précarité. Des affiches « Paris, votez Campion » rappellent le temps d’avant. La tour Super Chapelle, du haut de ses 86 mètres, domine l’horizon. Le slogan de la marque d’électroménager coréen LG qui s’affiche à son sommet a beau rappeler que « life’s good », impossible d’ignorer les petits groupes de dealeurs qui officient en bas et sous les abris de chaque arrêt du tram. Ils ne se cachent même plus des policiers, pourtant postés à quelques dizaines de mètres.

    Il y a aussi de nombreux migrants. De jeunes adultes pour l’essentiel, venus de pays lointains en guerre, de Somalie, du Soudan ou d’Afghanistan, ou de dictatures, comme l’Erythrée. De l’autre côté du périphérique, à Aubervilliers, un campement à ciel ouvert a été « évacué » par les forces de l’ordre le 24 mars à l’aube. « Dans la brutalité », selon plusieurs associations qui avaient vainement réclamé l’installation de points d’eau. Près de 700 migrants s’entassaient sur un terrain vague, dans des conditions d’insalubrité et de promiscuité augmentant considérablement le risque d’infection au Covid-19.

    Initiatives solidaires

    La plupart de ces exilés ont été relogés dans des hôtels et des gymnases aménagés dans l’urgence et gérés par des associations dont les membres n’ont souvent pas d’équipements de protection contre le virus. D’autres ont repris leur errance. Après avoir détruit leurs tentes, des policiers leur ont conseillé d’aller à Paris. Ils se retrouvent aujourd’hui à végéter autour de Rosa-Parks, devenu pour l’occasion un nouveau terminus de la misère.

    En cette fin d’après-midi, sur la pelouse passée au peigne fin par des toxicomanes en quête de mégots ou de microdoses égarées, Mohammed Nur Ali papote en arabe avec deux camarades de galère. Ce Somalien de 43 ans a quitté Mogadiscio pour chercher la paix et la prospérité à plus de 10 000 km au nord. Il est arrivé en France il y a trois ans. Vêtu de guenilles, une bière Baltus à la main, Mohammed a la bouche pâteuse et l’œil torve. La faute sans doute à la mauvaise drogue qui circule ici. « Je dors dehors sous une tente ou dans l’herbe. Nos situations mentales sont terribles. On est déjà morts, alors le coronavirus… », dit-il en anglais. Puis, son visage couvert de cicatrices se ferme et son regard se durcit : « Si vous voulez que je vous raconte ma vie, donnez-moi de l’argent ou des “pills” [de la drogue sous forme de cachets]. » Samir, un jeune Afghan de 23 ans, se lève pour le calmer : « Vous savez, le coronavirus n’a rien changé pour nous. On doit toujours survivre. » Depuis peu, des points d’eau ont été installés sur place et à 20 heures un camion des Restos du cœur doit venir distribuer des repas et soulager quelques douleurs.

    Sophie Paris X
    @SophieParisX
    Aujourd’hui avec ma fille nous avons soutenu l’initiative du restaurant Boua Thaï rue St-Vincent de Paul #Paris10 en l’aidant à préparer 30 Bo Bun destinés aux soignants de la maternité @HopLariboisiere pour les remercier, les encourager et les soutenir💪👏#SoutienAuxSoignants
    Voir l’image sur Twitter

    Car si le secteur associatif a d’abord été pris de court par la crise sanitaire, il commence à s’organiser et des initiatives solidaires se mettent peu à peu en place.

    Chacun tente d’aider comme il peut. Comme cette cantine asiatique de la rue Saint-Vincent-de-Paul (10e arrondissement), qui prépare des bo bun pour le personnel de Lariboisière, et ce camion des Restos du cœur qui s’arrête devant la salle de consommation de drogue pour distribuer quelques vivres.

    Un peu plus au nord, dans le 18e arrondissement, des brasseries et des restaurants s’activent pour préparer des paniers repas frais pour les sans-abri et les familles dans le besoin. L’un d’eux a déployé son auvent pour que des SDF puissent s’y abriter.

    Au bout du passage Ramey, dans un bâtiment semi-industriel aux murs recouverts d’œuvres de street art, Louise et Anne chargent une camionnette de thermos remplis de soupe et de café, constituent des casiers de gâteaux, de dentifrice, de vêtements qu’elles disposent dans le coffre. Il est bientôt 20 heures, ce jeudi 9 avril, au siège parisien du Secours populaire, et ces deux jeunes bénévoles de moins de 30 ans mettent leurs masques, reçus quelques jours plus tôt, avant de commencer leur tournée dans un Paris déserté.

    Le réconfort de Jésus et d’Edith Piaf

    Premier arrêt non loin de la place de Clichy. Une grappe d’habitués se retrouvent autour de la fourgonnette. Il y a Didier, 60 ans, désormais logé dans un studio d’Emmaüs, après trente et un ans à la rue. « Quand je sors, j’ai mon papier d’autorisation, comme un écolier. Mais il n’y a rien dehors, et surtout pas de travail », soupire-t-il.

    Débrouillard, il est l’un des seuls à avoir un masque, d’où s’échappe un sourire lorsque Isabelle, petite dame énergique de 80 ans, se met à chanter Edith Piaf – Je ne regrette rien, puis La Vie en rose –, rompant le silence d’une ville confinée. Des riverains applaudissent l’ancienne SDF. Insuffisant toutefois pour arracher un sourire à Elisabeth. Cette Béninoise, précipitée dans la rue à la suite d’une série de tracas personnels, mendie comme elle peut, plus terrorisée à l’idée de contracter le Covid-19 que d’être une fois encore agressée par des voyous armés de couteaux. Son visage porte une cicatrice et elle affirme avoir été agressée sexuellement. Alors, elle serre fort dans sa main droite le crucifix en plastique dont elle ne se sépare jamais. « Hier, j’ai eu 8 euros en mendiant et avant hier, on m’a donné 10 euros pour m’acheter des couches, car je suis incontinente à la suite d’un cancer du rein. Je me demande pourquoi je suis en vie », dit-elle, confiant devoir en plus lutter contre l’alcoolisme.

    « Tout ça, c’est du lavage de cerveau du gouvernement, on a oublié les “gilets jaunes”, les manifs contre la réforme des retraites. De Gaulle, il a dit “les Français sont des veaux” », s’énerve Mouss, ancien conducteur d’engin chez ArcelorMittal, à la rue depuis onze ans, à l’occasion d’un arrêt du Secours populaire derrière le Musée d’Orsay.

    Chapeau de cow-boy froissé sur la tête, il ironise sur la crise et en renverse sa soupe. « La distanciation sociale, c’est impossible de toute façon. Comment faire l’amour à un mètre ? Tu n’as pas fait l’amour depuis le 16 mars, toi ? », lance-t-il, rigolard, avant de demander « si l’on va nationaliser ou privatiser le virus ».

    Dans le quartier de Belleville, le 23 mars à Paris. DIANE GRIMONET

    En plein milieu de l’avenue de l’Opéra, Erwan, 24 ans, profite de la prise extérieure et du Wi-Fi d’un hôtel pourtant fermé devant lequel il a posé son matelas. Ce Nantais, amateur de techno passé par la case prison, tue le temps en jouant à Call of Duty sur son téléphone, en fumant du haschich acheté à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

    La journée, il attend devant un tabac resté ouvert que des badauds jettent quelques pièces dans son Tupperware troué. « Je fais attention aux clochards bourrés qui postillonnent et aux Roumains qui veulent me couper la tête, car ils disent que je leur ai pris leur place de manche », glisse le jeune homme, emmitouflé dans une polaire élimée. Il ne « fait » plus que 12 euros par jour, contre près de 30 avant le confinement, et galère pour trouver des bains-douches restés ouverts. « Je ne sais pas comment je ferais sans les maraudes quotidiennes. Depuis le coronavirus, il y a un peu plus de solidarité. Mais dès que la crise sera terminée, ça recommencera comme avant. », dit-il en riant.

    #Diane_Grimonet, la photographe des déshérités
    Diane Grimonet vit et travaille à Paris. Elle photographie depuis trente ans les communautés les plus #précaires : #mal-logés, #sans-papiers, squatteurs du périphérique ou Roms. Elle intervient aussi régulièrement dans les ­milieux scolaires ou associatifs, avec ses archives comme support, et organise des ateliers photo pour les personnes en ­difficulté. En 2020, des images de sa série « Sans-papiers » ­rejoignent le Musée national de l’histoire de l’immigration.
    Depuis le 18 mars 2020, elle arpente les quartiers du #Nord-Est _parisien et rencontre les plus #vulnérables qui vivent dans la rue au temps de l’épidémie due au coronavirus.

    https://www.youtube.com/watch?v=9uNMRv-6IiA

    #photo #misère #pauvres

  • Who will be on the list of 1,600 refugees relocated from Greece?

    https://www.infomigrants.net/en/post/23468/who-will-be-on-the-list-of-1-600-refugees-relocated-from-greece

    On Friday a group of seven EU states announced they would take in some of the most vulnerable migrants, mostly children, from Greece. The lists are still being finalized, as are the number of countries willing to participate. InfoMigrants asked some international organizations: How it is decided who goes on the list?

    The list of 1,600 vulnerable migrants to be transported from Greece to various EU states has not yet been finalized. So it is difficult to obtain details of who might be on the list, or even how these lists are drawn up. The number of EU states willing to participate is also not set in stone. So far seven countries have signed up, including Croatia, France, Germany, Ireland, Italy, Luxembourg and Portugal.

    InfoMigrants asked a number of international organizations, which have participated in these kinds of humanitarian projects before, to explain how the list might be drawn up and who might be on it.

    Individual states decide who goes on the list

    The EU Commission confirmed that individual member states are responsible for designating who will be accepted in their countries. France for instance already announced its intention to take in about 400 of the most vulnerable asylum seekers in January. Germany too has pledged to take at least 300. The German news magazine Der Spiegel reported on March 13 that roughly 700 of the 1,600 were expected to be shared between Germany and France.

    Der Spiegel also reported that Bulgaria and Lithuania were considering adding their names to the list of seven, as was non-EU member state Switzerland.

    Criteria ’varies from state to state’

    The EU Commissioner for Home Affairs Ylva Johansson in a press conference on Friday, March 13 said that the criteria for deciding who goes on the list varied from state to state. Some stated language criteria, others are looking to expand their quota through family reunification.
    People under subsidiary protection have had to wait for family reunifications to be allowed | Photo: picture-alliance/dpa/S. Pförtner
    People under subsidiary protection have had to wait for family reunifications to be allowed | Photo: picture-alliance/dpa/S. Pförtner
    The German government has been reported saying that on its list it would be looking to welcome mostly the most vulnerable, including children who might be suffering from health problems and their families, as well as unaccompanied children, mostly girls.

    About 93% of unaccompanied children are male

    The UN Children’s rights organization UNICEF states that there are currently about 5,500 unaccompanied children in Greece at the moment. UNHCR says that 92.5% of those unaccompanied minors are boys, mainly from Afghanistan and just 7.5% are girls. That means that about 5,087 of them are male.

    Commissioner Johansson said that Greece had initially asked for relocation of vulnerable and unaccompanied minors “back in September or October last year,” and that the Commission had been approaching individual member states in vain ever since. Johansson felt that the “momentum” to make this happen now was a result of Turkey’s actions at the end of February and a desire on the part of other EU countries “to show solidarity with Greece.”

    ’No point in waiting’

    Johansson said there was “no point in waiting” for the re-locations to begin. Although the time frame was still up for discussion some countries, “like Luxembourg,” would be up for starting relocation this week, “other states might need a little longer,” cautioned Johansson, refusing to name names. Luxembourg’s Ministry of Foreign Affairs (MFA) tweeted a video of its Foreign and European Affairs Minister, as well as Minister for Asylum, Jean Asselborn in which he said, on arrival at the conference in Brussels on Friday, that the only criteria that Luxembourg had was to “help Greece with some of the most vulnerable young people on Lesbos and elsewhere in Greece who didn’t have their parents with them.”

    Der Spiegel reported that the German government also wanted to start as soon as possible.
    Johansson said the only caveat that could lead to delays might be to assess any special action needed to stop the spread of the Covid-19 Coronavirus around Europe, which has been designated a World Health Organization (WHO) hot spot for the virus.
    In terms of numbers, Johansson promised that there would be “at least 1,600” relocated from Greece but failed to explain what would happen to the other 3,900 unaccompanied minors still in Greece.

    She did say that there would be no decisions made on the basis of how long a child might have already been waiting in Greece. Those that had been on the islands for “several years were likely already over 18 by now,” she added with a resigned smile. She also admitted that thorough age assessment had not been carried out on all the minors present in Greece and so the figures were necessarily a bit of an estimate.

    A number of organizations participate
    The Norwegian Refugee Scheme said that the last relocation scheme in the EU was “run by the Greek asylum service and the International Organization for Migration.” In a statement on its website, the Greek asylum service has temporarily suspended its services to the public until mid-April.

    The UNHCR stated that it would be standing by to “offer technical support and advice to EU member states in this regard, making use of the experience gained through its operational involvement in the relocation scheme implemented in Greece in the years 2015-16.”

    More than 2,000 unaccompanied children on the islands

    The UNHCR said that more than 2,000 of unaccompanied refugee and migrant children were currently living on the Greek islands and that the majority of them “are living in precarious conditions and facing protection risks, such as exploitation, violence and human trafficking.”

    UNICEF’s regional adviser on Migration Laurent Chapuis added that all decisions regarding who goes on the list “should be made based on the child’s best interests, as well as on EU and international legislation, rather than solely on age and gender.”

    Chapuis added that UNICEF was “currently working on recommendations to Member States on the identification and prioritization of children to be relocated, and on the child protection considerations before, during and following the relocation.”

    Further solidarity expected in May

    Johansson said that there would be a further EU conference planned in May at which she expected member States to announce further kinds of support for Greece and the more than 40,000 migrants, refugees and asylum seekers currently resident there.

    According to the Greek National Center for Solidarity EKKA which supplied data sent by the Norwegian Refugee Council, in the middle of February 2020 about 4,332 of the unaccompanied children were currently in some form of shelter or reception center in Greece. The others, “have been reported as living in informal/insecure housing,” it stated.

    Around 44% of unaccompanied migrant children come from Afghanistan and about 21% from Pakistan. 11% are from Syria and about 24% from various other nations.

    Der Spiegel reported that even without these relocations about 400 migrants and asylum seekers were reaching Germany every day at the moment. According to the latest statistics published by the German Federal Office for Migration (BAMF) more than 14,000 people applied for asylum in Germany in January 2020 this year alone. Most applications were filed by Syrians, Afghans and Iraqis.

    #Covid-19 #Migration #Migrant #Balkans #Grèce #Camp #Transfert #Croatia #France #Germany #Ireland #Italy #Luxembourg #Portugal #Suisse #Lituanie #Bulgarie #enfant #vulnérable #famille #santé #mineurnonaccompagné #

  • Avis sur le projet de loi « Pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » (CNCDH)
    http://www.cncdh.fr/fr/publications/avis-sur-le-projet-de-loi-pour-une-immigration-maitrisee-et-un-droit-dasile-ef

    A la veille du début de la discussion au Sénat sur le projet de loi « pour une #immigration maîtrisée et un #droit_d’asile effectif », la Commission nationale consultative des droits de l’homme dénonce un texte à la fois inadapté au regard des objectifs poursuivis et dangereux au regard du respect des #droits et des #libertés fondamentales des personnes étrangères présentes sur le territoire français.

    À noter aussi parmi les 173 remarques et 37 recommandations de la #CNCDH : http://www.cncdh.fr/sites/default/files/180502_avis_pjl_asile_et_immigration.pdf

    – Page 5 :

    La CNCDH souhaite alerter le Gouvernement sur un certain nombre de dispositions du projet de loi gravement attentatoires aux droits fondamentaux qu’elle a pour mission de protéger et promouvoir

    § 96

    Au regard des conditions dans lesquelles les #étrangers sont maintenus, du délai de 24 heures dont ils disposent pour interjeter appel, de leur méconnaissance du droit et de la procédure, voire de leur méconnaissance de la langue française, cette réforme semble méconnaître le principe du droit à un #recours effectif tel que garanti par la #CESDH.

    + Recommandation 19 :

    La CNCDH rappelle également ses recommandations appelant à renforcer les garanties procédurales des personnes placées en #zone_d'attente mais également à supprimer les zones d’attente ad hoc. Enfin, la CNCDH étend sa recommandation de mettre fin à l’#enfermement des #mineurs en zone d’attente, qu’ils soient accompagnés ou non (voir II.B.1. sur la situation particulièrement inquiétante des mineurs, accompagnés et non-accompagnés, et des jeunes majeurs isolés).

    § 106 :

    La CNCDH tient surtout à souligner les conséquences sur la situation des personnes retenues. De nombreuses études (126) ont démontré les conséquences psychologiques de la #rétention_administrative, et ce, même lorsqu’elle est de courte durée. Les conditions de cet enfermement, l’angoisse et le désespoir qu’elles engendrent conduisent souvent à des actes de #violence, des tentatives de #suicide, et peuvent notamment réveiller la #mémoire_traumatique de personnes ayant fait l’objet de violences dans leur pays d’origine ou au cours de leur parcours migratoire, quand bien même la qualité de #réfugié ne leur aurait pas été reconnue.

    § 151

    En janvier 2012, la France était condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (#CEDH) pour l’enfermement de mineurs en centre de rétention. En juillet 2012, une circulaire était adoptée afin de réduire le recours à l’enfermement des mineurs. Malgré une baisse drastique du nombre de mineurs placés cette année-là, celui-ci est progressivement reparti à la hausse. La loi du 7 mars 2016 a ensuite légalisé la possibilité de recourir à la rétention des #familles en modifiant l’article L. 551-1 du CESEDA, sous couvert de leur intérêt supérieur et pour la durée la plus courte possible. Leur enfermement est également désormais possible dans des locaux de rétention administrative. En juillet 2016, la France a par ailleurs à nouveau été condamnée à cinq reprises par la CEDH pour la rétention de mineurs.

    § 152

    Cependant, la réforme de 2016, loin de restreindre les pratiques préfectorales en la matière, s’est traduite par un recours accru à la rétention administrative pour les familles. Ainsi, depuis l’entrée en vigueur de cette disposition, plusieurs centaines de mineurs ont été placés en #CRA et plusieurs milliers à Mayotte. Par ailleurs, la CNCDH a déjà eu l’occasion d’attirer l’attention du Gouvernement sur les risques encourus par les mineurs, qu’ils soient isolés ou accompagnent leurs parents, placés en zone d’attente.

    § 153

    Enfin, l’annonce de travaux d’aménagement dans les centres de rétention, pour un montant d’1,5 million d’euros, afin de rendre « plus dignes » les conditions d’accueil des familles), ne saurait rendre la situation plus acceptable.

    § 154

    Comme dans son avis sur la réforme du #droit_des_étrangers de mai 2015, la CNCDH entend rappeler que ces mineurs sont des personnes particulièrement #vulnérables et qu’ils ne devraient en aucun cas être #privés_de_liberté, que ce soit en zone d’attente ou encore en centre ou local de rétention administrative, cet enfermement étant nécessairement contraire à leur intérêt supérieur.

    + Recommandation n° 30 :

    La CNCDH recommande l’interdiction de l’enfermement de mineurs, qu’ils soient accompagnés ou non, en zone d’attente ou encore en centres ou locaux de rétention administrative.

    NB : Les § font référence à la numérotation des paragraphes sur https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036877217&categorieLien=id

  • They Have, Right Now, Another You
    http://www.nybooks.com/articles/2016/12/22/they-have-right-now-another-you

    Stephen Crowley/The New York Times/Redux Peter Thiel speaking at the Republican National Convention, Cleveland, July 2016. Thiel, the first outside investor in Facebook and a cofounder of #PayPal, is a founder of #Palantir, a #Silicon\Valley firm funded by the #CIA, whose algorithms allow for rapid analysis of voluminous data that it makes available to intelligence agencies and numerous police forces as well as to corporations and financial institutions.

    Advertisements show up on our #Internet browser or #Facebook page or #Gmail and we tend to think they are there because some company is trying to sell us something it believes we want based on our browsing history or what weʼve said in an #e-mail or what we were searching for on #Google. We probably donʼt think they are there because we live in a particular neighborhood, or hang out with certain kinds of people, or that we have been scored a particular and obscure way by a pointillist rendering of our lives. And most likely, we donʼt imagine we are seeing those ads because an algorithm has determined that we are losers or easy marks or members of a particular ethnic or racial group.

    As OʼNeil points out, preferences and habits and zip codes and status updates are also used to create predatory ads, “ads that pinpoint people in great need and sell them false or overpriced promises.” People with poor credit may be offered payday loans; people with dead-end jobs may be offered expensive courses at for-profit colleges. The idea, OʼNeil writes, “is to locate the most #vulnerable people and then use their private #information against them. This involves finding where they suffer the most, which is known as the ‘#pain_point.

    #algorithme #délétère #données #data

  • La #lamentable réponse du monde à la crise des #réfugiés #syriens | Amnesty International France
    http://www.amnesty.fr/Presse/Communiques-de-presse/La-lamentable-reponse-du-monde-la-crise-des-refugies-syriens-13536?prehome=0

    Les #dirigeants mondiaux ne protègent pas les plus #vulnérables des réfugiés de #Syrie, ce qui a des conséquences catastrophiques, prévient Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée en prévision d’une conférence d’appel de fonds des Nations unies qui se tiendra à Genève mardi 9 décembre.

    Les dirigeants mondiaux ne protègent pas les plus vulnérables des réfugiés de Syrie, ce qui a des conséquences catastrophiques, prévient Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée en prévision d’une conférence d’appel de fonds des Nations unies qui se tiendra à Genève mardi 9 décembre.

    Intitulé Left Out in the Cold : Syrian refugees abandoned by the international community , ce document attire l’attention sur le nombre dérisoire de places d’accueil proposées par la #communauté_internationale. Actuellement, quelque 3,8 millions de réfugiés originaires de Syrie sont accueillis principalement dans cinq pays de la région : #Turquie, #Liban, #Jordanie, #Irak et #Égypte. Seulement 1,7 % de ce total s’est vu proposer l’asile par un autre pays depuis le début de la crise, il y a plus de trois ans.

    Les États du #golfe_Persique – parmi lesquels figurent certains des pays les plus riches du monde – n’ont offert d’accueillir aucun réfugié de Syrie jusqu’à présent. De même, la Russie et la Chine n’ont pas promis la moindre place d’accueil. À l’exclusion de l’Allemagne, le reste de l’Union européenne (UE) ne s’est engagé à réinstaller que 0,17 % des réfugiés dans les principaux pays d’accueil.

    « L’insuffisance du nombre de places d’accueil proposées aux réfugiés par la communauté internationale est vraiment choquante. Près de 380 000 personnes ont été identifiées comme ayant besoin d’une réinstallation par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, mais seule une infime partie de ces personnes s’est vu offrir l’asile à l’étranger, a déclaré Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des #migrants d’Amnesty International.

    « L’annonce faite cette semaine par le Programme alimentaire mondial, qui s’est dit contraint de suspendre l’aide alimentaire fournie à 1,7 million de réfugiés en raison d’une crise du financement, souligne la réponse désastreuse de la communauté internationale.

    « L’absence totale de promesses d’accueil émanant du Golfe est particulièrement honteuse . Les liens linguistiques et religieux devraient placer les États du golfe Persique au premier rang des pays offrant l’asile aux réfugiés qui fuient la persécution et les crimes de guerre en Syrie. »

    Au Liban, pays dont l’économie est précaire et la dette grandissante, l’afflux de réfugiés venus de Syrie a augmenté la population nationale de 26 %. Le nombre de réfugiés qui y sont accueillis est 715 fois supérieur au nombre total des Syriens qui ont demandé l’asile dans l’UE au cours des trois dernières années et des places d’accueil offertes par l’UE .

    Le manque de soutien international a des conséquences désastreuses ; les cinq principaux pays d’accueil, qui reçoivent actuellement au moins 95 % des réfugiés syriens, ont énormément de mal à faire face à la situation. La Turquie, le Liban et la Jordanie ont imposé d’importantes restrictions à l’entrée des réfugiés ces derniers mois, si bien que de nombreuses personnes sont bloquées en Syrie, où elles risquent fort de subir des atteintes aux #droits_humains aux mains des forces gouvernementales, du groupe se désignant sous le nom d’État islamique (EI) ou d’autres groupes armés.

    Gulf countries’ failure to take Syrian refugees ’shameful’ : Amnesty | Reuters
    http://www.reuters.com/article/2014/12/05/us-syria-refugees-idUSKCN0JJ14920141205

    #amis_du_peuple_syrien #honte #hypocrisie