• Le monde de l’économie tel qu’il n’est jamais allé, par le collectif Sortir de l’Économie
    http://www.palim-psao.fr/2021/07/le-monde-de-l-economie-tel-qu-il-n-est-jamais-alle-par-le-collectif-sorti

    Car chacun d’entre nous est là seul dans son trou de travail, à causer avec son voisin du trou d’à côté, à aimer sentir près de lui un être vivant qui court les mêmes mutilations que lui. C’est humain puisque c’est désormais ce qu’il nous reste, on montre qu’on n’a pas peur, on feint de s’étonner de la froideur des slogans qui apparaissent sur les télécrans modernes (« travaillez plus, pour gagner plus ») et on se force à en plaisanter même si tout le monde constate que son rire sonne toujours plus faux. Car c’est là l’économie, la vraie, la seule, une de ces préparations d’artillerie à l’intérieur de nos corps qui précèdent le renouvellement incessant des attaques et où le terrain que sont nos vies doit être complètement bouleversé, où il ne doit plus rester un être vivant dans les tranchées nivelées de la « réalité économique ».

    Cette « réalité » n’est pourtant pas une sphère naturelle et transhistorique qui serait propre à toutes les sociétés humaines et à l’activité humaine en tant que telle. Ce n’est qu’avec la naissance du capitalisme à partir du XVe-XVIe siècles que l’on peut dire qu’il y a constitution, sous le nom d’économie, d’un ensemble d’activités sociales spécifiques (production, distribution, échanges, consommation), qui vont structurer la reproduction des rapports sociaux comme simples rapports économiques. L’économie à fois comme science bourgeoise et surtout comme « réalité » économique, est ainsi une production historique récente.

    […]

    Pour dénaturaliser la vie économique, il faut revenir plus en détail sur les différents fondements de l’économie, pour en critiquer sans concession l’authenticité. Tel est notre but : réfléchir ensemble et dans la diversité des approches et des pratiques présentes et à venir, à ce qui rend possible pratiquement cette sortie de l’économie, ici et maintenant. Nous n’allons donc pas élaborer une nouvelle idéologie ou théorie critique ; nous voulons simplement fournir un élément parmi d’autres apportant sa pierre à la tâche de « comprendre dans quel monde nous vivons » (George Orwell). Car partout la réappropriation de cette faculté de juger notre propre implication dans l’économie se fait sentir dans nos interrogations, nos doutes, nos désirs, et c’est cette mise en réflexion qui permet aujourd’hui un « bricolage », des « expérimentations », des remises en cause profondes ou partielles, des résistances collaboratrices ou complètes, l’invention d’utopies concrètes. La « gratuité », le « don », la « décroissance », le « non-marchand », l’« autonomie », l’« autogestion » sont autant de termes qui nous paraissent trop imprécis et ambigus pour signifier un espace politique commun de discussion portant sur ces expériences collectives de réappropriation de plus en plus nombreuses actuellement.

    #économie #sortir_de_l'économie #critique_de_la_valeur #wertkritik #travail #capitalisme #2012

  • Parution prochaine le 11 juin : Robert Kurz, Raison sanglante. Essais pour une critique émancipatrice de la modernité capitaliste et des Lumières bourgeoises (Editions Crise & Critique)

    http://www.palim-psao.fr/2021/05/parution-prochaine-le-11-juin-robert-kurz-raison-sanglante.essais-pour-un

    Depuis le 11 septembre 2001, c’est avec une arrogance jamais atteinte jusqu’ici que les idéologues de l’économie de marché et de la démocratie invoquent leur enracinement dans la grande philosophie des Lumières. Oubliée la « dialectique de la raison » d’Adorno et Horkheimer, oubliée la critique de l’eurocentrisme : il n’est pas jusqu’à certaines fractions de la gauche qui ne s’accrochent à une prétendue promesse de bonheur bourgeoise, alors même que la mondialisation du capital ravage la planète.

    Robert Kurz qui s’est fait connaître pour ses analyses critiques du capitalisme et de son histoire (La Substance du capital, L’Effondrement de la modernisation), s’attaque ici aux « valeurs occidentales » à contre-courant du mainstream intellectuel dominant et au-delà de la critique passée des Lumières. Dans ces essais théoriques polémiques et fondateurs, on voit s’ébaucher une nouvelle critique radicale de la forme-sujet moderne (déterminée de manière masculine) et ce non pas pour rendre hommage à un romantisme réactionnaire mais afin de montrer que les Lumières et les contre-Lumières bourgeoises ne sont que les deux côtés de la même médaille. L’objectif visé est une « antimodernité émancipatrice » qui refuserait les fausses alternatives se situant toutes sur le terrain du système patriarcal producteur de marchandises.

  • La fin du monde vue par le capital financier | Terrestres
    https://www.terrestres.org/2021/05/10/la-fin-du-monde-vue-par-le-capital-financier

    En cette époque de fantasmes complotistes, il est toujours utile d’entrer dans ce que pensent les militants du capital à partir de leurs propres écrits, quand ils se parlent entre eux. Comment ils analysent le dérèglement écologique et climatique en cours et ses dégâts asymétriques sur les sociétés, comment ils envisagent les gagnants et les perdants de la pandémie et comment ils entendent traverser les transformations géopolitiques et politiques du monde pour défendre leurs intérêts supérieurs.

    Ce rapport de septembre 2020 de la Deutsche Bank (en intégralité ici : DB_2020_The-age-of-disorder), initialement réservé, à prix d’or, à ses clients, a fuité sur les réseaux et nous nous permettons d’enfreindre la propriété intellectuelle afin de le verser au débat dans le monde francophone1.

    • Face à “l’agressivité” des mesures environnementalistes conduisant selon elle à un accroissement des inégalités, la banque compte sur le refus des classes populaires déjà affectées par le COVID, pour réduire la portée des politiques écologiques. Bref, ce que propose le rapport, c’est une alliance populiste (que l’on a déjà pu observer avec Trump, Bolsonaro mais aussi en Europe) autour de l’idéologie de croissance entre les intérêts du capital et ceux des couches populaires. S’oppose ainsi, en termes presque gramsciens, une stratégie du capital financier à ce qui pourrait être une autre stratégie alliant écologie et conquête de l’égalité.

    • Ces quatre dernières décennies de globalisation, avec le recul de tous les obstacles démocratiques à la circulation des capitaux et des marchandises, ont connu la plus forte croissance du capital de tous les temps historiques, ainsi que d’excellents rendements des actifs financiers dans tous les domaines. Ce fut, lit-on, un système optimal pour la croissance globale...

      Ah ben, où est passée la « crise » que prophétise depuis 40 ans la #wertkritik ?!?

    • Mais quel troll celui là, spa possib… :D

      Au-delà du lol,
      1) il s’agit là de l’avis de la banque sur son système, avec bien sûr une magnifique capacité d’introspection et d’auto-critique, comme on le sait bien… (d’autant plus qu’il s’agit d’une banque allemande, donc d’un des centres qui s’en sort encore un peu mieux par rapport au reste du monde)
      2) cet article peut parfaitement dire n’importe quoi aussi, comme beaucoup sur le sujet du capitalisme, notamment car seulement certains centres précis ont connu de la croissance, alors qu’au niveau global, le capitalisme étant obligatoirement mondial, ce n’est pas du tout la joie
      3) c’est justement parce que le capitalisme informatisé produit en masse des surnuméraires et donc moins de création de valeur, qu’il se réfugie ensuite dans des opérations financières : le crédit et la spéculation, qui n’ont rien à voir avec la création de valeur par les humains et qui ne font qu’aggraver les problèmes structurels et repousser de quelques maigres années les écroulements suivants, qui produiront comme en 2008, en toujours pire, des catastrophes humanitaires (des millions de gens qui perdent leur boulot, leurs ressources, des problèmes immobiliers, des déplacements de population, des guerres, et bien d’autres joyeusetés).
      Donc oui clairement c’est en crise vu que ce n’est pas parce que les opérations financières existaient depuis le début du capitalisme qu’en proportion ça avait la même importance : c’était mineur par rapport à la valeur issue du travail (comprenant l’esclavage, la colonisation, etc). Mais depuis la révolution informatique, c’est inversé, ce n’est pas la même variante du capitalisme. Et de plus en plus de zones du monde sont désormais à la ramasse question intégration dans cette machinerie, croissance, etc, c’est encore plus une minorité qu’avant qui s’en sort. Même du point de vue du capitaliste, quoi, seuls une minorité s’en sortent, toujours plus petite.

  • Préface d’Anselm Jappe et Johannes Vogele pour L’Effondrement de la modernisation de Robert Kurz

    http://www.palim-psao.fr/2021/04/preface-d-anselm-jappe-et-johannes-vogele-pour-l-effondrement-de-la-moder

    Robert Kurz [...] ne livrait pas seulement une explication marxiste de la faillite inévitable du « socialisme réel » bien différente des analyses courantes proposées à gauche, mais affirmait aussi crânement que la fin de l’URSS n’était qu’une étape de l’écroulement mondial de la société marchande, dont les pays « socialistes » ne constituaient qu’une branche mineure.

    La révolution russe de 1917, indépendamment de la volonté de ses chefs, n’avait pas – et ne pouvait pas avoir, selon Kurz – comme horizon le « communisme », mais une « modernisation de rattrapage », c’est-à-dire une version accélérée de l’installation des formes sociales de bases du capitalisme, notamment en réagençant les vieilles structures sociales prémodernes pour y imposer la socialisation des individus par le travail

    • L’« Effondrement de la modernisation » ‒ 30 ans après
      https://lundi.am/L-Effondrement-de-la-modernisation-30-ans-apres

      À l’occasion de la traduction de L’effondrement de la modernisation. De l’écroulement du socialisme de caserne à la crise de la mondialisation, de Robert Kurz (aux éditions Crise et Critique), nous publions ici un entretien avec ce dernier datant d’octobre 2004 pour le magazine Reportagem de São Paulo. Il revient sur l’émergence du courant désormais appelé « critique de la valeur », qui débute avec la publication en allemand de ce même livre en 1991. Théoriquement, il s’agissait de se dégager du marxisme traditionnel, tout en revenant à Marx, pour refuser en bloc toute la logique de la valeur et du travail. Il indique ensuite l’apport essentiel de la critique de la dissociation, apporté par Roswitha Scholtz (« La valeur, c’est le mâle », 1996), qui insiste sur le tout structurellement scindé formé par la valeur, la marchandise et le travail abstrait (qui prétendent à la totalité) d’un côté et le travail reproductif souvent « déclassé » et attribué aux femmes de l’autre (et que la totalité ne parvient jamais à subsumer totalement). Enfin, il explique les tensions au sein du groupe Krisis qui se scinde au début des années 2000 avec la formation de la revue Exit ! et termine par des considérations sur la crise mondiale de la modernisation à laquelle n’échapperont pas, selon lui, les pays alors en pleine croissance comme la Chine de l’époque.

    • @tranbert : certes ; mais peut-être qu’un quart de siècle est encore une période trop courte ? Ou alors, c’est l’#effondrisme qui, par son impatience à voir la « catastrophe » advenir, a tendance à se contenter de vues à court terme ?
      Comment appelle-t-on déjà ce comportement biaisé qui consiste à se réjouir d’une catastrophe en train de se produire ?

    • La critique de la valeur n’annonce pas un effondrement à venir, mais constate une décomposition en cours (dont l’URSS représentait justement une étape). Il n’est pas très pertinent d’attendre la « chute » du capitalisme, que tout le monde se représente par ailleurs triomphant, car il s’agit déjà d’un mort-vivant, mais ce pourrissement n’a rien d’émancipateur en soi.

    • Ni rien de réjouissant : les élites dominantes feront tout pour s’accrocher à leurs prérogatives et leurs brutalités n’iront qu’en augmentant en fréquence et en intensité.
      J’observe avec une grande attention ce qui se passe au Mexique : ce pays connait depuis un quart de siècle une violence économique et politique de grande intensité et la brutalité inouïe des rapports de domination imposés par les cartels illustre bien le genre de pourrissement auquel il faut s’attendre.

    • @ktche @sombre Je crois que comme avec la collapsologie, la WerttKritik fait une confusion entre la dynamique du système capitaliste et ce que ce système inflige aux humains et à la nature. On assiste pas à « l’écroulement mondial de la société marchande » ni au « pourrissement du capitalisme » qui au contraire fonctionnent très bien.
      Ce qui s’écroule, ce sont les conditions de la vie.
      Ce qui pourrit, c’est la société du genre humain.
      Et la production de marchandises prospère sur cette destruction et sur cette dépossession.
      Le capitalisme ne « crée » pas de la valeur, il détruit et corrompt tout ce qui permettait de se passer de ses ersatz empoissonnés et mortifères. Et c’est cela qu’il importe de dénoncer et de combattre.

    • Ça fait des années que tu répètes la même critique @tranbert :)
      « ce courant annonce la fin du capitalisme qui va se faire tout seul mais ça n’arrive jamais » … mais ce n’est jamais ce que ça dit, ça n’annonce rien de bien, ça explique que le capitalisme à force d’augmentation de la productivité (et donc encore plus depuis la robotisation + informatisation) détruit son noyau : la création de valeur.

      Mais ça peut très bien prendre très longtemps car c’est une compétition toujours mondiale donc il reste toujours quelques pays qui concentrent ce qui reste de valeur. Nous on vit justement en France, dans un de ces derniers centres occidentaux, mais non non, la production de marchandises ne prospère pas du tout quand on regarde le monde entier. Et même dans ces derniers centres, tout cela ne tient quasi que par l’expansion monstrueuse de la finance : pas du tout parce que la production prospère.

      + surtout ça n’indique absolument aucune émancipation particulière du tout ! Par défaut c’est même plutôt le contraire et que la wertkritik le dit pourtant assez explicitement (y compris dès ce premier livre) : si les mouvements d’émancipation et d’autonomie ne deviennent pas plus importants, alors par défaut cette décomposition du capitalisme aboutit plutôt à la barbarie, pas du tout à l’émancipation du genre humain… (ce que montre bien aussi La société autophage, plus particulièrement)

      Cette préface ne masque pas non plus l’évolution graduelle, en 91, il y avait aussi encore des scories de marxisme traditionnel dans ce livre, une idée transhistorique du travail, un progressisme, etc. Qui ont disparu de ce courant au fil des années, des auto-critiques, des approfondissements.

      En conséquence de quoi il n’y a rien à « attendre » magiquement (personne n’a jamais dit ça dans ce courant), il faut bien participer à construire d’autres manières de penser et de vivre (au pluriel), non basées sur la création de valeur.

      Enfin bon, plutôt que des piques régulières de mécompréhension sur les internets au fil des années, ça serait vraiment plus utile de mettre à plat les choses en discutant vraiment en face à face lors d’une rencontre avec les participant⋅es francophones (comme Renaud Garcia qui était à la rencontre l’année dernière il me semble). Quitte à ne pas être d’accord, mais au moins en dissipant les incompréhensions et quiproquos qui peuvent monter en épingle quand il n’y a que de l’écrit.
      Mais bon je dis ça… je dis rien :)

    • Ce qui s’écroule, ce sont les conditions de la vie.
      Ce qui pourrit, c’est la société du genre humain.

      Tout à fait. A condition de préciser que le « genre humain » dont il est question n’est pas une donnée transhistorique. Car c’est bien parce que le capitalisme (c’est-à-dire la forme de vie fétiche sur laquelle nous nous appuyons pour produire et reproduire la société depuis peu, comparé à la diversité et à l’histoire des formes de vie qui la précède), est lui-même en cours de décomposition, que les catégories qui le fondent et nous semblent évidentes et « naturelles » se décomposent avec lui, à commencer par la plus centrale : le travail (qui, du coup, ne fait pas partie des « conditions de la vie », mais bien de la dynamique du capital lui-même).

      Le capitalisme ne « fonctionne » pas bien. A bien des égards, il n’a jamais « bien fonctionné » puisque c’est une dynamique folle qui sape les conditions-même de sa propre reproduction, induisant par là les nuisances constatées tout au long de son histoire, et pas seulement dans ses phases les plus récentes. Dénoncer les nuisances et oublier (ou se méprendre sur) ses ressorts est une demi-mesure, du genre de celles qu’ont adoptées jusqu’à l’absurdité ceux qui voulaient rattraper la modernité plutôt que de repartir sur d’autres bases.

      Vouloir fixer la modernité à un moment particulier de son histoire, tenter de rattraper son retard pour ceux qui ne sont pas partis dans la course en tête de peloton, ou prolonger coute que coute cette trajectoire irrationnelle pour ceux qui en sont les ultimes et relatifs bénéficiaires, sont autant de façon de « croire » dans la viabilité d’un fétiche délétère.

      Dans sa phase en cours, ce n’est pas parce que le capitalisme nous écrase qu’il triomphe, mais c’est parce qu’il se décompose (et qu’on continue de l’imaginer éternel ou maitrisable) qu’il nous écrase.

  • Avec Marx, au-delà de Marx. Bibliographie de démarrage sans douleur ni cachet d’aspirine autour de la critique de la valeur-dissociation
    http://www.palim-psao.fr/2020/12/avec-marx-au-dela-de-marx.bibliographie-de-demarrage-sans-douleur-ni-cach

    AVEC MARX, AU-DELA DE MARX

    Repenser une théorie critique du capitalisme-patriarcat pour le XXIe siècle

    Bibliographie de démarrage sans douleur ni cachet d’aspirine autour de la critique de la valeur-dissociation

    Classée par ordre de lecture.

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #bibliographie #introduction #Marx #capitalisme #patriarcat #anticapitalisme #théorie_critique

  • Valeur-dissociation, sexe et crise du capitalisme : Interview de Roswitha Scholz par Clara Navarro Ruiz
    http://www.palim-psao.fr/2019/12/valeur-dissociation-sexe-et-crise-du-capitalisme-interview-de-roswitha-sc

    Alors que vient de paraître aux éditions Crise & Critique l’ouvrage de Roswitha Scholz, Le Sexe du capitalisme. « Masculinité » et « féminité » comme piliers du patriarcat producteur de marchandises, nous faisons paraître ci-dessous une traduction inédite par Sarah d’un entretien de l’auteure avec la philosophe et féministe espagnole Clara Navarro Ruiz.

    #Roswitha_Scholz #critique_de_la_valeur #wertkritik #valeur-dissociation #féminisme #philosophie #théorie_critique #Adorno

  • Le degré de stupidité à gauche. La stupidité est le meilleur allié de l’opportunisme de gauche, la crise actuelle le montre une fois de plus, par Tomasz Konicz
    http://www.palim-psao.fr/2020/12/le-degre-de-stupidite-a-gauche.la-stupidite-est-le-meilleur-allie-de-l-op

    L’élan interne à la gauche à vouloir revenir aux « racines », à se concentrer à nouveau sur la lutte pour la répartition au sein du capital, est après tout une réaction à la diarrhée de la nouvelle droite. On veut contrecarrer les simples mensonges fascistes avec des vérités simples sur les capitalistes tout puissants ‒ et on interprète, par exemple, la crise de suraccumulation résultant de la crise systémique comme une simple question de répartition, qui sera résolue par l’expropriation (chez les léninistes) ou par les impôts (chez les socialistes). Les luttes de classes croissantes auxquelles ces courants se réfèrent ne sont cependant que l’expression des luttes de répartition en développement induites par la crise, au cours de laquelle non pas une nouvelle classe prolétarienne émerge, mais la production d’une humanité économiquement superflue, déjà presque achevée à la périphérie du système mondial, et qui progresse également dans les centres. La misère croissante du capitalisme tardif ne fait que refléter les conditions historiques du capitalisme originel.

    #crise #théorie_de_la_crise #wertkritik #critique_de_la_valeur #capitalisme #répartition #gauche #Tomasz_Konicz

    • https://www.exit-online.org/link.php?tabelle=aktuelles&posnr=749

      article intéressant qui reprend les arguments évoqués dans Pandemie des Hungers https://www.heise.de/tp/features/Pandemie-des-Hungers-4995797.html

      Je ne comprend pas pourquoi TK fait tant d’effort afin de critiquer le léninisme dont on sait qu’il est mort et ne joue plus aucun rôle sauf pour quelques intellectuels qui vivent encore dans l’ère avant l’internet. Peut-être c’est son dada qu’il cultive dans des discussions interminables autour d’un bon verre devant la cheminée de la villa d’un copain ;-)

      Ses remarques sur les opportunistes et le carrièristes de gauche par contre correspondent précisément à ce que je rencontre quand j’essaye de faire comprendre aux politiciennes et politiciens de la gauche officielle quels sont les problèmes élémentaires qui se posent au commun des mortels.

      Voilà l’antagonisme (ah, comme j’aime ce Fremdwort , c’est classe !) qui habite bien des auteurs de la gauche radicale. Il ne travaillent pas au quotidien avec les plus défavorisé qu’ils aimeraient pourtant bien convaincre de l’action révolutionnaire incontournable. Pris dans ce piège il ne leur reste qu’à critiquer les autres courants de la gauche pour leur inaction.

      Pas grave, TK est une voix intéressante qui sort de la couche de résidus qui restent de l’ancienne nouvelle gauche allemande. C’est toujours un plaisir de lire ses textes.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_gauche

      #auf_deutsch #histoire #marxisme

  • Le travail, à l’intersection de toutes nos colères, par Gilles Tal-Kuntrabandu
    http://www.palim-psao.fr/2020/09/le-travail-a-l-intersection-de-toutes-nos-coleres-par-gilles-tal-kuntraba

    En brandissant le carton « attention, travail », ces arbitres, qui se réclament pourtant moins de Geoffroy Roux de Bézieux[1]que de Jean Jaurès, reprennent à leur compte un procédé très prisé par le patronat dès lors qu’on lui chie dans les bottes, et qu’on appelle le « chantage à l’emploi ».

    Car le travail ne se discute pas, et le refus du débat transcende les positions sociales et politiques. On descend certes dans la rue pour des motifs très souvent liés au travail : parce qu’on ne bosse pas ou parce qu’on bosse trop, parce qu’on revendique des aménagements autour du salaire, du temps de travail, de l’environnement de travail, bref, parce qu’on a des soucis avec les conditions de travail. Mais on ne descend jamais dans la rue contre le travail.

    #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #luttes_sociales #conditions_de_travail

  • Apparition d’une crise (sanitaire) inattendue dans l’analyse du #capitalisme financiarisé et mondialisé et dans l’analyse de la production des #marchandises, de leur circulation et de leur consommation. La #force_de_travail aurait-elle pu reprendre la main sur les paradigmes politiques et économiques ?

    Accouchement difficile – Épisode 1 : Beaucoup d’argent pour quoi ? | Hic Salta - Communisation
    http://www.hicsalta-communisation.com/accueil/accouchement-difficile-episode-1-beaucoup-dargent-pour-quoi

    Nous appelons crise Covid ce modèle inattendu d’arrêt partiel de la production capitaliste. Inattendu de deux points de vue :

    du point de vue de la théorie communiste : la crise Covid met encore une fois en évidence le fait que le travail n’est pas aussi inessentialisé que ce qu’on lit parfois dans les commentaires de la hausse de la composition organique actuelle du capital. En fait, cela s’explique notamment par le recours croissant aux méthodes de la plus-value absolue depuis des décennies, permettant des économies en capital constant, mais au prix de gains de productivité de plus en plus modestes.

    du point de vue des capitalistes, qui ont géré la santé de la force de travail comme si la combinaison du chômage structurel et de l’immigration permettait d’assurer à tout moment une quantité suffisante de main d’oeuvre en bonne santé. La dégradation des systèmes de santé publique ne s’explique pas seulement par le passage d’une partie de ses services au secteur privé. Elle tient aussi au fait que, dans les conditions actuelles de l’exploitation de la force de travail, les patrons sont peu soucieux de la stagnation de l’espérance de vie, de la baisse de l’espérance de vie en bonne santé, et de l’état sanitaire général de la main d’œuvre. On a là une bonne illustration de la paupérisation absolue qui accompagne le retour de la plus-value absolue : en même temps que le salaire (indirect notamment) est comprimé, un élément du panier des subsistances se dégrade lentement en qualité. C’est ce qui explique que les alarmes qui ont été tirées lors des épidémies précédentes soient restées sans effet en dehors des milieux spécialisés. Notamment en Europe occidentale et aux États-Unis, les patrons et les gouvernements n’ont pas vraiment tiré les leçons des épidémies de SARS en 2003, partie de Chine, de la grippe H1N1 partie en 2009 du Mexique, de l’épidémie de MERS au Moyen Orient en 2012, d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-16, de Zika née dans des îles du Pacifique en 2015-16.

    #théorie_communiste #communisation #prolétariat #précariat #critique_de_la_valeur #Wertkritik

  • Michel Barrillon, Les marxistes, Marx et la question naturelle, 2013

    Résumé

    Nombre d’auteurs marxistes ou néomarxistes contemporains admettent « l’immense retard théorique » du marxisme dans l’appréhension de la question naturelle. Ils le déplorent d’autant plus que le paradigme marxien leur paraît parfaitement en mesure d’intégrer la dimension socio-écologique dans la critique ordinaire du mode de production #capitaliste. En marxistes conséquents, ils s’interrogent sur les raisons historiques de ce « rendez-vous manqué » avec l’écologie politique. Certains poussent l’analyse jusqu’à revenir aux écrits fondateurs de Marx et Engels. J. B. Foster a ainsi défendu la thèse d’un « Marx écologiste »… Cette thèse ne résiste pas à l’épreuve d’un examen critique du mode de traitement de la nature chez Marx. Rétrospectivement, Marx et la plupart de ses épigones apparaissent comme des théoriciens demeurés fidèles au projet baconien et cartésien inscrit dans l’imaginaire de la modernité ; prisonniers d’une vision progressiste de l’histoire, ils n’ont pu, en fait de critique radicale du capitalisme, que « le reproduire comme modèle ».

    https://sniadecki.wordpress.com/2020/06/04/barrillon-marxistes

    #Marx, #marxistes, #écologie, #critique_techno, #modernité, etc.

    En définitive, pour avoir voulu mener un combat scientifique sur le terrain de l’#économie_politique, le terrain même de ses ennemis désignés, Marx s’est pris au piège de la #théorisation froide et a fini par reproduire le capitalisme comme modèle, au lieu de dénoncer fermement ses crimes écologiques et humains sans lui faire de concession au nom d’une arbitraire nécessité historique. Paradoxalement, il a consacré ce qu’il croyait critiquer à la racine, vraisemblablement par désir de #scientificité, mais aussi parce qu’il demeurait convaincu que le capitalisme est un mal historique nécessaire, investi, malgré lui, d’une mission « civilisatrice ». En reconnaissant au capitalisme l’immense mérite d’avoir rendu la nature exploitable sans limites, il n’a pas simplement conforté le #productivisme capitaliste, il a aussi pleinement souscrit au projet baconien et cartésien puisque c’est dans le cadre de l’imaginaire de la modernité qu’il conçoit le passage au communisme. Si, aujourd’hui, le retour aux œuvres de Marx doit être une source d’enseignements, c’est bien pour nous éviter de répéter ses erreurs.

    Quelques chose me dit que la #WertKritik pourrait en prendre de la graine...

    • La wertkritik ne pense absolument pas que le capitalisme est une étape nécessaire à quoi que ce soit. :p
      Elle ne prend de Marx que telle ou telle partie qu’elle considère la plus importante de son travail, sur la critique du cœur de comment fonctionne le capitalisme. Et justement rejette ou tout du moins ne garde pas, la plupart des idées politiques de Marx, qui étaient propres à son temps.

  • Ne travaillez (plus) jamais - une lecture illustrée par Hélène Copin du livre Ne travaillez jamais. La critique du travail en France, de Charles Fourier à Guy Debord
    https://copindesbois.fr/fiches/ne-travaillez-plus-jamais

    Une lecture du livre d’Alaistair Hemmens « Ne travaillez jamais. La critique du travail en France, de Charles Fourier à Guy Debord » (2019).

    En précisant que je ne suis pas économiste, que je n’ai pas lu Marx et que je ne suis pas indépendante vis-à-vis du travail. Sans certitude donc que ma compréhension de tout ce que l’auteur expose soit exacte, voilà ce qui m’a le plus parlé.

    #Alaistair_Hemmens #Hélène_Copin #dessin #illustration #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme

  • Invitation à un camp d’été : Capitalocène, Patriarcat, Antisémitisme, Racisme et Luttes sociales (27 juillet-2 août, en Ariège)
    http://www.palim-psao.fr/2020/05/invitation-a-un-camp-d-ete-capitalocene-patriarcat-antisemitisme-racisme-

    Lundi 27 juillet

    Arrivée possible à partir de midi

    Mardi 28 juillet

    – Matinée : Théoriser l’agriculture capitaliste globalisée (William Loveluck)

    – Après-midi : des Ateliers autour de la critique de la valeur-dissociation :
    –- Atelier 1 : Pourquoi et comment critiquer le travail (Alastair Hemmens et Benoît Bohy-Bunel)
    –- Atelier 2 : Comprendre la crise contemporaine et les idéologies de crise (Paul Braun et William Loveluck)
    –- Atelier 3 : Comprendre les articulations de la théorie de Roswitha Scholz sur la critique de la valeur-dissociation (Johannes Vogele et Clément Homs)

    – Soirée-causerie : Bilan des luttes sociales en 2019-2020 de par le monde. Quelle intervention dans les luttes sociales à partir de la critique de la valeur-dissociation ?

    Mercredi 29 juillet

    JOURNEE « PENSER LA CRISE ECOLOGIQUE A L’AUNE D’UNE THÉORIE CRITIQUE DU CAPITALOCÈNE »

    – Matinée : Quel lien entre critique du capitalisme et critique de la société industrielle ? (Anselm Jappe)

    – Après-midi :
    –- L’ère du capitalocène (Clément Homs)
    –- Critique de la collapsologie (Renaud Garcia)

    – Soirée-causerie : Le sujet radical. Raoul Vaneigem, Mai ’68 et l’Internationale situationniste. (Alastair Hemmens)

    Jeudi 30 juillet

    – Matinée : Critique de la consommation éthique (Estelle Ferrarese)

    – Après-midi : Le fétichisme de la marchandise à la lumière de la psychanalyse (Sandrine Aumercier)

    – Soirée-causerie : De l’eau dans le gaz. Comprendre les divergences théoriques entre les groupes allemands Exit ! et Krisis (Johannes Vogele, Paul Braun, Matthieu Galtier, Clément Homs, Anselm Jappe, etc.)

    Vendredi 31 juillet

    – Matinée : Critiquer la pensée postmoderne : Foucault, Derrida, Deleuze (Benoît Bohy-Bunel) Discutant : Renaud Garcia.

    – Après-midi : Balade au château de Montségur

    – Soirée-causerie : Une lecture adornienne de la critique de l’économie politique : le courant de la Neue Marx-Lektüre (Vincent Chanson).

    Samedi 1 août

    JOURNEE THEORIE CRITIQUE DE L’ANTISEMITISME ET DU RACISME

    – Matinée : L’antisémitisme et la gauche (Memphis Krickeberg)

    – Après-midi : Racisme et antisémitisme : version abstraite de l’humanisme et aversion de l’universel concret (Rémi Coutenso)

    – Soirée : Scènes de la nouvelle pièce « Jaggernaut » autour de l’ouvrage de Benoît Bohy-Bunel Symptômes du spectacle contemporain (L’harmattan, 2019), avec des comédiens de la troupe de théâtre Primesautier de Montpellier

    Dimanche 2 août

    – Matinée : Assemblée générale Crise & Critique/Revue Jaggernaut

    – Après-midi : rangement, nettoyage et départs.

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #théorie_critique

  • De virus illustribus. Crise du coronavirus et épuisement structurel du capitalisme, de Sandrine Aumercier, Clément Homs, Anselm Jappe et Gabriel Zacarias (Extraits. Editions Crise & Critique, parution en août 2020).
    http://www.palim-psao.fr/2020/04/parution-prochaine-de-virus-illustribus.crise-du-coronavirus-et-epuisemen

    Brouillon/démarrage d’un livre sur Coronavirus et Capitalisme, à paraitre cet été.

    Une quantité invraisemblable de commentaires sur la crise du coronavirus circule déjà dans le champ de la critique du capitalisme. On y rencontre beaucoup d’éléments intéressants, mais rien qui ne soit vraiment percutant. Chacun prêche pour sa paroisse : Žižek voit l’avènement d’une nouvelle forme de communisme, Vaneigem d’un esprit joyeux et solidaire, Latour voit l’occasion de faire le tri entre l’essentiel et le superficiel, Agamben croit voir pointer un nouveau totalitarisme qui nous réduit à la « vie nue », LundiMatin se réjouit que tout soit à l’arrêt, Latouche vend la décroissance comme solution, les écologistes pensent qu’il faut respecter davantage la biodiversité, Naomie Klein n’y voit que la « stratégie du choc », les gauchistes « classistes » la responsabilité des seuls capitalistes « parasitaires », les primitivistes proposent de revenir aux sociétés des chasseurs-cueilleurs, Rob Wallace veut créer un capitalisme « écosocialiste » en soumettant les entreprises à des règles qui réinternalisent les coûts sanitaires de leurs activités, Le Monde diplomatique nous révèle que le problème principal est la casse néolibérale de la santé publique, Piketty y voit l’occasion d’une justice fiscale majeure. L’État islamique y décèle la main de Dieu contre les infidèles et exhorte ses troupes à éviter de voyager en Europe pour y déposer des bombes… Rien de nouveau sous le soleil ?

    […]

    Que penser alors de cette surprise très peu « divine » ? La crise du coronavirus sonnera-t-elle le glas du capitalisme, amènera-t-elle la fin de la société industrielle et consumériste ? Certains le craignent, d’autres l’espèrent. Il est bien trop tôt pour le dire. Avec la pandémie du Covid-19, un facteur de crise inattendu est apparu – l’essentiel n’est pourtant pas le virus, mais la société qui le reçoit.

    […]

    Il faut aussi saisir le rôle accru des États dans une compréhension de la relation polaire État-Économie, et montrer le lien entre crise de la valorisation et l’impossibilité grandissante de nombreux États à jouer leur rôle d’administrateur du désastre si la crise perdure. Il faut montrer comment la crise du Covid-19 va accélérer un processus d’affirmation paradoxale du « primat du politique ». D’un côté, les États s’affirment comme administrateurs du désastre et « sauveurs en dernier ressort » du capitalisme (au travers des politiques budgétaires des États et des politiques monétaires des banques centrales). Dans le même temps, la crise de la valorisation détruit le fondement et la légitimité des institutions politiques et produit l’évidement de la politique en sapant les bases de la capacité d’intervention des États.

    #capitalisme #coronavirus #critique_de_la_valeur #wertkritik #Sandrine_Aumercier #Clément_Homs #Anselm_Jappe #Gabriel_Zacarias

    • De nombreux épidémiologistes ayant constaté un lien entre déforestation, élevage industriel et multiplication des zoonoses (maladies transmises par un animal) depuis une cinquantaine d’années dans les zones intertropicales (VIH-1, Nipah, etc.), certains, comme l’épidémiologiste américain #Rob_Wallace, ont transposé, sans enquête préalable [sic !] , l’établissement de ce lien sur le cas du Covid-19. L’autre thèse, apparue dès la fin du mois de janvier dans la presse et les réseaux sociaux chinois, est celle d’une fuite accidentelle dans l’un des deux laboratoires de virologie P2 ou P4 de Wuhan où des études sur le coronavirus de chauve-souris étaient menées. Suite à la révélation dans le Washington Post du 14 avril, de câbles diplomatiques américains constatant des problèmes de sécurité en 2018 dans ces laboratoires, ces soupçons, là aussi sans enquête préalable [re sic !], ont été relayés mi-avril par l’administration américaine, les gouvernements britannique et français.

      Quoiqu’il en soit, le virus est le déclencheur mais pas la cause de l’aggravation de la situation de crise structurelle et globale déterminée de manière sous-jacente par la contradiction interne dont nous avons parlé. Comme expression des contradictions internes accumulées par le régime d’accumulation aujourd’hui structurellement fixé sur l’anticipation de la production de survaleur future au travers d’un endettement généralisé, la crise sanitaire est l’expression et le vecteur d’une crise déjà à l’œuvre, dont elle ne fera qu’accélérer le cours.

      Traduit en bon français : c’est la criiiiise !

      Il fallait bien un bouquin pour nous le rappeler, sinon, on ne s’en serait pas aperçu...

      Ce qui est vraiment remarquable dans cette prose jargonneuse et répétitive, c’est l’indifférence totale à la réalité concrète des phénomènes : ils ne sont là que pour confirmer l’excellence de la prétendue « théorie critique » qui les relègue au second plan.

      On se demande où et quand nos théoriciens font des « enquêtes préalables » dans le monde tel qu’il ne va pas...

      Quoiqu’il en soit, « rien qui ne soit vraiment percutant ». La WertKritik « prêche pour sa paroisse », une fois de plus.

      #cuistrerie

  • L’Autre Marx. Pourquoi le Manifeste du parti communiste est obsolète, par Norbert Trenkle
    http://www.palim-psao.fr/2020/03/l-autre-marx.pourquoi-le-manifeste-du-parti-communiste-est-obsolete-par-n

    Au moins depuis la crise financière de 2008, Karl Marx a de nouveau été considéré, à juste titre, comme très pertinent. Ses nouveaux et anciens partisans, se sont cependant concentrés sur cette partie de sa théorie qui était obsolète depuis longtemps : la théorie de la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat. En revanche, l’« Autre Marx », celui qui a critiqué le capitalisme en tant que société fondée sur la production marchande générale, le travail abstrait et l’accumulation de valeur, n’a guère retenu l’attention. Mais c’est précisément cette partie de la théorie de Marx qui nous permet d’analyser convenablement la situation actuelle du système capitaliste mondial et son processus de crise. La théorie de la lutte des classes, en revanche, ne contribue absolument en rien à notre compréhension de ce qui se passe actuellement, et n’est pas non plus en mesure de formuler une nouvelle perspective d’émancipation sociale. Pour cette raison, nous devons affirmer que le Manifeste du Parti communiste est aujourd’hui obsolète et n’a plus qu’une valeur historique.

    #Nobert_Trenkle #Marx #classe #sujet_révolutionnaire #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #travail

    • #Überbau Les positions de Krisis sont le résultat d’un élognement des théoriciens du terrain des luttes de classe et d’une erreur dans leur interprétation de la valeur du travail En plus ce qu’ils reprochent à la gauche marxiste traditionelle est simplement faux.
      A mon avis on doit qualifier la production intellectuelle de cette tendance comme du #mindfuck ou, pardon, onanisme intellectuel.

    • argument irrecevable qui ne sert que pour ceux avec qui on n’est pas d’accord tout en mettant régulièrement en avant des gens parfaitement « théoriciens » quand eux vont dans notre sens… + le fait qu’une partie de Krisis/Exit a toujours refusé de parvenir et d’être théoricien d’université, et a gardé un boulot de prolo, en faisant le boulot théorique de manière totalement indépendante…

      la critique de la valeur et du travail est clairement celle qui explique le mieux l’état actuel du capitalisme, en laissant les éléments qui étaient propres à une époque (et parfaitement valables à cette époque) et en ne gardant que ce qui continue d’être valable quelques soient les différentes transformations du capitalisme « avec Marx, au-delà de Marx »

    • La supposée « critique de la valeur » est tout à fait en deçà de Marx, comme l’ont été et le sont, de très nombreux marxistes.

      Pour le « au delà de Marx », on a des exemples, des bricolages, des tentatives, bien moins fermées que ces justifications qui se justifient (la « critique de la valeur est lourdement pédago, voilà qui la fait ressembler aux marxistes) j’en signalais une hier
      https://seenthis.net/messages/848423

      il y en a d’autres ici, dont #Mario_Tronti
      https://seenthis.net/messages/476291
      dont Bernard Aspe
      https://seenthis.net/messages/640521

      Et, quand même ! rendons à Toni Negri, ce qui lui revient, puisque l’on parle d’un Marx au-delà de Marx (même si la note de lettre est pas sensass du tout)
      https://www.monde-diplomatique.fr/1980/09/GAUDEMAR/35726

      lui qui après d’autres prenait Marx par le milieu (les Grundrisses ), avant l’acmé du biais scientiste, plutôt que de faire de l’économicisme à partir de lectures du Capital (comme les patrons), ou de la philo en piochant dans les Manuscrits de 1844 (ce qui est la tradition française qui se veut de gauche c’est à dire non stalinienne, anti léniniste : Rubel, etc.
      Pas besoin d’être en chaire pour céder à la pensée spéculative (comme il faut bien qu’il se passe quelque chose on présente une une bataille entre concepts, plutôt que les phénomènes de conflictualité, de refus, et de fuite depuis lesquelles forger des concepts...) sans aucun niveau d’#enquête, de confrontation avec des choses, les rapport sociaux, etc.

      Bien sûr que le Manifeste est » obsolète " (surtout pour les mangeurs de mac do qui sont foutus deux minutes après leur sortie de cuisine. Tellement daté même qu’il précède le passage de la survaleur absolue à la plus value relative. C’est un texte d’intervention politique, un genre que la critique de la valeur ne peut que rabaisser pour mieux se pousser du col de « la théorie » ! Mais si nos théoriciens s’y penchait un peu, ils y liraient que le capitalisme est contraint de se révolutionner, est révolutionnaire. Ce qui devrait nous intéresser nous qui vivons sou une révolution capitaliste permanente.

    • la théorie comme repoussoir à bon compte… comme si juste décrire le monde et les luttes sectorielles d’un instant donné suffisant à comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe… alors aussi que les soi-disant descriptions « prolétaires » sont tout à fait issues de théories aussi, souvent de théories simplifiés, réappropriés, ou d’autres fois inversement de tentatives théories à partir d’un réel donné, mais qui finalement n’est que propre à une époque précise… bref partout il y a de la théorie, ça n’a aucun sens tout ça… Mais en parallèle on doit utiliser telle théorie en la confrontant à un constat du monde d’une époque donnée, et voir si elle colle, si elle explique des choses. Beaucoup de théories donnaient l’impression d’expliquer les choses à une époque, et justement parce que le capitalisme se révolutionne, en fait on s’aperçoit que cette théorie ne colle plus du tout à l’époque suivante… tandis que d’autres théories durent plus longtemps et continuent d’expliquer des phénomènes à plusieurs moments différents du capitalisme. La critique de la valeur n’a jamais fait que de la théorie, à chaque décennies il y eu à chaque fois en parallèle des textes d’application à des événements du moment, pour les regarder au prisme de leurs théories… et ça colle bien plus souvent à la réalité que du Negri…

      il y a à être pédago tout simplement parce que le capitalisme n’est absolument pas une chose simple, avec des gentils et des méchants, que c’est une manière de vivre extrêmement complexe, qui inclus désormais à peu près tout le monde, y compris celleux qui en crèvent. Ce n’est pas non plus que de l’économie à comprendre, c’est un fait social total, une manière complète de vivre justement, et la critique de la valeur a bien bien plus à voir avec l’anthropologie et la philosophie politique qu’avec un économisme (vu que justement c’est une critique de l’économie et non pas une utilisation de l’économie pour comprendre le monde)

      l’opéraisme au delà de Marx oui, tellement au delà que plus du tout « avec », un paléo-léninisme comme disait Jappe et Kurz dans « Les habits neufs de l’Empire » :D

  • Adieu à la valeur d’usage, par Robert Kurz
    http://www.palim-psao.fr/2020/04/adieu-a-la-valeur-d-usage-par-robert-kurz.html

    Pendant qu’on insiste quotidiennement sur la distinction entre « secteurs essentiels » et « secteurs non essentiels » de l’économie capitaliste, ce texte bref de Kurz est salvateur. La fétichisation de la « valeur d’usage » participe d’une naturalisation du capitalisme, et de ses catégories de base (valeur, marchandise, travail et argent). Aujourd’hui, le produit marchand dit « utile » (ou encore : « essentiel ») est toujours plus modelé par la logique abstraite de valorisation, et il se réduit ainsi à une simple fonctionnalité unidimensionnelle, qui devient destructive, toxique, réifiante, et qui ne prend pas en compte la souffrance et les désirs complexes des individus. L’article décisif pour la transformation de la critique de l’économie politique en une critique de la valeur d’usage, a été celui de Kornelia Hafner, « Le fétichisme de la valeur d’usage » dont une traduction sera proposée prochainement dans la revue Jaggernaut.

    #Robert_Kurz #critique_de_la_valeur #wertkritik #valeur #valeur_d'usage #capitalisme

  • Brèves observations sur les revenus sociaux de quarantaine, par Bruno Lamas
    http://www.palim-psao.fr/2020/04/breves-observations-sur-les-revenus-sociaux-de-quarantaine-par-bruno-lama

    Un revenu de quarantaine sociale n’est pas un revenu de base inconditionnel ou universel (RBI). Cette distinction entre ces deux mesures doit être faite très clairement car dans ce contexte d’urgence, il est plus qu’évident qu’il existe des tentatives d’utiliser les revenus de la quarantaine sociale pour justifier la défense d’un RBI permanent comme panacée à la crise structurelle de la société capitaliste et comme fondement d’une nouvelle société. Je pense qu’il y a de bonnes raisons à la fois de critiquer les propositions de RBI et de défendre un revenu de quarantaine sociale dans les circonstances actuelles. Un revenu de quarantaine sociale est une mesure provisoire dans un contexte de pandémie ; dans ses versions les plus récentes, le RBI apparaît comme une proposition de ce qu’on appelle un nouveau modèle social et d’accumulation, qui se présente parfois comme déjà post-capitaliste. Je crois que nous devons assumer la nécessité d’un revenu social de la quarantaine et en même temps critiquer radicalement les propositions d’une société avec RBI et ses illusions.

    #revenu_de_base #RDB #revenu_garanti #critique_de_la_valeur #wertkritik #économie #travail #coronavirus #revenu_de_quarantaine

    • Deuxièmement, le fait que l’injection monétaire ne provoque pas une inflation immédiate du jour au lendemain mais seulement à moyen-long terme, peut (1) donner momentanément une plus grande capacité d’achat à ceux qui vivent aujourd’hui dans la misère et (2) permettre un gain de temps, même si ce n’est peut-être pas très long, pour que l’humanité réfléchisse et s’organise pour surmonter la décomposition du capitalisme sans tomber dans une barbarie mondiale. En ce sens, un RBI ne construit pas ou ne participe pas à la construction d’une nouvelle société ; elle peut, au mieux, donner une marge de manœuvre pour se débarrasser de l’ancienne.

      Ces avantages, pour ainsi dire, sont aussi ceux que peut procurer un revenu social de quarantaine, mais sans alimenter les illusions des idéologues du RBI selon lesquels nous serions déjà dans un nouveau régime social ou même dans une société post-capitaliste. Une pandémie mondiale n’est peut-être pas exactement l’environnement idéal pour une réflexion et une pratique collective et émancipatrice, mais c’est en tout cas où nous en sommes.

      En tout cas, contrairement aux propositions du RBI, qui font d’une exigence abstraite pour l’argent le fondement d’une société prétendument nouvelle, ce que le revenu social de quarantaine peut garantir, ce sont les conditions concrètes de survie dans le contexte de la pandémie de coronavirus, ce qui, dans la forme sociale capitaliste, ne peut être satisfait que d’une manière massive et avec la rapidité qu’exige la pandémie elle-même à travers la forme-argent. En ce sens, il me semble évident qu’un revenu social de la quarantaine est une mesure nécessaire et urgente, et je crois que cela doit être appliqué rapidement dans le monde entier, comme certains l’ont dit la semaine dernière, sous peine de sombrer dans les mois à venir dans une spirale de guerres civiles et d’économie de pillage simultanées aux quatre coins de la planète. Si, d’une part, il est évident que ces aides financières et toutes les autres sont censées provoquer une flambée inflationniste, il importe également de défendre les besoins sociaux et matériels de la manière la plus large possible, en tirant parti de l’immense capacité technique et scientifique qui existe aujourd’hui, contre toute préoccupation quant à l’insensée « viabilité financière ». De ce point de vue, et compte tenu de certaines des initiatives qui ont émergé ces dernières semaines un peu partout, une pandémie n’est pas non plus le pire scénario pour construire une base sociale plus large de soutien contre les formes capitalistes d’existence et de pensée.

      Mais ne nous faisons pas d’illusions : le discours politique aura tendance à accentuer le caractère humanitaire de la mesure, mais pour les États, la fonction principale d’un revenu social en quarantaine est de permettre un minimum absolu de reproduction sociale, d’assurer la légitimité déjà précaire de nombreux gouvernements et de prévenir une contestation sociale violente et généralisée. C’est pourquoi nous avons vu au cours de la semaine dernière, un nombre croissant de gouvernements de différents horizons discuter ou approuver des aides financières et des mesures similaires aux revenus sociaux de quarantaine. L’administration Trump parle d’émettre des chèques d’une valeur de 1000 dollars pour chaque citoyen américain, à envoyer dès la première quinzaine d’avril ; au Royaume-Uni, il semble déjà y avoir des pressions dans le même sens ; en Inde, il y a également des pressions pour étendre un soutien se rapprochant d’un revenu de base que l’État a introduit l’année dernière parmi la population paysanne ; au Brésil, le Sénat a approuvé aujourd’hui (31 mars) un revenu minimum de 600 reais pour les personnes à faibles revenus, et la mesure devrait bénéficier à environ 100 millions de personnes. Je soupçonne que des mesures similaires vont probablement commencer à apparaître partout afin d’apaiser les tensions sociales et le risque de pillage. Dans ce contexte, l’exigence pour un revenu social de quarantaine, surtout si elle se développe avec le temps ou prend la forme d’un RBI, doit nécessairement s’accompagner de formes d’organisation et d’entraide qui se dissocient à la fois des formes étatiques et nationales et des formes monétaires des rapports sociaux, en luttant résolument contre toutes les tendances nationalistes et économiques et tous les potentiels d’exclusion sociale. Cela sera d’autant plus nécessaire pour faire face à la crise mondiale de la période à venir, dont l’issue est encore ouverte.

      Intéressant !

  • L’anticapitalisme aujourd’hui, c’est quoi ? De l’anticapitalisme tronqué à une nouvelle critique sociale à gauche, par Clément Homs (Mas de Granier, 2019)
    http://www.palim-psao.fr/2020/01/l-anticapitalisme-aujourd-hui-c-est-quoi-de-l-anticapitalisme-tronque-a-u

    Comme l’a remarqué récemment Jérôme Baschet auquel je reprends ici ses mots, « on assiste, depuis la crise de 2008, à une sorte de banalisation de la dénonciation du "capitalisme déchaîné", et même de l’idée de post-capitalisme – une situation bien étonnante, si l’on se souvient que le mot paraissait, il y a quinze ans encore, une obscénité imprononçable » (entretien sur lundi.am, nov. 2019). Pourtant « capitalisme » ne doit pas être un mot-magique qui permettrait de croire que l’on a tout résolu une fois qu’on l’a prononcé. En réalité remarque encore J. Baschet, « le mot "capitalisme" ouvre plus de difficultés et de questions qu’il n’en résout : il est souvent utilisé sans qu’on sache très bien à quoi on se réfère exactement, d’autant que la façon de le comprendre », dans ses logiques fondamentales comme dans ses dynamiques les plus récentes, ne fait l’objet d’aucun consensus parmi les « anticapitalistes ». À creuser un peu, on découvre même assez rapidement derrière cet anticapitalisme une sorte d’« anticapitalisme tronqué » ou d’altercapitalisme qu’il faudrait qualifier d’utopique, dans le mauvais sens du terme.

    […]

    Ce qui est visé dans la critique ne sont pas, et loin de là, les catégories de l’économie politique analysées jadis par Marx – marchandise, travail, valeur, capital – et les catégories du ressort de l’État correspondantes – politique, démocratie, droit – mais de façon générale et quasiment unanime les « puissances de l’argent », perçues toujours comme extérieures à nous et à la forme de vie sociale dans laquelle nous existons concrètement. On associe encore le capitalisme au seul « néolibéralisme », c’est-à-dire le capitalisme dérégulé et ce que l’on qualifie de main mise par « la finance ». Bien souvent, la critique hégémonique à gauche, ne fait que dénoncer la phase néolibérale du capitalisme, au nom d’une nostalgie pour sa phase fordiste-keynésienne liée à l’État-Providence durant les « Trente Glorieuses ». On ne critique plus le capitalisme en tant que tel, comme une forme de vie sociale historiquement spécifique et quelles que soient ses phases et sa configuration historique, mais simplement une seule phase du capitalisme (le néolibéralisme), pour lui opposer positivement une autre phase plus régulée du capitalisme et pourquoi pas en France, le programme du Conseil National de la Résistance de 1944. Finalement l’antinéolibéralisme de la gauche pseudo-critique n’est qu’une forme d’altercapitalisme.

    […]

    Cette représentation « classiste » est discutable et détermine une vue erronée de l’émancipation :
    – Cette représentation « classiste » à gauche, rivée à une ontologisation de la valeur et du travail, de la marchandise et de l’argent, appelle donc à reconnaître la véritable source de la valeur dans le travail et à redistribuer cette valeur à ceux à qui elle revient réellement, au travers d’un mode de distribution direct médiatisé par l’Etat et sa planification.
    – Tout la critique de gauche, va ainsi se focaliser depuis le XIXe siècle sur une résolution tronquée de la « question sociale » en la ramenant à la question simplement redistributrice, c’est-à-dire à une simple « justice sociale » à l’intérieur de l’affirmation des formes de base capitalistes qui restent présupposées.

    […]

    Marx appelle toujours les capitalistes les « officiers » du capital et les décrit comme « personnification de catégories économiques » et « masques de caractère », ce qu’il ne fait pas dans sa période de jeunesse quand il a encore une vue inaboutie du capitalisme. Les classes profitantes (dites « dominantes ») ont effectivement une certaine marge de manœuvre et, par conséquent, une certaine responsabilité morale. Mais pour l’essentiel, ce ne sont pas elles qui ont créé ou qui gouvernent la logique de la valeur : elles doivent leur pouvoir à leur capacité d’en suivre la logique.

    […]

    L’idée est de dire qu’on ne peut réellement se heurter à ceux qui jouissent de cette logique de rapports sociaux (et surtout aux souffrance sociales de toutes sortes que nous vivons), qu’en s’en prenant à travers eux à ce qu’ils personnifient, comme à ce que nous personnifions dans la logique de la valorisation, qui n’est pas représentée que par les capitalistes : le travail, la valeur, l’argent, la marchandise, l’Etat, la dissociation sexuelle, etc. Le capitalisme n’est pas simplement identifiable à l’existence de « capitalistes » comme personnes physiques. Pour renverser la forme de vie présente, ce sont à l’ensemble des masques de caractères et enveloppes sociales (classes) que nous devons nous heurter, c’est-à-dire aux capitalistes comme à nous mêmes dans ce que nous sommes dans notre vie quotidienne comme autres masques de caractères de la logique de valorisation (nous sommes aussi le capitalisme, cette forme de vie n’est pas extérieure à nous, mais nous en profitons beaucoup moins que certains et nous en souffrons beaucoup plus que d’autres). L’abolition du capitalisme est l’abolition de l’ensemble des classes de fonction, des masques de caractères et des rôles sociaux fonctionnels, à la condition que celle-ci soit l’abolition réelle du rapport social que personnifient les classes, les masques de caractères, les rôles sociaux et de manière générale le sujet moderne. L’abolition du rapport social est ainsi tout autant l’abolition des capitalistes que l’abolition des travailleurs, et l’abolition plus générale et fondamentale du sujet moderne au double visage, celui de l’homo oeconomicus et de l’homo politicus.

    #Clément_Homs #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #anticapitalisme #altercapitalisme

  • « Une critique du capitalisme pour le XXIe siècle. Avec Marx, au-delà de Marx : le projet théorique d’Exit ! », par le groupe Exit ! (2004)
    http://www.palim-psao.fr/2018/07/une-critique-du-capitalisme-pour-le-xxie-siecle.avec-marx-au-dela-de-marx

    Introduction au groupe Exit ! dans le numéro 1 de leur revue en 2004.

    Le fait d’intégrer dans la réflexion cette dimension profonde de la modernité toute entière mène à comprendre les catégories de base du système moderne de la production marchande non plus comme des objets ontologiques positifs, à l’instar du marxisme traditionnel, mais à les critiquer radicalement comme des objets négatifs et historiques. Cela vaut d’abord pour les catégories économiques au sens strict, c’est à dire la rationalité économique (d’entreprise), le « travail abstrait » (Marx) et leurs formes apparentes : la valeur, la marchandise, l’argent et le marché. On ne peut penser la libération qu’au-delà de ces mêmes catégories : ni « dans », ni « avec » celles-ci. Le marxisme traditionnel entendait ne pas dépasser les catégories du système de la production marchande mais seulement les « politiser ». Mais la politique et ses formes d’existence institutionnelle : l’Etat, la démocratie et la nation, ne forment que l’autre pôle du système moderne des fétiches, pôle qui est constitué par la forme juridique des sujets bourgeois. Les catégories économiques et juridico-politiques sont les deux faces de la même médaille. Dans toutes les classes, le sujet moderne est un sujet schizoïde, divisé entre homo oeconomicus et homo politicus, en bourgeois et en citoyen. Depuis toujours, la gauche a voulu seulement dompter le bourgeois à l’aide du citoyen, diriger le marché à l’aide de l’Etat, réguler l’économie du « travail abstrait » à l’aide de la politique, mettre en formation les sujets de l’argent à l’aide de la Nation. Mais ce qu’il faut, c’est abolir les deux faces du fétichisme moderne à la fois, au lieu de toujours jouer l’une des faces contre l’autre.

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #Exit #Robert_Kurz #Roswitha_Scholz #capitalisme

  • Parution prochaine de Roswitha Scholz, Le Sexe du capitalisme. Masculinité et féminité comme piliers du patriarcat producteur de la marchandise
    http://www.palim-psao.fr/2019/10/parution-prochaine-de-roswitha-scholz-le-sexe-du-capitalisme.masculinite-

    Les essais rassemblés dans ce volume mènent une discussion critique de divers courants et auteures féministes – de Judith Butler, Nancy Fraser et Maria Mies à Silvia Federici – afin d’analyser l’essence de la modernité comme totalité sociale brisée, où les deux pôles de la « valeur » et de la « dissociation » reproduisent le rapport patriarcal du masculin et du féminin jusque dans la barbarisation postmoderne et l’effondrement du patriarcat producteur de marchandises. Ce dernier, déjà entamé, n’aura aucune portée émancipatrice.

    #livre #Roswitha_Scholz #critique_de_la_valeur #wertkritik #dissociation-valeur #féminisme #genre

  • Pour une critique radicale du travail. Emission-radio avec Alastair Hemmens sur Aligre-FM.
    http://www.palim-psao.fr/2019/09/pour-une-critique-radicale-du-travail.emission-radio-avec-alastair-hemmen

    Dans le cadre de l’émission Liberté sur paroles sur Aligre FM 93.1, la journaliste Eugénie Barbezat s’est entretenue avec Alastair Hemmens autour de son ouvrage Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord paru aux éditions Crise & Critique en juin dernier.

    https://soundcloud.com/liberte-sur-paroles/penser-un-monde-sans-travail

    #Alastair_Hemmens #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #interview #audio #radio #Aligre_FM

  • Parution de Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord, d’Alastair Hemmens ; préface d’Anselm Jappe (éditions Crise & Critique)
    http://www.palim-psao.fr/2019/05/parution-de-ne-travaillez-jamais.la-critique-du-travail-en-france-de-char

    Un vrai seen à part pour la parution de ce livre.

    Qu’est-ce que le travail ? Pourquoi travaillons-nous ? Depuis des temps immémoriaux, les réponses à ces questions, au sein de la gauche comme de la droite, ont été que le travail est à la fois une nécessité naturelle et, l’exploitation en moins, un bien social. On peut critiquer la manière dont il est géré, comment il est indemnisé et qui en profite le plus, mais jamais le travail lui-même, jamais le travail en tant que tel. Dans ce livre, Hemmens cherche à remettre en cause ces idées reçues. En s’appuyant sur le courant de la critique de la valeur issu de la théorie critique marxienne, l’auteur démontre que le capitalisme et sa crise finale ne peuvent être correctement compris que sous l’angle du caractère historiquement spécifique et socialement destructeur du travail. C’est dans ce contexte qu’il se livre à une analyse critique détaillée de la riche histoire des penseurs français qui, au cours des deux derniers siècles, ont contesté frontalement la forme travail : du socialiste utopique Charles Fourier (1772-1837), qui a appelé à l’abolition de la séparation entre le travail et le jeu, au gendre rétif de Marx, Paul Lafargue (1842-1911), qui a appelé au droit à la paresse (1880) ; du père du surréalisme, André Breton (1896-1966), qui réclame une « guerre contre le travail », à bien sûr, Guy Debord (1931-1994), auteur du fameux graffiti, « Ne travaillez jamais ». Ce livre sera un point de référence crucial pour les débats contemporains sur le travail et ses origines.

    #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #France #Alastair_Hemmens

    • Dire ainsi, que l’utilisation de l’Eusko permet une diminution de la spéculation n’est qu’hypocrisie. Si certes la monnaie ne permet pas une certaine financiarisation de l’économie locale directement, elle est totalement indexée aux processus d’accélération du poids de la valeur abstraite dans la totalité économique et politique du capital.

      […]

      Beaucoup tentent un « retour » à la valeur d’usage, face au manque de sens d’une économie qui s’émancipe des rapports humains. Seulement, c’est oublier que la valeur d’usage n’existe que parce qu’il y a une valeur d’échange, c’est à dire abstraite et mesurée par le temps de travail nécessaire à la production d’une marchandise. Valeur d’échange et d’usage sont les deux faces d’une même pièce. L’Eusko, en cherchant à revaloriser le local et l’agriculture paysanne, participe en réalité à invisibiliser la valeur abstraite pourtant toujours sous jacente. D’une manière encore plus désespérante, le capitalisme a besoin de ces initiatives, a priori porteuses de sens, pour pouvoir les ravaler dans le système de valorisation.

      #capitalisme #critique_de_la_valeur #wertkritik #Eusko

    • Grâce à elle, devraient pouvoir se réaliser la transition écologique, la sauvegarde de la langue basque, la protection de l’agriculture paysanne, la réduction de la spéculation financière, un soutien de l’économie local, le financement d’associations et enfin la protection du commerce de proximité… Rien que ça !

      Caricaturer l’objet de la critique pour mieux asseoir son propos de critique plus solidement critique que les critiques tronquées pas assez critiques. La flemme.

    • Pourtant il me semble que chacun des points a été utilisé à un moment, par ci, par là, sur tel ou tel support, pour mettre en avant l’eusko (qui sur la com officielle, qui sur Bizi, qui sur telle assoc ou tel groupe qui l’utilise, etc). Ce n’est pas la com officielle qui utilise tout ça d’un coup, mais moi je me rappelle avoir lu peu ou prou chacun de ces points au fil des années.

  • Préface à la nouvelle édition des Aventures de la marchandise d’Anselm Jappe (La Découverte, 2017)
    http://www.palim-psao.fr/2019/04/preface-a-la-nouvelle-edition-des-aventures-de-la-marchandise-d-anselm-ja

    Si l’aggravation de la crise du capitalisme a donné raison à la théorie radicale, elle n’a malheureusement pas augmenté dans la même mesure les chances d’une émancipation sociale. L’augmentation des populismes, aux traits souvent barbares, et surtout d’un « populisme transversal » réunissant des éléments de droite et de « gauche » et attribuant toutes les fautes du capitalisme aux « banquiers » et aux « spéculateurs », est jusqu’ici le résultat le plus visible du désespoir engendré par le déclin du capitalisme et la terre brûlée qu’il laisse derrière lui. L’« anticapitalisme » contemporain, même lorsqu’il est sincère, confond volontiers le capitalisme en tant que tel avec sa phase la plus récente : le néolibéralisme, qui règne depuis la fin des années 1970. Loin de reconnaître dans les convulsions actuelles la conséquence de l’épuisement de la valeur et de la marchandise, de l’argent et du travail, la grande majorité des courants de la gauche – y compris ceux qui se veulent « radicaux » – n’y voient que la nécessité de revenir à un capitalisme plus « équilibré », au keynésianisme, à un rôle fort de l’État et à un encadrement plus sévère des banques et de la finance. Les mouvements sociaux des dernières années n’ont fait généralement que formuler le souhait de restaurer une étape antérieure du développement capitaliste. Ils ont attribué explicitement ou implicitement le pouvoir actuel de la finance transnationale à une espèce de conspiration, au lieu de reconnaître dans le crédit et dans la création de sommes astronomiques de « capital fictif » une fuite en avant du système marchand, devenue inévitable après que les progrès de la technologie ont quasiment arrêté la production de survaleur.

    #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #travail #populisme_transversal #finance

    • @rastapopoulos

      Peut-être bien que j’ai pas bien tout compris à cette brillante théorie qui nous dit depuis plus de 20 ans que le capitalisme est en train de s’effondrer sous le poids de ses contradictions (#collapsologie ?).

      Mais ce que je vois autour de moi, avec mes propres yeux, c’est que le capitalisme se porte à merveille. Qu’il dégrade constamment les conditions de la vie, biologique et sociale, c’est ce qui lui ouvre de nouveaux marchés pour la production industrielle à haute valeur ajoutée. Confondre la crise « écologique et énergétique », comme le fait Jappe, avec une crise du capitalisme montre bien qu’il n’a pas compris grand’chose à la dynamique du capitalisme.

      On trouve la même confusion chez les collapsologues... La « valeur » n’est que le travestissement progressiste de la dépossession qu’engendre partout le monopole radical de la marchandise.

      Et aussi, quelle curiosité : le capitalisme est « en crise », « menace de s’effondrer », et il n’y a aucun mouvement social pour le pousser vers la tombe. C’est vraiment pas de chance !

      Est-ce que par hasard cela ne serait pas dû à la puissance du capitalisme sur nos vies, à notre dépendance quasi totale aux marchandises ?

  • « Le queer a fait son temps » (entretien avec Roswitha Scholz) - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/article-le-queer-a-fait-son-temps-entretien-avec-roswitha-scholz-11395434

    Bon yavait pas de seen dédié à cet interview, mais bon, ya pas grand chose, c’est une toute petite interview, donc ça ne dit rien vraiment du contenu (pour ça faut lire les textes).

    La théorie queer, et c’est finalement celle-ci qui s’est imposée, n’est pas pour moi une théorie féministe. Elle aboutit à ce que la question des sexes comme structure de base ne soit même plus thématisée. Le déconstructivisme cherche tout bonnement à faire échec à la désignation même de la catégorie sexuelle, dans la mesure où la théorie queer, en tant qu’elle dédramatise la problématique des sexes, va aussi à la rencontre des théories androcentriques. Tout est mélangé et, du coup, on ne va plus aller examiner de près la façon dont la catégorie du sexe structure la société.

    […]

    D’un autre côté, je n’ai pas non plus l’intention de me faire passer pour un Christ femelle qui dirait : je viens vous révéler la vérité. Il est clair qu’aujourd’hui, du côté de la gauche comme du féminisme, un point de vue prédomine complètement, qui consiste à découvrir des résistances partout, à faire passer, au fond, la moindre petite action pour de la résistance. Tout ça n’est qu’un tissu d’inepties. Il faut nier la situation dans sa totalité. C’est ce que je me permets de faire. Je n’hésite pas à proposer une critique radicale de la société et à formuler une théorie qui parte bien des principes fondamentaux.

    […]

    Au niveau de l’emploi, la chose est manifeste. Mais ce que j’ai remarqué ces derniers temps à gauche, c’est qu’il y a des congrès sur le thème « travail et crise » ou même cette fameuse « conférence sur l’idée du communisme »[5] avec Slavoj Žižek et Toni Negri, où on ne voit même plus une seule femme. Les situations problématiques que nous connaissons seraient désormais quelque chose d’objectif dont les hommes se devraient de discuter. Voilà vers quoi on se dirige. Et puis il y a aussi les congrès où de quelconques représentantes de la mouvance gender sont présentes et n’ouvrent pas la bouche. Au lieu de rester assises là à écouter ce qui se dit, cette totale déconstruction, on devrait – d’un point de vue purement pratique – faire un scandale. Il faut absolument qu’on reprenne l’habitude d’emporter des tomates avec nous.

    #Roswitha_Scholz #critique_de_la_valeur #wertkritik #dissociation-valeur #queer #genre