• Économie totalitaire et paranoïa de la terreur. La pulsion de mort de la raison capitaliste, par Robert Kurz
    http://www.palim-psao.fr/article-35974325.html

    En écho aux attentats à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015, nous reprenons ici un article de Robert Kurz (paru dans Avis au naufragés, 2005) évoquant déjà en 2001 face aux attentats aux Etats-Unis, la seule réaction émancipatrice possible face à un monde immonde qui ne peut qu’engendrer des actes immondes.

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    Des intellectuels occidentaux en émoi décrivent sans rougir le terrorisme comme l’expression d’une conscience « pré-moderne » qui aurait raté le coche des Lumières, ce qui l’obligerait à « diaboliser" en bloc et par des actes de haine aveugle cette merveilleuse liberté occidentale qui prône « l’auto-détermination de l’individu », le libre marché, l’ordre libéral, bref tous les bienfaits de la civilisation occidentale. Comme si l’on n’avait jamais réfléchi à la « dialectique de la raison » (2) et comme si, dans l’histoire catastrophique du XXe siècle, la notion libérale de progrès ne s’était pas couverte de honte depuis longtemps, nous assistons dans la confusion provoquée par cet acte de folie d’un nouveau type, au retour du fantôme aussi arrogant qu’ignorant de la philosophie de l’histoire bourgeoise des XVIIIe et XIXe siècles. Dans sa tentative désespérée d’attribuer la nouvelle dimension de la terreur à une entité étrangère, le raisonnement occidental démocratique tombe définitivement en dessous de tout niveau intellectuel.

    Mais le fait que tous les phénomènes de cette société mondialisée soient intimement liés ne se laisse pas balayer à coups de redéfinitions : en réalité, après cinq cents ans d’histoire coloniales et impérialiste sanglante, cent ans d’une désastreuse industrialisation bureaucratique et de modernisation de rattrapage (3), cinquante ans d’intégration destructrice dans le marché mondial et dix ans sous le règne absurde du nouveau capital financier transnational, il n’existe plus d’Orient exotique que l’on pourrait percevoir comme étrange et extérieur. Tout ce qui se passe aujourd’hui est un produit, soit direct soit indirect, du système mondial unifié par la force. Le One World du capital est le sein qui enfante la méga terreur.

    #wertkritik #capitalisme #géopolitique #Robert_Kurz

  • « We Gotta Get Out Of This Place (On doit se barrer d’ici !) », entretien d’Anselm Jappe avec Alastair Hemmens
    http://www.palim-psao.fr/2015/11/on-doit-se-barrer-d-ici-entretien-d-anselm-jappe-avec-alastair-hemmens.ht

    Excellent et lonnngue interview d’Anselm Jappe, de cet été.

    La gauche radicale n’a jamais condamné que l’oppression que l’appareil bureaucratique exerçait sur la collectivisation socialiste de la propriété, mais n’a pas condamné le rôle du travail lui-même, ni la façon dont il était organisé. Même les anarchistes ont eu tendance à prendre part au culte de l’ouvrier. Ce n’était que parmi les artistes, les poètes et les bohèmes – en particulier, les surréalistes – que vous pouviez trouver un refus du travail. Après 1968, le rejet du travail a commencé à émerger au sein de certains secteurs de la classe ouvrière, en particulier dans le nord de l’Italie, et chez de nombreux jeunes qui ne se sont plus identifiés à une vie passée à travailler. D’un côté, cela a constitué une sorte de laboratoire pour les formes nouvelles, plus « flexibles », postmodernes du travail qui prétendent dépasser la distinction même entre travail et loisir. D’un autre côté, dans les tendances « autonomes » et « post-ouvriéristes », on peut trouver un refus du travail hétéronome. Ce refus, cependant, est resté subjectif, sans une compréhension théorique de la double nature du travail, et a donc conduit à des résultats douteux : ou bien on fait l’éloge des machines qui sont censées travailler à notre place, ce qui entraîne une technophilie et l’acceptation d’un processus par lequel les êtres humains sont remplacés par de la technologie, ou bien on célèbre le « free-lance » , où les gens sont censés gérer leur propre travail et posséder eux-mêmes les moyens de production (dans le secteur de l’information et de la communication, par exemple), en oubliant que ces gens restent totalement dépendants des mécanismes de marché. Typiquement, les théoriciens post-ouvriéristes parlent de « l’auto-valorisation » comme d’un objectif positif, au lieu de s’interroger sur l’ensemble du processus par lequel l’utilité d’un produit est subordonnée à la « valeur » elle-même donnée par la quantité de travail mort que ce produit contient.

    #interview #critique_de_la_valeur #wertkritik #Anselm_Jappe #travail #capitalisme

  • Pour en finir avec l’économie. Décroissance et critique de la valeur, de Serge Latouche et Anselm Jappe
    http://www.palim-psao.fr/2015/09/parution-de-l-ouvrage-pour-en-finir-avec-l-economie-decroissance-et-criti

    Potentiellement intéressant dialogue entre ces deux contempteurs de l’économie.

    Cet ouvrage est le fruit d’échanges entre Serge Latouche et Anselm Jappe. Durant toute sa carrière universitaire, Serge Latouche a enseigné l’épistémologie des sciences économiques. En se penchant de manière critique sur ces fondements, il s’est rendu compte que l’ensemble des présupposés de l’économie était très mal assuré. Anselm Jappe, quant à lui, est arrivé à une conclusion très proche à travers une relecture des catégories de l’économie, telles que la marchandise, le travail, l’argent ou la valeur, qui sont en même temps des formes de vie sociale.

    La vie économique qui nous apparaît comme la base naturelle de toute vie humaine et le fondement de toute vie sociale existait-elle dans les sociétés précapitalistes ? L’objet même de la réflexion des économistes n’est-il pas plutôt une « trouvaille de l’esprit », une invention, un imaginaire qui a désormais colonisé notre esprit et nos vies ? Si l’économie est une création historique finalement assez récente, comment fonctionnaient les sociétés pré-économiques ? Comment s’est inventée, au fil du temps, cette économie dans la pratique comme dans la réflexion ?

    Réfléchir à un futur différent pour notre société implique de penser l’impensable, de réaliser l’improbable, pour enfin selon le mot de Serge Latouche « sortir de l’économie ». Un enjeu majeur pour notre avenir…

    Serge Latouche, professeur émérite à la faculté de droit, économie et gestion Jean-Monnet de l’université Paris-Sud est l’un des « contributeurs historiques » de la Revue du MAUSS. Il est directeur du Groupe de recherche en anthropologie, épistémologie de la pauvreté et un des fondateurs de la revue d’étude théorique et politique de la décroissance Entropia. II a développé une théorie critique envers l’orthodoxie économique et dénoncé l’économisme, l’utilitarisme dans les sciences sociales et la notion de développement. Il est un des penseurs les plus connus de la décroissance, thème de ses nombreux ouvrages.

    Anselm Jappe a fait ses études à Rome et à Paris où il obtient un doctorat de philosophie. Il enseigne l’esthétique à l’école d’art de Frosinone et de Tours. Ancien membre du groupe Krisis, il a publié de nombreux articles dans divers revues et journaux. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont un important essai sur Guy Debord. Il fait partie du courant de la « nouvelle critique de la valeur » fondant une critique contemporaine du capitalisme par une relecture de l’œuvre de Karl Marx.

    #livre #décroissance #critique_de_la_valeur #wertkritik #Serge_Latouche #Anselm_Jappe #économie #capitalisme #travail #Marx #sortir_de_l'économie

  • La Neue Marx-Lektüre : critique de l’économie et de la société
    http://revueperiode.net/la-neue-marx-lekture-critique-de-leconomie-et-de-la-societe

    À partir du milieu des années 1960, une nouvelle interprétation de la critique de l’économie politique marxienne a vu le jour en RFA sous le nom de Neue Marx-Lektüre (« nouvelle lecture de Marx »). À l’écart du marxisme traditionnel et influencée par #Adorno, une nouvelle génération de théoriciens, parmi lesquels Hans Georg #Backhaus, Helmut #Reichelt et Alfred Schmidt, ont entrepris de relire Le Capital et ses manuscrits préparatoires avec pour ambition d’en réactiver la dimension authentiquement critique. Dans cet article, Riccardo Bellofiore et Tommaso Redolfi Riva s’attachent à revenir sur le moment d’élaboration d’un tel paradigme et en exposent le motif central : celui de l’abstraction et de la #forme-valeur comme domination (...)

    #Uncategorized #critique_de_l'économie_politique #Neue_Marx_Lektüre #travail_abstrait #valeur

    • Dans Remarque sur les notions de « valeur » et de « dissociation-valeur » initialement paru en 2000, Roswitha Scholz revient de manière très synthétique sur la notion de « valeur », comprise comme l’expression d’un rapport social fétichiste qui conduit à chosifier des êtres humains gouvernés par leur production et à faire de l’argent la fin sociale générale. Elle note qu’un certain « marxisme du travail » s’est contenté d’exiger la justice redistributive sans remettre en cause le fétichisme de l’argent qui finit toujours par la contredire.

  • Retour historique sur la critique de la valeur au Brésil
    http://www.palim-psao.fr/2015/07/la-critique-de-la-valeur-au-bresil-entretien-avec-robson-de-oliveira.html

    Tu es toi-même originaire de Fortaleza, je crois, et tu y as côtoyé les activités du groupe Critica Radical qui se fonde depuis plusieurs années sur les analyses, notamment, de R. Kurz. Quelle est l’origine de ce groupe et au travers de quelles activités et luttes nos camarades brésiliens s’y organisent-ils ?

    R de O. : Le groupe Crítica Radical est né des mouvements sociaux issus de la lutte contre la dictature. Au départ, c’étaient des gens qui participaient à la lutte contre la dictature au sein des partis politiques. Je pense que le plus important, ici, c’est de raconter le début de la rupture avec le marxisme traditionnel. Le groupe a été toujours très actif dans les mouvements sociaux ouvriers – à un moment donné, le groupe détenait le contrôle sur des syndicats importants – mais aussi dans des mouvements de professeurs, de sans-abri et de gens affamés de province à cause de la sécheresse. Il ne faut pas oublier les actions au sein de l’Union des femmes – thème tabou au sein de la gauche de l’époque, pour laquelle il n’y avait pas de question féminine, mais seulement une question ouvrière. Le groupe a participé à quelques dizaines d’occupations de terrains en ville, ce qui enrageait les propriétaires qui attendaient la montée des prix. Dans ces occupations, le groupe essayait, en plus de chercher à organiser les gens pour la révolution, de créer des espaces propices à la discussion des formes d’auto-organisation et de solidarité, pour tenter de dépasser la stricte lutte pour un logement individuel. Mais ce n’était pas évident. Aussitôt les gens installés, les discussions perdaient de leur ardeur et la vie marchande l’emportait sur d’autres préoccupations. Mais la victoire venait de la lutte des gens en action, donc il fallait espérer. Une façon d’espérer était de se présenter aux élections. C’est comme ça que le groupe (qui participait aux partis, mais qui s’organisait aussi dans des partis clandestins) a obtenu des postes de députés, de conseillers municipaux, jusqu’à conquérir la mairie en 1985, dans une élection qui a rencontré une énorme participation populaire, et où la première femme de gauche était élue à la tête d’une mairie de capitale de province. À cette époque, le groupe était inscrit au Parti des Travailleurs tout en s’organisant autour d’un autre parti, mais clandestin.

    #Histoire #Brésil #critique_de_la_valeur #wertkritik #Marx #Robert_Kurz

    • À cette époque, la fin des années 80, l’industrie métallurgique dans notre ville a dû s’adapter aux standards de productivité mondiaux pour pouvoir exporter. La conséquence directe : le licenciement. Le débarquement de la technologie a chassé un nombre considérable d’ouvriers des entreprises. Ceux qui restaient devenaient plus réticents à faire grève. Tout ce contexte a finalement conduit à ébranler les certitudes du groupe. La voie choisie pour essayer de comprendre ce contexte historique de fin de la dictature à travers la conciliation, de désillusion face à la politique, de désillusion face au socialisme et de changements dans le procès de production qui économisaient du travail dans les secteurs où le groupe avait une implantation syndicale était celle de revenir aux textes de Marx.

      [...]

      Ce fut précisément le fragment sur les machines qui retint l’attention. L’idée d’une contradiction interne au capital, la compréhension du capital comme contradiction en procès permanent, l’idée donc d’une crise au sein de la forme de production de la richesse capitaliste, la valeur, au fur et à mesure que le travail mort se substitue au travail vivant, et la compréhension de ce remplacement comme le dernier acte de la société marchande a bouleversé les certitudes du groupe

      NB : pour éviter une mésinteprétation, je précise que, pour la critique de la valeur, travail mort ou travail vivant, c’est toujours du travail, et qu’en tant que catégorie spécifique du capitalisme (le travail producteur de marchandise), il doit être pareillement soumis à la critique quelle que soit sa forme passagère dans le cycle d’accumulation.
      La contradiction de ce procès réside dans le fait que l’accumulation de travail mort est une « pulsion » irrépressible du capital (augmentation permanente de la productivité) alors même qu’elle supprime à terme la possibilité d’accumuler le travail vivant qui est la seule source de la reproduction du capital et, par là, la forme de synthèse sociale qu’il représente.

  • Critique de la valeur et société globale. Entretien avec Anselm Jappe
    http://www.palim-psao.fr/2015/07/critique-de-la-valeur-et-societe-globale-entretien-avec-anselm-jappe.html

    Très bonne interview je trouve, pas très longue et pas très compliquée à lire.

    Il y a actuellement des auteurs qui prennent acte de cette nécessité de changer de civilisation ; mais souvent ils négligent la critique de l’économie politique et se perdent dans le moralisme ou la simple psychologie, et en conséquence ils se limitent à opposer la présente époque néo-libérale à des phases précédentes du capitalisme qu’ils croient être plus « saines ».

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #interview #Anselm_Jappe #économie #philosophie #capitalisme #travail #travail_abstrait #crise

    • Les exclus – qui finiront bientôt par être la très grande majorité de la population mondiale – n’ont pas seulement de grandes difficultés pour assurer leur survie matérielle. Ils souffrent aussi parce qu’ils n’ont pas de place dans le monde et qu’on les prie implicitement de quitter la scène, étant donné qu’on n’a pas besoin d’eux. Souvent on les traite en parasites ou en criminels, surtout quand ils sont obligés de changer de pays ou sont les descendants de gens qui y ont été obligés. Tout le monde sait confusément qu’il sera « superflu » à moyen terme, même ceux qui ont encore un travail. Cette menace permanente crée la sourde rage populiste qui actuellement se diffuse partout. « Être superflu » est presque toujours vécu comme une faute individuelle, comme un manque d’adaptation à une évolution donnée pour inévitable. Cela rend très difficile d’adopter des stratégies collectives et favorise plutôt la recherche de boucs émissaires. Mais la réponse ne pourra pas consister dans une « intégration » des exclus : le système capitaliste est en fort déclin et a épuisé ses possibilités d’intégration. De plus, il n’est en rien désirable d’y être intégré. Encore moins s’agit-il d’un problème d’ordre purement psychosocial ou symbolique qu’on pourrait résoudre en redécouvrant des « valeurs ». La question (qui reste ouverte) est plutôt de savoir si cette époque de convulsions débouchera sur une société profondément différente où le travail (le travail abstrait !) ne constituera pas le lien social et où une forme de concertation sociale moins fétichiste sera possible.

  • Morceaux choisis et commentés pour une introduction à la Wertkritik

    par Jef Goyhenexpe dans la revue Hau

    http://hau.eklablog.com/morceaux-choisis-et-commentes-pour-une-introduction-a-la-wertkritik-p9

    La rédaction de cet article est en partie le fait de rencontres mensuelles d’un petit groupe de personnes qui, depuis le 1er mai 2012, se propose de saisir, par la lecture et la discussion, les principaux apports de cette théorie. A défaut de construire la société idéale, il s’agit d’outiller conceptuellement un questionnement sur les conditions de possibilité d’une existence libérée des contraintes de la société marchande. Y sont convoqués les cadres théoriques fournis par la critique sociale, l’anthropologie et plus généralement l’ensemble des approches permettant de dénaturaliser l’évidence de nos perceptions du monde social.

  • Les vases vides font toujours beaucoup de bruit. A propos d’une certaine réception de la critique de la valeur en France (partie 1)
    http://www.palim-psao.fr/2015/03/les-vases-vides-font-toujours-beaucoup-de-bruit-a-propos-d-une-certaine-r

    Pas de précisions théoriques ou explicatives, mais des commentaires de Clément Homs sur comment la critique de la valeur est reçue en France pour l’instant.

    Pas encore fini de tout lire.

    Jean-Marie Vincent et André Gorz :

    Côté réception en France, ce sont au début des années 2000, deux auteurs - le philosophe marxiste Jean-Marie Vincent et André Gorz - qui ont marqué leur intérêt et se sont « rapprochés » de certaines thématiques propres à la Wertkritik.

    Autrement, c’est Vincent qui a incité André Gorz (lui aussi germanophone) à se procurer en Allemagne les ouvrages de Kurz, et tout un rapprochement avec la Wertkritik a été affirmé de manière plus positive. Durant les dernières années de sa vie Gorz alla jusqu’à se réclamer ouvertement de ce courant tout en entretenant une correspondance avec plusieurs auteurs autrichiens notamment avec le journaliste viennois Franz Schandl qui publie Streifzüge[5]. Son dernier ouvrage Ecologica (2008) est fortement marqué de cette empreinte, que l’on retrouve également dans la discussion qu’il a avec le livre de Jappe, Les Aventures de la marchandise.

    Guigou et Wajnsztejn :

    Il y avait bien eu autrement un petit ouvrage en 2004 de deux non-germanophones – L’évanescence de la valeur. Une présentation critique du groupe Krisis, J. Guigou et J. Wajnsztejn - qui avait suscité une certaine hilarité, mais son confusionnisme systématique, sa connaissance lacunaire des thèses de ce courant et ses nombreuses mésinterprétations qui enlevaient à l’ouvrage sa prétention à « présenter » quoi que ce soit du projet théorique de Krisis, n’appelaient aucune réponse – ce qu’ils prirent semble-t-il très mal. Je me rappelle encore Jean-Marie Brohm rappelant à ses étudiants de Montpellier où ce Guigou avait été professeur de sociologie, qu’on ne pouvait prendre connaissance d’un auteur au travers de la littérature de seconde ou de troisième main ou même à partir de traductions plus ou moins mal faites. Toujours préférer aller à l’original ! – conseil qui vaut aujourd’hui aussi bien pour Heidegger, Hegel, Marx, que Kurz ou Jappe.

    Jean-Pierre Garnier et le Monde Diplo :

    On s’en douterait, mais il ne fallait également pas chercher une réelle réception dans la gauche altercapitaliste du Monde Diplomatique et d’ATTAC, qui depuis longtemps aussi désemparée que désarmée face au capitalisme, ne pouvait que déblatérer contre-vérités et insignifiances à l’image – pour n’en citer qu’une - de la pathétique recension en-dessous de toute critique du recueil de Kurz, Vies et mort du capitalisme qu’allait publier coup sur coup dans la revue Divergence puis Le Monde Diplomatique, l’« universitaire libertaire » Jean-Pierre Garnier. Ces intellectuels ne nous aiment pas et c’est vraiment de bonne guerre. Tout le logiciel idéologique de cette gauche de stabilisation de la forme de vie capitaliste, ne peut nous faire part que de son propre effondrement théorique devant les circonstances historiques présentes.

    À propos de la communisation, de Bruno Astarian, de la post-ultra-gauche :

    Du côté de la communisation, quand vous prenez un post-ultra-gauche comme Nicolas Will (alias « Bruno Astarian »), qui vous explique encore que la valeur et le travail sont transhistoriques dès le début de son Essai sur la presse et le capital (UGE-10/18, 1976) comme trente ans plus tard dans Le travail et son dépassement (Senonevero, 2001)[7], et qui porte encore une vision totalement tronquée du fétichisme, c’est sans surprise qu’une « critique » même de Postone sous sa plume ne peut qu’enfiler tous les poncifs les plus éculés du marxisme traditionnel sur le terrain de la théorie du capital (lecture classiste consubstantielle au sociologisme marxiste, prolétariat comme sujet révolutionnaire, etc.). Dans un texte de commentaires à l’emporte-pièce, il n’y a vraiment que Bruno Astarian pour noter que la Wertkritik brillerait par « l’absence de problématique de la crise » - sic !- (ou encore que « sa limite fatale est d’oublier la crise »). Quand il ne confond pas le « programmatisme » avec le « marxisme traditionnel » qui est une catégorie bien plus englobante puisqu’elle elle touche aussi bien la vieille théorie du capital que celle de la révolution. C’est cette incapacité de certains « communisateurs » de voir que les limites du « programmatisme » sont déjà contenues dans le marxisme traditionnel quant à sa théorie du capital, qui les laisse à mi-chemin, à la fois un pied en dehors et un pied à l’intérieur du marxisme traditionnel. En-deçà même de Jacques Camatte en tout cas, qui au moins sur certains aspects limités avait rompu avec le marxisme traditionnel quant à la théorie même du capital. Le courant post-ultragauche qui a pris pour thème aujourd’hui la « communisation », n’a finalement toujours fait qu’opérer (à partir des années 60-70) une rupture dans la théorie de la révolution (ce qui est déjà pas mal) à l’intérieur même du cadre restait inchangé d’une théorie du capital pieds et poings liés dans le marxisme le plus traditionnel.

    Sur le fait de chercher les fausses pistes plutot que des solutions clé en main :

    Quand on arrête deux secondes d’interpréter systématiquement comme une simple « trahison » ou comme l’effet de circonstances historiques défavorables, les échecs de toutes les prises de pouvoir réformistes comme révolutionnaires de la gauche au XXe siècle, il y a pour autant à la « gauche de la gauche » des militants qui voient bien que tout le vieil anticapitalisme tronqué hérité du XIXe siècle n’a plus aucune prise sur le capitalisme de crise en ce début du XXIe siècle. La Wertkritik porte une contribution à l’édifice afin de déplacer franchement les lignes dans le milieu anticapitaliste révolutionnaire, pour ne pas seulement porter une rupture dans la théorie de la révolution mais avant tout pour opérer une rupture dans la théorie même du capital et ce sur la base de ce qu’en Allemagne plusieurs courants – depuis la Neue Marx Lektüre de Backhaus et Reichelt - appellent le « Marx ésotérique ». C’est à mon avis à la fois peu et beaucoup. N’en déplaise aux consommateurs de marchandises-théoriques qui reprocheront toujours l’absence de « solutions à micro-onder » sur le champ, c’est afin d’éviter de faire bouillir les marmites de l’histoire trop vite que la Wertkritik ne cherche en rien à se transformer en un guichet automatique pour solutions clés en main à refourguer avec leurs garanties décennales. La critique de la valeur depuis le début cherche déjà à indiquer avec certitude quelles sont les mauvaises pistes qui assurément ne nous amèneront pas à sortir du monde social du capital mais à nous y enfoncer plus encore.

    Sur le fait de chercher des méchants coupables plutôt que réfléchir aux causes systémiques (Lordon et Friot par exemple) :

    La désignation des coupables individuels (le contre-panthéon des Milton Friedman, Margareth Thatcher, Ronald Reagan, Mario Dragi, Jérôme Kerviel, …) ou collectifs (la classe politique corrompue, le Satan américain, l’Allemagne, le F.M.I., les paradis fiscaux, Goldman Sachs, l’Union Européenne, la Troïka, la main d’œuvre étrangère, les Juifs, etc.) à mettre au pilori, constitue une conception anticapitaliste fétichisée qui reste pieds et poings liés dans la « cage d’acier » des formes sociales capitalistes dans lesquelles nous sommes piégés (la classe prolétaire comme la classe bourgeoise, notera Marx). Sans parler des thèses conspirationnistes qui pullulent désormais jusque dans la frange radical-chic de la gauche agambenienne, foucaldienne et deleuzienne, de type Comité invisible (mais pas seulement) et sur lesquelles nous reviendrons peut-être par la suite. En ce qui concerne toute la pathétique kermesse des économistes chagrinés, des marxistes, des régulationnistes, des « friotistes », des « pikettistes » et des keynésiens, ils ne savent que trop vouer aux gémonies le méchant « capital financier » conçu comme un simple « parasite » (les banques, la finance et les paradis fiscaux) au nom de la défense du « bon capital » productif de l’économie soit disant réelle, pourvoyeuse d’emplois et de salaires pour les « honnêtes travailleurs ». Depuis les années 80, avec l’anti-néolibéralisme s’est substituée à la possibilité d’une pensée marxienne cohérente qui vise la totalité dialectique capitaliste, une critique petite-bourgeoise du néolibéralisme économique qui n’est que le sac à mouchoirs d’une immense nostalgie pleurnicharde qui ne cherche plus qu’à revenir à la vielle configuration du « bon capitalisme » des Trente Glorieuses pour échapper au mauvais « capitalisme de casino ». Frédéric Lordon ou Bernard Friot sont pour beaucoup les économistes en chef de cette sous-critique. Critique qui n’a toujours su que dénoncer la financiarisation et le marché (Hitler parlait déjà de « capital rapace » à ce propos) pour mieux naturaliser le capitalisme à papa des travailleurs aux mains calleuses qui produisent des « richesses » et notamment la richesse abstraite capitaliste (la valeur) qui continue à être leur présupposé (sous le contenu de cette hilarante « convention de valeur » ou sous celui du travail abstrait). Confortablement installée dans le système fétichiste basé sur la machine du travail abstrait qui est à elle-même sa propre fin, cette gauche altercapitaliste qui fétichise la « défense des services publics », revient toujours à la niche d’une position altercapitaliste traditionnelle : conquérir le pouvoir pour opérer « une redéfinition globale du marché en direction de l’Etat social » comme l’écrit encore récemment ce prurit de la pensée bourgeoise qu’a toujours été Axel Honneth. Une pseudo-critique qui tricote et bavarde depuis la fin du XIXe siècle autour de la justice économique, sociale et maintenant écologique (!), sans jamais remettre en cause, en tant que telles, les formes sociales intrinsèquement capitalistes que sont le travail, la valeur, l’argent, la marchandise, la forme juridique du droit, la démocratie, la politique et l’Etat, qui n’ont qu’un demi-millénaire d’existence.

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #économie #philosophie #capitalisme #crise

  • La valeur de l’existence paysanne. Nayā Ambhora, un village de déplacés en #Inde centrale | sjjs.org
    http://www.jssj.org/article/la-valeur-de-lexistence-paysanne-naya-ambhora-un-village-de-deplaces-en-inde-c
    via @cdb_77

    En tant que processus historique et social qui marque tout développement économique, la dépaysannisation renvoie au problème de la crise de la reproduction de la #paysannerie et à l’évolution des identités sociales des « héritiers » (Champagne 2002, Bourdieu 2002). Le déplacement forcé précipite quant à lui un processus de décapitalisation des paysans. Mais plus encore, il est une cause de rupture totale de la vie villageoise et de son organisation en ce qu’elle implique des socialisations et des solidarités « traditionnelles ». En effet, l’#agriculture de cette région (essentiellement rizicole et céréalière tout en étant diversifiée : légumineuses, arachides, cultures de jardin et orangeraies), faute d’être suffisamment rémunératrice pour la plupart des paysans, conservait de nombreux avantages. La sécurité alimentaire était de rigueur grâce à une forte économie de redistribution symbolique d’échange de grains ou de divers services en des réseaux de parentèle. Avec les restes des formes traditionnelles de l’économie morale paysanne s’organisaient encore d’importants dons et contre-dons. Les grains (ou les piments) permettaient en outre de s’acquitter d’un important volume d’échanges non monétaires pour le versement des salaires des ouvriers agricoles. Il convient alors de mesurer l’ampleur du double phénomène que représente l’anéantissement d’un village ennoyé avec ses terres. Dans les villages de l’enquête, alors qu’il y avait auparavant 31% de sans-terres, 72% de la population est à présent « dépaysanné » (41% représentant de nouveaux sans-terres). Cette #prolétarisation de la structure foncière ne pose pas uniquement la question de l’emploi et du mode de vie paysan, mais entraîne plus globalement une désarticulation d’un système de logiques pratiques. S’il reste quelques terres agricoles disponibles dans la région, elles sont en général bien trop chères pour les paysans déplacés. Le gouvernement du Maharashtra est pourtant officiellement dans l’obligation d’en trouver, mais ceci est une gageure en Inde aujourd’hui pour n’importe quel soi-disant projet de « développement ».

    #terres #déplacements_forcés #barrage #développement #agro-industrie

  • 1h30 de critique de la valeur en vidéo et en français, par Clément Homs et Paul Braun, autour du livre « La grande dévalorisation », dont le dernier est un des traducteurs.

    ▶ Conférence des AMD 34 sur la crise de 2008 - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=ly6Miih-eeE&feature=youtu.be

    via Palim Psao ici
    http://www.palim-psao.fr/article-penser-la-crise-du-capitalisme-autour-de-la-grande-devalorisation

    Les conférences des Amis du Monde diplomatique 34 : Présentation de « La Grande Dévaluation », ouvrage de E. Lohoff et V. Trenkle (ed. Post-éditions) par Clément Homs et Paul Braun (un des 3 traducteurs) à Montpellier le 25 novembre 2014. La dernière crise s’explique par l’explosion de la financiarisation du capital fictif. La robotisation et l’informatisation (bientôt intelligentes) rendent superflus les travailleurs pourtant les seuls créateurs de la valeur capitaliste des marchandises. Cette analyse marxienne de la crise de la valeur, qui relativise la lutte des classes, ne propose pas encore une forme différente de vie sociale. Film réalisé par Serge Tostain des AMD. Décembre 2014

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #économie #valeur #marchandise #travail #argent #finance
    aussi #surnuméraires pour @monolecte et d’autres

  • « La tyrannie de la valeur » (entretien avec Eric Martin et Maxime Ouellet - 1ère partie )
    http://www.palim-psao.fr/article-la-tyrannie-de-la-valeur-1ere-partie-entretien-avec-eric-martin-e

    Notre livre vise d’abord à mieux faire connaître les théories qui, dans le sillage de Debord, du groupe Krisis, etc., comme vous le dites, tentent de relire Marx dans une perspective que je qualifierais de moins subjectiviste et de plus sociologique. Je veux dire qu’au lieu de se limiter à voir le capitalisme comme l’affrontement de deux groupes sociaux (dominants VS dominés) cherchant à s’approprier la « richesse » dès lors mal « distribuée » ou « accaparée » par les vilains du scénario, ces théories renouent avec l’analyse plus holiste de Marx qui comprend le capitalisme comme « fait social total », c’est-à-dire qu’il comprend le capitalisme comme une totalité, un Tout, et une forme sociale-historique qui fonctionne avec son idéologie, ses médiations et ses institutions propres. L’une de ces médiations est le « travail aliéné », c’est-à-dire le travail dont le but, la finalité, ne peut pas être déterminée par un individu membre d’une communauté sociale et politique qui pourrait exercer son autonomie tout en prenant en compte des exigences communautaires ; au contraire, le travail aliéné se trouve organisé « par en haut », par l’automouvement du Sujet automate qu’est la valeur abstraite. Ceci veut dire que mon travail ne sert pas à servir des besoins individuels et collectifs déterminés de manière réfléchie, mais uniquement à nourrir l’accumulation infinie de l’argent, qui est devenue le seul but tautologique de notre existence qui nourrit ce cadavre : nous sommes tous des Sisyphes, en quelque sorte.

    #valeur #critique_de_la_valeur #wertkritik #économie #capitalisme #travail

  • « Peut-on s’émanciper du fétichisme ? », par Anselm Jappe - Critique radicale de la valeur
    http://www.palim-psao.fr/article-peut-on-s-emanciper-du-fetichisme-par-anselm-jappe-112444284.html

    Dans les années 1960 et 1970, les mouvements de protestation étaient souvent dirigés contre la réussite du capitalisme, contre l’ « abondance marchande », et s’exprimaient au nom d’une autre conception de la vie. Les luttes sociales et économiques d’aujourd’hui se caractérisent, au contraire, souvent par le désir que le capitalisme respecte au moins ses propres promesses. Plutôt que d’un anti-capitalisme, il s’agit alors d’un alter-capitalisme. On comprend ainsi les limites des discours sur la « démocratie directe » et l’ « autogestion » ouvrière (ou autre). La démocratie n’est pas du tout incompatible avec le capitalisme.

  • Krisis, « Manifeste contre le travail » (en intégralité sous forme de brochure imprimable) - Critique radicale de la valeur
    http://www.palim-psao.fr/article-groupe-krisis-manifeste-contre-le-travail-en-integralite-sous-for

    Quatrième de couverture :

    Il y a cent cinquante ans, Marx affirmait la nécessaire sortie du capitalisme par le moyen de la lutte des classes. Cent vingt ans plus tard, l’Internationale situationniste, emmenée par Guy Debord et Raoul Vaneigem, élargissait la définition du prolétariat et mettait en cause la société du travail et de la consommation. Le Manifeste contre le travail reprend la critique là où les situationnistes l’avaient arrêtée. Dans une société obsédée par la « valeur travail » et l’effroi que suscite sa possible disparition, ce petit livre-manifeste reprend le combat contre la transformation de l’homme en « ressource humaine ». Il rappelle qu’une émancipation digne de ce nom ne peut faire l’économie d’une critique radicale de l’idéologie du travail. Autrement dit, il ne s’agit pas de libérer le travail, mais de se libérer du travail.

    #Wertkritik

  • Parution de Roswitha Scholz, « Simone de Beauvoir aujourd’hui. Quelques annotations critiques à propos d’une auteure classique du féminisme » (Le Bord de l’eau, 2014)
    http://www.palim-psao.fr/article-parution-d-un-ouvrage-de-roswitha-scholz-simone-de-beauvoir-aujou

    À cet égard, Roswitha Scholz occupe une place singulière dans le paysage féministe puisqu’elle rejette tour à tour les postures du féminisme différentialiste incarnées notamment par Luce Irigaray, du féminisme matérialiste de Christine Delphy et encore des gender ou queer studies incarnées par Judith Butler. Roswitha Scholz réussit, au sein de ce court essai, le tour de force de passer en revue ces diverses postures à travers une critique exigeante des positions classiques de Simone de Beauvoir. L’auteur explore ainsi les arguments existentialistes du Deuxième sexe de Simone De Beauvoir pour les confronter au cadre contemporain de la socialisation capitaliste.

    #féminisme #Roswitha_Scholz #Simone_de_Beauvoir #critique_de_la_valeur #wertkritik #Exit #capitalisme #marchandise

    • Avec le bitcoin, nous sommes en fin de compte en présence d’une fausse monnaie qui ne se donne même pas la peine de paraître « vraie ». Si elle peut malgré tout avoir du succès au point d’être aujourd’hui convertible sans problème en dollars ou en euros, cela indique bien que les billets émis par les banques centrales ne valent guère mieux. En fait les monnaies électroniques ne font que pousser à son comble une évolution s’étalant sur plusieurs décennies. Depuis qu’en 1972 on a laissé choir le système de Bretton Woods et avec lui la couverture-or du dollar, même l’argent des banques centrales a de moins en moins à voir avec une richesse réelle. Ces trente dernières années, les actifs financiers dans le monde ont notamment été multipliés par vingt, sans que cet argent soit le moins du monde couvert par des valeurs réelles correspondantes. Il s’agit là d’une conséquence du gigantesque programme de relance (financé par le crédit et rendu possible par la dérégulation néolibérale des marchés financiers) grâce auquel on maintient en fonctionnement l’économie réelle depuis presque quarante ans – un programme bien dans l’esprit de Keynes, à ceci près que des bâilleurs de fonds privés ont pris la place des gouvernements et que l’on est à mille lieues d’une reprise auto-entretenue.

  • La grande dévalorisation
    http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=2353

    Entretien avec Paul Braun, un des traducteurs du livre de Ernst Lohoff, Norbert Trenkle, La grande dévalorisation, qui vient de paraître aux éditions post éditions. Pourquoi la spéculation et la dette de l’État ne sont pas les causes de la crise ? Qui porte la responsabilité de la crise financière et économique qui maintient le monde entier en haleine depuis 2008 ? Sont-ce les « banquiers cupides » ou les « États accro à l’endettement » ? D’après Ernst Lohoff et Norbert Trenkle, théoriciens allemands du groupe « Krisis », aucune de ces réponses n’est satisfaisante. Durée : 1h. Source : Radio Zinzine

  • Des notes de lecture-résumés très lisibles du complexe livre Temps, Travail, et Domination sociale de Moishe Postone.

    Une critique du marxisme traditionnel : notes de lecture sur TTDS de Moishe Postone (chapitre 1)
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-une-critique-du-marxisme-traditionnel-notes-de-lecture-

    Le marxisme traditionnel place au cœur de sa critique le capitalisme qui devient incompatible avec le mode de production industriel obéissant à un développement technique, et donc à ses lois physiques, et la valeur dans cette perspective (dans son double caractère de valeur d’usage et de valeur d’échange) apparait comme une simple catégorie du marché.

    Pourtant, Marx, dans ses œuvres de maturité, analyse l’échange, non pas au niveau du marché, mais au niveau de la production, « échange de travail vivant contre du travail objectivé ». La valeur est donc comprise d’abord comme une catégorie de la production. C’est un point très important. Conséquence immédiate : il n’y a pas de contradiction (et c’est pourtant la contradiction qui est considérée comme fondamentale par le marxisme traditionnel !) entre le développement des forces productives et les rapports de production ; ils sont totalement liés l’un à l’autre.

    Mais il y a plus important : « la condition implicite du mode de production est et demeure (c’est Postone qui souligne) la masse de temps de travail employé, le quantum de travail employé comme facteur décisif de la production de la richesse ». Là, il ne faut pas faire la confusion entre valeur et richesse matérielle, car avec la grande industrie, la création de richesse matérielle dépend moins du temps de travail employé que du niveau général de la science et du progrès de la technologie. Bien plus, il y a opposition entre valeur et richesse matérielle car la valeur est de moins en moins adéquate comme mesure de la richesse matérielle. Il y a donc un écart entre la réalité de la production et le potentiel, potentiel qui fonde pour Postone une nouvelle forme de production.

    Les conséquences sont importantes : pour le dépassement du capitalisme, il ne suffit pas de s’en tenir à l’expropriation de la propriété privée et à une réappropriation en l’état du surplus, simplement mieux redistribué, d’une manière plus juste ou plus efficace, comme le revendique le marxisme traditionnel (la gauche n’a toujours eu qu’à la bouche la justice économique et sociale à l’intérieur même des formes de base du capitalisme) ; se réapproprier le travail immédiat, cela va beaucoup loin : cela veut dire changer surtout le travail concret.

    Moins rédigées, plus des vraies « notes », celles de Clément Homs pour la suite du livre :

    Les présupposés du marxisme traditionnel : notes de lecture sur TTDS de Moishe Postone (chapitre 2)
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-les-presupposes-du-marxisme-traditionnel-notes-de-lectu

    http://sd-1.archive-host.com/membres/up/4519779941507678/Chapitre_2_de_la_1ere_partie_TTDS_Postone.pdf

    #Moishe-Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #économie #Marx #capitalisme #travail #marchandise #marxisme

  • Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail
    http://collectif-feignasse.over-blog.com/2014/06/quelques-bonnes-raisons-pour-se-liberer-du-travail.ht

    Le monde capitaliste a changé la donne : dès la fin du Moyen Âge en certains endroits, et surtout lors du véritable essor de la société capitaliste, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le travail est devenu le véritable but de la société, et non un moyen. À l’échelle de l’histoire mondiale, c’est un changement des plus importants : la société capitaliste est l’unique société dans l’histoire humaine pour laquelle la seule activité productive, ou ce qu’on peut appeler travail, n’est plus seulement un moyen pour atteindre un but, mais devient un but auto-référentiel. Source : Collectif feignasse

  • Parution de l’ouvrage « Après l’économie de marché : une controverse entre Bernard Friot et Anselm Jappe » [Atelier de création libertaire] - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-parution-de-l-ouvrage-apres-l-economie-de-marche-une-co

    Parution en livre (6 €) d’un débat oral de 2013 entre Friot et Jappe.

    Débat que j’avais noté ici et que l’on peut toujours écouter :
    http://seenthis.net/messages/197692

    #Bernard-Friot #Anselm-Jappe #économie #crise #capitalisme #marchandise #travail #wertkritik #critique_de_la_valeur #livre

  • Une introduction au dernier livre de Krisis évoqué ici http://seenthis.net/messages/253453.

    « Sur l’immense décharge du capital fictif. Les limites de l’ajournement de la crise par le capital financier et le délire des programmes d’austérité », par Ernst Lohoff et Norbert Trenkle - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-sur-l-immense-decharge-du-capital-fictif-par-ernst-loho

    Ce n’est pas parce que les manifestations de crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui prennent leurs origines dans la sphère financière que c’est là qu’il faut chercher les causes fondamentales et structurelles de ces crises. La confusion entre déclencheur et cause ne date pas d’aujourd’hui. En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées. Un certain Karl Marx se moquait à l’époque : « Si au bout d’une certaine période de commerce la spéculation apparaît comme annonciatrice d’un effondrement, il ne faudrait pas oublier que cette spéculation est née auparavant dans cette même période de commerce et qu’elle représente donc un résultat, une apparence et non pas une cause ou une essence. Les représentants de l’économie politique qui tentent d’expliquer les soubresauts de l’industrie et du commerce en les attribuant à la spéculation ressemblent à l’école défunte des philosophes de la nature qui considéraient la fièvre comme la cause fondamentale de toutes les maladies » (En allemand : Marx Engels Werke, tome 12, page 336).

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #crise #finance #Krisis #travail #valeur #marchandise #Marx

  • « La Grande dévalorisation » de Ernst Lohoff et Norbert Trenkle [Souscription et table des matières] - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-la-grande-devalorisation-de-ernst-lohoff-et-norbert-tre

    Il est possible de pré-commander le livre pour 19 euros avant le 20 mai grâce à la souscription suivante :
    http://sd-1.archive-host.com/membres/up/4519779941507678/La_Grande_devalorisation_SOUSCRIPTION.pdf

    Après la crise de 2008, l’effondrement catastrophique du système capitaliste mondial n’a pu être empêché que par une intervention massive des États et des banques centrales, comme jamais l’histoire n’en avait connue. Si l’on doit à présent subir les conséquences de cette crise, sous la forme de l’endettement public et des « politiques d’austérité » imposées à la société, ce n’est pas parce que nous aurions vécu « au-dessus de nos moyens » et qu’il conviendrait de se « serrer la ceinture ». Bien au contraire, affirment Lohoff et Trenkle, la société vit largement au-dessous des possibilités créées par les nouveaux potentiels de productivité. La société, telle est la thèse conclusive du livre, est désormais trop riche pour le capitalisme. L’analyse originale de la crise développée ici se fonde sur une lecture de la théorie marxienne qui s’oppose en de nombreux points au marxisme traditionnel et à l’actuelle « renaissance de Marx ». Il en résulte une analyse de la crise qui s’oppose à tout ce qui s’échange actuellement sur le marché des idées.

    Ernst Lohoff et Norbert Trenkle sont membres du comité éditorial de la revue allemande KRISIS qui élabore depuis la fin des années 1980, une théorie critique radicalisée du capitalisme habituellement qualifiée de « critique de la valeur » (Wertkritik). Ils ont été avec Robert Kurz, les co-auteurs en 1999 du « Manifeste contre le travail » (paru en France en 2002).

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #crise #finance #Krisis #travail #valeur #marchandise #Marx

  • « Anti-système ? En finir avec la fausse critique du capitalisme » : 5ème causerie critique de la valeur à Lille [jeudi 3 avril 2014]
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-anti-systeme-en-finir-avec-la-fausse-critique-du-capita

    Un débat à #Lille pour contrer ceux qui critiquent le capitalisme sans critiquer les fondements de ce type d’économie-société.

    Alors, l’explication la plus expéditive, mais qui est aussi la plus répandue, en attribue toute la responsabilité à l’« avidité » d’une poignée de spéculateurs qui auraient joué avec l’argent de tous comme s’ils étaient au casino. Mais ramener les arcanes de l’économie capitaliste, lorsque celle-ci marche mal, aux agissements d’une conspiration de méchants a une longue tradition dangereuse. Ce serait la pire des issues possibles de désigner une nouvelle fois des boucs émissaires, la « haute finance juive » ou autre, à la vindicte du « peuple honnête » des travailleurs et des épargnants.

    #débat #2014-04 #2014-04-03 #capitalisme #économie #travail #argent #marchandise #anti-système #critique_de_la_valeur #wertkritik

  • Enregistrement complet du débat entre Anselm Jappe (wertkritik) et Cédric Durand (économiste atterré) : l’Euro, l’Europe, le capitalisme pendant presque 2h !

    http://www.grand-angle-libertaire.net/wp-content/uploads/2013/12/sons-rencontre-Jappe-Durand.mp3

    Comme disent les organisateurs :
    http://www.grand-angle-libertaire.net/rencontre-grand-angle-cedric-durand-anselm-jappe

    Le débat a fait venir près de soixante personnes. Les présentations des auteurs étaient de grande qualité et l’échange contradictoire qui a suivi a porté sur des éléments d’analyse aussi essentiels qu’ignorés la plupart du temps par les commentateurs les plus autorisés. Ce genre de confrontation est rarissime.

    Via #Palim-Psao :
    De quoi l’Euro et l’Europe sont-ils le nom ? Débat entre Anselm Jappe et Cédric Durand sur l’Europe [Enregistrement]
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-de-quoi-l-europe-est-elle-le-nom-enregistrement-du-deba

    Le débat, la polémique, la disputatio

    L’historien britannique Edward P. Thompson confessait en 1973 que « ce n’est que que dans une attitude d’opposition que je suis capable d’organiser mes pensées » (in « Poverty of Theory and Other Essays », Merlin Press, 1978, p. 116). C’est ce précepte que suivra à la lettre Anselm Jappe dans sa réaction à l’exposé très « gauche du capital » de Cédric Durand, auteur dernièrement de « En finir avec l’Europe » (La fabrique, 2013), ouvrage qui a le mérite de condenser le bric-à-brac des interprétations de la « gauche de la gauche » néokeynésienne au sujet de la crise de ces dernières décennies. L’anticapitalisme tronqué de Durand ne pouvant proposer autre chose qu’un « écosocialisme » qui aura (sans rire) pour « finalité la production et la préservation de la valeur d’usage et non l’accumulation illimitée de valeurs d’échange » (in Revue Contretemps).

    On retrouvera ci-dessous l’enregistrement des exposés des intervenants puis le débat qui ouvre sur une confrontation sur les questions fondamentales de la nature de l’Union européenne, du capitalisme et de la crise . Crise du libéralisme comme le pense la gauche altercapitaliste, ou crise interne du capitalisme (quel que soit sa configuration historique) comme le pense la wertkritik ? Un débat forcément riche et houleux !

    #débat #Anselm-Jappe #Cédric-Durand #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #Europe #Euro #libéralisme #travail #valeur #gauche

  • Marie, étends ton manteau. Production et reproduction à l’heure du capitalisme en crise
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-marie-etends-to-manteau-production-et-reproduction-a-l-

    Ces derniers temps, lorsque, sans gros effort théorique préalable, il s’agit une fois de plus d’aller tout droit à la question de ce qu’il faudrait « faire concrètement » face à la crise, on réunit pêle-mêle : des critiques queer devenant soudain « économiques », un concept de « biens communs » soi-disant nouveau, une idéologie de l’open source s’appuyant sur l’exemple du développement des logiciels dits « libres », et, en règle générale, une improbable « économie solidaire ». Le mot d’ordre censé ouvrir la voie à un changement radical de nos conditions redevient « small is beautiful ». Ce qu’il reste du postmodernisme dans ce « retour de l’économique », c’est un trait tiré sur la totalité négative. La « société » est out, la « communauté » dans toutes ses variantes est in. Les analyses qui naguère critiquaient une idéologie alternative-communautaire bornée passent à la trappe. Par cet oubli volontaire et ce refoulement, on s’offre en quelque sorte une seconde naïveté.

    #critique_de_la_valeur