• La construction des prix à la SNCF, une socio-histoire de la tarification. De la #péréquation au yield management (1938-2012)

      Cet article analyse les conditions de production et de légitimation des systèmes de prix des billets de train en France, depuis la création de la SNCF en 1938. Initialement fondé sur le principe d’un tarif kilométrique uniforme, le système historique de péréquation est lentement abandonné au cours des décennies d’après-guerre, au profit d’une tarification indexée sur les coûts marginaux. Au tournant des années 1980-1990, ce paradigme est lui-même remplacé par un dispositif de tarification en temps réel – le yield management – visant à capter le maximum du surplus des consommateurs. Les transformations des modèles tarifaires à la SNCF, qui s’accompagnent d’une redéfinition de la notion éminemment polymorphe de service public ferroviaire, résultent du travail de quelques acteurs de premier plan. Ces « faiseurs de prix », qui mobilisent les instruments de la discipline économique et usent de leur capacité d’influence, agissent dans des contextes (politiques, sociaux, techniques et concurrentiels) particuliers, qui rendent possibles, nécessaires et légitimes les innovations qu’ils proposent.

      https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2014-1-page-5.htm

      #Jean_Finez

    • Noël : est-ce vraiment moins cher de réserver son train SNCF 3 mois à l’avance ?

      C’est un fait : les tarifs des trajets en train pour la période de Noël ont explosé entre octobre et fin décembre 2023. Nous avons suivi, semaine après semaine, leur évolution. Voici les résultats, parfois surprenants, de notre enquête.

      « Plus on réserve un train à l’avance, plus les prix sont bas. » La phrase de la SNCF semble logique. Mais est-elle vérifiée ? À l’approche des fêtes de Noël, nous avons décidé de nous lancer dans une petite enquête. Numerama a relevé les tarifs d’une vingtaine de trajets en train à travers la France, sur les douze dernières semaines, pour en mesurer l’évolution.

      Nous avions une question principale : est-ce vrai qu’il vaut mieux réserver son billet de train trois mois à l’avance, pour le payer moins cher ? Suivie d’une autre : comment les tarifs évoluent-ils à travers le temps, et à quel rythme les trains deviennent-ils complets ?

      Nous avons choisi arbitrairement dix allers-retours à travers la France. La date est toujours la même, pour simuler un voyage pour les fêtes de fin d’année : un aller le 22 décembre, un retour le 27 décembre. Nous avons choisi un train par jour et suivi l’évolution du tarif des billets chaque semaine, à compter du mercredi 4 octobre, soit la date de l’ouverture des ventes (qui avaient d’ailleurs mis en panne SNCF Connect).
      Prendre ses billets tôt pour Noël permet d’éviter le pire

      Après douze semaines de relevés et une agrégation des données, le premier constat est clair : les tarifs ont énormément augmenté sur cette période. Il est évident que, même s’il y a des exceptions, il reste très intéressant de prendre son billet le plus tôt possible. C’est d’ailleurs ce que la SNCF nous a confirmé, par mail : « Plus on réserve à l’avance, plus les prix sont bas. Le mieux est donc de réserver dès l’ouverture des ventes, ou alors dans les semaines qui suivent. »

      Sur ce graphique, nous avons matérialisé la hausse de tous les trajets confondus. À part une ou deux exceptions (en TER), tous les billets ont augmenté, parfois beaucoup. Certains trajets se sont retrouvés complets très vite — nous les avons matérialisés avec un petit rond barré sur le graphique ci-dessous.

      Les prix peuvent parfois varier du simple au double. Le trajet Nantes-Bordeaux, par exemple, est passé de 58 euros à 136 euros (dernières places en première classe), soit une augmentation de 164 %. Un Strasbourg-Paris a terminé à 153 euros, au lieu de 93 euros il y a trois mois.

      Des hausses de prix jusqu’à 150 %

      Au global, les TGV sont les trains qui subissent les plus grosses hausses à travers le temps, sauf quelques exceptions (Marseille-Nice n’a pas changé d’un iota au fil des 12 semaines, par exemple).

      Sur cette carte réalisée par l’équipe design de Numerama, Adèle Foehrenbacher et Claire Braikeh, on observe quels sont les trajets qui ont subi la plus forte hausse (en rouge foncé), par rapport à ceux qui n’ont pas beaucoup bougé sur 3 mois (en rose).

      Pour les retours de Noël sur la journée du 27 décembre, les trajets les plus onéreux sont les mêmes (Paris-Toulouse, Paris-Strasbourg, Nantes-Bordeaux).

      Certains billets sont moins chers quelques jours avant le départ

      Lorsque nous avons commencé cette enquête, nous nous sommes demandé s’il serait possible qu’un billet devienne moins cher à l’approche de la date du voyage, ce qui est plutôt contre-intuitif. Une occurrence est venue, sur la dernière semaine, être l’exception qui confirme la règle : le trajet Paris-La Rochelle (en jaune ci-dessous) est devenu, au dernier moment, moins cher à l’approche du voyage, par rapport au tarif d’il y a trois mois.

      Autre cas curieux : nous avons constaté au fil des semaines une variation à la baisse sur le trajet Nancy-Grenoble, avec une correspondance. « Ce phénomène est extrêmement rare », nous assure la SNCF. « Nancy-Grenoble n’est pas un train direct. Il se peut que l’un des deux trains se remplissent moins vite et que des petits prix aient été rajoutés à un moment donné », explique-t-on. Le voyage a fini par augmenter de nouveau, pour devenir complet deux semaines avant le départ.

      Le trajet n’est pourtant pas le seul exemple. Prenons le trajet en TER et Train NOMAD Caen-Le Havre. Le 4 octobre, le voyage revenait à 38,4 euros. Surprise ! Dès la semaine suivante, il est tombé à 18 euros, pour rester fixe pendant plusieurs mois. Jusqu’au 13 décembre, où le prix a re-grimpé jusqu’à 48 euros — l’horaire du train de départ ayant été modifié de quelques minutes. Ici, ce n’est pas la SNCF, mais les conseils régionaux qui valident les prix. Par mail, l’établissement régional des lignes normandes nous assure que « la baisse des prix 15 jours après l’ouverture des ventes est impossible ». C’est pourtant le constat que nous avons fait, dès une semaine après l’ouverture.

      Pourquoi de telles hausses ?

      Cela fait plusieurs années que la SNCF a commencé à modifier la manière dont elle décide des tarifs, selon le journaliste spécialisé Gilles Dansart. La compagnie aurait décidé de « faire payer beaucoup plus cher à mesure que l’on s’approche de la date de départ du train », alors qu’auparavant, elle se calquait sur la longueur des kilomètres parcourus pour étalonner ses prix, a-t-il analysé sur France Culture le 21 décembre.

      Contactée, la SNCF nous explique : « Les prix sont les mêmes que pour n’importe quelles dates. Il n’y a pas de prix spécifiques pour Noël. Ce qui fait évoluer les prix, c’est le taux de remplissage et la demande. À Noël les trains se remplissent plus vite et les paliers maximum peuvent être atteints plus rapidement. »

      Ces paliers sont un véritable enjeu, lorsque l’on voit que certains trajets se retrouvent complets très rapidement — le Paris-Toulouse du 22 décembre s’est en effet retrouvé complet, selon nos constats, en à peine une semaine, début octobre.

      En 10 ans, la SNCF a perdu 105 TGV, soit 30 000 sièges, a calculé récemment France 2 dans un reportage. « On n’arrivait plus à remplir les TGV, il y avait des taux d’occupation à moins de 60 % », a expliqué à leur micro Christophe Fanichet, directeur général de SNCF Voyageurs.

      Cette politique de financement de la SNCF ne va pas aller en s’arrangeant pour les voyageurs et voyageuses : l’entreprise a déjà entériné une augmentation du prix des TGV pour 2024, rappelle le Parisien.

      https://www.numerama.com/vroom/1593454-noel-est-ce-vraiment-moins-cher-de-reserver-son-train-3-mois-a-lav

    • Mais on sait que l’investissement sur l’infra était sous dimensionnée autour de 2005, donc voir monter les coûts de péages de l’infra n’a rien d’anormal.
      Nos voisins sont-ils sous le prix réel ? Alors il vont subir un effet boomerang plus tard (effet dette).

  • #Ukraine, #Israël, quand les histoires se rencontrent

    Dans son dernier livre, l’historien #Omer_Bartov revient sur l’histoire de sa famille et de son voyage de la Galicie ukraino-polonaise à Israël, à travers les soubresauts de l’histoire de la première partie du 20e siècle.

    Alors que les atrocités du conflit israélo-palestinien continuent de diviser les étudiants de prestigieux campus américains, l’universitaire Omer Bartov se propose d’analyser la résurgence de l’#antisémitisme dans le monde à la lumière de sa propre #histoire_familiale.

    Un #antisémitisme_endémique dans les campus américains ?

    L’historien Omer Bartov réagit d’abord aux polémiques qui ont lieu au sujet des universités américaines et de leur traitement du conflit israélo-palestinien : “il y a clairement une montée de l’antisémitisme aux États-Unis, comme dans d’autres parties du monde. Néanmoins, il y a aussi une tentative de faire taire toute critique de la politique israélienne. Cette tentative d’associer cette critique à de l’antisémitisme est également problématique. C’est un bannissement des discussions. Les étudiants, qui sont plus politisés que par le passé, prennent part à cette histoire”. Récemment, la directrice de l’Université de Pennsylvanie Elizabeth Magill avait proposé sa démission à la suite d’une audition controversée au Congrès américain, lors de laquelle elle n’aurait pas condamné les actions de certains de ses étudiants à l’encontre d’Israël.

    De Buczacz à la Palestine, une histoire familiale

    Dans son dernier livre Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine, qui paraîtra aux éditions Plein Jour en janvier 2024, Omer Bartov enquête sur sa propre histoire, celle de sa famille et de son voyage de la Galicie à la Palestine : “en 1935, ma mère avait onze ans et a quitté #Buczacz pour la #Palestine. Le reste de la famille est restée sur place et quelques années plus tard, ils ont été assassinés par les Allemands et des collaborateurs locaux. En 1995, j’ai parlé avec ma mère de son enfance en Galicie pour la première fois, des grands écrivains locaux comme Yosef Agnon. Je voulais comprendre les liens entre #Israël et ce monde juif qui avait disparu à Buczacz au cours de la #Seconde_Guerre_mondiale”.

    À la recherche d’un monde perdu

    Cette conversation a mené l’historien à consacrer une véritable étude historique à ce lieu et plus généralement à cette région, la #Galicie : “ce monde avait selon moi besoin d’être reconstruit. Ce qui le singularisait, c’était la diversité qu’il accueillait. Différentes communautés nationales, ethniques et religieuses avaient coexisté pendant des siècles et je voulais comprendre comment il s’était désintégré”, explique-t-il. Le prochain livre qu’il souhaite écrire en serait alors la suite : “je veux comprendre comment ma génération a commencé à repenser le monde dans lequel nous avons grandi après la destruction de la civilisation précédente”, ajoute-t-il.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/ukraine-israel-quand-les-histoires-se-rencontrent-9022449
    #multiculturalisme #histoire #crime_de_guerre #crime_contre_l'humanité #génocide #Gaza #7_octobre_2023 #nettoyage_ethnique #destruction #déplacements_forcés #Hamas #crimes_de_guerre #massacre #pogrom #occupation

    • Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine

      À nouveau Omer Bartov étudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait déjà de point d’ancrage pour décrire le processus du génocide dans Anatomie d’un génocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il étudie les perceptions et l’imaginaire que chacune des communautés juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-même, ce a depuis les origines de sa présence dans ce territoire des confins de l’Europe.

      Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils élaboré des récits fondateurs de leurs #identités jusqu’à opposer leurs #mémoires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais également eux-mêmes ; quels #espoirs nourrissaient-ils ? Les #mythes ont ainsi influencé a grande histoire, le #nationalisme, les luttes, et de façon plus intime les espoirs individuels, voire les désirs de partir découvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces récits « nationaux », de a construction de l’identité et de l’opposition qu’elle peut induire entre les différents groupes, apparaît comme une clé de compréhension du passé autant que du présent. Aujourd’hui avec a guerre en Ukraine, sa résonance, son actualité sont encore plus nettes.

      https://www.editionspleinjour.fr/contes-des-fronti%C3%A8res
      #livre #identité

    • Anatomie d’un génocide

      Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de quatre cents ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble – jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, qu’il étudie depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît.

      À partir d’une documentation considérable, récoltée pendant plus de vingt ans – journaux intimes, rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui –, il retrace le chemin précis qui a mené à la #Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe.

      https://www.editionspleinjour.fr/anatomie-d-un-g%C3%A9nocide

  • Yiddish : comment la langue a survécu à l’anéantissement
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-info-culturelle-reportages-enquetes-analyses/yiddish-comment-la-langue-a-survecu-a-l-aneantissement-4339427

    Un film sort en salles, tourné en yiddish par un jeune cinéaste français, alors que l’on croyait la langue sur le point de disparaître. Retour sur l’histoire de cette langue devenue objet d’études grâce à une pionnière nommée Rachel Ertel, et sa survie souterraine.

    Shtetel ”, en yiddish, la langue des juifs d’Europe centrale et orientale, désigne les villages et les bourgades de cette partie du monde où des juifs, il y a mille ans, ont partagé une langue par-delà les frontières. Shttl , c’est le nom du film du réalisateur français Ady Walter qui sort en salles ce 13 décembre 2023 avec la particularité d’avoir été tourné en yiddish à un âge tout le monde tenait la langue pour morte, ou à peu près. Le titre de ce film de fiction qui raconte les 24 dernières heures d’un village de l’actuelle Ukraine à l’époque du nazisme a perdu son E : c’est un hommage du cinéaste à Georges Perec. En 1969, avait paru La Disparition, entièrement écrit sans la lettre E, pourtant la plus courante de la langue française. Par cette contrainte faite à sa littérature et le pari un peu fou d’écrire malgré tout, Perec entendait à l’époque manifester l’encastrement des béances laissées par la Shoah : l’absence de sa mère, déportée et assassinée à Auschwitz, et aussi la perte de la langue.

    Tourné en yiddish cinquante ans plus tard à la faveur d’un casting ardu qui n’a pas recruté que des comédiens juifs, Shttl montre que le yiddish n’est pas mort. Le film fait exister la langue vernaculaire des juifs d’Europe, qui emprunte à 75% à l’Allemand mais aussi à l’araméen, au français, à l’hébreu, ou encore à l’anglais. Et le yiddish, paraît ainsi sortir du souterrain. Alors que 11 millions de locuteurs le parlaient ordinairement à la veille de la Seconde guerre mondiale, l’idiome n’a pas réellement résisté à l’anéantissement des juifs sous le nazisme : le yiddish dans la vie de tous les jours n’est plus la langue de grand monde. Rachel Ertel, traductrice et grande pionnière des études yiddish, dira même que c’est “ la langue de personne ” : c’est le titre d’un grand livre qu’elle signait en 1993 aux éditions du Seuil, dans la collection “ Librairie du XXIe siècle ” de Maurice Oleander. Pour autant, le yiddish n’est pas mort tout à fait, loin s’en faut. Et c’est notamment à Rachel Ertel qu’on le doit.

    La langue apparaissait pourtant décimée pour de bon, et un mille-feuilles de brimades, d’antisémitisme et de vieilles hiérarchies avaient en effet resurgi dès la chute du nazisme. Par exemple parce que l’Union soviétique de Staline, déjà, avait fait interdire le yiddish. Il suffit de voir qu’au procès des grands criminels nazis, à Nüremberg, le premier témoin juif (et pourtant ils ne seront pas nombreux) n’avait pas obtenu ce qu’il avait pourtant clairement réclamé : s’exprimer dans sa langue, c’est-à-dire celle d’avant la Shoah, mais aussi celle des morts.

    Ce témoin s’appelait Avrom Sutzkever et parce qu’il a écrit sur son passage devant les juges de Nüremberg, on sait combien il importait pour lui de parler yiddish alors. Et comment il s’était lui-même trouvé fort étonné du niveau somme toute assez correct du russe qui lui était venu aux lèvres in extremis alors qu’on lui avait refusé sa langue maternelle : Sutzkever, qui était un grand poète, avait survécu parce qu’il avait réussi à s’extirper du ghetto de Varsovie par les égouts, avant de rejoindre le territoire soviétique. Lui qui était revenu dans sa Pologne natale aux côtés des troupes de l’armée rouge était devenu le témoin de la délégation soviétique, à Nüremberg. Et en même temps un témoin privé de sa langue. Le 17 février 1946, la veille de son témoignage, il avait pourtant écrit : " J’irai à Nuremberg. […] Je mesure la responsabilité écrasante qui m’incombe, dans ce voyage. Je prie pour que les âmes évanouies des martyrs se manifestent à travers mes paroles. Je veux parler en yiddish. Pas question d’une autre langue. " Ironiquement, c’est parce que, plus tard, Rachel Ertel notamment, a traduit ces pages, qu’on en a connaissance. Mais lui-même le racontera aussi dans les médias français qui l’inviteront dans les années 1980 : dans les archives de France culture, rediffusées par les Nuits ultérieurement, on retrouve par exemple cinq émissions avec Sutzkever au micro d’André Velter en 1988 :

    Langue sans frontières ni patrie
    La création de l’État d’Israël, en mai 1948, n’avait pas non plus été une bonne nouvelle pour le yiddish. Israël avait choisi l’hébreu, jusque-là une langue plutôt plus religieuse que le yiddish contrairement à ce qu’on croit parfois, et en avait fait sa voix nationale. A nouveau, l’hybride yiddish, sans frontières ni patrie, tranchait avec l’objectif national. Pour toujours alors, le yiddish apparaîtra comme la langue de la diaspora et en Israël, parler yiddish sera longtemps modérément toléré, voire déconseillé ou méprisé.

    Mais à New York et dans quelques communautés établies ici ou là en Amérique du Nord, l’idiome avait résisté. Un théâtre en yiddish existait à New York depuis 1882 déjà. Sur place, les ultra-orthodoxes notamment le parleront plus tardivement qu’ailleurs, et en préserveront en partie la trace. C’est notamment pour cette raison que le yiddish embarquera sur le tard une dimension plus spirituelle et religieuse que celle qu’il avait jamais eu avant la Seconde Guerre mondiale. Au risque de se voir souvent accoler à tort l’image d’un vieux rabbin avec une barbe. Alors que la vitalité très séculaire de la vie yiddish telle qu’elle s’ouvrait dans les années 1920 ou 1930 n’avait pas grand chose de religieux. Les mélodies klezmer embarquent encore la trace d’une vie rythmée. Mais entre-temps, la langue avait aussi revêtu une dimension sacrée du fait même qu’elle avait été, et restait la langue des disparus.

    Mais l’Amérique du Nord n’était pas resté le seul lieu de la culture yiddishophone survivante. Qui sait qu’à Paris, dans les années 1980, paraissait encore le tout dernier quotidien yiddishophone au monde ? Toute une activité culturelle souterraine perdurait, à bas bruit le plus souvent. Des livres, pourtant, se publiait : il en paraîtra même davantage dans les années 1950 ou 1960 que dans l’entre-deux guerres à partir du moment où les survivants chercheront à témoigner de la Shoah (le genre porte un nom yiddish : ’Yizker-bikher -’et si vous êtes germaniste vous reconnaitrez “ livre ” derrière bikher .

    Mais la transmission cependant ne se faisait pas, ou trop peu. Et c’est la pratique du yiddish comme langue du quotidien. qui s’évaporait. Il n’était plus " la langue de la mère ", le mameloshn comme cela se dit en yiddish, et cela charrie à la fois affection, attachement, et désormais mélancolie. C’est à ce moment-là, et parce qu’elle était devenue une spécialiste de littérature américaine, que Rachel Ertel a intensément contribué à la préservation du yiddish. Non seulement comme langue, en tant que traductrice, et fine exégète de tant de poètes pour qui elle édifiera des anthologies ; mais encore de la culture yiddish. Et d’ailleurs, l’universitaire préfère souvent dire " culture yiddish " à " culture juive ", faisant exister au passage le monde yiddishophone et ses onze millions de locuteurs d’avant-Hitler comme un peuple en soi.

    Clivage psychologique
    Parce qu’elle avait étudié aux Etats-Unis, puis soutenu une thèse sur les écrivains juifs américains, Rachel Ertel a rapporté le yiddish dans ses bagages : c’est alors qu’elle enseignait la littérature des minorités américaines à l’université de Jussieu à Paris, dans les années 1970, qu’elle a créé le tout premier cours sur la littérature yiddish. Puis des cours de yiddish, tenant ensemble la langue, et l’enseignement de la culture. Le tout débouchera plus tard sur la première chaire d’études yiddish, qu’elle occupera : les deux tenaient ensemble. De ces cours, l’intellectuelle racontera plus tard qu’ils étaient d’abord suivis par des étudiants " clivés ", venus chercher là l’introuvable : " L’obstacle le plus dur à surmonter ne fut pourtant pas d’ordre matériel. Il était d’ordre psychologique. Les étudiants étaient clivés. Ils ne savaient pas au juste ce qu’ils venaient chercher. Ils venaient surtout combler des vides incomblables. Écrire la langue au tableau était exposer quelque chose qui était de l’ordre de leur intimité. Une fois ceci accepté, des étudiants bardés de diplômes, qui avaient appris le grec, le latin, le sanscrit, le russe, l’allemand, s’obstinaient à dire que leurs grands-mères ne déclinaient pas, ne conjuguaient pas. Eux qui avaient appris plusieurs alphabets ne parvenaient pas à retenir les vingt-deux lettres de l’aleph-beys yiddish. "

    Native de 1939 dans l’actuelle Lituanie, Rachel Ertel avait passé la guerre en Sibérie, écartée par le pouvoir soviétique au prétexte que son père, bundiste, était ce qu’on appelait un " ennemi du peuple ". A la chute du nazisme, sa mère et son beau-père s’installeront en France et c’est à Paris, rue Denis Patin, dans ce foyer où s’était installé sa famille entourée de quantité d’écrivains yiddishophones, qu’elle avait pour de bon chevillé à elle cette langue. Elle le racontait notamment sur France culture dans la série A voix nue, en 2017 :

    Pologne-Sibérie-Pologne : 1939-1948
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/pologne-siberie-pologne-1939-1948-3798843

    Adulte, Rachel Ertel ne cessera de la restituer. Non seulement en étant celle qui fera du yiddish, et de cette culture, un objet d’études. Mais encore en traduisant de nombreux ouvrages, là où dans les années 1990, on ne comptait encore que trois cents ouvrages traduits du yiddish au français par exemple. Traductrice, Rachel Ertel exhumera cette langue et cultivera cette histoire. Mais elle a aussi des mots très subtils pour exprimer la manière dont son activité de traductrice dynamique l’a toujours plongée dans un état émotionnel bien particulier - à la différence de l’anglais, qu’elle traduit aussi : alors qu’elle fait vivre cette histoire littéraire et en même temps celle de ces auteurs yiddish comme personne, elle explique avoir toujours eu une conscience aigue du fait qu’elle contribuait malgré tout à enterrer cette langue dès lors que des traductions seraient disponibles. Rares seront ceux, en effet, qui feront le geste d’ouvrir la version originale.

    En 1996, le Conseil de l’Europe alertait : le yiddish allait disparaître. L’année précédente seulement, le tout premier colloque jamais organisé avait enfin un lieu. La collection " Domaine yiddish " créée et animée par Rachel Ertel, d’abord au Seuil puis chez Julliard et enfin Liana Levi, avait fini par faire des petits : le yiddish se lisait, se racontait, se distribuait. C’est dans la foulée que sortiront des limbes la Maison de la culture yiddish, à Paris en 2002, et sa bibliothèque. Des cours, aussi, ouvraient comme jamais au tournant du siècle, et quatre fois plus d’élèves se formeront pour apprendre le yiddish en l’intervalle de vingt ans. La langue n’était pas morte.

    Signe de sa reconnaissance institutionnelle, en 2012, les ambassadeurs de France, d’Israël et des Etats-Unis auprès de l’Unesco assistaient à Paris à un colloque sur la culture yiddish devant un public de six cents personnes. C’est Rachel Ertel qui prenait en charge la leçon inaugurale du colloque cette année-là, et elle prononçait notamment ces mots : " Dans l’Histoire que nous vivons maintenant la marginalité a remplacé la centralité. Si le peuple juif pendant longtemps a été, par son caractère diasporique, exceptionnel, cette exceptionnalité est devenue la centralité du monde contemporain. Les guerres de plus en plus meurtrières, les changements climatiques qui provoquent famines et misère économique, imposent à des populations de plus en plus nombreuses une existence diasporique. Ces populations seront de plus en plus souvent amenées à des langues de fusion. Si je déplore les guerres et la misère, je suis loin de déplorer le métissage et la bâtardise, fondement même de la langue yiddish, qui peu à peu deviendra le paradigme de langues de plus en plus nombreuses. Car la vie est dans la mutabilité, sa permanence est dans la mutabilité."

  • La résistance dans le ghetto de Minsk (1941-1943)

    Autour de la conférence de Masha Cerovic organisée le vendredi 17 novembre à 20h15 à l’UPJB

    Les troupes allemandes ont occupé Minsk, capitale de la Biélorussie, le 28 juin 1941. Un ghetto a été créé le 18 juillet. Il y a alors environ 100 000 Juifs à Minsk : une partie d’entre eux y vivaient déjà avant 1939, d’autres étaient des réfugiés venus après le partage de la Pologne entre Hitler et Staline en 1939. La collaboration entre « Occidentaux » et « Orientaux » sera un des facteurs qui expliquent l’extraordinaire résistance des Juifs de Minsk.

    Les « Occidentaux » ont l’expérience du travail politique clandestin en Pologne. Ils sont sans illusion sur Hitler. Les « Orientaux » ont été démoralisés par le pacte germano-soviétique. Ils sous-estiment complètement le danger mais ils apportent de précieuses relations avec la résistance soviétique à Minsk et dans les forêts.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/08/la-resistance-dans-le-ghetto-de-minsk-1941-194

    #histoire #yiddishland

  • #Rima_Hassan : « Nous subissons une #punition_collective »

    Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à #Gaza est un « #carnage », qui relève d’une logique de « #génocide ». Elle dénonce le #cynisme de #Nétanyahou et la #récupération du #Hamas.

    Rima Hassan, 30 ans, est une Palestinienne dont toute la vie s’est déroulée en exil. Apatride jusqu’à ses 18 ans, aujourd’hui française, elle suit la guerre depuis la Jordanie, où elle séjourne actuellement pour une recherche à travers plusieurs pays sur les camps de réfugié·es palestinien·nes. Juriste autrice d’un mémoire de master en droit international sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud, cette fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés dénonce aujourd’hui un « génocide » et la #responsabilité d’#Israël dans la création du Hamas. Elle répond par téléphone à Mediapart samedi après-midi, alors que toutes les communications avec Gaza étaient coupées depuis la veille au soir.

    Mediapart : Qu’avez-vous comme informations sur ce qu’il se passe depuis vendredi soir à Gaza ?

    Rima Hassan : Les seules informations dont je dispose sont celles des journalistes d’Al Jazeera. C’est un carnage qui est en train de se passer. Jusqu’ici, l’#armée_israélienne prévenait tout de même avant de bombarder : #Tsahal larguait des centaines de petits coupons de papier sur la population gazaouie, pour avertir et donner quelques heures aux civils pour évacuer. Mais cette nuit-là, d’après Al Jazeera, il n’y a même pas eu d’annonce. Ce sont des #attaques_indiscriminées, par tous les moyens dont dispose l’armée israélienne. Il faudra mettre en perspective le nombre de responsables du Hamas tués par rapport au nombre de #victimes_civiles. D’après l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, 1,2 million de personnes de la bande Gaza ont par ailleurs déjà été déplacées.

    Ce qui se passe est inédit, paralysant, il est très compliqué de réfléchir. Depuis vendredi en fin de journée, on ne peut plus joindre personne dans la bande de Gaza.

    Comment qualifier les événements ?

    Cela relève du génocide. On n’a pas encore les chiffres précis, les Palestiniens ne sont plus en mesure de compter leurs morts. Ce vendredi 27 octobre était de toute façon une nuit sans précédent en termes d’intensification des #bombardements, dans l’un des territoires les plus densément peuplés au monde.

    Mais au-delà des morts, c’est tout ce qui entoure cette offensive qui caractérise le génocide : le fait de ne pas laisser de passages sûrs accessibles aux civils pour pouvoir fuir les combat, d’empêcher les humanitaires de passer, de ne pas prévenir les lieux qu’on cible, et le #blackout. En coupant toutes les communications, les autorités israéliennes veulent minimiser l’écho international de ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza. Je rappelle que 34 journalistes ont été tués dans le territoire depuis le 7 octobre.

    On fait tout pour concentrer une population sur un même espace, et précisément au moment où une résolution est adoptée à la majorité à l’ONU en faveur d’un cessez-le feu, on intensifie les bombardements, tout en bloquant tous les canaux de #communication : tout est mobilisé pour que les dégâts soient maximaux.

    Israël a tué bien plus à Gaza depuis le 7 octobre qu’au cours des vingt dernières années.

    Estimez-vous qu’il y a une intention génocidaire ?

    Il suffit d’écouter les déclarations des officiels israéliens. L’#animalisation du sujet palestinien est constante, de la même manière que les Juifs et les Tutsis étaient comparés à des animaux. Toutes les catégories des groupes ayant fait l’objet de #massacres ont été déshumanisées dans le but de justifier leur exclusion de la communauté humaine ; c’était un préalable à leur #extermination. « Nous combattons des #animaux_humains », a dit le ministre israélien de la défense #Yoav_Gallant le 9 octobre…

    Les médias israéliens répandent en outre l’idée qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza : les civils tués sont assimilés au Hamas, à des terroristes – dans ces circonstances, un #dommage_collatéral n’est pas très grave. Les propos tenus sont sans ambiguïté : « #incinération_totale », « Gaza doit revenir à Dresde », « annihiler Gaza maintenant », etc. Voilà ce qu’a pu dire jeudi #Moshe_Feiglinun, ancien membre de la Knesset, sur un plateau télé.

    On a entendu dire également par #Benyamin_Nétanyahou que les Palestiniens pouvaient être accueillis dans le #Sinaï [territoire égyptien frontalier d’Israël et de la bande de Gaza – ndlr], ce qui renvoie, là aussi, à une logique de #disparition : c’est une population indésirable que l’on souhaite exclure.

    Toute cela s’inscrit dans une logique colonialiste de la part d’Israël, depuis sa création. Depuis longtemps on observe, chez les officiels israéliens, une constante à déshumaniser les Palestiniens, qui, bien avant le 7 octobre 2023, ont été comparés à des #cafards ou à des #sauterelles. « Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles (…) leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs », disait le premier ministre israélien #Yitzhak_Shamir en 1988. « Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes qu’à tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille », avait déclaré le chef d’état-major #Raphael_Eitan en 1983 d’après le New York Times.

    Les massacres du 7 octobre ont été perçus comme quelque chose d’explosif. En termes de vies civiles perdues, c’est sans précédent. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans un #conflit_colonial_asymétrique, où les #réfugiés_palestiniens ont vu l’abolition de leur #droit_au_retour, où les Palestiniens de #Cisjordanie vivent sous #colonisation et sous #occupation, où les Palestiniens citoyens d’Israël se sont vu octroyer un statut de seconde zone après un régime militaire jusqu’en 1967, et où les Palestiniens de Gaza vivent un #blocus illégal depuis dix-sept ans.

    Quelle est l’importance du facteur religieux ?

    Ce n’est pas un #conflit_religieux. Même si l’on a au pouvoir des gens liés à une #radicalité_religieuse, du côté du pouvoir israélien comme du Hamas. On observe une #dérive_religieuse dans les extrêmes des deux sociétés.

    La population palestinienne ne fait pas de reproche aux Israéliens pour ce qu’ils sont – des Juifs –, mais pour ce qu’ils font : la colonisation.

    Rappelons que les personnes à l’origine de la fondation de l’État d’Israël étaient des laïques, et non pas des religieux. L’identité palestinienne a par ailleurs toujours été multiconfessionnelle.

    Il est inconcevable de confisquer une souffrance palestinienne vieille de 75 ans avec la #récupération qui est faite aujourd’hui par le Hamas. Pour nous, c’est la #double_peine.

    Côté israélien, c’est d’un #cynisme sans nom : c’est Nétanyahou lui-même qui a soutenu le Hamas, car l’organisation islamiste était perçue comme rivale du #Fatah [parti nationaliste palestinien fondé par Yasser Arafat – ndlr]. Voilà ce qu’il déclarait par exemple en mars 2019, comme l’a rappelé récemment un article d’Haaretz : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. » Israël a une responsabilité majeure dans la création de l’organisation islamiste. Ce sont les autorités israéliennes qui ont nourri le monstre.

    Nous subissons avec ce blocus une punition collective. Nous qui utilisons le droit international et la voie diplomatique, qui nous battons depuis des dizaines d’années pour un État laïque, nous nous trouvons face à des autorités qui ont soutenu le Hamas... et qui aujourd’hui nous bombardent.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective
    #Palestine #7_octobre_2023 #déshumanisation #religion #à_lire

  • Où le #classement_de_Shanghaï mène-t-il l’#université française ?

    Le classement de #Shanghaï, dont les résultats sont publiés mardi 15 août, a façonné une idée jamais débattue de l’« #excellence ». Des universitaires appellent à définir « une vision du monde du savoir » propre au service public qu’est l’enseignement supérieur français.

    Des universités à la renommée mondiale qui attirent les meilleurs étudiants, les chercheurs les plus qualifiés et les partenaires financiers les plus magnanimes : depuis l’avènement des classements internationaux dans l’#enseignement_supérieur, il y a vingt ans, la quête d’une certaine idée de l’« excellence » a intégré le vocabulaire universitaire, jusqu’à se muer en un projet politique.

    En France, en août 2003, la première édition du classement de Shanghaï, qui publie mardi 15 août son édition 2023, a été un coup de tonnerre : ignorant les subtilités administratives hexagonales et la tripartition entre #universités, grandes écoles et organismes de recherche, le palmarès n’avait distingué dans son top 50 aucun des fleurons nationaux. Piqués au vif, les gouvernements successifs se sont engouffrés dans la brèche et ont cherché les outils pour se conformer aux #standards. En 2010, le président de la République, #Nicolas_Sarkozy, avait fixé à sa ministre de l’enseignement supérieur, #Valérie_Pécresse, un #objectif précis : placer deux établissements français dans les 20 premiers mondiaux et 10 parmi les 100 premiers du classement de Shanghaï.

    La loi relative aux libertés et responsabilités des universités, votée en 2007, portait alors ses premiers fruits, présentés en personne par Mme Pécresse, en juillet 2010, aux professeurs #Nian_Cai_Liu et #Ying_Cheng, les deux créateurs du classement. Les incitations aux #regroupements entre universités, grandes écoles et organismes de recherche ont fleuri sous différents noms au gré des appels à projets organisés par l’Etat pour distribuer d’importants investissements publics (#IDEX, #I-SITE, #Labex, #PRES, #Comue), jusqu’en 2018, avec le nouveau statut d’#établissement_public_expérimental (#EPE). Toutes ces tactiques politiques apparaissent comme autant de stigmates français du palmarès chinois.

    Ces grandes manœuvres ont été orchestrées sans qu’une question fondamentale soit jamais posée : quelle est la vision du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche que véhicule le classement de Shanghaï ? Lorsqu’il a été conçu, à la demande du gouvernement chinois, le palmarès n’avait qu’un objectif : accélérer la #modernisation des universités du pays en y calquant les caractéristiques des grandes universités nord-américaines de l’#Ivy_League, Harvard en tête. On est donc très loin du #modèle_français, où, selon le #code_de_l’éducation, l’université participe d’un #service_public de l’enseignement supérieur.

    « Société de marché »

    Pour la philosophe Fabienne Brugère, la France continue, comme la Chine, de « rêver aux grandes universités américaines sans être capable d’inventer un modèle français avec une #vision du savoir et la perspective d’un bonheur public ». « N’est-il pas temps de donner une vision de l’université ?, s’interroge-t-elle dans la revue Esprit (« Quelle université voulons-nous ? », juillet-août 2023, 22 euros). J’aimerais proposer un regard décalé sur l’université, laisser de côté la question des alliances, des regroupements et des moyens, pour poser une condition de sa gouvernance : une #vision_du_monde_du_savoir. »

    Citant un texte du philosophe Jacques Derrida paru en 2001, deux ans avant le premier classement de Shanghaï, la professeure à Paris-VIII définit l’université comme « inconditionnelle, en ce qu’elle peut #repenser_le_monde, l’humanité, élaborer des #utopies et des #savoirs nouveaux ». Or, « vingt ans après, force est de constater que ce texte reste un objet non identifié, et que rien dans le paysage universitaire mondial ne ressemble à ce qu’il projette, regrette Fabienne Brugère. Les grandes universités américaines que nous admirons et dans lesquelles Derrida a enseigné sont habitées par la société de marché ».

    Ironie du sort, c’est justement l’argent qui « coule à flots » qui garantit dans ces établissements de l’hyperélite des qualités d’étude et de bon encadrement ainsi qu’une administration efficace… Autant de missions que le service public de l’université française peine tant à remplir. « La scholè, le regard scolastique, cette disposition à l’étude, ce temps privilégié et déconnecté où l’on apprend n’est possible que parce que la grande machine capitaliste la fait tenir », déplore Mme Brugère.

    En imposant arbitrairement ses critères – fondés essentiellement sur le nombre de #publications_scientifiques en langue anglaise, de prix Nobel et de médailles Fields –, le classement de Shanghaï a défini, hors de tout débat démocratique, une #vision_normative de ce qu’est une « bonne » université. La recherche qui y est conduite doit être efficace économiquement et permettre un #retour_sur_investissement. « Il ne peut donc y avoir ni usagers ni service public, ce qui constitue un #déni_de_réalité, en tout cas pour le cas français », relevait le sociologue Fabien Eloire dans un article consacré au palmarès, en 2010. Est-il « vraiment raisonnable et sérieux de chercher à modifier en profondeur le système universitaire français pour que quelques universités d’élite soient en mesure de monter dans ce classement ? », questionnait le professeur à l’université de Lille.

    Derrière cet effacement des #spécificités_nationales, « une nouvelle rhétorique institutionnelle » s’est mise en place autour de l’« #économie_de_la_connaissance ». « On ne parle plus de “l’#acquisition_du_savoir”, trop marquée par une certaine #gratuité, mais de “l’#acquisition_de_compétences”, efficaces, directement orientées, adaptatives, plus en phase avec le discours économique et managérial », concluait le chercheur.

    Un poids à relativiser

    A y regarder de plus près, Shanghaï et les autres classements internationaux influents que sont les palmarès britanniques #QS_World_University_Rankings (#QS) et #Times_Higher_Education (#THE) valorisent des pays dont les fleurons n’accueillent finalement qu’un effectif limité au regard de leur population étudiante et du nombre total d’habitants. Le poids réel des « #universités_de_prestige » doit donc être relativisé, y compris dans les pays arrivant systématiquement aux tout premiers rangs dans les classements.

    Pour en rendre compte, Le Monde a listé les 80 universités issues de 16 pays qui figuraient en 2022 parmi les 60 premières des classements QS, THE et Shanghaï. Grâce aux sites Internet des établissements et aux données de Campus France, le nombre total d’étudiants dans ces universités a été relevé, et mis en comparaison avec deux autres statistiques : la démographie étudiante et la démographie totale du pays.

    Le cas des Etats-Unis est éclairant : ils arrivent à la 10e position sur 16 pays, avec seulement 6,3 % des étudiants (1,2 million) dans les 33 universités classées, soit 0,36 % de la population américaine.

    Singapour se place en tête, qui totalise 28,5 % des étudiants inscrits (56 900 étudiants) dans les huit universités de l’hyperélite des classements, soit 0,9 % de sa population. Suivent Hongkong, avec 60 500 étudiants dans quatre universités (20,7 % des étudiants, 0,8 % de sa population), et la Suisse, avec 63 800 étudiants dans trois établissements (19,9 % des étudiants, 0,7 % de sa population).

    Avec 98 600 étudiants dans quatre universités classées (Paris-Saclay, PSL, Sorbonne Université, Institut polytechnique de Paris), la France compte 3,2 % des étudiants dans l’hyperélite universitaire mondiale, soit 0,1 % de la population totale.

    La Chine arrive dernière : 255 200 étudiants sont inscrits dans les cinq universités distinguées (Tsinghua, Peking, Zhejiang, Shanghai Jiao Tong et Fudan), ce qui représente 0,08 % de sa population étudiante et 0,018 % de sa population totale.

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/08/14/ou-le-classement-de-shanghai-mene-t-il-l-universite-francaise_6185365_440146

    #compétences #critique

    • Classement de Shanghaï 2023 : penser l’enseignement supérieur en dehors des palmarès

      Depuis vingt ans, les responsables politiques français ont fait du « standard » de Shanghaï une clé de #réorganisation des établissements d’enseignement supérieur. Mais cet objectif d’inscription dans la #compétition_internationale ne peut tenir lieu de substitut à une #politique_universitaire.

      Comme tous les classements, celui dit « de Shanghaï », censé comparer le niveau des universités du monde entier, suscite des réactions contradictoires. Que les championnes françaises y soient médiocrement placées, et l’on y voit un signe de déclassement ; qu’elles y figurent en bonne place, et c’est le principe du classement qui vient à être critiqué. Le retour de l’université française Paris-Saclay dans le top 15 de ce palmarès de 1 000 établissements du monde entier, établi par un cabinet chinois de consultants et rendu public mardi 15 août, n’échappe pas à la règle. Au premier abord, c’est une bonne nouvelle pour l’enseignement supérieur français, Paris-Saclay se hissant, derrière l’américaine Harvard ou la britannique Cambridge, au rang de première université non anglo-saxonne.

      Pourtant, ce succès apparent pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses sur l’état réel de l’enseignement supérieur français. Certes, la montée en puissance du classement chinois, créé en 2003, a participé à l’indispensable prise de conscience de l’inscription du système hexagonal dans un environnement international concurrentiel. Mais les six critères qui président arbitrairement à ce « hit-parade » annuel, focalisés sur le nombre de prix Nobel et de publications dans le seul domaine des sciences « dures », mais qui ignorent étrangement la qualité de l’enseignement, le taux de réussite ou d’insertion professionnelle des étudiants, ont conforté, sous prétexte d’« excellence », une norme restrictive, au surplus indifférente au respect des libertés académiques, politique chinoise oblige.

      Que les responsables politiques français aient, depuis vingt ans, cédé à ce « standard » de Shanghaï au point d’en faire une clé de réorganisation des établissements d’enseignement supérieur ne laisse pas d’étonner. Le principe « grossir pour être visible » (dans les classements internationaux) a servi de maître mot, il est vrai avec un certain succès. Alors qu’aucun établissement français ne figurait dans les cinquante premières places en 2003, ils sont trois aujourd’hui. Paris-Saclay résulte en réalité de la fusion d’une université, de quatre grandes écoles et de sept organismes de recherche, soit 13 % de la recherche française.

      Mais cette politique volontariste de #fusions à marche forcée, soutenue par d’importants crédits, n’a fait qu’alourdir le fonctionnement des nouvelles entités. Surtout, cette focalisation sur la nécessité d’atteindre à tout prix une taille critique et de favoriser l’excellence n’a fait que masquer les #impensés qui pèsent sur l’enseignement supérieur français : comment améliorer la #qualité de l’enseignement et favoriser la réussite du plus grand nombre ? Quid du dualisme entre universités et grandes écoles ? Quelles sources de financement pour éviter la paupérisation des universités ? Comment éviter la fuite des chercheurs, aux conditions de travail de plus en plus difficiles ? Et, par-dessus tout : quel rôle dans la construction des savoirs dans un pays et un monde en pleine mutation ?

      A ces lourdes interrogations, l’#obsession du classement de Shanghaï, dont le rôle de promotion des standards chinois apparaît de plus en plus nettement, ne peut certainement pas répondre. Certes, l’enseignement supérieur doit être considéré en France, à l’instar d’autres pays, comme un puissant outil de #soft_power. Mais l’objectif d’inscription dans la compétition internationale ne peut tenir lieu de substitut à une politique universitaire absente des débats et des décisions, alors qu’elle devrait y figurer prioritairement.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/15/classement-de-shanghai-2023-penser-l-enseignement-superieur-en-dehors-des-pa

    • Au même temps, #Emmanuel_Macron...

      Avec 27 universités représentées, le classement de Shanghai met à l’honneur l’excellence française.

      Acteurs de l’enseignement et de la recherche : merci !

      Vous faites de la France une grande Nation de formation, de recherche et d’innovation. Nous continuerons à vous soutenir.


      https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1691339082905833473
      #Macron

    • Classement de Miamïam des universités françaises.

      Ayé. Comme chaque année le classement de Shangaï est paru. Et l’auto-satisfecit est de mise au sommet de l’état (Macron, Borne, et bien sûr Oui-Oui Retailleau). Imaginez un peu : 27 de nos établissements français (universités et grandes écoles) y figurent.

      Rappel pour les gens qui ne sont pas familiers de ces problématiques : le classement de Shangaï est un classement international très (mais vraiment très très très) sujet à caution, qui s’est imposé principalement grâce à une bonne stratégie marketing (et à un solide lobbying), et qui ne prend en compte que les publications scientifiques des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses de l’université : ce qui veut dire qu’il ne regarde pas “l’activité scientifique” dans sa globalité, et que surtout il n’en a rien à secouer de la partie “enseignement” ni, par exemple, du taux de réussite des étudiants et étudiantes. C’est donc une vision a minima hémiplégique de l’université. Il avait été créé par des chercheurs de l’université de Shangaï comme un Benchmark pour permettre aux université chinoises d’essayer de s’aligner sur le modèle de publication scientifique des universités américaines, donc dans un contexte très particulier et avec un objectif politique de soft power tout à fait explicite. Ces chercheurs ont maintenant créé leur boîte de consultants et se gavent en expliquant aux universités comment l’intégrer. L’un des co-fondateurs de ce classement explique notamment : “Avant de fusionner, des universités françaises nous ont demandé de faire une simulation de leur future place dans le classement“.

      Bref du quantitatif qui vise à souligner l’élitisme (pourquoi pas) et qui n’a pour objet que de le renforcer et se cognant ostensiblement de tout paramètre qualitatif a fortiori si ce qualitatif concerne les étudiant.e.s.

      Mais voilà. Chaque été c’est la même tannée et le même marronier. Et les mêmes naufrageurs de l’action publique qui se félicitent ou se navrent des résultats de la France dans ledit classement.

      Cette année c’est donc, champagne, 27 établissements français qui se retrouvent “classés”. Mal classés pour l’essentiel mais classés quand même : les 4 premiers (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) se classent entre la 16ème (Paris-Saclay) et la 78ème place (Paris Cité) et à partir de la 5ème place (sur la jolie diapo du service comm du gouvernement) on plonge dans les limbes (Aix-Marseille est au-delà de la 100ème place, Nantes au-delà de la 600ème). Alors pourquoi ce satisfecit du gouvernement ? [Mise à jour du 16 août] Auto-satisfecit d’ailleurs étonnant puisque si l’on accorde de la valeur à ces classements, on aurait du commencer par rappeler qu’il s’agit d’un recul : il y avait en effet 30 établissements classés il y a deux ans et 28 l’année dernière. Le classement 2023 est donc un recul. [/mise à jour du 16 août]

      Non pas parce que les chercheurs sont meilleurs, non pas parce que la qualité de la recherche est meilleure, non pas parce que les financements de la recherche sont plus importants et mieux dirigés, mais pour deux raisons principales.

      La première raison est que depuis plusieurs années on s’efforce d’accroître le “rendement” scientifique des personnels en vidant certaines universités de leurs activités et laboratoires de recherche (et en y supprimant des postes) pour le renforcer et le concentrer dans (très peu) d’autres universités. C’est le grand projet du libéralisme à la française qui traverse les présidences de Sarkozy à Macron en passant par Hollande : avoir d’un côté des université “low cost” dans lesquelles on entasserait les étudiant.e.s jusqu’à bac+3 et où on ferait le moins de recherche possible, et de l’autre côté des “universités de recherche et d’excellence” où on n’aurait pas grand chose à foutre de la plèbe étudiante et où on commencerait à leur trouver un vague intérêt uniquement à partir du Master et uniquement pour les meilleur.e.s et uniquement dans certains domaines (genre pas en histoire de l’art ni en études littéraires ni dans la plupart des sciences humaines et sociales).

      La seconde raison de ce “bon” résultat est que les universités se sont regroupées administrativement afin que les publications de leurs chercheurs et chercheuses soient mieux prises en compte dans le classement de Shangaï. Exemple : il y a quelques années, il y avait plusieurs sites universitaires dans les grandes villes. Chaque site était celui d’une discipline ou d’un regroupement de discipline. On avait à Toulouse, à Nantes et ailleurs la fac de droit, la fac de sciences, la fac de lettres, etc. Et les chercheurs et chercheuses de ces universités, quand ils publiaient des articles dans des revues scientifiques, “signaient” en s’affiliant à une institution qui était “la fac de sciences de Toulouse Paul Sabatier” ou “la fac de lettre de Toulouse le Mirail” ou “la fac de droit de Toulouse”. Et donc au lieu d’avoir une seule entité à laquelle rattacher les enseignants-chercheurs on en avait trois et on divisait d’autant les chances de “l’université de Toulouse” de monter dans le classement.

      Donc pour le dire rapidement (et sans pour autant remettre en cause l’excellence de la recherche française dans pas mal de disciplines, mais une excellence dans laquelle les politiques publiques de ce gouvernement comme des précédents ne sont pas pour grand-chose), la France gagne des places dans le classement de Shangaï d’une part parce qu’on s’est aligné sur les règles à la con dudit classement, et d’autre part parce qu’on a accepté de sacrifier des pans entiers de financements publics de la recherche dans certains secteurs (notamment en diminuant drastiquement le nombre de postes disponibles).

      Allez je vous offre une petite comparaison. Évaluer la qualité de l’université et de la recherche française à partir du classement de Shangaï c’est un peu comme si on prétendait évaluer la qualité de la gastronomie française à partir d’un référentiel établi par Mac Donald : on serait rapidement en capacité de comprendre comment faire pour gagner des places, mais c’est pas sûr qu’on mangerait mieux.

      Je vous propose donc un classement alternatif et complémentaire au classement de Shangaï : le classement de Miamïam. Bien plus révélateur de l’état actuel de l’université française.
      Classement de Miamïam.

      Ce classement est simple. Pour y figurer il faut juste organiser des distributions alimentaires sur son campus universitaire.

      Le résultat que je vous livre ici est là aussi tout à fait enthousiasmant [non] puisqu’à la différence du classement de Shangaï ce sont non pas 27 universités et établissements mais (au moins) 40 !!! L’excellence de la misère à la française.

      Quelques précisions :

      – ce classement n’est pas exhaustif (j’ai fait ça rapidement via des requêtes Google)
      – l’ordre des universités ne signifie rien, l’enjeu était juste de lister “l’offre” qu’elles proposaient sans prendre en compte l’ancienneté ou la fréquence de ces distributions ni le nombre d’étudiant.e.s touché.e.s
      - ce classement est très en dessous de la réalité : par exemple je n’ai inscrit qu’une seule fois l’université de Nantes alors que des distributions alimentaires sont aussi organisées sur son campus de la Roche sur Yon. Beaucoup des universités présentes dans ce classement organisent en fait des distributions alimentaires sur plusieurs de leurs campus et devraient donc y figurer 2, 3 ou 4 fois au moins.
      - je me suis autorisé, sans la solliciter, à utiliser comme crédit image la photo de Morgane Heuclin-Reffait pour France Info, j’espère qu’elle me le pardonnera.

      [Mise à jour du 16 Août]

      On invite aussi le gouvernement à regarder le classement du coût de la vie pour les étudiantes et étudiants : en constante augmentation, et atteignant une nouvelle fois, pour cette population déjà très précaire, des seuils d’alerte indignes d’un pays civilisé.

      Enfin on pourra, pour être complet dans la recension de l’abandon politique de l’université publique, signaler la stratégie de mise à mort délibérée par asphyxie conduite par les gouvernements successifs depuis plus de 15 ans. Extrait :

      “En dix ans, le nombre de recrutements d’enseignants-chercheurs titulaires a diminué de près de moitié, avec 1 935 ouvertures de poste en 2021, contre 3 613 en 2011. En 2022, on enregistre un léger sursaut, avec 2 199 postes de professeur d’université et de maître de conférences ouverts.

      La situation est d’autant plus paradoxale que les universités se vident de leurs enseignants-chercheurs chevronnés, avec un nombre de départs à la retraite en hausse de + 10,4 % en 2021 et de + 10,5 % en 2022, selon une note statistique du ministère publiée en juin. Un avant-goût de la décennie qui vient, marquée par des départs massifs de la génération du baby-boom : entre 2021 et 2029, le ministère prévoit une augmentation de 53 % en moyenne, et de 97 % en sciences – le bond le plus élevé.“

      https://affordance.framasoft.org/2023/08/classement-shangai-miam-miam

  • Au #Mali, des terres rendues incultivables par le “fléau chinois”

    Des populations rurales maliennes dénoncent l’#exploitation de #sites_aurifères par des sociétés chinoises qui dégradent leurs terres agricoles. Face au silence des autorités, ces populations s’organisent, rapporte le site “Sahélien”. Ce cas malien illustre un phénomène plus large en Afrique, celui de l’accaparement de #terres_arables par des entreprises internationales.

    Dans le champ de Bourama Konaté, c’est l’inquiétude qui se lit sur son visage. À peine après avoir mis en terre quelques semences de #coton, ce jeune cultivateur voit déjà une saison incertaine. “Nous avons commencé à semer le coton ici, mais cette année, nous ne sommes pas assez rassurés. Chaque année, nous travaillons dans la joie et la quiétude mais, cette fois-ci, c’est tout le contraire. Les Chinois sont venus et nos terres agricoles leur sont octroyées pour qu’ils les exploitent, et cela nous rend triste”, déplore-t-il.

    Dans cette commune située à plus de 80 kilomètres de Bamako, l’agriculture est la principale activité économique des habitants. Comme Bourama, Dramane Keita est au bout du désespoir.

    Même avec les premières pluies, il n’a rien semé dans le bas-fond en passe de devenir un site minier. “Nous les avons suppliés de ne pas creuser ces terres, car s’ils le font, […] nous ne pourrons même plus cultiver du #maïs sur ces parcelles parce que l’#eau va stagner et l’on ne pourra non plus cultiver du #riz ici. Déjà cette année, nous n’avons pas pu cultiver du riz. Jusqu’à présent, je n’ai rien fait dans mon champ, alors qu’on est bien dans l’hivernage. Regardez par ici, ce n’est pas encore labouré”, explique-t-il.

    Et de poursuivre : “C’est notre année qui est fichue comme ça. Que le gouvernement nous vienne en aide. Ça me fait tellement mal, je n’ai nulle part où me plaindre. Ils ont emprisonné mon grand frère et tout est gâché chez moi. […] On est trop fatigués.”

    Terres rendues incultivables

    Remontés contre les autorités communales, des jeunes venus des quatre villages touchés par ce qu’ils appellent le “#fléau_chinois” manifestent pour demander l’arrêt des activités minières sur leurs terres. “Nous, la jeunesse, sommes mobilisés et ne comptons plus nous arrêter. On veut qu’ils partent de notre commune, on n’aime pas leur travail. On ne veut pas de polémique ni rien. On ne souhaite pas faire de violences, mais s’ils poussent le bouchon un peu loin, on va rebondir”, affirme Bakary Keïta, un manifestant.

    Fatoumata Traoré, la représentante des femmes, abonde dans le même sens : “Que ce soit nos bas-fonds ou autres parcelles dédiées aux travaux des femmes, tout a été détruit. On n’a plus où cultiver. Ce qu’ils nous ont causé est invivable. Et nos âmes y resteront s’il le faut. Car le seul endroit qui nous reste est aussi dans leur viseur. Nos champs d’orangers, de manguiers ont tous été confisqués. Si tu veux tuer une famille, il faut lui retirer sa terre agricole.”

    Tout a commencé le 24 juillet 2021 lorsque la société [chinoise] #Yi_Yuan_Mines a signé un projet de convention avec le chef du village de #Naréna demandant l’autorisation d’exploiter certains sites en contrepartie de projets de développement dans la commune. “Je pense que c’est des oppositions gratuites. Les permis ont leur valeur. Ce sont des #permis qui sont en bonne et due forme. Il y a un modus vivendi entre les propriétaires terriens et les Chinois quand ils faisaient de la recherche. Ils étaient d’accord pour ça. […] J’ai les écrits des quatre propriétaires terriens et ceux du chef des conseils de Naréna, où tout le monde dit qu’il est d’accord. Alors, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ?” répond Nambala Daouda Keita, maire de Naréna.

    À la tête de l’association #Sikida_Lakana, Broulaye Coulibaly indique avoir alerté les autorités locales face aux dangers de l’#exploitation_aurifère. “J’ai appris qu’ils ont commencé à creuser sur un site (#Djolibani) et je m’y suis rendu. Par la suite, j’ai informé le chef du village en lui disant d’y faire un tour pour constater les dégâts. Car, s’ils continuent cette activité, ils nous chasseront d’ici. Sans avoir une suite, j’ai entamé la même démarche chez le sous-préfet, à qui j’ai recommandé l’arrêt des activités pour qu’on discute entre nous d’abord. Ce dernier m’a fait savoir qu’il ne peut pas ordonner l’arrêt des travaux et que je pouvais également leur demander de l’argent s’il arrivait qu’ils aient besoin de mon champ.”

    Accords au sommet, désaccords à la base

    Pour la société Yi Yuan Mines, ce bras de fer ne devrait pas avoir lieu. “La réalité, c’est l’État malien qui a donné le permis à travers le #ministère_des_Mines. Il est dit que l’État est propriétaire de la terre. Alors que les villageois pensent tout à fait le contraire, ils estiment être les propriétaires de la terre. Il n’y a pas de paradoxe parce que ce n’est pas le #permis_de_recherche qu’on a mais un #permis_d’exploitation. Et ç’a été diffusé partout. Mais malgré tout, ils s’opposent”, affirme Boubacar Abdoulaye Diarra, représentant de l’entreprise chinoise.

    Pour ce qui concerne les dégâts causés sur la #biodiversité, Boubacar Abdoulaye Diarra répond : “Le plus souvent, les #orpailleurs traditionnels utilisent des ‘cracheurs’ sur le terrain. Ça, c’est pour broyer la matière. En le faisant, ils sont obligés d’apporter sur le terrain les produits qu’il faut, pour essayer de concentrer un peu l’or, et c’est là où il y a dégâts. Lorsqu’ils utilisent ces produits avec de l’eau, il y a toujours ruissellement, et puisque c’est un produit toxique, ça joue sur la nature. […] Mais les produits que nous utilisons ne vont pas dans la nature.”

    En août 2021, le procès-verbal de constat réalisé par un huissier ainsi qu’un autre rapport de la Direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN) indiquent que ces activités, sans études environnementales au préalable, nuisent à l’écosystème.

    Il a donc été recommandé à la sous-préfecture la suspension des travaux pour permettre à ces sociétés de se conformer aux normes requises à travers l’obtention d’un permis environnemental et social, d’un permis d’exploitation de l’or et le paiement des infractions commises.

    C’est le 7 avril 2022, soit un an après la signature du projet de convention d’exploitation, que la société Yi Yuan a obtenu le permis d’exploitation délivré par le ministère des Mines, de l’’Énergie et de l’Eau pour exploiter une superficie de 100 kilomètres. Un permis qui ravive les tensions et les craintes liées à l’#impact_environnemental.

    Sursaut de la société civile

    Face à la dégradation des terres et pour venir en aide aux habitants, une organisation non gouvernementale procède au remblai des fosses d’anciens sites miniers, au reboisement et au curage des rivières.

    Mais aujourd’hui la nouvelle situation n’arrange pas les choses. “Cela impacte également notre projet de #barrage prévu à Lankalen. Ce projet a été annulé à cause des travaux des Chinois. Car les lieux sont proches l’un de l’autre. Ce qui impacte les activités, précisément les cours d’eau. Lorsqu’on analyse, il était impossible de pêcher cette année dans ces rivières, ni d’entretenir les plantes à cause des eaux de ruissellement issues des sites”, souligne Moustapha Berthé, agent de l’ONG Azhar.

    Sur place, la tension était vive le mardi 14 juin 2022. Ce jour-là, une rencontre entre les autorités régionales, communales et coutumières a eu lieu à la mairie de Naréna pour un retour au calme. “Les autorités locales de Kangaba ne cessent de signaler une agitation sociale au niveau de Naréna, précisément dans le village de #Bayan, où une société chinoise du nom de #Yi_Yuan, en partenariat avec des Maliens, s’installe après l’obtention bien sûr d’un permis d’exploitation. Alors par suite de déficit communicationnel, les populations locales ont tenu à montrer leur mécontentement”, a déclaré le colonel Lamine Kapory Sanogo, gouverneur de la région de Koulikoro, à la fin de la rencontre.

    https://www.courrierinternational.com/article/enquete-au-mali-des-terres-rendues-incultivables-par-le-fleau

    #Chine #Chinafrique #accaparement_des_terres #terres #or #extractivisme #terres_agricoles #résistance #mine #mines #orpaillage

  • Medical Disturbances as a Form of Patient Activism in China?
    https://madeinchinajournal.com/2021/02/08/medical-disturbances-as-a-form-of-patient-activism-in-china

    Written on 8 February 2021 Author: Xiao Tan and Tianyang Liu - Zhang Meimei, a singer aged in her thirties, underwent two plastic surgeries at the Shenzhen Peng’ai Hospital in 2017. Unsatisfied with the outcome, she asked the hospital for compensation of 1.2 million yuan. After payment was refused and a series of disputes, on 14 July 2020, she led several people in a protest in front of the building, carrying placards showing photos of her unsuccessful surgery and various slogans, including: ‘Shenzhen Peng’ai Hospital is black-hearted’, ‘Shenzhen Peng’ai Hospital inflicts much suffering’, and ‘Return justice to me, Shenzhen Peng’ai Hospital!’. The protest attracted significant publicity on the crowded street; the hospital reported the protest to the police and accused Zhang Meimei of creating a ‘medical disturbance’ (医闹, yi nao) (Xiang 2020).

    In China, the term yi nao was officially adopted in 2006, when the Ministry of Health made its first official statement on what the media described as an ‘yi nao incident’ (医闹事件) in Yunnan Province: a group of unemployed people had organised a disturbance in a hospital to obtain compensation for medical malpractice (Ministry of Health 2006; D. Wang 2015). The term has since been commonly used to refer to a form of disturbance that involves symbolic actions taken in hospitals, such as gatherings, sit-ins, public displays of crying, cursing medical staff, raising banners, displaying patients’ corpses, establishing funeral shrines, or blocking entrances (Liu and Tan 2020). The phenomenon of yi nao has attracted wide attention in Chinese society and has been discussed often in the annual Two Sessions (the meetings of China’s top legislature and top political advisory body), where only major issues are discussed (Chang 2020).

    The Logic of Yi Nao

    In scholarly analyses, yi nao has frequently been attributed to various structural problems within the Chinese healthcare system. Cuts to state subsidies have forced hospitals to seek other sources of financing, and newly imposed pricing structures have incentivised hospitals to sell medicines and technology-based services to subsidise their losses. Consequently, the overprescription of drugs and unnecessary diagnostic tests has become prevalent, leading to widespread discontent with unfairly high prices (Blumenthal and Hsiao 2015). The quality of services in Chinese hospitals is frequently perceived to be problematic (Hesketh et al. 2012). Treatment is seen as rushed, impersonal, and disrespectful (D. Wang 2015). Despite continuous efforts at health reform in the past decade, patients’ satisfaction with clinical services remains low (Yip et al. 2019).

    However, in the event of patient dissatisfaction, limited options for recourse are available and the existing channels are seen as biased (Hu and Zeng 2015; Pan et al. 2015; Zhang and Cai 2018). These structural problems have led some to adopt and justify yi nao as a way of protecting their rights when they believe they have been mistreated (there have also been cases driven entirely by economic interests). While some initiate yi nao with the help of their relatives and friends, organised groups will also stage a medical disturbance in exchange for money (S. Wang 2015).

    In recent years, yi nao has been increasingly interpreted as a phenomenon that plays on the stability-maintenance (维稳) mentality of the government and hospital management (Luan and Meng 2012; Xiao 2016; Liu and Tan 2020). In China, stability maintenance is a top priority and involves a set of interrelated strategies, measures, and ideologies that aim to maintain the rule of the Chinese Communist Party and prevent any social disturbances (ranging from mass incidents to small-scale, less-controversial civic disturbances) that might threaten the status quo and the legitimacy of the ruling regime (Benney 2016; Xie and Liu 2019).

    Despite the privatisation of financing since the 1980s, public hospitals remain closely tied to the government as their presidents are still appointed by the government and, as government cadres, are required to act in accordance with the core values and political agenda of the Party-State (Allen et al. 2014). They tend to adopt the same stability-maintenance mentality—prioritising social stability in decision-making, reflecting both the stability-oriented political structure and individual officials’ behavioural and ideological preferences. During yi nao incidents, public hospital management and local governments try to avoid any disruption to social stability. Therefore, they may choose to provide compensation as a pragmatic solution to appease the actors involved, which further incentivises people to resort to this type of action when discontent arises.
    Yi Nao as a Form of Patient Activism?

    In the academic literature on civic engagement and popular politics in China, patient activism has been largely overlooked. Activism refers to individual or group readiness to engage in legal and nonviolent protest (Moskalenko and McCauley 2009). Essentially, many of those involved in yi nao protests are demanding justice—in particular, from a healthcare system that is perceived as problematic and unfair, with an economically driven prevalence of overprescription, rushed and impersonal services, and an underdeveloped system of recourse. However, the agendas of yi nao actors are not always clear and consistent. These disturbances may be initiated by patients to defend their rights, but may also be exploited by organised groups, sometimes including gang members, to maximise their own profit. Yi nao frequently involves a series of publicity-attracting elements, with forms of performativity at their core to amplify the desired effect on the audience. Despite the ‘performative’ quality, yi nao cases can also be escalated and become violent, especially when carried out by organised groups. Crucially, while yi nao protestors usually frame their activities as an apolitical expression of discontent over unfair treatment, they may advance to perform types of public disruption that can be perceived as explicitly threatening social stability, thus transforming these actions into a political challenge.

    Relatedly, yi nao is a manifestation of ‘activist citizens’, who differ from ‘active citizens’ in that they do not follow institutionalised rules of civic participation, but subversively disrupt rules and routines within institutionalised contexts by transforming them into new sites of struggle (Isin 2008: 39). In other words, the creation of counterspaces through yi nao within institutionalised venues can be understood as a rupture in and interruption to the institutional makeup of society that render visible and audible new sites of claim-making. For example, yi nao’s creation of counterspaces usually involves highly visible and noisy intrusions into administratively controlled places in hospitals, such as by placing coffins and corpses in entry and reception areas, burning paper money, playing folk funeral songs, or raising banners. Disobedience through the production of counterspaces, therefore, is exploited to render the patient’s voice audible and make visible in the public sphere the perceived ‘wrongs’ they address. The radical nature of their actions also shifts the scale of visibility of the patient body politic, making their grievances a news story in the mainstream media.

    However, yi nao is much less ambitious in its goals. The ultimate demand is typically economic compensation, rather than comprehensive reform of the healthcare system that would better promote justice and protect patients’ rights. Essentially, yi nao actors navigate their own concerns and needs and those of the government while capitalising on the political sensitivity of stability maintenance to fulfil their economic interests. That the regime is not especially threatened by yi nao is also evident in the fact that police are relatively tolerant of such incidents. In our review of cases of medical disturbances between the end of 2013 and the end of 2018, hospitals generally reported such situations to local police; however, it was only when actions became serious and violent that the police intervened (Liu and Tan 2020).

    To some extent, it was exactly this relatively ‘benign’ approach by the authorities that led wronged patients to look on the government as their protector and provided a space for the emergence of yi nao. The government has tended to be more tolerant of yi nao actors than of participants in other forms of social activism. In our study, we found that the leaders of such incidents were most likely to be given short-term administrative detention, ranging from one to two weeks, and only occasionally criminal detention for several months or years. There were frequently no consequences for those involved in yi nao other than the organisers.

    What’s Next?

    Similar to the situation in many other areas, in recent years, the government’s tolerance of yi nao has been shrinking. In the Amendment IX to the Criminal Law of the People’s Republic of China in 2015, gatherings designed to disrupt the normal order of medical settings were defined as illegal. In July 2016, the National Health and Family Planning Commission, along with eight other state ministries, launched a one-year special hard-strike campaign to crack down on medical disturbances. On completion of the campaign, the commission and other government bodies issued new measures to maintain the normal order of medical settings and punish yi nao actors (National Development and Reform Commission 2018; National Health Commission of China 2017). Significantly, the National People’s Congress approved the Law on the Promotion of Basic Medical and Health Care in 2019, which further bans any organisation or individual from threatening or harming the personal safety or dignity of health workers. Following these central government policies, local governments have also taken a less tolerant approach and the police have become more actively engaged in recent yi nao cases.

    In fact, there has been much less news coverage of yi nao cases than in the past, either due to the waning of this phenomenon or because of increasingly strict censorship. Initially, yi nao’s apolitical goals and strategies playing on the stability-maintenance mentality of governments and hospitals created a space for such protest. However, the involvement of radical and violent elements has contributed to yi nao being interpreted as a crime. With the more proactive recent approach of the Chinese Government, medical disturbances may be becoming a thing of the past.

    This research was supported by China’s National Social Science Foundation, Youth Project (20CZZ014).

    #Chine #iatrocratie #医闹 #yi_nao

  • Ecrire en #yiddish : #Isaac_Bashevis Singer et la langue des fantômes | Le HuffPost
    https://www.huffingtonpost.fr/edith-ochs/langue-yiddish-litterature_b_2717800.html

    LITTÉRATURE - « Les fantômes aiment le yiddish et, pour autant que je sache, ils le parlent tous. Je ne crois pas seulement aux démons et aux autres esprits, mais aussi à la résurrection. Je suis sûr qu’un jour, des millions de cadavres parlant yiddish se lèveront de leurs tombes, et la première question qu’ils poseront sera : quel est le dernier livre paru en yiddish ? » déclara Isaac Bashevis Singer dans son discours de remise du prix Nobel de Littérature en 1978.

    Le Cahier de l’Herne foisonnant, dirigé par Florence Noiville, qui lui est consacré, rassemble une vingtaine d’auteurs et des documents passionnants [1]. Il s’accompagne de diverses manifestations culturelles au cours du printemps [2].

  • Zalmen Gradowski, ou la poésie comme témoignage
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/11/21/gradowski-poesie-temoignage

    Les quatre textes disponibles de Gradowski, sous la forme de deux liasses retrouvées séparément à la libération du camp en 1945, constituent un seul et même récit. Il raconte comment sont progressivement et savamment brisés tous les liens qui se nouent entre les humains et les unissent au monde, aux lieux, aux objets, aux êtres ; tous ces fils innombrables qui font la trame d’une vie, forment le tissu conjonctif d’une humanité et, à l’intérieur de celle-ci, font de chaque humain un monde – qui font monde. Ces quatre textes épinglent les événements marquants comme autant d’étapes d’une expérience narrée à la première personne et jalonnent un récit d’un lyrisme halluciné et visionnaire mis au service d’une démonstration rigoureuse, implacable et profondément politique, révélant le processus de destruction de l’humain en chacun de ces individus qui jadis composaient encore un peuple, une « famille », dit Gradowski. Progressant pas à pas – « N’aie crainte, écrit Gradowski s’adressant à son lecteur, je ne te révélerai pas la fin avant de t’avoir montré le début » –, de texte en texte, ce récit lancinant met en scène l’œuvre de désintégration systématique et inlassable de l’humain, sans cesse recommencée jusqu’à l’anéantissement, car toujours des fils se renouent au sein même du camp et retissent ailleurs et autrement d’autres liens entre les prisonniers ou avec leur milieu.

    #Zalmen_Gradowski #Auschwitz-Birkenau #Sonderkommando #yiddish #Shoah

  • Topophilie, rencontres intimes avec le paysage
    https://topophile.net/savoir/topophilie-rencontres-intimes-avec-le-paysage

    1961, le géographe sino-américain Yi-Fu Tuan émet ses premières réflexions sur la topophilie qu’il définira en 1974 dans le livre éponyme comme « le lien affectif entre les gens et le lieu ». Nous en proposons la traduction inédite. Vraisemblablement nourri par les pensées topophiles et poétiques de W. H. Auden et Gaston Bachelard, il appelle les... Voir l’article

  • En Australie, Rio Tinto pourrait détruire 124 sites aborigènes | korii.
    https://korii.slate.fr/et-caetera/australie-compagnie-miniere-rio-tinto-pourrait-detruire-124-sites-aborig

    Le 27 mai dernier, deux #grottes aborigènes vieilles de 46.000 ans avaient été réduites en poussière par l’entreprise minière Rio Tinto. Aujourd’hui, malgré la démission du patron du groupe face à l’indignation générale suscitée par ces #dynamitages, le Guardian révèle que 124 sites #aborigènes supplémentaires sont menacés par l’activité du géant minier.

    C’est le comité parlementaire fédéral enquêtant sur l’explosion des sites de la gorge de Juukan qui a eu accès à ces informations. Selon des témoignages récoltés, plusieurs « propriétaires traditionnels » appartenant au peuple #Yinhawangka de la région de Pilbara, en #Australie-Occidentale, auraient été poussé·es à signer un accord permettant à #Rio_Tinto d’exploiter leurs #terres, où se situent 124 sites aborigènes, dont une grotte aborigène vieille de 27.000 ans.

    #extraction

  • Eritrean refugees fight Afwerki’s regime

    Exiles from the northeast African country are using social media and TV satellites as weapons to resist the brutal government of Isaias Afwerki.

    “It doesn’t make sense for me to come to Malta and complain about Maltese society,” said Major Sium, a 35-year-old Eritrean asylum seeker. “I want to complain about my government. I want to talk about the regime that caused my displacement.”

    Sium sat at a restaurant in the town of Msida in Malta along with two other Eritrean asylum seekers. They were here to speak about their experiences in the small island nation. But they quickly changed the topic, retracing a haunting picture of their lives back in Eritrea – often referred to as the “North Korea of Africa” – shaped by indefinite and compulsory national conscription and wide-scale human rights abuses.

    “We are here because of an unelected regime that is steering the whole nation into becoming refugees or submissive subjects,” Sium says. Several buzzing fans propped on the walls spew hot and humid air over the table.

    “This is a government that rules the nation by fear. It enslaves and arrests its citizens and doesn’t have any regard for the values of human rights. As long as these issues that forced us to flee continue, we can never think about going back to Eritrea.”

    But Sium is not sitting idle. He has decided to do something about it.

    Like thousands of other Eritreans in exile or from the diaspora, Sium has joined a growing social movement aimed at toppling President Isaias Afwerki’s regime in Eritrea through social media campaigns that highlight the brutal and oppressive practices of his government, while encouraging other Eritreans to speak out.

    “I don’t live there anymore so they can’t hurt me,” Sium said. “They will instead target my family and they will try and hurt them to punish me. Of course, I am scared. But how much longer can we possibly go on living in fear?”

    Oppressive regime

    After fleeing into neighbouring Sudan, it took Sium 11 days to travel from Khartoum to Tripoli in Libya, where he boarded a wooden fishing boat in July 2013, along with hundreds of other migrants from North Africa and the Middle East, and took the perilous journey across the Mediterranean, where thousands have lost their lives over the years attempting to reach Europe.

    “We were all terrified,” Sium said. “We were in the boat for three days. The boat was so overcrowded. There was no space to move. People were getting sick and shouting. All you could see was endless blue sea on all sides of you. It was horrible.”

    After two days, the engine permanently broke down and the boat stopped moving. “People started going crazy. They began jumping into the sea because the heat was too unbearable,” Sium recounted. “People were panicking and praying. Some of the passengers began confessing their sins. It felt like judgement day.”

    Someone had a mobile phone and called an Eritrean priest living in Italy, who then alerted authorities. It took about 14 hours before the Italian and Maltese coast guards arrived to rescue the refugees and migrants. Sium was taken to Malta, where he was given subsidiary protection status – a temporary status that does not provide a path to permanent residency or citizenship.

    Sium never aspired to travel to Europe. “The only thought in my mind was getting out of the country and finding a place where I could have safety and liberty,” he said. Sium was a teacher in Eritrea’s national service and had always dreamed of fleeing the country. But it wasn’t until he was imprisoned for a year – accused of assisting a fellow teacher to flee – that he realised he no longer had a choice.

    Since 2001, Eritreans have lived under what Laetitia Bader, a senior Africa researcher at Human Rights Watch (HRW), says is “probably the most oppressive regime in Sub-Saharan Africa”. Eritrea gained independence from Ethiopia in 1993. The countries fought a bloody war from 1998 until 2000. For the past two decades, tensions have continued between the countries.

    Hostilities with Ethiopia provided Afwerki an impetus to create a system of repression and authoritarianism that has continued today, in which independent media is banned, criticisms are prohibited and scores of political prisoners face appalling conditions and torture – oftentimes held incommunicado, according to rights groups.

    The core of this system of control is the country’s compulsory and indefinite national conscription, which allows the government to “hold a large proportion of the adult population hostage”, Bader said.

    In their final year of secondary school, both male and female students are sent for basic military training at the Sawa military academy, where rights groups have documented systematic abuse, torture, degrading punishments and harsh working conditions.

    Following the basic training, “they are sent either into the military for the rest of their working lives or into civilian service – and they have no control over or say in their deployment or assignments they get. They are often sent far away from home with little pay,” Bader said.

    Eritreans in national service need government permission to so much as visit the home of their families. This permission is rarely granted, according to Bader. If an Eritrean is lucky enough to obtain permission to travel to another area of the country, they are issued a permit that details their national service status and exactly where they’re allowed to go.

    Checkpoints set up in between towns and cities in Eritrea ensure that no one is moving without government permission. According to HRW, 15% of the population has fled the country in the past two decades – and hundreds continue to flee each month.

    Sium wanted nothing more than to forget about Eritrea. “I always thought politics were pointless,” he said. “In Eritrea no one is speaking out. The best thing you can do is save yourself by escaping and living the rest of your life as a refugee until you die.”

    “What’s the point of speaking about a story that I left behind? It would be better for me to focus on where I am now and what I want to do now,” he added.

    Sium, along with 30-year-old Mazelo Gebrezgabhier, another Eritrean asylum seeker, had high hopes of being resettled in the United States. But after US President Donald Trump took office and froze the country’s refugee resettlement programme, their dreams of obtaining a normal life were shattered.

    “I’ve just been living and waiting for my turn to be settled in another country. I was told I was going to be resettled in America,” Sium said. “But after Trump got elected, it all suddenly vanished.

    “So we decided we needed to do something to change the situation back in our country. No matter how far you flee, it’s never the end. We decided we should start organising the refugees here to start speaking out.”

    Various nonprofits, civil society organisations and groups have emerged in the diaspora over the years to raise awareness and speak out against Afwerki’s human rights abuses. Last year, all the various organisations, individuals and groups active in the movement united under one hashtag: #yiakl or “Enough!” in Tigrinya, a language widely spoken in Eritrea.

    “We decided to create an umbrella movement that unites everyone,” Semhar Ghebreslassie, a prominent activist in the movement, explained. “Regardless of your politics or your ideologies, as long as you oppose the regime and want changes in our country then you are part of the movement.”

    Social media campaigns have involved Eritreans posting videos on social media of themselves reading the Universal Declaration of Human Rights (UDHR) in Tigrinya. In the #yiakl movement, Eritrean activists are identifying themselves, speaking out against the regime and then encouraging others to do the same.

    “I chose to use my real name because I want other people to come out from hiding and use their real names,” Sium said. “I want my people to know that we shouldn’t be scared to be doing what is right for our country.”

    “All of us, including me, have been really scared to use our real names when criticising the regime. But we need personal liberation. We have to stand up and think for ourselves. We need to stop thinking that the regime is following and watching us wherever we go.”

    He added: “The more we come together, the weaker the regime will be. This is how we are going to defeat it. We need to identify ourselves and be courageous if we want to change our country.”

    Sium and Gebrezgabhier are now organising the Eritrean asylum seeking community in Malta to also join the movement.

    “We realised that becoming refugees ourselves would not stop the problem of people becoming refugees,” Sium said. “The only reason that more than a million Eritreans have ended up as refugees in foreign lands is because of our silence.”

    In the blood

    Ghebreslassie fled Eritrea with just the clothes on her back. She embarked on the journey on 17 December 2014 – the day of her 28th birthday.

    Ghebreslassie, now 32, and a 17-year-old boy were led by a local smuggler across fields of maize and sorghum. They walked nonstop for two days and three nights, hiding behind bushes and mountains to avoid detection by armed Eritrean soldiers at the border, until they arrived in the first town in Sudan.

    “I’m not usually a girl who is scared of anything,” Ghebreslassie said. “There is a shoot-to-kill policy at the Eritrean border for those who flee. I kept thinking I was going to die on the same day that I was born. I was feeling amazed at the coincidence of that. You’re thinking of surviving and dying at the same time.”

    Her voice begins to crack as she fights back tears. “I kept thinking about my family. I was scared that if they caught me they would take my family to … prison.”

    Ghebreslassie stayed in Khartoum for about a year before a smuggler fixed her visa to France, allowing her to reunite with her siblings in Sweden, where she was eventually granted refugee status.

    Ghebreslassie was active against the regime even while she was in hiding for two and a half years in the Eritrean capital city of Asmara, after fleeing her teacher post in the national service. Eritrea is widely considered to be the least technologically connected and the most censored country on Earth.

    Only 1.3% of the population in Eritrea has access to the internet. In Asmara, there are only a few internet cafes, all of which are monitored by security agents. Eritreans are usually too fearful to read or open an opposition website because it could lead to interrogations or arrests.

    But Ghebreslassie was one of the few Eritreans willing to risk it.

    She got a job at an internet cafe in Asmara for a few months and stumbled upon the various groups abroad that were speaking out against Afwerki’s regime on social media. She became an informant for two opposition media outlets based in the United States and France and shared first-hand information on the happenings inside the country.

    But Eritrean soldiers often carry out “roundups”, where they search for national service deserters. “When you’re hiding, you can’t move from city to city because of the checkpoints. But even in the city, they sometimes come inside people’s homes, but mostly they stop people on the streets to check to see if they have a permit to travel,” Ghebreslassie explained.

    At times Ghebreslassie was not able to leave her home for days; other times she was forced to sleep at work in fear she would be caught in the roundups. Eventually, she decided to flee the country entirely.

    The farther she got from Eritrea, the louder Ghebreslassie’s voice became. In Khartoum, she regularly met with other Eritrean activists who had fled and when she arrived in Sweden, she quickly became an outspoken and prominent member of the movement on social media.

    “Once I left Eritrean soil, I couldn’t stop speaking out. It feels like it’s in my blood. The first time I was able to access wifi was in Sweden, and then I became very involved in politics.”

    Ghebreslassie has since helped organise scores of social media campaigns and protests against Afwerki’s regime, including the historic 2016 demonstration in Geneva in which thousands of Eritreans from the diaspora rallied in support of a UN commission report that accused the regime of committing “crimes against humanity” and “enslaving” up to 400 000 people.
    Afraid of their own shadows

    According to the Eritrean activists, the biggest obstacle for the movement is overcoming the fear that has followed them from Eritrea. “There is still a lot of mistrust among us,” Sium said. “There are still [pro-regime] informants among us. We are scared to speak out against Afwerki to anyone. This fear has followed us to Malta.”

    Amnesty International released a report last year detailing the harassment by the Eritrean government and its supporters against Eritrean activists in the diaspora, which included activists being assaulted, harassed and threatened.

    Ghebreslassie herself has been barraged with death threats since becoming a visible and vocal member of the movement. “They tell me to stop or else they will find me and kill me,” she said.

    Bader concurred, saying that “the government definitely has a long arm and it has different ways of maintaining control and monitoring individuals outside the country”. There have also been concerns of Eritrean translators and interpreters in the European asylum systems being security agents and government collaborators.

    Activists also face serious risks of their family members being targeted back in Eritrea, Bader said. But, according to Ghebreslassie, the more activists come out from hiding, using their real names and identities, the more others are encouraged to do the same.

    “The fear is overwhelming,” Ghebreslassie said. “People are afraid of their own shadows. It’s very difficult for us to convince people to come out and speak out. But I tell people that if there are only a few people speaking out, then of course the regime will target our families. But if there are many of us, how will the regime hurt all of our families?”

    Gebrezgabhier said: “I am very worried about my family. But the fear doesn’t matter anymore. The regime is making all of us into refugees. We can’t tolerate living in fear anymore.”

    According to 23-year-old Vannessa Tsehaye, the founder of the rights organisation One Day Seyoum – named after her uncle who has been imprisoned in Eritrea since 2001 – a major turning point for the movement was the 2018 peace deal between Ethiopian Prime Minister Abiy Ahmed and Afwerki. For 20 years, Eritreans were told that these restrictive measures on the population were necessary to ensure the country’s national security amid tensions with Ethiopia.

    But although telephone lines and flights between the two countries were restored and the border temporarily opened for a few months – before gradually being sealed again – nothing changed for the people of Eritrea. The number of Eritreans participating in the movement began to surge.

    According to activists, even dedicated regime supporters have begun changing teams, enraged by what they see as a two-decade-long lie by Afwerki to justify keeping hundreds of thousands of Eritreans in bondage.

    Ghebreslassie said that even a regime supporter who assaulted her in 2017 during a confrontation in Sweden has since apologised and joined the opposition movement following the peace deal.

    Last year, Ahmed received the Nobel Peace Prize for his role in the deal – to the disdain of Eritrean activists. Tsehaye, who spoke out against the Eritrean regime at the United Nations Human Rights Council (UNHRC) last year, said that awarding Ahmed the prize showed “huge disrespect to the people of Eritrea”.

    “All it has done is legitimise an extremely brutal regime on the international stage,” she said, pointing out that following the peace deal the UN lifted an arms embargo in place since 2009 on Eritrea and the UN General Assembly elected Eritrea to be one of the 47 member states of the HCR.

    https://www.youtube.com/watch?v=-_g9RysC5no&feature=emb_logo

    Whispers of resistance

    If fear is a defining hurdle for the activists in the diaspora, it takes the form of a straitjacket for those still living inside the country.

    Bader said that there is “definitely no open criticism or public or civil organisations” inside Eritrea. Besides almost “unheard of” protests in 2017 when the Eritrean government attempted to nationalise the Islamic school system in Asmara, “you don’t have public protests”, Bader said, and public gatherings of more than three people are completely banned.

    Anyone who publicly criticises the government is arrested and held in indefinite incommunicado detention without charge or trial, according to rights groups. Therefore, the movement is not only aimed at encouraging those in exile to speak out, but also those back in the belly of the beast.

    “We want to break the fear of our people back in our country,” Ghebreslassie said. “There’s so much fear. If you speak up you either get imprisoned or killed. But this has been going on for too long. If we don’t sacrifice anything we won’t gain anything. So we’re trying to break through the fear across the nation.”

    However, the limited access to the internet in Eritrea, along with the government’s strict censorship, makes the use of social media less effective at galvanising those still inside the country.

    Consequently, Eritrean activists in exile, part of the #yiakl movement, did something extraordinary: they established ERISAT (“Justice”), an opposition station that broadcasts into homes in Eritrea. It’s the first opposition satellite that has made a breakthrough into Eritrean airspace. Assenna Satellite TV, another opposition satellite TV station, followed suit.

    According to Ghebreslassie, the TV programmes are meant to communicate the campaigns and activities of the Eritrean activists in the diaspora and bring those still in the country into the discussions and debates.

    “But it’s not just about broadcasting our activities,” Ghebreslassie explained. “We also send personalised messages to our people in our country, like the police and army forces, and try to convince them to stand by their people and against the regime.”

    Afwerki’s government, seemingly in panic, has attempted to jam the channels’ airwaves.

    According to Ghebreslassie, subtle whispers of resistance are starting to be heard from Eritrea. Small groups of university students have organised themselves and distributed pamphlets that echo the sentiments of the #yiakl movement. Graffiti has appeared on the streets of Asmara that calls for an end to national conscription.

    “It’s small groups doing small things,” Ghebreslassie said. “But it doesn’t even sound real to me. This is a huge step for Eritrea.” Ghebreslassie believes this is a direct result of the movement’s satellite TV channels.

    Analysts have also pointed out that Afwerki seems to be increasingly concerned about the possibility of protests. Last year, he shut down health centres run by the Catholic Church, reportedly owing to the bishops criticising him, and carried out waves of random arrests.

    He also blocked social media sites in the country and closed internet cafes following the revolution in neighbouring Sudan. Analysts believe Afwerki is fearful that the revolutionary ideologies of the Sudanese could spread to Eritrea.

    Despite the long road ahead, the Eritrean activists are not giving up.

    “I’m not doing this just for my people,” Ghebreslassie said. “I’m doing this for myself. I was not supposed to be living here in Sweden. This is not my home. I’m supposed to be living in my own country and doing the jobs that I choose and eating the foods that I like.

    “We were robbed of so many of our rights,” she continued. “I still feel it inside. I feel like half of my life was stolen by the regime. I’m fighting to reclaim my rights from the regime and for all of those who have died by its hands and who can never be brought back to life and for those who are rotting in prison.”

    Her voice cracks again. She takes a deep breath and tries to steady it.

    “I’m doing this for my country because I love my country so much. All of us do. We want to change our country so that we can finally go home and live normal lives.”

    https://www.newframe.com/long-read-eritrean-refugees-fight-afwerkis-regime
    #Erythrée #Afwerki #diaspora #résistance #réfugiés #réfugiés_érythréens #lutte

    ping @isskein @karine4

  • Lire Sholem Aleykhem en temps de confinement
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/04/29/lire-aleykhem

    L’évocation du milieu interlope du théâtre juif à ses débuts passe par l’accumulation de péripéties plus ou moins vraisemblables, qui tout en maintenant un substrat réaliste rappellent constamment le roman populaire ou le roman-feuilleton, avec ses scènes mouvementées et ses aventures en cascade : arrivée du théâtre ambulant dans la bourgade juive, qui vient enchanter la vie quotidienne et provoque la fuite ou l’enlèvement rocambolesques des deux jeunes héros, ces « étoiles vagabondes » qui, comme dans la légende, s’attirent invinciblement sans jamais se rejoindre ; voyages initiatiques qui éprouvent la vocation artistique à l’aune du desserrement des restrictions de la vie traditionnelle ; accomplissement de l’art, payé au prix fort de la solitude, des trahisons amoureuses et de la culpabilité induite par le processus de rupture. Condensé par la fantaisie carnavalesque et le foisonnement du « roman comique », c’est tout le douloureux apprentissage de la modernité et de l’acquisition de l’individualité émancipée au crible de l’expérience personnelle qui est symbolisé de façon transposée à travers la verve romanesque. À la suite du processus d’émigration outre-Atlantique, la description se fait de plus en plus satirique, à mesure que la perte de l’innocence accompagne le dévoiement de l’idéalisme initial, traduisant la dégradation des valeurs par les compromissions de l’art naïf de l’origine, au profit de la marchandisation des talents, annonçant déjà le futur star-system hollywoodien et dénonçant la médiocrité du répertoire et des performances artistiques. Sholem Aleykhem, lui-même peu satisfait de ses deux séjours américains (la Première Guerre mondiale le contraint à revenir y passer les dernières années de sa vie), n’a de cesse de montrer l’envers du rêve émigrant et pastiche avec ironie le melting pot linguistique et l’abâtardissement de la langue et des coutumes du Vieux Monde.

    #Sholem_Aleykhem #livre #littérature_yiddish #Yiddish
    ping @febrile

  • Les olives amères de Palestine
    https://visionscarto.net/les-olives-ameres-de-palestine

    Chaque année, aux mois d’octobre et de novembre, a lieu la récolte des olives en Palestine. À l’occasion de la cueillette, la violence de certains colons israéliens à l’égard des paysan·nes redouble d’intensité. Pour protéger un tant soit peu les familles de ces agressions, des bénévoles de la terre entière viennent les assister. Cette saison, la violence a eu pour cible les bénévoles mêmes. Voici quelques éléments pour tenter de comprendre une situation très problématique. par Johanna Schreiner L’olive en (...) #Billets

  • Continuous Influx of Eritrean Refugees Challenges Ethiopia

    Refugee and host communities in Ethiopia came together on June 20 to commemorate World Refugee Day through various cultural activities, organized within refugee camps as well as urban settings. But the reality behind the festivities is that hundreds of Eritrean refugees continue to cross the border between Eritrea and Ethiopia every day.

    Despite the peace deal between Ethiopia and Eritrea, signed in July 2018, the internal situation and oppression of Eritrean people, mainly through the indefinite military service, remains intact. The continued inflow of young Eritreans fleeing oppression is putting strain on Ethiopia’s refugee camps.

    A senior official from the Ethiopian refugee agency has reported that Eritrean refugees continue to arrive in Ethiopia in large numbers, 250 to 300 persons a day. The increasing number of people residing in refugee camps is posing an enormous challenge for the Ethiopian Agency for Refugees and Returnees Affair (ARRA) as well as development and relief organizations working with refugees. “We have challenges of shelter, Core Relief Items (CRI), water and energy alternatives,” states the senior official. Earlier reports indicate that many young Eritreans currently flee due to the increase of raids, Giffas, to force them into the indefinite national service.

    It is not just Eritreans who are fleeing the country. According to the informed sources, around 5000 Somali refugees living in Eritrea are trying to reach Ethiopia in search of safety. Out of this group, more than 400 individuals have already arrived at Zalambessa, a border town between Ethiopia and Eritrea, where they are supported by Gulomokeda Wereda, a local administrative district of Tigray region.

    Ethiopia has introduced an open door approach and is currently hosting more than 915,000 refugees inside the country. Even though the Federal Government of Ethiopia has shifted its national legislation to give broader rights to refugees, including work permits, the strain on Ethiopian reception facilities is growing.

    Meanwhile, the European Union (EU) has hosted a summit in Brussels in which migration and its management was high on the agenda. The external migration policies of the EU have been challenged this week by a group of organizations through a joint initiative.

    In the letter, addressed to the president of the European Council, organizations denounced migration policies and platforms such as the Khartoum Process through which the EU and several member states cooperate with regimes accused of systematic and severe human rights violations.

    Civil society actors have been mobilizing in the form of legal action, campaigns and protests in order to challenge the adverse effect on human rights, democracy and rule of law that the EU’s external policies are creating. The Foundation Human Rights for Eritreans has initiated a court case against the EU’s €20 million project supporting the Eritrean regime to build roads through a forced labour. Amnesty International and seven other NGOs have taken legal steps against France over the allegedly unlawful donation of boats to the Libyan coast guard. Also, a young Ethiopian asylum seeker has sued the UK’s Department for International Development for funding detention centres in Libya where refugees are exposed to human rights violations, torture and abuse.

    Furthermore, NGOs have legally challenged the blocking of rescue operations on the Mediterranean Sea; meanwhile, a German rescue boat captain Pia Klemp faces prosecution in Italy for her rescue work. A group of lawyers has submitted a document to the International Criminal Court, which calls for EU prosecution over migrant and refugee deaths as a result of EU policy.

    Meanwhile in the Greater Horn of Africa, citizens are raising their voice. Sudanese citizens have been demonstrating, first against the oppressive regime and now against the Transitional Military Council, and are calling for a democratic civilian government. A group of prominent African activists has written an open letter urging Eritrea’s president, Isaias Afwerki, to launch political reforms and to protect human rights of Eritrean people.

    This initiative was predictably dismissed by the regime. Nevertheless, diaspora and even activists within Eritrea are pushing for change through the #Enough and #Yiakil campaign demanding end of indefinite national service, slavery and human rights violations.

    If change is to happen, oppressive leaders and militia should be held accountable for their actions through empowerment of the people. As the letter to the president of the European Council highlights, the EU should support the people, rather than unaccountable external actors, by directing its policies and instruments towards this objective. [IDN-InDepthNews – 22 June 2019]

    https://www.indepthnews.net/index.php/the-world/africa/2770-continuous-influx-of-eritrean-refugees-challenges-ethiopia

    #frontières #asile #migrations #réfugiés #Ethiopie #Erythrée #réfugiés_érythréens #passages #traversées

    Une news qui date de juin 2019, mais que je mets ici pour archivage, et notamment pour ces #statistiques #chiffres :

    A senior official from the Ethiopian refugee agency has reported that Eritrean refugees continue to arrive in Ethiopia in large numbers, 250 to 300 persons a day.

    J’ai trouvé ce chiffre aussi ici :
    https://seenthis.net/messages/808866

  • Une activiste israélienne qui a giflé le procureur d’Ahed Tamimi veut un procès politique
    Oren Ziv, +972, le 14 janvier 2019
    https://www.aurdip.org/une-activiste-israelienne-qui-a.html

    Yifat Doron dit qu’elle a giflé le procureur de l’IDF pour défendre son amie. « Nous ne sommes pas punis de la même manière que les Palestiniens pour les mêmes actions. »

    #Palestine #Ahed_Tamimi #Yifat_Doron #prison #criminalisation_des_militants #prisonniers_politiques #enfants #Justice #Injustice

  • Number One in Poverty, California Isn’t Our Most Progressive State — It’s Our Most Racist One
    https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2018/05/31/number-one-in-poverty-california-isnt-our-most-progressive-state-its-our-mos

    the Golden State is also number one in poverty and inequality in America.

    How can this be? Around the world, progressive economies like those of Sweden, France, and Germany, which redistribute wealth through high taxes and generous social welfare policies, boast far less poverty and inequality than other nations.

    What gives? And how does California maintain its reputation as a progressive leader given the reality on the ground? 

    If racism is more than just saying nasty things — if it is, as scholars like James Baldwin, Ta-Nehisi Coates, Michelle Alexander and countless others have described, embedded into socioeconomic structures — then California isn’t just the least progressive state. It’s also the most racist.

    (…)

    In the 2013 science fiction film, “Elysium,” the rich have fled to a luxury satellite orbiting Earth while the poor toil in dangerous conditions below. Life in California today differs in degree, not in kind, from that dystopian vision.

    (…) [#California]’s residents believe they are progressive.

    How do they maintain that fiction, which is more detached from reality than “Elysium” the movie? By living in a fantasy world where California is leading the world in saving the environment and fighting racism.

    But in saving the environment, California progressives increased electricity rates, hurt manufacturing, and allowed carbon emissions to rise even while they declined in the rest of the U.S.

    #californie #racisme #inégalités #sf

  • YIMBYs Exposed: The Techies Hawking Free Market “Solutions” to the Nation’s Housing Crisis
    http://inthesetimes.com/features/yimbys_activists_san_francisco_housing_crisis.html

    Zamudio now sees the YIMBY ethos as an oversimplification that doesn’t take into account the racist history of development: “They’re like, ‘Just build housing, you stupid brown people! I moved here last week, and I need a place to live!’ ” Zamudio has come to believe the YIMBY movement “is about developers and speculators who are starting to get a bad rap and need to rebrand themselves.”

    In order to sort through the wildly divergent portraits of the YIMBYs, In These Times looked at the ideology, lobbying efforts and funding of Bay Area YIMBY groups.

    #libertariens #san-francisco #logement #racisme #gentrification #YIMBY

    via @clhenrik

  • Une Israélienne et une Palestinienne giflent un soldat. Devinez qui est toujours en prison ?
    Edo Konrad, +972 Mag | Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers
    http://www.france-palestine.org/Une-Israelienne-et-une-Palestinienne-giflent-un-soldat-Devinez-qui

    (...) C’était à la fin de l’audience de détermination de la peine de Nariman Tamimi, la mère de Ahed qui a été arrêtée en même temps que celle-ci, que la militante israélienne Yifat Doron s’est levé et a giflé le procureur militaire en uniforme — un soldat. Juste comme l’a fait Ahed.

    Elle a été rapidement arrêtée.

    Le lendemain, la police a amené Doron devant un juge civil, dans un tribunal civil, et a demandé qu’elle soit mise en détention provisoire pendant cinq autres jours, en argumentant du fait qu’elle avait besoin de davantage de temps pour terminer l’enquête.

    Doron, qui a insisté sur le fait qu’elle voulait assurer sa propre défense, a dit au juge qu’elle ne s’opposait pas à son maintien en prison et qu’elle était réellement d’accord avec la police. “Quiconque ne se conforme pas à votre régime d’apartheid ou ose penser de façon indépendante représente effectivement une menace pour la police,” a-t-elle déclaré. (...)

    traduction de cet article : https://seenthis.net/messages/680556

    • Why Yifat Doron slapped the prosecutor at the Tamimi trial– and only spent two days in jail
      Yoav Haifawi on March 29, 2018
      http://mondoweiss.net/2018/03/slapped-prosecutor-tamimi

      (...) The motive

      Mainstream media will, as always, attempt to fit news events into well recognized patterns, thus it mentioned an incident which took place during Ahed Tamimi’s trial. It spoke of an Israeli-Jewish supporter who got up and slapped an officer. By meeting Yifat and reading the court papers for her remand, I learned that both the facts and the political perspective behind her actions differ from those first offered by the media.

      Yifat Doron in court, by Iris Bar

      First, as mentioned, Ahed’s trial took place in camera, so the incident could not happen within the trial. The same Wednesday, March 21, 2018, another trial was held at Ofer, that of Ahed’s mother, Nariman, and her cousin, Nur Tamimi. Due to the decision to hold them in remand until the end of the proceedings, faced with the possibility of being held in prison for a longer term until the trial concludes, both Ahed and Nariman were forced to accept a plea bargain which includes eight months jail time for each. The court was in session to formally sanction these pleas, including that of Nur, who had been previously released and whose punishment did not include further jail time. Although obviously a mere formality, the military judge took her time during the hearings to contemplate whether or not to sanction the agreed upon terms. Finally, just before 7 pm, the judge rose and left the hall after sending Nariman to eight months in prison. That was the moment when Yifat approached the prosecutor, a high ranking officer, and expressed her protest.

      Yifat explains that not only did her protest technically take place at the end of Nariman’s trial; it was in fact motivated by the distress caused to her by Nariman’s arrest. She kept close contact with Nariman throughout years of political struggle and feels strong friendship and deep appreciation toward her.

      She speaks of a sense of kinship brought about by difficult experiences. She remembers the time when Rushdi Tamimi, Nariman’s brother, was shot by Israeli soldiers just behind the family home. When news came that Rushdi’s physical state was deteriorating, she, along with other people from the village, went to the hospital and were gathering there when the news came out that he “istashhad” – became another martyr of the struggle. She sat by the hospital bed of another family member, Mustafa Tamimi, whom she describes as “kind hearted and a true gentleman”. The soldiers shot a tear gas grenade directly to Mustafa’s head; he was fatally wounded and died the following day.

      She accompanied Nariman when her husband, Bassem, was arrested and consequently tried for organizing protests in their village of Nabi Saleh. She recalls how Nariman was shot in the leg by a live bullet during a protest, an injury which shattered her bone and took her down a long road of recovery. She was with her and felt her pain when her children were beaten by soldiers and at times arrested. For years Nariman and Bassem’s home has been a safe haven for her.

      Now, with Nariman herself in prison, Yifat felt that she could not just pretend that matters were business as usual. She felt the need to act, to protect her friend, to cry out against what seemed to her to be so utterly unjust, an additional pain inflicted on the least deserving of all women. For her this is not about solidarity in its abstract form, or a mere political statement, it is rather a more personal involvement, the politics of non-separation, of being connected organically. In this sense she was no stranger to the thought of spending some time in prison, as she has seen many of her friends do throughout the years. (...)
      In retrospect, and although it was not Yifat’s intention, the court’s decision gave good service to the struggle which she acted to support. As the eyes of the world turn to Ahed Tamimi, a girl imprisoned for slapping a soldier, Yifat’s swift release supplied the utmost proof for the real reason behind Ahed’s arrest. Ahed, like thousands of other Palestinians, is under arrest for the worst crime in Israeli law books: that of being Arab.

      Yifat is frustrated by the fact that not only the courts but other well-meaning folk relate to her as that “Jewish Israeli activist”. “If what they want is to label us according to sectors and not based on our humanity, they might as well write that a woman protested on behalf of another woman, her friend”, she says. “That would be much more relevant to the case at hand.”

      “The differentiation made by the police and the court system classifying us as Jews and Arabs and treating us accordingly is not only part and parcel of its apartheid regime but also serves to strengthen and maintain the status quo”, she explains. Judaism to her is a religion and as she is not religious, she finds the description irrelevant. She does not define herself as Israeli either, at most, she can be described as a blue ID holder (as opposed to the green ID issued to Palestinians in the West Bank by Israel, which is a symbol of their rights deprived). Her message is the steadfast resistance of all those fighting for freedom and justice in taking apart the divisions forced on us by government.

  • Sous l’occupation, gifler un soldat est pire que tuer un Palestinien
    Jonathan Ofir, Mondoweiss, le 21 mars 2018
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/03/26/sous-loccupation-gifler-un-soldat-est-pire-que-tuer-un-palestin

    C’est aussi ce que disait le twitter de l’Agence Média Palestine ici :
    https://seenthis.net/messages/678548

    Ahed #Tamimi vient d’être condamnée à 8 mois de prison par un tribunal militaire & arbitraire israélien. A 1 mois près, c’est la peine qu’effectuera le soldat franco-israélien Elor Azria qui avait assassiné un Palestinien gisant à terre #FreeAhedTamimi

    #Palestine #Tamimis #prison #criminalisation_des_militants #prisonniers_politiques #enfants #Ahed_Tamimi #Elor_Azarya
    #Apartheid #Justice #Injustice #deux_poids_deux_mesures

  • Deux épisodes distincts de mélange génétique entre les humains modernes et les Dénisoviens.

    Les chercheurs expliquent dans cette étude avoir examiné plus de 5 500 génomes d’humains modernes d’Europe, d’Asie et d’Océanie, à la recherche d’ADN archaïque possible. Après avoir repéré des variations dans les ADN, les scientifiques ont ensuite comparé ces segments aux séquences de Dénisoviens et de Néandertaliens, connues à partir des échantillons prélevés dans les montagnes de l’Altaï.

    Des recherches antérieures ont montré que si les Dénisoviens partageaient une origine commune avec les Néandertaliens, ils étaient presque aussi distincts des Néandertaliens que les Néandertaliens des humains modernes. Des travaux antérieurs ont également montré que les Dénisoviens ont contribué à l’ADN de plusieurs groupes humains modernes. Ils ont légué une part de leur ADN à environ 5 % des génomes des populations d’Océanie, et quelque 0,2 % aux génomes des Asiatiques continentaux et des Amérindiens. Les scientifiques avaient alors supposé que cet ADN de Denisova trouvé chez les humains modernes en Asie provenait du croisement entre les Dénisoviens et les Océaniens qui avaient émigré en Asie. Ce que détermine l’étude aujourd’hui, c’est qu’il y a eu en fait deux épisodes distincts de métissage.

    Les chercheurs suggèrent que les ancêtres des Océaniens se sont croisés avec un groupe de Dénisoviens du Sud, alors que les ancêtres des Asiatiques de l’Est se sont mélangés avec un groupe venant du Nord.

    we estimate 44,000–54,000 years ago for Denisovan admixture.

    (In Cell)

    Ainsi il y aurait eu au moins trois exemples de croisements d’humains modernes avec des populations humaines archaïques – un croisement avec des Néandertaliens et deux avec des Dénisoviens. Les scientifiques envisagent maintenant de rechercher plus de signes de croisements entre humains modernes et d’autres lignées archaïques dans d’autres populations à travers le monde. Ce pourrait être notamment le cas en Afrique, mais étant donné que le climat est plus chaud, personne n’a encore trouvé de fossiles humains archaïques avec suffisamment d’ADN permettant un séquençage.

    Pour ceux qui voudraient aller plus loin, voici la partie « géographique » abordée par l’article original :

    Denisovan and Neanderthal Introgression Maps
    Tiling Path of Denisovan and Neanderthal Ancestry Inferred from Modern Genomes
    Regions with Elevated Proportions of Archaic Ancestry
    Deserts of Archaic Ancestry
    Archaic Ancestry Is Reduced in the Genomic Regions Most Constrained by Selection
    Archaic-Modern Admixture Was Most Likely Associated with Reduced Male Fertility

    L’article de vulgarisation :
    http://sciencepost.fr/2018/03/les-humains-modernes-se-sont-croises-deux-fois-avec-les-denisoviens-dans

    L’article original :
    http://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(18)30175-2
    https://doi.org/10.1016/j.cell.2018.02.031
    L’article qui mentionne les éléments géographiques :
    http://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(16)30247-0
    https://doi.org/10.1016/j.cub.2016.03.037

    #Préhistoire #Néandertal #Dénisoviens #évolution #Sriram_Sankararaman #Swapan_Mallick #Nick_Patterson #David_Reich
    #Sharon R. Browning #Brian_L._Browning #Ying_Zhou #Serena_Tucci
    #Joshua_M._Akey #Université_de_Washington