« Les #cabinets-de-conseil coĂ»tent entre 1,5 et 3 milliards par an Ă lâEtat »
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Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre ( grands reporters Ă “lâObs” ) : « On fait comme si les hauts fonctionnaires Ă©taient nuls. Mais alors, pourquoi continuer Ă les embaucher ? Les rapports de lâInspection des finances, de lâIGAS, de la Cour des comptes sont-ils vouĂ©s Ă rester lettre morte ? »
CrĂ©Ă©e en novembre 2021 au SĂ©nat, la Commission dâenquĂȘte sur « lâinfluence des cabinets de conseil sur la conduite des politiques publiques » auditionne ce mercredi les responsables de la SNCF, dâEDF et de La Poste aprĂšs avoir entendu les dirigeants de plusieurs structures comme McKinsey ou le Boston Consulting Group. Le livre-enquĂȘte Les InfiltrĂ©s dĂ©nonce la montĂ©e en puissance des consultants au cĆur du pouvoir qui, selon ses auteurs, dĂ©possĂšde lâadministration de compĂ©tences essentielles.
Les cabinets de conseil, tels McKinsey, Boston Consulting Group ou Bain, sont dans le collimateur depuis la crise sanitaire. Quel a été le montant de leurs interventions⯠?
Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre : Lâenveloppe globale sâĂ©lĂšve Ă 24,6 millions pour les seuls dix-huit premiers mois de la crise, soit 47 contrats signĂ©s avec 7 entreprises de consulting. McKinsey a perçu la plus grosse part (10,7 millions). DĂšs mars 2020, la problĂ©matique des masques Ă©tait au cĆur de ces demandes avec lâĂ©valuation des stocks, les questions de logistique, Ă raison dâun contrat toutes les deux ou trois semaines. Ont suivi des marchĂ©s sur les tests, lâapprovisionnement en rĂ©actifs, puis sur la stratĂ©gie vaccinale.
En 2015, la Cour des comptes estimait le coĂ»t du recours aux cabinets de conseil Ă environ 150 millions dâeuros par an entre 2011 et 2013. Vous Ă©voquez aujourdâhui une fourchette globale dix Ă vingt fois supĂ©rieure : entre 1,5 et 3 milliards dâeuros.
Comment ĂȘtes-vous arrivĂ©s Ă un tel montant⯠?
M. A. : La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, AmĂ©lie de Montchalin, reconnaĂźt elle-mĂȘme que lâEtat ne sait pas combien il dĂ©pense. Cela pose un vrai problĂšme. Notre estimation repose sur les donnĂ©es des organisations professionnelles qui Ă©voquent une fourchette entre 730 et 820 millions dâeuros pour 2019. Les dĂ©penses suivant une trajectoire ascendante, nous sommes probablement trĂšs largement au-dessus aujourdâhui.
On est loin des 3 milliardsâŠ
M. A. : Il faut ajouter les achats de conseil en informatique. Le numĂ©rique est lâun des principaux enjeux de transformation de lâEtat aujourdâhui. Le dernier bilan publiĂ© par la Cour des comptes, dans lequel nâentrent pas les marchĂ©s passĂ©s par les collectivitĂ©s, fait Ă©tat de 830 millions dâeuros de commandes de lâEtat en 2018. Un chiffre lui aussi en constante augmentation (660 millions en 2016, 738 millions en 2017, 828 millions en 2018) et dont on peut estimer quâil est aujourdâhui au-dessus du milliard. Dâautres sources institutionnelles nous confortent dans ce chiffrage.
Qui prĂ©side aujourdâhui lâEcole polytechnique⯠? Qui a fondĂ© lâEcole dâaffaires publiques de Sciences Po⯠? Qui sâoccupe des cours de modernisation de lâEtat pour les futurs fonctionnaires⯠? Les consultants sont prĂ©sents tout au long de la chaĂźne de formation des idĂ©es. Mais lâEtat nâest pas victime, il est consentant
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