#yvan_najiels

  • Par #Yvan_Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/030814/gilles-deleuze-sur-israel-et-la-palestine-dans-deux-regimes-de-fous-
    #Gilles_Deleuze sur #Israël et la #Palestine dans « Deux régimes de fous » (1983)

    Voilà ce que Gilles Deleuze écrivait à propos de la création de l’état israélien sur le dos des Palestiniens dans son recueil de textes publié chez Minuit en 1983, Deux régimes de fous. Ce texte garde toute sa pertinence. Il illustre notamment très bien l’obscénité de celles et ceux, nombreux hélas, qui crient à l’antisémitisme (pas moins !) pour faire taire (parfois avec le concours de nervis de la LDJ) l’expression du soutien à la résistance palestinienne.

    " D’un bout à l’autre, il s’agira de faire comme si le peuple palestinien, non seulement ne devait plus être, mais n’avait jamais été. Les conquérants étaient de ceux qui avaient subi eux-mêmes le plus grand génocide de l’histoire. De ce génocide, les sionistes avaient fait un mal absolu. Mais transformer le plus grand génocide de l’histoire en mal absolu, c’est une vision religieuse et mystique, ce n’est pas une vision historique. Elle n’arrête pas le mal ; au contraire, elle le propage, elle le fait retomber sur d’autres innocents, elle exige une réparation qui fait subir à ces autres une partie de ce que les juifs ont subi (l’expulsion, la mise en ghetto, la disparition comme peuple). Avec des moyens plus « froids » que le génocide, on veut aboutir au même résultat.
    Les USA et l’Europe devaient réparation aux juifs. Et cette réparation, ils la firent payer par un peuple dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y était pour rien, singulièrement innocent de tout holocauste et n’en ayant même pas entendu parler. C’est là que le grotesque commence, aussi bien que la violence. Le sionisme, puis l’Etat d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’Etat d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’Etat sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
    Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’oeuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.
    La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes."

  • Par #Yvan_Najiels

    Etre juif, c’est être propalestinien (contre le monde à l’envers)

    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/210714/etre-juif-cest-etre-propalestinien-contre-le-monde-lenvers

    L’antienne gouvernementale alignée sur le consensus siono-fasciste est insupportable, insultante mais aussi foncièrement mensongère et à visée raciste sur le territoire national.

    Crier à l’antisémitisme alors que dans la manif parisienne de samedi, interdite par le pouvoir CRIF-LDJ-PS, il n’y a pas eu d’incidents de ce genre et alors que, aujourd’hui davantage qu’auparavant, de nombreuses autres voix juives, antisionistes ou à tout le moins critiques sur Israël se font entendre, c’est en vérité souhaiter ce que le fin et mesuré Cukierman appelle des « pogroms » ou une nouvelle « Nuit de Cristal » (ce qui, je le redis, est une insulte aux juifs allemands persécutés et/ou assassinés par les nazis). Sans l’antisémitisme, sans « le coup de l’antisémitisme » comme dirait Alain Badiou qui l’a, ici en France, abondamment subi pour avoir critiqué Israël, l’Etat d’Israël et sa politique répugnante seraient traités comme les fascistes qu’ils sont. Israël a beau mépriser le juif faible, diasporique, c’est sur la souffrance épouvantable de celui-ci qu’il fait son beurre. C’est la raison pour laquelle Israël tient à l’antisémitisme (et à des gens comme Dieudonné et Soral) comme le névrosé à son symptôme. Par ailleurs, se penser - comme de nombreux Israéliens - victimes absolues permet d’aller assez loin dans la folie criminelle puisque celle-ci, à leurs yeux, ne pourra jamais égaler Auschwitz.

    Notre gouvernement de gauche - n’est-il pas temps, vraiment, d’en finir avec la gauche et de trouver d’autres noms pour l’émancipation politique ? - reprend donc ce discours. Nous avons au pouvoir d’opiniâtres relais de l’establishment israélien qui soufflent tant qu’ils peuvent sur les braises d’une passion triste, criminelle et mortifère, mais largement affaiblie par le bilan épouvantable du nazisme dont Bernanos pouvait dire qu’il « (avait) deshonoré l’antisémitisme ».

    Pour ce qui est du PS qui confond à dessein politique et histoire (au sens où la politique est un ici-maintenant et l’histoire, le passé), le discours qui fait des propalestiniens des pronazis ou des héritiers politiques de Vichy (car crier à l’antisémitisme, c’est renvoyer exclusivement à cela) est scandaleux à plusieurs titres. C’est une insulte à la face de celles et ceux qui militent contre le calvaire sans fin des Palestiniens devenus victimes expiatoires du Crime de l’Occident. De la part d’un PS dont la majorité des députés (alors SFIO), en 1940, vota les pleins pouvoirs à Pétain et dont le héros éternel, Mitterrand, vichyste jusqu’à ce que le vent tourne, protégea son ami René Bousquet jusqu’à ce que celui-ci soit descendu par un idéaliste trop exalté, l’injure « antisémite ! » est proprement obscène. Ainsi, s’agissant de la mémoire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, si cet épisode hautement sinistre de l’histoire de la République a à voir avec des gens d’aujourd’hui, c’est au PS de balayer devant sa porte puisque René Bousquet appartenait à cette gauche-là.

    L’accusation d’antisémitisme proférée par le pouvoir PS n’a donc aucun fondement réel et constitue exclusivement une insulte et un souhait qui justifierait l’existence de l’Etat ségrégationniste israélien et le soutien de la France à cet état et cette politique. Alors, oui, des synagogues ont été attaquées hier à Sarcelles et on peut le déplorer. Mais, inutile de se cacher derrière son petit doigt, si de telles attaques ont lieu, c’est parce que les institutions officielles juives - religieuses et/ou communautaires - soutiennent la politique israélienne et les bombardements épouvantables sur Gaza faisant suite à presque 70 ans de crimes contre le peuple palestinien. Si l’Etat d’Israël et ses relais hexagonaux passent leur temps à exhiber le nom « Juif » pour justifier leur politique, on ne s’étonnera guère qu’ils soient parfois pris au mot. De ce point de vue, une organisation valeureuse comme l’UJFP fait beaucoup plus contre l’antisémitisme que la nébuleuse sioniste. Que des gens s’émeuvent, parfois violemment, de cet état de fait est prévisible car voulu par la clique CRIF-LDJ-Likoud. Les traiter d’antisémites ne relève pas moins de l’outrage absolu, a fortiori pour le parti de Laval, Déat et Mitterrand. Antisémitisme renvoie au nazisme alors que, dans la situation présente, c’est l’insulte que le gouvernement et les sionistes jettent à la figure de gens révoltés par une injustice flagrante et criminelle. En cela, mêler notre époque à celle de l’hitlérisme est une injure grave y compris à l’encontre de gens comme Marek Edelman ou Henri Krasucki qui, eux, étaient des opprimés alors qu’on accuse aujourd’hui d’antisémitisme celles et ceux qui contestent la mise à genoux sans fin d’un peuple sans défense par un état surarmé et choyé par l’Occident blanc impérialiste. Traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris, c’est insulter le Shtetl. C’est en ce sens que comme le disait l’UCFml au moment des massacres de Sabra et Chatila : être juif, c’est être propalestinien (du côté de l’opprimé, contre l’oppresseur).

    L’obstination du pouvoir « socialiste » à traiter d’antisémites celles et ceux que révoltent les bombardements israéliens a cependant aussi à voir avec notre pays, la France. Le soutien néoconservateur de Hollande et du gouvernement Valls aux crimes israéliens dit aussi quelque chose sur le peuple multinational de ce pays et cet aspect n’est pas à négliger. C’est, purement, la dimension finkielkrautienne du discours gouvernemental.

    Dans les manifestations propalestiniennes s’exprime aussi une solidarité arabe aux opprimé-e-s de Palestine et il n’y a, évidemment, rien à redire à cela. Dès lors, traiter d’antisémites les manifestants de samedi à Paris ou d’hier à Sarcelles, c’est endosser l’antienne de Finkielkraut ou Riposte laïque contre les Arabes et/ou les musulman-e-s présentés comme les nouveaux barbares qui, pour reprendre Finkielkraut, sous couvert d’antiracisme seraient de fieffés antisémites, des « racailles ». Comme le dit du reste le lumineux Bruckner qui a compris là beaucoup de choses bien que n’entendant rien à rien : le racisme anti-blanc, c’est l’antisémitisme. Antienne qui mène d’ores et déjà au fascisme comme l’illustre ici Jacques Kupfer, représentant du Likoud en France.

    Le discours du PS actuel est donc, pour ce qui concerne la France, un pas supplémentaire franchi dans le consensus islamophobe. Par l’utilisation de l’insulte écarlate « antisémite », c’est la population arabe et/ou musulmane que l’on stigmatise violemment et qu’on autorise à pourchasser au nom de bons sentiments « démocratiques » comme l’Occident blanc sait faire depuis si longtemps. Au juif mangeur d’enfants succède, sous la houlette du PS, l’Arabe fanatique et antisémite. À l’antisémitisme usé et désormais de l’ordre exclusif de la psychopathologie politique succède une islamophobie consensuelle et « démocratique » pleine d’avenir : l’Occident a trouvé, une fois le shtetl à jamais détruit, ses nouveaux « barbares » (d´où le tournant « philosémite » du FN). Le PS, on le voit, prépare avec talent le soixantième anniversaire du gouvernement dirigé par Guy Mollet. La police française a plus que jamais quartier libre.

    Et, aujourd’hui comme hier, le PS épouse comme toujours l’oppression - bien qu’il s’en défende.

  • Par #Yvan_Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels/160714/linsupportable

    Insupportable est la perpétuelle accusation d’antisémitisme de la part des sionistes et des autorités « socialistes » françaises à l’encontre de celles et ceux qui ont manifesté samedi dernier non seulement pour l’arrêt des bombardements israéliens mais aussi et surtout pour la victoire de la résistance palestinienne.

    Cette accusation n’est guère étonnante car elle seule pourrait éventuellement justifier la folie militaire israélienne contre son voisin palestinien. C’est la raison pour laquelle les Palestiniens et ceux qui sont de leur côté vont encore être traités d’antisémites pendant longtemps. Sans doute, d’ailleurs, y a-t-il une poignée d’antisémites glissés dans les manifs pour la Palestine. Ils émeuvent d’ailleurs beaucoup la Valls-Hollandie et SOS Racisme (qui pourrait tout aussi bien s’appeler SOS Sionisme) mais on aurait attendu de vives condamnations après les manifestations anti-Arabes en Israël. Mais non, rien. Hollande est un gardien de l’Occident dont Israël est un pilier contre l’Orient forcément « barbare »...

    Il faut par ailleurs appeler un chat un chat et dire qu’Israël est facteur d’antisémitisme. Tous les relais de cet état (principalement le CRIF) embrigadent de force « les Juifs » dans le soutien à l’état criminel d’Israël pour ensuite s’étonner que quelques personnes prennent cela au sérieux. Idem pour le recrutement de soldats pour l’armée israélienne dans des synagogues... Pour quoi donc ces synagogues vont-elles passer ? Que les médias se fassent le relais de la LDJ ajoute à leur grave discrédit.

    La neutralité dans ce conflit est impossible. Il y a un oppresseur et un opprimé dans une situation qui rappelle l’Afrique du Sud de l’apartheid. Sans le chantage mémoriel au génocide, Israël serait ni plus ni moins - et largement - considéré comme un état raciste, ségrégationniste et antidémocratique auquel il faut, en termes de structure étatique, mettre fin. En outre, nombre de combattants juifs antinazis étaient marxistes et antisionistes et les draper post mortem dans le drapeau israélien est un outrage à leur mémoire...

    L’exemple de l’Afrique du Sud doit continuer à servir d’exemple. L’apartheid a été largement (mais pas complètement...) défait mais cela n’a pas empêché les Blancs de rester dans le pays de Mandela. La structure étatique israélienne doit donc être détruite pour laisser place à un pays pour tous.

    C’est pourquoi il faut soutenir la résistance palestinienne unifiée (Hamas compris) et s’investir dans BDS.