• #Montagne : Comment la station de #La_Clusaz pompe l’#eau de source illégalement

    Pendant plus de 20 ans, La Clusaz a pompé l’eau d’une source pour fabriquer de la #neige_artificielle... sans autorisation. Une #enquête judiciaire de l’Office français de la biodiversité dévoile comment la célèbre station des Alpes a installé ce système coûteux. Des #captages irréguliers ont par ailleurs été découverts sur les trois autres retenues exploitées par la commune haute-savoyarde pour alimenter ses pistes. Révélations.

    Fallait pas arroser les pétunias... En juillet 2022, la commune de La Clusaz a été prise en flagrant délit par l’Office français de la biodiversité (OFB) alors que les restrictions interdisaient l’arrosage. Cet été-là, la Haute-Savoie vit un épisode de chaleur intense.

    L’alerte sécheresse a été déclenchée et les restrictions d’eau ordonnées dans tout le département, conformément aux mesures prises dans ce type de situation : interdiction d’abreuver les plantes municipales mais surtout de remplir les retenues collinaires, ces ouvrages qui stockent l’eau des montagnes pour fabriquer de la neige de culture. Mais, surprise, les agents de l’OFB constatent que la station a arrosé ses bosquets en puisant dans la retenue du Lachat, et que celle-ci est toujours alimentée en eau.

    Un circuit secret

    En inspectant les installations, la police de l’environnement découvre un dispositif secret : la commune a mis en place un système souterrain illégal pour capter l’eau de la source du Lachat, la diriger vers un local étiqueté « neige de culture », puis la pomper vers la retenue... Or ce dispositif n’a jamais été autorisé et n’est nulle part mentionné sur les plans d’aménagement.

    Une réflexion poussée

    « Il s’agit d’une installation complexe caractérisant le fait qu’une réflexion poussée et des investissements importants ont été mis en œuvre par la commune », constate le procès-verbal de l’OFB.

    Pour La Clusaz, cette enquête judiciaire, et ce qu’elle dévoile, tombe au plus mal. Ces dernières années, la station - en première ligne dans la candidature française pour l’accueil des JO d’hiver de 2030 - est devenue à son corps défendant un symbole : celui de l’accaparement de l’eau au profit de l’industrie du ski et des sports d’hiver.

    La collectivité s’est battue pour faire creuser sa cinquième retenue collinaire, sur le plateau de Beauregard. Mais les travaux ont été entravés par l’implantation d’une ZAD, puis la suspension par le tribunal administratif de Grenoble de l’arrêté préfectoral d’autorisation. Résultat, en septembre 2023, le maire de La Clusaz Didier Thévenet a été contraint d’annoncer le gel du projet en attendant que les juges se prononcent définitivement sur le dossier. Malgré ce contretemps fâcheux, l’édile ne s’était pas démonté. « Nous ne lâchons rien, a prévenu Didier Thévenet. Nous allons muscler notre projet, dans le respect de la justice et de la loi ».

    L’eau, un vrai sujet

    Ce beau principe (le respect de la loi) n’a pas été appliqué à ses précédentes retenues d’eau. Blast a eu accès à l’enquête judiciaire menée par l’OFB. Ces investigations démontrent que La Clusaz a pompé illégalement l’eau de la source de Lachat de 2000 à 2023 pour alimenter la retenue du même nom, qu’elle aurait pu déclarer ce prélèvement illégal, à plusieurs occasions, et encore que l’adjoint responsable des retenues d’eau n’a jamais cherché à comprendre leur fonctionnement.

    Sollicitée par Blast, la municipalité minimise : « Il n’y a plus de sujet. Nous sommes en médiation avec l’OFB et des mesures correctives ont été prises. »

    Il faut savoir que, à La Clusaz, l’industrie du ski nourrit la vallée. Les remontées mécaniques ont rapporté 25,3 millions d’euros de chiffre d’affaires à la commune en 2023. Et la station doit accueillir l’épreuve de ski de fond des Jeux olympiques d’hiver 2030 et ses nombreux visiteurs. Un tel pactole, ça se protège.

    Construite en 2000, la retenue du Lachat est destinée exclusivement à produire de la neige artificielle. Si les prélèvements illégaux ont pu commencer dès sa construction, ils n’ont été enregistrés qu’à partir de 2014 avec l’installation d’un compteur. De 2014 jusqu’en juillet 2023, date de la fermeture définitive du dispositif de prélèvement, 135 108 m³ d’eau ont été siphonnés illégalement. Malgré l’engagement de la commune à ne plus prélever d’eau après l’intervention de l’OFB à l’été 2022, La Clusaz a encore capté 5 020 m³ supplémentaires en 2023.

    L’enquête de l’OFB conclut que La Clusaz « a délibérément capté la source du Lachat » sans jamais déclarer cet ouvrage à la direction départementale des territoires (DDT) de la Haute-Savoie, chargée d’instruire l’arrêté qui encadre la retenue.

    La station de ski a pourtant eu plusieurs opportunités pour indiquer ce prélèvement. Elle aurait pu le faire en 2011, ou en 2014 quand elle a demandé, puis modifié, une autorisation d’extension de la retenue.

    « La commune a parfaitement connaissance de la manière de procéder et aurait pu à cette occasion informer la DDT des modifications d’alimentation en eau de la retenue », pointe l’Office français de la biodiversité. Mais, au contraire, « l’ouvrage de prélèvement de la source du Lachat a été modifié à plusieurs reprises sans aucun accord de la DDT, et à défaut des prescriptions réglementaires. »

    La Clusaz se fiche des milieux naturels

    La Clusaz a exploité la retenue sans détenir aucune autorisation environnementale. Elle s’est ainsi épargnée d’engager des dépenses pour appliquer la séquence « ERC » (éviter, réduire, compenser), qui vise à atténuer les atteintes à l’environnement. Ces coûts sont estimés à 27 000 euros par l’OFB. Ils ne prennent pas en compte ceux de l’étude d’impact qui aurait dû être menée. Sans cette analyse, les dégâts provoquées pendant 23 ans sont impossibles à mesurer.

    En revanche, il est certain que cet accaparement de l’eau a bouleversé les milieux naturels. Durablement : « Lorsqu’ils interviennent en période naturelle de basses eaux tel qu’en période de sécheresse, les prélèvements accélèrent le phénomène de déficit hydrique et en accentuent l’ampleur », souligne le rapport de l’OFB. Avec, pour principales conséquences, « la fragmentation des milieux aquatiques ou la rupture de la continuité écologique, l’élévation de la température de l’eau, la modification physico-chimique de l’eau, la modification de la végétation aquatique et l’assèchement des linéaires ». C’est justement pour ces raisons que les ouvrages qui prélèvent de grandes quantités d’eau sont soumis à des dossiers de déclarations ou d’autorisation. Ils doivent maintenir un débit réservé, autrement dit qui garantit la circulation et la reproduction des espèces aquatiques locales.

    Les prélèvements à La Clusaz impactent le cours d’eau dont l’état écologique est classé « moyen » par le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (le SDAGE) du bassin Rhône-Méditerranée (2022-2027), dont l’objectif est de pouvoir le reclasser à la case « bon ». En prélevant 24 734 m³ d’eau en 2022, La Clusaz « concourt à la non-atteinte des engagements pris par la France dans le cadre de l’atteinte du bon état écologique fixé par la DCE et, en même temps, contribue au déséquilibre du fonctionnement des milieux aquatiques », observe la police de l’eau et des espaces naturels.

    Pas une priorité pour la commune

    Cerise sur la retenue, en tirant l’eau « au point géographique le plus en amont possible », c’est l’ensemble du régime hydrologique et des habitats en aval qui sont affectés. Dont une zone humide créée... par La Clusaz pour compenser l’extension de la retenue du Lachat, réalisée en 2011. « Les installations en place mettent en évidence que le maintien dans un bon état des écosystèmes aquatiques n’est pas une priorité pour la commune », conclut l’enquête judiciaire.

    L’adjoint aux retenues n’y connaît rien

    À la mairie, l’annonce de la mise à jour de cette installation illégale a été prise avec une légèreté déconcertante. Auditionné à plusieurs reprises par l’OFB, Didier Collomb-Gros, l’adjoint en charge de la gestion des retenues collinaires, a fourni des explications lunaires. Élu en 2007, délégataire des retenues collinaires depuis 2020, cet artisan à la retraite - qui loue des appartements meublés - semble découvrir ses fonctions et n’avoir aucune envie d’en parler.

    Venez me chercher avec les menottes

    Convoqué par téléphone à une audition libre, Didier Collomb-Gros « semble très contrarié de notre appel », relève le rapport de l’OFB. L’adjoint s’emporte : « Convoquez-moi, je verrais si je viens » ; « si vous avez rien d’autre à foutre » ; « au pire venez me chercher avec les menottes, on verra bien »...

    Contacté également par Blast, l’élu nous a indiqué « ne pas être habilité » à nous répondre, avant de nous raccrocher au nez.

    L’adjoint bravache s’est finalement rendu au siège de l’OFB le 19 avril 2023. Il y a assuré que l’installation illégale était connue des services techniques de la préfecture depuis l’an 2000. Mais l’élu n’a produit aucun document pour corroborer ces affirmations. Et la mairie est tout simplement incapable de fournir un plan détaillé de la retenue.

    « On doit l’avoir, mais il faut qu’on fasse des recherches », botte en touche l’élu. Et l’OFB observe avec circonspection que, « selon les questions posées en audition », la commune « complète au fur et à mesure le schéma synoptique de fonctionnement des installations ».

    Un tas de questions

    Lors de sa deuxième audition le 9 octobre 2023, plus d’un an après les premières découvertes, Collomb-Gros se montre incapable de répondre aux interrogations des policiers sur l’installation ou sur le montant de ses investissements. « Vous me posez un tas de questions que je ne peux pas répondre (sic). Ces travaux datent de dix ans », évacue-t-il.

    L’audition tourne rapidement au supplice. « À votre prise de fonction en 2020, avez-vous fait des recherches sur la gestion des ouvrages ? », interroge l’OFB. « Aucune », répond l’élu, qui avoue n’avoir pris « aucune décision, ni note » pour s’assurer que la commune respecte l’arrêté d’autorisation de l’installation.

    Et ben, on voit que non

    La suite est proprement stupéfiante. Question : « Comment expliquez-vous les contradictions / approximations dans vos déclarations alors que ça fait un an que les premières constatations ont eu lieu ? » Réponse : « Encore une fois je vais dire que je ne comprends pas la situation » ; Question : « Vous êtes-vous donné les moyens pour comprendre la situation depuis un an ? » Réponse : « Pas de réponse de ma part » ; Question : « Pensez-vous avoir une connaissance suffisante du fonctionnement des installations de prélèvement de la retenue du Lachat pour assurer cette responsabilité ? » Réponse : « Et ben, on voit que non. »…

    Une méconnaissance volontaire

    Forcément, après cette prestation, le verdict de l’OFB est plutôt sec. L’audition, notent les fonctionnaires, « met en évidence une méconnaissance volontaire des prescriptions réglementaires de l’arrêté d’autorisation de la retenue du Lachat et la volonté manifeste de n’en prendre aucune ».

    Interrogée par Blast sur le manque de connaissances techniques des dossiers dont son adjoint à la charge, la commune de La Clusaz botte en touche : « M. Collomb-Gros a des services techniques sur lesquels s’appuyer pour connaître la réglementation. » Est-ce donc... la faute des services techniques ? « Nous n’avons pas dit ça », répond la station.

    Olympisme, menaces pénales et autres retenues

    Cette affaire révélée par Blast tombe au pire moment. En avril 2024, le Comité olympique international (CIO) était en visite pendant 5 jours dans les Alpes françaises pour étudier leur candidature à l’organisation des JO d’hiver de 2030. Les membres de la délégation ont fait notamment une halte à La Clusaz, sur le site qui doit accueillir l’épreuve de fond.

    Le suspens doit prendre fin en principe la semaine prochaine avec une décision attendue le 24 juillet, à l’occasion de la tenue à Paris de la 142è session du CIO, à la veille de l’ouverture des Jeux de Paris. Officiellement, la question environnementale - et celle qui va avec de l’acceptabilité par l’opinion publique - est prise en compte dans les critères pour décider de l’attribution. Dans d’autres pays, les populations ont été consultées par référendum ou ces consultations envisagées, comme en Suède et en Suisse (1). Rien de tel en France où le lobby du ski s’est mobilisé d’un seul homme pour s’engouffrer dans l’initiative prise par les présidents de région Laurent Wauquiez (AURA) et Renaud Muselier (PACA). Les Alpes françaises sont seules en lice pour décrocher la timbale.

    De leur côté, Didier Collomb Gros et La Clusaz risquent des amendes pénales de 5e classe (1 500 euros) pour « non-respect du projet fondement de l’autorisation ou de la déclaration d’une opération nuisible à l’eau ou au milieu aquatique » et pour « exercice d’une activité nuisible à l’eau ou au milieu aquatique sans respect des prescriptions de l’arrêté d’autorisation des arrêtés complémentaires ». Ils encourent ainsi jusqu’à 75 000 euros d’amende pour « exploitation sans autorisation d’une installation ou d’un ouvrage nuisible à l’eau ou au milieu aquatique ».

    Le prélèvement illégal sur la source du Lachat enfin stoppé, la station de La Clusaz n’a pourtant pas connu de répit : selon nos informations, des captages irréguliers ont également été découverts en mai, puis juillet 2023 par l’OFB sur les trois autres retenues exploitées par la commune haute-savoyarde. Ceux-là aussi ont été fermés, affirme la collectivité.

    « L’eau est un bien précieux, nous faisons aujourd’hui attention à être irréprochables », assure La Clusaz à Blast. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient

    (1) Deux pays que le CIO a finalement préféré écarter.

    https://www.blast-info.fr/articles/2024/info-blast-montagne-comment-la-station-de-la-clusaz-pompe-leau-de-source-
    #ski #stations_de_ski #France #Alpes #Lachat #neige_de_culture #illégalité #industrie_du_ski #ZAD #plateau_de_Beauregard #Didier_Thévenet #justice #remontées_mécaniques

  • La #police en #hélicoptère, ou la #surveillance militaire des citoyens.

    Depuis plusieurs années, les hélicoptères de la #gendarmerie sont régulièrement déployés pour des missions de surveillance de l’#espace_public, et ce en toute #illégalité. Dotés d’un matériel d’abord développé dans un contexte militaire, la police se vante de leur capacité d’#espionnage bien supérieure à celles des #drones : #caméras_thermiques avec #zoom ultra-puissant, suivi automatisé des suspects, transmission en temps-réel des images à des postes de commandement…

    Leur usage n’a pourtant jamais été sanctionné – ni par le juge ni par la Cnil. Le gouvernement veut maintenant les légaliser dans la PPL « #Sécurité_Globale » – dont les débats ont repris début mars au Sénat.

    Difficile de remonter aux premières utilisations d’hélicoptères par la police à des fins de surveillance de l’espace public. En octobre 2000, une question écrite au Sénat laisse déjà deviner une utilisation régulière d’hélicoptères équipés de « caméras vidéo thermiques embarquées » par la police et la gendarmerie.

    Aujourd’hui en tous cas, la police et la gendarmerie sont fières de leurs capacités de surveillance. Pendant le #confinement, elles vantaient ainsi que l’hélicoptère « ne peut être ni vu ni entendu par les personnes au sol » et est doté de caméras « capables de deviner à des centaines de mètres la présence d’êtres humains ou d’animaux ». En 2018, il était précisé que la caméra pouvait même « identifier un individu à 1,5 km de distance » avec retransmission « en direct et suivi depuis le centre interministériel de crise du ministère de l’Intérieur ».

    En 2017, le commandant des « forces aériennes de la gendarmerie nationale » parle d’un « énorme zoom qui permet de lire à 300 mètres d’altitude une plaque d’immatriculation située à un kilomètre, d’identifier une personne à 2 km et un véhicule à 4 km », précisant qu’il peut « demander à la caméra de suivre automatiquement un objectif, quelle que soit la position ou la trajectoire de l’hélicoptère ».

    Un matériel militaire pour de la #surveillance_interne

    Plus que le type d’hélicoptère utilisé (apparemment, des « #EC-135 » que la gendarmerie prête à la police quand celle-ci en a besoin), c’est le type de caméra qui importe.

    Depuis au moins 2010, la gendarmerie utilise un dispositif nommé « #Wescam_MX-15 » – qui n’est même plus qualifié de « simple caméra » mais de « #boule_optronique ». C’est cet objet, avec sa caméra thermique et son zoom surpuissant, qui permet à la police de filmer, traquer, identifier (de jour comme de nuit) et de retransmettre en direct le flux vidéo, avec une « qualité d’image comparable à celle que le public connaît pour le Tour de France ».

    C’est un appareil clairement militaire, utilisé dans des zones de guerre et répertorié en tant que tel sur des sites d’armement. Il est pourtant déployé depuis plusieurs années au-dessus des #villes en France. Comme pour d’autres outils de la #Technopolice (drones, #vidéosurveillance automatisée…), il y a encore ici cette porosité entre les technologies militaires utilisées dans les pays en guerre, celles expérimentées aux #frontières et celles déployées pour la surveillance des villes – soit une #militarisation progressive de nos espaces publics.

    Pour le futur, les hélicoptères devraient être équipés chez #Safran, avec une « boule optronique » dite « #Euroflir_410 » : un zoom encore plus puissant, des détecteurs de mouvement, un ordinateur intégré… Bref, un ensemble de #technologies que la police ne manquera pas d’utiliser pour nous espionner au plus près. Comme pour les drones, ce type de technologies couplé à de l’#analyse_logicielle des #images concrétise la société fantasmée par le ministère de l’Intérieur dans son livre blanc publié en novembre dernier : celui d’une #surveillance_automatisée et totale. L’objectif est que ce nouveau dispositif soit « opérationnel avant les #JO de Paris 2024 ».

    Surveillance des #manifestations et #identification des « #suspects »

    Les utilisations des hélicoptères semblent encore plus larges que celles des drones : surveillance du confinement et des #manifestations, surtout pendant celles des #gilets_jaunes. En mars 2019, la gendarmerie annonce d’ailleurs avoir effectué 717 heures de vol au-dessus des manifestations, pour un coût total de 1 million d’euros.

    En 2010, déjà, la gendarmerie se vantait de sa surveillance des manifestations, car les hélicoptères sont, selon elle, « les mieux placés pour détecter les débordements, incidents ou intrusions dans les cortèges » avec des « images transmises en direct dans les salles de commandement (…) permettant aux responsables de faire intervenir immédiatement les effectifs au sol ».

    Au-delà de le surveillance des machines, c’est aussi sur leur capacité d’intimidation que mise la police quand elle dit « faire du bruit » au dessus des manifestations ou qu’elle multiplie les survols menaçants et continus au-dessus des #ZAD.

    Illégalité et #impunité de la surveillance

    Tout ce pouvoir de surveillance n’a jamais été, et n’est toujours pas, encadré par le moindre texte de #loi. Il n’existe aucune limite à ce qu’a pu faire et ce que peut faire aujourd’hui la police en termes de surveillance de la voie publique par hélicoptères : durée de conservation des données, types de lieux pouvant être filmés, accès aux images, information sur la captation…

    C’est exactement la même illégalité que nous avions soulevé concernant les drones et qui a conduit à leur interdiction en France, par le Conseil d’Etat d’abord, par la Cnil ensuite : l’absence de texte législatif ou réglementaire permettant à la police de capter des données personnelles. Rien de tel malheureusement pour les hélicoptères : malgré leur utilisation régulière, aucune autorité n’est venue rappeler le droit à la police.

    Le gouvernement, les parlementaires et la police en sont bien conscients. Ils veulent donc profiter de la proposition de loi « Sécurité globale » pour légaliser le dispositif – plusieurs dizaines d’années plus tard.

    La proposition de loi « Sécurité globale » revient en ce moment devant le Sénat. En plus d’intensifier la vidéosurveillance fixe, elle veut légitimer la vidéosurveillance mouvante : les drones, les caméras-piétons, les caméras embarquées et donc, les hélicoptères. Les parlementaires doivent refuser la militarisation de la surveillance de l’espace public.

    https://technopolice.fr/blog/la-police-en-helicoptere-ou-la-surveillance-militaire-des-citoyens
    #surveillance_militaire #France #armée

  • Déprise glaciaire
    https://www.terrestres.org/2024/04/19/deprise-glaciaire

    Pour accompagner comme il se doit la sortie de « Premières secousses », le livre collectif des Soulèvements de la terre, nous en publions un extrait : le puissant récit, en mots et en photographies, de l’occupation du glacier de la Girose, dans les Hautes-Alpes, en octobre 2023, contre la construction d’un nouveau tronçon de téléphérique. L’article Déprise glaciaire est apparu en premier sur Terrestres.

    #Climat #Grands_projets_inutiles_et_imposés #Luttes #Montagne

  • Le militantisme écologiste est-il aussi impopulaire qu’on le pense ?
    https://theconversation.com/le-militantisme-ecologiste-est-il-aussi-impopulaire-quon-le-pense-2

    Éco-terroriste, khmers verts, ayatollah de l’écologie… Les qualificatifs se sont multipliés ces dernières années pour condamner toute action des militants écologistes jugée trop radicale. Ce raidissement a atteint son apogée à l’issue de Sainte-Soline et de la tentative du gouvernement de dissoudre les Soulèvements de la Terre.

    Si cette dernière a été rejetée par le Conseil d’État, les critiques en impopularité ne sont pas sans effet sur les mouvements eux-mêmes. Dans cette logique, Extinction Rebellion, outre-Manche, a fait le choix en décembre 2022 d’arrêter (temporairement) les actions disruptives pour créer un mouvement plus large et populaire, sentant le vent tourner face à un gouvernement et des médias conservateurs de plus en plus hostiles.

    #militantisme #désobéissance_civile #ZAD

  • CrimethInc. : Germany: The Fight against the Tesla Gigafactory : Some Occupy the Forest, Some Shut Down the Power Grid
    https://fr.crimethinc.com/2024/03/08/germany-the-fight-against-the-tesla-gigafactory-some-occupy-the-fores

    For several years now, locals, anarchists, environmentalists, and others have been engaged in a struggle against a Tesla “gigafactory” in the small town of Grünheide, only five kilometers southeast of Berlin. This is the biggest factory producing electric cars for Tesla in all of Europe. Many important issues converge in this conflict: the struggle between global capitalism and local ecosystems, the question of what counts as “sustainable” and who gets to define it, the power that billionaires like Elon Musk have acquired and are using to reshape our society in line with their authoritarian vision.

    #zad #tesla #bagnole

  • #A69 – Une #Répression abjecte, un pouvoir grotesque
    https://bascules.blog/2024/03/01/a69-une-repression-abjecte-un-pouvoir-grotesque

    Par FRACAS le média des combats écologiques Sur les recommandations de notre amie Geneviève Azam 💗, on vous parle aujourd’hui de la lutte contre l’A69, où la répression contre les militants de la Crem’Arbre, prend un tour super inquiétant. (Dans ce débrief, on ne va pas revenir sur les innombrables raisons pour lesquelles ce projet […]

    #Les_mobilisations,_les_luttes,_la_mémoire_des_luttes #Nations_unies #ZAD


    https://2.gravatar.com/avatar/2cef04a2923b4b5ffd87d36fa9b79bc27ee5b22c4478d785c3a3b7ef8ab60424?s=96&d=

  • Projet d’#A69 : opération des forces de l’ordre avant une mobilisation prévue ce week-end
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/09/projet-d-a69-operation-des-forces-de-l-ordre-avant-une-mobilisation-prevue-c


    Un homme arrêté par les gendarmes à Saïx, le 9 février 2024. LIONEL BONAVENTURE / AFP

    Les opposants au projet d’#autoroute Toulouse-Castres s’affairaient à préparer deux journées de mobilisation prévues samedi et dimanche, installant toilettes sèches et fléchage sur un terrain privé, lorsqu’un escadron de gendarmes s’est déployé à proximité de la ZAD (zone à défendre) de la Crém’arbre, sur la commune de Saïx, à la sortie de Castres.
    Selon les organisateurs, les forces de l’ordre désiraient perturber à l’avance « La Cabanade », nom de cette mobilisation qui prévoit ateliers, tables rondes et même des concerts tout le week-end. Les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), ayant pu s’approcher à une vingtaine de mètres malgré le dispositif de la gendarmerie, ont assisté à deux interpellations ainsi qu’à des tirs de gaz lacrymogène.
    Vers 17 heures, gendarmes et services de voirie de la ville avaient dégagé la plupart des palettes et autres chariots barrant la petite route qui borde la parcelle où sont installés les opposants, proche du tracé de l’autoroute qui doit relier Toulouse et Castres.

    #écologie

    • La militante écologiste Greta Thunberg attendue dans le Tarn à La Cabanade des opposants à l’A69
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/10/la-militante-ecologiste-greta-thunberg-attendue-dans-le-tarn-a-la-cabanade-d

      Malgré l’#interdiction de la #manifestation et l’intervention des forces de l’ordre vendredi à proximité du lieu de rassemblement, les opposants au projet d’autoroute A69 devraient recevoir un renfort de poids avec la venue attendue à La Cabanade du Tarn de la militante écologiste Greta Thunberg, samedi 10 février.
      Evoquée depuis vingt-quatre heures, la présence samedi sur la zone à défendre (#ZAD) de la Crém’arbre, sur la commune de Saïx, de cette figure mondiale de la lutte contre le #réchauffement_climatique a été confirmée vendredi en début de soirée par le collectif No Macadam, qui fait partie des groupes opposés à la construction de l’autoroute devant relier Toulouse à Castres.
      « Ceci permet d’inscrire pleinement la lutte contre l’A69 au niveau international et national et engage les responsables politiques à prendre la mesure de leur entêtement », a affirmé le collectif, alors que le mouvement de protestation semblait s’essouffler ces derniers mois et que « 45 % du budget » du chantier a été engagé et « 95 % du déboisement » effectué, selon la société Atosca, concessionnaire de l’autoroute.

  • « Une nouvelle bande dessinée d’Alessandro Pignocchi, participant de l’expédition de cet automne en défense du glacier de la Grave contre la construction d’un 3ème tronçon de téléphérique 🏔️🦫 »

    À lire librement sur son blog
    https://puntish.blogspot.com/2024/01/defendre-le-glacier-de-la-grave.html?m=1

    https://www.terrestres.org/2024/01/26/defendre-le-glacier-de-la-grave

    L’auteur de bande dessinée à l’aquarelle A. Pignocchi partage avec Terrestres sa dernière création artistique et politique. Avec humour, ces nouvelles planches nous embarquent au cœur de la lutte sur le Glacier de la Grave dans les Alpes

  • L’#activisme_écologiste, nouveau terrain d’#expérimentation de la #Technopolice

    Drones, reconnaissance faciale, marqueurs codés… Outre l’arsenal administratif et répressif déployé par l’État pour les punir, le ministère de l’Intérieur expérimente et perfectionne sur les activistes écologiques ses nouveaux outils technopoliciers.

    Plusieurs affaires récentes ont mis en lumière la surveillance particulièrement intensive subie par les militantes écologistes. Outre l’arsenal administratif et répressif déployé par l’État pour les punir, c’est la nature des moyens utilisés qui interpelle : drones, reconnaissance faciale, marqueurs codés… Le ministère de l’Intérieur expérimente et perfectionne sur les activistes écologiques ses outils technopoliciers.

    Plusieurs articles ont révélé le caractère intensif des moyens de surveillance et de répression déployés par l’État pour punir certaines actions militantes écologistes. Si cela avait déjà été documenté pour le mouvement de résistance nucléaire à Bure, c’est dernièrement le cas de l’affaire Lafarge pour laquelle un article paru sur Rebellyon a détaillé les outils mis en œuvre par la police afin d’identifier les personnes ayant participé à une action ciblant une usine du cimentier.

    Vidéosurveillance, analyse des données téléphoniques, réquisitions aux réseaux sociaux, relevés ADN, virements bancaires, traceurs GPS… La liste paraît infinie. Elle donne une idée de la puissance que peut déployer l’État à des fins de surveillance, « dans un dossier visant avant tout des militants politiques » – comme le souligne Médiapart dans son article.

    Pour avoir une idée de l’étendue complète de ces moyens, il faut y ajouter la création des cellules spécialisées du ministère de l’Intérieur (la cellule Démeter, créée en 2019 pour lutter contre « la délinquance dans le monde agricole » et la cellule « anti-ZAD », mise en place en 2023 à la suite de Sainte-Soline) ainsi que l’alerte donnée par la CNCTR (l’autorité de contrôle des services de renseignement) qui en 2023 a souligné son malaise sur l’utilisation accrue des services de renseignement à des fins de surveillance des organisations écologistes.

    Les forces de sécurité semblent continuer de perfectionner et expérimenter sur les organisations écologistes leurs nouveaux outils de surveillance : drones, caméras nomades, reconnaissance faciale, produits de marquages codés… Parce que ces organisations leur opposent une résistance nouvelle, souvent massive, déployée sur un ensemble de terrains différents (manifestations en milieu urbain, ZAD, méga-bassines…), les forces de police semblent trouver nécessaire l’utilisation de ces outils de surveillance particulièrement invasifs.
    Capter le visage des manifestantes

    Outil phare de la Technopolice, le drone a été expérimenté dès ses débuts sur les écologistes. Difficile d’y voir un hasard quand (d’après la gendarmerie), la première utilisation d’un drone à des fins de surveillance par la gendarmerie a lieu dans le Tarn en 2015, pour évacuer la ZAD du barrage de Sivens. En 2017, c’est Bure (site prévu pour l’enfouissement de déchets nucléaires) qui sert d’expérimentation avant une utilisation officialisée pour la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2018.

    La gendarmerie y décrit dans sa revue officielle un contexte idéal d’expérimentation avec une utilisation permettant un « grand nombre de premières » : utilisation simultanée de drones et d’hélicoptères de surveillance, retransmission en direct des divers flux vidéos, guidage des tirs de lacrymogènes… Des utilisations qui seront ensuite reprises et normalisées dans les futures utilisations des drones, en particulier pour la surveillance des manifestations. À noter dans la revue officielle de la gendarmerie l’utilisation répétée du terme d’ « adversaires » pour décrire les militantes : « marquage d’adversaire », « manœuvre de l’adversaire »….

    Ce n’est pas non plus un hasard si dans le Livre blanc de la sécurité intérieure, document publié fin 2020 par le ministère de l’Intérieur pour formuler un ensemble de propositions sur le maintien de l’ordre, l’exemple de Notre-Dame-des-Landes est cité pour justifier l’utilisation massive de drones, comme une « une étape importante dans la planification et l’exécution d’une opération complexe de maintien de l’ordre ».

    Résultat : après la généralisation des drones dès 2020 avec le Covid-19, on a ensuite assisté, une fois l’ensemble légalisé à posteriori (et non sans difficultés), à la normalisation de l’usage des drones pour la surveillance des manifestations. Les drones sont aujourd’hui encore bien utiles à la police pour suivre les actions militantes écologistes, que ce soit récemment pour le Convoi de l’eau ou la mobilisation contre les travaux de l’A69.

    À noter que l’imagination de la police et de la gendarmerie ne se limite pas aux drones en ce qui concerne les nouveaux moyens de surveillance vidéo. Plusieurs organisations ont documenté l’utilisation de caméras nomades ou dissimulées pour épier les allées et venues des activistes : caméras dans de fausses pierres ou troncs d’arbres pour la ZAD du Carnet, caméras avec vision nocturne en 2018 dans la Sarthe…
    Ficher le visage des manifestantes

    Autre outil phare de la Technopolice : la reconnaissance faciale. Rappelons-le : la reconnaissance faciale est (malheureusement) autorisée en France. La police ou la gendarmerie peuvent identifier des personnes grâce à leurs visages en les comparant à ceux enregistrés dans le fichier du traitement des antécédents judiciaires (TAJ). L’utilisation qui en est faite par les services de sécurité est aujourd’hui massive, estimée à plus de 600 000 fois en 2021 (donc plus de 1600 fois par jour).

    Il est néanmoins assez rare d’avoir des exemples concrets de son utilisation pour comprendre comment et sur qui la police utilise ce dispositif. À ce titre, comme souligné dans l’article de Rebellyon, la reconnaissance faciale a été utilisée pour incriminer des personnes censément impliquées dans l’affaire Lafarge, avec l’utilisation d’images tirées de la réquisition des vidéosurveillances des bus de la ville pour les comparer au fichier TAJ. Médiapart dénombre dans son enquête huit personnes identifiées via ce dispositif.

    Même chose pour la manifestation de Sainte-Soline : dans un article de juillet 2023, Médiapart relate que les quatre personnes qui ont comparu ont été retrouvées grâce à la reconnaissance faciale. Un premier procès plus tôt, déjà sur Sainte Soline, fait également mention de l’utilisation de la reconnaissance faciale.

    Notons bien qu’au vu des chiffres cités plus haut, l’utilisation de la reconnaissance faciale est massive et n’est pas concentrée sur les militant·es écologistes (voir ici une utilisation récente pour retrouver une personne soupçonnée de vol). On constate néanmoins une utilisation systématique et banalisée de la reconnaissance faciale du TAJ, normalisée au point de devenir un outil d’enquête comme les autres, et de plus en plus présentée comme élément de preuve dans les tribunaux.

    En 2021, nous avions attaqué devant le Conseil d’État cette reconnaissance faciale en soulevant que celle-ci devait légalement être limitée à la preuve d’une « nécessité absolue », un critère juridique qui implique qu’elle ne soit utilisée qu’en dernier recours, si aucune autre méthode d’identification n’est possible, ce qui n’était déjà pas le cas à l’époque. Cela l’est encore moins aujourd’hui à lire les comptes-rendus de Rebellyon ou de Médiapart.
    Marquer les manifestantes

    D’autres outils de surveillance, encore au stade de l’expérimentation, semblent testés dans les mobilisations écologistes. Parmi les plus préoccupants, les produits de marquage codés. Il s’agit de produits, tirés par un fusil type paintball, invisibles, indolores, permettant de marquer une personne à distance et persistant sur la peau et les vêtements. Ils peuvent être composés d’un produit chimique ou d’un fragment d’ADN de synthèse, se révélant à la lumière d’une lampe UV, porteurs d’un identifiant unique pour « prouver » la participation à une manifestation.

    Comme rappelé par le collectif Désarmons-les, c’est dès 2021 que Darmanin annonce l’expérimentation de ce dispositif. Il semble être ensuite utilisé pour la première fois en 2022 lors d’une première manifestation contre la bassine de Sainte-Soline (via l’utilisation par la police de fusils spéciaux, ressemblant à ceux utilisés par les lanceurs paintball). En 2022, Darmanin dénombrait déjà plus de 250 utilisations de ce dispositif.

    En 2023, son utilisation est de nouveau remarquée pour la manifestation contre la bassine de Sainte-Soline. Elle entraîne la garde à vue de deux journalistes qui ont détaillé à la presse la procédure suivie par la police et la gendarmerie pour récupérer et analyser la trace de peinture laissée par le fusil PMC.

    Cet usage ne semble être aujourd’hui qu’à ses débuts. Dans le cadre d’un recours contentieux contre les drones, la préfecture de police, dans une surenchère sécuritaire sans limite, avait notamment émis le souhait de pouvoir équiper ses drones d’un lanceur de PMC. Le ministre de la Justice a également vanté l’utilisation de ces outils dans une récente audition sur le sujet, « utiles pour retrouver la trace d’un individu cagoulé ». Un rapport parlementaire de novembre 2023 rappelle néanmoins que son utilisation se fait aujourd’hui sans aucun cadre légal, ce qui la rend purement et simplement illégale. Si certains parlementaires semblent également s’interroger sur son efficacité, d’autres, dans un rapport sur « l’activisme violent », appellent à sa pérennisation et sa généralisation. Côté gouvernement, après l’avoir expérimenté sur les militants sans aucun cadre légal, le ministère de l’intérieur semble pour l’instant avoir suspendu son utilisation.

    Les mouvements militants ne sont évidemment pas les seuls à connaître cette intensité dans le déploiement des moyens de surveillance : les exilées, les habitantes des quartiers populaires ont toujours été les premières à subir la militarisation forcenée des forces du ministère de l’Intérieur. Néanmoins, cette expérimentation des technologies sur les organisations écologistes est une nouvelle preuve de l’escalade sécuritaire et déshumanisée de la police et de la gendarmerie en lien avec la criminalisation des mouvements sociaux. La France est à l’avant-garde de la dérive autoritaire en Europe, puisqu’il semble être l’un des pays du continent ayant une pratique régulière et combinée de ces nouveaux outils

    https://blogs.mediapart.fr/la-quadrature-du-net/blog/191223/l-activisme-ecologiste-nouveau-terrain-d-experimentation-de-la-techn

    #répression #contrôle #surveillance #écologie #résistance #activisme #technologie #technologie_de_surveillance #cellule_Démeter #cellule_anti-ZAD #CNCTR #drone #ZAD #Sivens #Bure #Notre-Dame-des-Landes #reconnaissance_faciale

  • Une brève généalogie politique de la cabane - La Grappe
    https://lagrappe.info/?Une-breve-genealogie-politique-de-la-cabane-154

    Qu’elle soit synonyme de l’enfance, d’un retour à la nature ou bien de formes de précarité, la cabane est une jonction à de nombreux imaginaires. Sans chercher à en faire un objet d’étude scientifique et complet, cet article propose une divagation, concernant une généalogie politique de cette forme d’habitat. Si certaines personnes ont choisi de se retirer dans des cabanes pour mieux s’opposer à la société de leur époque, nous pouvons aussi remarquer que les grandes contestations de ces dernières années ont remis au goût du jour ce type de construction, afin de renforcer la lutte et la cohésion. De la Zad aux Gilets Jaunes, c’est une manière de prolonger l’élan collectif et d’ancrer un combat dans un lieu, dans le temps, mais aussi dans la vie quotidienne. Si bien qu’il est possible de retracer, au travers de ces constructions simplistes, une longue histoire d’une recherche d’harmonie avec la nature qui nous entoure, d’une vision critique de la société de consommation et de contrôle, ainsi que de l’espérance de rapports émancipés et libérés des chaînes qui nous contraignent au quotidien.

    Une construction de Le Corbusier pour lui

    Une construction de Le Corbusier pour les autres

    #cabane #architecture #histoire #nature #zad @chezsoi

  • Les #voitures_électriques assoiffent les #pays_du_Sud

    Pour extraire des #métaux destinés aux voitures électriques des pays les plus riches, il faut de l’eau. Au #Maroc, au #Chili, en #Argentine… les #mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse.

    #Batteries, #moteurs… Les voitures électriques nécessitent des quantités de métaux considérables. Si rien n’est fait pour limiter leur nombre et leur #poids, on estime qu’elles pourraient engloutir plusieurs dizaines de fois les quantités de #cobalt, de #lithium ou de #graphite que l’on extrait aujourd’hui.

    Démultiplier la #production_minière dans des proportions aussi vertigineuses a une conséquence directe : elle pompe des #ressources en eau de plus en plus rares. Car produire des métaux exige beaucoup d’eau. Il en faut pour concentrer le métal, pour alimenter les usines d’#hydrométallurgie, pour les procédés ultérieurs d’#affinage ; il en faut aussi pour obtenir les #solvants et les #acides utilisés à chacun de ces stades, et encore pour simplement limiter l’envol de #poussières dans les mines. Produire 1 kilogramme de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau, 1 kg de nickel 100 à 1 700 l, et 1 kg de lithium 2 000 l [1].

    Selon une enquête de l’agence de notation étatsunienne Fitch Ratings, les investisseurs considèrent désormais les #pénuries_d’eau comme la principale menace pesant sur le secteur des mines et de la #métallurgie. Elle estime que « les pressions sur la ressource, comme les pénuries d’eau localisées et les #conflits_d’usage, vont probablement augmenter dans les décennies à venir, mettant de plus en plus en difficulté la production de batteries et de technologies bas carbone ». Et pour cause : les deux tiers des mines industrielles sont aujourd’hui situées dans des régions menacées de sécheresse [2].

    L’entreprise anglaise #Anglo_American, cinquième groupe minier au monde, admet que « 75 % de ses mines sont situées dans des zones à haut risque » du point de vue de la disponibilité en eau. La #voiture_électrique devait servir à lutter contre le réchauffement climatique. Le paradoxe est qu’elle nécessite de telles quantités de métaux que, dans bien des régions du monde, elle en aggrave les effets : la sécheresse et la pénurie d’eau.

    Au Maroc, la mine de cobalt de #Bou_Azzer exploitée par la #Managem, qui alimente la production de batteries de #BMW et qui doit fournir #Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l’équivalent de la consommation d’eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de #manganèse d’#Imini et la mine de #cuivre de #Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l’approvisionnement de #sulfate_de_manganèse et de cuivre ».

    Importer de l’eau depuis le désert

    Importer du cobalt, du cuivre ou du manganèse depuis la région de Bou Azzer, cela revient en quelque sorte à importer de l’eau depuis le désert. Les prélèvements de ces mines s’ajoutent à ceux de l’#agriculture_industrielle d’#exportation. À #Agdez et dans les localités voisines, les robinets et les fontaines sont à sec plusieurs heures par jour en été, alors que la température peut approcher les 45 °C. « Bientôt, il n’y aura plus d’eau, s’insurgeait Mustafa, responsable des réseaux d’eau potable du village de Tasla, lors de notre reportage à Bou Azzer. Ici, on se sent comme des morts-vivants. »

    Un des conflits socio-environnementaux les plus graves qu’ait connus le Maroc ces dernières années s’est produit à 150 kilomètres de là, et il porte lui aussi sur l’eau et la mine. Dans la région du #Draâ-Tafilalet, dans la commune d’Imider, la Managem exploite une mine d’#argent, un métal aujourd’hui principalement utilisé pour l’#électricité et l’#électronique, en particulier automobile. D’ailleurs, selon le Silver Institute, « les politiques nationales de plus en plus favorables aux véhicules électriques auront un impact positif net sur la demande en argent métal ». À Imider, les prélèvements d’eau croissants de la mine d’argent ont poussé les habitants à la #révolte. À partir de 2011, incapables d’irriguer leurs cultures, des habitants ont occupé le nouveau réservoir de la mine, allant jusqu’à construire un hameau de part et d’autre des conduites installées par la Managem. En 2019, les amendes et les peines d’emprisonnement ont obligé la communauté d’Imider à évacuer cette #zad du désert, mais les causes profondes du conflit perdurent.

    « Ici, on se sent comme des morts-vivants »

    Autre exemple : au Chili, le groupe Anglo American exploite la mine de cuivre d’#El_Soldado, dans la région de #Valparaiso. Les sécheresses récurrentes conjuguées à l’activité minière entraînent des #coupures_d’eau de plus en plus fréquentes. Pour le traitement du #minerai, Anglo American est autorisé à prélever 453 litres par seconde, indique Greenpeace, tandis que les 11 000 habitants de la ville voisine d’#El_Melón n’ont parfois plus d’eau au robinet. En 2020, cette #pénurie a conduit une partie de la population à occuper l’un des #forages de la mine, comme au Maroc.

    #Désalinisation d’eau de mer

    L’année suivante, les associations d’habitants ont déposé une #plainte à la Cour suprême du Chili pour exiger la protection de leur droit constitutionnel à la vie, menacé par la consommation d’eau de l’entreprise minière. Face au mouvement de #contestation national #No_más_Anglo (On ne veut plus d’Anglo), le groupe a dû investir dans une usine de désalinisation de l’eau pour alimenter une autre de ses mégamines de cuivre au Chili. Distante de 200 kilomètres, l’usine fournira 500 litres par seconde à la mine de #Los_Bronces, soit la moitié de ses besoins en eau.

    Les entreprises minières mettent souvent en avant des innovations technologiques permettant d’économiser l’eau sur des sites. Dans les faits, les prélèvements en eau de cette industrie ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années : l’Agence internationale de l’énergie note qu’ils ont doublé entre 2018 et 2021. Cette augmentation s’explique par la ruée sur les #métaux_critiques, notamment pour les batteries, ainsi que par le fait que les #gisements exploités sont de plus en plus pauvres. Comme l’explique l’association SystExt, composée de géologues et d’ingénieurs miniers, « la diminution des teneurs et la complexification des minerais exploités et traités conduisent à une augmentation exponentielle des quantités d’énergie et d’eau utilisées pour produire la même quantité de métal ».

    Réduire d’urgence la taille des véhicules

    En bref, il y de plus en plus de mines, des mines de plus en plus voraces en eau, et de moins en moins d’eau. Les métaux nécessaires aux batteries jouent un rôle important dans ces conflits, qu’ils aient lieu au Maroc, au Chili ou sur les plateaux andins d’Argentine ou de Bolivie où l’extraction du lithium est âprement contestée par les peuples autochtones. Comme l’écrit la politologue chilienne Bárbara Jerez, l’#électromobilité est inséparable de son « #ombre_coloniale » : la perpétuation de l’échange écologique inégal sur lequel est fondé le #capitalisme. Avec les véhicules électriques, les pays riches continuent d’accaparer les ressources des zones les plus pauvres. Surtout, au lieu de s’acquitter de leur #dette_écologique en réparant les torts que cause le #réchauffement_climatique au reste du monde, ils ne font qu’accroître cette dette.

    Entre une petite voiture de 970 kg comme la Dacia Spring et une BMW de plus de 2 tonnes, la quantité de métaux varie du simple au triple. Pour éviter, de toute urgence, que les mines ne mettent à sec des régions entières, la première chose à faire serait de diminuer la demande en métaux en réduisant la taille des véhicules. C’est ce que préconise l’ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste des matières premières et coauteur de La ville stationnaire — Comment mettre fin à l’étalement urbain (Actes Sud, 2022) : « C’est un gâchis effroyable de devoir mobiliser l’énergie et les matériaux nécessaires à la construction et au déplacement de 1,5 ou 2 tonnes, pour in fine ne transporter la plupart du temps qu’une centaine de kilogrammes de passagers et de bagages », dit-il à Reporterre.

    « C’est un #gâchis effroyable »

    « C’est à la puissance publique de siffler la fin de partie et de revoir les règles, estime l’ingénieur. Il faudrait interdire les véhicules électriques personnels au-delà d’un certain poids, comme les #SUV. Fixer une limite, ou un malus progressif qui devient vite très prohibitif, serait un bon signal à envoyer dès maintenant. Puis, cette limite pourrait être abaissée régulièrement, au rythme de sortie des nouveaux modèles. »

    C’est loin, très loin d’être la stratégie adoptée par le gouvernement. À partir de 2024, les acheteurs de véhicules de plus de 1,6 tonne devront payer un #malus_écologique au poids. Les véhicules électriques, eux, ne sont pas concernés par la mesure.

    LES BESOINS EN MÉTAUX EN CHIFFRES

    En 2018, l’Académie des sciences constatait que le programme de véhicules électriques français repose sur « des quantités de lithium et de cobalt très élevées, qui excèdent, en fait et à technologie inchangée, les productions mondiales d’aujourd’hui, et ce pour satisfaire le seul besoin français ! » En clair : si on ne renonce pas à la voiture personnelle, il faudra, pour disposer d’une flotte tout électrique rien qu’en France, plus de cobalt et de lithium que l’on en produit actuellement dans le monde en une année.

    L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande de lithium pour les véhicules électriques pourrait être multipliée par 14 en 25 ans, celle de cuivre par 10 et celle de cobalt par 3,5. Simon Michaux, ingénieur minier et professeur à l’Institut géologique de Finlande, a calculé récemment que si l’on devait électrifier les 1,4 milliard de voitures en circulation sur la planète, il faudrait disposer de l’équivalent de 156 fois la production mondiale actuelle de lithium, 51 fois la production de cobalt, 119 fois la production de graphite et plus de deux fois et demie la production actuelle de cuivre [3]. Quelles que soient les estimations retenues, ces volumes de métaux ne pourraient provenir du recyclage, puisqu’ils seraient nécessaires pour construire la première génération de véhicules électriques.

    https://reporterre.net/Les-voitures-electriques-assoiffent-les-pays-du-Sud
    #eau #sécheresse #extractivisme #résistance #justice #industrie_automobile #métaux_rares

    • #Scandale du « cobalt responsable » de BMW et Renault au Maroc

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’approvisionnent en cobalt au Maroc en se vantant de leur politique d’achat éthique. « Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association », s’insurgent plusieurs responsables syndicaux et associatifs, basés en France et au Maroc.

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’affichent en champions de la mine responsable. Depuis 2020, la marque allemande s’approvisionne en cobalt au Maroc auprès de la Managem, grande entreprise minière appartenant à la famille royale. En 2022, Renault l’a imité en signant un accord avec le groupe marocain portant sur l’achat de 5000 tonnes de sulfate de cobalt par an pour alimenter sa « gigafactory » dans les Hauts de France. Forts de ces contrats, les deux constructeurs automobiles ont mené des campagnes de presse pour vanter leur politique d’achat de matières premières éthiques, BMW assurant que « l’extraction de cobalt par le groupe Managem répond aux critères de soutenabilité les plus exigeants » en matière de respect des droits humains et de l’environnement.

      Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association. Elle est responsable de violations de droits humains, d’une pollution majeure à l’arsenic et menace les ressources en eau de la région, comme l’ont révélé l’enquête de Celia Izoard sur Reporterre et le consortium d’investigation réunissant le quotidien Süddeutsche Zeitung, les radiotélévisions allemandes NDR et WDR et le journal marocain Hawamich (2).

      Une catastrophe écologique

      Les constructeurs automobiles n’ont jamais mentionné que la mine de Bou Azzer n’est pas seulement une mine de cobalt : c’est aussi une mine d’arsenic, substance cancérigène et hautement toxique. Depuis le démarrage de la mine par les Français en 1934, les déchets miniers chargés d’arsenic ont été massivement déversés en aval des usines de traitement. Dans les oasis de cette région désertique, sur un bassin versant de plus de 40 kilomètres, les eaux et les terres agricoles sont contaminées. A chaque crue, les résidus stockés dans les bassins de la mine continuent de se déverser dans les cours d’eau.

      A Zaouit Sidi-Blal, commune de plus de 1400 habitants, cette pollution a fait disparaître toutes les cultures vivrières à l’exception des palmiers dattiers. Les représentants de la commune qui ont mené des procédures pour faire reconnaître la pollution ont été corrompus ou intimidés, si bien que la population n’a fait l’objet d’aucune compensation ou mesure de protection.

      Dans le village de Bou Azzer, à proximité immédiate du site minier, treize familles et une vingtaine d’enfants se trouvent dans une situation d’urgence sanitaire manifeste. Faute d’avoir été relogés, ils vivent à quelques centaines de mètres des bassins de déchets contenant des dizaines de milliers de tonnes d’arsenic, au milieu des émanations d’acide sulfurique, sans argent pour se soigner.

      Depuis vingt ans, la mine de Bou Azzer, exploitée en zone désertique, n’a cessé d’augmenter sa production. Le traitement des minerais consomme des centaines de millions de litres d’eau par an dans cette région durement frappée par la sécheresse. Les nappes phréatiques sont si basses que, dans certains villages voisins de la mine, l’eau doit être coupée plusieurs heures par jour. A l’évidence une telle exploitation ne peut être considérée comme « soutenable ».

      Mineurs sacrifiés

      Les conditions d’extraction à Bou Azzer sont aussi alarmantes qu’illégales. Alors que le recours à l’emploi temporaire pour les mineurs de fond est interdit au Maroc, des centaines d’employés de la mine travaillent en contrat à durée déterminée pour des entreprises de sous-traitance. Ces mineurs travaillent sans protection et ne sont même pas prévenus de l’extrême toxicité des poussières qu’ils inhalent. Les galeries de la mine s’effondrent fréquemment faute d’équipement adéquat, entraînant des décès ou des blessures graves. Les entreprises sous-traitantes ne disposent d’aucune ambulance pour évacuer les blessés, qui sont transportés en camion. Les nombreux mineurs atteints de silicose et de cancer sont licenciés et leurs maladies professionnelles ne sont pas déclarées. Arrivés à la retraite, certains survivent avec une pension de moins de 100 euros par mois et n’ont pas les moyens de soigner les maladies contractées dans les galeries de Bou Azzer.

      Enfin, si la Managem prétend « promouvoir les libertés syndicales et les droits d’association », la situation politique du Maroc aurait dû amener BMW et Renault à s’intéresser de près à l’application de ces droits humains. Il n’existe à Bou Azzer qu’un syndicat aux ordres de la direction, et pour cause ! En 2011-2012, lors de la dernière grande grève sur le site, les tentatives d’implanter une section de la Confédération des travailleurs ont été violemment réprimées. Les mineurs qui occupaient le fond et qui n’exigeaient que l’application du droit du travail ont été passés à tabac, des grévistes ont été torturés et poursuivis pour « entrave au travail », de même que les membres de l’Association marocaine pour les droits humains qui soutenaient leurs revendications.

      Comment, dans ces conditions, les firmes BMW et Renault osent-elles vanter leurs politiques d’achat de « cobalt responsable » ? Au regard ne serait-ce que des lois sur le devoir de vigilance des entreprises, elles auraient dû prendre connaissance de la situation réelle des mineurs et des riverains de Bou Azzer. Elles auraient dû tout mettre en œuvre pour faire cesser cette situation qui découle d’infractions caractérisées au droit du travail, de l’environnement et de la santé publique. Mieux encore, elles devraient renoncer à la production en masse de véhicules qui ne sauraient être ni soutenables ni écologiques. Les luxueuses BMW i7 pèsent 2,5 tonnes et sont équipées de batteries de 700 kg. La justice sociale et l’urgence écologique imposent aux constructeurs automobiles et aux dirigeants de prendre leurs responsabilités : adopter des mesures drastiques pour réduire le poids et le nombre des véhicules qui circulent sur nos routes. La « transition » pseudo-écologique portée par les pouvoirs publics et les milieux économiques ne doit pas ouvrir la voie au greenwashing le plus éhonté, condamnant travailleurs et riverains à des conditions de travail et d’environnement incompatibles avec la santé et la dignité humaines et renforçant des logiques néocoloniales.

      (1) Tous nos remerciements à Benjamin Bergnes, photographe, qui nous cède le droit de disposer de cette photo dans le cadre exclusif de cette tribune.

      Premiers signataires :

      Annie Thébaud-Mony, Association Henri-Pézerat

      Alice Mogwe, présidente de la Fédération internationale pour les droits humains

      Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme

      Agnès Golfier, directrice de la Fondation Danielle-Mitterrand

      Lawryn Remaud, Attac France

      Jawad Moustakbal, Attac Maroc/CADTM Maroc

      Hamid Majdi, Jonction pour la défense des droits des travailleurs, Maroc

      Pascale Fouilly, secrétaire générale du syndicat national des mineurs CFDT, assimilés et du personnel du régime minier de sécurité sociale

      Marie Véron, coordinatrice de l’Alliance écologique et sociale (qui réunit les Amis de la Terre, Attac, la Confédération paysanne, FSU, Greenpeace France, Oxfam France et Solidaires)

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      https://reporterre.net/BMW-et-Renault-impliques-dans-un-scandale-ecologique-au-Maroc

      https://reporterre.net/Mines-au-Maroc-la-sinistre-realite-du-cobalt-responsable

      https://reporterre.net/Au-Maroc-une-mine-de-cobalt-empoisonne-les-oasis

      https://www.tagesschau.de/investigativ/ndr-wdr/umweltstandards-bmw-zulieferer-kobalt-marokko-100.html

      https://www.sueddeutsche.de/projekte/artikel/wirtschaft/bou-azzer-arsen-umweltverschmutzung-e-autos-bmw-e972346

      https://www.ndr.de/der_ndr/presse/mitteilungen/NDR-WDR-SZ-Massive-Vorwuerfe-gegen-Zulieferer-von-BMW,pressemeldungndr24278.html

      https://www.br.de/nachrichten/bayern/schmutzige-kobalt-gewinnung-vorwuerfe-gegen-bmw-zulieferer,TvPhd4K

      https://www.dasding.de/newszone/bmw-zulieferer-marokko-verdacht-umwelt-arbeit-kobalt-100.html

      https://hawamich.info/7361

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/131123/scandale-du-cobalt-responsable-de-bmw-et-renault-au-maroc

    • Scandale du cobalt marocain : lancement d’une enquête sur BMW

      À la suite de l’enquête de Reporterre et de médias internationaux sur l’extraction de « cobalt responsable » au Maroc pour les voitures électriques, l’autorité fédérale allemande de contrôle a engagé une procédure contre BMW.

      La mine de cobalt de Bou Azzer, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, intoxique les travailleurs et l’environnement. À la suite de nos enquêtes sur ce scandale, l’Office fédéral allemand du contrôle de l’économie et des exportations (Bafa) a ouvert une enquête sur le constructeur automobile BMW. Le gouvernement a confirmé cette information après une question écrite du groupe parlementaire de gauche Die Linke le 25 novembre, selon le quotidien Der Spiegel.

      L’autorité de contrôle pourrait infliger des sanctions à BMW pour avoir enfreint la loi sur le devoir de vigilance des entreprises. Depuis 2020, BMW fait la promotion de son « approvisionnement responsable » au Maroc sans avoir mené d’audit dans cette mine de cobalt et d’arsenic, comme l’a révélé notre investigation menée conjointement avec le Süddeutsche Zeitung, les chaînes allemandes NDR et WDR et le média marocain Hawamich.
      Les mineurs en danger

      Privés de leurs droits syndicaux, les mineurs y travaillent dans des conditions illégales et dangereuses ; les déchets miniers ont gravement pollué les oasis du bassin de l’oued Alougoum au sud de Ouarzazate, où l’eau des puits et les terres présentent des concentrations en arsenic plus de quarante fois supérieures aux seuils.

      En vigueur depuis janvier 2023, la loi allemande sur le devoir de vigilance vise à améliorer le respect des droits humains et de l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Comme dans la loi française, les grandes entreprises ont l’obligation de prévenir, d’atténuer ou de mettre fin à d’éventuelles violations.

      Mais les moyens de contrôle de l’autorité fédérale sont ridiculement insuffisants pour faire appliquer cette loi, estime Cornelia Möhring, députée et porte-parole du parti de gauche Die Linke au Bundestag, interviewée par Reporterre : « Le cas de BMW, qui se vante d’exercer sa responsabilité environnementale et sociale “au-delà de ses usines” et qui a préféré ignorer la réalité de cette extraction, est emblématique, dit-elle. Il montre que le volontariat et l’autocontrôle des entreprises n’ont aucun sens dans un monde capitaliste. Face au scandale du cobalt, le gouvernement fédéral doit maintenant faire la preuve de sa crédibilité en ne se laissant pas piétiner par l’une des plus grandes entreprises allemandes. »

      « L’autocontrôle des entreprises n’a aucun sens »

      Le propriétaire de BMW, Stefan Qandt, est le quatrième homme le plus riche d’Allemagne, souligne Cornelia Möhring. En cas d’infraction avérée au devoir de vigilance, les sanctions maximales prévues par l’autorité de contrôle allemande sont une exclusion des marchés publics pour une durée de trois ans ou une amende allant jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires annuel du groupe (celui de BMW était de 146 milliards d’euros en 2022). Le constructeur s’est déclaré prêt à « exiger de son fournisseur des contre-mesures immédiates » pour améliorer la situation à Bou Azzer. De son côté, la députée Cornelia Möhring estime qu’« une action en justice à l’encontre de BMW pour publicité mensongère serait bienvenue ».

      Quid de Renault, qui a signé en 2022 un accord avec l’entreprise Managem pour une fourniture en cobalt à partir de 2025 pour les batteries de ses véhicules ? Il a lui aussi fait la promotion de ce « cobalt responsable » sans avoir enquêté sur place. Interrogé par Reporterre, le constructeur automobile assure qu’« un premier audit sur site mené par un organisme tiers indépendant » sera mené « très prochainement », et qu’« en cas de non-respect des normes et engagements ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance] du groupe, des mesures correctives seront prises pour se conformer aux normes ». Reste à savoir quelles « normes » pourraient protéger les travailleurs et l’environnement dans un gisement d’arsenic inévitablement émetteur de grands volumes de déchets toxiques.

      https://reporterre.net/Scandale-du-cobalt-marocain-l-Etat-allemand-va-enqueter-sur-BMW

  • « Plus haute #ZAD d’Europe » : faut-il encore aménager les #glaciers alpins ?

    Du 8 au 10 novembre, la France accueille le #One_Planet#Polar_Summit, premier sommet international consacré aux glaciers et aux pôles, pour appeler à une mobilisation exceptionnelle et concertée de la communauté internationale. Dans les #Alpes, les projets d’aménagements des glaciers à des fins touristiques ou sportives sont pourtant toujours en cours malgré leur disparition annoncée. C’est le cas par exemple dans le massif des Écrins (#Hautes-Alpes), sur le glacier de la #Girose où il est prévu d’implanter depuis 2017 le troisième tronçon du téléphérique de la #Grave.

    Du 7 au 13 octobre dernier, les #Soulèvements_de_la_Terre (#SLT) ont occupé le chantier afin d’en bloquer les travaux préparatoires. Ce nouvel aménagement a pour objectif de prolonger les deux tronçons existant, qui permettent depuis 1978 d’accéder au #col_des_Ruillans à 3 221 mètres et ainsi rallier à terme le #Dôme_de_La_Lauze à 3559 mètres. Porté par la #Société_d’aménagement_touristique_de_la_Grave (#SATG) et la municipalité, ce projet est estimé à 12 millions d’euros, investissement dont le bien fondé divise les habitants de #La_Grave depuis cinq ans.

    En jeu derrière ces désaccords, la direction à donner à la transition touristique face au changement climatique : renforcement ou bifurcation du modèle socio-économique existant en montagne ?

    Une #occupation surprise du glacier

    Partis du village de La Grave à 1 400 mètres dans la nuit du 6 au 7 octobre, une quinzaine de militants des SLT ont gravi 2 000 mètres de dénivelé avec des sacs à dos de 15 à 20 kg. Au terme de 12 heures d’ascension, ils ont atteint le haut d’un rognon rocheux émergeant du glacier de la Girose où doit être implanté un pylône du nouveau téléphérique. Ils y ont installé leur camp de base dans l’après-midi, avant d’annoncer sur les réseaux sociaux la création de « la plus haute zone à défendre (ZAD) d’Europe ».

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    Par cette mobilisation surprise, les SLT ont montré qu’ils pouvaient être présents sur des terrains où ils ne sont pas forcément attendus et que pour cela :

    - ils disposent de ressources logistiques permettant d’envisager une mobilisation de type occupationnelle de plusieurs jours à 3 400 mètres d’altitude

    - ils maîtrisent les techniques d’alpinisme et l’engagement physique qu’implique la haute montagne.

    Sur le glacier de la Girose, les conditions de vie imposées par le milieu n’ont en effet rien à voir avec celles des autres ZAD en France, y compris celles de La Clusaz (en novembre 2021 et octobre 2022), premières du type en montagne, dans le bois de la Colombière à 1 400 mètres d’altitude. Au cours de la semaine d’occupation, les températures étaient toutefois clémentes, oscillant entre -7° à 10 °C, du fait d’un automne anormalement chaud.
    Une communication bien rodée

    Très rapidement, cette occupation du glacier a donné un coup de projecteur national sur ce projet controversé d’aménagement local. Dès son annonce publique, les articles se sont succédés dans les médias nationaux à partir des éléments de communication (photographies, vidéos, communiqués de presse, live sur les réseaux sociaux) fournis par les SLT depuis le glacier de la Girose. Les militants présents disposaient en effet des compétences et du matériel nécessaires pour produire des contenus professionnels à 3400 mètres. Ils ont ainsi accordé une attention particulière à la mise en scène médiatique et à sa dimension esthétique.

    Bien qu’inédite par sa forme ainsi que les lieux et les moyens mobilisés, cette mobilisation s’inscrit dans une grammaire politique partagée faisant référence au bien commun ainsi qu’aux imaginaires et narratifs habituels des SLT, qu’elle actualise à partir de cette expérience en haute montagne. Elle est visible dans les stratégies de communication mobilisées : les références à la ZAD, à la stratégie du désarmement, l’apparition masquée des militants, les slogans tels que la « lutte des glaces », « nous sommes les glaciers qui se défendent » et « ça presse mais la SATArde ». Une fois déployée, cette grammaire de la mobilisation est aisément reconnaissable par les publics, qu’ils y soient favorables ou non.
    Une plante protégée sur le chantier

    Cette occupation du glacier a été imaginée dans l’urgence en quelques jours par les SLT pour répondre au début des travaux préliminaires entrepris par la SATG quelques jours auparavant. Son objectif était de stopper ces derniers suite à la décision du tribunal administratif de Marseille de rejeter, le 5 octobre, un référé liberté demandant leurs interruptions d’urgence. Déposé le 20 septembre par les associations locales et environnementales, ce dernier visait notamment à protéger l’androsace du Dauphiné présente sur le rognon rocheux.

    Cette plante protégée, dont la découverte formelle ne remonte qu’à 2021, a été identifiée le 11 juillet sur les lieux par deux scientifiques du Laboratoire d’écologie alpine (CNRS, Université Grenoble Alpes et Université Savoie Mont Blanc) et certifiée par l’Office français de la biodiversité (OFB). Leur rapport d’expertise écologique a été rendu public et remis aux autorités administratives le 18 juillet : il montre qu’il existe plusieurs spécimens de l’androsace du Dauphiné dans un rayon de moins de 50 mètres autour du projet d’implantation du pylône. Or, elle ne figure pas dans l’étude d’impact et le bureau d’étude qui l’a réalisée affirme l’avoir cherchée sans la trouver.

    Deux jours après le début de l’occupation, la SATG a demandé à la préfecture des Hautes-Alpes l’évacuation du campement des SLT afin de pouvoir reprendre au plus vite les travaux. Le 10 octobre, la gendarmerie s’est rendue sur le glacier pour notifier aux militants qu’un arrêté municipal interdisant le bivouac jusqu’au printemps avait été pris. Et que le campement était illégal, et donc passible de poursuites civiles et pénales.

    En réponse, un nouveau recours « référé-suspension » en justice a été déposé le lendemain par les associations locales et environnementales pour stopper les travaux… à nouveau rejeté le 30 octobre par le tribunal administratif de Marseille. Cette décision s’appuie sur l’avis de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et du préfet des Hautes-Alpes qui estiment que le risque d’atteinte à l’androsace du Dauphiné n’était pas suffisamment caractérisé. MW et LGA envisagent désormais de former un recours en cassation devant le Conseil d’État.

    Entre-temps, les SLT ont décidé de redescendre dans la vallée dès le 13 octobre, leur présence n’étant plus nécessaire pour empêcher le déroulement des travaux, puisque les conditions météorologiques rendent désormais leur reprise impossible avant le printemps 2024.

    https://twitter.com/lessoulevements/status/1712817279556084122

    Bien qu’illégale, cette occupation « à durée déterminée » du glacier pourrait permettre à la justice d’aboutir à un jugement de fond sur l’ensemble des points contestés par les associations locales et environnementales. En ce sens, cette occupation a permis de faire « gagner du temps » à Mountain Wilderness (MW) et à La Grave Autrement (LGA) engagées depuis cinq ans contre le projet. Leurs actions menées depuis le 3 avril dernier, date du permis de construire accordée par la mairie de la Grave à la SATG, n’ont jusqu’alors pas été en mesure d’empêcher le début des travaux… alors même que leurs recours juridiques sur le fond ne vont être étudiés par la justice que l’année prochaine et que les travaux auraient pu avoir lieu en amont.

    Cette mobilisation des SLT a aussi contraint les promoteurs du projet à sortir du silence et à prendre position publiquement. Ils ont ainsi dénoncé « quatorze hurluberlus qui ne font rien de leur vie et entravent ceux qui travaillent », ce à quoi la presse montagne a répondu « les glaciers disent merci aux hurluberlus ».
    Sanctuarisation et manque de « cohérence »

    En Europe, cette mobilisation des SLT en haute montagne est inédite dans l’histoire des contestations socio-environnementales du tourisme, et plus largement dans celles des mouvements sociaux. Cela lui confère une forte dimension symbolique, en même temps que le devenir des glaciers est lui-même devenu un symbole du changement climatique et que leur artificialisation à des fins touristiques ou sportives suscite de plus en plus de critiques dans les Alpes. Dernier exemple en date, le creusement d’une piste de ski dans un glacier suisse à l’aide de pelles mécaniques afin de permettre la tenue d’une épreuve de la coupe du monde de ski.

    Une telle situation où un engin de travaux publics brise de la glace pour l’aplanir et rendre possible la pratique du ski alpin a déjà été observée à la Grave en septembre 2020. L’objectif était alors de faire fonctionner le vieux téléski du glacier de la Girose, que le troisième tronçon du téléphérique entend remplacer à terme… sauf que l’objectif de ce dernier est d’accroître le nombre de skieurs alpins sur un glacier qui subit de plein fouet le réchauffement climatique, ce qui impliquera ensuite la mise en place d’une sécurisation des crevasses à l’aide de pelleteuses. Dans ce contexte, la question que pose la mobilisation des SLT peut donc se reformuler ainsi : ne faut-il pas désormais laisser le glacier de la Girose libre de tout moyen de transport pour en faire un avant-poste de la transition touristique pour expérimenter une nouvelle approche de la montagne ?

    Cette question résonne avec la position du gouvernement français au One Planet Summit sur la nécessaire sanctuarisation des écosystèmes que représentent les glaciers… dont le projet d’aménagement du glacier de la Girose représente « quelques accrocs à la cohérence », reconnaît Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, du fait d’un dossier complexe.
    Un dialogue à rouvrir pour avancer

    Au lendemain de la fin de l’occupation du glacier par les SLT, le 14 octobre, une manifestation a été organisée à l’initiative des Enseignes de La Meije (association des commerçants de la Grave) pour défendre l’aménagement du troisième tronçon du téléphérique. Pour eux, comme pour la SATG et la municipalité, l’existence de la station est en péril sans celui-ci, ce que conteste LGA dans son analyse des retombées économiques sur le territoire. Le bureau des guides de la Grave est lui aussi divisé sur le sujet. Le débat ne se résume donc pas à une opposition entre les amoureux du glacier, là-haut, et ceux du business, en bas ; entre ceux qui vivent sur le territoire à l’année et les autres qui n’y sont que quelques jours par an ; entre des « hurluberlus qui ne font rien de leur vie » et ceux qui travaillent, etc.

    Comme partout en montagne, le débat à la Grave est plus complexe qu’il n’y paraît et appelle à rouvrir le dialogue si l’on prend au sérieux l’inévitable bifurcation du modèle de développement montagnard face aux effets du changement climatique. Considérer qu’il n’y a pas aujourd’hui deux montagnes irréconciliables n’implique pas d’être d’accord sur tout avec tout le monde en amont. Les désaccords peuvent être féconds pour imaginer le devenir du territoire sans que l’artificialisation du glacier soit l’unique solution pour vivre et habiter à La Grave.

    Si les travaux du troisième tronçon du #téléphérique étaient amenés à reprendre au printemps prochain, les SLT ont d’ores et déjà annoncé qu’ils reviendront occuper le glacier de la Girose.

    https://theconversation.com/plus-haute-zad-deurope-faut-il-encore-amenager-les-glaciers-alpins-
    #tourisme #aménagement_du_territoire #résistance

    • Écologie : dans un village des Hautes-Alpes, le #téléphérique de la discorde

      À La Grave, dans les Hautes-Alpes, des habitants se mobilisent contre la construction d’un téléphérique, vu comme un levier de #tourisme_de_masse. Éleveurs, mais aussi artisan ou guide de haute montagne, ils défendent un mode de vie alternatif et adapté à la crise climatique.

      Comme tous les matins d’hiver, Agathe Margheriti descend à ski, avec précaution, le sentier enneigé et pentu qui sépare sa maison de la route. Son sac à dos est chargé d’une précieuse cargaison : les œufs de ses 200 poules, qu’elle vend au porte-à-porte, une fois par semaine, aux habitant·es de la vallée de la Romanche. Chaque jour, elle descend la ponte du jour et la stocke dans des boîtes isothermes dans sa camionnette qui stationne en bord de route, au pied du chemin.

      Il y a six ans, cette jeune femme a fait un choix de vie radical. Avec son compagnon Aurélien Routens, un ancien snowboardeur professionnel, elle a acheté un hameau en ruine, le #Puy_Golèfre, dans le village de La Grave (Hautes-Alpes). « Pour 140 000 euros, c’est tout ce que nous avons trouvé à la portée de nos moyens. Il n’y a ni eau ni électricité, et il faut 20 minutes pour monter à pied depuis la route, mais regardez cette vue ! », montre Agathe, rayonnante.

      La petite maison de pierre retapée par le couple, orientée plein sud, chauffée au bois et dotée d’énergie solaire, offre un panorama époustouflant sur la face nord de la Meije, la plus impressionnante montagne des Alpes françaises, toute de glace et de roche, qui culmine à 3 983 mètres.

      Son sommet occupe une place à part dans l’histoire de l’alpinisme : il n’a été atteint qu’en 1877, un siècle après le mont Blanc. L’autre originalité du lieu, à laquelle Agathe et Aurélien tiennent tant, c’est que La Grave est le seul village d’Europe à être doté d’un téléphérique dont la gare d’arrivée, à 3 200 mètres d’altitude, débouche sur un domaine skiable sauvage. Ni piste damée ni canon à neige, mais des vallons de neige vierge aux pentes vertigineuses, paradis des snowboardeurs freeride qui font leurs traces dans la poudreuse.

      Ce paradis, Agathe et Aurélien veulent le préserver à tout prix. Avec une poignée d’amis du village, ils luttent depuis trois ans contre un projet qu’ils jugent aussi inutile qu’anachronique : la construction d’un troisième tronçon de téléphérique par son exploitant, le groupe #SATA, qui permettrait de monter jusqu’au #dôme_de_la_Lauze, à 3 559 mètres. Ce nouvel équipement, d’un coût de 14 millions d’euros (dont 4 millions d’argent public), permettrait de skier sur le #glacier de la #Girose, actuellement doté d’un #téléski vieillissant, dont l’accès est devenu problématique en raison du réchauffement climatique.

      Un téléphérique sur un glacier, alors que les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que le reste de la planète et que les scientifiques alertent sur la disparition de la moitié des glaciers de montagne d’ici à 2100 ?

      Pour tenter d’empêcher la réalisation de ce projet fou, des habitant·es de la Grave, constitué·es dans le collectif #La_Grave_autrement, luttent sur deux fronts : judiciaire et médiatique. Deux recours ont été déposés devant le tribunal administratif pour contrer le projet de la SATA, un groupe qui exploite aussi les domaines skiables de l’Alpe d’Huez et des Deux-Alpes, emploie 800 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros. Les jugements au fond n’interviendront pas avant le printemps 2024… Trop tard, peut-être, pour empêcher le démarrage des travaux.

      Alors, parallèlement, des militant·es se sont activé·es sur le terrain : en octobre, l’association #Mountain_Wilderness a déployé une banderole sur le glacier, puis #Les_Soulèvements_de_la_Terre ont symboliquement planté leurs tentes sur le rognon rocheux situé au milieu du glacier, sur lequel doit être édifié le pylône du téléphérique et où des botanistes ont découvert une plante rare et protégée, l’#androsace_du_Dauphiné.

      Enfin, en novembre, des habitant·es de La Grave, accompagné·es de la glaciologue Heidi Sevestre, ont symboliquement apporté un gros morceau de glace de la Girose à Paris, le jour de l’ouverture du One Planet-Polar Summit, et interpellé le gouvernement sur l’urgence de protéger les glaciers.

      Depuis, la neige est tombée en abondance sur la Meije et dans la vallée. À La Grave et dans le village voisin de Villar d’Arène, les opposant·es au projet prouvent, dans leur vie quotidienne, qu’une #alternative au tout-ski est possible et que la vallée peut se réinventer sans porter atteinte à ce milieu montagnard si menacé.

      Thierry Favre, porte-parole de La Grave autrement, vit dans une ancienne bergerie, au cœur du hameau des Hières, à 1 800 mètres d’altitude, qu’il a achetée il y a trente ans, après être tombé amoureux du site pour la qualité de sa neige et la verticalité de ses pentes. Après avoir travaillé dans l’industrie de la soierie à Lyon et à Florence, il a fondé ici sa propre entreprise de création d’étoffes, #Legend’Enhaut, qui fabrique des tissus haut de gamme pour des décorateurs. « Nous sommes bien situés, sur un grand axe de circulation entre Grenoble et Briançon. Nous avons l’immense chance de ne pas avoir vu notre cadre de vie massacré par les ensembles immobiliers qui défigurent les grandes stations de ski des Alpes. Mais il faut être vigilants. La Grave compte déjà 75 % de #résidences_secondaires. Et le projet de nouveau téléphérique s’accompagnera inévitablement de la construction d’une résidence de tourisme. Il y a urgence à proposer un autre modèle pour l’avenir. »

      À 60 ans, Thierry Favre s’applique à lui-même ce souci de sobriété dans son activité professionnelle. « Mon entreprise marchait bien mais j’ai volontairement mis le pied sur le frein. Je n’ai conservé que deux salariés et deux collaborateurs extérieurs, pour préserver ma qualité de vie et garder du temps pour militer. »

      À deux kilomètres de là, à la ferme de Molières, Céline Gaillard partage la même philosophie. Après avoir travaillé à l’office du tourisme de Serre-Chevalier et à celui de La Grave, cette mère de deux enfants s’est reconvertie dans l’élevage de chèvres. Elle et son mari Martin, moniteur de ski trois mois par an, exploitent un troupeau de 50 chèvres et fabriquent des fromages qu’ils vendent sur place. Pendant les six mois d’hiver, les bêtes vivent dans une vaste chèvrerie, où elles ont de l’espace pour bouger, et en été, elles paissent sur les alpages voisins. « Je ne veux pas en avoir plus de cinquante, par souci du bien-être animal. Nous pourrions produire plus de fromages, car la demande est forte. Mais le travail saisonnier de Martin nous apporte un complément de revenus qui nous suffit. »

      Avec les œufs de ses poules, Agathe fait le même constat : « Je pourrais en vendre dix fois plus. L’an dernier, nous avons planté de l’ail et des framboisiers : nous avons tout vendu très vite. Ce serait bien que d’autres éleveurs s’installent. Si nous avions une production locale plus fournie, nous pourrions ouvrir une épicerie coopérative au village. »

      Contrairement à Agathe qui milite dans le collectif La Grave autrement, Céline, la chevrière, ne s’oppose pas ouvertement au nouveau téléphérique. Mais elle n’est « pas d’accord pour se taire » : « Nous n’avons pas pu avoir un vrai débat sur le projet. Il faudrait un moratoire, le temps d’échanger avec la population. Je ne comprends pas cette volonté d’exploiter la montagne jusqu’à son dernier souffle. »

      Céline et Martin Gaillard ne sont pas seuls à pratiquer l’élevage autrement dans le village. Au hameau des #Cours, à #Villar_d’Arène, un autre jeune couple, originaire de l’ouest de la France, s’est installé en 2019. Sylvain et Julie Protière, parents d’un enfant de 4 ans, ont repris la ferme du Lautaret, dans laquelle ils élèvent 35 vaches d’Herens, une race alpine particulièrement adaptée à la rudesse du climat montagnard.

      Alors que la plupart des fermiers traditionnels de La Grave et de Villar d’Arène élèvent des génisses qu’ils revendent à l’âge de 3 ans et n’exploitent donc pas le lait, Sylvain et Julie traient leurs vaches et fabriquent le fromage à la ferme. Cela leur procure un meilleur revenu et leur permet de fournir en fromage les consommatrices et consommateurs locaux. « Nous vendons toute notre production aux restaurants, refuges et gîtes dans un rayon de 5 kilomètres, et nous n’en avons pas assez pour satisfaire la demande », témoigne Sylvain.

      À mesure que le combat des opposants et opposantes au nouveau téléphérique se médiatise et se radicalise, les tensions s’avivent au sein de la communauté villageoise. Les partisans du téléphérique accusent les opposants de vouloir la mort de l’économie de la vallée. Selon eux, sans le troisième tronçon, le téléphérique actuel n’est plus viable.

      Aucun·e des opposant·es que Mediapart a rencontré·es, pourtant, ne souhaite l’arrêt des remontées mécaniques. Benjamin Ribeyre, guide de haute montagne et cofondateur du collectif La Grave autrement, pense au contraire que l’actuel téléphérique pourrait servir de base à un développement touristique tourné vers la transition écologique. « L’actuelle plateforme d’arrivée, à 3 200 mètres, permet un accès facile au glacier de la Girose. C’est unique en France, bien mieux que la gare du Montenvers de Chamonix, d’où l’on ne voit de la mer de glace que des moraines grises. Ici, grâce au téléphérique, nous pourrions proposer des sorties d’éducation au climat, en particulier pour les enfants des écoles. Le réchauffement climatique bouleverse notre activité de guides de haute montagne. Nous devons d’urgence nous réinventer ! »

      Niels Martin, cofondateur de La Grave autrement, conteste, pour sa part, les calculs économiques des promoteurs du projet. Père de deux jeunes enfants, il partage sa vie entre La Grave et la Savoie, où il travaille dans une institution de la montagne. « Ce troisième tronçon n’est pas indispensable à la survie du téléphérique. Le fait que La Grave soit restée à l’écart des grands aménagements du plan neige des années 1970 doit devenir son principal attrait. » Au nom du collectif, Niels vient d’envoyer une lettre au préfet coordonnateur du massif des Alpes dans laquelle il propose que le village devienne en 2024 un site pilote des États généraux de la transition du tourisme en montagne, où se concoctent des solutions d’avenir pour faire face au réchauffement climatique dans les Alpes. Les Soulèvements de la Terre, eux, n’ont pas dit leur dernier mot. Dès la fonte des neiges, ils ont promis de remonter sur le glacier de la Girose.

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/251223/ecologie-dans-un-village-des-hautes-alpes-le-telepherique-de-la-discorde

    • #Guillaume_Gontard : Glacier de la #Girose - La #Grave :

      J’ai interrogé le ministre @Ecologie_Gouv sur l’avenir du glacier de la #Girose dans les #Alpes.
      Ce lieu unique est menacé par un projet de prolongation d’un téléphérique permettant de skier sur un glacier dont les jours sont comptés.

      https://twitter.com/GuillaumGontard/status/1740306452957348349

  • [après la terrible leçon de Sainte Soline] Manifestation contre le projet d’autoroute A69 : le cortège principal défile dans le calme, plusieurs sites privés envahis par des manifestants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/21/manifestation-contre-l-a69-dans-le-tarn-les-opposants-au-projet-d-autoroute-

    La manifestation a mobilisé plus de 10 000 personnes, selon les organisateurs. La préfecture du Tarn a fait état de 2 400 personnes dans le cortège principal, et de 2 500 « individus radicaux et violents en dehors ».

    .... La manifestation s’est scindée en plusieurs cortèges au fil de l’après-midi.

    Les organisateurs (...) avaient pris soin de brouiller les pistes. Six cortèges sont partis du camp de base, non loin de Saïx, dont cinq sur des parcours qui n’avaient pas été déposés.

    L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une #cimenterie de la société Carayon, un site qui n’était pas protégé par les forces de l’ordre. C’est le cortège « rouge », au nom de code « économie locale », composé de quelque 2 000 personnes – chaque cortège était différencié par des drapeaux de couleur et répondait à des appellations diverses comme « utilité publique », « décarbonation » ou encore « désenclavement » –, qui était chargé de pénétrer sur le site du cimentier. Après une marche sportive sur chemins et routes, les manifestants ont forcé le portail de la cimenterie pour y taguer des slogans hostiles à l’#A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à #béton, une grande cuve en métal.

    Trois camions toupies ont été incendiés. Selon les organisateurs, cela n’était pas prévu. La préfecture, dans son communiqué de fin de journée, explique que « des individus hostiles ont dégradé une cimenterie, y déclenchant un incendie ». « Après avoir été entravés par les manifestants, qui ont été repoussés par les forces de l’ordre, les sapeurs-pompiers sont intervenus sur le lieu de l’incendie », avancent ensuite les autorités. Selon le journaliste du Monde présent sur place, aucun contact n’a cependant eu lieu avec les forces de l’ordre ou avec les pompiers, les #manifestants ayant quitté les lieux bien avant que les véhicules de secours ou de gendarmes ne s’approchent du site.

    Bardou, une autre entreprise tarnaise du #BTP, à Cambounet-sur-le-Sor, qui intervient sur le #chantier de l’A69, a aussi été prise pour cible par des opposants, selon une porte-parole d’Atosca. Des individus se sont « introduits par effraction sur le site », a confirmé la préfecture, ajoutant qu’ils avaient « pris son vigile à partie, degradé le bâtiment et arraché ses clotûres, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre ». Selon la préfecture, les gendarmes ont tiré soixante-quatorze grenades pour « repousser la menace, sans donner lieu à une confrontation directe ». Deux policiers ont par ailleurs été légèrement blessés, selon la préfecture, qui fait aussi état d’un manifestant pris en charge par les secours pour une entorse au genou.

    Dans le cortège principal, des milliers de personnes – 2 400 selon la préfecture du Tarn – ont défilé sur le parcours autorisé, une boucle d’environ 5 kilomètres, dans une atmosphère joyeuse et paisible, et devant des commerces au rideau baissé. Fanfares, batucada, perruques et déguisements multicolores, tracteurs qui klaxonnent et pancartes plus ou moins inventives (« Stop A69 », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non ») ont constitué le décor d’une marche à laquelle ont participé beaucoup d’enfants, comme la fille d’Elvia, 10 ans, ou celles de Sandrine, 7 et 10 ans.

    Les fillettes « voient qu’on abat des arbres tous les trois jours, et elles ont compris qu’une usine à bitume allait être implantée à 1 kilomètre de leur école, expliquent ces deux quadragénaires venues du village de Saint-Germain-des-Prés, que la future A69 doit couper en deux. Alors ce sont presque nos enfants qui veulent venir manifester et nous qui les suivons ». L’éventualité de débordements – finalement presque inexistants – ne les a jamais dissuadées de venir : « On sait qu’il y a des gens très en colère, et on est en colère nous aussi, mais on voulait que nos enfants voient ça, et on savait qu’il y aurait un cortège fait pour nous. » A 16 h 30, le cortège avait regagné le camp de base d’où il était parti en début d’après-midi, et où la mobilisation doit se poursuivre jusqu’à dimanche soir.

    Mille six cents policiers et gendarmes déployés

    « On est plus déterminés que jamais, on ne veut pas du futur auquel ils nous condamnent, notre mot d’ordre, c’est “Amour et rage, no macadam !” », déclarait plus tôt lors d’un point presse Amalia, d’Extinction Rébellion Toulouse, l’un des collectifs qui appelaient à la mobilisation contre l’A69 ce week-end. S’appuyant sur un sondage IFOP réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, Gilles Garric, du collectif La Voie est libre, soulignait que 61 % des sondés étaient favorables à l’abandon du projet d’autoroute et qu’ils étaient 82 % à se prononcer pour un référendum local.

    edit

    La préfecture fait état de 2 400 manifestants dans le cortège principal de la #manifestation et estime à 2 500 le « nombre d’individus radicaux et violents en dehors du cortège » principal. Le collectif La Voie est libre, qui organise la manifestation, affirme que « 9 500 personnes » ont participé à ce rassemblement.
    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/manifestation-contre-l-a69-entre-toulouse-et-castres-un-groupe-de-400-p

    #luttes #A69 #Atosca #Pierre_Fabre #écologie #articialisation_des_sols #autoroute #bitume #bagneule #police #gendarmerie

  • Nord de #Montpellier : un millier de personnes rassemblées contre la fin de la #construction du #LIEN
    https://www.lagazettedemontpellier.fr/live/652bdcb7032a88002bbd6c39/un-millier-de-personnes-rassemblees-a-grabels-contre-la-fin-d

    Opération « Bloque ton périph » ce week-end pour les opposants au LIEN (Liaison Intercommunale d’Évitement Nord). Environ un millier de personnes, selon les organisateurs, se sont rassemblées sur la plaine du Mas de Gentil, entre Grabels et Saint-Gély-du-Fesc, avec au programme deux manifestations samedi et dimanche, une table ronde, une assemblée des luttes, mais aussi un concert le samedi soir. De nombreuses associations et collectifs écologistes ont participé à l’évènement sous l’impulsion du collectif SOS Oulala, dont Greenpeace, Extinction Rébellion, Alternatiba, la Ligue de protection des oiseaux, et le parti La France Insoumise. 

    Une mobilisation dans le cadre de la fin imminente du chantier routier. Les travaux de la dernière portion de 8 kilomètres sont sur le point de commencer dans le secteur de Bel-Air à Grabels. « Cette portion va créer un méga périphérique qui relie l’A750 et l’A9, et donc va augmenter le trafic notamment de camions, mais aussi l’artificialisation du Nord de Montpellier », explique Céline, de SOS Oulala. « C’est un projet irresponsable au vue de la situation climatique et économique dans laquelle on est », ajoute Anna du même collectif. Elles demandent l’arrêt des travaux : « l’échangeur est fait, ça doit s’arrêter là ». 

    Dans une ambiance bon enfant, les manifestants ont bloqué la route samedi, et investi le chantier du LIEN ce dimanche.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/bloque-ton-periph-des-dizaines-de-manifestants-mobilise

    #deroute_des_routes
    #oulala
    #zad
    #bloque_ton_periph

  • Leur objectif atteint, les zadistes des Alpes lèvent le camp
    https://reporterre.net/Leur-objectif-atteint-les-zadistes-des-Alpes-levent-le-camp

    Les zadistes quittent le glacier de la Girose, avec le sentiment du devoir accompli. Vendredi 13 octobre, les Soulèvements de la terre ont annoncé dans un communiqué le départ des activistes qui avaient dressé un camp à 3 400 m d’altitude, pour occuper et bloquer un chantier de construction de téléphérique sur le glacier de la Girose, dans les Hautes-Alpes.

    « La neige arrive demain pour prendre le relai et bloquer après nous les travaux jusqu’au printemps », écrit le mouvement. L’interruption des travaux d’automne était, de fait, prévue le 14 octobre pour la pause hivernale. Depuis le 7 octobre, les militants occupaient le rognon rocheux où doit être érigé le pylône du projet controversé de troisième tronçon du téléphérique de La Grave-La Meije, empêchant le retour sur le site des ouvriers pendant toute la semaine.

  • [pub] Les extraits du « Côté obscur de la force » : « Pendant la crise des “gilets jaunes”, jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée »

    Dans un livre qui paraît chez Flammarion mercredi 11 octobre, le journaliste Vincent Nouzille propose une enquête très fouillée sur ce qu’il appelle les « dérives du ministère de l’intérieur et de sa #police ». « Le Monde » publie en avant-première des extraits concernant le mouvement social qu’a connu la France en 2018.
    Par Vincent Nouzille

    Bonnes feuilles. C’est un secret d’Etat jusque-là bien préservé que nous dévoilons ici : en pleine crise des « #gilets_jaunes », les services de renseignement français ont mis sur #écoute et géolocalisé des milliers de #manifestants. Jamais une #surveillance aussi massive n’avait été déployée. Jamais autant d’individus en même temps n’avaient été concernés. Jamais de tels moyens techniques n’avaient été combinés pour savoir où des citoyens allaient se rendre, et tenter d’interpeller en amont ceux qui étaient suspectés, à tort ou à raison, de s’apprêter à commettre des violences.

    Selon les témoignages de plusieurs responsables de la police et du #renseignement, si le cadre légal a été formellement respecté, certaines de ces surveillances ont été décidées et avalisées sur la base de critères flous et dans la précipitation. « C’était la panique au sommet du pouvoir et dans les services, explique une source au ministère de l’intérieur. Le mouvement des “gilets jaunes” se transformait chaque samedi en insurrection. Il fallait sauver la République. Nous avons donc ratissé large1. »
    Au lendemain de la journée du 1er décembre 2018, où la violence est montée d’un cran, notamment à Paris avec le saccage de l’Arc de triomphe et au Puy-en-Velay avec l’incendie de la préfecture, le ministre de l’intérieur, #Christophe_Castaner, et son secrétaire d’Etat, #Laurent_Nuñez, décident de changer de stratégie. Ils exigent que le dispositif de sécurité soit plus mobile et demandent davantage d’interpellations en amont. Ils souhaitent surtout une surveillance ciblée de toute personne présumée violente. (…)

    Les services de renseignement ont déjà dans leurs radars des individus classés à l’ultragauche et à l’ultradroite, beaucoup étant « #fichés_S » (pour « sûreté d’Etat »). En revanche, la plupart des « gilets jaunes » sont inconnus. Dans les premiers temps, les services peinent à repérer des « leaders » d’un mouvement aussi éruptif que peu organisé. (…) Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, s’inquiète des activistes provinciaux que ses équipes ne connaissent pas et qui risquent de « monter » à Paris pour y semer des troubles chaque samedi.
    Face aux risques de désordre qui se propagent, les « gilets jaunes » étant insaisissables et se déplaçant sans arrêt, la donne change. « Nous allons maintenant travailler sur cette nouvelle population », glisse, de manière elliptique, Laurent Nuñez à propos des « gilets jaunes », lors d’une audition au Sénat le 4 décembre. Durant la seule journée du 8 décembre 2018, 724 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France, souvent avant même qu’elles ne commencent à manifester. Les samedi 15 et 22 décembre, le même dispositif se reproduit. Les différents services ont commencé leur surveillance de certains manifestants considérés comme potentiellement dangereux. Et cela avec l’aval des plus hautes instances, qui ont donné leur feu vert à l’emploi massif des « techniques de renseignement », les « TR » dans le jargon des initiés. (…)

    L’emploi des #techniques_de_renseignement ne peut être justifié que pour la défense nationale, la protection des intérêts majeurs du pays, la lutte contre l’espionnage économique et scientifique, la prévention du terrorisme, du crime organisé et de la prolifération d’armes de destruction massive. Mais elles sont aussi autorisées pour la prévention des « atteintes à la forme républicaine des institutions », de la « reconstitution de groupements dissous » ou des « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». C’est principalement ce dernier motif – appelé « 5-C » par les spécialistes, et déjà employé lors de l’évacuation de la #ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018 – qui va être utilisé à grande échelle lors de la crise des « gilets jaunes ».

    En décembre 2018, les requêtes de « TR » affluent brutalement (…). Même si les données publiées dans les rapports annuels de la CNCTR [Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement] sont imparfaites, elles donnent un aperçu de cette montée. Les demandes motivées par la « prévention des violences collectives » passent de 6 % de l’ensemble des requêtes en 2017 à 14 % en 2019, ce qui représente une augmentation de 133 % et un cumul de plus de 20 000 demandes en trois ans2 ! Dans le détail, le compteur des « géoloc », déjà en forte croissance les années précédentes, s’affole, passant de 3 751 demandes en 2017 à 5 191 en 2018, puis à 7 601 en 2019, soit un doublement en deux ans et la plus forte progression des techniques de renseignement. Quant aux écoutes, elles se multiplient aussi sur la même période, passant de 8 758 en 2017 à 12 574 en 2019, soit une croissance de 43 % en deux ans. Globalement, cette surveillance a concerné au moins 2 000 personnes entre fin 2018 et fin 2019. (…)

    La pression est telle que le centre d’écoute, basé aux Invalides, doit faire appel à des renforts d’effectifs pour les week-ends. De plus, le nombre de lignes téléphoniques écoutées simultanément a rapidement atteint le maximum autorisé3, ce qui a conduit Matignon à rehausser ce contingent en juin 2019 pour atteindre 3 800 lignes, dont 3 050 réservées au ministère de l’intérieur. Les « grandes oreilles » sont employées à grande échelle.
    Au siège de la CNCTR, un bâtiment sécurisé caché au fond d’un jardin de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, la tension est maximale chaque fin de semaine à partir de décembre 2018. (…) « C’était l’enfer. Tous les services voulaient un feu vert dans la soirée de vendredi. La Commission n’avait pas forcément le temps de vérifier les motivations indiquées dans les centaines de demandes », précise un de ses membres, qui n’a pas eu son mot à dire sur ces décisions.

    (…) Beaucoup de manifestants ciblés sont ainsi repérés en direct, dans leurs déplacements en voiture, en train, jusqu’à Paris, ou vers d’autres grandes métropoles où se déroulaient des rassemblements importants. Ignorant qu’ils sont géolocalisés grâce à leur téléphone, certains sont interpellés sur les routes, aux péages, dans les gares ou près des lieux de leur résidence. Seize personnes, présentées par la police comme des « black blocs » ou des « ultrajaunes », seront arrêtées à 12 h 30 le samedi 7 décembre 2019, dans une maison louée avenue du Général-Leclerc, au Bouscat, près de Bordeaux, et les locaux perquisitionnés.
    Leur localisation a été rendue possible, affirmeront les enquêteurs, grâce à la découverte faite dans la nuit de tags anti-police peints dans le quartier et sur la foi d’« investigations d’environnement » effectuées le matin même. Mais les détails de ces « investigations d’environnement » ne seront pas versés en procédure, car, selon l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, elles « provenaient d’informations classifiées ». Ce qui correspond à des renseignements de surveillance émanant des services.

    La #géolocalisation permet également de suivre le parcours des « cibles » durant les manifestations. Les trajets sont visualisés en direct sur des écrans. (…) Chaque cible est alors colorée selon son appartenance présumée : rouge pour des cibles de l’ultragauche, bleu pour l’ultradroite. (…)

    D’autres « gilets jaunes » font l’objet d’un traçage en direct hors des manifestations habituelles du samedi. Le dimanche 14 juillet 2019, juste avant le défilé traditionnel des armées sur les Champs-Elysées, les services reçoivent des alertes sur la présence de « gilets jaunes » dans les parages, alors que le périmètre a été interdit à toute manifestation sur ordre du préfet de police. Plus grave : ils soupçonnent une attaque contre le président de la République, Emmanuel Macron. Au vu du risque de « trouble grave à l’ordre public », des surveillances téléphoniques sont aussitôt autorisées, pour quelques jours, sur plusieurs cibles, avant d’être levées faute de menaces avérées. Coïncidence ? Ce jour-là, parmi les près de 200 personnes interpellées dans Paris en marge du défilé, trois leaders connus des « gilets jaunes », Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, sont arrêtés dès le matin aux alentours des Champs-Elysées et placés en garde à vue, avant d’être relâchés dans l’après-midi, une fois les procédures lancées ou classées sans suite. Les techniques de surveillance sont également utilisées de manière intensive pour repérer les manifestants contre le sommet du G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août 2019. (…)

    La fin du mouvement des « gilets jaunes » en 2020, suivie de la longue crise sanitaire, n’a pas stoppé cette surveillance ciblée. Au contraire. Selon les données de la CNCTR, chargée de filtrer les requêtes des services, les demandes d’écoutes et de poses de balises pour tous types de motifs sont restées stables à un niveau élevé depuis 2020. Celles portant sur des intrusions dans des lieux privés ont fortement augmenté, tout comme celles sur la captation de données informatiques. Quant aux demandes de géolocalisation en temps réel , très prisées lors des manifestations, elles ont continué leur irrésistible ascension, de 7 601 en 2019, jusqu’à 10 901 en 2022 , un nouveau record.

    Notes de bas de page :
    1- Entretiens avec l’auteur. La plupart des sources de ce prologue ont requis l’anonymat, vu le caractère sensible des informations livrées ici. Les dates des entretiens ne sont pas précisées.
    2 - Nombre des requêtes de TR motivées par les motifs de prévention des violences collectives : 4 226 en 2017 (soit 6 % du total des 70 432 demandes) ; 6 596 en 2018 (soit 9 % des 73 298 demandes) ; 10 296 en 2019 (soit 14 % du total des 73 543 demandes). Source : rapports annuels de la #CNCTR.
    3 - Le contingent d’écoutes était de 3 040 depuis 2017, déjà passé à 3 600 en juin 2018.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/les-extraits-du-cote-obscur-de-la-force-pendant-la-crise-des-gilets-jaunes-j
    les (...) du texte sont du journal

    edit #police_politique #solutionnisme_technologique #écologie_radicale #SLT #extinction_rebellion ...

    #manifestations #livre

    • « Le Côté obscur de la force », enquête sur la part d’ombre des pratiques policières
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/le-cote-obscur-de-la-force-enquete-sur-la-part-d-ombre-des-pratiques-policie

      L’enquête de Vincent Nouzille qui paraît le 11 octobre chez Flammarion fait la lumière sur deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les libertés publiques : la multiplication des entraves au droit de manifester et le développement de la surveillance de masse.

      Livre. Depuis P… comme police, d’Alain Hamon et Jean-Charles Marchand (Alain Moreau, 1983), les livres d’enquête sur une institution aussi décriée que propice aux fantasmes n’ont pas fait défaut. Il manquait toutefois, dans ce catalogue, un ouvrage consacré aux plus récentes années, un livre qui serait à la fois une mise en perspective de maux endémiques (comme la difficulté à admettre l’existence de violences policières, fussent-elles répétées et objectivées) et un exercice d’analyse prospective sur des pratiques policières renouvelées, bien souvent inquiétantes. Vincent Nouzille, journaliste rompu aux investigations documentées, comble cette lacune en explorant Le Côté obscur de la force (Flammarion, 512 pages, 23 euros).
      Si elle n’oublie pas les figures imposées et traite notamment de la persistance de réseaux d’influence souterrains au sein du ministère de l’intérieur, son enquête aide avant tout à mettre en lumière deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les #libertés_publiques. La première tient à la multiplication des entraves au #droit_de_manifester grâce à la mobilisation de toutes les ressources judiciaires possibles, parfois au moyen de procédés à la limite du dilatoire. La seconde tendance concerne la mise en œuvre de techniques de surveillance de masse.
      Noyés dans les rapports officiels et les interventions des autorités policières, les chiffres exhumés par l’auteur montrent que des milliers d’individus ont fait l’objet d’une surveillance étroite, une vaste entreprise de « renseignement » décidée au plus haut sommet de l’Etat lors de la crise des « gilets jaunes » et prolongée depuis. La pérennisation de ces techniques fait craindre une extension du domaine panoptique, rendue probable par le test grandeur nature des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. « Il est assez vraisemblable, prévient Vincent Nouzille, que les enseignements qui en seront tirés inciteront ses promoteurs, notamment toute la filière de la sécurité qui piaffe d’impatience, à vouloir en tirer parti pour passer à la vitesse supérieure. » Et accélérer un mouvement, manifestement déjà bien engagé, de surveillance généralisée.

      "Ils ne peuvent plus s’en passer" : un livre révèle une "flambée" des écoutes depuis les "gilets jaunes"
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/ils-ne-peuvent-plus-s-en-passer-un-livre-revele-une-flambee-des-ecoutes-

      (...) il y a eu au moins 2.000 personnes écoutées ou géolocalisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Jamais on n’avait écouté autant de monde en même temps lors d’une crise sociale. Cela a permis aux services de renseignement et services de police, d’une part d’écouter, mais surtout de suivre les #mouvements de ces manifestants et d’en interpeller certains en amont des manifestations. Cela a été, selon eux, extrêmement efficace. Les [représentants] officiels me disent que tout a été fait dans les règles. Mais vu le nombre de demandes et vu, surtout, l’afflux soudain des demandes, nous pouvons nous poser des questions sur les contrôles qui ont pu être exercés en la matière."

      Vous montrez également que cette surveillance n’a pas pris fin après cet épisode des « gilets jaunes »...

      "On aurait pu croire qu’avec la fin de la crise des « gilets jaunes », début 2020, cette surveillance diminue. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, au contraire. En fait, les responsables du service de renseignement m’ont confié qu’ils y avaient pris goût et ne pouvaient plus se passer des écoutes, et surtout des géolocalisations en temps réel, qui permettent de savoir où sont les personnes que l’on veut surveiller. Le nombre des personnes qui ont été surveillées "au titre des violences collectives", comme on dit dans le jargon, a atteint 3.500 en 2021, c’est à dire trois fois plus qu’en 2017. Nous avons donc bien eu une extension de la surveillance à un nombre beaucoup plus grand de personnes.

      Il y a ensuite eu un léger repli en 2022, mais, début 2023, je révèle qu’il y a eu un nouvel accord de la Commission nationale des techniques de renseignement pour élargir les critères de la surveillance et des possibilités d’écoutes à des personnes qui font partie des mouvements de l’écologie radicale. C’est le cas de certains membres des Soulèvements de la Terre, d’Extinction rébellion et d’autres, notamment toutes les personnes qui ont lutté contre les méga-bassines. Cette commission a décidé fin 2022, début 2023, de changer les critères et d’accepter un certain nombre de demandes des renseignements qu’elle avait jusqu’alors refusées. Par exemple, lorsqu’a eu lieu la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre 2022, les services de renseignement avaient fait des demandes d’écoute d’un certain nombre de leaders des mouvements, et cela n’avait pas été accepté par cette commission. Mais vu la violence et les incidents qui ont eu lieu fin octobre, l’intrusion ensuite dans la cimenterie Lafarge, près de Marseille, qui a eu lieu en décembre, et d’autres incidents de ce type, cette Commission de contrôle des techniques de renseignement a décidé d’élargir les critères d’écoute en acceptant désormais des cas de demandes de personnes qui sont susceptibles de commettre des violences non pas physiques, mais des #violences_matérielles, de destruction, de #sabotage."

      #justice #enquêtes_judiciaires #JO #gendarmerie #Service_central_de_renseignement_territorial #RT

  • « Cellule anti-ZAD » : le nouvel arsenal de l’Intérieur pour « faire obstacle » aux squats militants
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/cellule-anti-zad-le-nouvel-arsenal-de-linterieur-pour-faire-obstacle-aux-
    Photo : camp de tentes, champ, manifestation sur un chemin de terre dont défilé de tracteurs.
    Légende : Des militants anti-bassines occupant le 24 mars 2023, le chantier de la nouvelle réserve d’eau pour l’irrigation agricole à Sainte-Soline, dans le centre-ouest de la France. AFP/Thibault Moritz

    Annoncée en avril dernier, une « cellule anti-ZAD » composée de cinq juristes spécialisés prend ce vendredi ses fonctions à Beauvau. Elle sera chargée de mettre fin à l’#occupation illégale de zones de construction par des activistes écologistes.

    Composé de cinq juristes spécialisés, ce nouvel arsenal [sic] est « chargé de mettre fin, ou de faire obstacle » aux squats militants, précise le ministère de l’Intérieur. Simple effet d’annonce ou véritable mesure d’ordre ?

    Les opposants à la ligne de métro 18 à Saclay, qui cherchent à gagner l’opinion publique, ont déjà ressenti les effets de cette « cellule anti-ZAD », avant même qu’elle n’existe. « Après l’annonce du ministre, les paysans se sont sentis dans le viseur du gouvernement, ils ont eu #peur », explique un militant de la #ZAD de Saclay, sous le pseudonyme « Api ».

    Quelques semaines plus tard, ceux qui occupaient un champ sur le chantier pour protester contre le bétonnage du plateau ont donc décidé de quitter les lieux. « On a essayé de nous intimider avec ce nouvel arsena_l, tonne un militant, _on nous promet des outils juridiques imparables et des #amendes de plusieurs centaines de milliers d’euros ».

    De quoi en décourager plus d’un, même au sein de la profession juridique. Les avocats qui soutiennent les zadistes en Essonne se disent « prêts à se battre », mais ne bénéficient pas des mêmes moyens que les juristes au gouvernement : « C’est dangereux d’aller à la contestation, car les amendes peuvent devenir rétroactives. On risque de perdre à chaque fois, et de devoir payer des sommes folles ».
    Les cinq experts de la « cellule anti-ZAD » sont pour l’instant limités à des missions de « conseil », assure le ministère de l’Intérieur. Une formule qui, selon Léna Lazare, porte-parole du collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre, pourrait cacher d’autres attributions : « Les juristes parviennent déjà à déloger les militants en quelques heures, à quoi cette cellule va-t-elle servir ? »

    Une petite ZAD contre le chantier de l’autoroute Toulouse-Castres a été démantelée en moins de six heures en avril dernier. « Le vrai objectif est-il de justifier encore davantage la répression physique sur le plan légal ? », s’inquiète Léna Lazare. Alors que les accusations se multiplient contre les #violences_policières sur les zadistes, le ministre assurait en avril n’avoir « jamais eu la main qui tremble pour ceux qui déshonorent leur propre uniforme », mais il a aussi apporté une nouvelle fois son soutien aux forces de l’ordre, pointant la violence de certains manifestants. « À Sainte-Soline comme dans certaines manifestations sauvages, ce n’était pas du maintien de l’ordre : c’était de la guérilla ».

    Pour l’instant, l’Intérieur ne prévoit pas de renforts policiers pour déloger les ZAD encore actives comme à Saclay, à Bure ou à Sainte-Soline : « Pour cette cellule, aucun autre moyen que la rémunération des cinq juristes ne sera déployé », précise le ministère. Une marche accélérée vers le « tout répressif », c’est pourtant ce que craignent les zadistes qui encourent désormais jusqu’à 500 euros d’amende pour l’occupation des espaces publics.

    #cellule_anti-ZAD #écologie

  • Vivre & lutter | Rencontres Intergalactiques | ZAD NDDL
    https://topophile.net/rendez-vous/vivre-lutter-rencontres-intergalactiques-zad-nddl

    RENCONTRES INTERGALACTIQUES 2023VIVRE ET LUTTER#ZAD #NDDL 🔥 Le programme complet ! 🔥Du 6 au 9 juillet : Rendez-vous dans 4 jours pour les Rencontres Intergalactiques organisées par l’Ambazada et d’autres collectifs sur la Zad de NDDL !

  • Noires souffrances

    Le village de #Keyenberg n’est plus que son propre fantôme. La faute à l’exploitation de la #lignite, pourtant stoppée de justesse par les habitant·es. Reportage aux confins de la #mine de #Garzweiler_II.

    Dehors, la grisaille et les maisons en brique rouge à l’abandon invitent au répit. Mais, entre les murs de la ferme centenaire que l’on distingue du bout de la rue, l’angoisse s’est trouvée une place de choix. Ce matin-là, Norbert a le cœur lourd. « Je me suis réveillé brusquement à 5 heures et je me suis demandé : qu’est-ce qu’on doit faire ? Est-ce qu’on devrait partir et tout vendre ? Ou rester ? » Il soupire. Cet habitant viscéralement attaché à son village devenu fantôme de Keyenberg a l’esprit qui se brouille quand l’avenir se pose.

    Aujourd’hui vidé de la majorité de ses habitants, Keyenberg est l’un des cinq villages miraculés de la gigantesque trouée noire voisine, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne. La mine de lignite – un #charbon de faible qualité – de Garzweiler II a déjà avalé 11 400 hectares en quarante ans. Voués à être dévorés par les crocs des excavatrices géantes de la multinationale allemande #RWE, comme quinze villages avant eux, ils ont été sauvés grâce à la lutte acharnée depuis 2016 de dizaines d’habitant·es et d’activistes du climat réuni·es, notamment, au sein du collectif #Alle_Dörfer_bleiben (« Tous les villages restent »). Celui-ci a obtenu que la nouvelle coalition du gouvernement fédéral officialise à l’automne 2022 le sauvetage des cinq villages dans le cadre de la sortie du pays du charbon en 2030.

    La destruction de #Lützerath, village symbole de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’exploitation du charbon, n’a pu, elle, être évitée. Le bourg a été rasé en janvier malgré le combat long de deux ans de la #ZAD et une manifestation ayant réuni 35 000 personnes. L’Allemagne a en parallèle décidé de relancer vingt-sept centrales à charbon en raison de la crise énergétique liée notamment à la guerre en Ukraine.

    Déjà expulsés une fois

    Depuis 1983, l’entreprise RWE, longtemps l’une des plus grandes émettrices de CO2 en Europe, a exproprié des dizaines de milliers de propriétaires pour alimenter en énergie le pays. Norbert et les siens étaient les suivants sur la liste. « Mon père et mon grand-père s’étaient installés ici il y a une soixantaine d’années car ils pensaient, comme leur avait dit l’entreprise, qu’il n’y avait pas de charbon ici, à 20 km de leur village de Königshofen qui, déjà, allait être avalé par la mine », raconte Norbert. Aujourd’hui, l’immense crevasse de 200 mètres de profondeur toque au portail de son jardin, à moins de 400 mètres. Elle s’est arrêtée là.

    Depuis 2016, début des #expropriations à Keyenberg, #Oberwestrich, #Unterwestrich, #Kuckum et #Berverath, qui font tous partie de la commune d’#Erkelenz, les maisons se sont vidées les unes après les autres pour aller se reconstruire dans les nouveaux lotissements sans âme à 7 kilomètres de là. Date butoir initiale (avant le revirement) : 2023. « Sur ceux qui ne voulaient pas partir, RWE exerçait une pression constante avec des courriers réguliers du type : ‘Vous savez que 50% de vos voisins seront partis l’année prochaine ? Puis 60%, 70%…’ et là je sentais la pression monter. Qu’est-ce que je fais ? » se souvient Norbert, assis dans sa cuisine récemment rénovée.

    « Ne le dites à personne »

    Cet homme jovial a mené la lutte avec Alle Dörfer bleiben. Lui et sa famille sont restés, avec environ 80 voisin·es. Sur les 1500 habitant·es des cinq villages, il en subsiste à peine 200. Mais si les rues se sont vidées, les murs des maisons, eux, se sont emplis de souffrance. Un peu partout, les mêmes histoires se font écho. Comme l’arrivée discrète de RWE bien en amont, « envoyant ses employés dans les manifestations » ou finançant des événements locaux. « Déjà, à ce moment-là, il y avait ceux dans le village qui disaient ‘oh, ils ne sont pas si mauvais en fait, on va prendre l’argent’ et les autres qui disaient ‘c’est le diable, ne leur parlez pas’. Soudain, des voisins ou des amis de toujours, des membres d’une même famille ne se sont plus parlé », déplore Norbert.

    Dans ces terres agricoles et conservatrices, la plupart des gens, souvent âgés, ont toujours habité là depuis plusieurs générations. « Ils n’ont jamais acheté ou vendu une maison, ne connaissent pas la valeur de la leur, alors que pour RWE, c’est une tâche quotidienne. » Selon les habitant·es rencontré·es, une clause de confidentialité a été signée, chose que dément l’entreprise qui évoque « une grande transparence dans les paiements d’indemnisation ». « Ils nous ont dit : on vous donne 3000 m² – le terrain de la famille de Norbert est de 8000 m² – c’est notre dernière offre, personne n’obtiendra un tel terrain, mais vous ne devez le dire à personne », raconte celui que RWE a conduit en justice face à son refus de vendre son terrain, après, notamment, que « l’entreprise a installé illégalement une pompe hydraulique et des pipelines dans mon champs ».

    « Chacun demandait au voisin : ‘Et vous, vous avez reçu combien ? Comment vous avez fait pour négocier ?’ Mais personne ne pouvait parler. C’était terrible ! » raconte, sur le pas de sa porte, Yann Mülders, un trentenaire qui habite avec sa sœur, son neveu, sa mère et sa grand-mère à l’entrée du village depuis vingt-deux ans. « Ils ont semé la zizanie pour que tout le monde cède et s’en aille », croit savoir ce bonhomme placide, attristé de constater « que la vie est morte ici ».
    Bisbilles et tristesse à Neu Keyenberg

    Mais le nouveau village n’est pas épargné. Outre la bataille pour les meilleurs terrains, l’argent a créé divisions et envies. « Ici, il y a de nombreuses histoires de jalousies, de voisins qui comparent leurs situations et la taille de leurs maisons », raconte, affligé, Julius, 26 ans, « déplacé » du charbon dans le nouveau Keyenberg où les maisons en travaux se bousculent.

    Pour beaucoup, bien que conscient·es depuis trente ans de leur expropriation prochaine, le déracinement a été dévastateur. Pour les plus âgé·es, surtout. « Ma grand-mère, qui avait 85 ans, est décédée l’année dernière, un an après notre déménagement qu’elle a très mal vécu, elle était très triste de devoir quitter sa maison », raconte, ému, André. Une bâtisse qui avait vu passer quatre générations.

    Ingo a lui aussi terriblement souffert de l’expropriation (lire ci-dessous). Habitant de toujours de Keyenberg, il a perdu ses deux parents successivement, avant la date butoir. Avant de mourir, son père a dit : « Je ne veux plus déménager. »

    « L’expropriation a brisé le cœur de nombreuses personnes, et certaines sont mortes à cause de ça », témoigne René Wagner, journaliste déplacé qui tente de recréer une communauté villageoise dans la nouvelle localité. « Il y a même des gens qui veulent que leur ancienne maison soit détruite, car pour eux le pire serait que quelqu’un habite chez eux », raconte Christopher, président du collectif Alle Dörfer bleiben. Les histoires tragiques se bousculent.

    Plusieurs personnes rencontrées évoquent aussi des #suicides dans les anciens villages. « Ce sont des histoires cachées, beaucoup de gens le savent, mais n’en parlent pas », dit, comme d’autres, Julius. « Si je n’habitais pas ici, je ne pourrais pas croire tout ce qui y est arrivé », disent d’une seule voix Norbert et André, respectivement habitant de l’ancien et du nouveau Keyenberg.

    https://lecourrier.ch/2023/04/20/noires-souffrances

    #extractivisme #Allemagne #expulsions

  • Casse de l’hôpital public : exemple des urgences de Grenoble | Libé | 17.04.23

    https://www.liberation.fr/societe/sante/privees-dinterimaires-les-urgences-de-grenoble-au-bord-du-craquage-202304

    Depuis l’entrée en vigueur de la loi Rist, le sous-effectif est devenu si critique qu’un signalement pour « mise en danger de la vie d’autrui » a été adressé au procureur de la République.
    [...]
    Sur les six derniers mois, c’est le troisième décès imprévu que l’équipe encaisse.
    [...]
    le fonctionnement normal du service requiert 52 médecins urgentistes à temps plein, ils ne sont que 29… « On ne travaille plus que sur réquisition, indique la docteure Stéphanie Bernard, praticien hospitalier en période probatoire. On signale aussi désormais systématiquement les évènements indésirables : les décès mais aussi tous les séjours de plus de vingt-quatre heures aux urgences. Ça fait beaucoup de boulot pour les secrétaires mais rien ne change. »
    [...]
    avec l’entrée en vigueur de la loi Rist sur le plafonnement des tarifs de l’intérim médical, les urgentistes déjà sursollicités ont perdu une bouée salvatrice. « Depuis le 4 avril, les intérimaires refusent de venir, explique un autre praticien. Grâce à leur renfort, on pouvait jusque-là être trois médecins de garde après minuit. C’est un minimum vu l’engorgement du service. Outre les entrées qui sont filtrées, on a chaque nuit entre 60 et 87 patients en attente d’hospitalisation à surveiller, dont une vingtaine de cas psychiatrique. A deux médecins, c’est intenable. » A l’initiative de la CGT, un signalement est adressé le 4 avril au procureur de la République de Grenoble pour « mise en danger de la santé de la population et du personnel par les pouvoirs publics ».

    La direction restant sourde aux alertes, l’équipe médicale décide de « rendre l’invisible, visible » : le 11 avril, « avec leur accord et ceux de leur famille », neuf patients stables qui patientent aux urgences depuis plus de vingt-quatre heures sont transférés dans le couloir central de l’hôpital. « On a transformé le hall d’accueil en Zadh, “zone d’attente d’hospitalisation”, sourit une urgentiste. La direction nous a traités de “terroristes”. Mais c’était le seul moyen de la contraindre à chercher des solutions d’hospitalisation pour des patients que nous n’avons pas les moyens de prendre en charge sur la durée. »

    #ZADH

    • « Ce qu’on veut c’est qu’ils recrutent pour pouvoir rouvrir des lits. »

      Face à l’impasse, l’épuisement guette. « Pour tenir la permanence en avril, on s’est tous rajouté des demi-gardes jusqu’à 23 heures, indique Stéphanie Bernard. Tous les urgentistes valident aujourd’hui les critères de burn-out. Il va y avoir des arrêts et des démissions. » Car le pire est à venir. « Entre mai et septembre, il nous manque 5 000 heures de présence médicale pour boucler les plannings ! relève-t-elle. La réforme de l’intérim est peut-être un enjeu national, mais ici on a des problèmes plus cruciaux que de savoir combien les gens sont payés. » D’autant qu’une autre source de main-d’œuvre va bientôt se tarir : estimant l’encadrement médical des urgences insuffisant, les internes hésitent désormais à y accomplir leur stage semestriel. « En mai, on va en perdre 10 sur 18, soupire la docteure Cavat. Si on veut éviter la catastrophe cet été, soit on obtient du renfort des spécialistes des étages, soit il nous faudra des intérimaires. » Pour obtenir gain de cause, l’équipe des urgentistes n’exclut plus le coup de force : le 24 avril, les arrêts de travail pourraient pleuvoir.

  • Lutter et/ou se faire manipuler au nom d’un lutte ? Soulèvements de la terre versus état : même combat
    https://nantes.indymedia.org/posts/86985/lutter-et-ou-se-faire-manipuler-au-nom-d-une-lutte-soulevements-de

    C’est ça le défi lancé aux manifestant-es du 25 mars, de tenter de procéder à un arrêt définitif du chantier ? Avec des masques FFP2, des écharpes, quelques cocktails molotov, des feux d’artifice et des pierres ? Contre 3200 miliciens armés de grenades explosives, de grenades assourdissantes, de LBD, de famas, certains perchés sur des quads pour pourchasser des gen-tes à pieds ?
    N’est-ce pas prétentieux et terriblement dangereux ?
    Comment une manifestation sur une demi journée, même si des sabotages s’y réalisaient, pourrait- elle mettre un terme définitif à un tel chantier, quand on sait que le lobby de la fnsae, aux manettes, est largement validé par le gouvernement qui va jusqu’à parler de retenues d’eau bénéfiques aux écosystèmes (leur mauvaise foi ne connaît pas de limites). S’il n’y avait pas eu tous ces miliciens, qu’auraient fait les manifestant-es ? Iels auraient saccagé les grilles et la pompe car c’est là tout ce qu’il y avait à saccager, ce qui n’aurait évidemment pas signé l’arrêt définitif du projet. Quel était le niveau d’informations des personnes présentes le samedi matin, quant à la militarisation des lieux et aux armements auxquels elles s’exposaient ? Qui a pu prendre connaissance des lieux bien avant cette action ? Comment les personnes pouvaient-elles mesurer l’opportunité ce jour du 25 de se rendre jusqu’aux points névralgiques compte tenu de l’état des lieux à ce moment là ?
    Qui a tenu les manettes du grand jeu ? Qui a élaboré un plan d’action décliné en notamment 3 cortèges sensés se retrouver autour de cette bassine ? Qui savait que en dehors d’un cratère nu, et d’une pompe, qu’à part une armada de terroristes d’état, il n’y aurait ce jour là pas de moyens pour mettre à sac cette gigantesque structure ?
    Le staff.
    Celui qui va se planquer dans sa base arrière et observer, hors du danger, le déroulement des charges menées contre tou-tes ces civil-es.

    • (...)

      Du rassemblement à Sainte Soline d’octobre 2022, de nombreuses personnes étaient revenues traumatisées par une répression policière à laquelle iels ne s’attendaient pas. Des personnes sont revenues blessées, peu ont témoigné de cette réalité et interrogé évidemment, les pratiques d’état, mais aussi les pratiques organisationnelles à l’œuvre dans cette situation.

      (...)

      Dans le livret base arrière on trouve ça :
      –une équipe prête à l’emploi pour surveiller des violences sexistes/sexuelles ...mais pas les autres violences ?
      –une garderie pour être disponible,
      –des bases arrières soin et juridique,
      –une entité « organisation générale »...par les généraux à n’en pas douter
      Très séduisant. Du prêt à lutter en kit, qui donne l’illusion d’une maîtrise totale de ce qui pourrait se passer à
      l’occasion de cet événement, avec des festivités à la clé pour parfaire le programme qui nous convie à un week-end touristo-militant : du frisson pour se faire un peu peur, et du réconfort pour fêter
      une hypothétique victoire qui finalement se solde de tellement de blessé-es que les organisateur-es et l’état se rejettent la responsabilité du carnage à n’en plus finir...

    • Pourquoi les organisateurs du rassemblement du 25 mars s’insurgent contre une répression forcenée en
      comptant les blessées : « nous sommes outré-es de la violence des crs pour défendre une méga bassine
      vide »... »le gouvernement ne connaît que l’outrance et la répression brutale » ?
      Iels ne sont pas outré-es d’avoir envoyé tant de personnes se faire meurtrir devant un cratère vide ?
      Les généraux des SDLT ne peuvent ignorer que, si iels organisent un mouvement de masse fort bien média-
      tisé, le gouvernement prévoit en parallèle un dispositif répressif à la hauteur de la mobilisation qu’il craint....
      donc ils mettent le paquet, comme ils nous ont mis le paquet à NDDL pour les expulsions en 2018 ou, graves blessures et mutilations ont ponctué nos journées pendant plusieurs semaines....mais iels étaient sans doute chez elleux à lire du damasio, ou bien à la préfecture à se tortiller devant des « officiels » pour obtenir quelques arpents de terre ?

    • énorme point :

      La condamnation parfaitement légitime de ce scandaleux accaparement et gaspillage d’une eau déjà privatisée, ne nous affranchit pas de nous donner les moyens de tenter de mesurer qui est en face, qu’il s’agisse de lobbies, de l’état et de ses milices en freestyle... Ce, afin de construire des modes de réponses opérant tout en réduisant le plus possible le risque de payer extrêmement cher nos besoins de retrouver un horizon

      j’ai envie de dire #toctoc @rezo @colporteur même si la dent est dure...

    • Et si nous n’attendions aucun rassemblement de masse, aucune consigne pour faire ce que nous avons à faire : qu’il s’agisse de l’agro-industrie ou de toute production mortifère, les occasions de saboter sont innombrables car partout

    • à Sainte-Soline par exemple, la question du repli ou d’une autre cible/option et donc de l’adaptation des armes (une mise à distance du dispositif, une réorientation), face à la vue du piège-fortin aurait du, d’emblée, être sérieusement évaluée. La réactivité collective de la VCD [violence collective désorganisée ] est une question particulièrement délicate, et il faut se demander à quels motifs on obéit lorsqu’on fonce un peu tête baissée. Quels seuils d’organisation au sein de la VCD ne doivent pas être dépassés (outillage, chaînes de « commandement », etc), à quelles doses d’organisation est-on prêt(e)s à céder et pour quel impact ?

      https://lundi.am/Le-tabou-du-cock-tail

    • Crapules & Assassins (dans la prairie, 25 mars 23)
      https://nantes.indymedia.org/posts/87532/crapules-assassins-dans-la-prairie-25-mars-23

      Les assassins assassinent. Souvent, ça rate. Et les gueules cassées sont innombrables aujourd’hui et hier. Mais ça ne rate pas toujours. Parfois, les assassins assassinent. Toustes les blessé.e.s, les torturé.e.s et les assassiné.e.s sont à venger. Et on se vengera.

      On ne dira évidemment rien contre les personnes qui décident de s’affronter aux assassins avec des moyens qu’elles choisissent elles-mêmes. Mais on dira des personnes qui programment un assaut en n’y étant pas physiquement elles-mêmes en première ligne, qu’elles sont des crapules.

      [06/03/2023] Jouer à la guerre, jouer au pion
      https://nantes.indymedia.org/posts/87418/06-03-2023-jouer-a-la-guerre-jouer-au-pion

      En octobre dernier, je suis allé à Sainte-Soline à l’appel des Soulèvements de la terre, de la Confédération paysanne et de certains partis politiques. Malgré la présence des démocrates (LFI, EELV, NUPES, CGT, Solidaires, YFC, NPA, …), je m’y suis rendu avec la sincère conviction qu’on allait essayer de saboter le chantier d’une « méga-bassine », d’attaquer les engins, bref, d’empêcher que les travaux puissent reprendre. En fait, les machines n’étaient plus là depuis quelques jours avant notre arrivée. Je suis arrivé le vendredi soir, la manif était prévue le lendemain. On m’a indiqué là où j’avais le droit de poser ma tente et là où je n’avais pas le droit. Le samedi, des tracts ont été distribués, ils expliquaient qu’il y aurait trois cortèges, avec une couleur pour chacun. Le rouge, le vert et le blanc. C’était un peu présenté comme un jeu. On comprenait que le blanc c’était pour les personnes sages, qui voulaient rester tranquilles, et que les deux autres avaient des stratégies différentes. Mais si on n’assistait pas aux réunions très privées et très select, on n’en savait pas plus. Dans ces réunions, c’était pas très clair non plus. Chez les rouges, quelques uns disaient qu’ils donneraient des signaux, et qu’il faudrait les suivre. La stratégie avait l’air déjà pensée. Chez les verts, il n’y avait pas de décideurs apparents. En gros, les blancs allaient tranquillement tout droit, les rouges contournaient par la droite, et les verts par la gauche, pour arriver au même point : la bassine, là-bas, on détruit tout. (Tout = quelques grilles, parce que la bassine, c’est un trou.)

    • Quand les postures bassinent, ou pourquoi tout n’est pas binaire
      https://nantes.indymedia.org/posts/87498/quand-les-postures-bassinent-ou-pourquoi-tout-nest-pas-binaire

      Commençons par un bref retour historique, qui ne se veut pas exhaustif, mais qui prétend remettre quelques choses à leur place.

      L’« Appelisme » et les traumatismes de la ZAD

      Il était une fois un groupe d’étudiant-es parisien-nes, un peu situationnistes, un peu mao-spontex, un peu nostalgiques du temps où la nouvelle gauche faisait trembler l’État, les armes à la main. Ce groupuscule s’est choisi alors un nom sorti d’un imaginaire mystique, Tiqqun, pour produire des textes verbeux, lyriques et passéistes, prophétisant le sabotage et l’insurrection armée [1], dont « L’Appel » qui donnera plus tard leur nom aux « ami-es » de ses auteur-es et aux amateur-ices de leurs écrits. On était alors en 2007.

      #appellisme #anarchisme_individualiste #autonomie

    • Ah mais la base arrière se rebiffe !

      Quelle grossièreté... (Re le dernier texte)

      Au moins un point : il me semble que personne n’a l’équipement pour se protéger des grenades de la police. Personne.

      Et ce truc de victime consentante... Pouah.

      Sinon oui appellimse ça dit pas grand-chose. Mais autoritarisme oui. Et c’est pas comme si ces questions, la mesure de notre engagement je dirais, étaient nouvelles https://m.youtube.com/watch?v=iZpNgSaYWts

    • Bah ce monde est fou oui et c’est justement pour ça que de plus en plus de monde n’en peuvent plus, même physiquement quoi… et voient bien que juste causer ou faire un potager dans son coin ça fait rien depuis des décennies, et donc soit pètent un câble, soit veulent plus de conflit organisé en groupe contre le pouvoir en place… ya une sorte de logique quand même

    • Berdol total en effet.

      Concentré ou diffus l’appelisme est l’idéologie (justificatrice) qui domine parmi bien des révoltés (également sous l’emprise de l’idéologie réellement dominante, capitaliste, patriarcale, raciste). Les minoritaires de cette minorité ? Souvent rageux, clairvoyants par intermittence (?).

      Comment la boue devient claire insistait sur la décision (tactique) en évitant de donner une leçon depuis l’échec subi à Sainte Soline, là où Jouer à la guerre, jouer au pion promeut habilement (un récit, au lieu du vrac que l’on lit dans les autres textes cités ici) le sabotage par des individus ou des groupes affinitaires autonomes, aire embryonnaire dont la coordination pourrait venir après-coup.

      Bref, y a des confrontations sur la question de l’organisation. Pas si pire.

      #organisation #tactique

    • C’était ma manière de reformuler l’argument : tout le monde est venu a Sainte Soline en sachant ce qui les attendaient. Faut pas non plus prendre les gens pour des moutons etc. Je dois dire qu’avec le recul c’est pas exactement une formule bien heureuse..
      J’étais ému. Aujourd’hui j’ai plus de mal à penser que d’aucuns/aucunes ont envoyé sciemment les gens au casse-pipe. Je crois plus a la théorie de la foirade.

  • Gérald Darmanin annonce la création d’une « cellule anti-ZAD »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/02/gerald-darmanin-annonce-la-creation-d-une-cellule-anti-zad_6167915_3224.html

    Alors que se multiplient les accusations de violences policières (...), le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, apporte son soutien aux forces de l’ordre, dans un entretien au Journal du dimanche du 2 avril. Il annonce aussi la création d’une cellule « anti-ZAD » (« zone à défendre »).

    (...) « Je refuse de céder au terrorisme intellectuel de l’extrême gauche qui consiste à renverser les valeurs : les casseurs deviendraient les agressés et les policiers les agresseurs », soutient-il encore.
    Selon le ministre de l’intérieur, « depuis le 16 mars, 1 093 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont été blessés » dans les manifestations. Il y a eu « 2 579 incendies volontaires et 316 atteintes à des bâtiments publics ».

    (...)« A Sainte-Soline, comme dans certaines manifestations sauvages, ce n’était pas du maintien de l’ordre : c’était de la guérilla », déclare-t-il.

    Estimant que les politiques avaient « manqué de fermeté face à l’extrême gauche, par complaisance intellectuelle ou par lâcheté », M. Darmanin a affirmé que « plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays. Ni à Sainte-Soline ni ailleurs ». Et d’annoncer la création au ministère de l’intérieur d’une « cellule anti-ZAD, avec des juristes spécialisés ». Elle verra le jour le 1er septembre, selon son entourage.

    Interrogé sur la pétition appelant à la dissolution de la brigade de répression de l’action violente motocycliste (la BRAV-M), qui avait recueilli samedi soir plus de 240 000 signatures, M. Darmanin a jugé que c’était « une pétition politisée, relayée par La France insoumise, qui déteste la police ».
    Quant aux inquiétudes manifestées par le rapporteur spécial de l’ONU et le Conseil de l’Europe sur la manière dont est utilisée la force en France, le ministre a répondu : « J’entends les critiques mais j’encourage leurs auteurs, plutôt que de commenter des extraits vidéos depuis New York ou Bruxelles, à venir sur le terrain. »

    La Nupes « prend en otage la gauche républicaine »

    Questionné sur l’ultragauche, il a assuré que les services de renseignement avaient recensé « en France 2 200 “fichés S” » appartenant à cette mouvance. Il a dénoncé « une complaisance très inquiétante des mouvements politiques qui ont leurs entrées à l’Assemblée nationale ».

    Après le lancement de la procédure de dissolution du mouvement Les Soulèvements de la Terre, un des organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline, M. Darmanin a annoncé qu’il ferait de même pour Defco (Défense collective), un mouvement de Rennes (Ille-et-Vilaine) qui « appelle au soulèvement » . Sur son site Internet [https://defensecollective.noblogs.org], ce collectif dit avoir « pour but de soutenir les personnes confrontées à la répression policière et judiciaire, mais aussi d’agir en amont par son action dans la rue et par l’expérience tirée de la répression ».

    edit #Rennes comme #zone_autonome, sur cuicui @Defense_Co et @AG_Rennes2
    Face aux ordures qui nous exploitent et nous gouvernent, vive la révolte des poubelles !
    https://seenthis.net/messages/997203

    #blocage #ville #goban #police #justice #renseignement #dissolution

    • „Premier septembre“ ... „plus aucune“ ... ca vous rappelle qc ? Moi si.

      „Seit 5:45 Uhr wird jetzt zurückgeschossen“
      https://www.ardaudiothek.de/episode/archivradio-geschichte-im-original/seit-5-45-uhr-wird-jetzt-zurueckgeschossen-hitler-erklaert-kriegsbeginn-und-pakt-mit-stalin/swr2/66749162

      1.9.1939 | Bei seiner Reichstagsrede zum Kriegsbeginn am 1. September 1939 donnert Adolf Hitler immer wieder frenetischer Applaus entgegen. Er rechtfertigt den Überfall auf Polen mit einem angeblichen polnischen Angriff auf den Sender Gleiwitz in Schlesien. Jetzt schieße man eben „zurück“.

      Drôles de ressemblances. C’est ca le rapprochement franco-allemand?

      M. Darmanin a affirmé que « plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays. Ni à Sainte-Soline ni ailleurs ». Et d’annoncer la création au ministère de l’intérieur d’une « cellule anti-ZAD, avec des juristes spécialisés ». Elle verra le jour le 1er septembre, selon son entourage.

      #wtf

    • Totalement hors-sol et bouché du cerveau, c’est bien un conservateur, ils veulent des chefs, des groupes hiérarchisés, une activité pérennisé, ils se croient au CAC40 de la contestation ? En fait ils ne comprennent rien, n’ont jamais lu, et encore moins Hakim Bey ? #TAZ #ZAT #ZAD
      Le concept des #vivants, du #vivant, leur échappe tellement, qu’il leur faut du matériel, du concret, ficher, trier, arrêter, marquer les corps contestataires par tout moyen, quitte à les éborgner, ou à les tuer.

      Ça rassure leur conception du monde des représentants de commerce de la violence concrète.

      Mais ils ont perdu d’avance, les zombies sont libres, nombreux, impalpables, plus vivants que jamais, et surtout dans la rue et les campagnes, à tout endroit, à tout moment les Camille sont là, dans la lumière.

      #zone_autonomie_temporaire

    • Il y a deux jours :

      Darmanin demande la dissolution de la mouvance Internet : un groupuscule dangereux qui semble s’échanger des données via des réseaux informatiques en dehors de Facebook.

  • #Sainte-Soline : Gérald Darmaninonvavoirdesscènesdeviolenceautresquecellesoùfigurentnospoliciersdontonnoussaouledepuisdesjoursmoijevousledit annonce engager la #dissolution du collectif écologiste Les #Soulèvements_de_la_Terre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/28/sainte-soline-gerald-darmanin-annonce-vouloir-dissoudre-le-collectif-ecologi

    Le ministre a annoncé avoir demandé « deux rapports », l’un à la préfète des Deux-Sèvres et l’autre au directeur général de la gendarmerie nationale, sur les événements de Sainte-Soline. Ces deux rapports, a-t-il dit, seront mis « en ligne dans l’après-midi sur le site du ministère de l’intérieur ». « Le gouvernement n’a rien à cacher », a-t-il assuré.

    Selon une note du ministère datée de mardi, Soulèvements de la terre (SLT) « incite et participe à la commission de sabotages et dégradations matérielles ». Créé en 2021 par des « membres de l’ultragauche issue de l’ex-#ZAD [zone à défendre] de Notre-Dame-des-Landes » en Loire-Atlantique, SLT a « créé le concept de “#désarmement ” destiné à faire accepter la pratique de l’écosabotages », selon la note.

    En octobre 2022, lors d’une première manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline, Gérald Darmanin avait fustigé « l’#écoterrorisme » des auteurs de violence.

    edit ce qui se soulève ne se laisse pas dissoudre

    #soulèvement #gouvernement #décret #police

  • Sainte-Soline : retour sur une séquence « écoterroriste »
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/sainte-soline-retour-sur-une-sequence-ecoterroriste-MXH2f1MLSCyEPgOZqy_du

    Que se passe-t-il à Sainte-Soline ? Le week end dernier l’opposition à un projet de mégabassine dans les Deux-Sèvres a donné lieu à une bataille en rase campagne entre militants et gendarmes. Les écologistes dénoncent une aberration environnementale…

    #Eau #Zad #Ècoterrorisme
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-sainte-soline-retour-sur-une-sequence-ecoterroris

  • Raoul Vaneigem : « Contre le capitalisme, une révolution maraîchère » Par Catherine Marin - Reporterre - Entretien — Séries d’été
    https://reporterre.net/Raoul-Vaneigem-Contre-le-capitalisme-une-revolution-maraichere

    Écrivain engagé, acteur essentiel de l’Internationale situationniste, avec Guy Debord, médiéviste, Raoul Vaneigem a publié une cinquantaine de livres https://wikimonde.com/article/Raoul_Vaneigem depuis son Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, qui participa à l’embrasement des universités en Mai 68. Un passionnant livre d’entretiens avec Gérard Berréby, Rien n’est fini, tout commence , paru en 2014 aux éditions Allia https://www.editions-allia.com/fr/livre/695/rien-n-est-fini-tout-commence , permet de mieux comprendre sa trajectoire, des milieux ouvriers du Hainaut belge à la défense du socialisme autogestionnaire.
    Parmi ses dernières publications, Rien ne résiste à la joie de vivre (éd. Grevis, 2022) et Retour à la vie (éd. L’insomniaque, à paraître en octobre). Un essai, d’Adeline Baldacchino, lui a récemment été consacré : Raoul Vaneigem — Une politique de la joie (éd. Michalon, 2022).

    Reporterre — Le 10 mai dernier https://reporterre.net/Desertons-des-jeunes-ingenieurs-appellent-a-refuser-les-jobs-destructeur , des étudiants d’AgroParisTech dénonçaient publiquement l’enseignement reçu, complices à leurs yeux des « ravages sociaux et écologiques en cours ». Après d’autres, ils appelaient à bifurquer https://reporterre.net/Comment-la-desertion-gagne-la-France pour des « vies moins cyniques », notamment à la campagne. Sont-ce là les germes d’une rébellion que vous appelez depuis longtemps de vos vœux contre le capitalisme et son mépris de la vie ?

    Raoul Vaneigem  — Quitter les centres urbains pour reprendre contact avec la nature n’est plus comparable au repli champêtre qui motiva les hippies, dans la retombée du Mouvement des occupations de Mai 68. Aux rêveurs bucoliques, les pesticides auraient tôt fait de rappeler que le profit répand ses remugles en tous lieux. Le choix de la campagne va bien au-delà d’une réaction d’autodéfense de la vie en proie à la pollution urbaine.

    L’ironie de l’histoire nous remet ici en mémoire les luttes communalistes qui, aux XIIe et XIIIe siècles, voient les villes naissantes se soulever, en Catalogne, en Italie du Nord, en Allemagne, en France occitane et picarde, contre la tyrannie des seigneurs féodaux. L’importance croissante du libre-échange, qui inaugure la lutte du capitalisme contre un immobilisme agraire, cadenassé par l’aristocratie, est alors l’élément moteur d’une lutte dressant la bourgeoisie des villes contre la puissance oppressive des féodaux https://www.mollat.com/livres/660017/raoul-vaneigem-le-mouvement-du-libre-esprit-generalites-et-temoignages-sur-l . Cependant, ce projet d’émancipation révèle très vite son ambiguïté. Dans sa Complainte des tisserandes https://www.chants-de-lutte.com/la-complainte-des-tisserandes , Chrétien de Troyes se fera l’écho de la nouvelle oppression. Pour avoir nourri les luttes communalistes, le slogan « l’air des villes rend libre » servira de tremplin à l’idéologie d’un bonheur terrestre débarrassé des dieux et de leur tutelle.

    L’attrait de la campagne tient à ce qu’elle offre de nouvelles assises aux luttes qui s’esquissent aujourd’hui, inséparablement existentielles et sociales. Car, en dehors de l’obstination des Gilets jaunes, la stagnation des combats revendicatifs est atterrante. La révolte aspire à se frayer d’autres voies. La campagne offre à la perspective d’un bouleversement collectif et individuel ce que l’on pourrait qualifier de « champ de bataille démilitarisé » , un lieu des possibles, ouvert aux gageures de la poésie créative.

    Une évidence se fait jour : le mouvement d’émancipation universelle naîtra de petites entités fédérées, de microsociétés mues par la volonté de défendre et de développer le sens humain. C’en est fini de miser sur le grand nombre des protestataires, sur les foules trop aisément manipulables, sur les nations, les ensembles surpeuplés. Si la ville peut parer à l’étouffement du surnombre, c’est en ravivant ses anciennes structures villageoises, en recréant ces solidarités de quartiers qui ont toujours été propices aux émeutes et aux insurrections — Haussmann ne s’y trompait pas, qui les quadrilla et les éventra de grandes avenues.

    En 1967 https://www.babelio.com/livres/Vaneigem-Traite-de-savoir-vivre-a-lusage-des-jeunes-genera/15798 , votre « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations » appelait à sortir des déterminismes sociaux pour « se créer en recréant la société ». Aujourd’hui, ces jeunes adultes déserteurs qui cherchent à se réancrer dans une existence matérielle https://reporterre.net/Lola-Keraron-A-24-ans-j-ai-deserte-AgroParisTech en lien avec le vivant (boulangerie, apiculture, etc.) répondent-ils à ce mouvement ?

    Du haut de leur bureaucratie politique et syndicale, où ils gèrent les impuissances de la subversion, les rhéteurs de l’anticapitalisme ont toujours traité avec mépris ceux qui souhaitaient atténuer par des réformes une inhumanité dont ils réprouvaient viscéralement la cruauté. Les réformistes n’étaient pas révolutionnaires. Les grandes idéologies prolétariennes ne l’étaient pas davantage, si l’on en juge par le démembrement de la conscience ouvrière, dont nous leur sommes redevables. À vrai dire, il ne faut pas se leurrer, la plupart des prétendues organisations à but humanitaire — du style Kouchner https://books.openedition.org/iheid/2943?lang=fr — sont une imposture. Elles relèvent de la philanthropie, du marché caritatif, bref des bonnes œuvres du capitalisme. Mais, là comme partout, c’est à nous de poser sans relâche la question « Cui prodest ? À qui cela profite-t-il ? » Il n’est pas d’autres moyens de départager, en les passant au crible, les entreprises délétères et les initiatives salutaires.

    Ce qu’il y a d’attractif dans le projet de « se créer en recréant le monde » découvre sa pratique par l’entremise de groupes solidaires dont l’autonomie individuelle est l’élément central. Tandis que l’État et ses commanditaires multiplient les zones à détruire, un nombre croissant de collectivités lui opposent le rachat, à titre privé, de terrains qu’ils dédient à la permaculture, à l’agriculture renaturée, au maraîchage, à l’artisanat, à la recherche d’énergies non polluantes ; tout en excluant l’écologie marchande. De telles initiatives favorisent des révoltes inattendues, comme celle d’ingénieurs agronomes refusant de collaborer davantage à l’empoisonnement agro-alimentaire, de chercheurs ne supportant plus les technologies de l’inhumain, de techniciens devenus hostiles aux industries de la pollution climatique qui les emploient. Imaginez, dans la foulée, un sabotage des taxes et des impôts par les fonctionnaires devenus malgré eux les collecteurs de l’injustice !

    « La planète entière frémit du même désir d’une vie libre. »

    Sous les couleurs de l’humour et de la bonne humeur, une « révolution maraîchère » s’emploie à récupérer une terre qui est la nôtre, il faut le rappeler. Les coups qui aboliront la tutelle des États et des intérêts privés jailliront de l’existentiel et de son tissu social. Il est de la plus haute importance qu’en ces lieux de fraternité retrouvée se redécouvrent la joie de vivre ensemble, l’efflorescence des passions, le désir sans fin. Que l’apiculteur se sente au sein de ses abeilles comme au sein d’un milieu naturel et de relations véritablement humaines, c’est toute la différence avec la même occupation exercée dans le monde marchand. Ce qui s’opère sous nos yeux est un basculement radical. La résurgence de l’entraide et de l’individu autonome annonce la fin du règne de l’individualiste, de l’esclave prédateur, du petit homme au calcul égoïste. C’est le déracinement de la servitude volontaire.

    Réduire ces solidarités nouvelles à un folklore associatif, c’est oublier qu’elles peuvent être le ferment de plus amples développements. Le rejet de la barbarie a donné naissance à des zones à défendre tels le Chiapas zapatiste https://reporterre.net/Declaration-pour-la-vie-les-zapatistes-annoncent-leur-venue-en-Europe et le Rojava. La France l’illustre avec une revendication galactique d’une spécificité insolite et insolente. Si la présence imperturbable des Gilets jaunes rayonne humblement de résonances poétiques qui troublent le monde entier, ce n’est ni hasard ni magie, mais parce que la planète entière frémit du même désir d’une vie libre. Parce que partout, du Chili au Sri Lanka, le rêve d’une société radicalement nouvelle se conjugue avec l’histoire et se concrétise.

    Ces gestes forts sont l’écho d’une conscience écologique qui s’affirme. Pensez-vous que l’écologie politique, avec ses luttes contre les grands projets inutiles https://reporterre.net/La-carte-des-luttes-contre-les-grands-projets-inutiles (routiers, aériens, etc.), sa dénonciation du productivisme et du travail contraint (chez les pionniers), sa défense du vivant, peut être une chance de renaissance politique ? Dans quelle mesure ?

    Si sympathiques qu’elles soient, les manifestations en faveur du climat servent d’exutoires au sentiment d’impuissance qu’éprouvent intimement les protestataires. Comment imaginer que des mesures pratiques et un tant soit peu conséquentes contre la pollution puissent être adoptées par des États et des monopoles qui en sont la cause et les bénéficiaires ? Ce n’est pas dans les capitales que la colère est requise, c’est aux côtés des zadistes en lutte contre la propagation des nuisances, des pesticides, des inutilités rentables — on n’a même pas obtenu l’interdiction des produits qui tuent les abeilles et nous empoisonnent https://reporterre.net/Neonicotinoides-tueurs-d-abeilles-le-passage-en-force-du-gouvernement !

    De quelles vertus voulez-vous créditer la politique et le parlementarisme ? Les marchandises électorales sont interchangeables. L’envers vaut l’endroit. Le populisme fascisant réclame la liberté de ne pas se faire vacciner et le populisme gauchiste appelle à la vaccination obligatoire. Avons-nous jamais connu une telle disette de l’intelligence sensible et du sens humain ? Pendant que les pitreries médiatiques captent l’attention, les lobbies du nucléaire, du pétrole, de la pharmacie, de la 5G, du gaz de schiste, des malversations bancaires, triomphent avec le soutien d’une corruption et d’un parasitisme étatiques exhibés sans scrupules. Ce beau monde s’en donnerait à cœur joie s’il en avait un. En l’occurrence, la « totale » assurance de poursuivre son entreprise de destruction lucrative lui suffit.

    Comment passer de la désertion individuelle à l’insurrection collective ?
    L’État et ses commanditaires auraient intérêt à nous entraîner dans une guerre civile, ou du moins dans sa parodie. Ils en tireraient un double avantage. Ils nous acculeraient sur un terrain qu’ils connaissent assez pour nous écraser. Plus déplorable encore, ils nous militariseraient, ils nous mécaniseraient, nous engageant à contresens de la conscience humaine pour laquelle nous luttons. Libre à qui le souhaite de recourir à une de ces guérillas sans armes, selon le principe « ne jamais détruire un être humain, mais détruire les machines qui nous déshumanisent » .

    Néanmoins, compte tenu de l’effondrement programmé par l’écart croissant entre l’économie réelle et l’économie spéculative, mieux vaut miser sur une insurrection pacifique comme celle qu’illustrent à leur façon les zapatistes, les Gilets jaunes et ces insurgés improbables qui surgissent de partout.

    Le peuple avait fini par s’aviser que ses exploiteurs étaient des malades. Il lui apparaît maintenant que le pouvoir n’est plus assumé par des égrotants mais qu’il est géré par la terreur épidémique et l’épidémie de terreur. Le capitalisme moribond érige la morbidité en mode de gouvernement. La peur de la maladie est l’instrument d’une oppression automatisée. Une fois mise en branle, la machine fonctionne seule, elle s’accommode de dirigeants décérébrés, de créatures acéphales trébuchant de sottises en incompétences. L’État et ses commanditaires sont déchargés de toute responsabilité. Et nous, de tout devoir envers eux ! L’autodéfense sanitaire devient pour chacune et chacun la substance d’une autodéfense généralisée. Sous cet angle, l’autogestion — autrement dit l’organisation du peuple par lui-même — n’a plus rien de subversif, c’est une cure de santé parfaitement légitime !

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    l’Internationale situationniste
    https://www.youtube.com/watch?v=jc38K2JFLDA