#zbeul

  • Zbeul Olympique ! – Solidaires Informatique
    https://solidairesinformatique.org/2024/02/20/zbeul-olympique

    Alors que le début des Jeux Olympiques et Paralympiques s’approche lentement un discours se répand dans nos entreprises et nos administrations : il faudrait privilégier le télétravail pour éviter d’eventuelles complications avec les transports. Nous proposons une alternative : la grève et le zbeul olympique !

    #zbeul (olympique)

  • Mort de Damo Suzuki, chanteur mythique et mystique de Can
    https://www.liberation.fr/culture/musique/mort-de-damo-suzuki-chanteur-mythique-et-mystique-de-can-20240210_OJ3DUN6

    L’étrange destin de ce Japonais ambitionnant adolescent de « faire des bandes dessinées » s’est tramé une après-midi de mai 1970 sur un trottoir de Munich. Lâché par son chanteur américain Malcolm Mooney, par ailleurs sculpteur, qui file une sévère dépression, les membres du groupe #Can se traînent de bistrot en bistrot en maudissant leur sort avec pour horizon quatre concerts à assurer dans une boîte de la ville, le Blow Up. Czukay ramasse alors littéralement sur le trottoir un jeune musicien des rues qui avait entrepris de les coller depuis des heures et l’invite à chanter avec eux.

    Can est alors déjà un groupe important, monté par deux élèves (Czukay et Irmin Schmidt, claviériste) du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen et qui a déjà laissé un classique derrière lui, Monster Movie, le tout premier jalon avec Phallus Dei d’Amon Düül d’une musique rock authentiquement allemande, où la violence et les libertés que s’accordent les musiciens apparaissent comme décuplés. Czukay racontait ainsi la soirée qui suivit : « Au début, Damo chanta de façon dramatique, mais assez paisible. Il était extrêmement concentré. Et puis d’un seul coup, il bondit comme un samouraï, agrippa le micro et se mit à hurler en direction du public. Cela énerva tellement les gens qu’ils commencèrent à se taper dessus, il y eut une bagarre générale et presque tout le monde s’est enfui. A la fin, il ne restait que quelques fans inconditionnels et enthousiastes, trente Allemands, trente Américains, pour qui on joua la suite. Ce fut magnifique, l’un de nos meilleurs concerts. » La musique du groupe venait de changer du tout au tout.

    Damo Suzuki est un voyageur, un peu artiste dans l’âme, un peu autre chose. Il a quitté le Japon pour l’Europe très tôt et dort sous les ponts, une expérience qu’il conseillera dans la quasi-totalité des interviews sur lesquelles on a mis la main et dont il gardera un souvenir émerveillé. Difficile de savoir s’il portait cette vision en lui ou si la rencontre avec le groupe allemand l’a cristallisée : Suzuki va alors se vivre comme une sorte de média, traduisant pour ceux qui peuplent ce bas monde des visions mystiques qui irriguent son cerveau depuis des univers parallèles. La musique du groupe agit alors sur lui comme une drogue, une amphétamine psychique qui lui permet d’aller chercher ce qu’il doit ramener.

    Le musicien et critique anglais Julian Cope verra dans sa voix et sa présence « une mélancolie », « une insistante sensualité » qui manquait aux autres. Communément considéré comme le chef-d’œuvre du groupe et véritable Sacre du Printemps de la musique psychédélique d’où qu’elle vienne, Tago Mago marque aussi le début de la fin pour l’association entre Suzuki et Can. La puissance abrasive et volontairement terne (il faut jouer monotone car la vie des gens est monotone) du groupe et les douces lumières allumées puis éteintes par leur chanteur ne pouvaient pas non plus s’accorder éternellement. « Il y a des moments où je me perds et me tourne vers l’autre monde, expliquait Suzuki en 2001. Parfois, je suis un chaman. J’ai l’impression que les voix que j’utilise ne sont pas les miennes. Connaissez-vous le théologien et scientifique suédois [du XVIIIe siècle] Emanuel Swedenborg ? Il a voyagé dans le monde après sa mort, s’est rendu au paradis mais aussi en enfer et a rédigé des rapports. Il y a été plusieurs fois. Moi, je suis très concentré comme un chaman, au moment de son contact avec la mort et après. »

    Volant assurément trop haut pour Can, Suzuki partit en 1973 après Future Days sur lequel il joue « à l’eau et aux sacs de sable ». Le groupe ne s’en remit pas et lui non plus. Suzuki n’a jamais quitté l’Allemagne, travaillant comme employé d’hôtel, exportateur de voitures anciennes ou même terrassier. Un premier cancer le rattrapera en 1983, ce qui coïncide avec son retour en musique au sein d’un groupe taillé sur mesure, Damo Suzuki’s Network. Si le plaisir de jouer s’entend toujours, l’intensité et les aspérités qui ont gouverné sa première carrière l’ont complètement déserté, ce qui permet rétrospectivement de mesurer le dévouement et l’esprit de corps dont les musiciens de Can avaient su faire preuve pour « porter » Suzuki vers sa vérité à lui.

  • Digression sur le zbeul
    https://www.acontretemps.org/spip.php?article983

    Il dit : « Il s’agit de retrouver la mémoire des anciennes révoltes, de s’en imprégner et de sortir des sentiers battus de l’échec programmé. On ne gagnera que si on s’en donne les moyens, et il faudra investir beaucoup de soi. » Le camarade a les idées claires. Il est originaire de Marseille, syndiqué à la CGT, carrément basiste et « robin des bois ». La manif intersyndicale, c’est un passage obligé, mais il sait que ça se jouera ailleurs. Dans une prolifération d’actions illégales, minutieusement programmées, audacieuses. Il parle de « grévilla », et le mot l’enchante. Il a la quarantaine sportive, le port altier, le regard conquérant et un béret noir genre Black Panther. Sur le large trottoir passe un groupe nourri, jeune et combatif de « Révolution permanente » scandant : « Grève générale ! Grève générale ! » Comme s’il suffisait de la décréter. « Les avant-gardes d’aujourd’hui sont les arrière-gardes de demain. Bolchos un jour, bolchos toujours. Mais qu’est-ce que Lordon est allé foutre dans cette galère ? », dit-il. Et de se répondre à lui-même : « Exister comme intellectuel organique ? Tu parles d’une perspective. » Ce type a tout pour me plaire.

    Son truc à Mathias – on l’appellera comme ça –, c’est le zbeul comme théorie, expression de la spontanéité des masses, organisation méthodique du désordre, multiplication des points de rupture. La Grande Java, en somme. Mathias ne se définit pas comme activiste, se fout du Grand Soir comme de sa première communion – qu’il n’a d’ailleurs pas faite. Il connaît ses classiques. « Placé au bon endroit dans une bécane, un corps étranger, dit-il, peut avoir des effets miraculeux sur les cadences. » Et de même attaquer des canalisations à la disqueuse, cramer des antennes 5G, couper des fils d’alimentation, manier en artiste la pince-monseigneur, c’est désarmer le système d’exploitation. Il dit « désarmer », Mathias, pas « saboter ». Je lui demande pourquoi. « Parce qu’il faut être malin », précise-t-il, que le terme de sabotage a mauvaise presse et qu’il est sans doute plus porteur, comme le font les « Soulèvements de la terre », de réactualiser des pratiques aussi anciennes que le mouvement ouvrier sans favoriser nous-mêmes leur stigmatisation. À vrai dire l’argument ne me convainc pas vraiment, et pas davantage cette volonté stratégique de déconflictualiser la pratique en la rendant plus acceptable. Mathias entend ma critique, mais sans en démordre. « Si l’on ne périt que dans la défensive, il n’est pas interdit de penser l’offensive de manière stratégique. Et, d’admettre que les voies obliques sont parfois les plus directes. » Mathias a du répondant.

    À vrai dire, le zbeul, pour lui, c’est comme un appel du lointain, une réactivation de l’ancienne mémoire des luttes sauvages d’avant leur domestication politique ou syndicale. Le mouvement en cours, il en est convaincu, a d’abord démontré que la force du nombre et l’unité sont désormais conditions non suffisantes pour vaincre un pouvoir qui ne veut pas céder. C’est en cela que l’événement, par le glissement d’imaginaire qu’il induit, marque déjà une date historique, celle qui ouvrira fatalement sur une reconfiguration de l’affrontement puisant à d’archaïques formes de résistance et en en inventant de nouvelles. Le zbeul favorise la prolifération des expressions. À chacun la sienne, à la mesure de ses moyens. Tout ce qui s’est passé de fort autour de ce mouvement – sur les piquets de grève, dans les blocages, les occupations, certains ronds-points – a fait convergence autour de cette vieille idée de l’ingouvernabilité de la révolte, de sa réinvention permanente, de l’imagination qu’elle nourrit et attise. Sans autre nécessité que celle de faire mouvement, lignée, trace. Au point que, sauf chez certaines vertueuses avant-gardes gauchistes du vieux monde, personne n’a jugé bon de consacrer trop de temps à la critique inutile des vieux corps intermédiaires stupidement méprisés par le pouvoir quand ils sont, par définition et nature, sa dernière roue de secours. Mathias est de ceux-là. Il raisonne plutôt qu’il n’idéologise : « Les syndicats ont mobilisé, dit-il, et plutôt massivement. C’est déjà ça, et pour beaucoup c’est grâce à eux qu’au cœur des cortèges se sont tissées diverses connivences, qu’ont éclos des rencontres, que sont nés des affects. Quand on n’est pas, comme c’est mon cas, en rivalité sur des questions de boutique ou d’appareil, on fait corps commun avec sa classe. Quitte à s’émanciper de la multitude syndiquée dès que pointe une envie d’échappée sauvage. » Et ce ne fut pas rare au vu de la taille, tout à fait considérable, des cortèges de tête...

    https://twitter.com/clemrenard_/status/1657233706233503745?cxt=HHwWgoDRndDR1v8tAAAA

    • Dans cagoule à paillette je voie pas trop de zbeule de genre. La cagoule c’est ni féminine ni masculine on m’en a fait porté quand j’étais petite et ca m’a pas fait changer de genre et pas plus que la paillette n’a de genre. La paillette c’est surtout du genre polluant, c’est pas une avancés incroyable de savoir que les manarchistes s’en tartinent les couilles en se croyant devenir des femmes.

      Aussi il est question des émeutes de Stonewell dans cette manif du coup je met ceci en plus car c’est assez fabuleux de voire cette réécriture de l’histoire aussi misogyne qu’homophobe qui bafoue l’identité des protagonistes en prétendant défendre l’identité trans :

      Les transactivistes ont tendance à réécrire les récits d’histoire, pour y déceler ce qu’ils appellent des personnes trans (leur priorité), alors même qu’on peut soutenir que ce concept « trans » n’a vraiment émergé que dans les années 1990. Cette année, par exemple, j’ai dû voir des centaines de fois l’affirmation qu’une « transfemme », Marsha P Johnson, avait « lancé » l’émeute de Stonewall en 1969 à New York. (Ce soulèvement a contribué à catalyser l’activisme entourant les droits des homosexuels.) Mais cette affirmation au sujet de Marsha Johnson apparaît inexacte à deux égards :

      a) de son propre aveu, Johnson n’est arrivé sur place qu’après le début de l’émeute ; en fait, ce soulèvement a été amorcé par une lesbienne butch, Stormé Delaverie, même si on mentionne rarement son nom.

      Et, fait tout aussi important :

      b) Marsha s’identifiait comme homme gay et drag queen.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2021/10/28/mise-a-jour-sur-lintimidation-et-le-harcelement-menes-con
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      https://fr.wikipedia.org/wiki/Storm%C3%A9_DeLarverie

      Depuis les années 2000, les événements du 28 juin 1969 sont qualifiés d’émeutes de Stonewall. Cependant pour DeLarverie le terme d’émeute ne convient pas : « C’était une rébellion, un soulèvement, un acte de désobéissance civile, pas une foutue émeute »4.

      Les événements commencent après l’évacuation brutale d’une femme butch menottée que la police tente de faire sortir du Stonewall Inn pour l’emmener vers un fourgon. Pendant une dizaine de minutes, elle se débat contre au moins quatre policiers, criant et jurant. Un témoin la décrit comme une « butch typique de New York » et « une gouine stone butch ». Un policier la matraque et la blesse à la tête, après qu’elle a protesté que ses menottes sont trop serrées. Sa blessure saigne tandis qu’elle continue de se débattre. Des passants mentionnent que la femme, dont l’identité reste incertaine, encourage la foule à se battre aux cris de : « Mais pourquoi vous faites pas quelque chose, les gars », après qu’un officier de police l’ait soulevée et jetée à l’arrière du fourgon. Dès lors, la foule se met en mouvement avec une sorte de fureur : « C’est à ce moment là que la scène devint explosive ». Certaines personnes ont qualifié cette femme de « Rosa Parks de la communauté gay »5.

      L’identité de cette lesbienne butch reste sujette à débat. D’après DeLarverie et d’autres témoins, c’est d’elle-même qu’il s’agissait. « Personne ne sait qui a donné le premier coup de poing, mais d’après les rumeurs, et d’après Stormé DeLarverie, c’était elle » a déclaré Lisa Cannistraci, amie de DeLarverie et propriétaire du Henrietta Hudson, bar lesbien de Greenwich Village. « Elle m’a dit que c’était elle ».

      Mais cette version n’est pas unanime. L’historien David Carter, par exemple, estime que ce n’était pas elle, notamment parce que DeLarverie (qui était de taille et de stature moyennes, métisse et âgée de 48 ans en 1969) ne correspond pas à la description physique de la femme arrêtée (grande, costaude, blanche, dans la vingtaine ou la trentaine)6.

      Que la femme qui s’est débattue soit effectivement ou non DeLarverie, tous les récits s’accordent sur le fait que plusieurs lesbiennes butch se sont battues contre la police pendant l’affrontement.

      –—
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Marsha_P._Johnson

      Marsha P. Johnson, née le 24 août 1945 à Elizabeth (New Jersey) et morte le 6 juillet 1992 à New York, est une drag queen et travailleuse du sexe américaine. Femme trans et militante du mouvement LGBT, elle a participé aux émeutes de Stonewall, mais, contrairement à une légende tenace, ne les a pas initiées .

    • La paillette c’est surtout du genre polluant, c’est pas une avancés incroyable de savoir que les manarchistes s’en tartinent les couilles en se croyant devenir des femmes.

      je ne sais pas s’ils s’en tartinent les couilles @mad_meg mais en plus des cagoules il y avaient des canons à paillettes qui illuminaient le ciel bleu ce samedi 16 octobre dit trou noir .
      Nous sommes les contemporains de Stonewall et non pas ses héritiers
      https://trounoir.org/?Introduction-au-dossier-Stonewall

      Aujourd’hui 28 juin 2020, nous célébrons l’anniversaire des émeutes de #Stonewall. Son cinquante-et-unième anniversaire pour être précis. Il est de ces évènements, dont la date et le symbole sont connus dans le monde entier. Il est un de ces évènements dont la puissance originale persiste dans le temps. C’est d’ailleurs en hommage que TROU NOIR publie chacun de ses numéros le 28 du mois.

      https://seenthis.net/messages/674450

    • Nous sommes les contemporains de Stonewall et non pas ses héritiers

      Je suis illuminée par tant d’inclusivité. C’est une belle avancée ce masculin pluriel. Finkey vous fait des poutous et Blanquer vous roule des pelles en crop-top.

    • ce truc des 18 ans ça a été joué comme un grossier effet d’annonce par EDM, qui s’achetait vite fait une consistence. Que par là-même, par sa foutue bitarderie d’abruti, il légalise l’inceste pour les majeurs, that’s a point girl. Mdr.

    • Je comprend ce qu’elle dit et je cherche pas à défendre Moretti ni à contredire Angot. Il me semble que l’inceste n’est pas un crime ni un délit en droit en France, seulement une circonstance aggravante lorsqu’un viol est reconnu. Et il faut que le viol soit reconnu, alors qu’ils sont correctionnalisés en agressions pour manque de preuve et de moyens car c’est la parole d’un enfant contre celle d’un autre, adulte ou pas. Il y a aussi l’interdit du mariage mais le mariage c’est pas obligatoire pour faire des gosses. De mon coté j’ai pas l’impression que le droit français interdit l’inceste en soi ni que ca soit un interdit fondamental, juste on fait semblant que ca soit interdit, on fait taire les victimes. Mais lors des jugements les condamnations sont rares, legères. Bref une loi qui interdit l’inceste ca serait pas du luxe, indépendament de la loi sur les viols des mineurs. Du coup il me semble qu’elle a bien raison de geuler Angot. Merci pour le relais de l’info @tintin

    • Recension de lectures :

      https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2016-2-page-73.htm

      À l’instar des psychothérapeutes qui se sont, les premiers, penchés sur les conséquences des abus sexuels commis sur des enfants, les spécialistes de la santé mentale ont continué d’envisager l’inceste dans sa dimension coercitive, violente, et impliquant un enfant de la parenté.

      https://journals.openedition.org/socio-logos/2312
      Compte-rendu de : Emile Durkheim, La prohibition de l’inceste et ses origines, Préface de Robert Neuburger, Paris : Payot et Rivages (coll. Petite Bibliothèque Payot), 2008, 140 pages

      Paru pour la première fois en 1897, La prohibition de l’inceste et ses origines1 est un exercice rigoureux d’application de la sociologie durkheimienne à l’un des problèmes fondamentaux de l’anthropologie. Des années avant Sigmund Freud et Claude Lévi-Strauss, Emile Durkheim y tente une analyse scientifique de l’interdit de l’inceste, dont l’universalité constitue un véritable problème pour les sciences sociales.

    • au réveil je me dis qu’EDM va bien rigoler en voyant cette vidéo, qu’on est en train de devenir dingue (moi le premier) avec toutes ces prises de paroles et ces effets d’annonces claironnés au mégaphone, le tout en pleine pandémie, qu’on aurait besoin d’un certain silence, que je vais tenter une petite pause moi...

  • De l’art d’annoncer à quatre euros un journal qui en vaut cinq... minimum
    y’a que @cqfd pour faire des bourdes pareilles et c’est pour ça que je l’aime, aussi
    http://cqfd-journal.org/CQFD-le-journal-qui-fout-le-zbeul

    Que l’équipe du Canard Enchaîné nous pardonne le vol du surtitre de cette chronique de contrition : les vrais rois de la boulette, c’est nous ! Je m’explique.

    D’ordinaire, CQFD est vendu à 4 €, tarif certainement excessif mais qui ne nous permet même pas d’atteindre l’équilibre des comptes. Alors pour chaque numéro d’été, profitant de l’inattention caniculaire de nos fidèles lecteurs, nous augmentons le prix à 5 €. On a un argument, hein : ce numéro, qui reste deux mois en kiosque, fait huit pages de plus que d’habitude (32 au lieu de 24).

    Alors voilà, comme chaque mois, on a commandé le code-barres à notre diffuseur, en précisant bien que ce numéro était à 5 €. Une fois ce code-barres reçu, avec la claire indication « 5,00 € », on l’a collé sur la Une et hop !, pour nous l’affaire était réglée.

    Ce n’est que le lendemain du bouclage, après avoir enfin dormi un peu après des nuits de boulot sans sommeil, qu’on a repéré la bourde : tout en haut de la Une, à droite du grand bandeau « CQFD », il y avait cette maudite mention « 4 € ». Le nez dans le guidon, personne n’avait pensé à la changer.

    Résultat, 4 ou 5 €, le peuple ne sait plus trop. Les chalands qui se saisissent du journal le pensent à 4, mais une fois arrivé à la caisse, le vendeur de journaux les fait déchanter : « 5 € s’iouplaît ! » D’où de multiples scènes d’incompréhension, voire de violence : « CQFD, le journal qui fout le zbeul avec ton kiosquier », a résumé un lecteur sur Twitter.

    À nos lecteurs, à nos lectrices, à nos kiosquiers, à nos kiosquières, aux services d’urgence qui s’occuperont des nez cassés, nous présentons nos plus sincères excuses. Bel été !

    #zbeul

  • Du caractère inflammable des livres et de la soi-disant lutte contre la barbarie
    https://page42.org/du-caractere-inflammable-des-livres-et-de-la-soi-disant-lutte-contre-la-barb

    Dans la nuit de mercredi à jeudi, une bibliothèque a brûlé. C’était à Nantes. Deux jours plus tôt, un policier abattait à bout portant Aboubakar, un garçon de 22 ans, qui essayait de fuir un contrôle d’identité. Pourtant, à en lire les médias et les réseaux sociaux, ce n’est pas dans ce meurtre que réside la barbarie, mais bel et bien dans la crémation d’un bâtiment municipal qui hébergeait quelques bouquins. Brûler des livres est un sacrilège. Tuer un homme, on peut toujours invoquer la légitime défense ou même la maladresse.

    Et les voix de s’élever pour venir au secours de cette Culture qu’on assassine – rassurez-vous, la bibliothèque sera réouverte dans quelques jours, des bouquins on en trouve toujours. Ça ne fera pas revenir Aboubakar, mais on se félicitera de la résilience de la République. On louera le courage des habitants de vivre en résistants dans des quartiers pourris par la violence ordinaire et le fondamentalisme. Politique du Karcher oblige, on annoncera des moyens policiers supplémentaires. On jurera qu’on viendra à bout de la délinquance. L’IGPN annonce que le recours aux armes à feu chez les policiers a bondi de 54 % entre 2016 et 2017 : on est entre de bonnes mains. Et TF1 fera un reportage sur la réouverture de la bibliothèque, victoire des forces du bien contre celles du mal.

    En France, on s’émeut davantage du sort de quelques livres que des violences policières, qui pourtant gangrènent la République jusqu’à la moelle. 14 morts cette année, et des centaines de blessés – on pense aux manifestants, aux ZADistes, aux grévistes qui en subissent les assauts en première ligne, mais aussi aux habitants de ces « quartiers difficiles » qui eux le vivent aux quotidiens : contrôles à répétition, intimidation, racisme, on ne leur épargne rien. Là-bas, la police ne rassure plus personne depuis longtemps. Et quand un homme en meurt, c’est la colère enfouie dans les ventres qui déclenche l’incendie, bien avant les premiers départs de feu.

    La barbarie que nos livres sont censés combattre est là, devant nos yeux. Nous, auteurs et autrices, avons beau jeu de clamer sur tous les toits que l’empathie est notre première arme, que nous luttons à travers nos mots contre les inégalités et la violence, quand nous ne sommes pas capables de nous intéresser de près à ce qui constitue aujourd’hui la véritable barbarie – celle qu’on inflige aux plus pauvres, aux moins favorisés, aux moins blancs aussi. Pleurer sur ces bibliothèques qu’on brûle n’arrangera rien, au contraire : on ne fera que passer le message à ces gens déjà en colère qu’une poignée de livres vaudra toujours davantage que leur vie. Annoncer aujourd’hui des moyens policiers supplémentaires et la réouverture de la bibliothèque au plus vite – là où des ascenseurs sont en panne depuis des décennies, où les installations municipales sont vétustes et les habitations insalubres, c’est non seulement mettre de l’huile sur le feu, mais se foutre de la gueule du monde.

    Alors si les livres sont vraiment capables de changer le monde, c’est peut-être par là qu’il faut commencer : en tant qu’auteurs et autrices, nous devons nous engager aux côtés de celles et ceux qui ont vraiment besoin de notre empathie : pauvres, migrants, victimes de violences, fonctionnaires et travailleurs précaires, franchement ça ne manque pas.

    Et si rien ne change et que nous continuons à nous regarder le nombril – c’est vrai qu’il est très beau –, alors peut-être l’ignoriez-vous, mais non contents de bien brûler, vos livres feront aussi d’excellents projectiles.

    Neil Jomunsi

    #banlieues #quartier #violences_policière #émeutes #zbeul #littérature #livres #bibliothèques