• Hypothèse d’une fuite de labo : les États-Unis au cœur de l’enquête sur l’origine du Covid-19 - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/international/150721/hypothese-d-une-fuite-de-laboratoire-les-etats-unis-se-retrouvent-coeur-de

    D’abord caricaturée comme complotiste, la thèse de la fuite de laboratoire est désormais creusée sérieusement. Mediapart raconte l’enquête scientifique internationale qui a mis au jour l’opacité chinoise et l’implication des États-Unis dans des recherches controversées.

    La pandémie de Covid-19 a nourri de nombreuses controverses scientifiques. L’une d’entre elles, au lieu de s’apaiser, gagne en intensité. Elle tient à l’origine du virus, un puzzle aux pièces patiemment rassemblées, mais toujours éparses et incomplètes.

    Aux prémices de la pandémie, le 19 février 2020, 27 experts en santé publique de renommée mondiale ont voulu imposer une seule explication possible, celle de la zoonose, l’émergence naturelle d’un coronavirus passé de la chauve-souris à l’homme. « Ensemble, nous condamnons fermement les théories complotistes suggérant que le Covid-19 n’est pas d’origine naturelle », ont-ils écrit dans une lettre ouverte publiée par The Lancet, un journal scientifique de référence.

    « Une partie de la communauté scientifique a voulu fermer le débat sur l’origine du virus avec des arguments d’autorité, c’est un dysfonctionnement majeur », explique José Halloy. Physicien à l’université de Paris, ce spécialiste des « systèmes complexes » du vivant étudie les crises globales, qu’elles soient climatiques ou liées à la soutenabilité des technologies modernes. Au début des années 2010, il a travaillé sur la prolifération des laboratoires de biologie BSL-4 (ou P4, selon la dénomination européenne) dans le monde, susceptibles d’abriter les agents pathogènes les plus infectieux, souvent situés dans des grands centres urbains.

    « Nous écrivions alors que cette prolifération de laboratoires BSL-4, mais aussi de laboratoires BSL-3 moins sécurisés où sont manipulés les virus de la grippe et des coronavirus, augmentait le risque de voir survenir une épidémie d’origine accidentelle, capable de toucher l’ensemble de la population mondiale, raconte-t-il aujourd’hui. Pour éviter de nouvelles catastrophes, il est crucial de connaître l’origine de ce virus, en étudiant toutes les hypothèses, que ce soit un accident de recherche ou une zoonose, qui peut être aussi une conséquence des activités humaines. »

    La ville de Wuhan, 11 millions d’habitants, est une place forte de la virologie mondiale. Y est installé le laboratoire BSL-4 de haute sécurité construit avec l’aide de la France (lire notre précédent article ici), ainsi qu’une dizaine de laboratoires de virologie BSL-2 et BSL-3 de moindre sécurité, au sein de l’Institut de virologie de Wuhan (WIV), de l’hôpital central, de l’université de Wuhan, de l’université agricole de Huazhong, de l’Institut de technologie de Wuhan ou du Centre de contrôle des maladies (CDC) de la province du Hubei. « On sait que les coronavirus ont été manipulés à Wuhan dans des laboratoires BSL-2 et BSL-3, explique José Halloy. C’est très lourd, très cher de travailler dans les BSL-4. Ils sont réservés aux virus directement pathogènes pour les humains. »

    Cette recension des laboratoires de la ville chinoise a été illustrée par le collectif de scientifiques DRASTIC – pour « Decentralized Radical Autonomous Search Team Investigating Covid-19 » –, qui s’est très vite constitué, sur le réseau social Twitter, pour enquêter sur l’origine de la pandémie. Il comprend des biologistes, des généticiens, des ingénieurs, des spécialistes de l’open data, des sinologues, certains anonymes et d’autres non.

    Les doutes sur l’origine accidentelle du virus se fondent bien sur les données de la science. Aux prémices de la pandémie, en février 2020, les virologues français Bruno Coutard et Étienne Decroly publient une étude qui fait aujourd’hui référence sur le Sars-CoV-2. Ils constatent que le nouveau coronavirus est un nouveau lignage proche du Sars-CoV, le coronavirus à l’origine de l’épidémie de Sras de 2002. Mais les chercheurs constatent qu’il diffère de ses cousins en raison d’un site de clivage à la furine, une enzyme cellulaire, sur sa protéine Spike.

    La furine coupe en deux la protéine Spike, ce qui « décuple sa capacité de reconnaissance des récepteurs ACE2 des cellules humaines et accroît très fortement la transmission interhumaine du virus », explique Étienne Decroly. L’origine de ce site de clivage par la furine reste mystérieuse et laisse ouvertes deux hypothèses : « Les virologues sont capables d’introduire en laboratoire des sites furine sur la protéine Spike, c’est une manipulation courante en virologie. Mais l’apparition de ce type de clivage peut aussi être un processus naturel, comme l’atteste la présence de sites sensibles à la furine chez d’autres coronavirus humains », tempère le virologue.

    Leurs travaux intéressent « des physiciens, des virologues, des biologistes, des spécialistes de la phylogénie [la généalogie des virus – ndlr], nous nous connaissions pour la plupart. Nous avons partagé le même étonnement sur le discours dominant d’une origine naturelle du virus. Nous avons commencé à creuser la question », raconte Jean Halloy, membre de ce groupe informel baptisé par les journalistes « groupe de Paris ». « Notre groupe s’est ensuite élargi : il est désormais international, pluridisciplinaire », poursuit le physicien. Via les réseaux sociaux, le lien a été vite fait avec le groupe DRASTIC.

    Les membres des deux groupes ont publié des études, en ont rassemblé d’autres, parfois exhumées des profondeurs d’Internet. « La Chine a créé une sorte de forteresse sur le sujet depuis l’émergence de la pandémie. Nous avons ouvert une brèche », explique Gilles Demaneuf, un centralien, expert en mathématiques appliquées et animateur depuis la Nouvelle-Zélande de DRASTIC.

    « Nous tirons beaucoup d’informations de la consultation de bases de données, y compris chinoises, parfois en nous lançant dans de véritables jeux de piste pour déjouer la censure, mais sans recourir au hacking », précise-t-il. Ils exploitent aussi les « Web archives » – dont les animateurs procèdent à l’archivage systématique du Web dans une perspective de conservation du patrimoine, notamment lorsque la consultation publique est menacée par des États totalitaires. Des informateurs chinois leur ont aussi transmis des documents.
    Les scénarios de l’accident de laboratoire

    Tous les éléments accumulés ne constituent pas des preuves directes d’une fuite de laboratoire. Mais cette thèse a suffisamment gagné en crédibilité ces derniers mois pour qu’un nombre de plus en plus grand de scientifiques exige une véritable enquête sur le sujet. Ils se sont exprimés dans quatre lettres ouvertes publiées dans différents journaux internationaux.

    En France, la quatrième est parue dans Le Figaro le 28 juin, signée notamment par José Halloy, Gilles Demaneuf et François Graner. Elle décrit plusieurs « scénarios d’infection accidentelle » : un chercheur infecté dans la nature, au cours d’un échantillonnage, qui aurait transporté le virus à Wuhan ; une personne infectée à l’intérieur d’un laboratoire qui conserve des coronavirus ; une personne infectée à l’extérieur d’un laboratoire, par un agent pathogène qui s’en est échappé. Ils excluent donc la création intentionnelle du Sars-CoV-2.

    Cette 4e lettre ouverte est surtout plus politique, pressante envers la communauté internationale. Pour les scientifiques, il y a désormais « deux options » pour avancer sur la piste des origines du virus. La première est d’obtenir « dans les deux mois » la coopération de la Chine, qui doit accepter le principe d’une enquête indépendante, notamment en permettant un accès aux « données brutes ».

    Ce scénario est peu probable, car la Chine a jusqu’ici pris des « mesures notables […] pour dissimuler les traces et empêcher les experts chinois de partager certaines informations essentielles », estiment les auteurs. Ils proposent donc une « enquête alternative » qui se penche, notamment, sur les données dont disposent en particulier les « partenaires américains » de l’Institut de virologie de Wuhan – l’organisation non gouvernementale (ONG) EcoHealth Alliance et l’Agence américaine pour le développement international (USAID) –, mais aussi ses « partenaires européens », à savoir la Commission européenne et les « institutions de recherche françaises (Inserm, Institut Pasteur, Fondation Mérieux) ». Il y a cependant beaucoup moins à chercher de ce côté-ci de l’Atlantique (lire le 2e volet de notre enquête ici).

    Cette lettre ouverte met aussi en pièces le rapport de la mission conjointe entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Chine qui a enquêté durant trois semaines, début 2021, sur les origines du coronavirus. Dans leurs conclusions rendues le 31 mars, ils rappellent que les termes de la mission ont été « négociés à huis clos entre la Chine et l’OMS », que la Chine a obtenu « un droit de veto » sur les experts choisis pour conduire la mission, ou encore que « la probabilité de chaque scénario a été déterminée par un vote à main levée devant des représentants du gouvernement chinois ». Dans ces conditions, ces experts ont jugé « hautement improbable » la thèse de l’accident de laboratoire, ne lui consacrant que 2 des 120 pages de leur rapport.

    Le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a pris ses distances le jour même avec ces conclusions en réclamant des « études supplémentaires », en soulignant que, « du point de vue de l’OMS, toutes les hypothèses restent sur la table ». Il a aussi critiqué « le manque d’accès aux données brutes autorisé par les autorités chinoises ».

    Dans une interview accordée à Science le 18 juin, il se démarque un peu plus encore : « Le groupe (d’enquêteurs) venait de différentes institutions et de différents pays, ils étaient indépendants. Parmi eux, il n’y avait que deux membres de l’OMS. »
    Les dissimulations de la Chine

    Des scientifiques de plus en plus nombreux rejoignent le camp des sceptiques, comme le biologiste américain Jesse Bloom. Il a pré-publié une étude le 22 juin dernier qui est une nouvelle preuve de la dissimulation chinoise. Il a retrouvé, dans une sauvegarde automatique par Google de la base de données sur les virus du Centre américain pour les informations biotechnologiques (National Center for Biotechnology Information, NCBI), des séquences d’un Sars-CoV-2 dont la phylogénie – l’arbre généalogique des virus – révèle qu’il est plus ancien que celles prélevées, au mois de décembre 2019, sur le marché aux poissons de Wuhan, d’abord présenté comme le lieu d’émergence du virus.

    Ces séquences ont été publiées par des chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan en mai 2020 dans une revue confidentielle et sont passées inaperçues. Puis les chercheurs ont effacé ces séquences de la base de données américaine, sur simple demande, ce qui est leur droit. Or ces séquences montrent que le virus a bien évolué avant d’être identifié sur le marché de Wuhan en décembre.

    Jesse Bloom reconnaît que cette nouvelle information ne permet pas de trancher sur l’origine du virus. Mais face à l’opacité chinoise, il encourage la communauté scientifique à « penser différemment », à chercher d’autres sources, notamment dans les bases de données sauvegardées, pour retrouver des traces de l’origine de la pandémie.

    C’est exactement le travail que mène DRASTIC depuis des mois. Ils ont exhumé sur Internet des études médicales et scientifiques chinoises qui ont battu en brèche le discours dominant sur la zoonose. En février 2020, Shi Zhengli, virologue et numéro 2 du Wuhan Institute of Virology, publiait dans la revue Nature l’identification du nouveau coronavirus et indiquait qu’il était semblable à plus de 96 % à un virus de chauve-souris prélevé par le laboratoire dans la région chinoise du Yunnan, à 1 500 kilomètres de Wuhan. Ce coronavirus, plus proche cousin du Sars-CoV-2, a été baptisé RaTG13.

    Le coronavirus le plus proche du Sars-CoV-2 est à l’origine de pneumonies mortelles qui ont frappé six ouvriers contaminés au contact de fientes de chauve-souris en 2012

    Les recherches de DRASTIC vont révéler que ce virus a été prélevé dans une mine désaffectée du village du district de Mojiang, dans le Yunnan, où vivent des colonies de chauves-souris. Les chercheurs ont déniché une thèse réalisée à l’université de médecine de Kunming, capitale du Yunnan, qui décrit les sévères pneumonies qui ont frappé, en 2012, des ouvriers qui ramassaient dans la mine de la fiente de chauve-souris. Trois d’entre eux sont décédés. Les radiographies des poumons de ces ouvriers ressemblent à celles des malades du Covid-19. Le médecin a identifié des anticorps chez les mineurs qui reconnaissent les virus de la famille du Sars-CoV. Il conclut donc à une maladie apparentée. Cette information capitale n’a pas été communiquée par les Chinois.

    À la suite de cet épisode de pneumonies d’origine inconnue, l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) est allé prélever de nombreux coronavirus dans les fientes de chauve-souris de l’ancienne mine afin de les séquencer, d’étudier leurs caractéristiques et leurs capacités à contaminer les hommes. Le sujet est d’importance en Chine : depuis l’émergence du Sars en 2002, un programme spécifique (2013FY11350) du WIV est dédié aux seuls coronavirus.

    Les séquences des virus ainsi collectées sont normalement stockées sur des bases de données à travers le monde, pour être partagées entre scientifiques. Cette bibliothèque de virus est fondamentale en cas d’émergence d’un nouveau virus : les virologues y cherchent les plus proches parents, les mécanismes communs. Le WIV en possède une, particulièrement fournie en coronavirus, mais elle a été déconnectée le 12 septembre 2019 à 3 heures du matin, comme le prouve cette capture de « l’état de la base de données des agents pathogènes viraux portés par des animaux sauvages », dénichée par le collectif DRASTIC sur l’Internet chinois.

    À la BBC en décembre 2020, la virologue Shi Zhengli a confirmé la mise hors ligne de la base de données et expliqué que la décision a été prise à la suite d’une cyberattaque visant l’institut. Mais elle n’a pas expliqué pourquoi la base de données reste depuis inaccessible.

    L’Institut de virologie de Wuhan a ce jour-là rompu les amarres avec la communauté scientifique internationale, ce qui tranche avec son ouverture passée. Le WIV a en effet construit son laboratoire en collaboration avec l’Inserm. Il a aussi bénéficié d’importants financements de recherche de la part d’Instituts nationaux de la santé américains (NIH).
    Les recherches sino-américaines sur les coronavirus

    Au cœur de cette collaboration sino-américaine sur les coronavirus se trouvent l’organisation non gouvernementale américaine EcoHealth Alliance et son président Peter Daszak. Ce zoologue d’origine britannique, installé de longue date aux États-Unis, est un spécialiste des zoonoses. Depuis le début de la pandémie, il est au cœur de la recherche sur l’origine du virus, participant notamment à l’enquête conjointe entre la Chine et l’OMS.

    Au cœur des soupçons, une ONG américaine, financée par une agence fédérale pour collecter des virus à travers le monde, les étudier, afin de protéger l’humanité des pandémies

    Lorsque sont dénoncés les « conflits d’intérêts » au sein de la mission, c’est en premier lieu Peter Daszak qui est visé. EcoHealth Alliance est une ONG qui veut « prévenir les prochaines pandémies », notamment en collectant les virus dans la faune sauvage. Elle participe notamment au programme PREDICT de l’Agence d’aide au développement des États-Unis (USAID), doté de 80 millions de dollars, pour identifier à travers le monde les virus qui pourraient menacer l’humanité. EcoHealth développe des programmes en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en partenariat avec les chercheurs locaux. La collaboration est ancienne avec l’Institut de virologie de Wuhan : à la BBC, en décembre, Peter Daszak a expliqué « travailler avec le WIV depuis plus d’une décennie ».

    Aux journalistes britanniques, dans cette même interview, il a également indiqué le nombre exact de coronavirus collectés par le WIV dans la mine désaffectée du Yunnan, où a été identifié le plus proche parent du Sars-CoV-2 : « Ces trois dernières années, il y a eu de multiples visites des chercheurs du WIV dans la mine, qui ont permis de détecter 293 coronavirus. »

    De nombreux chercheurs brûlent de consulter les séquences de ces coronavirus, qui devraient être accessibles sur la base de données du WIV, pour les comparer au Sars-CoV-2. Or la mission d’enquête qui s’est rendue à Wuhan début 2021 n’a pas « pas demandé à voir les données, a expliqué Peter Daszak le 10 mars. Comme vous le savez, une grande partie de ce travail a été faite avec EcoHealth Alliance. Nous savons ce qu’il y a dans ces bases de données. Il n’y a aucune trace d’un virus plus proche du Sars-CoV-2 que le RaTG13, c’est aussi simple que ça ». Le zoologue exige donc d’être cru sur parole.

    L’organisation US Right To Know, dédiée à la transparence en matière de santé publique, a obtenu des mails de Peter Daszak qui montrent qu’il est l’initiateur de la tribune de février 2020 dans The Lancet qualifiant de « conspirationniste » la thèse de la fuite de laboratoire, qu’il a cherché à occulter son rôle et à imposer le récit d’une communauté scientifique unanime. Il était aussi membre de la commission du Lancet sur l’origine du virus. Mais le vent tourne pour Peter Daszak : The Lancet a publié le 21 juin dernier un addendum à la tribune de février 2020, indiquant que de nombreux lecteurs s’étonnaient qu’il n’y signale aucun conflit d’intérêts. Le prestigieux journal scientifique l’a ensuite récusé de sa commission sur l’origine du virus.

    Selon la journaliste d’investigation Katherine Eban, autrice d’une longue enquête publiée en juin dans Vanity Fair, au moins jusqu’en 2018, EcoHealth Alliance a reçu jusqu’à 15 millions de dollars par an de diverses agences fédérales américaines, dont le département de la défense ou le département de la sécurité intérieure, ou de l’Agence américaine pour le développement international, selon des documents fiscaux déposés auprès des autorités de New York, où est basée l’ONG.

    Les publications associant Peter Daszak et Shi Zhengli, la numéro 2 du WIV, sont nombreuses. En 2013, ils sont par exemple les coauteurs, aux côtés d’autres chercheurs du WIV, d’une étude dans la revue Nature qui décrit des coronavirus dont les protéines Spike sont capables de reconnaître les récepteurs ACE2 des cellules humaines.

    Ces chercheurs ne sont pas que des chasseurs de virus. Ils veulent aussi comprendre les mécanismes qui leur permettent de franchir la barrière des espèces. EcoHealth Alliance a par exemple été financée à hauteur de 600 000 dollars par an en 2014, 2015 et 2017 par les Instituts nationaux de la santé américains pour un projet de recherche visant à « comprendre le risque de l’émergence de coronavirus de chauve-souris » en Chine. Ce projet prévoit de tester « la transmission interespèces des coronavirus » par l’infection virale de cellules de différentes espèces et de souris humanisées.

    Auditionné par les sénateurs américains le 11 mai, l’immunologue Anthony Fauci a affirmé que « le NIH n’a jamais, dans le passé ou aujourd’hui, financé des recherches de gain de fonction [qui cherchent à rendre un virus plus dangereux — ndlr] à l’Institut de virologie de Wuhan ». Conseiller spécial des présidents Trump puis Biden pour faire face au Covid-19, Anthony Fauci est également directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, l’un des 27 Instituts nationaux de la santé.

    Est-ce que les travaux de recherche financés par les Américains sont des expériences qui visent à rendre un virus plus pathogène pour l’homme ?

    Pour le physicien José Halloy, du groupe de Paris, « Anthony Fauci joue sur la définition du gain de fonction, qui est floue. Les Américains considèrent que si l’expérience ne vise pas à rendre le virus plus pathogène pour les humains, ce n’est pas du gain de fonction. Nous considérons qu’à partir du moment où on cherche à modifier l’infectiosité d’un virus vivant ou son adaptation aux cellules humaines, on prend un risque ».

    La sécurité de ce type de recherches est un sujet de polémiques depuis 2011, quand le virologue hollandais Ron Fouchier a manipulé le virus de la grippe aviaire H5N1 pour le rendre plus transmissible pour des furets. « Ron Fouchier a fait ces manipulations dans un laboratoire P3, au cœur de Rotterdam, rappelle le physicien José Halloy. Cela a fait scandale. À partir de 2014, l’administration Obama a décidé d’un moratoire sur ces expériences aux États-Unis. Mais une partie du monde scientifique considère que ces expériences sont importantes, c’est le cas d’Anthony Fauci. Le moratoire a été levé en 2017 par l’administration Trump. »

    Les scientifiques du groupe de Paris et le collectif DRASTIC en sont convaincus : les chercheurs américains qui pratiquent le gain de fonction ont contourné le moratoire sur ces expériences dans leur pays en les menant à l’étranger, notamment à Wuhan. Peter Daszak et son ONG EcoHealth ont fait le lien avec les Chinois.

    Le transfert de technologie est confirmé par une étude parue en 2015 dans Nature Medicine : elle est cosignée par la numéro deux du WIV, Shi Zhengli, et le virologue américain Ralph Baric, l’un des meilleurs spécialistes du gain de fonction. Elle consiste à créer un « virus chimérique en remplaçant la protéine Spike d’un coronavirus adapté aux souris par la protéine Spike d’un coronavirus de chauve-souris, avant de l’inoculer à des souris, explique Étienne Decroly. L’étude de Baric et de Shi constate que leur virus chimérique se réplique bien mieux que le virus originel et induit une pathogénie chez les souris ». Les poumons des souris sont atteints par le virus.

    L’étude a été financée par les NIH, par l’intermédiaire d’EcoHealth Alliance, et a été réalisée à Wuhan, au sein du WIV. « Une dizaine de nouveaux virus chimériques ont été publiés en 2017 dans la revue PLOS Pathogens, poursuit Étienne Decroly. Et nous savons que des projets de recherche du WIV, qui n’ont pas obtenu de financements américains, prévoyaient l’infection par des coronavirus de souris transgéniques “humanisées”, dont les cellules expriment le récepteur ACE2 humain à la place du récepteur naturel. Ces souris sont utilisées afin de démontrer la possibilité que les virus s’adaptent à l’homme. »

    Ce type de coopération sino-américaine a été soutenu à partir de 2017 par deux agences du Pentagone, la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) et la Defense Threat Reduction Agency, selon les recherches de l’association américaine US Right To Know, qui a obtenu des mails et documents de l’administration américaine. Objectif officiel : développer un programme global d’études biologiques sur les chauves-souris, le « global bat alliance ».

    Il s’agissait sans doute aussi de savoir ce que fabriquaient les biologistes chinois dans leurs laboratoires. L’échéance correspond en tout cas très précisément à la date de mise en service du laboratoire BSL-4 d’origine française à Wuhan. Un transfert de technologie qui avait affolé les autorités américaines, du fait de risques de prolifération.

    Selon des mémos confidentiels consultés par Vanity Fair, une partie de l’administration américaine craint les conséquences d’une enquête sur l’origine du Sars-CoV-2 : un haut responsable du département d’État y demande « de ne pas pousser » trop loin l’enquête « parce qu’elle ouvrirait une boîte de Pandore ».

    L’organisation EcoHealth s’abrite, elle, derrière sa politique de confidentialité pour refuser de transmettre à ceux qui la sollicitent, à commencer par le « groupe de Paris », mais également de nombreux journalistes, les informations sur les recherches financées par Ecohealth.

    Le 30 juin, Peter Daszak était l’invité d’une conférence en visioconférence de l’Institut de recherche et de développement (IRD), basé à Marseille. Il y a répété sa vision de l’émergence du Sars-CoV-2 : « Il existe des dizaines, peut-être des centaines de milliers de coronavirus qui existent dans la vie sauvage. Il est possible que ce coronavirus ait débuté son parcours dans la province du Yunnan, en passant de la chauve-souris aux humains, puis en se diffusant à travers les marchés qui vendent des animaux sauvages », jusqu’au marché de Wuhan.

    Peter Daszak est une figure centrale depuis une vingtaine d’années de la prévention des zoonoses.

    Nous avons tenté de le questionner sur la nature des expériences sur les coronavirus réalisées par EcoHealth et le WIV, mais l’IRD n’a pas retenu notre question. L’institut français se défend de toute « censure : nous avons retenu des questions plus en lien avec le thème de la conférence », explique le directeur de recherche de l’IRD Benjamin Roche. La conférence portait sur le concept de santé publique « One Health », qui « cherche à développer des stratégies de prévention des zoonoses en étudiant les interactions entre la santé animale et humaine, et l’impact des activités humaines lorsqu’elles dégradent l’environnement, explique Benjamin Roche. Peter Daszak est une figure centrale, depuis une vingtaine d’années, de cette approche. Il a obtenu des financements très importants pour mener ces recherches ».

    Cet écologue spécialiste des agents pathogènes explique être gêné par la mise en cause de son confrère : « Dans la mission sur l’origine du virus, il n’était pas le seul à avoir des liens avec la Chine. On a l’impression qu’il faut trouver un coupable, autre que notre mode de vie. Depuis des années, nous alertons sur les risques de zoonose, en raison de la dégradation de l’environnement. »

    Dans une interview à Mediapart en décembre dernier, Benjamin Roche expliquait à quel point la préservation des écosystèmes est cruciale pour prévenir de prochaines pandémies. Il reste aujourd’hui « convaincu » que le Sars-CoV-2 « est dû à une zoonose, les données génétiques dont nous disposons sont compatibles. Seulement, nous n’en avons pas la preuve, car le coronavirus connu le plus proche prélevé sur une chauve-souris, lui, est encore trop éloigné. Tant que nous n’aurons pas plus de données, on ne pourra pas conclure ». Il reconnaît cependant qu’il existe « des éléments indirects, qui ne sont pas des preuves, mais qui créent une atmosphère de suspicion sur un accident de laboratoire ».

    Pour le physicien José Halloy, « cette communauté scientifique ne parvient pas à envisager que leurs pratiques puissent être à l’origine d’un tel cataclysme. Elle se tait dans toutes les langues. Et ceux qui osent contester le discours dominant risquent gros ». Le virologue Étienne Decroly confirme : « Le financement de nos recherches dépend de l’évaluation de nos travaux par nos pairs. Nous prenons un risque significatif pour nos financements futurs en nous mettant en marge de la doxa. »

    #sars-cov-2 #covid19 #coronavirus #accident_de_laboratoire #virologie

  • Les Zoocities et le #voisinage multispéciste : des barrières à la bonne distance ?
    https://metropolitiques.eu/Les-Zoocities-et-le-voisinage-multispeciste-des-barrieres-a-la-bonne

    Et si les #animaux sauvages s’installaient massivement dans nos villes ? Les zones urbaines procurent déjà un #habitat à de multiples espèces animales. Dans Zoocities, Joëlle Zask réfléchit aux formes de leur potentielle coexistence avec les humains. Au départ de l’enquête. Un grand retournement Et si les animaux sauvages s’installaient massivement dans nos villes ? C’est l’expérience de pensée que propose Joëlle Zask dans son ouvrage Zoocities (Zask 2020). Prenant pour point de départ le confinement du #Commentaires

    / #philosophie, #écologie, animaux, voisinage, habitat

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_beaute2.pdf

  • #Zoocities. Des #animaux_sauvages dans la #ville

    Des renards dans les jardins de Londres, des sangliers dans les rues de Marseille, des léopards dans les artères étroites de Bombay, des coyotes dans les parkings de New York, des kangourous dans les rues de Canberra : repoussés par une campagne chaque jour plus hostile – polluée, rognée par l’urbanisation ou déréglée par le changement climatique – les animaux sauvages s’installent dans les villes. Ils s’y adaptent. Ce phénomène s’accentue. Et si, demain, nous devions les côtoyer au quotidien ?
    La ville telle que nous la connaissons a été historiquement pensée contre les animaux sauvages et, plus généralement, contre la nature. Accueillir ces animaux parmi nous paraît impensable. Les rejeter, impossible. Les exterminer, cruel et dangereux pour les équilibres écologiques.
    Ce livre propose une expérience de pensée. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle les distances et les espaces rendraient possible la coexistence avec les bêtes sauvages ? Une ville qui ne serait plus pensée contre les animaux, ni d’ailleurs pour eux, mais avec eux ? Comment, en somme, à l’heure des grands bouleversements écologiques, construire une nouvelle arche de Noé ?
    Après Quand la forêt brûle, prix Pétrarque 2020, Joëlle Zask poursuit son travail d’enquête philosophique sur les relations entre les hommes et leur environnement.

    http://www.premierparallele.fr/livre/zoocities
    #livre #animaux #urban_matter #géographie #urbanisme #ressources_pédagogiques

  • Anmeldung zu den Veranstaltungen des Super Tuesday
    https://www.die-linke.de/partei/politische-bildung/bildungsveranstaltungen/super-tuesday/anmeldung

    Quand un parti de gauche fait cadeau des données de ses memvres les plus engagés. Die Linke choisit Zoom pour ses stages de préparation à la campagne êlectorale. C’est comme si son choix pour la distribution de ses lettres était tombé sur le service postal de la #CIA.

    Vu les atterrisages forcés d’avions par les alliés des #USA, le détournement de la loi afin de maintenur en prison Julian Assange et vu les autres crimes cintre la liberté perpétrés par les forces transatlantiques, ce choix des dirigeants du parti de gauche allemand met en danger ses membres.

    Die Anmeldung zur jeweiligen Veranstaltung ist frühestens 6 Wochen im Voraus und bis Sonntag vor der jeweiligen Veranstaltung möglich. Schau also immer mal wieder vorbei, um Dich für neue Veranstaltungen anzumelden.

    Die Veranstaltungen finden bis auf wenige Ausnahmen mit dem Programm Zoom statt. Das Programm muss dafür nicht installiert werden und es wird auch kein Zoom-Account benötigt. Die Einwahldaten werden am Tag vor der Veranstaltung per Mail verschickt.
    Veranstaltungen

    (gewünschte Veranstaltung bitte anklicken)
    8. Juni 2021, 18.00 - 20.00 Uhr: Menschen unter 30 - die unbekannten Wesen
    15. Juni 2021, 11.00 - 13.00 Uhr: Lass uns reden! Einwänden gegen unser Programm begegnen (2. Mal)
    22. Juni 2021, 11.00 - 13.00 Uhr: Den Überblick behalten: Einführung in die Wahlkampf-App (2. Mal)
    29. Juni 2021, 20.00 - 22.00 Uhr: Hilfe! Ich werde was gefragt – Argumentieren am Infostand
    6. Juli 2021, 20.00 - 22.00 Uhr: Heft in der Hand statt Kopf im Sand — gutes Wahlkampfmanagement
    13. Juli 2021, 18.00 - 20.00 Uhr: Endspurt! Der 48-Stunden-Wahlkampf

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    #Allemagne #politique #gauche #zoom #NAS #internet #surveillance #espionnage

  • L’élevage industriel, prochaine source de pandémie ?
    https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2021/01/lelevage-industriel-prochaine-source-de-pandemie

    Si la Terre compte 7 à 8 milliards d’humains, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) recensait en 2019 quelque 25,9 milliards de poulets, 2,6 milliards de canards et d’oies, 1,5 milliard de bovins et 850 millions de cochons. Au point que l’écologue Serge Morand propose de rebaptiser notre époque « Bovinocène » ou « Gallinocène » (du latin gallus, le poulet), tant les animaux d’élevage dominent le paysage et la biomasse des mammifères. Or les épizooties (épidémies frappant les populations animales) se sont multipliées dans le sillage de l’intensification et de l’industrialisation de l’élevage.

    Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), leur nombre a triplé ces 15 dernières années, passant d’une centaine en 2005 à 500 en 2019. Avec des taux de mortalité à la démesure des effectifs de la faune domestique. La peste porcine africaine qui a frappé la Chine en 2019 s’est ainsi soldée par un bilan vertigineux, avec la disparition de 200 millions de porcs, soit la moitié du cheptel porcin du pays. Or derrière les épizooties qui frappent les grands élevages modernes se profile aussi le spectre d’une possible contamination humaine, la barrière des espèces ayant été franchie par plusieurs agents pathogènes ces dernières décennies, de la maladie de la vache folle à la grippe aviaire.

    #pandémie #zoonose #élevage_industriel #Gallinocène #Bovinocène

  • A New #Coronavirus May Be Making People Sick. And It’s Coming From Dogs : Goats and Soda : NPR
    https://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2021/05/20/996515792/a-newly-identified-coronavirus-is-making-people-sick-and-it-s-coming-from-dogs

    Zhang has studied coronaviruses for more than 30 years. He thinks it’s too early to call this new virus a human pathogen. “As the authors are careful to say in their paper, they have not proven what’s called Koch’s postulates,” he says. That is, Vlasova, Gray and colleagues haven’t shown that the new coronavirus causes pneumonia; so far, it has only been associated with the disease.

    “To do that, strictly, they need to inject the virus into humans and see if it reproduces the disease,” he says. “Of course [for ethical reasons], we cannot do that.”

    Instead, Zhang says, they can look to see how common the virus is in pneumonia patients around the world — and they can test to see whether it makes mice or another animal sick.

    #zoonose

  • Un nouveau groupe d’experts internationaux créé pour prévenir les #pandémies zoonotiques | #ONU Info
    https://news.un.org/fr/story/2021/05/1096412

    L’objectif de ce nouveau panel d’experts internationaux, porté par la France et l’Allemagne, est d’anticiper les prochaines #épidémies zoonotiques. D’autant que « les trois quarts de toutes les #maladies infectieuses émergentes ont pour origine les #animaux ».

    #zoonoses #santé

  • TROPICALIA : la plus grand zoo sous cloche du monde
    https://labrique.net/index.php/38-ecologie/1200-tropicalia-la-plus-grand-zoo-sous-cloche-du-monde

    Un projet touristique aussi mégalomane qu’inquiétant débarque sur nos côtes : la construction du plus grand zoo tropical sous serre du monde est envisagée sur la Côte d’Opale. Les promoteurs présentent leur délire comme un bijou d’écologie et une opportunité économique sans précédent. La mobilisation s’organise contre cette absurdité. Bienvenue à Tropicalia, paradis lucratif pour quelques-un.es, enfer pour tous les autres.

    #En_vedette #Écologie

  • Retour au « village de Bamboula » : en 1994, un « zoo humain » à prétention touristique - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/090521/retour-au-village-de-bamboula-en-1994-un-zoo-humain-pretention-touristique

    Retour au « village de Bamboula » : en 1994, un « zoo humain » à prétention touristique
    9 mai 2021 Par Julien Coquelle-Roëhm et Nina Soyez

    Le 10 mai 2001, la loi Taubira reconnaissait la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Mediapart revient sur l’organisation du dernier « zoo humain » français, près de Nantes. Un épisode entouré de silences.

    Port-Saint-Père (Loire-Atlantique).– « À toute chose, malheur est bon. Dans la vie, c’est l’expérience qui te fait grandir. » Lassina Coulibaly n’est pas du genre à se morfondre. Toute sa vie, il a pu vivre de ce qu’il aimait le plus : la musique. Encore aujourd’hui, à 52 ans, on le retrouve avec son groupe d’afro-rock dans une ferme de Loire-Atlantique, loin de sa Côte d’Ivoire natale.

    Son vieil ami Benoît, ancien professeur de percussions, raconte comment il a rencontré Lassina en 1994, au parc Safari Africain de Port-Saint-Père, pas loin de Nantes, qui venait d’ouvrir son « village de Côte d’Ivoire » : « On m’avait dit qu’il y avait des musiciens ivoiriens qui jouaient super bien. Ces jeunes qui avaient l’air d’être des enfants jouaient avec une telle qualité de son. Tout le monde au parc était époustouflé. » Mais « quand on est arrivés, se souvient aussi Benoît, un petit enfant a montré du doigt mon fils qui est métis et a dit : “Oh ! regarde, maman, un Bamboula !” J’ai vu la pancarte au loin, j’ai vite compris. »

    L’entrée du parc Safari Africain de Port-Saint-Père, en avril 1994, exhibition rappelant les « zoos humains » de l’époque coloniale. © Yves Forestier / Sygma via Getty Images L’entrée du parc Safari Africain de Port-Saint-Père, en avril 1994, exhibition rappelant les « zoos humains » de l’époque coloniale. © Yves Forestier / Sygma via Getty Images

    Haute de plusieurs mètres, flanquée d’une statue géante à l’effigie d’un petit garçon noir habillé d’un pagne au motif léopard, l’entrée du parc affiche « Le village de Bamboula ». La pancarte est affublée d’un logo de la biscuiterie St Michel, qui commercialise alors les gâteaux du même nom. Face à la caméra de la télévision locale, en novembre 1993, Dany Laurent, le directeur du Safari Africain, principal parc touristique de la région où sont exposés plus d’un millier d’animaux, semble convaincu de sa dernière attraction : « Ce village, c’est une première sur le sol français et même sur le sol européen. Je me suis inspiré d’un village authentique qui s’appelle Fégéré en Côte d’Ivoire. J’ai voulu que ce soit une vraie reconstitution. [...] Le but ici est de promouvoir le tourisme en Côte d’Ivoire. En contrepartie, le ministère du tourisme nous offre [sic] des artisans et un groupe [d’artistes] pour assurer l’animation toute la saison. »

    Sur un prospectus publicitaire du parc, la visite du village « protégé par les fétiches » qui « transporte au cœur de l’Afrique Noire » est présentée comme une « aventure sereine, colorée et inoubliable ». « Ici, le folklore a le goût de l’authentique, les jeunes chantent et dansent au rythme des coutumes ancestrales. » Une « authenticité » poussée jusque dans la construction du village, réalisée par des ouvriers venus de Côte d’Ivoire pendant l’hiver 1993, et saluée par le premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, présent le jour de l’inauguration.

    Parmi « les jeunes [qui] chantent », on retrouve Lassina, qui a alors 25 ans et joue du djembé. Il y a aussi les treize autres membres du DJOLEM, la troupe de musiciens et de danseurs choisie par le ministère du tourisme ivoirien. « Comme tout groupe en Afrique, quand on nous a dit qu’on allait venir en France, on était tous contents », raconte Lassina. « Le mot “bamboula”, je ne savais même pas ce qu’il voulait dire. »

    Certains d’entre eux sont très jeunes : derrière leurs djembés, Harouna Dembélé et son petit frère Issouf ont respectivement 15 et 10 ans. « On était contents de jouer, et puis c’était notre travail, affirme sans détour Harouna, retrouvé par Mediapart. On savait qu’on pourrait gagner un peu d’argent pour nourrir notre famille en Afrique. »

    Les cases du village factice accueillent aussi des artisans qui « pratiquent leur art traditionnel » devant les touristes : un forgeron, une potière, un tisserand, un peintre et un sculpteur, Kolo, qui pose pour la photo devant l’entrée du parc. Mediapart l’a retrouvé, au bout du fil, à Korhogo, une ville du nord de la Côte d’Ivoire célèbre pour son artisanat. « Nous, les artisans, on venait tous de Korhogo. J’étais le seul à être déjà venu en France. Pour les autres, c’était la première fois. On nous avait demandé de venir avec notre femme, certains ont accepté, moi j’ai refusé », raconte le sculpteur. « Le forgeron est reparti au bout de trois mois car sa femme était enceinte. Dany Laurent était d’accord pour la renvoyer au pays, mais il voulait que le forgeron reste. Le forgeron a refusé que sa femme rentre seule. »

    Pour Sandrine Lemaire, professeure agrégée en histoire, qui a coécrit avec Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch et Nicolas Bancel l’ouvrage Zoos humains et exhibitions coloniales (La Découverte), le concept du « faux » village résonne fortement avec les attractions de l’époque coloniale. « En plus du processus d’exhibition, on leur demande de rejouer une vie quotidienne supposée. Tout cela est très similaire au zoo humain. »

    Que la visite du parc animalier se finisse par celle du village est aussi très significatif : « En mêlant des humains à des animaux, on les présente, si l’on puit dire, plus proches de l’animal que de la civilisation, comme des sauvages. On est encore dans des stéréotypes très coloniaux. »

    Tous les jours de la semaine, les artistes et artisans animent le village en habits traditionnels dans des températures qui, parfois, ne dépassent pas 15 °C. Les femmes dansent souvent seins nus, en extérieur, devant les touristes. Les performances s’enchaînent toutes les 30 minutes, jusqu’à la fermeture du parc à 19 heures. « Dans le ballet, en Afrique, on répète tous les jours, mais ce ne sont pas les mêmes conditions, détaille Harouna. Dans une répétition, tu as une énergie différente du spectacle où tu donnes tout. Un spectacle de 30 minutes peut te prendre l’énergie d’une répétition de 4 heures. À un moment, c’est vrai qu’il y avait de la fatigue, et on a gardé ce même rythme pendant 6 mois. »

    Lassina se souvient de ses mains douloureuses à force de jouer : « Certains jours, c’était dur. Parfois, quand on finissait, on passait les mains sous l’eau tiède et on frottait avec du beurre de karité. Et puis au tout début, il faisait froid. On avait tellement mal qu’il nous est arrivé de prendre des baguettes pour jouer. »

    Vivant sur place, dans une maison située dans l’enceinte du parc, les déplacements des artistes et artisans sont aussi limités car soumis aux horaires d’ouverture. « Le soir, quand le parc fermait, ils barraient la grande porte, on était comme des animaux », se rappelle Kolo.

    « Il y avait des enfants qui travaillaient sept jours sur sept »

    Au Safari, les plaintes sont pourtant passées sous silence. Souleymane*, le chef de la troupe du DJOLEM, répond à toutes les questions des touristes et demandes d’interviews de la presse locale et nationale. « Si je n’étais pas venu ici, je l’aurais regretté à mort. Aucun de nous ici n’est malheureux, ni exploité », assure-t-il devant la caméra de TF1 en avril 1994. Aucun autre membre du village ne souhaite s’exprimer, et pour cause : « Souleymane et Dany Laurent nous avaient prévenus que si l’on ne disait pas que tout allait bien, si on se plaignait, on nous renverrait au pays », confie Lassina. Les interrogations de la presse, des syndicats et des associations, pourtant, s’accumulent peu à peu.

    La section locale du SNAM-CGT (Union nationale des syndicats d’artistes-musiciens de France) a pris connaissance du village avant même son ouverture. Philippe Gauthier, son représentant, devenu aujourd’hui secrétaire général national, débutait dans le syndicalisme lorsqu’il a entendu parler du « village de Côte d’Ivoire ». « Tout était écrit dans le journal local avant même que ça commence : qu’ils n’allaient pas être salariés français mais payés au tarif de la Côte d’Ivoire. Il y avait des enfants qui travaillaient sept jours sur sept, personne n’a pensé qu’il y avait une obligation scolaire en France. »

    Un constat auquel Dany Laurent, le directeur – décédé en 2014 – opposera toujours le même argument : « Tout le monde est sous l’autorité de l’Organisation internationale du tourisme et de l’hôtellerie (OITH) et de la législation ivoirienne par le biais d’une convention. Ici, c’est le droit ivoirien qui s’applique. » Les salaires sont alors déterminés en francs CFA, entre 50 000 à 120 000 pour les artistes (équivalent à 76 et 182 euros), et 300 000 (457 euros) pour les artisans. Aucune scolarisation des enfants n’est prévue, le directeur compare leur situation à celle « des enfants de cirque ».

    Mais les associations locales n’entendent pas en rester là. La section nantaise de la Ligue des droits de l’Homme, le SNAM-CGT, le GASPROM (branche nantaise de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés) et SOS Racisme créent le collectif « Non à la réserve humaine », qui entame ses premières actions contre l’imaginaire colonialiste du village et ses entorses au droit du travail.

    Plusieurs militants se rendent régulièrement au parc, et distribuent à l’entrée des tracts qui comparent le village à l’exposition coloniale de Lyon de 1894, où les « villages nègres » apparaissaient en tête d’affiche comme l’attraction phare.

    Certains membres du collectif découvrent la maison qu’occupent les artistes et les artisans. Les 14 membres du DJOLEM se répartissent dans deux chambres, femmes et hommes séparés : six femmes se partagent 12 m2 et huit hommes 14 m2, alors que le droit du travail prescrit au minimum 6 m2 par personne. Adultes et enfants dorment ensemble sur des matelas posés à même le sol. Les artisans, moins nombreux, manquent aussi d’espace. La direction départementale du travail et de l’emploi jugera étonnamment leurs conditions de vie « correctes ».

    Les militants interpellent alors les pouvoirs publics et élus locaux sur la situation au village, sans grand succès. Le département, qui louait les terres au parc et siégeait à son conseil de surveillance, n’a jamais répondu aux interrogations du collectif. Jean-Marc Ayrault, alors maire de Nantes depuis 1989, n’a jamais réagi à la polémique.

    Aujourd’hui président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, l’ex-premier ministre n’a pas souhaité répondre aux questions de Mediapart. Ni son épouse, Brigitte Ayrault, conseillère générale de Loire-Atlantique à l’époque. Joseph Thomas, maire de Port-Saint-Père en 1994, proche de Dany Laurent et soutien du parc depuis sa création, n’a pas non plus donné suite à nos demandes d’interview.

    Après avoir multiplié les réclamations, le collectif « Non à la réserve humaine » décide d’assigner le parc en référé. « Peu de temps après, le préfet nous convoque en réunion, nous informant que le Safari voudrait nous faire des propositions », se souvient Philippe Gautier de la CGT. « Ils étaient d’accord pour augmenter tous les artistes et leur assurer une couverture sociale si l’on retirait notre référé. »

    Le collectif accepte, mais peu de choses changent. Les sorties hors du parc sont toujours contrôlées, Philippe Gautier raconte même avoir vu l’ensemble des passeports ivoiriens dans le coffre-fort de Dany Laurent. Les enfants continueront de travailler un jour sur deux. De l’école, ils ne verront qu’une institutrice détachée sur le parc quelques heures le matin, pendant seulement un mois.

    Enfin, les artistes et artisans ne percevront jamais le Smic : « [Après cette réunion], on nous a dit qu’il n’y aurait plus de cadeau. Que la nourriture, le logement et les charges seraient désormais à nos frais, raconte Kolo, le sculpteur. On devait toucher 600 000 francs CFA par mois [l’équivalent du Smic français en 1994 – ndlr], mais à la fin, il n’en restait que 400 000. »

    Chez les musiciens, c’est Souleymane qui se charge depuis le début de redistribuer l’argent. Mais « un mois avant de partir, on a voulu un peu d’argent pour acheter des cadeaux, les ramener au pays, se souvient Lassina. Souleymane nous a dit qu’il avait transféré notre argent sur son compte ivoirien, et qu’il nous paierait en rentrant à Abidjan. » De retour en Côte d’Ivoire, le percussionniste se souvient n’avoir touché en tout que 100 000 francs CFA (152 euros) pour 6 mois. « On ne savait pas comment le système marchait, quels étaient nos droits ou même le montant des salaires français », constate aujourd’hui Lassina Coulibaly.

    Pour Kolo, l’ensemble du groupe a été « trompé » par un directeur qui les a « baladés ». « Aujourd’hui, si l’on me demandait de faire un travail dans ces conditions, je n’accepterais pas », admet Harouna Dembélé, devenu musicien professionnel.

    Mis au courant des agissements de la direction, le collectif entame en juillet 1994 une seconde action en justice, qui, cette fois, ne se soldera pas par un arrangement à l’amiable. Un rapport d’expert est alors exigé par le juge. Alors que les griefs se multiplient et que la gronde se répand peu à peu au sein du groupe ivoirien, le « village » ferme ses portes en septembre et ne rouvrira pas au printemps d’après, comme prévu. C’est dans un parc vide que l’expert mène donc son enquête. Elle confirmera de nombreux points soulevés par le collectif et permettra d’autres découvertes : un employé du Safari racontera qu’en cas de maladie, les Ivoiriens étaient parfois soignés par le vétérinaire du parc.

    Trois ans plus tard, en 1997, le tribunal de grande instance de Nantes condamne le Safari Africain pour des violations du droit du travail et de droits aussi fondamentaux que celui « d’aller et venir », au préjudice des « contractants ivoiriens ». Le parc versera un franc symbolique aux cinq associations qui l’ont attaqué, et déboursera 4 000 francs de dommages et intérêts pour les frais de justice.

    « Le travail illégal est, au final, l’unique raison pour laquelle le village a fermé », s’étonne Sandrine Lemaire, coauteure de l’ouvrage sur les zoos humains. « Ce n’est pas tant la morale qui a choqué, mais plutôt l’aspect financier et légaliste de la chose. » L’image réductrice et colonialiste de l’Afrique perpétuée en 1994 par le directeur Dany Laurent persiste même de nos jours selon l’historienne : « Cette vision de hiérarchie des civilisations reste encore très présente dans les esprits. Ça reste inconcevable qu’on puisse montrer une Afrique très urbanisée, très développée, parce qu’on continue à les présenter comme symptômes du sous-développement. »

    Un sentiment partagé par Mathilde Bouclé-Bossard, présidente de l’association Les Anneaux de la Mémoire qui travaille sur le passé esclavagiste de Nantes : « Il y a des images de l’Afrique qui restent encore, comme celles qui ont été véhiculées au village africain. » Pour la militante, les circonstances de la création du « village » interpellent : « Depuis 1992, une exposition au château des ducs de Bretagne retraçait les thématiques de la traite à travers le passé négrier de Nantes. » Exposition à laquelle certains Ivoiriens ont d’ailleurs été invités. « Ça montrait bien qu’il y avait encore besoin de remettre des choses en place... »

    Depuis 1994, le Safari Africain a été revendu et s’est trouvé, comme parc animalier, un nouveau nom : Planète Sauvage. Le « village de Côte d’Ivoire » est, lui, devenu le « village de Kirikou », où le petit personnage du film de Michel Ocelot guide le visiteur. Des outils, des instruments de musique et des fétiches inspirés du film sont disposés dans ce qu’il reste des habitations artificielles. Le touriste est désormais invité à s’essayer au pilage du mil, à jouer du djembé, ou encore à « palabrer », comme le propose un des panneaux explicatifs. On peut y lire aussi que la musique est un « moyen d’expression » auquel les « Africains s’initient dès le plus jeune âge ». Un peu plus loin, un dessin montre Kirikou accroupi, laissant ses empreintes à côté de celles d’animaux. Aujourd’hui encore, à Port-Saint-Père, se visite une certaine idée de l’Afrique.

    #zoo_humain #racisme #tourisme

  • Zoom sees revenues soar 326% year-over-year as office life remains on hold
    https://www.theguardian.com/technology/2021/mar/01/zoom-revenues-results-coronavirus

    Company announces revenues of $2.6bn with little sign of slowing, but vaccines could change picture A year of working from home may have driven many of us to the brink but it’s been great news for Zoom, the video conferencing business. On Monday, the company announced its revenues had soared 326% year-over-year to $2.6bn and there was little sign of slowing at the end of the year. Sales soared 369% in the last quarter to $882.5m. “We are humbled by our role as a trusted partner and an (...)

    #Zoom #bénéfices #télétravail #visioconférence

    https://i.guim.co.uk/img/media/f10ac3a0625b01577c2e0f256887f71f4bc591c7/0_34_3500_2100/master/3500.jpg

  • Les zoonoses | INEE
    https://inee.cnrs.fr/fr/les-zoonoses

    Nous avons de multiples contacts avec les animaux. Ils sont présents partout autour de nous. Nous partageons le même environnement, la même planète... et nous partageons également des maladies infectieuses ou parasitaires.

    Cet ouvrage apporte un éclairage synthétique sur les maladies transmissibles entre les humains et les animaux, appelées #zoonoses. Après avoir clairement défini ce que sont ces #maladies, comment elles se transmettent et présenté les zoonoses majeures, les auteurs exposent les différents moyens de nous en prémunir et nous expliquent les raisons de leur émergence et de leur évolution.

    Cet ouvrage invite à mieux appréhender le monde animal et microbien qui nous entoure. Il nous permet de comprendre ces maladies pour mieux nous en protéger et, au-delà, de reconsidérer les liens que nous entretenons avec les animaux et l’ensemble du monde vivant pour le réintégrer pleinement.

  • L’#excellence en temps de pandémie : chronique du #naufrage des Universités

    Entre mesures incohérentes des responsables politiques, #inaction des instances universitaires et #chaos_organisationnel dans les services, accompagner correctement les étudiants en pleine crise sanitaire sur fond de généralisation de l’#enseignement_à_distance devient une mission impossible... Petit aperçu du quotidien dans la « #Big_French_University ».

    Maîtresse de conférences depuis cinq ans dans une « grande » Université parisienne et responsable d’une L1 depuis septembre, je prends le temps aujourd’hui de décrire un peu ce à quoi ressemble la vie d’une universitaire d’un établissement qui se dit d’excellence en temps de #crise_sanitaire.

    Depuis peu, mon université a été fusionnée dans un énorme établissement, gros comme trois universités, qui désormais s’enorgueillit d’émarger au top 100 du #classement_de_Shanghai.

    Mais depuis septembre, étudiants, personnels administratifs et enseignants-chercheurs vivent un véritable #cauchemar au sein de cet établissement "d’excellence". Je ne pourrai pas retranscrire ici l’expérience des étudiants ni celle des personnels administratifs. Car je ne l’ai pas vécue de l’intérieur. Mais comme enseignante-chercheure et responsable pédagogique d’une promo de 250 étudiants de L1, j’ai un petit aperçu aussi de ce qu’elles et ils ont vécu. Si j’écris sur mon expérience personnelle en utilisant « je », ce n’est pas pour me singulariser, mais c’est pour rendre concret le quotidien actuel au sein des universités de toute une partie de celles et ceux qui y travaillent et y étudient. Ce texte se nourrit des échanges avec des collègues de mon université, enseignants-chercheurs et administratifs, et d’autres universités en France, il a été relu et amendé par plusieurs d’entre elles et eux – que je remercie.

    Depuis juillet, nous préparons une #rentrée dans des conditions d’#incertitude inégalée : crise sanitaire et #fusion. Quand je dis "nous", je parle du niveau le plus local : entre enseignants chercheurs, avec l’administration la plus proche de nous, les collègues de la logistique, de la scolarité, des ressources humaines. Car nous avons peu de nouvelles de notre Université…

    Sur la crise sanitaire

    Notre Université a acheté des licences #Zoom. Voilà à peu près tout ce qui a été fait pour anticiper la crise sanitaire qui s’annonçait pourtant. A part cela, rien n’a été fait. Rien.

    En septembre, aucune consigne claire à l’échelle de l’Université n’a été donnée : sur un site d’enseignement, il fallait respecter des #demies_jauges ; sur un autre campus du même établissement, pas de contrainte de demies jauges. Mais quelles jauges faut-il mettre en œuvre : diviser les effectifs par deux ? Mettre en place une distance d’un mètre ? Un mètre sur les côtés seulement ou devant/derrière aussi ? Les équipes logistiques s’arrachent les cheveux.

    L’université n’a rien fait pour rendre possible les #demi-groupes.

    Aucun système de semaine A/semaine B n’a été proposé et, chez nous, tout a été bricolé localement, par les enseignants-chercheurs, en faisant des simulations sur excel ("on découpe par ordre alphabétique ou par date de naissance ?"). Aucun #équipement des salles pour la captation vidéo et audio n’a été financé et mis en place, pour permettre des #cours_en_hybride : les expériences - que j’ai tentées personnellement - du "#bimodal" (faire cours à des étudiants présents et des étudiants absents en même temps) ont été faites sur l’équipement personnel de chacun.e, grâce à la caméra de mon ordinateur portable et mes propres oreillettes bluetooth. Et je ne parle pas des capteurs de CO2 ou des systèmes de #ventilation préconisés depuis des mois par des universitaires.

    Depuis, nous naviguons à vue.

    Au 1er semestre, nous avons changé trois fois de système d’organisation : jauges pleines pendant une semaine sur un site, puis demi jauge sur tous les sites, puis distanciel complet. Ce sont à chaque fois des programmes de cours qu’il faut refaire. Car sans équipement, quand on a des demi groupes, on doit dédoubler les séances, diviser le programme par deux, et faire deux fois le même cours pour chaque demi groupe. Tout en préparant des contenus et exercices pour les étudiants contraints de rester chez eux. Avec des groupes complets sur Zoom, l’#organisation change à nouveau.

    Alors même que le gouvernement annonçait la tenue des examens en présentiel en janvier, notre UFR a décidé de faire les examens à distance, pour des raisons compréhensibles d’anticipation sanitaire.

    Le gouvernement faisait de la communication, et localement on était obligé de réfléchir à ce qui était épidémiologiquement le plus réaliste. La période des #examens a été catastrophique pour les étudiants qui ont dû les passer en présentiel : des étudiants ont été entassés dans des amphis, terrorisés de ramener le virus à leurs parents déjà fragiles ; d’autres, atteints du Covid, se sont rendus en salle d’examen car ils n’étaient pas assurés sinon de pouvoir valider leur semestre. Les #examens_à_distance ne sont qu’un pis-aller, mais dans notre Licence, on a réussi à faire composer nos étudiants à distance, en bricolant encore des solutions pour éviter les serveurs surchargés de l’Université, sans grande catastrophe et sans abandon massif, on en était assez fiers.

    Le 2e semestre commence, et les #annonces_contradictoires et impossibles du gouvernement continuent.

    Le 14 janvier le gouvernement annonce que les cours reprendront en présentiel demie jauge le 25 janvier pour les étudiants de L1. Avec quels moyens ??? Les mêmes qu’en septembre, c’est-à-dire rien. Alors qu’en décembre, le président de la république avait annoncé une possible réouverture des universités 15 jours après le 20 janvier, c’est-à-dire le 10 février (au milieu d’une semaine, on voit déjà le réalisme d’une telle annonce...).

    A cette annonce, mes étudiants étrangers repartis dans leur famille en Égypte, en Turquie, ou ailleurs en France, s’affolent : ils avaient prévu de revenir pour le 8 février, conformément aux annonces du président. Mais là, ils doivent se rapatrier, et retrouver un #logement, en quelques jours ? Quant aux #équipes_pédagogiques, elles doivent encore bricoler : comment combiner #présentiel des demi groupes en TD avec le #distanciel des CM quand les étudiants sur site ne sont pas autorisés à occuper une salle de cours pour suivre un cours à distance s’il n’y a pas de prof avec eux ? Comment faire pour les créneaux qui terminent à 18h alors que les circulaires qui sortent quelques jours plus tard indiquent que les campus devront fermer à 18h, voire fermer pour permettre aux étudiants d’être chez eux à 18h ?

    Dans notre cursus de L1, 10 créneaux soit l’équivalent de 250 étudiants sont concernés par des créneaux terminant à 18h30. Dans mon université, les étudiants habitent souvent à plus d’une heure, parfois deux heures, du campus. Il faut donc qu’on passe tous les cours commençant après 16h en distanciel ? Mais si les étudiants sont dans les transports pour rentrer chez eux, comment font-ils pour suivre ces cours en distanciel ? Sur leur smartphone grâce au réseau téléphone disponible dans le métro et le RER ?

    Nous voulons revoir les étudiants. Mais les obstacles s’accumulent.

    On organise tout pour reprendre en présentiel, au moins deux semaines, et petit à petit, l’absence de cadrage, l’accumulation des #contraintes nous décourage. A quatre jours de la rentrée, sans information de nos instances ne serait-ce que sur l’heure de fermeture du campus, on se résout à faire une rentrée en distanciel. Les étudiants et nous sommes habitués à Zoom, le lien a été maintenu, peu d’abandons ont été constatés aux examens de fin de semestre.

    C’est une solution peu satisfaisante mais peut-être que c’est la seule valable... Et voilà que jeudi 21 janvier nous apprenons que les Présidences d’Université vont émettre des circulaires rendant ce retour au présentiel obligatoire. Alors même que partout dans les médias on parle de reconfinement strict et de fermeture des écoles ? Rendre le présentiel obligatoire sans moyen, sans organisation, de ces demis groupes. Je reçois aujourd’hui les jauges des salles, sans que personne ne puisse me dire s’il faudra faire des demi salles ou des salles avec distanciation de 1 mètre, ce qui ne fait pas les mêmes effectifs. Il faut prévenir d’une reprise en présentiel les 250 étudiants de notre L1 et les 37 collègues qui y enseignent deux jours avant ?

    Breaking news : à l’heure où j’écris Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle idée brillante.

    Les étudiants devront venir un jour par semaine à la fac. Dans des jauges de 20% des capacités ? Sur la base du volontariat ? Est-ce qu’il a déjà regardé un planning de L1 ? 250 étudiants en L1 avec plusieurs Unités d’enseignement, divisés en CM et TD, c’est des dizaines et des dizaines de créneaux, de salles, d’enseignant.es. Une L1 c’est un lycée à elle toute seule dans beaucoup de filières. Un lycée sans les moyens humains pour les gérer.

    Derrière ces annonces en l’air qui donnent l’impression de prendre en compte la souffrance étudiante, ce sont des dizaines de contraintes impossibles à gérer. Les étudiants veulent de la considération, de l’argent pour payer leur loyer alors qu’ils ont perdu leurs jobs étudiants, des moyens matériels pour travailler alors que des dizaines d’entre eux suivent les cours en visio sur leur téléphone et ont dû composer aux examens sur leur smartphone !

    Les étudiants ne sont pas plus stupides ou irresponsables que le reste de la population : il y a une crise sanitaire, ils en ont conscience, certains sont à risque (oui, il y a des étudiants immuno-déprimés qui ne peuvent pas prendre le #risque de venir en cours en temps d’épidémie aiguë), ils vivent souvent avec des personnes à risque. Ils pourraient prendre leur parti du distanciel pour peu que des moyens leur soient donnés. Mais il est plus facile d’annoncer la #réouverture des universités par groupe de 7,5 étudiants, pendant 1h15, sur une jambe, avec un chapeau pointu, que de débloquer de réels moyens pour faire face à la #précarité structurelle des étudiants.

    Et dans ce contexte, que fait notre Présidence d’Université ? Quelles ont été les mesures prises pour la réouvrir correctement ? Je l’ai déjà dit, rien n’a changé depuis septembre, rien de plus n’a été mis en place.

    Sur la fusion et le fonctionnement, de l’intérieur, d’une Université d’excellence

    Mais sur cette crise sanitaire se greffe une autre crise, interne à mon Université, mais symptomatique de l’état des Universités en général.

    Donc oui, j’appartiens désormais à une Université entrée dans le top 100 des Universités du classement de Shanghai.

    Parlez-en aux étudiants qui y ont fait leur rentrée en septembre ou y ont passé leurs examens en janvier. Sur twitter, mon Université est devenu une vraie célébrité : en septembre-octobre, des tweets émanant d’étudiants et d’enseignants indiquaient l’ampleur des #dysfonctionnements. Le système informatique était totalement dysfonctionnel : dans le service informatique central, 45 emplois étaient vacants.

    Tant la fusion s’était faite dans des conditions désastreuses de gestion du personnel, tant le travail est ingrat, mal payé et mal reconnu.

    Cela a généré des semaines de problèmes d’inscriptions administratives, d’étudiants en attente de réponse des services centraux de scolarité pendant des jours et des jours, sans boîte mail universitaire et sans plateforme numérique de dépôt des cours (le fameux Moodle) pendant des semaines - les outils clés de l’enseignement à distance ou hybride.

    Pendant trois mois, en L1, nous avons fonctionné avec une liste de diffusion que j’ai dû créer moi-même avec les mails personnels des étudiants.

    Pendant des semaines, un seul informaticien a dû régler tous les dysfonctionnement de boîte mail des dizaines d’étudiants qui persistaient en novembre, décembre, janvier…

    En janvier, les médias ont relayé le désastre des examens de 2e année de médecine encore dans notre Université - avec un hashtag qui est entré dans le top 5 les plus relayés sur twitter France dans la 2e semaine de janvier, face à la catastrophe d’examens organisés en présentiel, sur des tablettes non chargées, mal configurées, des examens finalement reportés à la dernière minute. Les articles de presse ont mis en lumière plus largement la catastrophe de la fusion des études de médecine des Universités concernées : les étudiants de 2e année de cette fac de médecine fusionnée ont dû avaler le double du programme (fusion = addition) le tout en distanciel !

    Les problèmes de personnel ne concernent pas que le service informatique central.

    Ils existent aussi au niveau plus local : dans mon UFR, le poste de responsable "Apogée" est resté vacant 6 mois. Le responsable #Apogée c’est le nerf de la guerre d’une UFR : c’est lui qui permet les inscriptions en ligne de centaines d’étudiants dans des groupes de TD, qui fait les emplois du temps, qui compile les notes pour faire des jurys et donc les fameux bulletins de notes qui inquiètent tant les Ministères de l’Enseignement supérieur – et ce pour des dizaines de formations (plusieurs Licences, plusieurs Masters).

    Pendant six mois, personnels et enseignants chercheurs, nous avons essayé de pallier son absence en faisant les emplois du temps, les changements de groupe des étudiants, l’enregistrement des étudiants en situation de handicap non gérés par l’université centrale (encore une défaillance honteuse), l’organisation des jurys, etc. Mais personne n’a touché à la configuration des inscriptions, des maquettes, des notes, car il faut connaître le logiciel. Les inscriptions dans les groupes de TD du 2e semestre doivent se faire avant la rentrée du semestre 2 logiquement, idéalement dès le mois de décembre, ou début janvier.

    Mais le nouveau responsable n’arrive qu’en décembre et n’est que très peu accompagné par les services centraux de l’Université pour se familiariser aux réglages locaux du logiciel, par manque de personnel... Les inscriptions sont prévues le 18 janvier, une semaine avant la rentrée…

    Résultat : la catastrophe annoncée depuis des mois arrive, et s’ajoute à la #mauvaise_gestion de la crise sanitaire.

    Depuis lundi, les inscriptions dans les groupes de TD ne fonctionnent pas. Une fois, deux fois, trois fois les blocages se multiplient, les étudiants s’arrachent les cheveux face à un logiciel et un serveur saturés, ils inondent le secrétariat de mails inquiets, nous personnels administratifs et enseignants-chercheurs passons des heures à résoudre les problèmes. Le nouveau responsable reprend problème par problème, trouve des solutions, jusqu’à 1h du matin, tous les jours, depuis des jours, week-end compris.

    Maintenant nous voilà jeudi 21 janvier après-midi, à 3 jours de la rentrée. Sans liste d’étudiants par cours et par TD, sans informations claires sur les jauges et les horaires du campus, avec des annonces de dernière minute plus absurdes et irréalistes les unes que les autres, et on nous demande de ne pas craquer ? On nous dit que la présidence de l’Université, le ministère va nous obliger à reprendre en présentiel ? Nous renvoyant l’image de tire-au-flanc convertis au confort du distanciel ?

    L’an passé, un mouvement de grève sans précédent dans l’enseignement supérieur et la recherche a été arrêté net par le confinement de mars 2020.

    Ce mouvement de grève dénonçait l’ampleur de la précarité à l’université.

    La #précarité_étudiante, qui existait avant la crise sanitaire, nous nous rappelons de l’immolation de Anas, cet étudiant lyonnais, à l’automne 2019. La précarité des personnels de l’université : les #postes administratifs sont de plus en plus occupés par des #vacataires, formés à la va-vite, mal payés et mal considérés, qui vont voir ailleurs dès qu’ils en ont l’occasion tant les #conditions_de_travail sont mauvaises à l’université. La précarité des enseignants chercheurs : dans notre L1, dans l’équipe de 37 enseignants, 10 sont des titulaires de l’Université. 27 sont précaires, vacataires, avec des heures de cours payées des mois en retard, à un taux horaire en dessous du SMIC, qui attendent pendant des années avant de décrocher un poste de titulaire, pour les plus « chanceux » d’entre eux, tant les postes de titulaires se font rares alors que les besoins sont criants…

    Deux tiers des créneaux de cours de notre L1 sont assurés par des vacataires. Le mouvement de #grève a été arrêté par le #confinement mais la colère est restée intacte. En pleine crise sanitaire, le gouvernement a entériné une nouvelle #réforme de l’université, celle-là même contre laquelle la mobilisation dans les universités s’était construite, la fameuse #LPPR devenue #LPR, une loi qui augmente encore cette précarité, qui néglige encore les moyens nécessaires à un accueil décent des étudiants dans les universités. Le gouvernement a fait passer une loi sévèrement critiquée par une grande partie du monde universitaire au début du 2e confinement en novembre, et a fait passer ses décrets d’application le 24 décembre, la veille de Noël.

    Le gouvernement piétine le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche et nous montre maintenant du doigt parce qu’on accueillerait pas correctement les étudiants ? Parce qu’on serait réticents à les revoir en présentiel ?

    Parce que finalement, pour nous enseignants à l’université, c’est bien confortable de faire cours au chaud depuis chez soi, dans sa résidence secondaire de Normandie ?

    J’enseigne depuis mon appartement depuis novembre.

    Mon ordinateur portable est posé sur la table à manger de mon salon, car le wifi passe mal dans ma chambre dans laquelle j’ai un bureau. J’ai acheté une imprimante à mes frais car de temps en temps, il est encore utile d’imprimer des documents, mais j’ai abandonné de corriger les devoirs de mes étudiants sur papier, je les corrige sur écran. Heureusement que je ne vis pas avec mon compagnon, lui aussi enseignant-chercheur, car matériellement, nous ne pourrions pas faire cours en même temps dans la même pièce : pas assez de connexion et difficile de faire cours à tue-tête côte à côte.

    A chaque repas, mon bureau devient ma table à manger, puis redevient mon bureau.

    En « cours », j’ai des écrans noirs face à moi, mais quand je demande gentiment à mes étudiants d’activer leur vidéo, ils font un effort, même s’ils ne sont pas toujours à l’aise de montrer le lit superposé qui leur sert de décor dans leur chambre partagée avec une sœur aide-soignante à l’hôpital qui a besoin de dormir dans l’obscurité quand elle rentre d’une garde de nuit, de voir leur mère, leur frère passer dans le champ de leur caméra derrière eux. Certains restent en écran noir, et c’est plus dur pour moi de leur faire la petite morale habituelle que j’administre, quand je fais cours dans une salle, aux étudiants endormis au fond de la classe. Je ne sais pas si mon cours les gonfle, s’ils sont déprimés ou si leur connexion ne permet pas d’activer la vidéo...

    Donc non, ce n’est pas confortable l’enseignement à distance. Ce n’est pas la belle vie. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous envisageons de ne pas revoir d’étudiants en vrai avant septembre prochain.

    Je suis enseignante-chercheure. Je dois donner des cours en L1, L3, Master.

    Depuis des jours, plutôt que de préparer des scénarios de rentrée intenables ou de résoudre les problèmes des inscriptions, j’aimerais pouvoir me consacrer à l’élaboration de ces cours, réfléchir aux moyens d’intéresser des étudiants bloqués derrière leurs ordinateurs en trouvant des supports adaptés, en préparant des petits QCM interactifs destinés à capter leur attention, en posant des questions qui visent à les faire réfléchir. Je dois leur parler d’immigration, de réfugiés, de la manière dont les États catégorisent les populations, des histoires de vie qui se cachent derrière les chiffres des migrants à la frontière.

    C’est cela mon métier.

    Je suis enseignante-chercheur mais à l’heure qu’il est, si je pouvais au moins être correctement enseignante, j’en serais déjà fortement soulagée.

    Il faut donc que nos responsables politiques et nos Présidences d’université se comportent de manière responsable. En arrêtant de faire de la com’ larmoyante sur l’avenir de notre jeunesse. Et en mettant vraiment les moyens pour diminuer la souffrance de toutes et tous.

    Il s’agit de notre jeunesse, de sa formation, de son avenir professionnel et citoyen.

    La mise en péril de cette jeunesse ne date pas de la crise sanitaire, ne nous faisons pas d’illusion là-dessus.

    La #crise_des_universités est plus ancienne, leur #sous-financement devenu structurel au moins depuis les années 2000. Alors arrêtez de vous cacher derrière l’imprévu de la crise sanitaire, arrêtez de vous faire passer pour des humanistes qui vous souciez de votre jeunesse alors que depuis mars dernier, rares ou marginaux ont été les discours et mesures prises pour maintenir l’enseignement en présentiel à l’Université.

    Cela fait cinq ans que j’enseigne à l’Université et déjà, je suis épuisée. De la même manière que nos soignant.es se retrouvent désemparé.es dans les hôpitaux face à l’impossibilité d’assurer correctement leur mission de service public de santé en raison des coupes budgétaires et des impératifs gestionnaires absurdes, je suis désespérée de voir à quel point, en raison des mêmes problèmes budgétaires et gestionnaires, nous finissons, dans les Universités, par assurer si mal notre #service_public d’#éducation...

    https://blogs.mediapart.fr/une-universitaire-parmi-dautres/blog/220121/l-excellence-en-temps-de-pandemie-chronique-du-naufrage-des-universi

    #université #facs #France #covid-19 #pandémie #coronavirus #épuisement

    signalé aussi dans ce fil de discussion initié par @marielle :
    https://seenthis.net/messages/896650

  • WhatsApp Doesn’t Read Your Messages, It Doesn’t Need To - Pen Magnet
    https://medium.com/swlh/whatsapp-doesnt-read-your-messages-it-doesn-t-need-to-7ce0ec2846f9

    As of this writing, WhatsApp released a newer version of its privacy policy on Jan 4, 2021. Among other things, it mentions : We are one of the Facebook Companies. You can learn more further below in this Privacy Policy about the ways in which we share information across this family of companies. When I opened WhatsApp yesterday, I was greeted with a prompt to read the fine print. Among other things, it talks highly about “End to end encryption.” WhatsApp even has a ridiculous (...)

    #NSA #CIA #FBI #Facebook #Messenger #Signal #Skype #WhatsApp #Zoom #algorithme #cryptage #Android #payement #WiFi #iOS #données #écoutes (...)

    ##surveillance
    https://miro.medium.com/max/1200/0*l-aSb_r4sZU6Ktk1

  • #Galène

    Galène is a #videoconferencing_server that is easy to deploy (just copy a few files and run the binary) and that requires moderate server resources. It was originally designed for lectures and conferences (where a single speaker streams audio and video to hundreds or thousands of users), but later evolved to be useful for student practicals (where users are divided into many small groups), and meetings (where a few dozen users interact with each other).

    Galène’s server side is implemented in #Go, and uses the #Pion implementation of #WebRTC. The server is regularly tested on Linux/amd64 and Linux/arm64, and has been reported to run on Windows; it should in principle be portable to other systems, including Mac OS X. The client is implemented in #Javascript, and works on recent versions of all major web browsers, both on desktop and mobile (but see below for caveats with specific browsers).

    While traffic is encrypted from sender to server and from server to client, Galène does not perform end-to-end encryption: anyone who controls the server might, in principle, be able to access the data being exchanged. For best security, you should install your own server.

    Galène’s is not the only self-hosted WebRTC server. Alternatives include Janus, Ion-SFU, and Jitsi.

    Galène is free and #open_source #software, subject to the MIT licence. Galène’s development is supported by Nexedi, who fund Alain Takoudjou’s work on the user interface.

    https://galene.org
    #alternatives #alternative #zoom #microsoft_teams #teams #vidéoconférences #visioconférences #visio-conférences #vidéo-conférences #logiciel #galene

    pas utilisé... mais peut-être utile et intéressant à tester ?

  • Climate Change Is Ushering in a New Pandemic Era – Rolling Stone
    https://www.rollingstone.com/culture/culture-features/climate-change-risks-infectious-diseases-covid-19-ebola-dengue-1098923

    A warming world is expanding the range of deadly diseases and risking an explosion of new zoonotic pathogens from the likes of bats, mosquitoes, and ticks

    #climat #zoonoses #pandémies #maladies #moustiques #tiques #chauve-souris

  • Coincés dans Zoom (4/4) : pourquoi allons-nous y rester ?
    http://www.internetactu.net/2020/12/18/coince-dans-zoom-44-pourquoi-allons-nous-y-rester

    Alors que nous voilà plus ou moins déconfinés, notre expérience de Zoom est appelée à s’alléger. Pas si sûr !… Car même si la seule évocation de son nom vous provoque des crises d’urticaire, il est probable que Zoom soit là pour rester. Pourquoi allons-nous devoir nous habituer à cohabiter avec ce nouvel « ogre » de nos télévies ? L’avenir de Zoom : la vidéosurveillance de notre intimité ? Si l’on en croit nombre d’articles parus sur le sujet, l’avenir des services de visioconférence s’annonce comme une (...)

    #Zoom #algorithme #CCTV #biométrie #vidéo-surveillance #GigEconomy #panopticon #surveillance #télétravail #travail (...)

    ##visioconférence

  • Coincés dans Zoom (3/4) : miroir des cultures managériales
    http://www.internetactu.net/2020/12/08/coinces-dans-zoom-34-miroir-des-cultures-manageriales

    Le confinement lié à la crise sanitaire a bouleversé le management qui a du se réinventer dans l’urgence. Zoom s’est imposé comme un outil inédit de gestion du collectif de travail. Mais avec lui, semble s’imposer une culture managériale comme l’exact reflet des politiques sanitaires autoritaires dont nous avons été l’objet. Zoom a-t-il été l’outil de la « disruption » du management ? Pas vraiment ! Zoom, infrastructure vitale en mode dégradé Pour la sociologue Mathilde Bourrier, les visios sont devenues « (...)

    #Zoom #technologisme #GigEconomy #télétravail #travail #visioconférence #COVID-19 (...)

    ##santé
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  • Coincé dans Zoom (2/3) : mais alors que nous apporte Zoom ?
    http://www.internetactu.net/2020/11/27/coince-dans-zoom-23-mais-alors-que-nous-apporte-zoom

    Malgré ses innombrables défauts – dont nous avons tenté de dresser la liste précédemment – qu’est-ce qui explique alors l’incroyable succès de la visioconférence ? Si ça ne marche pas si bien, alors pourquoi les organisations l’utilisent-elles aussi massivement ? Zoom : un outil de team building ? La vidéoconférence sur ordinateur dans les années 2000 via le rapport de Laure Carles, Benefits and limits of Video Channel on Mediated InteractionsDans un rapport (une méta étude, visiblement indisponible en (...)

    #Zoom #vidéo-surveillance #surveillance #télétravail #travail #visioconférence

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    • L’efficacité d’une réunion en visioconférence me semble directement liée à la quantité de petites mains qui gèrent le back office de la réunion.

      Au cours des 10 derniers jours, j’ai participé à deux réunions, avec des ressentis très différents :

      • une grande réunion publique de débat public sur le projet d’éoliennes en Bretagne Sud. C’était la première en visio après plusieurs autres en présentiel ; elle réunissait plus de 120 participants. En plus de l’animateur et des intervenants, il y avait 3 personnes en arrière-plan qui suivaient la réunion et notamment le tchat, le tout par les soins d’une société spécialement mandatée. Absolument aucune dimension team building. Personnellement, et malgré une certaine appréhension initiale, j’ai trouvé la réunion beaucoup plus efficace que les précédentes (sur le même thème du même sujet) en permettant notamment une bien meilleure expression des participants et de bien faire circuler les prises de parole entre les différents acteurs. Celle-ci passait par le tchat, en parallèle de la présentation principale ; certaines questions basiques y trouvaient directement leur réponse, d’autres étaient regroupées et reprises lors des séquences réservées « à la salle ».

      • l’autre un séminaire d’une trentaine de participants, le troisième d’une série dont les deux premiers ont eu lieu sous forme de réunions classiques avec, entre autres, un objectif de team building explicite et l’élaboration d’un consensus. Résultat tout-à-fait décevant, la gestion de la visio était faite par la structure organisatrice, nettement moins professionnelle de la chose ; soit lacune de l’outil retenu, soit méconnaissance de l’équipe, il n’a pas été possible de couper à distance les micros des non-intervenants, d’où cata : bruits parasites, coups de téléphone, etc. et le tchat n’était pas vraiment utilisé par les participants, malgré quelques appels et donc pas vraiment exploité par l’animation.

      Bref, mais est-ce une surprise ?, pour que ça marche, il faut que l’organisateur maîtrise bien la technique et ne lésine pas sur les moyens.

  • Shoshana Zuboff : « Larry Page, cofondateur de Google, a découvert rien de moins que le capitalisme de surveillance »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/26/shoshana-zuboff-larry-page-cofondateur-de-google-a-decouvert-rien-de-moins-q

    Dans un entretien au « Monde », l’universitaire américaine montre comment, au début du nouveau millénaire, Google et consorts ont fait de nos « informations personnelles » la marchandise suprême, et bâti des empires sur leur collecte et leur commerce. Shoshana Zuboff est professeure émérite à la Harvard Business School. Elle a étudié l’essor du capitalisme numérique, la transformation du travail et de la société de consommation qu’a entraînée cette révolution. Elle vient de faire paraître L’Age du (...)

    #Google #GoogleSearch #algorithme #domotique #prédiction #bénéfices #BigData #publicité #surveillance #CambridgeAnalytica/Emerdata #Facebook #manipulation #Amazon #Zoom (...)

    ##publicité ##CambridgeAnalytica/Emerdata ##technologisme

  • La #Technopolice, moteur de la « #sécurité_globale »

    L’article 24 de la #loi_Sécurité_Globale ne doit pas devenir l’arbre qui cache la forêt d’une politique de fond, au cœur de ce texte, visant à faire passer la #surveillance et le #contrôle_de_la_population par la police à une nouvelle ère technologique.

    Quelques jours avant le vote de la loi Sécurité Globale à l’Assemblée Nationale, le ministère de l’Intérieur présentait son #Livre_blanc. Ce long #rapport de #prospective révèle la #feuille_de_route du ministère de l’Intérieur pour les années à venir. Comme l’explique Gérard Darmanin devant les députés, la proposition de loi Sécurité Globale n’est que le début de la transposition du Livre dans la législation. Car cette loi, au-delà de l’interdiction de diffusion d’#images de la police (#article_24), vise surtout à renforcer considérablement les pouvoirs de surveillance des #forces_de_l’ordre, notamment à travers la légalisation des #drones (article 22), la diffusion en direct des #caméras_piétons au centre d’opération (article 21), les nouvelles prérogatives de la #police_municipale (article 20), la #vidéosurveillance dans les hall d’immeubles (article 20bis). Cette loi sera la première pierre d’un vaste chantier qui s’étalera sur plusieurs années.

    Toujours plus de pouvoirs pour la police

    Le Livre blanc du ministère de l’Intérieur envisage d’accroître, à tous les niveaux, les pouvoirs des différentes #forces_de_sécurité (la #Police_nationale, la police municipale, la #gendarmerie et les agents de #sécurité_privée) : ce qu’ils appellent, dans la novlangue officielle, le « #continuum_de_la_sécurité_intérieure ». Souhaitant « renforcer la police et la rendre plus efficace », le livre blanc se concentre sur quatre angles principaux :

    - Il ambitionne de (re)créer une #confiance de la population en ses forces de sécurité, notamment par une #communication_renforcée, pour « contribuer à [leur] légitimité », par un embrigadement de la jeunesse – le #Service_National_Universel, ou encore par la création de « #journées_de_cohésion_nationale » (page 61). Dans la loi Sécurité Globale, cette volonté s’est déjà illustrée par la possibilité pour les policiers de participer à la « #guerre_de_l’image » en publiant les vidéos prises à l’aide de leurs #caméras_portatives (article 21).
    - Il prévoit d’augmenter les compétences des #maires en terme de sécurité, notamment par un élargissement des compétences de la police municipale : un accès simplifié aux #fichiers_de_police, de nouvelles compétences en terme de lutte contre les #incivilités … (page 135). Cette partie-là est déjà en partie présente dans la loi Sécurité Globale (article 20).
    - Il pousse à une #professionnalisation de la sécurité privée qui deviendrait ainsi les petites mains de la police, en vu notamment des #Jeux_olympiques Paris 2024, où le besoin en sécurité privée s’annonce colossal. Et cela passe par l’augmentation de ses #compétences : extension de leur #armement, possibilité d’intervention sur la #voie_publique, pouvoir de visionner les caméras, et même le port d’un #uniforme_spécifique (page 145).
    - Enfin, le dernier grand axe de ce livre concerne l’intégration de #nouvelles_technologies dans l’arsenal policier. Le titre de cette partie est évocateur, il s’agit de « porter le Ministère de l’Intérieur à la #frontière_technologique » (la notion de #frontière évoque la conquête de l’Ouest aux États-Unis, où il fallait coloniser les terres et les premières nations — la reprise de ce vocable relève d’une esthétique coloniale et viriliste).

    Ce livre prévoit une multitude de projets plus délirants et effrayants les uns que les autres. Il propose une #analyse_automatisée des #réseaux_sociaux (page 221), des #gilets_connectés pour les forces de l’ordre (page 227), ou encore des lunettes ou #casques_augmentés (page 227). Enfin, le Livre blanc insiste sur l’importance de la #biométrie pour la police. Entre proposition d’#interconnexion des #fichiers_biométriques (#TAJ, #FNAEG, #FAED…) (page 256), d’utilisation des #empreintes_digitales comme outil d’#identification lors des #contrôles_d’identité et l’équipement des #tablettes des policiers et gendarmes (#NEO et #NEOGEND) de lecteur d’empreinte sans contact (page 258), de faire plus de recherche sur la #reconnaissance_vocale et d’#odeur (!) (page 260) ou enfin de presser le législateur pour pouvoir expérimenter la #reconnaissance_faciale dans l’#espace_public (page 263).

    Le basculement technologique de la #surveillance par drones

    Parmi les nouveaux dispositifs promus par le Livre blanc : les #drones_de_police, ici appelés « #drones_de_sécurité_intérieure ». S’ils étaient autorisés par la loi « Sécurité Globale », ils modifieraient radicalement les pouvoirs de la police en lui donnant une capacité de surveillance totale.

    Il est d’ailleurs particulièrement marquant de voir que les rapporteurs de la loi considèrent cette légalisation comme une simple étape sans conséquence, parlant ainsi en une phrase « d’autoriser les services de l’État concourant à la #sécurité_intérieure et à la #défense_nationale et les forces de sécurité civile à filmer par voie aérienne (…) ». Cela alors que, du côté de la police et des industriels, les drones représentent une révolution dans le domaine de la sécurité, un acteur privé de premier plan évoquant au sujet des drones leur « potentiel quasiment inépuisable », car « rapides, faciles à opérer, discrets » et « tout simplement parfaits pour des missions de surveillance »

    Dans les discours sécuritaires qui font la promotion de ces dispositifs, il est en effet frappant de voir la frustration sur les capacités « limitées » (selon eux) des caméras fixes et combien ils fantasment sur le « potentiel » de ces drones. C’est le cas du maire LR d’Asnières-sur-Seine qui en 2016 se plaignait qu’on ne puisse matériellement pas « doter chaque coin de rue de #vidéoprotection » et que les drones « sont les outils techniques les plus adaptés » pour pallier aux limites de la présence humaine. La police met ainsi elle-même en avant la toute-puissance du #robot par le fait, par exemple pour les #contrôles_routiers, que « la caméra du drone détecte chaque infraction », que « les agents démontrent que plus rien ne leur échappe ». Même chose pour la #discrétion de ces outils qui peuvent, « à un coût nettement moindre » qu’un hélicoptère, « opérer des surveillances plus loin sur l’horizon sans être positionné à la verticale au-dessus des suspects ». Du côté des constructeurs, on vante les « #zooms puissants », les « #caméras_thermiques », leur donnant une « #vision_d’aigle », ainsi que « le #décollage possible pratiquement de n’importe où ».

    Tout cela n’est pas que du fantasme. Selon un rapport de l’Assemblée nationale, la police avait, en 2019, par exemple 30 drones « de type #Phantom_4 » et « #Mavic_Pro » (ou « #Mavic_2_Enterprise » comme nous l’avons appris lors de notre contentieux contre la préfecture de police de Paris). Il suffit d’aller voir les fiches descriptives du constructeur pour être inondé de termes techniques vantant l’omniscience de son produit : « caméra de nacelle à 3 axes », « vidéos 4K », « photos de 12 mégapixels », « caméra thermique infrarouge », « vitesse de vol maximale à 72 km/h » … Tant de termes qui recoupent les descriptions faites par leurs promoteurs : une machine volante, discrète, avec une capacité de surveiller tout (espace public ou non), et de loin.

    Il ne s’agit donc pas d’améliorer le dispositif de la vidéosurveillance déjà existant, mais d’un passage à l’échelle qui transforme sa nature, engageant une surveillance massive et largement invisible de l’espace public. Et cela bien loin du léger cadre qu’on avait réussi à imposer aux caméras fixes, qui imposait notamment que chaque caméra installée puisse faire la preuve de son utilité et de son intérêt, c’est-à-dire de la nécessité et de la #proportionnalité de son installation. Au lieu de cela, la vidéosurveillance demeure une politique publique dispendieuse et pourtant jamais évaluée. Comme le rappelle un récent rapport de la Cour des comptes, « aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Autre principe fondamental du droit entourant actuellement la vidéosurveillance (et lui aussi déjà largement inappliqué) : chaque personne filmée doit être informée de cette surveillance. Les drones semblent en contradiction avec ces deux principes : leur utilisation s’oppose à toute notion d’information des personnes et de nécessité ou proportionnalité.

    Où serons-nous dans 4 ans ?

    En pratique, c’est un basculement total des #pratiques_policières (et donc de notre quotidien) que préparent ces évolutions technologiques et législatives. Le Livre blanc fixe une échéance importante à cet égard : « les Jeux olympiques et paralympiques de Paris de 2024 seront un événement aux dimensions hors normes posant des enjeux de sécurité majeurs » (p. 159). Or, « les Jeux olympiques ne seront pas un lieu d’expérimentation : ces technologies devront être déjà éprouvées, notamment à l’occasion de la coupe de monde de Rugby de 2023 » (p. 159).

    En juillet 2019, le rapport parlementaire cité plus haut constatait que la Police nationale disposait de 30 drones et de 23 pilotes. En novembre 2020, le Livre blanc (p. 231) décompte 235 drones et 146 pilotes. En 14 mois, le nombre de drones et pilotes aura été multiplié par 7. Dès avril 2020, le ministère de l’Intérieur a publié un appel d’offre pour acquérir 650 drones de plus. Rappelons-le : ces dotations se sont faites en violation de la loi. Qu’en sera-t-il lorsque les drones seront autorisés par la loi « sécurité globale » ? Avec combien de milliers d’appareils volants devra-t-on bientôt partager nos rues ? Faut-il redouter, au cours des #JO de 2024, que des dizaines de drones soient attribués à la surveillance de chaque quartier de la région parisienne, survolant plus ou moins automatiquement chaque rue, sans répit, tout au long de la journée ?

    Les évolutions en matières de reconnaissance faciale invite à des projections encore plus glaçantes et irréelles. Dès 2016, nous dénoncions que le méga-fichier #TES, destiné à contenir le visage de l’ensemble de la population, servirait surtout, à terme, à généraliser la reconnaissance faciale à l’ensemble des activités policières : enquêtes, maintien de l’ordre, contrôles d’identité. Avec le port d’une caméra mobile par chaque brigade de police et de gendarmerie, tel que promis par Macron pour 2021, et la retransmission en temps réel permise par la loi « sécurité globale », ce rêve policier sera à portée de main : le gouvernement n’aura plus qu’à modifier unilatéralement son #décret_TES pour y joindre un système de reconnaissance faciale (exactement comme il avait fait en 2012 pour permettre la reconnaissance faciale à partir du TAJ qui, à lui seul, contient déjà 8 millions de photos). Aux robots dans le ciel s’ajouteraient des humains mutiques, dont le casque de réalité augmentée évoqué par le Livre Blanc, couplé à l’analyse d’image automatisée et aux tablettes numériques NEO, permettrait des contrôles systématiques et silencieux, rompus uniquement par la violence des interventions dirigées discrètement et à distance à travers la myriade de drones et de #cyborgs.

    En somme, ce Livre Blanc, dont une large partie est déjà transposée dans la proposition de loi sécurité globale, annonce le passage d’un #cap_sécuritaire historique : toujours plus de surveillance, plus de moyens et de pouvoirs pour la police et consorts, dans des proportions et à un rythme jamais égalés. De fait, c’est un #État_autoritaire qui s’affirme et se consolide à grand renfort d’argent public. Le Livre blanc propose ainsi de multiplier par trois le #budget dévolu au ministère de l’Intérieur, avec une augmentation de 6,7 milliards € sur 10 ans et de 3 milliards entre 2020 et 2025. Une provocation insupportable qui invite à réfléchir sérieusement au définancement de la police au profit de services publiques dont le délabrement plonge la population dans une #insécurité bien plus profonde que celle prétendument gérée par la police.

    https://www.laquadrature.net/2020/11/19/la-technopolice-moteur-de-la-securite-globale
    #France #Etat_autoritaire

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  • La censure des séminaires sur la Palestine par Zoom déclenche un combat pour la liberté académique
    17 novembre | Alice Speri & Sam Biddle pour The Intercept |Traduction SF pour l’AURDIP, Traduction J.Ch. pour l’AURDIP, Traduction : JPB pour l’AURDIP
    https://www.aurdip.org/la-censure-des-seminaires-sur-la.html

    Zoom a cité les lois anti-terroristes pour mettre fin à un événement avec la militante palestinienne Leila Khaled - et à d’autres événements critiquant sa censure.

    Peu d’entreprises ont autant bénéficié de la pandémie de coronavirus que Zoom, la plateforme de conférence en ligne qui est devenue un substitut omniprésent aux interactions présentielles, au travail et à l’école. Mais une lutte sur le droit de Zoom à censurer la parole se prépare actuellement dans le monde universitaire, après que l’entreprise ait mis fin à un séminaire à l’université d’État de San Francisco (SFSU) plus tôt dans l’année en raison de la participation de la militante palestinienne Leila Khaled. Le mois dernier, Zoom a poursuivi sa répression et a annulé plusieurs événements en ligne organisés dans d’autres universités, qui n’incluaient pas Khaled elle-même mais qui critiquaient la censure de Zoom à son égard.

    Khaled, 76 ans, est membre du Front populaire pour la libération de la Palestine, un groupe de résistance et un parti politique que le gouvernement américain liste comme une organisation terroriste étrangère. Elle s’est fait connaître après son rôle dans deux détournements d’avion en 1969 et 1970 - et en tant que première femme à avoir détourné un avion, elle a depuis gagné une reconnaissance mondiale, considérée comme une terroriste par certains et comme une icône féministe par d’autres. Le 23 septembre, Khaled, qui s’exprime depuis longtemps en solidarité avec les mouvements de libération du monde entier, était l’un des nombreux orateurs qui devaient participer à un séminaire sur les récits de résistance et de genre à la SFSU, une université publique. Mais le séminaire est devenu la cible d’une campagne coordonnée par des groupes pro-israéliens, qui ont fait pression sur l’université et sur Zoom pour l’annuler. (...)

    #Zoom #censure