Les mots de l’intifada syrienne, par Zénobie (Le Monde diplomatique)
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Aux premiers jours de la révolte, les manifestants se bornaient à réclamer des réformes et la fin de l’état d’urgence. Le président Bachar Al-Assad bénéficiait encore d’une certaine sympathie (2). Forts des leçons de la guerre civile qui a ravagé durant quinze ans le Liban voisin et plus récemment l’Irak, les Syriens se méfiaient d’une confrontation longue et sanglante comportant des risques d’affrontements confessionnels. Mais le régime fit couler le sang à Deraa et M. Al-Assad, dans son premier discours — très attendu — à la nation, le 30 mars 2011, traita les manifestants par le mépris. Dès lors, le slogan des révolutions tunisienne et égyptienne, « Le peuple veut la chute du régime » (« Al-chaab yourid isqat al-nizam »), commença à résonner dans les rues. Face à la terreur répandue par les sbires du pouvoir et à un nombre croissant de morts, le ton monta : « On ne t’aime pas, on ne t’aime pas, dégagez, toi et ton parti ». En avril, un autre slogan fit l’unanimité : « Le traître c’est celui qui frappe son peuple ».