Rumor

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  • Deux versions contradictoires... et un même résultat | À La Une | L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/829674/deux-versions-contradictoires-et-un-meme-resultat.html

    Il me semble qu’il y a du flottement dans les analyses de S. Haddad. Un jour, ses sources incriminent Bandar pour les attentats ayant pour finalité de susciter la discorde interconfessionnelle. Un autre jour, on parle d’un plan israélien et d’actions saoudiennes plus ou moins concomitantes mais qu’on a peine à croire coordonnées... S. Haddad omet par ailleurs de nommer dans les thèses en concurrence pour expliquer la quasi-simultanéité des attentats de Roueiss et de Tripoli ceux qui accusent la Syrie.

    Du côté du Hezbollah, on est au contraire convaincu que ce qui se passe actuellement au Liban n’est que la suite d’un processus commencé après l’échec de la guerre de juillet 2006. Les Israéliens ont compris après cette guerre de 33 jours qu’ils ne peuvent pas éliminer le Hezbollah, ni même l’affaiblir militairement, puisqu’il est maintenant plus fort qu’en 2006, tout comme le Hamas à Gaza. Il leur fallait donc trouver d’autres moyens pour le combattre. Il y a eu ainsi, indirectement, les tentatives de l’isoler politiquement et de le placer sur le banc des accusés, d’abord via le TSL, puis avec la décision européenne de placer sa branche armée sur la liste des organisations terroristes. Mais ces moyens n’ayant pas donné de résultats concrets, il fallait recourir à la carte de la discorde confessionnelle.

    Dans ce contexte, le Hezbollah affirme avoir mené à Qousseir une bataille préventive pour éviter de créer dans la zone frontalière allant du nord du Liban jusqu’à la Békaa, un fief de l’opposition syrienne qui n’avait pas caché son intention, une fois le régime syrien battu, de s’en prendre à lui. Il a donc préféré mener la bataille sur le territoire « de l’ennemi », plutôt que d’attendre que celui-ci vienne chez lui. Pour le Hezbollah, le conflit en Syrie n’est plus une bataille pour la démocratie et les libertés, mais un épisode de plus, sans doute le plus meurtrier, dans la lutte contre l’axe dit de la résistance. Au Liban, il prend la forme d’une volonté de susciter une discorde entre les sunnites et les chiites en prenant pour prétexte la participation du Hezbollah aux combats en Syrie.

    Pour confirmer sa théorie, le Hezbollah relève le refus du chef des renseignements saoudiens, l’émir Bandar ben Sultan, aux leaders libanais qui l’ont consulté, d’un gouvernement avec une participation de la formation chiite. Et aux émissaires du chef druze Walid Joumblatt qui lui auraient transmis l’impossibilité pour ce dernier d’accepter un gouvernement sans le Hezbollah à une période aussi délicate, l’émir aurait répondu qu’il ne faut pas se presser, mais attendre plutôt les développements des prochains mois qui pourraient être porteurs de changements... L’émir n’en aurait pas dit plus, mais sur le terrain en Syrie, les informations ont fait état de la préparation d’une grande offensive à partir de la Jordanie de plusieurs milliers de combattants de l’opposition qui voulaient effectuer une percée par Deraa, jusqu’à Damas. Ayant eu vent d’une façon ou d’une autre du plan, le régime s’est empressé de lancer une contre-offensive à Ghouta, dans la banlieue de Damas, empêchant ainsi l’opposition d’avancer.

    • Ce n’est pas plus incohérent que d’admettre (le Figaro) que les États-Unis, les Jordaniens et les Israéliens encadrent des troupes sur le sol syrien, et que dans le même temps les groupes rebelles sont désormais essentiellement sous la houlette de Bandar (Akhbar). Dans la logique des partisans du Hezbollah et du 8 Mars, ces deux informations ne sont ni contradictoires ni incohérentes – au contraire.

      Le Hezbollah se fait généralement une spécialité de dire des choses à la fois très claires et très mystérieuses. Voir par exemple, aujourd’hui :
      http://www.lorientlejour.com/article/829673/pour-le-hezbollah-un-cabinet-de-fait-accompli-mettra-a-execution-la-d

      Le chef du bloc du Hezbollah, le député Mohammad Raad, a estimé que « les signes d’une escalade proche sont désormais clairs ». « Les ennemis de la patrie et des musulmans, qui sont les complices des oppresseurs, ont pris la décision d’enflammer le pays », a-t-il asséné lors d’une cérémonie organisée par le Hezbollah dans le village de Kfarsir, au Sud. Dans ce contexte, « la formation d’un cabinet de fait accompli ne sera interprétée que comme un acte visant à jeter de l’huile sur le feu. Pareille décision ne peut être comprise que dans un sens, celui de mettre à exécution la décision de déclencher la discorde et faire exploser la situation au Liban », a-t-il déclaré.

      […]

      Rejoignant les mises en garde du ministre Hajj Hassan contre « les complots tissés par des services de renseignements régionaux », le député Ali Fayad a estimé que les menaces sécuritaires devraient dissiper les différends intérieurs. « La décision de faire exploser le pays est une décision arabe régionale, aux prolongements internationaux », a-t-il affirmé, appelant à « une entente sur la stabilité comme priorité, indépendamment de nos divergences sur ce qui se passe en Syrie ».