Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • #Violences en #cuisine : les vieilles traditions ont la vie dure
    ▻http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/29/violences-en-cuisine-les-vieilles-traditions-ont-la-vie-dure_4531560_3224.ht
    On dirait les justifications des conjoints ou des parents violents : inadmissibles. Ce sont des salariĂ©s, pas des #esclaves.

    Cinq chefs de renom sont ainsi venus dĂ©battre de cette question des violences dans la restauration, lundi 17 novembre, dans un amphi comble de Sciences Po. Christian Etchebest, GrĂ©gory Marchand, Ludo Lefebvre, Cyril Lignac et Adeline Grattard ont pris leurs distances avec ces mĂ©thodes, mais ces chefs qui ont rĂ©ussi n’éludent pas certains aspects bĂ©nĂ©fiques de cette formation Ă  la dure. « Je me souviens d’avoir dĂ» porter des choses trĂšs trĂšs lourdes, peut-ĂȘtre pour me faire souffrir, confie la chef Adeline Grattard (Yam’Tcha). Mais j’ai eu besoin de vivre ça pour en arriver lĂ  oĂč je suis. Si on ne m’avait pas humiliĂ©e, peut-ĂȘtre que je serais restĂ©e plus timorĂ©e, que je n’aurais pas osĂ© certaines choses. »

    Christian Etchebest (La Cantine du Troquet) partage le point de vue de sa consƓur : « Oui, j’ai pris des coups de pied au cul, oui j’ai pris un carrĂ© d’agneau dans la tĂȘte, mais je ne suis pas choquĂ©. Parce que c’est pas de la violence gratuite. » GrĂ©gory Marchand, Ă©galement intervenant ce soir-lĂ , a, lui, fait les frais de ces pratiques. Victime de « violences morales », il a claquĂ© la porte de l’établissement britannique oĂč il travaillait. Le chef du Frenchie ne condamne pas pour autant cette mĂ©thode, Ă  condition qu’elle soit exercĂ©e avec « respect » . « La ligne est trĂšs fine entre une mĂ©chancetĂ© et un apprentissage », reconnaĂźt-il.

    À mettre en perspective avec le fameux « Ă€ bas les #restaurants » ▻http://seenthis.net/messages/105016

    • Etchebest : « Oui, j’ai pris des coups de pied au cul, oui j’ai pris un carrĂ© d’agneau dans la tĂȘte, mais je ne suis pas choquĂ©. Parce que c’est pas de la violence gratuite. »
      C’est pas gratuit, ça sert aussi Ă  faire passer plein de messages implicites humiliants, dĂ©shumanisants et renforçant la hiĂ©rarchie, et Ă  installer un climat de malaise et de peur.
      â–șhttp://seenthis.net/messages/311813

    • Le syndrome de Stockholm dans l’éducation (au sens large) devrait ĂȘtre un peu plus Ă©tudiĂ©.
      Enfants maltraitĂ©s, Ă©lĂšves, Ă©tudiants acceptant et, pire, remerciant leurs bourreaux, car c’est « pour leur bien », reproduiront ce systĂšme d’éducation dans leur famille et leur travail (ou alors devront faire des annĂ©es d’analyse et des efforts surhumains pour ne pas le faire).
      Evidemment que si c’est de la violence gratuite. La violence pas gratuite c’est quand tu es agressĂ©-e et que tu rĂ©ponds dans le mĂȘme registre.
      Le « je n’aurais pas Ă©tĂ© aussi bon » si on ne m’avait pas violentĂ© me fait rigoler (jaune) : t’en sais quoi si tu avais eu de l’amour si tu n’aurais pas Ă©tĂ© meilleur envers toi-mĂȘme et les autres, et aussi bon dans ton boulot, puisque tu n’en as pas eu, mais que toutes les Ă©tudes le montrent ?
      Merci pour le rappel de Ă  bas les restaurants.

    • J’ai collĂ© quelques fessĂ©es Ă  ma fille, mais plus le langage a pris de la place, plus ça m’a paru dĂ©bile. Je pense que si j’avais un autre enfant, ça ne serait plus possible, j’ai trop Ă©voluĂ© sur la question. Cela dit, prendre conscience, cela veut dire qu’on admet avoir Ă©tĂ© maltraitant : je pense que beaucoup de gens ne peuvent pas assumer de n’ĂȘtre pas aussi beaux dans le miroir que voulu.
      AprĂšs, ça ne sert Ă  rien de regretter sans en parler. Ma fille me rĂ©pond : « oui, mais je l’avais mĂ©ritĂ© ».
      Donc, lĂ , on en vient Ă  dĂ©construire notre propre discours antĂ©rieur. Quand je raconte que ma mĂšre me battait avec un martinet, ma fille trouve cela barbare. Je lui rĂ©pond qu’à mon Ă©poque, le truc Ă©tait en vente libre et que beaucoup de parents achetaient le truc Ă  priori, comme faisant partie de « l’arsenal Ă©ducatif standard ». Ce qui n’est dĂ©jĂ  plus le cas pour sa gĂ©nĂ©ration.
      « Oui, mais ça ne fait pas vraiment mal, la fessĂ©e. »
      Non, ce n’est pas le but, le but c’est l’humiliation et la domination, tu trouves ça mieux pour expliquer la vie Ă  quelqu’un ? « Non, pas vraiment non plus. »
      Bon ben maintenant que tu es grande et que tu as tout compris, tu va faire ta part dans cette maison et faire la vaisselle. « Ah non, j’ai mieux Ă  faire et tu ne peux plus me coller de fessĂ©e pour me contraindre. » Le but n’est pas la contrainte, mais la participation volontaire Ă  l’effort collectif... Si tu ne nous aides pas, tu es privĂ©e d’écrans. « Mais c’est dĂ©gueulasse, c’est du chantage ! » Yep, mais sans adhĂ©sion volontaire de ta part, pour l’instant, on n’a pas encore trouvĂ© mieux... et toi ?

    • Sur un autre registre, avec mon compagnon, on se retrouver rĂ©guliĂšrement Ă  expliquer Ă  des personnes extĂ©rieures que non, se faire engueuler, insulter ou humilier n’est pas admissible en entreprise, que ce n’est pas le mode de fonctionnement normal et que rien ne les oblige Ă  supporter ça. Pourtant, autour de nous, ça ressemble beaucoup Ă  la maniĂšre normale de confondre ses employĂ©s avec des serpilliĂšres. Mais cette soumission totale est d’autant plus ancrĂ©e dans les esprits qu’avec l’ assouplissement du droit du #travail, les salariĂ©s sont de plus en plus fragilisĂ©s dans leur poste, que le #harcĂšlement est devenu le mode habituel de gestion du personnel et que partout, la violence psychologique (voire aussi physique, mais pas trop, la loi protĂšge encore un peu quand il y a des traces) est normalisĂ©e, banalisĂ©e avec des dĂ©gĂąts invraisemblables dans la population.
      Ces conditions rendent les gens malades et lĂ , la SĂ©cu les traque Ă  son tour comme simulateurs. Cette violence permanente en col blanc est assez terrifiante et monstrueuse.

    • Pour l’éducation des enfants avec des fessĂ©es, baffes etc, je sais surtout la difficultĂ© de se sortir d’un schĂ©ma violent parce qu’on l’a « dans la peau », que chaque fois qu’il y a une frustration ou un Ă©nervement, ce ne sont pas les mots qui viennent mais l’envie de frapper.
      @monolecte Autant j’ai donnĂ© quelques fessĂ©es Ă  ma fille, autant je m’en excusais ensuite, et dĂ©sespĂ©rais chaque fois de ne pas y Ă©chapper, j’avais l’impression que ma mĂšre me contrĂŽlait et guidait mes gestes, j’étais effrayĂ©e. Je voyais des gens proches, dans ma famille, donner des fessĂ©es Ă  leurs enfants parce qu’ils faisaient pipi au lit et je devais me sortir absolument de ce cercle, parce qu’en thĂ©orie j’avais toutes les clefs. J’en ai beaucoup parlĂ©, de la violence que j’avais subi que je risquais de retransmettre, des moyens d’y mettre fin.
      De comment remplacer cette Ă©nergie dĂ©vastatrice par des mots avant que ça ne dĂ©borde, savoir se mettre en colĂšre sans violence, taper sur un coussin au besoin, apprendre Ă  dire aussi pourquoi on devient la maman gorille stupide qu’on ne veut pas ĂȘtre. Pis, ça a marchĂ©, j’ai trouvĂ© le chemin des mots, incroyable et splendide, j’en suis encore Ă©mue, parce que c’est tout de mĂȘme nettement plus pĂ©renne et enrichissant comme moyen de transmission, pour tout le monde : l’enfant, le parent mais aussi l’engendrement positif de ce choix sur sa dialectique avec le monde.

      Et je mettrais le tag #sexisme aussi dans toutes ces formations violentes : gynĂ©cologie-obstĂ©trique , mĂ©decine, cuisine 

      Car Ă  y regarder de plus prĂšs, c’étaient et ce sont encore des activitĂ©s culturellement genrĂ©es et rĂ©servĂ©es dans le quotidien aux femmes : sage-femme, soignante, cuisiniĂšre, Ă©ducation. Le basculement professionnel en fait des activitĂ©s masculines, dont les formations leur sont peut-ĂȘtre interdites parce que construites dans cette optique de les empĂȘcher d’approcher, car seuls les hommes sont Ă©duquĂ©s Ă  supporter et Ă  valoriser une telle violence.