Pardonnez moi @aude_v @monolecte, je ne partage pas du tout votre avis sur le film The Session et je vais tenter de vous dire pourquoi.
Je ne remets pas du tout en question que ce film vous ai plu. C’est justement toute la problématique du cinéma. A n’en point douter, ce film fonctionne, il est bien. Les acteurs et actrices sont bons et le propos est plutôt fin. Lorsque je me retrouve à parler d’un film, j’insiste toujours pour séparer les propos liés aux affects ("Ce film m’a touché") des propos analytiques. Si le film est bon c’est bien dans une perspective d’affects. C’est pareil avec mon amour inconditionnel pour le film Total Recall, je l’ai vu à 11 ans, et pour ça je l’aimerai toujours même si ce n’est qu’une vulgaire série Z.
Maintenant, sur un plan analytique, j’ai tendance à penser le plus grand mal de The Session, et précisément parce qu’il tente de séparer une sorte de prostitution, bien connue et habituelle, d’une autre, plus spécialisée. On aurait donc la seconde qui se hisserait au rang de soins absolument légitimes et bénéfiques.
Beaucoup de ce que je reproche à ce film est de faire croire aux spectateurs ou à la spectatrice à sa dimension documentaire. Dans ce film il se passe ça : une relation épanouie dans laquelle les deux protagonistes s’impliquent, et on a vite fait de prendre cette fiction comme un exemple qui serait appliqué systématiquement dans ce nouveau travail.
Mais une chose n’est pas tout à fait claire dans le film. Les deux personnes ont bien en tête que leur rencontre aurait un caractère ponctuel et qu’il n’y aurait pas d’engagement sentimental. Ils sont très clairs tous les deux.
Certes, mais à un moment donné du film, les deux personnages se rendent compte qu’ils sont amoureux. Le professionnel l’emporte lorsqu’ils décident de ne plus se voir.
Une question : ce film aurait-il été encore un film, au sens d’un film que l’on va voir au cinéma et que l’on trouve beau, si le héros handicapé et l’héroïne n’avaient pas flirté avec une relation sentimentale. Ce que je veux dire c’est que, dans la réalité il ne se passe pas du tout ça. Dans la réalité l’handi garde ses sentiments pour lui et, au mieux négocie avec lui-même sur le caractère faux de cette rencontre. Il a découvert l’amour par pénétration, il peut le marquer sur son CV, et voilà.
En revanche, pour ce film, je trouve que ça en dit long sur l’inéluctabilité de la relation sentimentale si cette rencontre se passe bien. Je veux dire que l’aspect sentimental est toujours un enjeu quelque soit son terme. Il est hypocrite de penser que les enjeux pour la personne handi peuvent être ailleurs et le film le montre bien puisqu’il est obligé de hollywooder sa fin.
Question : avez-vous vu le film Indésirable ? Et avez-vous lu mon petit bouquin ?