• Les #tiers-lieux, entre militantisme, logiques marchandes et stratégies d’aménagement
    https://metropolitiques.eu/Les-tiers-lieux-entre-militantisme-logiques-marchandes-et-strategies

    Les tiers-lieux, symboles de l’urbanisme alternatif, peuvent-ils être autre chose qu’une parenthèse spatiale et temporelle dans la fabrique des métropoles ? Sandra Mallet et Arnaud Mège analysent ici le cas de l’Écosystème Darwin à #Bordeaux, qui tente de trouver sa place entre logiques marchandes et aménagement de ZAC. Situé sur la rive droite de la Garonne, sur les friches de l’ancienne caserne militaire Niel, l’Écosystème Darwin, tiers-lieu « branché » à « l’esprit d’entreprise engagé », est devenu au #Terrains

    / tiers-lieux, Bordeaux, #urbanisme_transitoire, #expérimentation

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_mege_mallet.pdf

  • « Ville féministe » de Leslie Kern
    https://topophile.net/savoir/ville-feministe-de-leslie-kern

    Les études urbaines privilégiant le genre sont encore rares, aussi convient-il de saluer cet ouvrage de la géographe Leslie Kern, qui dirige des recherches sur le genre à l’Université Mount Alison au Nouveau-Brunswick. Évitant toute langue de bois, l’auteure rend compte, subjectivement, de sa propre expérience de femme enceinte (où s’asseoir ?), puis de jeune mère... Voir l’article

  • Enfants dans l’espace public : enquête sur une disparition - URBIS le mag
    https://www.urbislemag.fr/enfants-dans-l-espace-public-enquete-sur-une-disparition-billet-642-urbis

    Où sont passés les enfants ? Dans les rues de nos villes, combien en croise-t-on, cartables sur le dos, et rentrant de l’école ? Combien sont-ils à avoir l’autorisation parentale de jouer dans la rue ? De faire quelques courses dans un magasin proche de leur domicile ? Bien peu. Et même, de moins en moins. Clément Rivière, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, s’est penché sur la façon dont les parents du début du 21ème siècle encadrent les pratiques de leurs enfants dans l’espace public. Récemment publié aux Presses universitaires de Lyon, son travail met en lumière les mécanismes à l’œuvre dans la fabrication des « enfants d’intérieur ». De quoi donner à réfléchir aux urbanistes et plus largement, à tous ceux qui travaillent à la conception et à l’aménagement d’espaces publics pour tous.

    #transport #territoire #ville #enfants

  • Les espaces publics, un impensé du #Grand_Paris ?
    https://metropolitiques.eu/Les-espaces-publics-un-impense-du-Grand-Paris.html

    Alors que les espaces publics sont relativement absents des débats sur l’aménagement de la région capitale, cet essai appelle à faire du #Grand_Paris_Express un levier pour transformer conjointement espaces publics et #mobilités dans la profondeur des territoires. Souvent réduits à des enjeux locaux ou techniques, les espaces publics sont un impensé des débats sur l’aménagement du Grand Paris. Les rues, les boulevards et les places demeurent majoritairement modelés pour l’automobile, laissant peu #Essais

    / #temps, #conception, Grand Paris Express, Grand Paris, mobilité, #espace_public

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-enon-fleury-maillot-trevelo.pdf

  • #Elnordpasdecdo : Les Lauréats du Paraping vert 2022 sont... Lundi 9 mai 2022 - Chez Renard
    https://elnorpadcado.org/Les-Laureats-du-Paraping-vert-2022-sont

    La Parade des Financeurs (de Lille3000) s’est élancée de la Friche Saint-Sauveur le 7 mai 2022 pour remettre, avec toute la gravité que réclame l’exercice, cinq Parpaings verts aux élus, promoteurs et architectes de la ville dense et verte. Découvrez les lauréats ci-dessous, les discours prononcés par les Officiels, et revivez en photos la Parade des Financeurs.

    Catégorie « Hydrocarbures et ruralité »
    Christophe Coulon – Conseil régional Hauts-de-France



    Eiffage et le Conseil régional entendent doubler l’aérogare de Lille-Lesquin et le nombre de vols annuels. Les éternels grincheux, riverains agacés par le bruit, amishs obsédés par le climat, seront rassurés.
    
Le Laonnois Christophe Coulon, conseiller régional, bras droit de Xavier Bertrand en charge de la ruralité, et président du Syndicat mixte de l’aéroport, les a entendus : son aéroport sera durable, propulsé à plein régime dans une démarche « Airport Carbon Accreditation » des plus ambitieuses. Son futur aéroport sera non seulement certifié « Haute Qualité Environnementale » mais encore « Bâtiment Durable », grâce à des panneaux solaires. Nous sommes certains que ses ambitions le porteront vers la récupération d’eau de pluie pour alimenter les sanisettes de l’aéroport. Ainsi demain, vous ne décollerez pas seulement pour les eaux turquoises des Seychelles ou les Calanques surpeuplées de Marseille, vous accèderez en « mobilités douces » à un tarmac éco-responsable duquel vous envoler vers un avenir harmonieux. Détruire des champs et détraquer le climat ne se feront pas sans une écologie responsable ! Coulon, ce Parpaing vert est tout à toi !

    Catégorie « Verte et verticale »
    Martine Aubry – MEL & Ville de Lille

    Certes, Lille n’est pas dans le TOP 10 des villes cyclables, n’est que 91éme des villes où il fait bon vivre, et végète dans les profondeurs du classement des villes vertes - Lille est néanmoins classée deuxième des villes où il fait bon investir dans l’immobilier, avec un « fort potentiel locatif » reconnu des professionnels.
Alors oui, ces résultats sont mauvais, mais le potentiel de progression est formidable, et les ambitions immenses. Ici, il y a un eldorado à conquérir, que Martine Aubry embrasse déjà, chevauchant sa monture verte, courant l’utopie, au galop sur son cheval sauvage !

    Les esprits étriqués qui font les mauvais palmarès ne voient pas qu’entre les buildings poussent déjà des forêts et des oasis urbaines. Le Palais Rameau n’est-il pas un démonstrateur d’agriculture hors-sol ? L’ancienne usine Fives-Cail ne va-t-elle pas accueillir une serre d’agriculture verticale ? Aubry les pouces verts n’est elle pas l’ardente défenseuse d’une végétalisation des façades, des toitures, des « rues-jardins » ? 20 000 arbres doivent être plantés dans des micro-forêts que l’on aperçoit déjà sur les terre-pleins du périphérique et les ronds-points.

    Cette force de conviction sans pareil logée chez une énarque, maire de Lille depuis 2001 et vice-présidente de la Métropole en charge de l’« Attractivité » et du « Rayonnement », prouve que l’esprit peut tout, quand il voit loin et qu’il se donne les moyens. Face aux mauvais faiseurs de classements, nous décernons un Parpaing vert bien mérité à Martine Aubry, pour ses ambitions inégalées d’arbres en pot.

    Catégorie « Bien-être »
    Ludovic Montaudon de Nacarat, et Philippe Chiambaretta, pour leur oeuvre commune : ShAKe

    Derrière nous se trouve le bâtiment bien nommé « ShAKe », contraction de Share et de Work, Partager et Travailler. Car comme le dit son illustre promoteur Ludovic Montaudon de Nacarat : « ShAKe est porteur d’une philosophie : le bien-être au travail », car le bien-être, c’est aussi un « gage d’efficacité ».
Comme le résume l’architecte Philippe Chiambaretta, et comme vous le constatez au premier coup d’œil, ici « se combinent ville et nature, travail et détente. » Situé rue de la Chaude rivière, sur l’ancienne rivière qui prenait sa source à Fives, ShAKe « participe à la création d’un îlot de fraîcheur dans le quartier, ses arbres régulent la pollution atmosphérique et favorisent la biodiversité. » ShAKe ne fait pas que respecter le Vivant, ShAKe donne la vie. Ses 30 000m² de bureaux, qui accueilleront notamment la Caisse d’Epargne, partenaire de Lille3000, sont bien plus que des bureaux : ShAKe, c’est « de l’agriculture urbaine », avec jardins suspendus, un « écosystème » du XXIe siècle qui a dépassé les basses « logiques de propriété » pour embrasser « celles d’usage et de partage. » ShAKe, c’est l’incubateur de vos rêves, c’est une utopie réalisée. Ce « bâtiment-promenade » en forme de spirale dessert d’ailleurs un « belvédère » depuis lequel admirer cette grande utopie du XX° siècle : l’Autoroute A1. Bref, ShAKe, c’est vraiment un super bâtiment ; ses promoteur et architecte méritent ce Parpaing vert, qu’on leur envoie directement dans la gueule.

    Catégorie « Vert intense »
    Isabelle Menu – Architecte d’Euralille 3000

    Nous devons ces 75 ha de bureaux nommés Euralille 3000 à Isabelle Menu, du cabinet d’architecture et d’urbanisme Saison-Menu, 73 Bld Montebello, 59 000 Lille. Certes, il a fallu étouffer la Ferme des Dondaines. Mais Isabelle ne l’a-t-elle pas délicatement réalisé « entre densité urbaine, vie de quartier paisible et héritage végétal » ? « La plaine près du casino », pelouse mirifique juchée sur l’autoroute, n’apporte-t-elle pas « une belle touche de nature » ? C’est une évidence qui sans nul doute frappe, chaque matin et chaque soir, l’automobiliste plongé dans les bouchons : la ville peut être dense et intense, mais aussi verte et reverte.

    Isabelle a un « nouveau paradigme » pour le monde : « faire gagner du terrain au paysage et à la biodiversité sur le minéral ; redonner place à la rencontre et à l’expérience sensorielle. » Avec de telles priorités, on ne comprendra jamais qu’Isabelle Menu & Associés aient été écartés du Village Olympique de Paris 2024. Son quartier, dit-elle, eut été « à impact positif, pour une ville inclusive, sans relégations, accueillante pour tous ses habitants et pour la biodiversité. » Des ambitions sans doute trop en avance sur leur temps... Isabelle, si le présent est parfois ingrat, l’avenir reconnaîtra ton talent.

    Femme et architecte, amoureuse du peuple dont elle est sortie (Isabelle est fille de mineurs), Isabelle a néanmoins été récompensée d’une légion d’honneur en 2016. Il ne fait aucun doute que tout un peuple reconnaît chez cette ancienne étudiante de l’école d’architecture de Villeneuve d’Ascq la grande aménageuse de sa ville dense et intense. Isabelle, c’est donc au nom du Peuple, mais aussi au nom des oiseaux, et au nom du futur que tu fais accoucher, que nous te gratifions de ce Parpaing vert !

    Catégorie « Parpaing d’algues »
    François Dutilleul, bétonneur pour Lille 3000

    « Le développement durable va dans le sens de l’Histoire, nous ne pouvons plus répondre aux besoins des générations présentes sans penser à préserver ceux des générations à venir. Construire des bâtiments est une activité à impacts négatifs, mais contrairement à d’autres secteurs, il est possible non seulement de les réduire, mais d’en créer de positifs. » Ainsi parla François Dutilleul, président du groupe de Bâtiments et Travaux Publics Rabot-Dutilleul, partenaire fidèle de Lille 3000.

    Engagé pour une éco-conception exemplaire, la démarche de François « se combine à un écosystème intelligent, riche de partenariats innovants avec des associations, des ONG, des startups… sources de synergies nouvelles et de collaborations concrètes. » François est une lumière dans la ville, le phare sans lequel nous voguerions sans but ni synergies ni collaborations ni intelligence ni innovation ni rien dans les flots tempétueux d’une planète meurtrie par la folie des hommes. Regard toujours porté vers l’avenir, tu es aussi, François, le digne héritier de tes aïeux, René et Jean-François, dont l’audace sut porter le groupe familial vers les cimes de la réussite. Par toi, nous rendons également hommage à Jean-François ton père, homme de culture, toujours occupé par ses fonctions d’administrateur de Lille 3000, qui sans nul doute est fier de toi, comme nous le sommes aujourd’hui au moment de te remettre ce Parpaing vert. François, merci.

    Revivez ici les moments les plus émouvants de la Parade des Financiers (cliquez sur une photo et faites défiler le diaporama, c’est plus joli.)
    Le lien https://elnorpadcado.org/Les-Laureats-du-Paraping-vert-2022-sont en bas de la page pour les 30 photographies

    #ville #ville_intelligente #spéculation #gaspillage #surveillance #France #villes #urbanisme #logement #durable #partenariats #immobilier #aéroport #écologie #végétalisation #martine_aubry #ps #béton #parpaing #ville_inclusive #euralille #lille3000

  • La responsabilité de la voiture dans l’étalement urbain
    http://carfree.fr/index.php/2022/05/03/la-responsabilite-de-la-voiture-dans-letalement-urbain

    Historiquement, est-ce la voiture qui est responsable de l’étalement urbain ou s’est-elle développée en réponse à l’étalement urbain ? Une analyse de la trajectoire de 123 villes, situées dans 57 pays, Lire la suite...

    #Argumentaires #Etalement_urbain #Fin_de_l'automobile #Ressources #angleterre #congestion #constructeurs #densité #déplacements #économie #GM #motorisation #périurbanisation #recherche #travail #urbanisme #usa #ville

  • La campagne à la #ville
    https://laviedesidees.fr/Flaminia-Paddeu-Sous-les-paves-la-terre.html

    À propos de : Flaminia Paddeu, Sous les pavés, la terre. Agricultures urbaines et résistances dans les métropoles, Seuil. La renaturation des villes offre plusieurs avantages sur le plan sanitaire, urbanistique et économique. Mais les potagers urbains peuvent aussi devenir le cheval de Troie de la gentrification. Leur culture est-elle vraiment une contre-culture ?

    #Société #agriculture #urbanisme #immobilier
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220502_campagne.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220502_campagne.pdf

  • Vers une ingénierie de la circularité
    https://metropolitiques.eu/Vers-une-ingenierie-de-la-circularite.html

    Entre manifeste et guide pratique, l’ouvrage de l’urbaniste Sylvain Grisot questionne l’étalement des villes à partir de nos manières de les construire. La paysagiste Alice Riegert nous en livre les pistes saillantes et invite concepteurs et décideurs à revendiquer d’autres gestes. « Cinq terrains de foot artificialisés en France, toutes les heures. » Le constat de Sylvain Grisot est sans appel. En tant qu’urbaniste, fondateur de l’agence Dixit.net et chercheur associé à l’université de Nantes, il #Commentaires

    / #économie_circulaire, #urbanisme, #urbanisme_temporaire, #étalement_urbain, artificialisation des (...)

    #artificialisation_des_sols
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_riegert.pdf

  • Ville du quart d’heure, ville des GAFA ?
    https://metropolitiques.eu/Ville-du-quart-d-heure-ville-des-GAFA.html

    Que cache le retour en grâce récent du thème de la ville du quart d’heure ? Mettant les discours à l’épreuve des faits, Marco Cremaschi souligne la menace d’un nouveau clivage social rendu possible par l’emprise croissante des GAFA sur les villes. Le mirage de la ville du quart d’heure fait florès en France. L’impulsion est venue du confinement du printemps 2020, qui a replacé au centre des #Débats le rêve de proximité tout en imposant un clivage entre les personnes travaillant à domicile (confinées dans Débats

    / #numérique, proximité, #urbanisme, #temps, #services_urbains

    #proximité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_cremaschi2.pdf

  • Patterns of Post-socialist Urban Development in Russia and Germany
    https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/frsc.2022.846956

    Since 1990, urbanization in post-socialist countries has frequently resulted in a loss of urban density in the existing building stock while land use patterns at the outskirts of growing city regions began to sprawl. Formerly state-planned and controlled housing forms as well as industrial and business enterprises were suddenly exposed to new market interests and finance-led investments in a globalizing world. In the initial adaptation to socio-economic transformation pressures after the fall of the iron curtain, the countries in question took different approaches in the governance of urbanization trends. The comparison of urban development between Russian and Eastern German city regions showcases two contrasting examples. Urban development in Russian city regions is largely driven by (...)

  • La métropole tentaculaire
    https://audioblog.arteradio.com/blog/177155/podcast/178475/episode-1-la-metropole-tentaculaire

    Dans ce premier épisode on parle du phénomène de métropolisation et de ses conséquences variées sur nos vies, sur le vivant (pollution, gentrification, betonnisation des sols, etc). Plusieurs militant-es de chez nous ont passé du temps dans les jardins d’Aubervilliers menacés par les JOP 2024 et dans les champs de Gonesse et Saclay sur lesquels doivent pousser les gares du Grand Paris Express. Durée : 38 min. Source : Avis de tempête

    https://sons-audioblogs.arte.tv/audioblogs/v2/sons/177155/182728/podcast_182728_8G79z.mp3

  • Knowledge Practices within and beyond Sharing and Commoning Urban Initiatives
    https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/frsc.2022.767365

    Within the context of neoliberal cities, with growing levels of housing commodification and space competition, sharing and commoning urban initiatives, within the larger framework of urban social movements, are shaping tactics of contestation. To what extent they represent sustainable efforts to urban commons governance remains largely unexplored. This paper aims therefore to contribute to better understand how practices of solidarity can be maintained beyond their first productive phase and in particular the engagement of social movement and initiatives actors in the production and maintenance of shared spatial resources. To do that, we focus on knowledge practices as a key factor to ensure sustainability of actions within and beyond urban initiatives that engage with and practice (...)

  • Geneviève Pruvost, Changer d’échelle : penser et vivre depuis les maisonnées, 2021
    https://www.terrestres.org/2022/01/05/changer-dechelle-penser-et-vivre-depuis-les-maisonnees
    https://sniadecki.wordpress.com/2022/04/15/pruvost-maisonnees

    Lors des rencontres Reprises de terres, qui ont eu lieu sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes en août 2021, la sociologue Geneviève Pruvost a proposé une intervention nourrissant les discussions et les réflexions entamées lors de cette semaine de rencontres. Ce texte, qui fait écho à la parution de son ouvrage Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance (La Découverte, 2021) est la trace écrite et légèrement remaniée de son intervention estivale.

    Qui travaille sans parvenir à toucher le SMIC, ne compte pas ses heures, même si la reconnaissance n’est pas au rendez-vous et ne peut faire autrement que de faire ce qu’il y a à faire, parfois le couteau sous la gorge, sinon personne ne mange ? Une première réponse à cette énigme pourrait être : les paysans. Mais cela pourrait tout aussi bien désigner les femmes, assignées au travail domestique. Paysans, paysannes, travailleurs, travailleuses de l’ombre dans les foyers, même combat ?

    Il s’agit de repenser la reprise de terres, qu’elles soient urbaines ou rurales, à partir de la cuisine, pour reprendre ici la formule de la féministe marxiste révolutionnaire Silvia Federici pour qui le travail ménager est le point zéro de toute révolution [1]. Le mouvement féministe l’a martelé sur tous les tons possibles : il faut porter le féminisme dans les mouvements sociaux, dans les lois, mais aussi au cœur des maisonnées. C’est de ce dernier levier, plus invisible, plus silencieux dont il sera question ici.

    […]

    il ne s’agit, certes, pas de savoir tout faire en vertu d’un modèle paysan fantasmatique d’autosubsistance accomplie (qui est en réalité toujours entre-subsistance avec d’autres maisonnées et interdépendance avec d’autres régions), mais de relancer des circuits denses d’interconnaissance active en prise avec un milieu de vie. Encore faut-il avoir à disposition un écosystème, riche de matières transformables et renouvelables. L’enjeu n’est ainsi pas seulement de favoriser l’augmentation du nombre de candidat.e.s aux métiers paysans et artisanaux, mais de proposer une réforme foncière d’ampleur qui donne accès à tout le monde à des parcelles de terre arable.

    #Geneviève_Pruvost #habitat #urbanisme #subsistance #autonomie #féminisme @chezsoi

  • #Grenoble, ville en transition écologique et sociale ?

    Entretien avec Vincent Fristot et Pierre-André Juven

    Que peuvent les villes pour lancer une dynamique de #transition_écologique et sociale ? La question se pose avec une actualité particulière pour les municipalités dirigées par une alliance de gauche, citoyenne et écologiste comme à Grenoble. Deux adjoints de la majorité issue des dernières élections, Vincent Fristot1 et Pierre-André Juven2 reviennent avec nous sur leur expérience, les initiatives prises en matière d’énergie, de transports ou d’urbanisme, leurs résultats et leurs limites.


    Mouvements : Grenoble a changé de majorité municipale dès 2014, pouvez-vous revenir sur les priorités que le « Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes » s’était donné en matière de transition écologique, sur ce qui a été possible et ce qui n’a pas été possible durant la première mandature ?

    Vincent Fristot : Avant 2014, on avait vécu un mandat sans élu écologiste dans la majorité, il y avait eu une régression et un épuisement du pouvoir local, avec un maire en fin de parcours politique. Ça s’était traduit par une convergence vraiment exemplaire à gauche, avec une mobilisation citoyenne et écologiste très forte qui a permis de montrer qu’une autre voie était possible pour les politiques publiques locales avec des ambitions discutées lors de travaux de mise en commun d’objectifs. Concernant les aspects #mobilités, on sortait aussi d’une ère où on avait agi contre des projets de plan de #déplacement_urbain qui étaient focalisés sur une traversée routière (voire autoroutière) de la Bastille avec la construction d’un tunnel, ce qui représentait un investissement d’un à deux milliards d’euros qui allait plomber les finances publiques pour longtemps, et on avait réussi à faire annuler ce projet au tribunal administratif. Il était donc très important de repartir sur une feuille vierge. C’est comme ça qu’un #plan_de_déplacement urbain, le #PDU 2030, a pu être voté en métropole en 2019. C’était le premier axe. Le second était le plan d’#urbanisme, avec là encore des projets qui avaient été lancés dans le contexte du productivisme de la construction, avec plus de 1 000 logements neufs par an à Grenoble. Le rythme de construction était très important, y compris avec des immeubles de grande hauteur, donc il y avait des mobilisations très fortes qui ont aidé à renforcer la quête d’alternative. Il fallait aussi réorienter les outils des collectivités. On a des outils locaux puissants en matière d’#énergie, comme #Gaz_Électricité_de_Grenoble (#GEG) et la #Compagnie_de_Chauffage (#CCIAG) ; il était important de sortir de la gouvernance privée de ces Sociétés d’Économie Mixte qui sont majoritairement détenues par les collectivités. Je pense que la reprise en main de ces outils a été cruciale. Donc, pour résumer, une réorientation des #politiques_publiques vers l’usager, le citoyen, le climat, les ressources à utiliser avec sobriété, et puis la santé des habitant.es, au regard de la #qualité_de_l’air. Parfois, il faut y consacrer des moyens, mais on est aussi là pour trouver des aides, des subventions de l’Europe, de la Région, des différents niveaux institutionnels.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux qui sont à la frontière entre rénovation énergétique et construction. Quelles sont vos marges de manœuvre par rapport au parc privé et au PLU ?

    Vincent Fristot : Alors, plusieurs marges de manœuvre existent. Au niveau du #PLU, on a voulu brider les #consommations_énergétiques des futures opérations, y compris des rénovations, puisque la réglementation définit un plafond. On a baissé de 20 % ce plafond, ce qui permet déjà de donner une direction. Je me souviens qu’au moment de mettre en place cette mesure, des promoteurs sont venus dans mon bureau en disant que c’était impossible de faire ça, alors qu’on avait des opérations qui le mettaient déjà en œuvre. La #Caserne_de_Bonne avait été une opération d’#éco-quartier, primée au niveau national d’ailleurs, qui me permettait de dire : « Mais attendez, ça intéresse tout le monde, et vous ici, locaux, ça ne vous intéresse pas ? ». Et au fil des projets urbains de Grenoble, on a sans cesse rehaussé la barre en termes de performance. Pour le privé, la ville a aussi une dimension d’aménageur : elle rachète des terrains, les viabilise et les revend aux promoteurs d’opérations qui vont faire du privé. Et au moment de la vente, on a des leviers : en donnant des objectifs et des seuils minimaux de performance, de coût, on peut faire bouger beaucoup de choses. On a des opérations qui sont basées sur des matériaux en bois, d’isolants en paille ou en #matériaux_biosourcés, y compris de la terre. Nous, le matériau terre, on l’a mis en œuvre en tant que maître d’ouvrage dans une école sur la ZAC Flaubert (des briques de #terre_crue pour le rez-de-chaussée et du #bois). Mais on peut aussi le faire passer dans la commande de ce que l’on va réaliser via la construction de #logements publics ou privés. Donc ce sont des logements, des commerces ou des bureaux qui vont être commercialisés par les promoteurs en direction d’usagers privés ou des locataires, mais qui ont des qualités environnementales extrêmement performantes en termes de qualité de l’air intérieur, de choix des matériaux et donc à faible contenu carbone, à faible dépense énergétique, et surtout en termes de confort, parce que si l’hiver il faut chauffer, l’été, ici, il faut faire attention aux surchauffes. Dernier point : on a une agence locale de l’énergie et du climat qui est en capacité de venir inspecter les travaux finis et de faire un suivi avec les aménageurs. D’ailleurs, les projets européens exigent en général d’avoir un suivi de ce qui est réellement construit et consommé, une fois les vrais habitant.es dans les logements. Donc il y a vraiment une attention portée à l’ensemble du cycle de construction et on aboutit, je pense, à des choses qui sont assez performantes pour aller vers le bas carbone.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur la question des compétences techniques et de la relation avec les services de la ville, en particulier quand on arrive dans une municipalité qui a ses traditions et qu’il s’agit d’infléchir les choses ? Quel genre de tensions ça peut générer ?

    Vincent Fristot : Comme dans toute organisation, il y a des rapports de forces qui peuvent s’exprimer au niveau technique, au niveau administratif, entre services, entre élu.es. C’est comme dans les entreprises. La question clé est celle du portage politique de ces sujets. Avec un maire qui, comme le nôtre, parle des transitions écologiques et sociales à longueur de journées ou de réunions, pour les adjoints c’est plus facile. Et puis quand on a un œil un peu attentif aux aspects techniques, finalement, des solutions nouvelles peuvent être trouvées. Mais en sept ans de mandat depuis 2014, on a dû faire, dans les services, de très importants changements de personnes ; en particulier pour certain.es qui arrivaient en fin de carrière et pour lesquels il était très difficile de concevoir l’activité de façon parfois très orthogonale à ce qui se faisait avant. C’est un gros virage à prendre que d’adopter une vision transversale, non plus enfermée dans son chemin traditionnel, mais en lien avec l’ensemble des acteurs.rices et des habitant.es avec cette conséquence que l’intégralité des dispositifs administratifs est concernée par les transitions.

    C’est une transformation qui n’est pas encore complète. Il y a encore beaucoup de productivisme, et arriver avec des scénarios de décroissance énergétique, ce n’est pas forcément ce qui est le plus facile. Par exemple, pour le gaz, on observe une décroissance importante de la consommation pour plusieurs raisons. On a une substitution du gaz par le réseau de chaleur pour certains usages parce qu’il est beaucoup plus performant au niveau environnemental. Il émet beaucoup moins de CO2 que le gaz, et en plus, en 2030, il devrait être 100 % renouvelable. On récupère de la chaleur issue de l’incinération des déchets ou du site chimique au sud de l’agglomération. Donc, on a une alternative aux combustibles fossiles. Il faut vraiment travailler sur les réseaux et donc, si on veut maintenir un service identique du gaz, même renouvelable, on est devant des difficultés d’investissement et des augmentations de prix.

    Mouvements : Quels sont les objectifs de réduction de la #consommation_énergétique à l’horizon 2030 pour Grenoble ?

    Vincent Fristot : Un schéma directeur énergétique de la métropole a été voté en 2017, avec moins 30 % de combustibles fossiles en 2030, lesquels représentent 85 % de la consommation. Donc, il y a un objectif fort de réduction. Forcément, comme je le disais, il y a des sujets autour des tarifs du réseau de chaleur. Donc, on a mis en place des comités d’usagers pour les services publics qui ont été créés autour de l’eau, autour du chauffage urbain et du gaz. Et sur l’eau je peux mentionner notre tarification sociale de l’eau qui est une spécificité de la métropole : pour certains ménages à bas revenus, il y a une redistribution, un abaissement de la facture, sans aucune démarche, ce qui est très important en termes de reconnaissance de l’accès à ce droit.

    Mouvements : Sur ces enjeux de consommation énergétique et de changement du mix, quelles sont les choses sur lesquelles vous butez vraiment, et qui relèveraient des limites des capacités d’action de la ville ?

    Vincent Frisot : Pour les projets énergétiques, la question décisive n’est pas nouvelle, elle est de savoir qui paie les transitions. Cela se traduit par des choses très concrètes quand on regarde les éléments du parc immobilier de la ville. Par exemple, celui des 80 écoles de Grenoble : comment faire pour rénover thermiquement cet ensemble ? On connaît les coûts. C’est 3 à 4 millions d’euros par groupe scolaire pour une rénovation thermique globale (ventilation, menuiserie et fenêtres, et isolation par l’extérieur). Comment on partage ce coût ? Certes, on peut bénéficier de subventions de l’Europe, etc. Mais comment on finance l’ensemble des opérations ? On est encore en train de chercher. Le but est d’en faire de plus en plus, de changer les modalités. On essaie d’en faire de notre côté en maîtrise d’ouvrage interne, ce qui évite des coûts externalisés, mais les marges de manœuvre sont faibles et les blocages sont d’ordre politique et financier. Au niveau national, on voit bien qu’il n’y a pas assez de volonté et de moyens pour réellement isoler des bâtiments de façon sérieuse, et le gouvernement continue à entretenir l’illusion qu’il a fait le nécessaire. Donc ce sont vraiment des choix politiques, y compris au niveau de la métropole où aujourd’hui on a un contexte politique nouveau. Lors du dernier mandat, on avait une cohérence d’ensemble entre les communes autour de Grenoble, entre l’agglomération et la ville centre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Certaines communes veulent prendre un peu leur revanche par rapport à Grenoble, ce qui se traduit concrètement par une baisse des moyens pour les mobilités alternatives sur Grenoble. Certes, lors du premier mandat, il y a eu beaucoup de réalisations, mais il reste encore beaucoup de choses à faire, qui bénéficient à tout le monde. Et maintenant, pour de nombreuses politiques publiques, on voit que les projets de l’agglo sont plutôt portés sur la périphérie. Donc, on a aujourd’hui un problème de fonctionnement politique de la métropole. Cela concerne les outils historiques de la ville de Grenoble : la métropole est réticente à acquérir la compagnie de chauffage (GEG) même si elle va y être obligée, parce qu’aujourd’hui c’est elle qui a la compétence, plus la ville de Grenoble. Pour ce qui concerne le logement aussi, la métropole rechigne à se doter d’un vrai outil de construction et elle fait comme si elle pouvait continuer à vivre dans le train-train courant avec son budget classique, alors qu’elle est devenue une métropole, qu’il y a des enjeux extrêmement lourds en matière de transition, de justice sociale, de qualité de l’air, de climat. Tout cela ne se traduit pas réellement aujourd’hui par des engagements financiers. Et donc on en pâtit, y compris la ville-centre qui représente un tiers de la métropole.

    Mouvements : On va continuer avec Pierre-André Juven sur la question des mobilités alternatives, parce que dans la palette d’enjeux auxquels les « villes en transition » se confrontent aujourd’hui, il y a les enjeux d’étalement et la question des mécanismes pour favoriser d’autres mobilités voire une « dé-mobilité ».

    Pierre-André Juven : Effectivement, j’ai pris la suite de Vincent sur la délégation urbanisme avec une spécificité qui a été de lier cette délégation à celle de la santé. Le principe de la politique urbaine à Grenoble est la résultante d’une série de nécessités et d’urgences. Il y a un besoin de nouveaux logements et notamment de #logements_sociaux, qui n’exclut pas, par ailleurs, de travailler sur le logement vacant, le logement insalubre et le logement indigne. Si on considère qu’il faut limiter à tout prix l’#étalement_urbain et la logique pavillonnaire qu’on a pu connaître dans les décennies précédentes, lesquelles contribuent à l’#artificialisation_des_terres et à la destruction des surfaces agricoles, c’est dans les villes qu’il faut aller chercher le #foncier disponible. La nécessité de repenser l’urbanisme est aussi imposée par des enjeux écologiques et sociaux. D’où l’importance de lier la structuration urbaine et des mobilités favorables au climat et à la santé.

    À ce titre, la #zone_à_faible émission (#ZFE) est une des politiques publiques importantes en matière de #mobilité, de qualité de l’air et donc de contribution à la lutte contre le réchauffement climatique avec un fort impact sur la santé des populations. Quand on parle de ZFE, on observe très vite des crispations fortes et des tensions entre groupes politiques. C’est très difficile de sortir du dualisme entre d’un côté l’urgence climatique et sanitaire et de l’autre l’urgence sociale. On se retrouve face à cette opposition, au fond stérile, entre fin du mois et « fin du monde » alors que la crise écologique touche aussi plus fortement les ménages modestes, par exemple du fait des inégalités face aux pathologies chroniques induites par la pollution de l’air. Le principe de la ZFE est relativement simple, c’est un calendrier donné, imposé par la loi « climat et résilience » – que nous, à Grenoble, on aimerait voir plus ambitieux, mais c’est une politique métropolitaine, donc on n’est pas les seuls à décider – et ce calendrier définit à partir de quand on ne peut plus rouler avec tel type de véhicule. Le problème de la ZFE, est que, par exemple, un ménage qui aurait fait l’acquisition d’un diesel d’occasion il y a deux ans, devra changer de voiture dans deux ou trois ans. Et évidemment, c’est extrêmement difficile, parce que les ménages n’ont pas forcément les moyens de remplacer leur véhicule. Donc, la première question est : est-ce que tout le monde a besoin de remplacer sa voiture ? Et dans les études qui ont été réalisées par Transitec, une agence d’études sur les mobilités, a priori, il y a au moins un tiers du parc automobile grenoblois qui pourrait ne pas être renouvelé. Cela veut dire que si demain on dit à tout le monde : « Vous pouvez conserver votre voiture mais vous ne pourrez accéder à la ZFE que sous réserve de tel et tel critère », il y aura probablement un tiers des gens qui diront : « Moi, dans ce cas-là, je n’ai plus besoin de ma voiture », ce qui est a priori assez vertueux en termes de pollution de l’air et de surface disponible. On parle souvent de foncier disponible, mais à l’échelle d’une ville, la place occupée par la route, les parkings, le stationnement, est phénoménale. La solution, est donc de densifier l’offre de transport en commun pour permettre de dé-motoriser une partie des ménages. Ensuite, il faut un accompagnement financier. Mais cela a un coût. Ce sont les métropoles qui conduisent ces politiques, mais elles peuvent tout à fait être appuyées par l’État. Aux journées de France urbaine, au mois de septembre, Jean Castex a annoncé 450 millions pour les ZFE. On ne sait pas s’ils seront véritablement distribués parce que c’est une promesse d’année présidentielle et jusqu’ici l’État a peu contribué à doter les ZFE de moyens financiers.

    L’autre cause majeure de #pollution sur l’agglomération est le #chauffage au bois. Et quand on additionne la prime de l’État, celle de la métropole et celle de la ville – puisqu’on a voté au mois de mars une délibération « qualité de l’air » pour augmenter la prime de remplacement du chauffage au bois – les ménages modestes et intermédiaires ont un reste à charge de zéro pour le remplacement d’un appareil dont le coût peut être de 5 à 6 000 euros. Donc on peut tout à fait, si les collectivités et l’État mettent les moyens, engager une transition qui ne soit pas douloureuse pour les ménages précaires.

    A propos de ces tensions entre logique sociale et logique écologique, on a un autre enjeu qui est celui du suivi et de l’entretien des logements sociaux, avec des bailleurs sociaux qui sont dans des situations financières assez difficiles (du fait de la réforme des APL et d’autres mesures) et qui, tout en produisant du logement, sont en difficulté en matière de gestion locative, de réhabilitation des appartements et des immeubles, etc. Et là, c’est pareil, les choix sont le fait des collectivités dans les zones d’aménagement concertées dont parlait Vincent. On est à plus de 40 % de logements sociaux produits dans ces parties de la ville, avec un cahier des charges exigeant en matière de type de bâti, de qualité de l’air, d’espaces végétalisés, de services accessibles, etc. Ce sont des rapports de force omniprésents.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux du marché de la construction avec le problème de la convergence entre lobbies de l’immobilier et experts techniques, voire avec les services techniques de la ville. Jusqu’à quel point y êtes-vous confrontés ? Ou au contraire, parce que Grenoble a une longue histoire d’expérimentation dans ce domaine, le problème se pose de façon moins aiguë que dans d’autres villes ?

    Pierre-André Juven : C’est probablement moins aigu en ce qui concerne les imbrications entre enjeux techniques et orientations politiques. Ce que je vois avec notre mandature est que le travail qui a été fait entre 2014 et 2020, notamment par Vincent, a permis une acculturation assez forte aux idées portées par la majorité municipale, au sein des services techniques de la ville, auprès des agents de la ville, mais aussi pour nombre d’aménageurs qui sont des acteurs très important pour le suivi des opérations, notamment dans les ZAC. Vincent parlait des cultures professionnelles dans le milieu de l’énergie, et même si dans le milieu du bâtiment il y a aussi des cultures de constructeur, on arrive de plus en plus à poser la question de la réhabilitation. Donc, pour l’essentiel, ce travail d’acculturation, a été opéré depuis 2014, même s’il y avait à Grenoble une tradition datant de la zone d’aménagement concerté de Bonne.

    Mouvements : Comment trouver des sources de légitimité, des points d’appui qui ne sont pas simplement la parole des élu.es de la municipalité ? Par exemple pour convaincre les entreprises du BTP ?

    Pierre-André Juven : Il y a une nécessité à être assez solide techniquement pour pouvoir discuter avec les services, avec les acteurs économiques, pour être capable de justifier les choix en matière de qualité du bâti, de végétalisation, de surface et d’espace commun pour les habitant.es d’un immeuble, etc. Une des raisons, peut-être, pour lesquelles on est, à Grenoble, moins en difficulté que d’autres face aux promoteurs, est qu’il y a effectivement cette histoire longue de transition à Grenoble. Un certain nombre d’acteurs privés dans le domaine du bâtiment et de la promotion immobilière ont compris que ça allait être plus difficile pour eux d’engager des opérations à Grenoble s’ils ne prêtaient pas attention à un certain nombre d’exigences. Ce d’autant plus que l’attractivité et la valeur des biens qu’ils vont produire dépendent aussi des politiques de transition. Dès le moment où on met en avant la qualité de l’air intérieur, la végétalisation de la parcelle, un garage à vélos, l’infiltration de l’eau, la disposition de panneaux photovoltaïques et donc la consommation d’énergie pour l’immeuble, etc., pour les habitant.es de centre-ville, tout cela compte énormément. Donc c’est aussi stratégiquement intéressant d’un point de vue économique et marchand et on a des acteurs de la promotion et du bâtiment qui l’ont compris et avec qui on travaille plutôt bien.

    Une autre source de légitimité, si on se place dans une perspective politique plus large, est qu’on connaît les tendances de fond du dérèglement climatique : il y a des raisons objectives d’en tenir compte qui deviennent de plus en plus difficiles à contester. Les îlots de chaleur urbains à Grenoble, sont la résultante de phénomènes climatiques documentés depuis longtemps. De même, en matière de santé des populations, si l’urbanisme favorable à la santé trouve aujourd’hui des relais, c’est parce que cela fait déjà plusieurs années que cette question a été réfléchie, pensée et portée politiquement. Donc on a des phénomènes sociaux, climatiques, politiques, qui font que les acteurs économiques, d’une certaine façon, sont obligés de plier, parce que ce n’est pas seulement une volonté des responsables politiques locaux, parce que c’est devenu une volonté visible de la majorité des habitant·es.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur cette question des îlots de chaleur : Grenoble est célèbre pour l’intensité du phénomène. Quelle est la politique de la ville ? Et comment articule-t-elle mesures de transition, démocratisation, implication des habitant.es ?

    Pierre-André Juven : Effectivement, on est une ville soumise en été à des phénomènes d’îlots de chaleur urbains et de canicule de plus en plus fréquents. On travaille beaucoup là-dessus, avec des géographes et des climatologues, d’abord pour nous aider à bien comprendre ce qui se passe. On sait que plusieurs choses favorisent ces îlots : les grandes surfaces verticales exposées au soleil de façon non filtrée : quand il n’y a pas de végétalisation, c’est le bâtiment qui prend directement la chaleur ; les rues disposées en canyon où l’air circule de façon restreinte ; la nature des matériaux utilisés pour construire ; la place de l’eau en ville aussi. Et puis il y a les activités anthropiques : la voiture, la climatisation, tout un tas de pratiques liées à l’homme. Donc, on a commencé à établir un diagnostic cartographié. On est à la confluence de trois massifs – Belledone, la Chartreuse et le Vercors – avec des grandes vallées et des courants d’air très forts ; on a deux fleuves, le Drac et l’Isère, qui sont des sources de fraîcheur importantes ; mais il y a des points de la ville où, par contre, les îlots de chaleur sont très forts. Et donc, il faut faire l’inverse de tout ce que j’ai listé, et on retombe sur des tensions difficilement solubles. Par exemple, concernant le logement de qualité, le rapport Girometti-Leclercq, qui a été remis à Emmanuelle Wargon il y a quelques mois, préconise d’augmenter la hauteur sous plafond, pour des raisons de qualité de l’air intérieur, d’espace, de lumière. Mais si on augmente la hauteur réglementaire, on augmente le risque d’îlots de chaleur. Il faut donc imaginer des solutions comme la végétalisation des façades, une couleur claire pour les bâtiments, l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés. Donc là, on a nommé un adjoint pour travailler spécifiquement sur cette question : il est adjoint à la fraîcheur et à la nature en ville chargé de penser la place de l’eau dans la ville avec par exemple la possibilité de débuser un certain nombre de cours d’eau ou encore l’idée – et là on rejoint l’articulation de l’écologique et du social – de créer un lac baignable dans le parc de la Villeneuve, une cité d’un quartier populaire bien connu de Grenoble. Et puis après, il y a la lutte contre les activités anthropiques qui favorisent l’augmentation de la température. Et pour cela, la réduction du transport automobile dont on parlait est une priorité.

    Mouvements : Pour finir, au-delà de l’expérience de Grenoble, peux-tu parler de la manière dont vous inscrivez vos réflexions et vos politiques dans les réseaux de villes en transition ?

    Pierre-André Juven : Il y a plusieurs modalités de participation à ces réseaux. Il y a des participations par thématiques et par délégations, il y a des élu.es en charge du lien avec le réseau des villes en transition, via la biennale des villes en transition, mais il y a aussi les réseaux généraux de villes. Le maire est vice-président de « France urbaine » et participe activement à son animation. Je connais mieux le « réseau des villes santé OMS » qui fédère des villes de plusieurs couleurs politiques. Il porte des préoccupations sur les questions climatiques, de santé publique, d’offre de soins, de santé mentale, et conduit des opérations de plaidoyer pour des politiques de santé fortes auprès de l’État et du ministère.

    Mouvements : Dans quelle mesure ce réseau peut-il être une ressource à la fois pour la politique locale et pour jouer sur les échelles d’action, faire pression sur l’État ?

    Pierre-André Juven : Il s’agit surtout de ressources d’expertise. Le réseau des villes OMS a produit une série de travaux importants sur un ensemble de politiques publiques : sur les espaces verts et la santé, sur les mobilités et la santé, sur le sport et la santé, etc. Ses documents sont d’une part des synthèses de connaissances scientifiques mobilisables pour réfléchir et légitimer l’action politique mais il y a aussi des recommandations basées sur des expériences municipales qui permettent aux élu.es de disposer d’exemples et de s’inspirer d’initiatives prises ailleurs. Il s’agit donc à la fois d’information et de légitimité. Quand il faut justifier d’une politique publique en matière de santé, laquelle peut être contraignante – on parlait des rapports de forces avec des acteurs économiques dans le monde de la construction, c’est la même chose pour la santé –, disposer de ressources qui synthétisent une multitude d’avis et d’expertises, est un point d’appui important dans les négociations.

    A ce propos, j’aimerais insister sur la place paradoxale de la santé dans les discussions sur la transition écologique. C’est assez surprenant mais les politiques de santé à l’échelle de la ville sont celles qui suscitent le moins de débats, que ce soit en commission avec les oppositions ou en conseil municipal. Quelles que soient les arènes, les politiques de santé rencontrent très peu d’intérêt. Si on parle des écoles, de la culture, de l’urbanisme, des mobilités, des espaces publics, de la propreté, on a immédiatement un débat. Mais la santé est quelque chose qui semble complètement apolitique…peut-être parce que c’est difficile d’aller s’opposer à des politiques publiques qui visent l’amélioration de la santé des populations. Donc articuler étroitement la question de la santé et celle de la transition écologique est aussi une façon de rendre plus difficile l’expression d’une opposition frontale. C’est assez clair quand on parle de qualité de l’air. Si sur le chauffage au bois et la voiture, on invoque le climat ou la pollution, on va en convaincre quelques-uns, mais ça ne va pas être irréfutable. Si, par contre, on invoque les asthmatiques et les personnes qui meurent de la pollution tous les ans, ça devient en fait quelque chose qui n’est plus contestable. Et c’est valable pour de nombreux sujets : sur la qualité des logements, sur les mobilités, sur la biodiversité. Dans la légitimation de la transition écologique, la santé est un levier politique complètement sous-estimé alors qu’il est extrêmement puissant. L’imbrication du dérèglement climatique et des enjeux sanitaires est tellement forte que porter des politiques publiques visant ces derniers suppose des politiques publiques visant le premier. Parler santé permet d’entraîner l’adhésion, et de gagner des combats politiques, ou en tout cas de rendre plus difficile à nos adversaires de bloquer les politiques de justice sociale et de transition écologique.

    https://mouvements.info/grenoble-ville-en-transition-ecologique-et-sociale

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  • Le plus grand immeuble de Suisse porte bien ses 60 années

    Le bâtiment central de la cité du #Lignon mesure plus d’un kilomètre. C’est le plus grand ensemble locatif de Suisse. La #qualité_de_vie est réelle dans ce quartier de 6500 habitants, mais des tensions existent entre anciens, nouveaux venus et jeunes adultes.
    C’était l’année 1974. Michèle Finger se souvient de son arrivée dans la #Cité_du_Lignon. Elle était en voiture avec celui qui deviendrait son mari. La cité s’allongeait devant elle avec son kilomètre de long, ses 2780 logements et 84 allées. « C’était inimaginable, immense. Je n’arrivais pas à visualiser un bâtiment de cette taille », se remémore-t-elle. Une fois à l’intérieur, Michèle est rassurée. « Mon ami était installé dans un quatre pièces. C’était bien conçu et très lumineux. La vue était grandiose, sans vis-à-vis. C’était étrange, on ne se sentait pas coincé dans une cité », raconte cette ancienne comptable, originaire de Porrentruy. Le temps est passé, les enfants sont partis et désormais, Michèle et son mari se préparent à déménager dans une maison avec un encadrement socio-médical, tout en restant près du Lignon.

    Le promoteur et architecte genevois #Georges_Addor (1920-1982), chef de ce projet, prévu initialement pour loger jusqu’à 10’000 personnes, aurait été ravi d’entendre Michèle. « Le bonheur des gens ? C’est la préoccupation la plus grande d’un architecte qui construit un ensemble de cette taille », affirmait-il en 1966 devant les caméras de la RTS. « Dès lors qu’une personne a compris qu’elle aura quatre voisins autour d’elle, avoir 15 étages en-dessous ou au-dessus d’elle ne changera rien », expliquait ce fils de la grande bourgeoisie immobilière du canton. « Il était encarté à gauche et roulait en Maserati », résume au sujet d’Addor, l’architecte #Jean-Paul_Jaccaud. Son bureau a participé à la #rénovation_énergétique de 1200 appartements du Lignon, un travail primé fin 2021 par le magazine alémanique « Hochparterre » et le Musée du design de Zurich. Le travail s’est étalé sur dix ans et aura coûté 100 millions de francs.

    Une construction rapide et fonctionnelle

    Tout dans l’histoire du Lignon s’écrit avec de grandes lettres. Le projet a d’abord été élevé en un temps record. Nous sommes à 5 kilomètres du centre. Il y a de la place pour construire dans des zones tracées par l’État pour organiser le développement du canton sans le miter. Durant la première étape, entre 1963 et 1967, 1846 #appartements sont réalisés. « Aujourd’hui, une telle rapidité serait impensable, comme d’ailleurs la conception d’un projet de ce type », estime Jean-Paul Jaccaud. L’œuvre est moderniste et fonctionnelle. L’État et la commune de #Vernier visent la #mixité_sociale. Le grand serpent du Lignon, dont les allées descendent vers le Rhône par petits degrés offre des appartements conçus à l’identique, qu’il s’agisse d’un logement social ou d’un appartement en propriété par étages. Tous les appartements sont traversants. Les prix sont définis en fonction de la taille des logements et de l’étage. Jean-Paul Jaccaud cite l’exemple d’un 6 pièces proposé à 2800 francs mensuel.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=pAoTel16ZnQ&feature=emb_logo

    « …comme dans une ruelle du Moyen-Âge »

    On pénètre dans le quartier en passant sous une arche. Le côté intérieur du serpent est silencieux. On chemine à l’abri du trafic. Les parkings sont cachés sous de grandes pelouses. Dessiné par l’architecte-paysagiste Walter Brugger, l’espace public est ponctué de fontaines, de places. Les rez-de-chaussée sont transparents. Un bel escalier en pierre blanche permet de descendre vers le Rhône en pente douce, « comme dans une ruelle du Moyen-Âge », compare Jean-Paul Jaccaud. Georges Addor a bâti en hauteur et en ligne afin de préserver les 280’000 mètres carrés de terrain disponibles pour l’ensemble du projet, avec au bout une surface identique de plancher habitable. Non seulement le bâtiment central est long, mais il est aussi très élevé, atteignant 50 mètres par endroits. Jusqu’aux années 1990, la plus haute tour du Lignon, qui en compte deux, était également la plus haute de Suisse. « Rares sont les bâtiments de ce type à avoir aussi bien vieilli », commente Jean-Paul Jaccaud.

    Du calme, de la lumière et des services à la population

    Au 10e étage de la plus petite des deux tours de la Cité, qui constituent le haut du panier au Lignon, nous visitions un appartement qui vient d’être rénové. Les travaux ont permis d’améliorer la performance énergétique de 40%. La conception initiale n’était pas mauvaise, indique l’architecte genevois. En effet, un immeuble tout en longueur limite le nombre de parois à isoler. En ce matin de janvier, le soleil inonde les pièces. La vue est grandiose, on découvre un bras du Rhône et au-delà le Jura. Autre astuce d’Addor ? Les deux tours en question ont été élevées au point le plus bas, « pour éviter de les rendre dominantes », explique Jean-Paul Jaccaud.

    Tous les habitants du Lignon le disent : la Cité est une ville à la campagne. Elle permet aussi d’y vivre en autonomie. Au cœur du Lignon bat un petit centre commercial d’un étage. Il y a là tout le nécessaire : tea-room, restaurant, brasserie, cordonnier, coiffeur, poste, boucherie, clinique. Et aussi une paroisse protestante, une église catholique, un terrain multi-sport, une ludothèque, un local pour les adolescents et deux groupes scolaires.

    Chaque samedi, l’ancien pasteur Michel Monod, qui vit ici depuis 1973, se poste entre la Migros et la Coop pour saluer les gens. « Techniquement, c’est un ensemble parfait », dit-il. Avant de déplorer le manque de liens entre les habitants, dans cette Cité qui compte plus de 100 nationalités. « C’est le règne de l’individualisme de masse », juge-t-il.

    De jeunes adultes en mal d’un lieu de vie

    Michel Monod co-dirige le Contrat de quartier du Lignon, dont le but est d’aider les gens à réaliser des projets communautaires. Chaque jour, il rejoint un auvent situé sous la salle de spectacle du Lignon. Là, à l’abri des regards, de jeunes adultes du quartier se réunissent, se réchauffant parfois au feu d’un brasero artisanal. Michèle Finger connaît le lieu. Ce regroupement de jeunes qui fument et boivent des bières en écoutant du rap suscite chez elle un sentiment d’insécurité, dans cette cité où elle se reconnaît moins qu’avant. Certes, le loyer des époux Finger est dérisoire, soit 1200 francs pour un cinq pièces, charges et garage compris. Mais cette habitante, qui s’investit dans plusieurs associations du quartier, déplore des détritus s’amoncelant devant des lieux de collecte, des crachats dans l’ascenseur et le fait que des jeunes squattent le bas des allées. « Je ne connais pas les locataires installés récemment dans mon immeuble. Les gens ne prennent même plus la peine de relever le journal du quartier », dit-elle, pointant un manque d’intérêt des « nouveaux étrangers » arrivant au Lignon.

    Travailleur social au Lignon depuis 2012, Miguel Sanchez, 39 ans, connaît ce discours et comprend ce malaise. « Avec ses loyers peu chers, le Lignon offre une solution à des personnes issues de la migration. Cette mixité ethnique et sociale, dans un contexte général économique plus tendu, rend peut-être la création de liens plus compliquée que par le passé », analyse-t-il. « Mais le Lignon n’est pas une cité dortoir, comme il en existe en France. Elle est équipée et entretenue. D’ailleurs les jeunes sont fiers de vivre ici. Il n’y a jamais eu de gros souci de sécurité ou de criminalité. Il faut plutôt parler d’incivilités », décrit l’animateur socio-culturel.

    En fait, Michel Monod prête aux jeunes du brasero des qualités qui feraient défaut aux résidents du Lignon. « Ils sont extrêmement fidèles en amitié. Des gens me disent, enfermez-les ! Je leur dis : ce sont vos enfants. » Lui aussi, lors de son arrivée au Lignon avait trouvé le quartier hors de proportion. « Je m’étais dit : ce n’est pas possible de vivre comme dans une termitière et je m’étais donné comme mission de réunir les gens. » Mais lui aussi aime le Lignon.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/le-plus-grand-immeuble-de-suisse-porte-bien-ses-60-annees
    #Le_Lignon #Genève #Suisse #urbanisme #architecture #logements_sociaux #prix #Walter_Brugger #espace_public #Rhône #autonomie #liens #liens_sociaux #incivilités #sécurité #criminalité

  • La #plateforme Architecture et #Précarités est en ligne !

    Cette plateforme présente les réponses architecturales, urbaines et paysagères aux enjeux de #précarité en France et ailleurs. Ce projet est né d’un triple constat : celui du durcissement des politiques urbaines et des dispositifs d’inhospitalité envers des populations précaires (migrant·e·s, sans-abris, réfugié·e·s, personnes âgées…), et plus largement envers tou·te·s celles et ceux qui parcourent la ville avec plus ou moins de fragilités ; celui de l’existence de nombreuses initiatives pour contrer ces dispositifs et créer des nouveaux lieux d’hospitalité et d’accueil ; celui du manque de visibilité de ces initiatives. Comment rendre visible ces connaissances qui s’accumulent, mais restent si rarement publiées ?

    La plateforme capitalise ces connaissances. C’est un outil qui s’adresse à une variété de protagonistes confrontés à ces problématiques : collectivités, professionnel·le·s de l’aménagement, collectifs et associations, concepteur·rice·s (architectes, urbanistes, designers, paysagistes…), citoyen·ne·s, enseignant·e·s, étudiant·e·s et chercheur·e·s des écoles d’architecture et de paysage.

    Cette plateforme est collaborative : vous êtes invité·e·s à recenser de nouvelles expériences pour les diffuser et enrichir le répertoire (voir la rubrique « Enrichir la base de données »).

    Cette plateforme a pour ambition de créer une sorte de « Musée social du XXIe siècle », à la fois lieu d’archivage, de transmission et de discussion de ces connaissances. Ce projet porte une dimension politique car les expériences recensées constituent des réponses plurielles, localisées, multi-situées et le plus souvent collectives. Elles contribuent à faire exister les publics de la ville dans toute leur diversité.

    La recherche sur la plateforme est possible via le moteur de recherche ou selon quatre entrées : mots-clés, localisation géographique, acteur·rice·s impliqué·e·s, liste des projets. Chacune des interventions a été recensée selon cinq catégories : transformations spatiales ; recherches et publications ; actions sociales et artistiques ; plateformes et collectifs ; expériences pédagogiques.

    https://umrausser.hypotheses.org/20541

    Lien vers la plateforme :
    https://architecture-precarites.fr

    #France #urbanisme #géographie_urbaine #urban_matters #inhospitalité #hospitalité #accueil #aménagement #recensement #liste
    #TRUST #Master_TRUST

  • Community and Commons (Urban Concepts)
    https://urbanpolitical.podigee.io/50-community_commons

    In this first episode of the Urban Concept series, Louis Volont (MIT, Boston) and Thijs Lijster (University of Groningen) discuss with Talja Blokland (Humboldt University, Berlin) the concepts of community and commons and consider implications for urban research and action. The series introduces key urban concepts and reflects on their relevance in the fields of theory, research and politics.

    #urban,political,community,commons,concepts,research,politics,Esposito,Ostrom
    https://main.podigee-cdn.net/media/podcast_13964_urban_political_pdcst_episode_717748_community_and_c

  • Temporary Urban Projects: Proposing a Multi-Positional Framework for Critical Discussion
    https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/frsc.2022.722665

    The aim of this article is to create fertile ground for critical discussion of the discursive field of temporary urban projects (TUPs), their multiple positionings and governance potential in urban and metropolitan development. TUPs constitute short-lived or temporally restricted spatial interventions and social activities in otherwise vacant urban settings. Often made from cheap materials and simple construction methods, TUPs activate urban spaces in transition. Through spatial appropriations, TUPs can explore new uses and potentials in these transforming urban areas. Despite aesthetic and spatial similarities, the discursive field of TUPs is diverse and covers a plethora of uses and understandings of space, actors, activities, intentions and strategies. A critical discussion that (...)

  • Dépasser « la ville néolibérale »
    https://metropolitiques.eu/On-ne-sort-pas-indemnes-de-la-ville-neoliberale.html

    Les citoyens ont-ils réellement perdu le pouvoir sur leurs villes ? C’est l’une des thèses des #études_urbaines que Gilles Pinson présente et discute dans un ouvrage publié en 2020. Isabelle Baraud-Serfaty réagit à cette lecture à la lumière de son expérience de consultante en économie urbaine. Entre les deux premiers confinements, Gilles Pinson a publié aux PUF La Ville néolibérale, ouvrage d’une grande clarté et d’une grande utilité pour comprendre les dynamiques urbaines. D’une part, les attentes des #Commentaires

    / #néolibéralisme, études urbaines

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_baraud-serfaty.pdf

  • Bulldozer contre têtes de pioches : les jardins familiaux de Tourcoing sèment la tourmente Brianne Cousin
    Malgré une pétition qui a recueilli plus de 36 000 signatures, les jardins familiaux de la rue des Martyrs, à Tourcoing, restent inaccessibles depuis septembre 2021. Dans un rétropédalage en règle, la mairie de la ville vient de renoncer à la vente du terrain. Entre guéguerre associative et histoire de gros sous, le sort des 14 000 mètres carrés de parcelles semble pourtant loin d’être scellé.


    En septembre 2021, les jardiniers de la rue des Martyrs ont vu un bulldozer débarquer sur leur terrain. Ils ont été priés de quitter les lieux. Photo : N.K

    « Ça fait 48 ans que je vis ici », raconte Fatma d’une voix calme, enfoncée dans son fauteuil, un mug à la main. Dans sa petite maison, au nord de Tourcoing, flotte une odeur de café chaud. Sur le canapé, un gros chat sommeille. On aperçoit un petit coin d’herbe par la fenêtre, et quelques arbres. « Ce sont des figuiers, sourit-t-elle, pas peu fière. J’ai aussi un abricotier et un noyer ! »
    Lorsqu’elle a emménagé avec son mari Slimane, il y a 48 ans, « c’était la campagne. Il y avait des champs de pommes de terres, de betteraves, de maïs. On avait deux fermes près de chez nous. Et c’est tout. » Puis, la promenade de Flandres et sa flopée de magasins ont débarqué au coin de sa rue, en 2017. « Ça nous a fait un coup, on ne pouvait rien y faire ! Avant, on avait la nature, aujourd’hui, on a Kiabi et Leroy Merlin ». Seule consolation pour Fatma et Slimane, les jardins familiaux de la rue des Martyrs, situés juste en face de leur maison. « Mon mari a eu un jardin pendant 30 ans, se remémore-t-elle, avec nostalgie. C’est le patrimoine du quartier. » 
     
    Quand nous rencontrons Fatma, en janvier 2022, les 14 000 mètres carrés de jardins familiaux de la rue des Martyrs sont inaccessibles. Un gros cadenas et de larges chaînes enserrent l’entrée.Certains en ont profité pour jeter leurs déchets par-dessus les grilles. Un matelas a pris possession d’une parcelle de terrain et gît, inerte, sous la pluie.

    Quelques mois plus tôt, début septembre 2021, Fatma et la cinquantaine de jardiniers amateurs qui cultivaient des légumes rue des Martyrs ont assisté, impuissants, à l’arrivée d’un bulldozer. Les grilles ont été scellées ; les habitants priés de quitter les lieux. « Ça faisait bientôt neuf ans que j’avais mes jardins. Au début du mois d’août, on a appris qu’on devait partir », se désole Cathy Vandamme, ancienne jardinière. « C’est vraiment dégueulasse !, renchérit son compagnon Guy Lemaire. Ils nous ont vraiment pris de court ! Ils nous ont virés comme des malpropres… » À l’origine de l’expulsion : un conflit vieux de dix ans, où s’entremêlent guéguerre associative et histoires de gros sous.


    Une cinquantaine de jardiniers amateurs cultivaient fruits et légumes dans les jardins familiaux de la rue des Martyrs. Photo : L.K

    La suite en activant le mode lecture de Firefox  : https://www.mediacites.fr/enquete/lille/2022/03/11/bulldozer-contre-tetes-de-pioches-les-jardins-familiaux-de-tourcoing-seme

    #Tourcoing #jardins_familiaux #associations #jardin #écologie #agriculture #france #jardinage #potager #urbanisme #agriculture_urbaine

    • #Lille Bois-Blancs : 400 familles de la cité des Aviateurs de nouveau poussées au départ Brianne Cousin
      Le documentaire Derrière les arbres donne la parole aux habitants de la cité des Aviateurs, implantée dans le quartier de Bois-Blancs, à Lille. Transportées depuis Saint-Sauveur dans les années 1960, 400 familles sont de nouveau poussées à l’exode par un vaste programme de renouvellement urbain.

      « C’est un quartier vachement vivant, convivial. » Brigitte Sulkowski habite la cité des Aviateurs, à Bois-Blancs, dans l’ouest lillois, depuis 1963. En décembre 2019, quelques jours avant Noël, elle apprend que son logement va être détruit. « On a tous nos souvenirs dans ce quartier. C’est une île dans Lille », confie-t-elle quelques mois plus tard. Ce coup de massue affecte aussi Fatima El Mizmizi, François Coliche ou encore Myriam Tigroudja, tous habitants du même quartier, qui ont accepté de livrer leur témoignage dans le documentaire Derrière les arbres https://auxboisblancs.fr/derriere-les-arbres , co-réalisé par Marc Duport et Christophe Giffard et diffusé mardi 8 mars au cinéma l’Univers, à Lille.


      Portrait d’une résidente de la cité des Aviateurs, dans le quartier Bois-Blancs, à Lille. Photo : Guillaume Cortade

      « Ce qui m’a donné envie de faire ce documentaire, ce sont les mots de Martine Aubry dans “Martine Aubry, la dame de Lille”www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/58548_1 , explique Marc Duport. C’est une réponse du peuple à la maire de la ville. » Dans cet autre documentaire, dont un extrait est d’ailleurs repris dans Derrière les arbres, la maire de Lille s’exprime sur la transformation du quartier de Bois-Blancs après l’implantation de l’incubateur de start-ups EuraTechnologies, en 2009 : « Il reste un micro-quartier qui pose problème, c’est le quartier des Aviateurs, un quartier d’habitat social. Et donc nous avons acquis le bout de cette presqu’île avec un promoteur social, et on va refaire du privé dans ce qui est aujourd’hui uniquement social. »

      « On fait tâche avec EuraTechnologies »
      Les 352 logements de la cité des Aviateurs ont vu le jour en 1960, pour reloger les habitants des anciennes courées de Saint-Sauveur, devenues insalubres. À l’époque, le quartier de Bois-Blancs abrite des ouvriers d’anciennes filatures — fermées depuis. Aujourd’hui, les habitants du quartier vivent la même histoire. « Tous les bâtiments des Aviateurs qui ne seront pas déconstruits feront l’objet d’une rénovation complète. L’ensemble des locataires actuels seront relogés avant le démarrage des travaux », explique la Métropole européenne de Lille (MEL) dans son dossier de concertation https://participation.lillemetropole.fr/uploads/decidim/attachment/file/1320/220308_Dossier_concertation-VERSION_COMPLETE.pdf . Soit 387 familles, selon les réalisateurs du documentaire.
      Demain, . . . . .


      Vue d’une rue entre deux barres HLM de la cité des Aviateurs, à Bois-Blancs (Lille). Photo : Guillaume Cortade

      La suite en activant le mode lecture de Firefox  : https://www.mediacites.fr/mediacites-a-vu-pour-vous/lille/2022/03/09/bois-blancs-400-familles-de-la-cite-des-aviateurs-de-nouveau-poussees-a-l

      #logement #inégalités #gentrification #urbanisme #expulsion #france #racisme #bobos #ps #lille #martine_aubry #MEL

    • Condamnation à l’unanimité pour le nouveau Palais de Justice de Lille Jacques Trentesaux
      Magistrats, avocats, greffiers crient à la catastrophe lorsqu’ils évoquent le futur bâtiment du tribunal judiciaire de Lille. En pointe dans ce combat, la bâtonnière du Barreau de Lille, Marie-Christine Dutat, nous explique les raisons de cette fronde.


      Marie-Christine Dutat, bâtonnière de l’Ordre des avocats de Lille, est vent debout contre le nouveau Palais de Justice. Image : OMA / ArtefactoryLab
      Les protestations prennent une ampleur inédite à propos du nouveau Palais de justice qui doit être construit à la lisière entre Lille et La Madeleine. Celles-ci sont sont très anciennes, mais on a l’impression que rien ne bouge alors que les travaux doivent normalement débuter en mai.
      Ce n’est pas qu’une impression ! En 2017, déjà, une pétition circulait pour critiquer le sous-dimensionnement du bâtiment. On nous avait alors promis une concertation mais rien n’est venu jusqu’en 2021. Et puis, on s’est aperçu qu’en plus du problème de la trop petite taille, le bâtiment prévoyait une séparation entre les magistrats et les justiciables. Ces derniers seraient reçus dans des salles d’audience partagées et anonymes. Ceci déshumanise la justice. Tous les professionnels de justice sont unis pour s’opposer au nouveau Palais de justice tel qu’il a été conçu. 

      Comment expliquer cette inadéquation architecturale ?
      Le souci est qu’on donne aux architectes le soin de concevoir des bâtiments alors qu’ils ne connaissent pas la réalité de nos métiers. Il y a aussi une recherche d’économies : le nouveau bâtiment prévoit par exemple 60 postes de magistrats supplémentaires, alors qu’on sait qu’il en manque beaucoup plus . Pour ce qui est des avocats, on nous a tout d’abord attribué 80 m2, puis 110 m2, alors qu’on dispose de 395 m2 aujourd’hui… C’est nettement insuffisant, ne serait-ce que parce que nous jouons un rôle d’auxiliaires de justice en tenant des permanences gratuites d’accès au droit. 
       


      Vue extérieure du nouveau Palais de justice de Lille. Image : OMA / ArtefactoryLab

      Pourtant, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, est avocat. Il devrait être sensible aux conditions de travail de ses pairs…
      Je l’ai eu au téléphone et il nous a accordé 30 m2 de plus. Cela montre un degré de sensibilité très relat
      . . . . .

      La suite en activant le mode lecture de Firefox : https://www.mediacites.fr/interview/lille/2022/03/10/condamnation-a-lunanimite-pour-le-nouveau-palais-de-justice-de-lille

      #privatisation de la #justice en cours #travaux_inutiles #gaspillages #des_grands_projets..._inutiles_ #france

  • Le quartier maghrébin de Jérusalem, mille ans de coexistence religieuse - Ép. 3/4 - Histoire de Jérusalem
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-l-histoire/le-quartier-maghrebin-de-jerusalem-mille-ans-de-coexistence-religieuse

    Fondé en 1187 par Saladin et son fils, le quartier maghrébin de Jérusalem accueille pendant près de huit cents ans des pèlerins au long cours, venus du Maroc, d’Algérie et de Tunisie. Quand une nuit, du 10 au 11 juin 1967, ces quelques centaines d’habitants sont forcées par les autorités israéliennes de quitter les lieux. Dès le lendemain, les bulldozers rasent toute trace d’existence de ce quartier.

  • Aménagement et #climat : une généalogie de l’adaptation
    https://metropolitiques.eu/Amenagement-et-climat-une-genealogie-de-l-adaptation.html

    Que signifie l’adaptation pour les disciplines de l’aménagement de l’espace ? Un ouvrage des géographes Vincent Berdoulay et Olivier Soubeyran développe un point de vue généalogique et critique sur les usages contemporains de cette notion. Dans L’Aménagement face à la menace climatique. Le défi de l’adaptation, les géographes Vincent Berdoulay et Olivier Soubeyran cherchent à clarifier la généalogie de la notion d’adaptation pour l’aménagement territorial confronté aux changements climatiques. Procédant à #Commentaires

    / #urbanisme, climat, #adaptation, #aménagement

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_younes.pdf