person:pierre rimbert

  • Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle, par Serge Halimi & Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, avril 2019)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/HALIMI/59723

    Parmi eux, Le Monde, un quotidien dont les prises de position éditoriales servent alors de référence au reste de la galaxie médiatique française. Sa rédaction, dirigée par Edwy Plenel, admet avoir « fait le choix de l’intervention (2) ». En première page de l’édition du 8 avril 1999, un article de Daniel Vernet annonce : « Ce plan “Fer à cheval” qui programmait la déportation des Kosovars ». Le journaliste reprend les informations dévoilées la veille par le ministre des affaires étrangères allemand, l’écologiste Joschka Fischer. Ce « plan du gouvernement de Belgrade détaillant la politique de nettoyage ethnique appliquée au Kosovo (…) porte le nom de code de plan “Fer à cheval”, sans doute pour symboliser la prise en tenaille des populations albanaises », écrit Vernet, pour qui la chose « paraît faire peu de doutes ».

  • Un mot qui signifie « panique », par Pierre Rimbert
    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/164/RIMBERT/59698

    Il est d’usage qu’un texte consacré au #populisme débute par l’aveu d’un léger malaise : à quoi rime une notion qui rassemble les paysans américains et les étudiants russes de la fin du XIXe siècle, MM. Bernie Sanders et Donald Trump, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, Nicolás Maduro et Jair Bolsonaro ? Mais, sitôt ce doute exposé, il convient de n’en tenir aucun compte et d’enchaîner sur un constat tout aussi rituel : le danger populiste est de retour, il menace le pluralisme et la #démocratie. Ce disque rayé tourne depuis plus d’un demi-siècle.

  • Tous populistes !, par Pierre Rimbert
    https://www.monde-diplomatique.fr/mav/164

    Emmanuel Macron en a fait son slogan pour les élections européennes ; France Inter, son obsession ; Bernard-Henri Lévy, sa dernière pièce de théâtre : combattre « la montée des #populismes » est le cri de ralliement des gens bien formés, bien informés et bien habillés. Mais que recouvre réellement ce mot d’ordre ?

  • France’s class wars, by Serge Halimi & Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique - English edition, February 2019)
    https://mondediplo.com/2019/02/02gilets-jaunes-class-war

    In times when social groups crystallise and there is undisguised class struggle, everyone has to choose sides. The centre ground disappears. And even the most liberal, educated and distinguished people drop any pretence of peaceful coexistence. Fear robs them of their composure.

    [...]

    During the Paris Commune in 1871, there was a similar transformation of thought among intellectuals and artists, some of whom had been fair-weather progressives. The poet Leconte de Lisle was infuriated by ‘this league of all the underclass, all the useless people, all the envious, the murderers, the thieves.’ Gustave #Flaubert thought that ‘the first remedy should be to end universal suffrage, the disgrace of the human mind.’ Émile #Zola, reassured by the punishment that had resulted in 20,000 deaths and almost 40,000 arrests, thought it offered a moral for the working class: ‘The bloodbath they have just experienced was perhaps a horrible necessity to calm some of their fevers’

    #peur #gilets_jaunes « #libéral » #France

  • Il n’y a pas beaucoup d’articles en anglais sur les #Gilets_Jaunes, et celui ci tombe dans certains pièges, mais il est plutôt meilleur que la moyenne :

    Popular Uprising in Paris and Left’s Fear of Populism
    Ranabir Samaddar, Alternatives international, le 14 décembre 2018
    https://ici-et-ailleurs.org/contributions/actualite/article/les-gilets-jaunes-vus-d-inde

    Ca, par exemple, c’est trop précis pour être vrai :

    The Yellow Vests call for : (a) No one be left homeless ; (b) end of the austerity policy ; cancellation of interest on illegitimate debt ; end of taxing the poor to pay back the debt ; recovery of the 85 billion Euros of fiscal fraud ; (c) creation of a true integration policy, with French language, history and civics courses for immigrants ; (d) minimum salary €1500 per month ; (e) giving privilege to city and village centres by stopping building of huge shopping malls and arcades ; (f) more progressive income tax rates ; and finally (g) more taxes on big companies like Mac Donald’s, Google, Amazon and Carrefour, and low taxes on little artisans.

    Mais ça c’est pas mal :

    The rebels donning yellow breakdown-safety vests required to keep in their cars by the government have spurned political parties. They got organized on social media, and began acting locally. The movement spread in this way on successive Saturdays. Saturdays, because on working days women raising kids with their precarious jobs cannot strike. Thus, women receptionists, hostesses, nurses, teachers have come out in unusually large numbers. It is not the banal strike that the Left engages in, but something more. The Left in France as elsewhere has surrendered before the neo-liberal, pro-business counter-reforms. The union leaders are eager to keep their place at the table. They only go through the motions of carrying out strikes. Workers were fatigued.

    #Yellow_Vests #France

  • La puissance insoupçonnée des travailleuses, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, janvier 2019)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/RIMBERT/59406

    La présence sur les ronds-points d’une forte proportion de femmes des classes populaires a frappé les observateurs. Ces travailleuses font tourner les rouages des services essentiels : santé, éducation. Au-delà du soulèvement de cet automne, elles représentent le pouvoir ignoré du mouvement social.
    par Pierre Rimbert  

    Elles portent un gilet jaune, filtrent la circulation sur les ronds-points, parlent de leur #vie_quotidienne, se battent. Infirmières, auxiliaires de vie sociale, assistantes maternelles ont elles aussi endossé la parure fluorescente pour déchirer le voile qui d’ordinaire dérobe au regard extérieur les travailleuses des coulisses. Femmes et salariées, double journée de labeur et revenu modique, elles tiennent à bout de bras la charpente vermoulue de l’État social.

    Et pour cause : les secteurs majoritairement féminins de l’éducation, des soins, du travail social ou du nettoyage forment la clé de voûte invisible des sociétés libérales en même temps que leur voiture-balai. L’arrêt de ces services fondamentaux paralyserait un pays. Qui, alors, s’occuperait des personnes dépendantes, des nourrissons, du nettoyage, des enfants ? Cadres briseurs de grève et forces de l’ordre lancées à l’assaut des barrages cette fois n’y pourraient rien : à l’école de gendarmerie, on n’apprend pas à laver les vieillards. Transférées au siècle dernier de l’univers familial, religieux ou charitable à celui du #travail salarié, ces tâches ne sautent aux yeux que lorsqu’elles ne sont plus prises en charge. À force d’infliger à ces travailleuses réputées endurantes des réductions de moyens alors que la demande croît, ça craque. #Femmes de ménage dans les hôtels et dans les gares, employées des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), personnel hospitalier ont tour à tour mené depuis la fin de l’année 2017 des batailles âpres et souvent victorieuses.

    La figure du mineur ou du travailleur à la chaîne, père d’une famille dont il assurait le revenu unique, a si puissamment symbolisé la classe ouvrière au cours du xxe siècle qu’on associe encore les classes populaires aux hommes. Qui pense spontanément aux travailleuses quand on lui parle de prolétariat ? Certes, les ouvriers, depuis longtemps remisés par les médias dans la galerie des espèces sociales disparues, représentent encore à eux seuls plus d’un actif sur cinq. Mais la féminisation du monde du travail compte au nombre des bouleversements les plus radicaux du dernier demi-siècle, en particulier à la base de la pyramide sociale. En France, les travailleuses représentent 51 % du salariat populaire formé par les ouvriers et employés ; en 1968, la proportion était de 35 % (1). Depuis un demi-siècle, le nombre d’emplois masculins n’a guère varié : 13,3 millions en 1968, contre 13,7 millions en 2017 ; dans le même temps, les emplois occupés par des femmes passaient de 7,1 millions à 12,9 millions. En d’autres termes, la quasi-totalité de la force de travail enrôlée depuis cinquante ans est féminine — dans des conditions plus précaires et pour un salaire inférieur d’un quart. À elles seules, les salariées des activités médico-sociales et éducatives ont quadruplé leur effectif : de 500 000 à 2 millions entre 1968 et 2017 — sans compter les enseignantes du secondaire et du supérieur.

    Alors qu’au XIXe siècle la montée en puissance du prolétariat industriel avait déterminé la stratégie du mouvement ouvrier, le développement prodigieux des services vitaux à dominante féminine, leur pouvoir potentiel de blocage et l’apparition de conflits sociaux victorieux n’ont pas jusqu’ici connu de traduction politique ou syndicale. Mais, sous une telle poussée, la croûte se craquelle et deux questions s’imposent : à quelles conditions ces secteurs pourraient-ils déployer leur puissance insoupçonnée ? Peuvent-ils s’organiser en un groupe dont la force rejoigne le nombre, forger une alliance sociale capable de lancer des initiatives, d’imposer son rapport de forces et de mobiliser autour d’elle d’autres secteurs ? À première vue, l’hypothèse paraît extravagante. Les travailleuses des services vitaux forment une nébuleuse de statuts éparpillés, de conditions d’exercice et d’existence hétéroclites, de lieux de travail éloignés. Mais, de même que l’absence d’unité interne n’a pas empêché le mouvement des « #gilets_jaunes » de faire corps, ce qui divise le prolétariat féminin des services paraît à l’examen moins déterminant que les facteurs d’agrégation. À commencer par la force du nombre et par un adversaire commun.

    Des classes populaires aux classes moyennes, ces salariées chargées de l’entretien et de la #reproduction_de_la_force_de_travail (2) se distinguent par leurs effectifs massifs (voir l’infographie ci-dessous). On y trouve les #ouvrières des services aux entreprises (elles sont 182 000 à nettoyer les locaux), mais surtout le prolétariat des services directs aux particuliers. Cinq cent mille aides ménagères, 400 000 assistantes maternelles et plus de 115 000 domestiques interviennent le plus souvent à domicile. Un plus grand nombre encore exercent dans des institutions publiques : 400 000 aides-soignantes, 140 000 auxiliaires de puériculture et aides médico-psychologiques et plus d’un demi-million d’agents de service — sans compter le personnel administratif. À ces effectifs féminins s’ajoutent ceux des hommes, très minoritaires. Ce salariat populaire mal payé, aux horaires décalés, qui effectue dans des conditions difficiles des tâches peu valorisées, côtoie dans la production des services vitaux les professions dites « intermédiaires » de la santé, du social et de l’éducation. Mieux rémunérées, plus qualifiées, plus visibles, les 2 millions de travailleuses de ce groupe en croissance continue exercent comme infirmières (400 000), enseignantes en primaire (340 000), puéricultrices, animatrices socioculturelles, auxiliaires de vie scolaire, éducatrices spécialisées, techniciennes médicales, etc.

    Population active par catégories socioprofessionnelles, Cécile Marin


    Bien sûr, un fossé sépare l’infirmière d’un hôpital public et la nounou sans papiers employée chez un particulier. Mais cet ensemble disparate, qui, avec les hommes, regroupe plus du quart des actifs, concourt à la production d’une même ressource collective et présente plusieurs points communs. En premier lieu, la nature même des services à la personne, des soins, du travail social et de l’éducation rend ces emplois non seulement indispensables, mais aussi non délocalisables et peu automatisables, car ils exigent un contact humain prolongé ou une attention particulière portée à chaque cas. Ensuite, tous ces secteurs subissent les politiques d’#austérité ; de l’école à l’Ehpad, leurs conditions d’exercice se dégradent et les conflits couvent. Enfin, ils jouissent d’une bonne réputation auprès d’une population qui peut s’imaginer vivre sans hauts-fourneaux, mais pas sans écoles, hôpitaux, crèches ou maisons de retraite.

    Cette configuration unique dessine les contours d’une coalition sociale potentielle qui rassemblerait le prolétariat des services vitaux, les professions intermédiaires des secteurs médico-social et éducatif, ainsi qu’une petite fraction des professions intellectuelles, comme les enseignants du secondaire.

    Au cœur du conflit entre les besoins collectifs et l’exigence de profit

    Si la formation effective d’un tel bloc se heurte à quantité d’obstacles, c’est peut-être qu’on a rarement tenté de les surmonter. Malgré la crue entêtante des statistiques, aucun parti, syndicat ou organisation n’a jusqu’ici fait le choix de placer ce socle à dominante féminine et populaire au cœur de sa stratégie, de faire part systématiquement de ses préoccupations, de défendre prioritairement ses intérêts. Et pourtant, les acteurs les plus conscients et les mieux organisés du mouvement ouvrier regroupés autour du rail, des ports et des docks, de l’électricité et de la chimie savent que les luttes sociales décisives ne pourront éternellement reposer sur eux, comme l’a montré en 2018 le conflit sur la réforme des chemins de fer. Ils ont vu depuis quatre décennies le pouvoir politique détruire leurs bastions, briser les statuts, privatiser leurs entreprises, réduire leurs effectifs, tandis que les médias associaient leur univers à un passé dépassé. À l’opposé, les secteurs féminins des services à la personne et des services publics pâtissent d’une organisation souvent faible et de traditions de lutte encore récentes ; mais ils croissent et occupent dans l’imaginaire un espace dont les classes populaires ont été depuis longtemps chassées : l’avenir. Pendant que les réflexions sur les transformations contemporaines exaltent ou maudissent les multinationales de la Silicon Valley et les plates-formes numériques, la féminisation du salariat impose une modernité sans doute aussi « disruptive » que la faculté de tweeter des photographies de chatons.

    D’autant qu’elle pourrait encore s’amplifier. Aux États-Unis, la liste des métiers à forte perspective de croissance publiée par le service statistique du département du travail prédit, d’un côté, la création d’emplois typiquement masculins, tels qu’installateur de panneaux photovoltaïques ou d’éoliennes, technicien de plate-forme pétrolière, mathématicien, statisticien, programmateur ; de l’autre, une myriade de postes traditionnellement occupés par des femmes, tels qu’aide de soins à domicile, aide-soignante, assistante médicale, infirmière, physiothérapeute, ergothérapeute, massothérapeute. Pour un million d’emplois de développeur informatique prévus d’ici à 2026, on compte quatre millions d’aides à domicile et d’aides-soignantes — payées quatre fois moins (3).

    Deux raisons fondamentales empêchent l’ancien sidérurgiste de Pittsburgh dont l’activité a été délocalisée en Chine de se reconvertir en auxiliaire de puériculture. La frontière symbolique des préjugés, d’abord, si profondément inscrite dans les têtes, les corps et les institutions qu’elle dresse encore un mur entre la culture ouvrière virile et les rôles sociaux assignés par les clichés patriarcaux au genre féminin. Mais aussi le décrochage scolaire masculin, qui freine sensiblement les possibilités de reconversion professionnelle. « Les adolescents des pays riches courent une fois et demie plus de risques que les filles d’échouer dans les trois disciplines fondamentales : les mathématiques, la lecture et les sciences », notait l’hebdomadaire The Economist dans un dossier spécial consacré aux hommes et intitulé « Le sexe faible » (30 mai 2015). À cette déconfiture correspond une hausse spectaculaire du niveau d’instruction féminin qui, a contrario, facilite la mobilité professionnelle. Cette grande transformation passée inaperçue installe un peu plus les travailleuses au cœur du salariat. Depuis la fin du siècle dernier, la part des femmes parmi les diplômés du supérieur dépasse celle des hommes : 56 % en France, 58 % aux États-Unis, 66 % en Pologne, selon l’Agence des Nations unies pour l’éducation, les sciences et la culture (Unesco)... En 2016, 49 % des Françaises de 25 à 34 ans détenaient un diplôme des cycles courts — brevet de technicien supérieur (BTS), diplôme universitaire de technologie (DUT) — ou longs — licence, master, doctorat —, contre 38 % des hommes (4). Ces derniers dominent toujours la recherche, les filières de prestige, les postes de pouvoir et l’échelle des salaires. Mais l’université forme désormais une majorité de diplômées susceptibles d’occuper les emplois qualifiés mais peu prestigieux de l’économie dite des services.

    En effet, ce basculement ne remet pas en cause la prépondérance masculine dans les formations liées aux mathématiques, à l’ingénierie informatique et aux sciences fondamentales. Résultat : une opposition de genre et de classe s’accentue entre deux pôles du monde économique. D’un côté, l’univers féminin, de plus en plus qualifié mais précarisé, dont les services médico-socio-éducatifs constituent le centre de gravité. De l’autre, la bulle bourgeoise de la finance spéculative et des nouvelles technologies, qui domine l’économie mondiale et où le taux de testostérone bat des records : les jeunes entreprises de la Silicon Valley emploient comme ingénieurs informatiques 88 % d’hommes, et les salles de marché 82 % d’analystes masculins (5). De ces deux cosmos que tout oppose, l’un domine l’autre, l’écrase et le dépouille. Le chantage à l’austérité des « marchés » (6) et la prédation qu’exercent les géants du numérique sur les finances publiques à travers l’évasion fiscale se traduisent par des réductions d’effectifs ou de moyens dans les Ehpad, les crèches, les services sociaux. Avec des conséquences inégalement réparties : en même temps que leur activité affaiblit les services publics, banquiers, décideurs et développeurs emploient quantité d’aides à domicile, d’auxiliaires de vie, de professeurs particuliers.

    Plus généralement, les ménages de cadres, professions intellectuelles supérieures et dirigeants d’entreprise recourent massivement aux services domestiques à la personne (7). Ils seraient les premiers touchés si les femmes souvent issues des classes populaires et, dans les métropoles, de l’immigration venaient à cesser le travail. Verrait-on alors professeurs d’université, notaires, médecins et sociologues féministes expliquer à leurs femmes de ménage qu’il faut continuer le travail au nom de l’obligation morale d’attention et de bienveillance, vertus que la domination masculine a érigées au cours des siècles en qualités spécifiquement féminines ? C’est pourquoi la coalition des services vitaux qui rassemblerait employées et ouvrières, professions intermédiaires et personnel de l’enseignement primaire et secondaire ne pourrait se constituer que par opposition aux classes supérieures qui les emploient.

    D’abord, le pourrait-elle, et à quelles conditions ? Isolées, parcellisées, peu organisées, plus souvent issues de l’immigration que la moyenne, les travailleuses des services à la personne ou du nettoyage cumulent les formes de domination. Mais surtout, leur addition ne forme pas un groupe. Transformer la coalition objective qui se lit dans les tableaux statistiques en un bloc mobilisé requerrait une conscience collective et un projet politique. Il incombe traditionnellement aux syndicats, partis, organisations et mouvements sociaux de formuler les intérêts communs qui, au-delà des différences de statut et de qualification, relient l’infirmière et la femme de ménage. De chanter aussi la geste d’un agent historique qui naît, sa mission, ses batailles, afin de ne laisser ni à BFM TV ni aux experts le monopole du récit. Deux thèmes pourraient y contribuer.

    Le premier est la centralité sociale et économique de ce groupe. De la statistique nationale aux médias, tout concourt à ce que le salariat féminin des services vitaux demeure invisible dans l’ordre de la production. Le discours politique renvoie les soins, la santé et l’éducation à la notion de dépense, tandis qu’on associe généralement ces métiers « relationnels » aux qualités supposément féminines de prévenance, de sollicitude et d’empathie. Que la soignante ou l’enseignante les engage nécessairement dans son travail n’implique pas qu’il faille l’y réduire. Assimiler les services vitaux à des coûts, évoquer ces bienfaits dispensés par des femmes dévouées plutôt que les richesses créées par des travailleuses permet d’éluder l’identité fondamentale des aides-soignantes, auxiliaires de vie ou institutrices : celle de productrices (8). Produire une richesse émancipatrice qui pave les fondements de la vie collective, voilà un germe autour duquel pourrait cristalliser une conscience sociale.

    Le second thème est celui d’une revendication commune à l’ensemble du salariat, mais qui s’exprime avec une intensité particulière aux urgences hospitalières, dans les Ehpad ou les écoles : obtenir les moyens de bien faire son travail. L’attention parfois distraite du grand public aux conditions de labeur des cheminots et des manutentionnaires se change en préoccupation, voire en révolte, lorsqu’il s’agit de réduire le temps de toilette d’un parent dépendant, de fermer une maternité en zone rurale ou de laisser des équipes sous-dimensionnées s’occuper de malades mentaux. Chacun le sait d’expérience : la qualité des soins croît en proportion de la quantité de travail investie dans leur production. D’apparence bonhomme, la revendication des moyens d’accomplir sa tâche dans de bonnes conditions se révèle très offensive. La satisfaire, c’est remettre en cause l’austérité, l’idée qu’on peut faire toujours plus avec toujours moins, les gains de productivité arrachés au prix de la santé des salariés. Et aussi les boniments culpabilisateurs qui reportent sur les agents la responsabilité de « prendre sur eux » pour atténuer les effets des restrictions budgétaires. Nombre d’Ehpad dispensent par exemple des formations « humanitude » — des techniques de « bientraitance » mobilisant le regard, la parole, le toucher, transformées en label dont se prévalent les établissements — à des employées qu’on prive simultanément des moyens de traiter les anciens avec l’humanité requise. Comme si la maltraitance dérivait non pas principalement d’une contrainte économique extérieure, mais d’une qualité individuelle qui manquerait au personnel...

    Que l’exigence de ressources allouées aux besoins collectifs contredise l’exigence de profit et d’austérité place les services vitaux et leurs agents au cœur d’un conflit irréductible. Depuis le tournant libéral des années 1980, et plus encore depuis la crise financière de 2008, dirigeants politiques, banquiers centraux, Commission européenne, patrons ingénieurs des nouvelles technologies, hauts fonctionnaires du Trésor, éditorialistes et économistes orthodoxes exigent la réduction du « coût » de ces activités. Et provoquent ce faisant leur dégradation intentionnelle au nom d’un bon sens des beaux quartiers : le bien-être général se mesure à la prospérité des premiers de cordée. Ce bloc conscient de ses intérêts a trouvé en M. Emmanuel Macron son chargé d’affaires.

    Un socialisme des services à dominante féminine contrôlé par les travailleurs eux-mêmes

    En face, la coalition potentielle dont les productrices de services vitaux forment le moyeu ne peut naître à sa propre conscience qu’en formulant explicitement la philosophie et le projet qu’elle porte en actes au quotidien sous les préaux, dans les chambres et les salles de soins. C’est l’idée qu’un financement collectif des besoins de santé, d’éducation, de propreté et, plus largement, de transports, de logement, de culture, d’énergie, de communication ne constitue pas un obstacle à la liberté, mais au contraire sa condition de possibilité. Le vieux paradoxe qui subordonne l’épanouissement individuel à la prise en charge commune des premières nécessités dessine une perspective politique de long terme susceptible de rassembler le salariat féminin et de le constituer en agent de l’intérêt général : un socialisme des services à la couverture étendue qui lui donnerait les moyens d’accomplir sa mission dans les meilleures conditions, prioritairement déployé auprès des classes populaires vivant dans les zones périurbaines frappées par le retrait de l’État social et contrôlé par les travailleurs eux-mêmes (9).

    Car, en plus d’accomplir le prodige de s’organiser, la coalition des services à dominante féminine aurait pour tâche historique, épaulée par le mouvement syndical, de rallier à elle l’ensemble des classes populaires, et notamment sa composante masculine décimée par la mondialisation et parfois tentée par le conservatisme. Ce dernier trait n’a rien d’une fatalité.

    On jugera volontiers irréaliste d’assigner à ces travailleuses qui cumulent toutes les dominations un rôle d’agent historique et une tâche universelle. Mais l’époque ne sourit décidément pas aux réalistes qui jugeaient en 2016 impossible l’élection de M. Donald Trump sur une stratégie symétriquement inverse : coaliser une fraction masculine des classes populaires frappées par la désindustrialisation avec la bourgeoisie conservatrice et les couches moyennes non diplômées. Ravis de cette capture, médias et politiques aimeraient réduire la vie des sociétés occidentales à l’antagonisme qui opposerait désormais les classes populaires conservatrices, masculines, dépassées, incultes et racistes qui votent en faveur de M. Trump, de M. Benyamin Netanyahou ou de M. Viktor Orbán à la bourgeoisie libérale cultivée, ouverte, distinguée, progressiste qui accorde ses suffrages aux formations centristes et centrales qu’incarne M. Macron. Contre cette opposition commode, qui occulte la passion commune aux dirigeants de ces deux pôles pour le capitalisme de marché (10), le salariat féminin des services vitaux met en avant un autre antagonisme. Celui-ci place d’un côté de la barrière sociale les patrons-informaticiens de la Silicon Valley et les cadres supérieurs de la finance, masculins, diplômés, libéraux. Pilleurs de ressources publiques et squatteurs de paradis fiscaux, ils créent et vendent des services qui, selon l’ancien vice-président chargé de la croissance de l’audience de Facebook, M. Chamath Palihapitiya, « déchirent le tissu social » et « détruisent le fonctionnement de la société » (11). De l’autre côté se regroupent les classes populaires à base féminine, fer de lance du salariat, productrices de services qui tissent la vie collective et appellent une socialisation croissante de la richesse.

    L’histoire de leur bataille commencerait ainsi :

    « Nous exigeons les moyens de bien faire notre travail ! » Depuis des semaines, les auxiliaires de vie, puéricultrices, aides-soignantes, infirmières, enseignantes, nettoyeuses, agentes administratives avaient prévenu : faute de voir leur revendication satisfaite, elles se mettraient en grève. Et ce fut comme si la face cachée du travail paraissait à la lumière. Les cadres et professions intellectuelles, les femmes d’abord puis les hommes, à contrecœur, durent à leur tour quitter leur poste pour s’occuper de leurs parents dépendants, de leurs nourrissons, de leurs enfants. Le chantage affectif échoua. Parlement, bureaux, rédactions se clairsemaient. En visite dans une maison de retraite, le premier ministre expliqua sentencieusement à une gréviste qu’une minute suffit bien à changer une couche ; des études d’ailleurs le démontraient. Au regard qu’elle lui lança, chacun comprit que deux mondes s’affrontaient. Après cinq jours de chaos, le gouvernement capitula. Les négociations sur la création du Service public universel s’engageaient avec un rapport de forces si puissant que le mouvement gagna le nom de « second front populaire » : celui de l’ère des services.

    Pierre Rimbert
    (1) Sources : « Enquête emploi 2017 », Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ; Données sociales 1974, Paris (recodées conformément à la classification actuelle).

    (2) Cf. Siggie Vertommen, « Reproduction sociale et le féminisme des 99 %. Interview de Tithi Bhattacharya », Lava, no 5, Bruxelles, juillet 2018.

    (3) « Fastest growing occupations », Bureau of Labor Statistics, Washington, DC.

    (4) « Vers l’égalité femmes-hommes ? Chiffres-clés » (PDF), ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Paris, 2018.

    (5) Kasee Bailey, « The state of women in tech 2018 », DreamHost, 26 juillet 2018. ; Renee Adams, Brad Barber et Terrance Odean, « Family, values, and women in finance » (PDF), SSRN, 1er septembre 2016.

    (6) Lire Renaud Lambert et Sylvain Leder, « L’investisseur ne vote pas », Le Monde diplomatique, juillet 2018.

    (7) François-Xavier Devetter, Florence Jany-Catrice et Thierry Ribault, Les Services à la personne, La Découverte, coll. « Repères », Paris, 2015.

    (8) Lire Bernard Friot, « En finir avec les luttes défensives », Le Monde diplomatique, novembre 2017.

    (9) Lire « Refonder plutôt que réformer », Le Monde diplomatique, avril 2018.

    (10) Lire Serge Halimi et Pierre Rimbert, « Libéraux contre populistes, un clivage trompeur », Le Monde diplomatique, septembre 2018.

    (11) James Vincent, « Former Facebook exec says social media is ripping apart society », The Verge, 11 décembre 2017.

    • Quand parlera-t-on de Sonia, employée de maison pour 600 euros brut par mois ? Alizée Delpierre
      http://www.slate.fr/story/171990/employees-maison-domestique-precarite-conditions-de-travail

      Beaucoup de #travailleuses_domestiques partagent les constats et revendications des « gilets jaunes », mais leurs histoires sont encore trop souvent invisibilisées. [...]

      L’intensité des journées de travail interpelle. Sonia travaille quotidiennement en Île-de-France de 6h à 19h pour faire des ménages chez des particuliers. Elle est employée directement par quatre familles et travaille pour chacune d’elles entre deux et trois heures par semaine.
      Elle fait donc au maximum douze heures de ménage par semaine, mais ses journées s’étendent bien au-delà, car ses employeurs vivent loin les uns des autres (il faut compter entre 45 minutes et 1h30 de trajet entre leurs maisons), et à plus d’1h15 de chez elle.
      Sonia, qui n’utilise pas sa voiture car cela lui coûte trop cher, prend les transports en commun plusieurs heures par jour. Elle doit à la fois planifier son temps de transport entre chaque maison, et prévoir les retards fréquents des trains qu’elle prend : « Je pars à 4h50 de chez moi, le temps de marcher trente minutes jusqu’à la gare, et je prends le premier train même si je commence un peu plus tard, car on ne sait jamais. »
      De nombreuses études statistiques produites sur le secteur des services à la personne dressent un portrait-type de l’#emploi_domestique en France, relativement stable depuis le début des années 2000 : un emploi majoritairement à temps partiel, faiblement rémunéré, qui pousse les employées de maison à multiplier les employeurs pour travailler plus d’heures.
      D’après les dernières données produites par la Dares, les employées embauchées directement par les particuliers-employeurs –soit 65% d’entre elles– ont en moyenne près de trois employeurs, et ce nombre passe à 4,5 lorsqu’elles travaillent à la fois directement pour un employeur et via un organisme.

  • Un autre Macron est possible, par Pierre Rimbert (décembre 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/12/RIMBERT/59364

    Il a 39 ans, des diplômes clinquants, un regard habité et des envies de changement. Entouré de jeunes chefs d’entreprise et de « porteurs de causes » issus de la « société civile », il lance un « mouvement politique » destiné à « sauver les démocraties libérales » menacées par l’« insurrection populiste ». Parce que c’est notre projet, exhorte-t-il, « à nous, désormais, de marcher ».

    Après la formation de M. Emmanuel Macron, voici Place publique, fondée en novembre par l’essayiste Raphaël Glucksmann. L’un domine le centre droit ; l’autre investit le centre gauche, où la désintégration du Parti socialiste laisse un vide et des classes moyennes cultivées désemparées. D’où va-t-on désormais proclamer que rien ne va plus et qu’il faut tout changer — sauf l’essentiel : les structures économiques et sociales ? Avec Les Enfants du vide (Allary Éditions), livre-manifeste publié cet automne, Glucksmann a d’un coup comblé la béance. De L’Obs à L’Humanité en passant par Mediapart, on s’arrache l’homme providentiel. Il est chez lui sur France Inter, louangé permanent au Monde, en « une » de Libération, en couverture de Politis. Des personnalités socialistes, écologistes ou communistes projettent sur son visage souriant leurs aspirations ravalées. Glucksmann a compris que son public cible n’aimait rien tant que battre sa coulpe, triturer sa mauvaise conscience, ruminer ses échecs et y remédier au moyen de recettes toujours identiques, mais ripolinées aux couleurs du jour — le vert, en l’occurrence. Cela tombe bien : Raphaël, qui s’est souvent trompé, met en scène confessions et conversion. À L’Obs (4~octobre~2018), il confie : « Je dois réapprendre à m’oublier. » Ambitieux programme.

  • questions réponses

    Alors que la violence contre les migrants et la pénalisation de leurs soutiens bat son plein à travers tout le continent, "Le Monde diplomatique" appuie la stratégie de Sahra Wagenknecht, qui, comme la social-démocratie européenne avant elle, fait "à l’extrême droite le cadeau de laisser croire qu’elle pose de bonnes questions". https://www.monde-diplomatique.fr/2018/10/RIMBERT/59118

    L’analyse de la "fable" médiatique à laquelle procède Pierre Rimbert dans cet article ne tient pas face aux déclarations de S. W., notamment dans "Mediapart". Mais il est plus que probable qu’il a lu ces déclarations et souscrit sur le fond à ces analyses - il s’agit moins d’une question de "fable" que d’une question de fond : "La décision de Mme Merkel d’accueillir un million de personnes a entraîné une poussée des antagonismes sociaux et un renforcement des conflits politiques. (...) Les réfugiés, qui eux aussi sont pauvres, cherchent des appartements sociaux, donc dans des quartiers modestes, voire défavorisés. Or l’Allemagne manque cruellement de logements sociaux, car le gouvernement a préféré suivre une politique d’austérité. La concurrence sur le logement se renforce au fur et à mesure que l’on fait venir des réfugiés. La situation s’est aussi dégradée dans de nombreuses écoles pas vraiment situées dans les beaux quartiers et qui avaient déjà de gros problèmes avant 2015. Enfin, dans le secteur des bas salaires, là où justement on emploie des gens peu qualifiés, la concurrence est devenue féroce. / Je parlais récemment avec une Allemande qui travaille dans le domaine du nettoyage industriel. Elle a perdu son emploi parce que son patron cherche des employés encore moins payés et qui n’ont pas besoin de disposer d’une grande maîtrise de la langue. Une bonne partie de la gauche qui vit dans des quartiers aisés a refusé de regarder ces problèmes. Si on les évoque, on se fait traiter de raciste. Avec de telles erreurs, la gauche n’arrive plus à parler aux plus pauvres, qui soit ne votent plus, soit votent extrême droite." (Sources : https://www.mediapart.fr/journal/international/310518/l-allemande-sahra-wagenknecht-devoile-les-contours-de-son-futur-mouvement-)

    A contrario : « Nous ne ferons pas à l’extrême droite le cadeau de laisser croire qu’elle pose de bonnes questions. Nous rejetons ses questions, en même temps que ses réponses. » Sources : https://blogs.mediapart.fr/marie-v-toussaint/blog/300918/manifeste-pour-laccueil-des-migrants

    #pourlaccueildesmigrants #migrants #réfugiés #accueil #hospitalité #immigration #asile #europe #wagenknecht #Die_Linke #Allemagne

  • Pas convaincu (ni amusé) par les boutiques « parodiques » de la boutique officielle de l’Élysée. Je crois que ça passe à côté du sujet, et que c’est même contre-productif.

    Le « scandale » central de la boutique de l’Élysée, je ne trouve pas que ce sont les produits eux-mêmes, le côté un peu ringard d’un Président transformé en support-publicitaire, le financement d’on ne sait trop quoi par un commerce un peu niais… Parce que tout ça, en gros, je pense que ça fait partie de la raison d’être de cette boutique.

    La logique de la boutique, c’est exactement ceci : Accident de poussette, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, juillet 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/07/RIMBERT/58806

    Mais, alors qu’une prudence instinctive le retenait jusque-là d’entrer dans les détails, Laine dévoile soudain la vision du monde idéal qu’il partage avec le président de la République : « Vous donnez un coup de main sur un déménagement, vous donnez un petit cours, vous accompagnez une personne âgée, eh bien, de zéro à 500 euros par mois, vous n’aurez ni taxes ni impôts. C’est pour vous ! C’est dans votre poche ! », plaide-t-il en plongeant un regard extatique dans la moquette du studio, avant de planter le clou de sa démonstration : « Vous avez un vélo, ou une poussette. Acheter une poussette, ça coûte cher ! [Il grimace de douleur.] Et, entre deux enfants, eh bien vous ne savez pas quoi en faire. Louez-la. Louez-la ! Et le revenu que vous allez obtenir, c’est que pour vous ! » [

    Du coup, ricaner de l’aspect un peu minable d’une boutique en ligne de l’Élysée, c’est passer à côté du fait que c’est justement cet aspect « décomplexé » qui est important : tu vois, même le Président il fait la pub pour sa montre, donc toi aussi, tu peux te sortir les doigts du cul et te faire un poignon de dingue en louant ta vieille poussette.

    C’est la start-up nation individuelle, l’idéal final de l’überisation pour tous. Le Président, il est pas ringard : il montre l’exemple-tu-vois.

    Et du coup, monter une « contre-boutique » avec des parodies de l’Élysée, hé ben c’est très exactement ce qu’on attend de toi : te décomplexer, trouver un créneau qu’il est porteur-coco, et monter une boutique en ligne. (« Et le revenu que tu vas obtenir, c’est que pour toi ! »)

  • Vers une taxe sur le Digital Labor en Europe ? | Calimaq
    https://scinfolex.com/2018/03/22/vers-une-taxe-sur-le-digital-labor-en-europe

    Le scandale Cambridge Analytica qui a plongé Facebook dans la tourmente cette semaine est sur toutes les lèvres, au point d’avoir quelque peu éclipsé les annonces de la Commission européenne relatives à la fiscalité du numérique. Or ces propositions, qui envisagent deux scénarios différents, méritent de l’attention, car l’un deux pourrait mettre en place une… Source : : : S.I.Lex : :

    • Un peu le même thème que le récent "socialisme numérique" esquissé par Pierre Rimbert dans l’édito de mars 2018 du Monde diplo (je cite le texte de ce dernier) :

      Puisque les données personnelles servent désormais à instruire les machines qui remplaceront les humains (...) il apparaît plus urgent encore de les considérer comme du travail. Et donc de créer des marchés du travail numérique afin que chacun puisse vendre son labeur immatériel.
      Cette approche permettrait sans doute de rééquilibrer une concurrence malmenée par les oligopoles californiens. Mais elle perpétuerait une division fondamentale : les grandes entreprises possèdent les moyens de production, et les travailleurs leur vendent leur travail. La logique appelle un tout autre modèle. Les données personnelles n’ont en effet guère d’utilité prises individuellement. C’est leur agrégation et leur traitement statistique qui les rend précieuses. Leur valorisation repose sur leur caractère collectif. Plutôt que d’instituer la propriété individuelle des données, il serait plus rationnel de socialiser cette ressource. Mise au service de la collectivité, elle contribuerait à améliorer la santé, les transports, l’éducation, la distribution, à réduire les dépenses d’énergie.

      Les bras m’en tombent quand je vois l’assurance avec laquelle sont proposés des trucs pareils. Pas de point d’interrogation dans le titre de l’édito en question — une proposition fondée sur une profonde certitude que le « vieux logiciel » est robuste, que peu importe les ingrédients, on peut toujours faire de la soupe.

      #data_money for #data _monkeys
      #digital_socialism for whom ?

  • Dans le Diplo de janvier [INTÉGRALE]
    https://la-bas.org/4888

    SOMMAIRE : Pierre Rimbert : capitalisme autoritaire contre capitalisme libéral Évelyne Pieiller : les pirates ne font pas de politique Rémi Carayol : au #Burkina_Faso, syndicats historiques contre organisations « champignons » Pierre Rimbert : quand Google avoue trier les sites d’infoContinuer la lecture…

    #Radio #Autour_du_Monde_diplomatique #Numérique #Afrique #Culture #Union_Européenne #Allemagne

  • Censure et chaussettes roses, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, janvier 2018)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/01/RIMBERT/58251

    « Dans la bataille contre les “fake news”, alerte l’association américaine Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR) (1), une grande partie des reportages les plus indépendants et les plus précis sont en train de disparaître des résultats des recherches effectuées dans Google . » Tuer le pluralisme au nom de l’information ?

    • Cet article est plutôt médiocre car il tient pour acquis qu’on passe forcément par Google et que cela doit continuer éternellement. Il ne parle pas du tout de la nécessité de développer la littératie numérique (être moins dépendant du moteur de recherche).

      SI un type qui visite le site Web de Lutte Ouvrière tous les jours tape « Lutte Ouvrière » dans Google à chaque fois, c’est ça, le problème !

    • Je suis bien d’accord, c’est vrai que l’article est très faible.
      Il parle juste de la situation actuelle de quasi monopole de Google sans ouvrir de porte.

      Je sais pas pourquoi je l’ai référencé, un moment d’égarement le 30/12 à 1h57 :)

    • @nicod_ tu me copieras 20 fois « je ferai attention avant de poster etc... »

      C’est un problème des journalistes et des gens qui travaillent dans la presse : leur univers mental est très étroit, d’une part, et d’autre part ils répugnent souvent à s’intéresser vraiment à Internet dont ils ont vraiment paranoïaquement peur. Et du coup, ils sont souvent beaucoup de retard sur ce qui se fait (et parfois ce qui ne se fait plus). Le Diplo s’illustre brillamment en cette matière, surtout cet auteur qui comme BHL pense devoir écrire sur tout y compris sur ce qu’il ne connait pas. Ils arrivent même à presque rattraper les décodeurs du Monde - mais c’est la même taule finalement et la même approche surtout, je suis pas très étonné.

      Cela dit, après tout, ne nous empêchons pas non plus de signaler les articles pour leur médiocrité (quand on a le temps), bien que ce ne soit pas intéressant, et même si c’est utile de temps en temps de déconstruire ces articles. A la longue je me demande si c’est pas plus efficace d’ignorer et de e concentrer sur l’œeuvre de construction collectives que sont les débats (sur le même sujet) avec les apports de toutes et tous. Il me semble que c’est beaucoup plus riche et plus intéressant.

    • je ferai attention avant de poster etc...
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  • Quelle peut bien être la couverture du G20 à Hambourg les 7 et 8 juillet 2017 par le quotidien Libération ? https://liberation.fr

    Recherche des articles sur le G20 : http://www.liberation.fr/recherche/?q=G20

    9 articles en ligne :
    6 articles dont l’angle est le "risque" de l’extrême-gauche (+ 1 article parpier "G20 Hambourg, le retour à l’alter")
    3 autres : 1 sur le plan Merkel pour les pays du continent Africain, 2 sur trump VS poutine

    Et 3 articles récapitulatifs, qui parlent du G20 et d’autres choses ainsi que quelques articles qui mentionnent le G20 au détour d’une phrase.

    Feignant de s’en plaindre, un paragraphe résume assez bien le traitement réservé par Libération au sommet :

    Les échauffourées entre police et protestataires, les voitures incendiées, les pillages et les barricades ont à la fois perturbé à la marge l’organisation du sommet, éclipsé les vastes manifestations pacifiques et écorné l’image de l’Allemagne.

    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/08/ce-qu-il-faut-retenir-du-sommet-du-g20_1582560

    Perroquet de la police (via l’AFP probablement), mépris du mouvement social, réduction de son ampleur aux éléments (qu’ils rendent) spectaculaires. Comple de l’hypocrisie, Libération se plaint que les manifestations "pacifiques" ne trouvent pas d’écho dans les médias. Alors que l’existence de ces manifestations dans leurs colonnes est systématiquement traitée sous l’angle de leur supposée opposition aux "blacks blocs".

    #Liberation #G20 #NoG20 #Hambourg #PresseServile #G20HAM17 #RevueDePresse

    Articles en ligne (+1 qui référence un article papier) :
    05.07.17
    BLOG « AFRICA4 »
    L’Afrique d’Angela Merkel
    http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/2017/07/05/lafrique-dangela-merkel

    La chancelière allemande profite de la présidence allemande du G20 pour présenter sa nouvelle politique africaine. Cet intérêt nouveau de la Bundesrepublik marque une volonté de modifier les rapports entre l’Europe et l’Afrique à un moment où les stratégies de la Grande Bretagne et de la France sont de moins en moins lisibles.

    VU D’ALLEMAGNE
    Hambourg, foyer d’activisme de gauche sous tension avant le G20
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/05/hambourg-foyer-d-activisme-de-gauche-sous-tension-avant-le-g20_1581709

    Alors que les dirigeants du G20 se réunissent dans le nord de l’Allemagne dès vendredi, les manifestations se multiplient et la police boucle la ville par crainte d’échauffourées.

    06.07.17
    G20 : Hambourg s’attend à la tempête sociale
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/05/g20-hambourg-s-attend-a-la-tempete-sociale_1581857

    L’Allemagne exerce cette année la présidence tournante du G20 et Angela Merkel a choisi sa ville natale, Hambourg, pour y recevoir à partir de vendredi...

    07.07.17
    Hambourg sous tension pour le G20
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/06/hambourg-sous-tension-pour-le-g20_1582142

    Le rassemblement du jour

    FACE-À-FACE
    Le choc Trump-Poutine au sommet du G20
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/le-choc-trump-poutine-au-sommet-du-g20_1582181

    Le président américain Donald Trump rencontre pour la première fois ce vendredi le maître du Kremlin Vladimir Poutine, un face-à-face sous haute tension en marge d’un sommet du G20 que les Etats-Unis abordent très isolés.

    EN IMAGES
    En marge du G20, rues sous tension à Hambourg
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/en-marge-du-g20-rues-sous-tension-a-hambourg_1582390

    Depuis jeudi, des manifestations se déroulent dans les rues de la capitale du nord de l’Allemagne. Les heurts entre activistes et policiers se sont multipliés.

    08.07.17
    G20 Hambourg, le retour à l’alter
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/g20-hambourg-le-retour-a-l-alter_1582433

    Ouvert vendredi dans la grande ville du nord de l’Allemagne, le sommet fait face à une large contestation, violente et organisée. Pages 6-9

    REPORTAGE
    G20 : à Hambourg, Donald Trump face à 19 Etats
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/g20-a-hambourg-donald-trump-face-a-19-etats_1582467

    Les vingt plus grandes puissances mondiales sont réunies en Allemagne jusqu’à ce samedi. Sur le climat, le terrorisme ou le commerce international, le président américain, novice en diplomatie, est apparu très isolé lors des discussions.

    INTERVIEW
    G20 : « L’altermondialisme n’est plus un mouvement de masse »
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/g20-l-altermondialisme-n-est-plus-un-mouvement-de-masse_1582468

    Bien que relayée par une nouvelle vague, la contestation structurée des années 2000 s’est essoufflée, décrit le politologue Yves Sintomer.

    G20
    A la Rote Flora, les Black Blocs d’Europe à bon port
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/07/a-la-rote-flora-les-black-blocs-d-europe-a-bon-port_1582469

    L’organisation du G20 à quelques encablures du célèbre lieu alternatif est vécue comme une provocation par les activistes.

    G20
    Trump face à Poutine : des contentieux en série
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/08/trump-face-a-poutine-des-contentieux-en-serie_1582511

    Le président américain Donald Trump a qualifié de « formidable » sa première rencontre la veille avec son homologue russe Vladimir Poutine. Passage en revue des sujets qu’ils ont abordé.

    SOMMET
    Ce qu’il faut retenir du sommet du G20
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/08/ce-qu-il-faut-retenir-du-sommet-du-g20_1582560

    Annoncé périlleux, le sommet du G20 a tenu ses promesses : il a entériné les divergences sur le climat avec Donald Trump, accouché d’un compromis a minima sur le commerce, dans un contexte de violentes manifestations.

    –-

    Articles récapitulatifs :

    08.07.17
    SOMMET
    Ce qu’il faut retenir du sommet du G20
    http://www.liberation.fr/planete/2017/07/08/ce-qu-il-faut-retenir-du-sommet-du-g20_1582560

    Annoncé périlleux, le sommet du G20 a tenu ses promesses : il a entériné les divergences sur le climat avec Donald Trump, accouché d’un compromis a minima sur le commerce, dans un contexte de violentes manifestations.

    07.07.17
    RÉCAP’
    G20, Muriel Pénicaud, migrants... L’essentiel de l’actu de ce vendredi
    http://www.liberation.fr/france/2017/07/07/g20-muriel-penicaud-migrants-l-essentiel-de-l-actu-de-ce-vendredi_1582381

    RÉCAP’
    Jour de carence, Trump-Poutine au G20, évacuation de migrants : le point sur l’actu de ce vendredi
    http://www.liberation.fr/direct/element/jour-de-carence-trump-poutine-au-g20-evacuation-de-migrants-le-point-sur-

  • L’effet Matthieu, par Pierre Rimbert
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/RIMBERT/57388 #st

    Qu’y a-t-il de commun entre l’expression des courants de pensée et d’opinion à la télévision et l’Évangile selon Matthieu ? Peut-être ce précepte : « On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. » Entre le 1er février et le 20 mars, les vingt-cinq principales chaînes de télévision et de radio ont concédé 10 heures et 15 minutes de temps d’antenne à M. Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), 5 heures et 10 minutes à M. Jean Lassalle (Résistons !), mais 315 heures et 15 minutes à M. Emmanuel Macron (En marche !) et un peu plus de 529 heures à M. François Fillon, selon les comptages du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Arguant du principe d’équité (et non d’égalité) alors en vigueur, TF1 a réservé le grand débat du 20 mars aux cinq prétendants les mieux lotis dans les sondages. Exclu du panel, comme cinq autres candidats, M. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), député de l’Essonne, a déposé un référé-liberté devant le Conseil d’État afin que ce dernier enjoigne au #CSA de contraindre TF1 à revoir son plateau.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/56594 via Le Monde diplomatique

  • Toupie ou tout droit ? par Pierre Rimbert

    « Conversion », « tournant », « volte-face » : pour avoir épargné la finance, assouvi le patronat et assommé les salariés, M. François Hollande aurait renié ses convictions socialistes. Et si le chef de l’Etat avait au contraire manifesté une inflexible constance ?

    https://www.monde-diplomatique.fr/2014/09/RIMBERT/50769

    #PS #transcourants #hollande #finance #dérégulation #déréglementation

    • Rappelons que Jean-Pierre Jouyet, avant François Hollande, a joué un rôle-clef dans l’ascension fulgurante d’Emmanuel Macron : la continuité entre la néo-libéralisation du PS à partir du milieu des années 80 et le programme d’En marche ! peut aussi être retracée au niveau des personnes.

  • Charlot ministre de la vérité, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 22 février 2017)
    http://blog.mondediplo.net/2017-02-22-Charlot-ministre-de-la-verite

    Frédéric Lordon est en grande forme. Faut dire que quand c’est trop,...

    Admettons-le : au début on n’a pas voulu y croire. Lorsque le 3 janvier on a entendu Samuel Laurent, « décodeur » en chef au Monde, annoncer « une innovation technologique (1) » conçue pour défaire la post-vérité, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dispense sans compter, et il faut désormais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prouvé combien. Il y a d’abord ce nom grotesque, Decodex, qui fait surtout penser aux collants bleus de Fantômas ou bien au manteau noir de Judex — et donne irrésistiblement envie d’avoir accès aux minutes du brainstorming, qu’on imagine quelque part entre Veritator, Orthofact et Rectifias. Il y a surtout une trouvaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une performance artistique ou au comique du cinéma muet. Construire la machine à gifles et s’y attacher la tête dans l’ouverture, Buster Keaton ou Charlot n’auraient sans doute pas fait mieux. C’est que les génies du décodage se sont fabriqué pour longtemps des journées difficiles. Comme de juste, pas une des (nombreuses) traces de pneu de la presse « crédible » labellisée « vert » ne leur sera épargnée, immanquable avalanche dont les effets sur la santé nerveuse du chef décodeur sont déjà constatables sur les réseaux sociaux. Et chaque fois que le ministère de la vérité proteste de ses justifications doctrinales, c’est derechef pour faire tourner à plein régime la turbine à claques.

    Leibniz nomme « géométral » de toutes les perspectives le point de vue sur tous les points de vue, le point de vue suprême qui cesse d’être un point de vue particulier parce qu’il les synthétise tous. Le géométral, c’est le point de vue de Dieu. Ou, donc, du Monde. C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.
    Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin (7) s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier,

    Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants. La pédagogie généralisée de l’information vraie ne pouvait donc manquer de faire revenir la bonne vieille question de Marx de savoir qui éduque les éducateurs. On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession. On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ? À quel effondrement président-elles ? La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

    « Quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme »

    Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence. On évalue les chauffeurs de VTC, les appartements de location, les toilettes d’aéroport, et sans doute bientôt les dîners entre amis — le « code couleur », cette tragédie de la couleur que même la plus fertile imagination dystopique n’aurait pas pu anticiper. Voilà donc que Le Monde distribue des couleurs à l’information comme d’autres aux apports nutritionnels ou aux pots d’échappement. Le Monde est bien le journal de ce monde.

    Que le journalisme commence avec l’établissement de faits et la dénonciation des contre-vérités flagrantes, c’est une telle évidence qu’on se demande comment des titres ont cru y voir le motif d’une rubrique spéciale, en excès de leur habitude ordinaire qui prescrit pourtant depuis des lustres cette exigence presque constitutive de procéder à des vérifications élémentaires. Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes.

    #decodex #fake_news #post_truth

    • Une fois n’est pas coûtume, j’ai lu l’article en entier. Lordon n’est pas ma tasse de thé et j’aime de moins en moins son écriture pompeuse et méprisante, cette espèce d’arrogance induite presque dans chaque phrase et qui décrédibilise de fait le discours. Je trouve que lui et ses collègues, au fond finissent par ressembler à ceux qu’ils défoncent et démolissent.

      Cela dit, j’ai aussi été agréablement surpris de la tournure, plus distanciée et plus simple (et peut-être plus modeste) de certains phrases/idées, certaines interrogations avec lesquelles je souscris complètement sur ce qu’est le Decodex et sur ce que devient Le Monde. Je les reproduis ici : j’y ai pensé de manière identique, je ne l’ai pas écrit mais Lordon l’a fait et ce qu’il a fait correspond très bien à ma consternation.

      A propos des positions des « gens du Monde » qui défendent coûte que coûte Decodex :

      Qu’un discours devienne à ce point instable par autoréférence devrait normalement inquiéter ses propres auteurs. Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme inconscients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre position a en tout cas valeur de symptôme. Mais symptôme de quoi sinon de ces époques finissantes qu’on reconnaît à l’enfermement de ceux qui prétendaient en être les guides, et ne mesurent plus ni à quel point ils ont rompu avec le reste de la société ni la portée de leurs propres paroles.

      A propos du Monde (c’est incomplet, mais c’est comme le Decodex, c’est un début) :

      C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.

      Samuel Laurent et ses copains des Décodeurs qui, avec ce pouvoir, sont un peu sortis de la réalité et planent en oblique 2000 m d’altitude. Justement sur la question - fondamentale - de celui qui a qui exerce le pouvoir, ce qui est le cas de Samuel Laurent comme journaliste du Monde soutenu à fond par sa « hiérarchie », Lordon écrit ceci qui est un base solide pour commencer à en parler :

      Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier

      Maintenant, viennent les arguments, les raisons pour lesquelles « on » est journaliste ou pas et « ce qu’est un journaliste ». Avec des réponses d’une grande pauvreté. Et en écoutant, en lisant, on se souvient tout à coup que « mais c’est le Monde quand même, le journal prestigieux de référence ».

      interrogé sur les ressorts de sa vocation journalistique, le chef décodeur [répond] qu’elle doit tout à « la passion des faits ». La passion des faits… Des faits en général, sans autre précision. Des faits en tant que faits. Réponse philosophiquement vertigineuse, porteuse de tout un rapport au monde social et à la politique, qui laisse aussi dans un grand désarroi : il y a « les journalistes » (qui n’ont pas de point de vue) et il y a « les militants » (qui en ont un). Les premiers sont donc par essence respectueux des faits et les seconds portés à les distordre : {« Je ne suis pas militant, je suis journaliste. Et être journaliste, c’est expliquer le monde tel qu’il va ».}

      Pouvait-on imaginer définition plus pitoyable... Ce que Lordon exprime ainsi :

      Sentiment de vertige au spectacle de cet abysse.

      Revenons à la question du pouvoir, parce que c’est vraiment le truc le plus important. On ne discutera jamais assez sur les conditions qui amènent certain·es - parfois par hasard, parfois par vrai opportunisme ou carriérisme - à accaparer/confisquer ou simplement obtenir les pleins pouvoirs. Et la réflexion de Lordon dans le contexte du Decodex est intéressante :

      Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants.

      On peut penser que le terme « insuffisant » est très arrogant, voire insultant, d’un autre côté, en suivant ce Monsieur sur les réseaux sociaux et en lisant ce qu’il écrit dans le journal, on est abasourdi par l’indigence des propos, des analyses, des réflexions.

      Quelqu’un ici, sur seenthis, a expliqué que l’univers mental des gens de Decodex était étroitissime pour ce qui concerne en tout cas leur utilisation d’Internet et des projets/initiatives qui s’y développent. Dans l’émission « Arrêt sur image » cité par Lordon, on entend Samuel Laurent justifier sans rire que "les grosses rédactions sont plus sérieuses que les petites et que "si le public veut s’informer sur le Proche-Orient, il trouvera beaucoup plus d’infos [vraies] dans le Figaro, le Monde ou Libé parce que ce sont de « grosses rédactions » et qu’il y a « journalistes qui font des reportages, des choses comme ça ». C’est en effet nier que de très nombreux groupes de recherche, de réflexions, des blogueurs aussi, etc... se servent d’Internet comme plate-forme pour faire exister leurs projets et leurs initiatives qui souvent apportent des éléments plus riches, plus précis, et plus « vrais » ou « vraissemblable » que les "grosses rédactions) :) (j’ai honte de le dire comme ça mais bon) que ce que ferait un journaliste du Monde ou du Figaro, avec tout le respect que je leur dois puisque certains sont des ami·es très cher·es (et je pense d’ailleurs qu’elles/ils souffrent beaucoup en ce moment).

      Puis vient enfin cette réflexion sur le journalisme et sur ce qu’est la direction du journal de référence (je parle du Monde)

      On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession.

      On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ?

      La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’ aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

      J’ai mis en gras parce que pour moi, c’est un mystère. J’ai travaillé pendant 30 ans au Monde d’abord, puis dans les environs du Monde ensuite lorsque j’étais au Diplo. j’y ai encore des ami·es fidèles (je parle surtout du Monde), qui parfois me racontent des trucs. Mais je ne comprends pas comment un journal comme le Monde ait pu avoir à sa tête des dirigeants aussi médiocre.

      Sur la manie de vouloir tout classer, tout ranger dans des cases pour sans doute mieux contrôler :

      C’est que la machine à gommettes occupe pile ce lieu monstrueux où se rencontrent la pathologie néolibérale du rating et la conception tutélaire de la démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence.

      On se demande comment les gens du Monde font pour ne pas voir (ou ils font semblant). Il y a des journalistes du Monde qui ne disent rien parce qu’ils ne peuvent pas, mais on a vu que leurs comptes twitter ou fb ne font pas une seule mention sur Decodex... Sans doute le seul moyen qu’ells·ils ont d’exprimer leur désaccord :

      la philosophie du Decodex révèle ce qu’elle est… en vérité, et pousse l’ironie jusqu’à permettre de le dire dans ses propres termes : un enfermement dans la croyance, la croyance d’un en-dehors de l’idéologie, c’est-à-dire finalement d’une idée possible de la politique hors de la politique — pour le coup : « contradictoire ».

      C’est tellement consternant qu’on est tenté de se demander s’il ne reste pas dans un coin au Monde quelques personnes qui n’ont pas complètement oublié ce que c’est que la politique, et qui n’ont pas secrètement un peu honte de ce qui est en train de se passer dans leur propre journal, de ce naufrage intellectuel, avalisé jusqu’au sommet de la direction : le règne des data et de l’algorithme, de la politique abandonnée à des illettrés politiques, où le néant de pensée se trouve le remplissage de substitution des lignes de code.

    • Ce passage est aussi savoureux, ça complète la collection :

      Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes. Hormis quelques incertaines régulations institutionnelles, seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité. Que le procureur de Pontoise trouve d’abord à dire qu’Adama Traoré est mort de complications infectieuses, ou l’IGPN que le viol de Théo n’en est pas un mais une inadvertance, ceci n’est pas un accident mais la vérité des pouvoirs institués. Et c’est bien dans le rapport de force, contraints par l’opiniâtreté d’une volonté de dévoilement, que les pouvoirs finissent par cracher le morceau, et là seulement.

      La presse est en principe le lieu de cette volonté — en principe car elle-même, devenue pouvoir institutionnel, entretient (mais depuis si longtemps…) des liens troubles avec les autres pouvoirs institutionnels, ceux du capital et de l’État notamment, dont elle passe souvent les plats avec une étonnante décontraction, employant maintenant surtout son énergie à contrer les contre-pouvoirs (et pensant se refaire une virginité de temps en temps avec un Lux Leaks ou une affaire Fillon, péripéties à grand spectacle, opportunément venues pour mieux faire oublier l’ombre dans laquelle on laisse d’habitude les fonctionnements réguliers du système). Au passage, Pierre Rimbert rappelle dans « Les chauffards du bobard » (19) que quand la presse officielle fait dans le fake, elle n’y va pas avec le dos de la pelle, ni ne mollit à la taille des enjeux : au bout du mensonge, il y a parfois des guerres, des bombes et des morts par milliers.

    • Merci à toutes et tous pour vos avis précieux, oui le Decodex est une imbécilité sans nom, on revient à une sorte d’Eglise cathodique qui remplace la « catholique » ..Scandaleux que des journalistes se fasse l’écho du système mais bon c’est leur métier et c’’est l’Otan qui est derrière avec Stratcom pour soit disant lutter contre les fausses nouvelles.

    • Et c’est une journaliste américaine qui nous l’explique : c’est aux médias de décider de contrôler ce que pensent les gens et c’est notre travail" Mika Brzezinski, la fille du très va t’en guerre Zbigniew Brzezinski, qui pousse l’Occident a faire la guerre contre la Russie et la Chine, qui nous l’explique, ça doit être génétique chez ces anciens nobles polonais. https://francais.rt.com/international/34404--medias-controler-gens-trump-msnbc
      Attention on assiste en ce moment à une quasi révolution aux Usa depuis l’élection inopinée de Trump, suivez le « Projet Veritas » qui se veux anti-média, crée par un libéral ayant dénoncé les nombreuses affaires sous Obama et les Clinton :
      .http://veritaslive.com/02-23-2017/project-veritas-releases-over-100-hours-of-audio-from-inside-cnn.html
      C’est la guerre déclarée de l’Etat profond contre la nouvelle équipe au pouvoir qui a bien l’intention d’éradiquer celle qui a pris le pouvoir en 2001 ...

    • merci @sombre j’ai failli manqué tous ces précieux commentaires sur le dernier billet de Lordon. J’avais cité le même passage que Reka que j’ai adoré. https://seenthis.net/messages/572431

      Personnellement j’aime beaucoup Frédérique Lordon. Je le lis régulièrement. Je ne l’ai jamais trouvé ni arrogant ni méprisant bien qu’étant issue de la classe ouvrière. Il sait adapter son langage par rapport à son public. Bref j’ai pour lui une certaine admiration.

    • Ben @reka, si t’avais apprécié Lordon on aurait eu tout le papier en citation (y’en manque plus beaucoup) !! ;-)

      Pas d’accord avec toi @reka. Le ton du papier est ce qu’il doit être, « l’arrogance » de Lordon n’atteint pas le millième de celle de ceux qui se prétendent journalistes au Moonnndddeee.

      Autant j’étais remonté contre une référence de @hlc, autant celle-ci me réconcilie avec mes congénères.

    • @marielle : Disons que Lordon a souvent un style un peu pédant et j’avais trouvé ses interventions à « Nuit Debout » très agaçantes comme s’il parlait pour s’écouter parler en se prenant les pieds dans le tapis car le fond de sa pensée et ses arguments n’étaient pas clairs. Et depuis, j’évitais de lire ses articles.
      Mais là, l’analyse est plutôt bonne.

    • @monolecte euh moi ça fait quelques années :) que je m’interroge sur les processus qui permettent à des imposteurs (ou à des personnes « insuffisantes » comme le dit si élégamment Lordon dans ce texte) de s’accaparer un ou des pouvoirs exorbitants, et de l’imposer à celles et ceux qui de facto se retrouvent dans une position « en dessous » et qui doivent subir les diktats que ces nouveaux médiocres leur imposent sans réelle possibilité de les discuter. Sur le terme « médiocre » : il ne veut pas nécessairement dire « incompétent ». Je veux dire que ces médiocres peuvent être très compétent dans leur domaines de recherche ou de spécialisation, mais sont d’absolu désastres dès lors qu’ils se retrouvent en position de domination sur les autres (de toutes façons je suis contre toute forme de hiérarchie !). Pour moi le médiocre dont on parle l’est parce qu’il a pété un plomb et abuse plus ou moins largement du pouvoir qu’on lui a confié au mieux ou qu’il s’est accaparé au pire. Ce médiocre au pouvoir dirige de manière opaque, cache les informations stratégiques, joue les uns contre les autres, désespère les employés trop créatifs ou trop indépendants (ou leur arrache leurs prérogatives). Pour survivre à une direction médiocre dans ce sens, la seule solution est de partir, Se battre ne sert à rien. Constater l’échec et reconstruire autre chose ailleurs, mais pour certain.es qui restent, elles.ils finissent souvent par fonctionner sur des stratégies d’évitement, lesquelles sont également potentiellement destructrices. Un jour ou l’autre, ces directeurs « insuffisants » finissent par se crasher, par faire naufrage, tous seuls comme des grands, comme le « vasa » qui coula quelques minutes après son lancement lors de son inauguration tellement il était lourd tellement le roi de Suède voulait en faire le navire le plus puissant du monde.

      Cette médiocrité des dirigeants est démotivante pour beaucoup, mortelle pour certains dans le sens où elle tue l’enthousiasme de ceux qui n’ont pas envie de plier et détruit des idées, des initiatives prometteuses, des expérimentations.

      Je ne sais pas pourquoi on en parle plus aujourd’hui qu’hier, il me semble que ce phénomène st constant dans le temps depuis longtemps. Sauf qu’aujourd’hui, avec la multiplication des outils qui permettent la liberté, ceux qui subissent cette médiocrité s’en accommode moins bien et/ou en souffre beaucoup plus.

      J’ai vécu ces situations, plusieurs fois (vu du dessous) et je dois reconnaître que ça a laissé des empreintes qui, de temps en temps, redeviennent douloureuses. Ce n’est donc pas un sujet léger ! :)

      @marielle Le grand charme de seenthis est entre autre la qualité des discussions où des opinions très différentes peuvent s’exprimer sans crainte, et surtout — ce qui est le plus important — des discussions où les dérapages sont très très rares. Les échanges peuvent être vifs - parfois un peu brutaux - mais en général toujours argumentés. Je suis content de savoir que tu admires Lordon, c’est très bien, chacun·e admire qui elle·il veut, merci pour l’info. J’en profite pour te dire qu’ayant lu Lordon depuis quelques années, je vois que son écriture n’a pas toujours été aussi pédante et arrogante. Quand il écrivait plus modeste et sans ces métaphores à la con qui discréditent son discours, j’aimais bien certains de ses textes, et j’ai partagé (je partage toujours d’ailleurs) certains de ses points de vus. pas tous, mais c’est aussi normal.

      Par contre j’ai vu son écriture se dégrader et Lordon commencer à écrire comme Rimbert (qu’il cite dans le texte et qui a l’habitude d’éditer les papiers qu’ils peublie sur le blog du diplo), avec force de métaphores merdiques qui se croient fortes et drôles, mais qui respire l’arrogance de ceux qui pensent avoir toujours raisons sur tout le monde (genre Caligula) et qui finalement méprisent justement tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Peut-être a-t-il subit de mauvaises influences éditoriale à force de trop fréquenter le « Diplo du haut ».

      @butadaie On est bien d’accord su l’essentiel, on dit la même chose pour ce qui concerne nos amis du Monde. Pour Lordon, comme je l’ai dit, je suis content qu’on ait toutes et tous des avis différents. Moi je n’aime plus, ni le style ni certaines idées (sauf certaines en partie exprimées dan ce texte), mais je suis content si d’autres trouvent que c’est bien. c’est la magie seenthis en quelques sortes.

    • A propos de Lordon et pour alimenter le débat, je fais remonter des « abysses » de Seenthis quelques discussions sur le keynasianisme et le spinozisme de sa pensée et (ce qui a fait pas mal de vagues) la parution de son bouquin, Imperium, où Lordon étrille sans ménagement l’anarchisme, l’internationalisme et tout ce qui caractérise le contenu de la pensée libertaire :

      https://seenthis.net/messages/524109
      https://seenthis.net/messages/559885

      (Heureusement qu’il existe quelques outils pour « défragmenter » Seenthis)

    • @sombre sur Lordon (et Friot) je trouve ce passage assez juste :

      Il est devenu de mode de cracher sur Lordon de manière peu rigoureuse, afin de marquer son manque de radicalité et du même geste, de démontrer la sienne... Cela devrait être le fruit d’une véritable lecture critique, faute de quoi l’on tire à côté, et ne demontrons que notre mauvaise foi ou notre mauvaise compréhension . (Il me semble qu’on peut observer le meme phénomène avec b. Friot.)
      https://seenthis.net/messages/559885#message561635

      Je trouve que ça décrit assez bien les textes et les postures de « palim-psao », « tantquil » et « Sortir du capitalisme ».

  • Le lustre retrouvé du « Monde diplo »

    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/02/14/le-lustre-retrouve-du-monde-diplo_5079218_3236.html

    Creuset de l’altermondialisme et du mouvement Nuit debout, le mensuel engagé connaît un regain d’audience et pèse toujours avec succès sur la gauche de la gauche.

    Un soir d’hiver à Evry, dans l’Essonne. Dans la pénombre d’une petite salle de réunion en sous-sol, en bordure d’un vaste centre commercial, ils se retrouvent en petit comité. « Normalement, on est un peu plus nombreux », s’excuse Jacques Simon, professeur à la retraite et président local de l’Association des amis du Monde diplomatique. Comme tous les troisièmes lundis du mois, il est venu avec le dernier numéro du mensuel, dont il a surligné de nombreux passages. Son camarade de réunion a fait de même. Pendant deux heures, les deux hommes débattent des articles qui les ont marqués. La situation grecque, la Syrie ou le besoin d’une « autre politique », dans un cadre proche de la vie militante.

    Il y a ce soir-là un ancien membre d’Attac, aujourd’hui proche du Front de gauche, et un « gaulliste social », séduit par l’ancien vice-président du MoDem, Jean Lassalle. Pourquoi lisent-ils le Diplo ? « C’est un journal alter, qui est dans la mise en cause du système », répond Jacques Simon. En 1995, l’édito « La pensée unique », signé du directeur, Ignacio Ramonet, avait mis des mots sur ce que le journal entend combattre.

    Deux décennies plus tard, le titre continue de se tenir à rebours des grandes tendances médiatiques : peu disert sur la présidentielle française, traitant avec parcimonie le terrorisme islamique ou la question russe. Mensuel, le Diplo prône un journalisme de temps long, quand une majorité de médias concentrent leur énergie sur leur flux d’information. Journal d’opinion, il incarne un courant de la gauche radicale qui a quasiment disparu de la presse quotidienne, avec le déclin des journaux proches du Parti communiste et le recentrage de Libération. International, il consacre de longs formats à des contrées lointaines, quand beaucoup de médias ont dû réduire leur présence à l’étranger. Critique, il n’a de cesse de faire la leçon à ses homologues, dont il dénonce les partis pris et les conformismes.

    Après plusieurs années difficiles, le mensuel vit un spectaculaire renouveau. Sa diffusion a progressé de 12 % en deux ans, son nombre d’abonnés est au plus haut (89 000 fin 2016, selon la direction), et il affiche un résultat d’exploitation positif (1,2 million d’euros en 2015), quand beaucoup d’autres titres décroissent. Son site Internet attire plus d’un million de visiteurs uniques par mois et sa page Facebook compte un million de fans, de Paris à Bruxelles, de Dakar à Tunis.
    Le Diplo a même reçu, en avril 2016, une « étoile » de l’ACPM, l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias, ces récompenses distribuées chaque année par l’organisme qui certifie les chiffres de ventes. Dans la catégorie presse magazine, aux côtés de Valeurs actuelles, l’hebdomadaire de la droite de la droite. Deux titres aux antipodes, deux symboles de l’essor d’une presse aux opinions tranchées.

    « Un autre monde est possible »

    A sa création, en 1954, par Hubert Beuve-Méry et François Honti, il s’agit d’un supplément du Monde destiné aux « cercles diplomatiques » et aux « grandes organisations internationales », réalisé par le service étranger du quotidien. Mais il s’en affranchit à partir de 1973, dans le sillage de Claude Julien, son directeur emblématique, sur fond de divergences éditoriales et personnelles avec André Fontaine. Jusqu’à obtenir sa filialisation, accordée par Jean-Marie Colombani en 1996.

    Le journal loge aujourd’hui dans une ruelle du 13e arrondissement de Paris. Un petit immeuble coquet en briques rouges et pierres apparentes, qu’il a acquis dans les années 2000 et qui fait sa fierté. Le bâtiment symbolise surtout une forme d’autonomie qui va de pair avec une bonne santé financière, fondée notamment sur sa diversification (éditions étrangères, périodiques, atlas…). Et le journal suit toujours la ligne tracée par Claude Julien : appliquer un « devoir d’irrespect » et être équilibré, voire profitable, pour protéger son indépendance. Actionnaire majoritaire à 51 %, le groupe Le Monde n’exerce qu’une tutelle lointaine sur sa filiale. Les personnels détiennent 23,6 % du capital et choisissent eux-mêmes leur directeur.

    Le titre s’appuie aussi sur cette Association des amis du Monde diplomatique, qui possède le restant du capital (25,4 %). Moins active que par le passé, elle dispose encore d’un solide réseau. C’est elle qui organise de multiples débats, comme celui d’Evry, où peuvent intervenir des membres de la rédaction, loin des radars, mais qui nourrissent une présence régulière sur le terrain. Les lecteurs, fidèles, répondent aux fréquents appels du journal, sous forme d’abonnements ou de dons : en 2015, 5 millions de recettes – autant que les ventes au numéro.

    Longtemps titre emblématique du tiers-mondisme, le Diplo, propalestinien revendiqué, a accompagné l’émergence de l’altermondialisme. En 1997, un édito d’Ignacio Ramonet appelle à la création de ce qui deviendra l’Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne (Attac). L’année suivante, Bernard Cassen, alors directeur général, en devient le premier président. En 2001, le Diplo est à l’initiative du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), dont le slogan, « Un autre monde est possible », reprend le titre d’un autre éditorial de M. Ramonet.

    Constance des engagements

    Devenu l’organe non officiel du mouvement altermondialiste, il en subit le ressac quelques années plus tard. Fin 2005, l’intervention d’Ignacio Ramonet dans la crise interne qui déchire Attac provoque une division dans la rédaction et coûte cher au mensuel, qui voit ses lecteurs s’éloigner. Alors teinté par « le souverainisme et l’esprit national », comme le souligne Roger Martelli, historien du communisme et ex-dirigeant du PCF, le titre voit faiblir sa capacité à rassembler les différentes sensibilités de la gauche radicale : internationalistes, chevènementistes, chrétiens de gauche, libertaires…

    Pourtant, depuis 2014, il a retrouvé sa capacité à fédérer la gauche de la gauche. Pour quelle raison ? Selon l’un de ses journalistes, il y a d’abord un effet du contexte politique français, celui, dit-il, d’« un gouvernement de gauche de droite ». Le Diplo a tiré à boulets rouges sur François Hollande dès août 2012, et la hausse de sa diffusion s’est accélérée après le virage social-libéral de 2014.

    Autre explication avancée en interne : la succession d’événements majeurs, comme la crise grecque, la vague d’attentats en France et Belgique ou les guerres au Moyen-Orient. Autant de sujets abondamment couverts par les médias, mais sur lesquels les points de vue alternatifs – hostiles à l’austérité en Grèce, à l’évidence de la « guerre au terrorisme » ou à la réduction du drame syrien à la question djihadiste – peinent à percer.

    Il y a plus de vingt ans, le Diplo avait attiré une nouvelle génération, au-delà du noyau historique tiers-mondiste, en prenant le contre-pied des médias lors de la première guerre du Golfe, et lors des grèves françaises de novembre 1995. Il avait connu le même succès après le 11-Septembre, puis en 2005, quand il s’était fait le porte-voix des opposants au traité constitutionnel européen : ses périodes fastes coïncident avec les grandes batailles idéologiques contre le discours dominant.

    C’est encore le cas. « Dans un champ médiatique mis en coupe réglée par quelques milliardaires, le Diplo occupe une place singulière, celle d’un pôle d’indépendance, de non-soumission à l’air du temps et de rigueur de l’information », estime Bernard Cassen. De son côté, Serge Halimi, son directeur, insiste sur la constance des engagements du titre contre l’hégémonisme américain et le libéralisme. Les nouveaux lecteurs seraient plutôt jeunes et urbains, intellectuels précaires ou militants associatifs, anticapitalistes, qui ne lisent pas d’autres médias. Un panel proche de Nuit debout, qui avait occupé, au printemps 2016, la place de la République à Paris.

    Un « Diplo » plus ouvert

    Si la paternité du mouvement est souvent attribuée à François Ruffin, rédacteur en chef du journal satirique Fakir et grand ami du Diplo, elle est largement partagée avec Frédéric Lordon, un économiste critique, partisan d’une sortie de l’euro, dont la réputation est solide dans les sphères de l’anticapitalisme et du souverainisme de gauche. Contributeur régulier du Diplo, il est aussi l’auteur d’un blog, « La pompe à phynance », qui est la locomotive du site. A leur invitation, Serge Halimi s’est rendu, en avril 2016 à la Bourse du travail, défendre avec eux l’idée d’une jonction du mouvement avec les syndicats opposés à la « loi travail ». En vain.

    L’épisode constitue l’une des rares sorties publiques du directeur, dans un journal qui se tient désormais à distance de l’action politique. Elu en 2008 aux côtés d’Alain Gresh, alors directeur adjoint, Serge Halimi, 61 ans, assume cette prudence qui se mêle d’une forte méfiance envers toute forme de médiatisation ou de personnalisation. Collaborateur depuis la fin des années 1980, il a incarné une forme de sortie de crise quand les tensions étaient vives entre la direction et une partie de la rédaction.

    Sous sa direction, certains marqueurs ont été atténués, notamment dans le traitement de Cuba ou du Venezuela. Les articles les plus récents s’ancrent dans l’observation des sociétés plus que dans la solidarité avec les régimes hérauts de l’antiméricanisme, même s’il reste dans l’ADN du journal. Serge Halimi a ainsi pris récemment ses distances avec les soupçons sur la guerre de l’information de la Russie, sans commune mesure, selon lui, avec l’action des Etats-Unis dans le secteur du renseignement : « Un vent mauvais souffle sur l’Occident. Chaque élection ou presque est appréciée à travers le prisme de la Russie », a-t-il écrit dans le numéro de janvier.

    Dominique Vidal, qui avait démissionné de la rédaction en chef en 2005 lors de la crise d’Attac, estime que la nouvelle équipe a su faire évoluer le traitement des emblématiques sujets latino-américains. « On faisait un journal avec une attitude dogmatique, où l’on répétait nos vérités, estime-t-il. Aujourd’hui, on a un Diplo plus ouvert, qui se confronte à la complexité de la réalité. » Symptomatiquement, le nombre de signatures de journalistes a augmenté, comme le nombre de reportages.

    Critique des médias

    Une évolution en partie redevable au rédacteur en chef, Philippe Descamps, journaliste éprouvé, auteur, en 1995, du Système Carignon avec l’écologiste Raymond Avrillier, dont on souligne en interne qu’« il n’est pas un idéologue ». « On bénéficie d’une liberté remarquable dans le choix des sujets, et il y a un respect total », assure ce journaliste, qui trouve le mensuel « plus digeste, mieux écrit, allégé ». D’autres regrettent la raréfaction des spécialistes de géopolitique, dans une équipe qui compte aujourd’hui 10 permanents sur 26 salariés.

    Conformément à sa tradition, le Diplo donne la parole aussi bien à des journalistes, universitaires et militants, et reste un objet hétérogène, mêlant contenus journalistiques et articles d’opinion, sans que la distinction soit formellement faite. Ce choix maintient une forme d’ambiguïté qu’avait pointée en 2013 Flavie Holzinger, aujourd’hui journaliste au Monde, dans sa thèse sur « Le Monde diplomatique d’Ignacio Ramonet, de 1991 à 2008 ». Elle s’interrogeait sur l’engagement politique des rédacteurs : certains ont en effet un passé de cadres politiques, comme sa rédactrice en chef adjointe, Martine Bulard, une ancienne dirigeante du PCF. Pour Flavie Holzinger, cela posait « le problème de la partialité des analyses, même si celui-ci étant connu et affiché, le lecteur dispose de clés pour le décoder ».

    Autre marqueur fort : la critique des médias. « Dès les années 1970, le journal a systématiquement “déconstruit” le bourrage de crâne néolibéral et proposé d’autres grilles de lecture de la réalité, rappelle Bernard Cassen. D’où l’attention particulière accordée aux médias qui, massivement, véhiculent la “pensée unique”, formule mise en circulation pour la première fois dans nos colonnes. » Point d’orgue de cette démarche : la publication, en 1996, d’un texte de Pierre Bourdieu sur la télévision, deux ans avant la polémique autour des Nouveaux Chiens de garde (Liber-Raisons d’agir, 1997), célèbre pamphlet de Serge Halimi, qui l’a opposé en particulier à Edwy Plenel, alors directeur de la rédaction du Monde.

    Aujourd’hui, la fréquence des articles sur les médias s’est encore accentuée. Le directeur s’y consacre, ainsi que les journalistes Pierre Rimbert, Benoît Bréville et Renaud Lambert, tous anciens du journal satirique Le Plan B, qui composent le proche entourage du directeur – Pierre Rimbert fait d’ailleurs figure de successeur potentiel. Point central de doctrine, cette observation millimétrée du travail des confrères se double d’une défiance certaine à leur égard. Rares sont les personnes qui travaillent au mensuel qui acceptent de répondre aux questions des journalistes.

    Pour le Diplo, les autres médias font parfois figure d’alliés conscients ou naïfs des marchés financiers, de la politique américaine, et sont prisonniers de leurs propres représentations. Début 2015, le mensuel avait ainsi exprimé une grande méfiance envers « l’esprit Charlie » qui flottait sur la presse, et a semblé relativiser la spécificité de l’attentat contre l’hebdomadaire. Ce qui lui a valu, deux ans plus tard, une violente charge dans les pages du journal satirique du journaliste Fabrice Nicolino, grièvement blessé lors de l’attaque qui a coûté la vie à douze personnes, le 7 janvier 2015. Début 2017, un article titré « Mon voisin vote FN » tentait d’infléchir la figure médiatique de l’électeur FN. Pierre Rimbert, lui, se moquait de la place accordée dans les autres titres aux « fake news », ironisant sur « les poids lourds de l’information qui s’indignent que des chauffards du bobard roulent les lecteurs sans permis ».

    Les questions de laïcité et du voile demeurent épineuses. La relation de la France à l’islam ou à ses minorités est un sujet peu présent, et reflète peut-être l’embarras d’une partie de la gauche radicale. Dénonciateur de l’islamophobie, Alain Gresh, incarnation historique de la ligne internationaliste, a quitté le journal début 2016 pour fonder le journal en ligne Orient XXI. info. Ce départ a agi comme une clarification de la ligne. « On insiste plus sur la prolophobie que sur l’islamophobie », résume un journaliste. « Souligner la composante sociale des inégalités permet de combattre l’idée que les populations d’origine maghrébine ou africaine constitueraient un problème spécifique », écrivait le rédacteur en chef adjoint, Benoît Bréville, en février 2015. Une façon de mettre à distance les thèses de l’extrême droite, mais aussi le discours postcolonial.

    Aujourd’hui, le Diplo n’envisage pas de prendre position dans la campagne présidentielle, encore moins de se mêler de politique politicienne. En 2012, Serge Halimi n’avait pas caché avoir glissé un bulletin Mélenchon dans l’urne, comme Ignacio Ramonet et Bernard Cassen. Ce dernier, qui continue de collaborer au journal, a franchi un pas supplémentaire en acceptant de contribuer au programme du député européen sur le volet « francophonie politique ». Pour certains, la dynamique qui porte le Diplo épouse celle du candidat de La France insoumise. « Son succès est indexé au contexte social et politique, juge ainsi Clémentine Autain, porte-parole du mouvement Ensemble ! et directrice de la publication du magazine Regards. Son regain est lié à la percée de Mélenchon, de Nuit debout. C’est un journal ancré dans notre espace politique. »

    Un avis que partage Pierre Khalfa, avec des réserves. D’« abonné historique », l’ancien dirigeant d’Attac en est devenu lecteur épisodique. « Le reproche qu’on peut leur faire, c’est de ne pas donner une vision pluraliste de la gauche radicale, juge celui qui est aujourd’hui coprésident de la Fondation Copernic. S’ils font une critique des politiques néolibérales et sécuritaires assez saine, ils tiennent une ligne souverainiste de gauche qui n’est pas la mienne. »

    Mais l’existence d’un positionnement politique clair est contestée par d’autres observateurs, comme Roger Martelli, pour qui il reflète surtout « un état d’esprit ». Un état d’esprit moins radicalement incarné qu’à une époque, mais certes pas moins influent.

    • Le monde diplo est-t’il à ce point « moins radicalement incarné qu’à une époque » pour qu’il passe le test du decodex ?

      ( @reka tu es dispensé de répondre à cette question, je connais déjà ta réponse ^^ )

      Je présume que cet éloge du monde diplo par l’e-monde sert à les faire passé pour moins hostile à la gauche suite à leur déplorable decodex.

    • Ce serait bien d’arrêter de mettre des liens vers le site du Monde , le site qui se targue de gérer la vérité vrai avec #Décodex.

      L’index de la vérité officielle privatiséee.
      Le monde, l’organe officiel du néolibéralisme français, le site qui est choqué par les « journaux » de gauche et qui les signale. Exemple Fakir.

      Ne plus publier de liens vers cette feuille de choux européiste , c’est frapper ses propriétaires milliardaires au portefeuille.

      Avant de publier quelque chose, faire une recherche afin de voir s’il n’y a pas un lien vers un autre site.
      Merci

  • Un espion trop bavard, par Pierre Rimbert
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/02/RIMBERT/57129

    Certaines révélations sur les ingérences étrangères dans la vie politique d’une nation prennent la dimension d’un cataclysme mondial. D’autres restent cantonnées à la rubrique des faits divers. Nul ne doute cependant que si un régime proche-oriental dirigé par une coalition incluant l’extrême droite et possédant l’arme nucléaire intervenait en douce pour fausser le fonctionnement des partis dans un pays européen, analystes et journalistes sonneraient le tocsin.

    The Lobby - Al Jazeera English
    http://www.aljazeera.com/investigations/thelobby
    https://www.youtube.com/watch?v=ceCOhdgRBoc

  • Le porte-conteneurs et le dromadaire, par Pierre Rimbert
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/139/RIMBERT/52585 #st
    https://www.flickr.com/photos/33regard/4702782010

    Flickr

    La Chine s’est autoproclamée gendarme de la concurrence… en torpillant une alliance entre les trois géants européens du transport maritime. Dépendant à plus de 80% de la mer pour son commerce, elle veut développer ses propres forces et sécuriser ses corridors océaniques.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/49171 via Le Monde diplomatique

  • « Radicalisation » : le mot qui tue, par Pierre Rimbert (février 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/151/RIMBERT/57056 #st

    En 2017, parmi les appellations piégées qui ruinent le langage et rongent la pensée, celle de « #radicalisation » occupe sur le plateau du Scrabble idéologique la case du mot compte triple. C’est d’abord, depuis le 11 septembre 2001 jusqu’à la vague actuelle d’attentats djihadistes qui endeuille la planète, l’expression d’une capitulation intellectuelle. Celle de chercheurs et de journalistes qui se résignent à ne plus expliquer « pourquoi » afin de ne pas paraître excuser. Rien ne sert de comprendre quand on peut châtier : que cette pensée d’Inquisition arme les défenseurs patentés du savoir et des Lumières contre l’obscurantisme salafiste suggère que ce dernier a déjà marqué des points.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/48986 via Le Monde diplomatique

  • Hayek ou le bolchevisme néolibéral, par Pierre Rimbert (Manuel d’économie critique, septembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a56948

    « #Néolibéralisme » : le terme a été si souvent utilisé qu’il n’évoque 
plus aux yeux du public que l’appellation semi-savante 
de « pensée de marché ». Comme toutes les idéologies dominantes, celle-ci fait oublier ses origines pour se prétendre éternelle, naturelle. Or, à ses débuts, le néolibéralisme était en fait un courant 
d’après-guerre marginal, qu’un petit groupe d’évangélistes s’employa ensuite à populariser.