• Dans l’asile de nuit | Rosa Luxembourg (L’Alsace libertaire)
    http://www.alsacelibertaire.net/?p=5892

    Rosa Luxembourg Mais peu à peu ses forces le trahissent. Une période de chômage plus longue, un accident, la vieillesse qui vient – et l’un d’eux, puis un second est contraint de se précipiter sur le premier emploi qui se présente : il abandonne sa profession et glisse irrésistiblement vers le bas. Les périodes de chômage s’allongent, les emplois se font plus irréguliers. L’existence du prolétaire est bientôt dominée par le hasard ; le malheur s’acharne sur lui, la vie chère le touche plus durement que d’autres. La tension perpétuelle des énergies, dans cette lutte pour un morceau de pain, finit par se relâcher, son respect de soi s’amenuise – et le voici debout devant la porte de l’asile de nuit à moins que ce ne soit celle de la prison. Ainsi chaque année, chez les prolétaires, des milliers d’existences s’écartent des conditions de vie normales de la classe ouvrière pour tomber dans la nuit de la misère. (...) Source : L’Alsace libertaire

  • L’ALSACE LIBERTAIRE » Un temps a ne pas laisser un sdf dehors… [Rosa Luxembourg]
    http://www.alsacelibertaire.net/?p=5892

    L’Europe est pétrifiée par le froid, pour reprendre un titre du parisien, et déjà un bon paquet de gens sont morts, plus de 160 toujours selon ce journal.

    A cette occasion , nous publions un article de Rosa Luxembourg, Dans l’asile de nuit rédigé il y a exactement 100 ans le 1er Janvier 1912 . Au lendemain de Noël, une grave intoxication alimentaire provoque la mort d’ une centaine de prolos, dans l’asile de nuit municipal de Berlin. Un empoisonnement mortel ( harengs périmés, alcools frelatés…) sur lequel les flics se hâtèrent d’enquêter, histoire de rassurer « l’opinion publique ».

    Au delà de ces causes immédiates, il y a une société, qui ne se préoccupe de la morts des prolétaires que lorsqu’ils crèvent en masse…

    Dans l’asile de nuit

    L’atmosphère de fête dans laquelle baignait la capitale du Reich vient d’être cruellement troublée. A peine des âmes pieuses avaient-elles entonné le vieux et beau cantique » O gai Noël, jours pleins de grâce et de félicité » qu’une nouvelle se répandait : les pensionnaires de l’asile de nuit municipal avaient été victimes d’une intoxication massive. Les vieux tout autant que les jeunes : l’employé de commerce Joseph Geihe, vingt et un ans ; l’ouvrier Karl Melchior, quarante-sept ans ; Lucian Szczyptierowski, soixante-cinq ans. Chaque jour s’allongeait la liste des sans-abri victimes de cet empoisonnement. La mort les a frappés partout : à l’asile de nuit, dans la prison, dans le chauffoir public, tout simplement dans la rue ou recroquevillés dans quelque grange. Juste avant que le carillon des cloches n’annonçât le commencement de l’an nouveau, cent cinquante sans-abri se tordaient dans les affres de la mort, soixante-dix avaient quitté ce monde.