• La réforme du choc des savoirs : un choc contre l’École fraternelle
    https://www.cafepedagogique.net/2024/05/24/la-reforme-du-choc-des-savoirs-un-choc-contre-lecole-fraternelle

    La réforme du Choc des savoirs est rejetée par l’ensemble de la communauté éducative. Encore une fois, une réforme de l’Éducation nationale est menée tambour battant et à marche forcée sans aucun dialogue ni l’adhésion des actrices et acteurs de terrain. Cette verticalité est ressentie avec brutalité et interroge en profondeur le métier des professeur.es, comme la crise du recrutement au concours de l’enseignement en atteste. Le nombre d’admissibles ne recouvre pas le nombre de postes dans certaines disciplines. Comment un métier peut-il être attractif quand il est déconsidéré financièrement et socialement, quand les salaires ne sont pas revalorisés. La France paie particulièrement mal ses enseignant, en comparaison avec les pays européens. Le métier même de professeur évolue, il est transformé en métier d’exécutant. Les bréviaires, les manuels montrent le glissement vers une perte de liberté pédagogique comme une perte de confiance dans le professeur. Cette méthode descendante atteste d’un manque de confiance dans l’art du professeur, la pédagogie, l’art de transmettre. Mais n’est-ce pas une méthode qui permet de ne pas interroger le manque de formation des enseignants ? « Qui veut encore des professeurs ? » interroge Philippe Meirieu dans un court ouvrage publié l’année dernière : ce titre à l’apparence polémique doit nous interroger en profondeur sur le devenir du métier de professeur, et sur l’avenir de l’École.

    Le choc des savoirs est à l’image de notre Ve République, elle est le fait du Prince. Et de ce fait, les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité peuvent-elles être respectées dans l’École ?

  • Ce réseau libertarien qui veut imposer ses idées en France - Basta !
    https://basta.media/reseau-libertarien-veut-imposer-idees-france-Atlas-Javier-Milei-Trump-Ifrap

    Un rapport de l’Observatoire des multinationales met en lumière l’un des facteurs méconnus de la progression des idées d’extrême droite en Amérique et en France : le soutien d’un réseau états-unien de think tank libertariens, appelé Atlas.

    Mais que font nos cellules anti-fake news ?

  • Le règlement IA adopté, la fuite en avant techno-solutionniste peut se poursuivre – La Quadrature du Net
    https://www.laquadrature.net/2024/05/22/le-reglement-ia-adopte-la-fuite-en-avant-techno-solutionniste-peut-se-

    Réunis au sein du Conseil de l’Union européenne, les États-membres ont adopté hier le règlement IA, dédié à la régulation des systèmes d’Intelligence Artificielle. Cette étape marque l’adoption définitive de cet édifice législatif en discussion depuis 2021, et présenté au départ comme un instrument de protection des droits et libertés face au rouleau compresseur de l’IA. À l’arrivée, loin des promesses initiales et des commentaires emphatiques, ce texte est taillé sur mesure pour l’industrie de la tech, les polices européennes et autres grandes bureaucraties désireuses d’automatiser le contrôle social. Largement fondé sur l’auto-régulation, bardé de dérogations, il s’avère totalement incapable de faire obstacle aux dégâts sociaux, politiques et environnementaux liés à la prolifération de l’IA.

    À l’arrivée, loin de protéger les valeurs de démocratie, d’État de droit et de respect pour l’environnement que l’Union européenne prétend encore incarner comme un phare dans la nuit, le règlement IA reste le produit d’une realpolitik désastreuse. Face à l’étau formé par la Chine et les États-Unis, il doit en effet permettre de relancer l’Europe dans la course aux dernières technologies informatiques, perçues comme de véritables étalons de puissance. Non seulement cette course paraît perdue d’avance mais, ce faisant, l’Union européenne participe à légitimer une fuite en avant techno-solutionniste dangereuse pour les libertés et insoutenable au plan écologique.

    La généralisation de l’IA, en tant que paradigme technique et politique, a pour principal effet de démultiplier les dégâts engendrés par la sur-informatisation de nos sociétés. Puisqu’il est désormais clair que ce règlement ne sera d’aucune utilité pour enrayer l’emballement actuel, c’est d’autres moyens de lutte qu’il va nous falloir collectivement envisager.

    #Intelligence_artificielle #AIAct #Europe #Régulation

  • Affaire Luis Bico : la Cour de cassation valide le « permis de tuer » de la police | Flagrant Déni
    https://blogs.mediapart.fr/flagrant-deni/blog/210524/affaire-luis-bico-la-cour-de-cassation-valide-le-permis-de-tuer-de-l

    Pour la première fois, la #justice valide un #tir_policier_mortel, alors qu’il n’y avait pas légitime défense. Luis Bico ne présentait pas de danger immédiat. Mais le policier qui l’a tué, alors que des passants étaient dans sa ligne de mire, échappe à toute poursuite. La CEDH va être saisie.

    Deux pages d’une froideur terrible, pour conclure sept années de combat. Et enterrer un nouveau scandale policier et judiciaire. Mercredi 15 mai, la Cour de cassation a rendu son arrêt dans l’affaire Luis Bico, tué par la police près de Montargis en août 2017. Comme elle le fait habituellement, quand aucun doute juridique n’est possible, la plus haute juridiction s’est bornée à une phrase type, sans aucune argumentation : « la Cour de cassation constate qu’il n’existe, en l’espèce, aucun moyen de nature à permettre l’admission du pourvoi ».

    Un « circulez, y’a rien à voir », en langage judiciaire. Or, cette décision est hautement décisive. Elle valide, de la façon la plus officielle qui soit, le permis de tuer instauré par la loi de 2017 dans l’article L435-1 du Code de sécurité intérieure. Son promoteur, le socialiste Bernard Cazeneuve, s’en défend à qui veut l’entendre : « C’est un texte qui dit : “Vous ne pouvez tirer que lorsque vous êtes en situation de légitime défense” ». Et pourtant, c’est tout autre chose qui est désormais gravé dans le marbre de l’ordre juridique. Car dans l’affaire Luis Bico, la cour d’appel avait à la fois estimé que les conditions de la légitime défense classique ne s’appliquaient pas, mais que le nouvel article, si. La Cour de cassation valide ce raisonnement. L’article L.435-1 est donc bien un cadre plus large que la simple légitime défense.

    Pas de danger immédiat

    Et même beaucoup plus large. Dans l’affaire Bico, la cour d’appel d’Orléans avait relevé que Luis Bico ne menaçait personne au moment où il avait été tué. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y avait pas légitime défense. D’après la cour d’appel, Luis Bico était simplement « susceptible d’attenter à la vie ou à l’intégrité physique d’autrui », s’il parvenait à s’échapper. Un danger très hypothétique donc.
    En revanche, le policier qui a tiré sur Luis Bico, lui, l’a fait en visant pour tuer. Il a en outre tiré alors que des passants se trouvaient juste derrière, en plein dans sa ligne de mire, comme le montrent les images exclusives publiées par Flagrant déni en avril. « Ils visaient en haut, analyse Casimiros Bico, le frère de Luis, et d’ailleurs il y a une femme qui a entendu siffler une balle. Il y a 18 tirs, mais ils n’ont retrouvé que 9 impacts sur la voiture de Luis ». Dans cette affaire, pour un danger hypothétique, la #police a tué une personne, et mis en danger beaucoup d’autres. C’est ce que la Cour de cassation estime légal, sur la base de l’article L.435-1.

    Dossier inaccessible à la famille

    Cette décision est la conclusion d’un long combat, celui de la famille, face au mur aveugle de la justice. « On ne connaissait rien à la justice, donc on a fait confiance aux spécialistes, se souvient Christèle, la belle-sœur de Luis, très amère. On posait des questions, l’avocate nous disait “Ne vous inquiétez pas, c’est juridique”. Il ne fallait pas parler aux journalistes, pour ne pas énerver les juges, ni aux associations. On nous a complètement enfermés, et finalement, voilà le résultat ! ».

    La famille de Luis n’a jamais pu accéder au dossier. Jusqu’au dernier jour. Dans un courrier daté du 15 mai, que Flagrant déni a pu consulter, l’avocate continue de refuser de communiquer le dossier à la famille : « je ne puis m’autoriser à vous remettre un dossier d’instruction ». Dans un dossier conclu définitivement, comme c’est désormais le cas pour celui de Luis, aucun secret n’est pourtant plus en vigueur. « En tout, on en a eu pour 21500 euros de frais d’avocat, calcule Christèle, mais on ne peut toujours pas voir le dossier ».

    Contrôle d’identité de la famille à la sorte de l’audience

    A la Cour de cassation, le 4 avril dernier, la plupart des personnes venues en soutien n’ont pas pu accéder à l’audience, pourtant censément publique. Sous les surplombantes moulures dorées, la famille a dû rester cantonnée derrière une sorte de muret de bois, symbole bien visible de la séparation entre la justice, et les justiciables. Derrière ce muret, une fois assis, il était à peine possible de voir les trois juges installés tout au fond de l’immense salle. L’affaire a été évacuée en quelques minutes, sans suspense. « C’est pas la justice ça, ils n’ont retenu que les faits qui les arrangeaient », peste Casimiros à la sortie de l’audience.

    La famille n’a pas eu la parole, et son avocat n’était même pas présent. La police, en revanche, était bien là. Pour avoir posé quelques instants devant le palais de Justice, à la sortie de l’audience, avec des T-shirt « L.435-1 m’a tué·e » et des pancartes en mémoire de Luis, la famille et la quinzaine de soutiens présents, parmi lesquels de nombreuses victimes et familles de violences policières, ont eu le droit à un contrôle d’identité général.

    Une loi « mal interprétée, mal expliquée, mal conduite »

    L’affaire Luis Bico est aussi la parfaite illustration des ambiguïtés et de la dangerosité de l’article L435-1. L’Assemblée nationale doit rendre un rapport sur « la hausse du nombre de refus d’obtempérer et les conditions d’usage de leurs armes par les forces de l’ordre ». A propos de l’article L435-1, l’un des deux rapporteurs, Roger Vicot, député macroniste, estime que « la formulation de la loi est mal interprétée, mal expliquée, mal conduite ». Depuis cette loi, le nombre de personnes tuées par la police a été multiplié par cinq.
    Steven R., l’auteur des tirs mortels, est à l’époque des faits un adjoint de sécurité, noté comme indiscipliné par sa hiérarchie, et doté de très peu d’expérience. Grâce à la loi de 2017, désormais durement interprétée par la Cour de cassation, il échappe à toute poursuite, définitivement. « On s’y attendait, explique Christèle. On s’en doutait, même s’il y a toujours un petit espoir. Mais on va aller à la Cour européenne, ça c’est certain, le combat n’est pas terminé ». Encore une fois, il va falloir que la CEDH vienne sanctionner la France pour que les choses bougent, peut-être. A moins qu’entre temps, l’Assemblée nationale tire les conséquences de cette loi funeste, et décide enfin de l’abroger ?
    Lionel Perrin

    Comment la police a utilisé son “permis de tuer” sur Luis Bico
    https://www.flagrant-deni.fr/comment-la-police-a-utilise-son-permis-de-tuer-sur-luis-bico
    https://seenthis.net/messages/623282

  • L’Aide Médicale à Mourir est devenue une dystopie au Canada | David Moscrop
    https://cabrioles.substack.com/p/laide-medicale-a-mourir-est-devenue

    Photo d’une banderole du collectif Not Dead Yet UK. Tout en haut est inscrit “Nous avons besoin de soutien pour vivre, pas d’assistance pour mourir”. Au centre est écrit en gros Not dead Yet (Pas encore morts). En bas une ribambelle de gens en fauteuil ou debout manifestent avec des pancartes, en dessous d’eux est écrit “Les personnes handicapées disent NON au suicide assisté”

    L’euthanasie au Canada représente la victoire cynique de la logique brutale du capitalisme dans sa phase finale sur le système de protection sociale - nous allons vous priver des ressources financières dont vous avez besoin pour vivre une vie digne, et si vous n’aimez pas ça, pourquoi ne pas tout simplement vous suicider ?

    David Moscrop est journaliste, commentateur politique, et anime le podcast Open to Debate.

    · Note de Cabrioles : Alors que le gouvernement Macron entend faire passer, avec le soutien de la gauche eugéniste, le #suicide_assisté dans la loi tout en détruisant les conditions de vie et de soin des personnes malades et handicapées, nous ne pouvons que vous conseiller d’aller lire la dernière tribune du collectif handiféministe Les Dévalideuses « Une ‘mort digne’, mais pour qui ? », de demander à Politis l’accès libre à l’interview d’Elisa Rojas « Notre #mort est toujours considérée comme libératrice par cette société », et de lire notre première publication sur le sujet. Partout dans le monde des personnes handicapées se mobilisent contre ces projets de loi, récemment plusieurs manifestations ont eu lieu en Angleterre, portées par des collectifs comme Not Dead Yet UK ou Disabled People Against Cuts. L’actrice handicapée Liz Carr a réalisé “Better Off Dead ?” (Mieux vaut être mort ?), un film documentaire d’ 1 heure sur le sujet diffusé sur la BBC le 14 mai 2021, et ce depuis le point de vue de personnes handicapées et de militant·es antivalidiste. Pour les anglophones il est visible sur le site de la BBC en passant par un proxy ou un vpn (il est également téléchargeable sur Pirate Bay). Une version sous-titrée en français serait plus que bienvenue. Pour finir, si l’usage inquestionné de la notion de ‘maladie mentale’ dans l’article qui suit nous semble problématique, il nous a tout de même paru utile pour saisir de manière synthétique la réalité désastreuse de l’Aide Médicale à Mourir en régime capitaliste.

    #aide_médicale_à_mourir #euthanasie

    • En effet, l’année dernière, Jeremy Appel a affirmé que l’AMM « commence à ressembler à une solution dystopique pour contourner le coût de l’aide sociale ». D’abord favorable à l’initiative, il a changé d’avis sur l’AMM en considérant que les décisions prises par les gens ne sont pas à proprement parler individuelles, mais plutôt façonnées collectivement et parfois « le produit de circonstances sociales qui échappent à leur contrôle ». Lorsque nous ne prenons pas soin les un·es des autres, à quoi aboutissons-nous ?

      « J’en suis venu à réaliser, écrit-il, que l’euthanasie au Canada représente la victoire cynique de la logique brutale du capitalisme dans sa phase finale sur le système de protection sociale - nous allons vous priver des ressources financières dont vous avez besoin pour vivre une vie digne [...] et si vous n’aimez pas ça, pourquoi ne pas tout simplement vous suicider ? »

    • Donc le problème c’est pas l’aide à mourir mais bien les inégalités et les aides aux personnes handicapées non ? Je comprends le point mais à mon avis si jamais en France le projet de loi sur l’aide à mourir ne passe pas ça ne veut pas dire pour autant que les aides pour les handicapé-e-s vont augmenter, malheureusement... On serait donc doublement perdants...

  • Apprentissage : les dérapages financiers et pédagogiques sur un plateau de télé | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/nasr-lakhsassi/blog/210524/apprentissage-les-derapages-financiers-et-pedagogiques-sur-un-platea

    L’argent public est absorbé par un trou noir

    L’open bar des primes et de l’argent facile fonctionne donc parfaitement...pour les employeurs et les centres de formation. Un puits sans fonds. L’eldorado, il est là ! Et nombreux sont ceux qui en sont devenus accrocs, y compris les patrons milliardaires des multinationales !

    Depuis la mise en place de la réforme, les financements publics alloués à l’apprentissage n’ont cessé d’augmenter.

    Dans son étude « Un bilan des années folles », Bruno Coquet montre que les dépenses publiques sont passées de 5 693 M € en 2017 à 19 894 M € en 2022.

    Les dépenses publiques enregistrées en 2023 s’élèvent à 22 milliards d’après France info.

    « Jamais une politique de soutien à l’emploi n’a été aussi coûteuse pour les finances publiques. Ce sont des milliards d’euros de deniers publics qui partent en pure perte. Sans aucune régulation derrière ! » Ces mots forts viennent d’un haut fonctionnaire tenu au devoir de réserve. De ceux qui n’aiment pas les polémiques et tiennent plutôt les journalistes à distance. Sauf que là, la moutarde pique trop : « Il faut ouvrir le capot de ce beau discours sur la hausse de l’apprentissage. » Libération 23 novembre 2022.

    #apprentissage #privé #emploi #argent_public #dette

  • Kenneth Stern, juriste américain : « Notre définition de l’antisémitisme n’a pas été conçue comme un outil de régulation de l’expression »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/kenneth-stern-juriste-americain-notre-definition-de-l-antisemitisme-n-a-pas-

    L’universitaire new-yorkais déplore, dans un entretien au « Monde », l’utilisation du concept d’antisémitisme à des fins politiques dans le cadre de la guerre Israël-Hamas.
    Propos recueillis par Valentine Faure

    Le juriste américain Kenneth Stern est directeur du Center for the Study of Hate de l’université de Bard (New York) et auteur de The Con­flict Over the Con­flict : The Israel/​Palestine Cam­pus Debate (University of Toronto Press, 2020, non traduit). Il a été le principal rédacteur du texte sur la définition de l’#antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), utilisée dans de nombreux pays, dont la France, où elle a été adoptée en 2019 par l’Assemblée nationale en tant qu’« instrument d’orientation utile en matière d’éducation et de formation et afin de soutenir les autorités judiciaires et répressives dans les efforts qu’elles déploient pour détecter et poursuivre les attaques antisémites ». Depuis plusieurs années, il s’élève contre le détournement de cette définition à des fins politiques, pour faire taire les propos critiques envers la politique du gouvernement israélien.

    Vous avez été le principal rédacteur de la définition de l’antisémitisme adoptée en 2016 par l’IHRA, une organisation intergouvernementale basée à Stockholm. Dans quel contexte est-elle née ?

    Après la deuxième Intifada [2000-2005], nous avons observé une nette résurgence de l’antisémitisme en Europe. Chargé de rédiger un rapport, l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes [EUMC] a identifié un problème : ceux qui collectaient les données dans différents pays d’Europe n’avaient pas de point de référence commun sur ce qu’ils devaient inclure ou exclure de leurs enquêtes. Ils travaillaient avec une définition temporaire qui décrivait l’antisémitisme comme une liste d’actes et de stéréotypes sur les #juifs. Les attaques liées à #Israël – lorsqu’un juif est visé en tant que représentant d’Israël – étaient exclues du champ de l’antisémitisme si l’agresseur n’adhérait pas à ces stéréotypes.

    En avril 2004, une école juive de Montréal a été incendiée en réaction à l’assassinat par Israël d’un dirigeant du Hamas. J’ai profité de l’occasion pour interpeller publiquement le directeur de l’EUMC sur le fait que, selon leur définition temporaire, cet acte n’était pas considéré comme antisémite. L’American Jewish Committee, où j’étais expert en matière d’antisémitisme, a pris l’initiative de travailler avec l’EUMC pour élaborer une nouvelle définition, dans le but principal d’aider les collecteurs de données à savoir ce qu’il faut recenser, à travers les frontières et le temps. Le texte liste onze exemples contemporains d’antisémitisme, parmi lesquels « la négation du droit du peuple juif à l’autodétermination » et l’application d’un traitement inégalitaire à Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés d’une autre nation. Les exemples reflètent une corrélation entre ces types de discours et le niveau d’antisémitisme. Il ne s’agit cependant pas de dire qu’il y a un lien de cause à effet, ou que toute personne tenant de tels propos devrait être qualifiée d’antisémite.

    Aujourd’hui, vous regrettez l’usage qui a été fait de ce texte. Pourquoi ?

    Depuis 2010, des groupes de la #droite_juive américaine ont tenté de s’approprier cette définition, de la marier aux pouvoirs conférés par le Title VI (la loi de 1964 sur les droits civils, qui protège contre la discrimination fondée sur la race, la couleur et l’origine nationale) et de l’utiliser pour tenter de censurer les discours propalestiniens sur les campus. En 2019, Donald Trump a signé un décret exigeant que le gouvernement analyse les plaintes pour antisémitisme en tenant compte de cette définition. Une violation du Title VI peut entraîner le retrait des fonds fédéraux aux établissements d’enseignement supérieur. Au moment de l’adoption de ce décret, Jared Kushner, le gendre de Trump, a clairement indiqué son objectif dans une tribune au New York Times : qualifier tout #antisionisme d’antisémitisme.

    Or, notre définition n’a pas été conçue comme un outil de régulation de l’expression. Sur les campus universitaires, les étudiants ont le droit absolu de ne pas être harcelés ou intimidés. Mais il est acceptable d’être dérangé par des idées. Nous ne voudrions pas que la définition du #racisme utilisée sur les campus inclue l’opposition à la discrimination positive ou à Black Lives Matter, par exemple. L’université est censée être un lieu où les étudiants sont exposés à des idées, où ils apprennent à négocier avec la contradiction, etc. Nous devons être en mesure de répondre et d’argumenter face à ces discours.

    Lors de son témoignage au Congrès sur l’antisémitisme, dans le contexte de manifestations propalestiniennes sur les campus américains, à la question de savoir si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard », Claudine Gay, qui était alors présidente de cette université, a répondu que « cela peut, en fonction du contexte ». Comment comprendre cette réponse ?

    Les universités, publiques comme privées, sont tenues de respecter le premier amendement, qui garantit la #liberté_d’expression. La distinction générale du premier amendement est la suivante. Je peux dire : « Je pense que tous les “X” devraient être tués » ; je ne peux pas crier cela si je suis avec un groupe de skinheads brandissant des battes et qu’il y a un « X » qui marche dans la rue à ce moment-là. La situation doit présenter une urgence et un danger. Il y a une distinction fondamentale entre le fait d’être intimidé, harcelé, discriminé, et le fait d’entendre des propos profondément dérangeants. David Duke [homme politique américain, néonazi, ancien leader du Ku Klux Klan] a été vilipendé, mais pas sanctionné, lorsque, étudiant dans les années 1970, il disait que les juifs devraient être exterminés et les Noirs renvoyés en Afrique, et qu’il portait même un uniforme nazi sur le campus. S’il avait été renvoyé, il serait devenu un martyr du premier amendement.

    La suspension de certaines sections du groupe des Students for Justice in Palestine [qui s’est illustré depuis le 7 octobre 2023 par ses messages de soutien au Hamas] est profondément troublante. Les étudiants doivent pouvoir exprimer des idées, si répugnantes soient-elles. La distinction que j’utilise ne se situe pas entre les mots et l’acte, mais entre l’expression (qui peut se faire par d’autres moyens que les mots) et le harcèlement, l’intimidation, les brimades et la discrimination, qui peuvent se faire par des mots également – de vraies menaces, par exemple. En d’autres termes, oui, cela dépend du contexte. Claudine Gay [qui a démissionné depuis] avait donc raison dans sa réponse, même si elle s’est montrée sourde au climat politique.

    Comment analysez-vous la décision de la présidente de Columbia, suivie par d’autres, d’envoyer la police pour déloger les manifestants propalestiniens ?

    La décision de faire appel à la police aussi rapidement n’a fait qu’enflammer la situation. Les campements ont probablement violé les règles qui encadrent le droit de manifester sur le campus. Mais faire appel à la police pour arrêter des étudiants devrait être, comme lorsqu’un pays entre en guerre, la dernière mesure prise par nécessité. D’autres #campus qui connaissent des manifestations similaires ont abordé le problème différemment, déclarant que, tant qu’il n’y a pas de violence ou de harcèlement, ils ne feront pas appel à la #police.

    Vous parlez de « zone grise » de l’antisémitisme. Qu’entendez-vous par là ?

    Dans sa forme la plus dangereuse, l’antisémitisme est une théorie du complot : les juifs sont considérés comme conspirant pour nuire aux non-juifs, ce qui permet d’expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Mais voici une question plus difficile : « Où se situe la limite entre la critique légitime d’Israël et l’antisémitisme ? » Cette question porte davantage sur notre besoin de délimitations que sur ce que nous voulons délimiter. Nous voulons simplifier ce qui est complexe, catégoriser un propos et le condamner. L’antisémitisme, pour l’essentiel, ne fonctionne pas ainsi : on peut être « un peu » antisémite ou, plus précisément, avoir des opinions qui se situent dans la zone grise.

    La question la plus épineuse à cet égard demeure celle de l’antisionisme.

    Moi-même sioniste convaincu, je souffre d’entendre dire qu’Israël ne devrait pas exister en tant qu’Etat juif. Je comprends les arguments de ceux qui assurent qu’une telle conception est antisémite : pourquoi les juifs devraient-ils se voir refuser le droit à l’autodétermination dans leur patrie historique ? Mais l’opposition à l’idée d’un #Etat_juif est-elle intrinsèquement antisémite ? Imaginez un Palestinien dont la famille a été déplacée en 1948. Son opposition au sionisme est-elle due à une croyance en un complot juif ou au fait que la création d’Israël lui a porté préjudice, à lui et à ses aspirations nationales ? Et si vous êtes une personne qui s’identifie à la gauche et qui a décidé d’embrasser la cause palestinienne, est-ce parce que vous considérez que la dépossession des #Palestiniens est injuste, parce que vous détestez les juifs et/ou que vous voyez le monde inondé de conspirations juives, ou quelque chose entre les deux ?

    Certains #étudiants juifs sionistes progressistes se plaignent d’être exclus d’associations (de groupes antiracistes et de victimes de violences sexuelles, par exemple) par des camarades de classe qui prétendent que les sionistes ne peuvent pas être progressistes. Or il y a eu de nombreuses annulations d’intervenants perçus comme conservateurs et n’ayant rien à voir avec Israël ou les juifs, comme Charles Murray [essayiste aux thèses controversées] ou Ann Coulter [polémiste républicaine]. Le militant sioniste est-il exclu parce qu’il est juif ou parce qu’il est considéré comme conservateur ? L’exclusion peut être une forme de maccarthysme, mais n’est pas nécessairement antisémite. A l’inverse, certaines organisations sionistes, sur les campus et en dehors, n’autorisent pas des groupes comme Breaking the Silence ou IfNotNow – considérés comme trop critiques à l’égard d’Israël – à s’associer avec elles.

    La complexité du conflit israélo-palestinien, dites-vous, devrait en faire un exemple idéal de la manière d’enseigner la pensée critique et de mener des discussions difficiles…

    Pensez à l’articulation entre distorsion historique, antisionisme et antisémitisme. Le lien ancien entre les juifs et la terre d’Israël est un fondement essentiel du sionisme pour la plupart des juifs. Est-ce une distorsion historique que d’ignorer cette histoire, de considérer que le sionisme a commencé dans les années 1880 avec Herzl et l’#immigration de juifs européens fuyant l’antisémitisme et venant en Palestine, où les Arabes – et non les juifs – étaient majoritaires ? S’agit-il d’antisémitisme, au même titre que le déni de la Shoah, lorsque les antisionistes font commencer cette histoire à un point différent de celui des sionistes, à la fin du XIXe siècle, et omettent une histoire que de nombreux juifs considèrent comme fondamentale ? Un collègue de Bard, qui s’inquiétait de voir les étudiants utiliser des termes tels que « #colonialisme_de_peuplement », « #génocide », « sionisme », a décidé de mettre en place un cours qui approfondit chacun de ces termes. Je réserve le terme « #antisémite » aux cas les plus évidents. En fin de compte, la tentative de tracer des lignes claires ne fait qu’obscurcir la conversation.

  • Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/comment-l-argent-de-l-union-europeenne-permet-aux-pays-du-maghreb-de-refoule

    Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu (Lighthouse Reports) et Tomas Statius (Lighthouse Reports)
    s des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
    A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police, en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ? Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace de quelques mois.
    Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent pourtant dans trois Etats différents du nord de l’Afrique. Trois pays distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara occidental pour rejoindre les îles Canaries.
    Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE) dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations répétées des droits humains.
    Depuis 2015, les trois Etats ont perçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontières, rien que par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence (FFU), lancé par l’UE lors du sommet sur la migration de La Valette, capitale de Malte. Une somme à laquelle s’ajoutent des aides accordées directement par certains Etats membres ou relevant d’autres programmes. En juillet 2023, l’UE a encore signé un accord avec la Tunisie, qui inclut une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière. Peu de temps avant, le 19 juin, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, en déplacement à Tunis, s’était engagé à verser plus de 25 millions d’euros à Tunis pour renforcer le contrôle migratoire. Plus récemment, le 8 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait de Nouakchott la signature d’un soutien financier pour 210 millions d’euros à destination de la Mauritanie, dont une partie serait allouée à la « gestion des migrations ».
    A travers quelles pratiques ? Au terme de près d’un an d’enquête, Le Monde, le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux partenaires ont pu documenter pour la première fois le recours à des arrestations massives et à des expulsions collectives dans ces trois Etats. Au Maroc, en 2023, près de 59 000 migrants auraient été interpellés sur le territoire par les forces de sécurité, d’après un décompte officiel. Une partie d’entre eux ont été déportés vers le sud et vers l’intérieur du pays comme à Agadir, Khouribga, Errachidia, Béni Mellal. En Mauritanie, plusieurs bus rejoignent chaque semaine les étendues arides de la frontière avec le Mali et y abandonnent des groupes de migrants sans ressources. En Tunisie, ce sont onze renvois collectifs vers les frontières libyenne et algérienne, organisés par les forces de sécurité entre juillet 2023 et mai 2024, que nous avons pu documenter grâce à des témoignages, des enregistrements audio et vidéo. Une pratique aux conséquences dramatiques : au moins 29 personnes auraient péri dans le désert libyen, selon un rapport de la mission d’appui des Nations unies en Libye, paru en avril.
    Des migrants subsahariens abandonnés par la police tunisienne sans eau ni abri, dans le désert, non loin de la ville frontalière libyenne d’Al-Assah, le 16 juillet 2023.
    Interrogé sur le cas tunisien, en marge du discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen, le 15 septembre, le vice-président de la Commission européenne, le Grec Margaritis Schinas, assurait : « [Ces pratiques] ne se déroulent pas sous notre surveillance, et ne font pas partie de nos accords. L’argent européen ne finance pas ce genre de tactiques. » Notre enquête démontre le contraire.
    En Tunisie, des pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023. Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, reçoivent une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros alloués par l’UE au royaume chérifien, entre 2017 et 2024, pour le contrôle de la frontière. En Mauritanie, les Vingt-Sept financent, dans les deux principales villes du pays et pour une enveloppe de 500 000 euros, la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019. Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses Etats membres.
    Lamine, 25 ans, connaît les rues de Rabat comme sa poche. Le jeune homme, natif de Conakry, est arrivé au Maroc en 2017 « pour suivre une formation » de cuisine, relate-t-il lorsque nous le rencontrons, en octobre 2023, dans le quartier de Takaddoum, devenu le lieu de passage ou d’installation des migrants. Le jeune homme est enregistré auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) comme demandeur d’asile, ce qui est censé le protéger d’une expulsion.
    Au fil des années, Lamine s’est habitué aux « rafles » quotidiennes par les forces auxiliaires de sécurité marocaines visant des migrants comme lui. A Takaddoum, nombreux sont ceux qui assurent avoir été témoins de l’une de ces arrestations de ressortissants subsahariens. « Tous les Blacks savent que s’ils sortent entre 10 et 20 heures, ils risquent de se faire embarquer », ajoute Mafa Camara, président de l’Association d’appuis aux migrants mineurs non accompagnés. Une affirmation « sans fondement », selon le ministère de l’intérieur marocain. Sollicité, le HCR confirme qu’« il arrive parfois que les réfugiés et les demandeurs d’asile soient arrêtés ». La suite est également connue : les personnes sont amenées dans des bâtiments administratifs faisant office de centres de rétention, avant d’être transférées dans un commissariat de la ville où des bus viennent les récupérer. Elles sont alors déportées, le plus souvent dans des zones reculées ou désertiques. Ce harcèlement serait un des maillons essentiels de la stratégie du royaume pour lutter contre l’immigration irrégulière. « Le but est bien sûr de rendre la vie des migrants difficile, soutient un consultant requérant l’anonymat. Si l’on vous emmène dans le Sahara deux fois, la troisième, vous voulez rentrer chez vous. » L’homme, qui a participé au Maroc à plusieurs projets de développement financés par l’UE, soutient que les autorités marocaines agissent de la sorte pour justifier les nombreux financements européens qu’elles reçoivent, dont 234 millions d’euros uniquement du FFU. « La relocalisation des migrants vers d’autres villes est prévue par la législation nationale. Elle permet de les soustraire aux réseaux de trafic et aux zones dangereuses », oppose, de son côté, le ministère de l’intérieur marocain.
    Début 2023, Rabat soutenait avoir empêché plus de 75 000 départs vers l’Europe, dont 59 000 sur son territoire et 16 000 en mer. En 2023, Lamine, lui, a été arrêté à six reprises avant d’être envoyé à l’autre bout du pays.
    Pendant plusieurs jours, nous avons suivi et filmé les minivans des forces auxiliaires qui sillonnent les rues de Rabat. Des témoignages, des vidéos et des enregistrements audio réunis par ailleurs attestent de l’ampleur du phénomène de harcèlement des migrants de Tanger à Fès, de Nador à Laayoune. Au cours de notre enquête, nous avons pu identifier deux types de véhicules utilisés pour ces opérations, achetés grâce à des financements européens. Comme ces utilitaires Fiat Doblo, visibles sur une vidéo d’arrestation de migrants, diffusée en mai 2021 à la télévision marocaine, identiques à ceux d’un lot acheté à partir de 2019 grâce au FFU. Ou ces 4 × 4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, et qui correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe dans le cadre du FFU.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Lors de ces arrestations collectives, le mode opératoire est toujours identique : deux minivans blancs stationnent dans un quartier fréquenté par des migrants, tandis que plusieurs agents en civil se mêlent à la foule. Ils contrôlent, puis appréhendent les migrants, avant de les faire monter dans les véhicules. Une vingtaine de personnes, que nous avons interrogées, assurent avoir été témoins ou victimes de violences policières lors de ces arrestations.
    Le 19 octobre 2023 à l’occasion d’une opération que nous avons documentée, un bus des forces auxiliaires a pris la direction de Khouribga, une bourgade à 200 kilomètres au sud de Rabat. En pleine nuit, les officiers ont déposé une dizaine de jeunes hommes à l’entrée de la petite ville. Ces derniers ont ensuite marché vers la gare routière, avant de rejoindre un petit groupe de migrants, eux-mêmes déportés quelques jours plus tôt. Parmi eux, Aliou, un Guinéen de 27 ans, affirme avoir été déplacé de la sorte « près de 60 fois » depuis son arrivée au Maroc, en 2020.

    C’est une valse incessante qui se joue ce 25 janvier, en fin de matinée, devant le commissariat du quartier de Ksar, à Nouakchott. Des véhicules vont et viennent. A l’intérieur de l’un d’eux – un minibus blanc –, une dizaine de migrants, le visage hagard. A l’arrière d’un camion de chantier bleu, une cinquantaine d’exilés se cramponnent pour ne pas basculer par-dessus bord. Tous ont été arrêtés par la police mauritanienne. Chaque jour, ils sont des centaines à découvrir l’intérieur décrépi de ces petits baraquements ocre. Cette étape ne dure que quelques jours au plus. « Il y a plusieurs bus par semaine qui partent vers le Mali », confirme un visiteur du commissariat faisant office de centre de rétention.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024. Certains migrants ont été appréhendés dans les rues de Nouakchott. « Le bus des policiers se promène dans les quartiers où vivent les migrants, comme le Cinquième [un quartier à l’ouest de Nouakchott], témoigne Sady, un Malien arrivé en Mauritanie en 2019. Les policiers entrent dans les boutiques. Ils demandent aux gens : “Tu es étranger ?” Puis ils les emmènent. A chaque fois, j’ai vu des gens se faire frapper, maltraiter. On vit avec la crainte de ces refoulements. »
    « Les éventuelles interpellations concernant les étrangers en situation irrégulière se font conformément aux conventions, lois et règlements en vigueur, sans arbitraire ni ciblage de zones ou de quartiers spécifiques », assure le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha. Bella et Idiatou ont, quant à elles, été interceptées en mer par des gardes-côtes, lors d’une tentative de traversée en direction des îles Canaries, confettis d’îles espagnoles à plusieurs centaines de kilomètres des côtes africaines. Le traitement qui leur a été réservé est le même que pour les autres migrants, alors qu’elles bénéficiaient d’un titre de séjour mauritanien : une expulsion manu militari vers les frontières sud du pays. « Des expulsions vers le Sénégal et le Mali, sur des bases raciales, ont eu lieu entre 1989 et 1991, souligne Hassan Ould Moctar, spécialiste des questions migratoires. Mais les demandes répétées de l’Union européenne en matière migratoire ont réactivé cette dynamique. »Pour Bella et Idiatou comme pour Sady, la destination finale est Gogui, à la frontière malienne, une zone désertique à plus de 1 000 kilomètres de Nouakchott. « Ils nous ont jetés hors du bus, puis ils nous ont poussés vers la frontière. Ils nous ont chassés comme des animaux et ils sont partis », raconte, révoltée, Idiatou, quand nous la rencontrons au Sénégal, où elle a trouvé refuge. Ce récit, neuf migrants au total l’ont confié au Monde. Sady, qui vivait à Nouakchott grâce à des petits boulots, a été repoussé deux fois. Selon un document interne du HCR, que Le Monde a consulté, plus de 300 personnes dénombrées par le Haut-Commissariat ont fait l’objet du même traitement en 2023. La majorité d’entre elles assurent avoir été victimes de violations des droits humains. Sollicité, un porte-parole du HCR confirme avoir « reçu des rapports faisant état de cas de refoulement vers le Mali » et « plaider auprès des autorités mauritaniennes pour mettre fin à de telles pratiques ». « Les migrants en situation irrégulière sont reconduits aux postes-frontières officiels de leur pays de provenance », se défend le porte-parole du gouvernement mauritanien, selon lequel le procédé est conforme à la loi et réalisé en assurant une « prise en charge totale – nourriture, soins de santé, transport ». La Mauritanie est depuis quinze ans l’un des verrous des routes migratoires qui mènent en Espagne. D’après notre décompte, sans inclure l’argent promis début 2024, plus de 80 millions d’euros ont été investis par l’UE dans le pays depuis 2015, destinés surtout au renforcement des frontières, à la formation des effectifs de police ou encore à l’achat de véhicules. Les groupes d’action rapide-surveillance et intervention (GAR-SI), des unités d’élite financées par l’UE dans plusieurs pays du Sahel à travers le FFU, ont également fait partie du dispositif. En 2019, ils ont ainsi livré à la police mauritanienne 79 personnes appréhendées sur le territoire, d’après un document interne de l’UE. Un rapport non public de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), daté de février 2022, mentionne qu’une bonne partie de leurs effectifs – plus de 200 hommes – a été déployée à Gogui pour des missions de « surveillance frontalière ».
    En outre, plusieurs véhicules utilisés pour assurer les expulsions de Nouakchott vers le sud du pays correspondent à des modèles livrés par des Etats membres. Comme ces pick-up Toyota Hilux fournis par l’Espagne, « pour la surveillance du territoire ou la lutte contre l’immigration irrégulière ». Depuis 2006 et en vertu d’un accord bilatéral de réadmission de migrants entre les deux pays, une cinquantaine de policiers espagnols sont déployés en permanence à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux principales villes du pays. Des moyens techniques, dont des bateaux, sont également mis à disposition. En 2023, près de 3 700 interceptions en mer ont ainsi été réalisées par des patrouilles conjointes, d’après un décompte du ministère de l’intérieur espagnol, consulté par Le Monde. Plusieurs sources policières et un visiteur des centres de rétention mauritaniens attestent de la présence fréquente de policiers ibériques à l’intérieur. Bella et Idiatou assurent avoir été prises en photo par ces derniers au commissariat de Nouakchott. Interrogée sur ce point, l’agence espagnole Fiiapp, principal opérateur de ces projets de coopération policière, a nié la présence d’agents dans le centre de rétention. Les autorités mauritaniennes, quant à elles, ont confirmé l’existence d’« échange d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine », mais « dans le respect de la vie privée des personnes et de la protection de leurs données personnelles ». Selon un autre document du HCR, daté de janvier 2023, des migrants rapportent que les Espagnols ont participé aux raids les visant. « Parfois, ils essayaient même d’expulser des gens qu’on avait identifiés comme réfugiés », se souvient un salarié de l’agence, que nous avons interrogé. « Notre équipe de policiers sur le terrain n’est pas au courant de telles pratiques », assure la Fiiapp. Quand le ministère de l’intérieur espagnol se borne à répondre que ses effectifs travaillent « dans le respect des droits de l’homme, et en accord avec la législation nationale et internationale ».
    Un matin de novembre 2023, dans la ville tunisienne de Sfax, Moussa, un demandeur d’asile camerounais de 39 ans, et son cousin sortent d’un bureau de poste lorsqu’ils sont interpellés par les autorités. En quelques heures, les deux hommes se retrouvent à la frontière libyenne, remis aux mains d’une milice, puis enfermés dans l’un des centres de détention pour migrants du pays. Pendant plusieurs mois, ils subissent des violences quotidiennes.
    Selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), près de 9 000 personnes ont été « interceptées » depuis l’été 2023 par les autorités de Tripoli, à la frontière tunisienne. Dans une note interne que nous avons consultée, la Manul déplore des « expulsions collectives » et des « retours forcés sans procédure », exposant les migrants à de « graves violations et abus des droits humains, avec des cas confirmés d’exécution extrajudiciaire, de disparition, de traite, de torture, de mauvais traitement, d’extorsion et de travail forcé ». « Ils repartent d’où ils viennent, car ils causent des problèmes », justifie, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la garde nationale. Sollicité, le ministère des affaires étrangères tunisien réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses ».
    Dès le 7 juillet 2023, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières, est pourtant informée – selon un rapport interne dont nous avons pris connaissance – de ces « opérations » consistant à « conduire des groupes de ressortissants subsahariens jusqu’à la frontière [de la Tunisie] avec la Libye et l’Algérie, en vue de leur refoulement ». Frontex ajoute que ces opérations sont surnommées sur les réseaux sociaux « ménage de blacks ». Une source européenne anonyme, au fait du dossier, veut croire qu’« aucune ressource provenant de l’UE n’a contribué à ce processus [d’expulsion] », mais reconnaît toutefois qu’il est « très difficile de tracer une limite, car [l’UE soutient] les forces de sécurité ».
    Utilisation de ressources européennes
    Depuis une dizaine d’années, de fait, l’UE participe au renforcement de l’appareil sécuritaire tunisien, d’abord à des fins de lutte contre le terrorisme, puis contre l’immigration irrégulière. Jusqu’en 2023, elle a investi plus de 144 millions d’euros dans la « gestion des frontières », auxquels s’ajoutent les aides directes des Etats membres, permettant l’achat d’équipements comme ​​des navires, des caméras thermiques, des radars de navigation… Près de 3 400 agents de la garde nationale tunisienne ont par ailleurs reçu des formations de la part de la police fédérale allemande entre 2015 et août 2023 ; et deux centres d’entraînement ont été financés par l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, à hauteur de 8,5 millions d’euros.
    L’enquête du Monde et de ses partenaires montre que certaines de ces ressources ont directement été utilisées lors d’expulsions. Ainsi, Moussa a formellement identifié l’un des véhicules dans lequel il a été déporté vers la Libye : un pick-up Navara N-Connecta blanc du constructeur Nissan – modèle analogue aux 100 véhicules offerts à la Tunisie par l’Italie, en 2022 pour « lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité organisée ». A Sfax, en Tunisie, ces véhicules utilisés par la police lors d’une arrestation collective sont du même modèle que ceux fournis par l’Italie en 2022, comme le montre un document nos équipes se sont procuré.
    En 2017, le gouvernement allemand avait, lui aussi, offert à la Tunisie 37 Nissan Navara, en plus d’autres équipements, dans le cadre d’une aide à la « sécurisation des frontières ». Deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, et que nous avons vérifiées, montrent également l’implication des mêmes véhicules dans les opérations d’arrestation et d’expulsion menées par les autorités tunisiennes dans la ville de Sfax. Contacté, le ministère de l’intérieur allemand s’est dit attaché « à ce que les équipements remis dans le cadre de la coopération bilatérale soient utilisés exclusivement aux fins prévues », tout en estimant que les véhicules décrits par notre enquête sont « très répandus en Afrique ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.
    En dépit de la situation, largement relayée par la presse, de centaines de migrants repoussés dans les zones frontalières du pays, l’UE a signé, le 16 juillet 2023, un mémorandum d’entente avec la Tunisie, devenue le premier point de départ des migrants vers le continent. Un accord érigé en « modèle » par Mme von der Leyen. La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a toutefois ouvert une enquête sur ce mémorandum : « Le financement de l’UE (…) ne doit pas soutenir les actions ou mesures susceptibles d’entraîner des violations des droits de l’homme dans les pays partenaires », a rappelé Mme O’Reilly à Mme von der Leyen, dans une lettre rendue publique le 13 septembre 2023.
    « Les Etats européens ne veulent pas avoir les mains sales. Ils sous-traitent donc à des Etats tiers des violations des droits de l’homme, estime, pour sa part, Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Mais, du point de vue du droit, ils pourraient être tenus pour responsables. » La Commission européenne nous informe par la voix d’un porte-parole que « l’UE attend de ses partenaires qu’ils remplissent leurs obligations internationales, y compris le droit au non-refoulement » et que « tous les contrats de l’UE contiennent des clauses relatives aux droits de l’homme permettant à la Commission d’ajuster leur mise en œuvre si nécessaire ». Or, des documents que nous nous sommes procurés attestent de la connaissance que les instances de l’UE ont de ces arrestations et de ces déportations collectives. Une décision de la Commission européenne, de décembre 2019, à propos des financements de l’UE au Maroc, fait par exemple référence à une « vaste campagne de répression » contre des migrants subsahariens, se traduisant par des arrestations et des expulsions « illégales » dans des zones reculées. Dans un rapport finalisé en 2019, la Cour des comptes européenne s’inquiétait, déjà, de l’opacité avec laquelle les fonds attribués par les Vingt-Sept aux autorités marocaines étaient utilisés, ainsi que du manque de « procédures de contrôle ».
    En Mauritanie, plusieurs officiels du HCR, de l’OIM ou des forces de police espagnoles confient avoir connaissance de la pratique d’expulsion en plein désert. Des éléments repris dans un rapport et une recommandation du Parlement européen datés de novembre 2023 et janvier 2024. Alors que le déploiement de Frontex en Mauritanie est en cours de discussion, l’agence rappelait, en 2018, dans un guide de formation à l’analyse de risques, destiné aux Etats africains partenaires dans la lutte contre l’immigration irrégulière, que la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdit les arrestations ou détentions arbitraires ». En dépit de cette attention, Frontex a ouvert une cellule de partage de renseignement à Nouakchott, dès l’automne 2022, et procédé à la formation de plusieurs policiers. Parmi eux se trouvent plusieurs agents en poste au centre de rétention de Nouakchott. Celui-là même par lequel transitent chaque jour des migrants victimes de déportation collective.

    #Covid-19#migrant#migrant#UE#tunie#maroc#mauritanie#espagne#frontex#oim#hcr#droit#sante#refoulement#violence#migrationirreguliere#politiquemigratoire#routemigratoire

  • Nice : les premiers pas de la brigade de sécurité privée Gaïda, déployée dans le quartier des Moulins
    https://www.bfmtv.com/cote-d-azur/nice-les-premiers-pas-de-la-brigade-de-securite-privee-gaida-deployee-dans-le

    Les agents de la brigade de sûreté résidentielle privée « Gaïda » ont été déployés au quartier des Moulins à Nice et travaillent déjà en étroite collaboration avec les forces de l’ordre.
    Alors que l’opération « place nette XXL » se poursuit dans le quartier niçois des Moulins jusqu’à vendredi 17 mai, les 17 agents de sécurité privés déployés par la municipalité prennent leurs marques. Une promesse que la mairie de Christian Estrosi a mis du temps à tenir mais qui voit enfin le jour avec cette brigade de sûreté résidentielle nommée « Gaïda ».

  • « SDAT is the question »
    https://expansive.info/SDAT-is-the-question-4587

    On est en plein gros backlash après l’affaire Tarnac. Ya eu une grosse affaire avec des gros soutiens et une "victoire" après 10 ans. Mais ensuite toutes les affaires suivantes sont maintenant durement réprimés avec les outils (en gens, en arme et en droit) de l’anti-terrorisme et là ya plus forcément autant de soutien (médiatique et matériel) que pour Tarnac. Et même quand il y a, comme c’est pour 5, 10, 15 affaires en même temps ça se dilue.

    Mais après avoir longuement délibéré, les 3 juges décidèrent de condamner les prévenus à des peines allant de 7500 euros à 15000 euros, soit le maximum légal encouru en terme d’amende. On saura apprécier l’exercice de multiplication qu’il leur a fallu faire pour gonfler le réquisitoire du procureur : 37,5 fois supérieur !
    Après avoir plus qu’ouvertement décrié le droit au silence des prévenus, au prétexte de leur supposée ’contestation systématique de toute forme d’autorité’, ils appuyèrent leur décision par l’implication de la SDAT dans les arrestations et la tenue des mesures de garde à vue sur la commune de Levallois. Envoûtement ou raison, si la SDAT est dans le coup, ce ne doit pas être pour rien !

    #répression #SLT #désarmement #justice #SDAT #anti-terrorisme #backlash

  • Réquisition - Pour armer l’Ukraine, l’UE s’accorde afin d’utiliser l’argent des avoirs gelés de la Russie
    https://www.liberation.fr/international/europe/pour-armer-lukraine-lue-saccorde-afin-dutiliser-largent-des-avoirs-geles-

    Cet accord [entre les ambassadeurs de l’UE], qui devra encore être confirmé au niveau des ministres de l’UE, intervient après de longs et âpres débats sur la façon d’utiliser les #avoirs de l’État russe. Bloqués depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine, les colossaux avoirs russes représenteraient environ 210 milliards d’euros dans l’UE - sur 300 milliards au total dans le monde. La Commission européenne avait proposé en mars un plan visant à saisir ces bénéfices, qui pourraient permettre de dégager entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an en faveur de Kyiv.

    [...] Selon le plan adopté, 90 % des revenus saisis [issus des avoirs gelés] seront destinés à la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui finance des achats d’armes, cruciaux à un moment où Kyiv réclame des munitions et des systèmes de défense aérienne pour contenir une armée russe à l’offensive. Les 10 % restants seront versés au budget de l’#UE pour renforcer les capacités de l’industrie de défense ukrainienne.

    Parmi les Vingt-Sept, certains Etats avaient cependant dit redouter les conséquences d’une telle saisie, craignant le précédent que cela pourrait créer sur les marchés financiers, et les répercussions judiciaires qu’elle engendrerait. La Russie avait d’ailleurs menacé en mars l’UE de lui intenter des poursuites judiciaires « sur des décennies » en cas d’utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l’#Ukraine, ce qui s’apparenterait selon Moscou à un « vol ».

    L’immense majorité de ces avoirs russes gelés se trouve en Belgique, où ils sont administrés par #Euroclear, un organisme international de dépôts de fonds. Ce groupe a pu en tirer des revenus totalisant l’an dernier 4,4 milliards d’euros - une somme taxée par l’Etat belge au titre de l’impôt sur les sociétés. Selon une source diplomatique, l’accord des Vingt-Sept consistera à saisir ces revenus des avoirs russes après imposition, mais la Belgique s’est engagée à réallouer à l’Ukraine l’ensemble des recettes fiscales générées sur son territoire par ces revenus exceptionnels.

  • Boycott des universités israéliennes : « Peu d’universitaires sérieux défendent la poursuite de l’occupation des territoires en Cisjordanie » par Astrid Van Busekist
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/boycott-des-universites-israeliennes-peu-d-universitaires-serieux-defendent-

    Avec quelques commentaires sur les glissements rhétoriques et omissions fâcheux de cette tribune...

    Alors que de nombreux enseignants israéliens sont confrontés à la défiance de leurs collègues internationaux, la professeure de Sciences Po Astrid von Busekist estime, dans une tribune au « Monde », qu’il ne faut pas rejeter les lieux où s’élabore le savoir critique en Israël.

    Inutile de se voiler la face, le boycott a déjà commencé. Ici de manière subreptice, là très ouvertement : lorsque tel professeur refuse d’évaluer le projet d’une collègue pour la Fondation israélienne des sciences, lorsque tel autre retire le nom d’un coauteur israélien, ou lorsque des revues académiques internationales retoquent les articles d’auteurs israéliens. Le quotidien Haaretz a documenté des centaines de cas de désinvitation, d’arrêt de coopération, d’annulation de colloques ou d’événements scientifiques. Le même scénario a lieu dans les sciences dures, en humanités ou en sciences sociales.

    Que répondre à un collègue qui a pour seul tort d’avoir la mauvaise nationalité ? La liste des raisons est assez brève et peu sophistiquée, le seul point commun dans cette nouvelle version de la « cancel culture » est la punition collective, le maniement de la partie pour le tout, exactement ce que nous apprenons à nos étudiants à ne pas faire.

    « Je crains que ce que votre pays a fait et continue de faire ne soit jamais oublié ou pardonné », écrit un collègue au physicien Nir Davidson de l’Institut Weizmann, cité par Haaretz, le 12 avril. « J’ai beaucoup d’estime pour vous, mais je n’ai plus l’intention de travailler avec vous. Vous commettez un génocide à Gaza », répond-on à Ravit Alfandari de l’université de Haïfa. Un chercheur d’une prestigieuse université européenne conditionne même son soutien à des décisions politiques nationales et internationales hors de portée d’un simple scientifique : « Si le gouvernement israélien s’engage irrévocablement en faveur d’une solution à deux Etats (dans les frontières de 1967), je serai heureux de m’engager auprès des institutions israéliennes, tant que cela n’est pas vrai, je refuse. »

    Renvoyés à leur identité juive
    Les universitaires, chercheurs, auteurs israéliens sont renvoyés à leur appartenance nationale et à leur identité juive (à ma connaissance mes collègues arabes, druzes ou chrétiens n’ont pas subi le même sort). [ça c’est un pur coup de force rhétorique : il n’est question dans les exemples précédents que de refus de coopérer avec les institutions d’Israël]
    Il y a quelques semaines encore, je me disais que le meilleur argument contre le boycott était le plus simple : on ne boycotte pas les lieux où s’élabore le savoir critique. Je le pense toujours, malgré l’ignorance qui règne dans certaines universités internationales ces derniers temps. Mais, aujourd’hui, l’argument plus fort est à la fois moral, pragmatique, contextuel et factuel.

    Moral. Imposer des sanctions indiscriminées et collectives à des individus singuliers est injuste. [il s’agit non pas d’un boycott contre les individus israéliens, mais d’un refus de coopérer avec les institutions, dans le cadre de programme impliquant des financements israéliens. Rien ne m’empêche de rencontrer et de dialoguer avec des Israéliens] D’autant que ces sanctions qui frappent les universitaires sont une réponse à une politique gouvernementale combattue par une très grande partie des facultés.[je dirais plutôt : un nombre de chercheuses et de chercheurs qui n’est pas négligeable et sans doute assez important. La majorité : qu’en sait elle ?]

    Pragmatique. D’une part, s’en prendre aux universités et aux chercheurs, rompre les relations scientifiques et le dialogue académique risque de contribuer à une baisse significative de la qualité de l’enseignement et de la recherche. [ce n’est pas notre problème] D’autre part, cela risque de produire des effets pervers. Parce que les universités sont des lieux de rencontre, quelquefois les seuls, entre populations juives et arabes. C’est sur les campus qu’elles interagissent et bénéficient de la myriade de programmes communs. Un grand nombre de centres sont engagés en faveur de la mobilité sociale des Arabes israéliens, de projets communautaires scientifiques culturels et de défense judiciaire des minorités. Le pourcentage d’étudiants arabes est proche de celui de la population générale dans les universités de Tel-Aviv, hébraïque de Jérusalem et Ben-Gourion du Néguev à Beer-Sheva, et il est plus important à l’université de Haïfa. [C’est bien parce que le boycott est contre les Israéliens qu’en effet, il aura des conséquences négatives aussi pour les citoyens arabes d’Israël]

    Indépendants
    Contextuel. Comme le dit l’ancien recteur de l’Université hébraïque de Jérusalem, Barak Medina, « affaiblir le monde universitaire israélien, c’est affaiblir le tissu démocratique de la société israélienne ». Ariel Porat, président de l’université de Tel-Aviv (la première à avoir organisé une importante conférence sur la crise humanitaire [une crise, vraiment ? le terme n’est il pas trop fort ?] à Gaza), a été un critique sévère de la réforme constitutionnelle et s’est engagé à combattre toute politique ou loi qui viendrait à affaiblir les fondements de la démocratie et des droits humains. Il est aujourd’hui, avec la vice-présidente de l’université, Milette Shamir, la voix du soutien à la création d’un Etat palestinien. Une communauté académique forte et critique devrait être soutenue et encouragée, car le contre-pouvoir y est chez lui.

    Factuel. Les universités sont-elles en quelque manière complices de la guerre à Gaza ? Des violations de droits humains ? Arment-elles indirectement Tsahal ? Certains le pensent, mais ces accusations ne sont guère étayées.
    [*_voilà un exemple, en français, de ce que fait l’Université de tel Aviv, trouvé en deux clics. https://www.ami-universite-telaviv.com/index.php/actualite-l-universite/1598-luniversite-de-tel-aviv-et-larmee-de-lair-creent-le-pre
    _*et je suis certain qu’il y a encore bien des choses à dire sur l’Université de Tel Aviv recensées déjà sur Seenthis
    ]
    Une proportion non négligeable des étudiants est réserviste ; ce sont les sentinelles et les témoins directs de la guerre en cours à Gaza. [les sentinelles ? de la prison de Gaza ? Sans doute parmi eux y a t il des militaires qui se mettent en scène en faisant exploser des universités, pillant des maisons, torturant des Palestiniens ?] Comme dans toutes les démocraties, les chercheurs sont indépendants. [certains sont des apologistes et des complices du génocide]

    Peu d’universitaires sérieux défendent la poursuite de l’occupation des territoires en Cisjordanie. Certains rappellent en revanche les occasions ratées, comme l’offre d’Ehoud Olmert, en 2008, de renoncer à 94 % des territoires.[debunking : https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2008/08/15/le-vrai-faux-plan-de-paix-d-ehoud-olmert_1084111_3218.html ]

    Grave erreur
    Enfin, l’Université hébraïque de Jérusalem serait coupable de violations du droit international, car son campus du mont Scopus serait en territoire contesté. Or, celui-ci a été établi dès 1925 et il est resté une enclave contrôlée par Israël entre 1948 et 1967. La communauté internationale reconnaît qu’il fait partie d’Israël et non des territoires occupés en 1967. Quant au dortoir et au centre sportif qui se trouvent à Jérusalem-Est, ils se situent en effet dans une zone qui, selon la communauté internationale, fait partie des territoires occupés. Mais cette « occupation », comme le rappelle le recteur Tamir Sheafer, n’est pas illégale, car l’université possédait des terrains privés à Jérusalem-Est avant 1948 et y maintient des droits de propriété privée continus. [il y a une université à Ariel, une pure colonie]

    Que faire ? Rompre le dialogue ? Divorcer des meilleurs critiques d’un gouvernement qu’une majorité d’Israéliens tient pour coupable du 7 octobre 2023 mais aussi du sort des otages et de cette guerre infinie qui doit cesser ? Ce serait une grave erreur. Contre la liberté de penser, contre l’égalité morale des enseignants-chercheurs et contre une certaine fraternité intellectuelle dans l’adversité partagée.

    Astrid von Busekist est professeure de théorie politique à Sciences Po et éditrice de la revue « Raisons politiques » (Les Presses de Sciences Po).

    • à noter que des universitaires israélien.nes soutiennent l’idée d’un boycott, par exemple la philosophe israélienne Anat Matar

      Que pensez-vous des appels à rompre les liens et les partenariats avec les universités israéliennes, à les boycotter ?

      J’ai toujours été favorable à l’activisme populaire. Israël a été traité pendant des années en toute impunité par les États occidentaux. La pression populaire peut donc aider les gouvernements à changer cette attitude. Je suis de toute façon une partisane du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions). Je soutiens en ce moment tout particulièrement l’appel des étudiants pour que leurs universités se désengagent de toute implication militaire, etc. Il faut aider à promouvoir le désinvestissement universitaire et à atteindre les étudiants et les professeurs actuellement engagés dans des négociations

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120524/comment-reagir-face-au-veritable-antisemitisme-lorsque-toute-critique-de-l
      Plusieurs exemples de répression contre des universitaires israéliens qui défendent des idées critiques de la politique israélienne par leurs hiérarchies académiques, de collègues, etc.

  • « La qualification des actes commis à #Gaza, notamment l’existence d’un possible #génocide, mobilisera les juristes internationaux pour les années à venir »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/la-qualification-des-actes-commis-a-gaza-notamment-l-existence-d-un-possible

    Face à la tragédie en cours à Gaza, certains choisissent de s’indigner de l’accusation de génocide à l’encontre d’Israël, plutôt que des atrocités commises. Ils rejettent une accusation qui reviendrait à « franchir un seuil moral », pour reprendre les propos du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, en janvier. Si le concept « génocide », créé par Raphael Lemkin en 1944 pour désigner l’intention délibérée d’anéantir un peuple, porte effectivement un poids symbolique considérable, en particulier vis-à-vis d’un Etat conçu comme un refuge pour les survivants de l’Holocauste, il est juridiquement défini, tant par le droit conventionnel que par la jurisprudence internationale. Dans le tumulte d’un conflit historique qui exacerbe passions, peurs et haines, le droit international constitue une boussole bienvenue.

    Contrairement à ce qui est parfois suggéré, le génocide ne se limite pas à l’extermination d’un peuple. L’article 2 de la Convention [pour la prévention et la répression du crime de génocide] de 1948 inclut, outre le meurtre, quatre actes susceptibles de constituer ce crime, dont l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe ou leur soumission à des conditions d’existence devant entraîner leur destruction physique.

    Or, c’est précisément en raison des conditions de vie inhumaines imposées par Israël à la population gazaouie, notamment l’utilisation de la famine comme une arme de guerre et la destruction systématique des infrastructures et de l’environnement, que les juges de la Cour internationale de justice (CIJ) ont estimé, le 26 janvier, qu’il existait un « risque plausible de génocide » à Gaza. Ils ont ordonné des mesures conservatoires strictes, renforcées le 28 mars, pour tenter de le prévenir ou d’y mettre un terme.

    Pour qu’un acte soit qualifié de génocide, il doit être commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », ce qui le distingue fondamentalement des autres crimes internationaux. Il n’est toutefois pas nécessaire que l’ensemble des dirigeants de l’Etat partagent cette intention criminelle. Il suffit, en réalité, que certains hauts responsables militaires ou politiques l’envisagent.

    Réinventer « la guerre juste »

    Or, c’est précisément ce que les juges de la #CIJ soulignent, lorsqu’ils relèvent, dans leur ordonnance, la trace de cette intention dans les déclarations de certains responsables israéliens, par exemple celles du président d’Israël, [Isaac] Herzog, promettant de « briser la colonne vertébrale » des civils de Gaza, ou du ministre de la défense, Yoav Gallant, les comparant à des « animaux humains ». Dans son rapport du 25 mars, « Anatomie d’un génocide », Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, tire des conclusions plus fermes de ces déclarations, concluant qu’il existe désormais « des motifs raisonnables de croire que le seuil du génocide par Israël est atteint ».

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    • Au prétexte qu’Israël serait « la seule démocratie du Proche-Orient » et mènerait un combat civilisationnel contre le Hamas, certains semblent considérer que le mode de gouvernance de l’Etat hébreu ou l’atrocité indiscutable des crimes commis par le groupe islamiste le 7 octobre dispenseraient l’armée israélienne de respecter le droit international.

      En procédant de la sorte, ils réinventent en réalité le concept de « guerre juste » qui a justifié certaines des pires atrocités de l’histoire humaine. Ils confondent la légalité du déclenchement de la guerre avec celle des opérations menées durant le conflit. Il convient de réaffirmer, au contraire, l’universalité de la prohibition des crimes internationaux sans exigence de réciprocité, ce qui signifie que leur commission alléguée par l’une des parties n’autorise aucunement l’autre à en faire de même.

      Privés de justice internationale
      D’autres considèrent, enfin, que l’emploi du terme « génocide » ne serait requis que lorsque l’intention génocidaire est définitivement établie par une juridiction internationale. Cette position est absurde tant d’un point de vue historique que juridique.

      En effet, l’existence d’un génocide ne se limite pas à son constat judiciaire. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que la notion n’existait pas au moment des procès de Nuremberg [1945], et que des millions de victimes, en Syrie, en Birmanie et ailleurs, sont privées de justice internationale, en raison notamment de blocages politiques au Conseil de sécurité.

      En outre, comme l’a rappelé la CIJ dans son arrêt Bosnie-Herzegovine contre Serbie de 2007, l’obligation légale des Etats de prévenir le génocide a précisément pour objet d’empêcher, ou de tenter d’empêcher, la survenance d’un tel crime, ce qui nécessite forcément de le nommer avant qu’il ait lieu.

      Il est difficile de distinguer, au premier abord, un génocide des crimes contre l’humanité – de persécution ou d’extermination par exemple – dont sont accusés le premier ministre et le ministre de la défense israéliens par le procureur de la CPI. Il est même impossible d’identifier quand débute précisément un génocide tant l’histoire nous montre que les pires crimes de masse sont souvent le fruit de processus multifactoriels et de longues années d’oppression, de discrimination et de déshumanisation de la population ciblée.

      La qualification des actes commis en Israël et en Palestine, notamment l’existence d’un possible génocide, est une tâche complexe qui mobilisera juristes et juridictions internationales pour les années à venir. Elle fera l’objet de débats académiques et juridiques importants et légitimes. Mais l’énergie que déploient certains à dénoncer l’utilisation de ce terme ne s’inscrit pas dans cette démarche. Elle vise, en réalité, à nier la gravité des crimes commis par Israël à Gaza et en Cisjordanie. Elle révèle surtout une compassion sélective et une indifférence à la souffrance du peuple palestinien, dont certains continuent toujours de nier l’existence. C’est aussi cette invisibilisation que dénoncent certains de ceux qui utilisent le terme aujourd’hui.

      Johann Soufi est avocat et chercheur spécialisé en droit international pénal.

  • #SNCF is stopping sales of most international tickets – a decision rooted in incompetence, and communicated with malevolence

    If you want to travel on 22nd May 2024 from Paris to Berlin (Germany), Verviers (Belgium) or Luzern (Switzerland), the app and website for SNCF ticketing, #SNCF_Connect, will show you prices and sell you a ticket. Try the same on 24th May 2024 and it will not. Here are the screenshots to prove it:

    Even connections to towns just the other side of the border – like Mouscron (Belgium) or Rastatt (Germany) are no longer available for purchase:

    As this explanation page on the SNCF website outlines, from 23rd May only a very limited selection of international tickets are available for sale from SNCF. There’s also a map listing what is available that looks like it was made in MS Paint.

    Let’s not play down the significance of this.

    SNCF Connect could until now sell you a ticket to any station in Netherlands (now reduced to just Amsterdam, Schiphol and Rotterdam), any station in Belgium (now just Antwerpen, Bruxelles, Liège), any station in Germany (now just the few stations directly served by cross border ICEs and TGVs), any station in Switzerland (now just anything served by TGV Lyria), any station in Italy (now just Ventimiglia, Torino, Milano) and any high speed station in Spain (now just Barcelona, Girona, Figueres).

    What the website of course does not say is why the change happened.

    So I set about getting to the bottom of the issue.

    On Monday 13th May I was travelling through Strasbourg so headed to the Grandes Lignes ticket office to ask. These conversations were in French, translated into English here.

    Me: “I want to take a train from Strasbourg to Berlin in mid-June, but I cannot get a price in SNCF Connect, can you help me?”
    SNCF employee: “It’s not possible any more”
    Me: “Really? Why is that?”
    SNCF: “It’s the fault of Deutsche Bahn!”
    Me (somewhat surprised at this point): “But other railways manage to sell Deutsche Bahn tickets still.”
    SNCF: “It’s Deutsche Bahn”

    I tried again at Grandes Lignes at Paris Austerlitz on Friday 17 May.

    Me: “I cannot manage to book a ticket on SNCF Connect from Paris to Berlin in June”
    SNCF: “It’s not possible any more. You will have to try with Deutsche Bahn or Trainline”
    (bit of a jaw drop here – Trainline, SNCF’s main ticket sales competitor?)
    Me: “Sorry, but I would like to know why this is.”
    SNCF: “It’s Europe’s fault”
    Me: “So please tell me this. If Deutsche Bahn can still sell SNCB tickets, ÖBB can still sell Trenitalia, but SNCF cannot sell any of these any more, then how can it be Europe’s fault that SNCF cannot sell these tickets?”
    SNCF: “But it is international agreements!”

    And that was then I broke, and told the employee what the actual reason is. Because Le Figaro has the gist of it, and I have had this confirmed to me by sources in other rail firms. SNCF’s IT system for these sales – #Résarail – is outdated and being closed down, and the new system is not yet available. And in the meantime sales of these tickets are simply not possible. Incompetence in other words. There is a financial consequence too – it is rumoured that railways receive a 10% commission on these sales amongst themselves. Bang goes that income for SNCF.

    But the communication about why this is the case crosses over into malevolence. Rather than facing up to the problem, SNCF resorts to finger pointing – at Deutsche Bahn, Europe, and international agreements. None of which are the reason.

    Also what SNCF is doing here is precisely the opposite of what it says it wants to do in its European Parliament election manifesto (full PDF here): “To attract more passengers, we are constantly seeking to improve the quality of our service and are investing heavily in all aspects of customer satisfaction. We have also made a joint commitment with our European partners to improve international ticketing“. If we are to believe the Community of European Railways – of which SNCF is a member – it is only a matter of time before state owned railway firms in Europe sort out these cross border ticketing headaches – while the actual behaviour of one of Europe’s largest railway companies is precisely the opposite.

    The likes of Trainline, Omio, SNCB International and Deutsche Bahn will pick up most of the slack, but not all. Passengers unable to book online and who previous relied on purchasing these tickets at ticket offices in France will be left stuck.

    None of this is clever or sensible, but sadly that is what you get from SNCF when it comes to anything international.

    https://jonworth.eu/sncf-is-stopping-sales-of-most-international-tickets-a-decision-rooted-in-i
    #France #mensonge #incompétence #chemins_de_fer #international #billets_internationaux #technologie #on_marche_sur_la_tête

    via @freakonometrics

  • 24 heures plus tard, à ma connaissance aucun journal n’est capable de t’expliquer :
    – comment se passe le traitement de la demande de mandat d’arrêt du procureur de la CPI par des juges (est-ce qu’ils se réunissent, s’ils se réunissent il faut attendre une date fixe ou juste ils peuvent se réunir d’urgence qu’il y a besoin, est-ce que c’est hyper-formel genre “grand jury” ou bien ils se mettent d’accord entre eux, ou bien comme dans les films le procureur il va au milieu de la nuit réveiller un juge pour lui faire signer un papier ?) ?
    – surtout : combien de temps c’est censé prendre ? (quelques jours, quelques semaines, quelques mois ?)
    – et : est-ce que ces demandes sont systématiquement acceptées, ou bien il y a des cas où ça a été refusé ?

    Ces informations devraient être connues depuis que les rumeurs de mandat d’arrêt circulaient. Que s’appelario « faire son travail ».

  • ICC prosecutor seeks arrest warrants for Israeli, Hamas
    20 May 2024 12:18 BST | Middle East Eye
    https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/icc-prosecutor-seeks-arrest-warrants-israeli-hamas

    The International Criminal Court (ICC) on Monday announced that it has applied for arrest warrant against Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu and Israeli Defence Minister Yoav Gallant for alleged war crimes.

    In addition to them the ICC has applied for arrest warrants for three Hamas leaders they include Yahya Sinwar, as well as two other top Hamas leaders - Mohammed Diab Ibrahim al-Masri, the leader of the Al Qassem Brigades and better known as Mohammed Deif, and Ismail Haniyeh, Hamas’ political leader.

    What are the ICC charges against Israel and Hamas?
    20 May 2024 12:26 BST
    https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/what-are-icc-charges-against-israel-and-hamas?nid=363631&topic=Israel

    The court’s chief prosecutor Karim Khan laid out the charges to CNN’s Christiane Amanpour in an exclusive interview on Monday.
    20 May 2024 12:26 BST
    https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/what-are-icc-charges-against-israel-and-hamas?nid=363631&topic=Israel

    A panel of ICC judges will now consider Khan’s application for the arrest warrants.

    Khan said the charges against Sinwar, Haniyeh and al-Masri include “extermination, murder, taking of hostages, rape and sexual assault in detention.”

    The charges against Netanyahu and Gallant include “causing extermination, causing starvation as a method of war, including the denial of humanitarian relief supplies, deliberately targeting civilians in conflict,” Khan told Amanpour.

    CPI

    • Déclaration du Procureur de la CPI, Karim A.A. Khan KC : dépôt de requêtes aux fins de délivrance de mandats d’arrêt concernant la situation dans l’État de Palestine
      https://www.icc-cpi.int/fr/news/declaration-du-procureur-de-la-cpi-karim-aa-khan-kc-depot-de-requetes-aux-f

      Aujourd’hui, je vais déposer des requêtes auprès de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale aux fins de délivrance de mandats d’arrêt concernant la situation dans l’État de Palestine.
      Yahya Sinwar, Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri (Deif), Ismail Haniyeh

      Compte tenu des éléments de preuve recueillis et examinés par mon Bureau, j’ai de bonnes raisons de penser que la responsabilité pénale de Yahya SINWAR (chef du Mouvement de résistance islamique [« Hamas] dans la bande de Gaza), Mohammed Diab Ibrahim AL-MASRI, plus connu sous le nom DEIF (commandant en chef de la branche armée du Hamas, communément appelée « les brigades Al-Qassam ») et Ismail HANIYEH (chef de la branche politique du Hamas) est engagée pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ci-après commis sur le territoire d’Israël et dans l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) depuis le 7 octobre 2023 au moins :

      L’extermination en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑1‑b du Statut ;
      Le meurtre en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑1‑a et en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑i ;
      La prise d’otages en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑iii ;
      Le viol et autres formes de violence sexuelle en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑1‑g et également en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑e‑vi dans le contexte de la captivité ;
      La torture en tant que crime contre l’humanité, visé à l’article 7‑1‑f et en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑i, dans le contexte de la captivité ;
      D’autres actes inhumains en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑l‑k, dans le contexte de la captivité ;
      Les traitements cruels en tant que crime de guerre en violation de l’article 8‑2‑c‑i, dans le contexte de la captivité ; et
      Atteintes à la dignité de la personne en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑ii, dans le contexte de la captivité.
      2023 :

      (...)

      Je tiens à remercier les victimes ayant survécu aux attaques du 7 octobre ainsi que leurs familles pour le courage qu’elles ont affiché en acceptant de faire le récit de leur expérience aux membres de mon Bureau.

      Nous nous efforçons d’approfondir notre enquête concernant tous les crimes commis lors de ces attaques et continueront de travailler avec l’ensemble de nos partenaires afin que justice puisse être rendue.

      Je réitère mon appel en faveur de la libération immédiate de tous les otages enlevés en Israël et de leur retour, sains et saufs, auprès de leurs familles. C’est une exigence fondamentale du droit international humanitaire qui doit être respectée.

      Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant

      Compte tenu des preuves recueillies et examinées par mon Bureau, j’ai de bonnes raisons de penser que la responsabilité pénale de Benjamin NETANYAHU, le Premier Ministre d’Israël, et de Yoav GALLANT, Ministre de la défense d’Israël, est engagée pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ci-après commis sur le territoire de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) à compter du 8 octobre 2023 au moins :

      Le fait d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑b‑xxv du Statut ;
      Le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé, en violation de l’article 8‑2‑a‑iii ou les traitements cruels en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑i ;
      L’homicide intentionnel, en violation de l’article 8‑2‑a‑i ou le meurtre en tant que crime de guerre, en violation de l’article 8‑2‑c‑i ;
      Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que crime de guerre en violation des articles 8‑2‑b‑i ou 8‑2‑e‑i ;
      L’extermination et/ou le meurtre en tant que crime contre l’humanité, en violation des articles 7‑1‑b et 7‑1‑a, y compris en lien avec le fait d’affamer des civils ayant entraîné la mort, en tant que crime contre l’humanité ;
      La persécution en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑1‑h ;
      D’autres actes inhumains en tant que crime contre l’humanité, en violation de l’article 7‑l‑k.

      (...)

      Aujourd’hui, nous réaffirmons qu’aucun État ne peut se soustraire aux normes prévues par le droit international et le droit des conflits armés. Aucun soldat, aucun commandant, aucun dirigeant civil, nul ne peut agir en toute impunité. Rien ne peut justifier de priver délibérément des êtres humains, dont tant de femmes et d’enfants, de biens indispensables à leur survie. Rien ne peut justifier des prises d’otages ni de prendre délibérément pour cibles des civils.

      Les juges indépendants de la Cour pénale internationale sont les seuls à pouvoir déterminer si les conditions sont réunies pour délivrer des mandats d’arrêt. S’ils font droit à mes requêtes et délivrent les mandats d’arrêt, je travaillerai en étroite collaboration avec le Greffier pour appréhender les individus concernés. Je demande à tous les États, notamment les États parties au Statut de Rome, de considérer ces requêtes ainsi que la décision judiciaire ultérieure qui s’ensuivra avec autant de sérieux qu’ils l’ont fait à l’égard des autres situations, conformément aux obligations qui leur sont faites dans le Statut. Je suis également prêt à travailler avec des États non parties afin d’atteindre notre objectif commun visant à établir les responsabilités des auteurs de crimes internationaux.

      Il est crucial, à l’heure qu’il est, que mon Bureau et tous les organes de la Cour y compris ses juges indépendants, puissent accomplir leur travail en toute indépendance et en toute impartialité. Je demande instamment que cessent immédiatement les tentatives d’obstruction, d’intimidation ou d’influence indue des fonctionnaires de la Cour. Mon Bureau n’hésitera pas à prendre les mesures qui s’imposent en vertu de l’article 70 du Statut de Rome si de tels comportements persistent.(...)

    • Les médias français dans leur professionnalisme : les articles qui reprennent l’AFP indiquent que :
      https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-israel-et-le-hamas-la-cour-penale-internationale-emet-un-m

      la Cour pénale internationale émet un mandat d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza

      alors qu’on n’en est qu’à l’étape :
      https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/20/le-procureur-de-la-cour-penale-internationale-requiert-l-emission-d-un-manda

      Le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a déclaré lundi 20 mai avoir soumis une requête pour la délivrance d’un mandat d’arrêt contre le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et son ministre de la défense pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza.

      […]

      Il appartient désormais aux juges de la Cour pénale internationale de déterminer si les conditions sont réunies pour délivrer ces mandats d’arrêt réclamés par le procureur général.

      Ça ne fait jamais que deux ou trois semaines qu’on annonce ces possibles mandats d’arrêt, mais là évidemment nos médias ne sont pas prêts et se mélangent les pinceaux, et personne ne semble savoir pour l’instant combien de temps il faut pour que les juges se prononcent, ni si les demandes du procureur sont habituellement suivies, ou s’il y a des risques que sa demande soit retoquée.

      –----

      Alors hop : « rectificatif »

      Contrairement à ce que nous avions écrit par erreur dans un premier temps, la Cour pénale internationale n’a pas émis de mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son ministre de la Défense Yoav Gallant et trois hauts dirigeants du Hamas. Il s’agit de réquisitions du procureur général de la CPI, dont les juges doivent désormais se prononcer sur la question. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs.

    • ICC prosecutor ‘equates the victim with the executioner’: Hamas
      20 May 2024 13:02 BST
      https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/icc-prosecutor-equates-victim-executioner-hamas?nid=363631&topic=Isra

      Hamas reacting to the the decision by the ICC prosecutor to seek arrest warrants for three of its leaders said that it effecitvely “equates the victim with the executioner”, reported the Reuters news agency.

      ’Moral blindness’: Israeli reactions to ICC arrest warrants
      https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/moral-blindness-israeli-reactions-icc-arrest-warrants?nid=363631&topi

      Sharp words Benny Gantz.

      “Placing the leaders of a country that went into battle to protect its citizens, in the same line with bloodthirsty terrorists - is moral blindness,” wrote the former Israeli Defence Minister Benny Gantz in a post on X. “Accepting the position of the prosecutor would be a historical crime,” he added.

      The Israeli opposition leader, Yair Lapid, condemned the nnouncement of the ICC a as a “disaster”, Reuters reported.

      Lapid voiced hope that the US Congress would intervent and condemn the ICC measures.

    • Craig Mokhiber
      @CraigMokhiber
      3:18 PM · 20 mai 2024
      https://twitter.com/CraigMokhiber/status/1792545465663095101

      ICC action against Israeli perpetrators Netanyahu & Gallant for war crimes & crimes against humanity (starvation, imposing suffering, killing, murder, civilian attacks, extermination, persecution & “other inhumane acts as crimes against humanity”) is a good start. THREAD:

      But it is incomplete under the Rome Statute. The prosecutor says that further investigations and additional charges may follow.
      As it progresses, it should be supplemented to include additional charges against Netanyahu, Gallant and other Israeli Perpetrators for the Rome Statute crimes of:

      genocide, forcible transfer, unlawful imprisonment, torture as a crime against humanity, sexual violence, disappearance, apartheid,
      genocide, forcible transfer, unlawful imprisonment, torture as a crime against humanity, sexual violence, extensive destruction & appropriation, hostage taking, attacks on civilian objects & humanitarians,
      population transfer, deportation, attacking protected buildings, mutilation, denial of quarter, pillaging, poisoning, gassing, prohibited weapons, outrages on dignity, and human shielding, inter alia.

      Nevertheless, this is another historic crack in the 76-year wall of impunity that the west has built for Israel’s crimes. This time, the world will not accept impunity. International institutions will do their job, or they will fade away into an irrelevant footnote in history.

    • Le procureur de la CPI demande des mandats d’arrêt contre Netanyahou et des dirigeants du Hamas
      Par MEE et agences | Lundi 20 mai 2024
      https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/le-procureur-de-la-cpi-demande-des-mandats-darret-contre-netanyahou-e

      Cette annonce représente le revers diplomatique le plus significatif pour Israël depuis des décennies et survient alors qu’il tente désespérément de protéger sa réputation internationale au milieu de sa guerre dévastatrice à Gaza

  • La crise de recrutement des enseignants s’enkyste
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/15/la-crise-de-recrutement-des-enseignants-s-enkyste_6233368_3224.html

    Après 3 100 places non pourvues en 2023 et 4 000 en 2022, des postes d’#enseignants ne trouveront pas preneurs pour la rentrée 2024, obligeant le ministère à recourir à des #contractuels.

    Selon les premiers résultats d’admissibilité compilés par Le Monde avec le site de gestion des concours Cyclades, plusieurs centaines de postes sont d’ores et déjà vacants dans le premier degré et environ 90 dans le second, des chiffres qui devraient augmenter une fois les concours terminés, le nombre d’admis étant inférieur au nombre d’admissibles. La courbe n’arrive pas à s’inverser depuis la chute des inscriptions qui s’est opérée entre 2021 et 2022 avec le passage du concours en fin de deuxième année de master. Dans ce contexte tendu, le gouvernement mise sur une réforme de la formation et le déplacement en fin de licence des #concours pour y remédier dans les prochaines années.

    [...]

    Les résultats d’admissibilité viennent confirmer la crise systémique que traverse la profession. Comme les années précédentes, ils dessinent cependant un paysage bien différent d’une académie à l’autre ou d’une discipline à l’autre. Dans le premier degré, trois académies concentrent, année après année, les difficultés : la #Guyane, #Créteil et #Versailles. Les deux dernières académies ont, et de très loin, les besoins en #recrutement les plus élevés du pays. En 2024, l’académie de Créteil compte ainsi 733 admissibles pour 1 037 postes ; l’académie de Versailles 744 admissibles pour 1 230 postes ; et la Guyane 61 admissibles pour 152 postes. Les concours supplémentaires organisés depuis plusieurs années dans les académies franciliennes pour augmenter les viviers combleront seulement une partie de ces manques.

    En 2023, la direction générale des ressources humaines du ministère de l’#éducation nationale confiait au Monde qu’à partir de 1,5 admissible par poste la qualité du recrutement était « suffisante ». Vingt-trois académies sur 29 atteignent ce seuil cette année, un chiffre identique à l’année précédente. Sur le long terme, la tendance à la baisse est néanmoins éloquente. On compte ainsi 45 % d’admissibles en moins entre 2008 et 2024.

    [...]

    De l’aveu même du ministère de l’éducation nationale, trois disciplines « risquent de rester en difficulté » : l’espagnol, les mathématiques et les lettres modernes. Ainsi, malgré une augmentation du nombre d’admissibles par rapport à 2023, le Capes de mathématiques n’arrive qu’à un ratio de 1,2 admissible par poste, ce qui peut laisser présager des postes vacants à l’issue de la phase d’admission. Au #Capes de lettres modernes, les jurys auront face à eux seulement un peu plus d’un candidat pour un poste lors des oraux d’admission. La physique-chimie est également dans ce cas de figure.

    A l’heure de la mise en place du #choc_des_savoirs et de groupes en français et en mathématiques en 6e et en 5e pour prendre en charge l’hétérogénéité des élèves, les résultats d’admissibilité à ces Capes interrogent. Qui assurera cette mission si des postes sont laissés vacants ?

    [...]

    La modification du recrutement et de la formation risque, en outre, de ne constituer qu’une partie de la réponse au déficit d’attractivité. Dans les enquêtes menées auprès des étudiants, la faible rémunération, les conditions de travail ou encore la reconnaissance du métier sont des éléments bien plus décisifs dans le choix de rejoindre la profession que la place du concours ou le niveau de diplôme.

  • Seniors : comment travailler plus longtemps quand personne ne vous recrute plus ?
    https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-re

    Le nombre des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a nettement augmenté, passant de 312 000 en 2008 (cat. A) à 809 000 fin 2022 (il a baissé chez les moins de 25 ans, passant de 355 000 à 311 000 demandeurs). De surcroit, il s’agit beaucoup plus souvent de chômeurs de longue durée : la durée moyenne de chômage des plus de 50 ans était de 370 jours début 2008. Elle atteint 665 jours fin 2022 (celle des moins de 25 ans est passée de 123 jours à 143 jours).

    Des « testings », qui permettent de juger de la réaction des recruteurs face à des candidatures factices montrent une situation désastreuse et qui ne change pas. En 2006, un candidat de 48-50 ans avait en moyenne trois fois moins de chance qu’un candidat de 28-30 ans de passer le stade du tri de CV. Un candidat au nom maghrébin avait aussi à cette date environ trois fois moins de chances de recevoir une réponse positive qu’un autre.

    En 2022, le résultat est quasiment le même s’agissant des candidats seniors. Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d’être rappelée pour un entretien qu’un 23-30 ans (75 % de réponses positives de moins). La discrimination en raison du nom porté (les origines nationales) a diminué (33 % de réponses positives de moins au lieu 75 % en 2006). Ces « testings » sur l’âge révèlent là encore les médiocres résultats de la France par rapport aux autres pays européens et aux États-Unis.

  • Gadi Kedem interrogé sous caution après avoir été battu par un extrémiste - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/gadi-kedem-interroge-sous-caution-apres-avoir-ete-battu-par-un-ext

    Israël en proie à ses démons... (Au passage, on notera que c’est la victime de l’agression que est interrogée par la police !)

    Gadi Kedem, qui a perdu six membres de sa famille le 7 octobre et qui a vraisemblablement été brutalisé samedi par des militants de droite qui portaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire « traîtres de gauche », a été interrogé par la police sous caution pour suspicion d’agression lorsqu’il est allé déposer une plainte, a rapporté dimanche la Douzième chaîne.

    L’incident a eu lieu la veille lors d’un rassemblement de manifestants anti-gouvernement, dont des familles en deuil et des familles d’otages.

    Reuma, l’épouse de Kedem, a déclaré que des militants partisans de la ligne radicale du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu lui ont dit qu’elle était « une dégénérée, une gauchiste puante, et que c’était une bonne chose que vos enfants soient morts ».

  • Quels droits pour les promeneurs, entre droit d’accès à la nature et propriété privée ?
    https://theconversation.com/quels-droits-pour-les-promeneurs-entre-droit-dacces-a-la-nature-et-

    Se promener dans la nature, cela peut-être, selon le point de vue que l’on adopte, un droit, un loisir, un sport, un bienfait pour la santé, mais aussi, depuis une récente loi passée en février 2023, une infraction pénale. Car une grande majorité des forêts françaises ne sont pas publiques, et que l’accès aux espaces naturels et aux forêts privés est désormais sanctionné par une amende de 135 euros. Comment en est-on arrivé là et quel avenir se dessine pour l’accès à la nature ?

    #propriété_privée

  • Les historiens contre la Commune

    Ce livre, dont le titre fait référence au fameux essai de Paul Lidsky, Les écrivains contre la Commune (réédité récemment par les éditions La Découverte), constitue une charge contre la célébration du 150e anniversaire de la Commune de Paris, en 2021, et la relecture historique de cet événement. Emmanuel Brandely entend dénoncer ce qu’il appelle la « nouvelle historiographie de la Commune » dont les deux principaux représentants seraient Robert Tombs et Quentin Deluermoz, respectivement auteurs de Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871 (Libertalia, 2014) et de Commune(s) 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle (Seuil, 2020). Certes, Brandely reconnaît qu’il ne s’agit pas d’un ensemble homogène, mais il n’en reste pas moins que ces deux historiens ont été parmi les plus visibles médiatiquement au cours de cette célébration et sont emblématiques d’une histoire à prétention objective qui veut en finir avec les grands récits, en général, et le récit marxiste (ou, plus exactement, une caricature de celui-ci), en particulier.

    Note sur : Emmanuel Brandely, Les Historiens contre la Commune. Sur le 150e anniversaire et la nouvelle historiographie de la Commune de Paris

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/18/les-historiens-contre-la-commune

    #histoire #commune

  • Assurance-chômage : la réforme pourrait affecter jusqu’à un tiers des allocataires
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/18/assurance-chomage-la-reforme-pourrait-affecter-jusqu-a-un-tiers-des-allocata

    L’une des pistes privilégiées aujourd’hui par l’exécutif consisterait à accroître la « #durée_d’affiliation » – c’est-à-dire le temps de travail nécessaire pour être éligible à l’#assurance-chômage. A l’heure actuelle, il faut avoir exercé une activité de six mois sur une « #période_de_référence » de vingt-quatre mois pour être indemnisé.

    Le premier paramètre pourrait être modifié : s’il passait à sept mois, 11 % des allocataires seraient pénalisés (avec une entrée plus tardive dans le régime), ce qui engendrerait, à terme, une économie de 400 millions d’euros par an. S’il était relevé à douze mois, 31 % des personnes seraient touchées, tandis que l’Unédic, elle, verrait sa facture s’alléger de 2,3 milliards d’euros. Autre solution, aux effets encore plus puissants : raccourcir la « période de référence » en la ramenant de vingt-quatre à dix-huit mois. Dans cette éventualité, 32 % des allocataires seraient « impactés » et les économies atteindraient le montant colossal de 7,5 milliards d’euros par an.

    « Ramener de l’argent »

    Parmi les critères susceptibles d’évoluer figure également la durée pendant laquelle les demandeurs d’emploi sont couverts : si elle était fixée à douze mois (contre dix-huit, aujourd’hui, pour les personnes de moins de 53 ans), le régime économiserait environ 6 milliards d’euros.

    L’étude diffusée vendredi montre également que la réforme n’a pas les mêmes retombées suivant les curseurs qui sont actionnés. Une augmentation de la durée d’affiliation frappe particulièrement les moins de 25 ans ainsi que les individus s’inscrivant au chômage après un CDD ou une mission d’intérim. Les profils seraient très différents s’il était décidé de réduire la #durée_d’indemnisation : selon l’Unédic, il y aurait davantage de personnes d’au moins 25 ans ou ayant mis fin à leur contrat de travail après une rupture conventionnelle ; ceux qui perçoivent des allocations au-dessus de la moyenne seraient également plus nombreux.

    #chômeurs

  • « Tous les gens que je connais sont tombés malades » : les concerts de Taylor Swift, clusters de #Covid ? - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/societe/sante/tous-les-gens-que-je-connais-sont-tombes-malades-les-concerts-de-taylor-s
    https://www.leparisien.fr/resizer/a1SwLWh58-oGsN52_Bd7Bi8dDIQ=/1200x675/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/IS45SKE3ABDCJK2PQFLKU7HR6U.jpg
    C’est cadeau.

    Alex, 29 ans, est venue spécialement de Lille pour assister au 3e show du vendredi soir. « Le lundi d’après, j’ai commencé à tousser. Mercredi, ça n’allait pas du tout, j’avais des frissons, pas d’appétit, et je ne pouvais rester debout plus de cinq minutes », raconte-t-elle. Le soir, elle tombe sur la vidéo d’un influenceur racontant être malade depuis le concert. « Dans les commentaires, certains disaient qu’ils avaient eu un test Covid positif », raconte Alex, qui décide de franchir à son tour la porte d’un laboratoire ce jeudi. Verdict : positif. Même résultat pour Camille, qui était au premier concert. « Tous les gens que je connais et qui y sont allés aussi sont tombés malades, que ce soit Covid ou pas », raconte l’enseignante de 27 ans.

    • La swift-taylorisation des clusters Covid, c’est Claude-Alexandre Gustave qui en parle le mieux. Je retranscris la conversation pour celleux qui répugnent à aller se faire musker le cerveau sur X(witter)

      C-A-G : 1/2 Vous connaissez le 2 poids, 2 mesures ?
      Côté face, vous avez un public docilement éduqué par les médecins de plateau TV à embrasser tous les bienfaits de réinfections Covid répétées.
      Ici, l’exemple hilarant "ça valait bien 5 covids d’affilée"
      #paietonimmunitéhybride

      [il cite le tweet de Nicolas Berrod :
      Après les quatre concerts de Taylor Swift à Paris, de nombreux fans ont eu un syndrome grippal... avec parfois un test #Covid positif : "Tous les gens que je connais sont tombés malades", mais "ça valait bien cinq Covid d’affilée !". ⤵️ le_Parisien]

      C-A-G : 2/2
      Côté pile, vous avez les élites (au sens littéral pour Taylor Swift, 1ère femme issue du showbizness à devenir milliardaire) pour qui l’infection semble plutôt perçue comme pas si bénéfique que ça 😅
      #etsadetteimmunitairevousypensezàsadette

      _[il cite Jess·26 févr.
      “When Taylor is on tour, strict measures are put into place to stop her interacting with anyone outside of
      of her bubble”

      “Even those in her bubble, including dancers and managers, are restricted in what they can do and where they can go during downtime” https://the-express.com/entertainment/]_

      Réponse de Nicolas Berrod à C-A-G
      Il n’y a pas que du Covid a priori à Taylor Swift, hein.

      Réponse de C-A-G à Nicolas Berrod :
      Oui sans test ou avec des TAG, forcément, il y aussi les "virus de l’hiver" hein

      Réponse de AntiCovid Zanfr/IDDQD Robot🐧 😷 BScA
      à C-A-G :
      Vu la tête des posts des swifties c’est bien bien positif même avec des TAG de mmm....

      Intervention de Heribert Berger :
      Je ne comprends pas ce que ça veut dire :"ça valait 5 covid d’affilée". C’était si grave ?

      Réponse de C-A-G à Heribert Berger :
      Le spectateur exprime sa joie d’avoir pu assister à tous les concerts, même si ça a un impact sur sa santé.
      C’est de la vraie dévotion 😅
      #realfans

      Réponse de Heribert Berger à C-A-G :
      Ah merci ! Ils sont tous à côté de la plaque... :(((

      Réponse de Martine Mounier à Heribert Berger :
      C’est aussi Le Parisien qui est totalement à côté de la plaque. Un peu comme s’il avait donné la parole finale à un gay qui se serait exclamé au début de l’épidémie de Sida : « oui mais un bon plan cul c’est bareback ou rien… ca vaut troooooop le coup ! »

      (https://x.com/C_A_G0101/status/1791502164575113503)

  • La Cour des comptes pointe 5,5 milliards d’euros d’erreurs dans la branche famille de la Sécurité sociale
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/17/la-cour-des-comptes-pointe-5-5-milliards-d-euros-d-erreurs-dans-la-branche-f

    La Cour des comptes a épinglé de nouveau les comptes de la branche famille de la Sécurité sociale, vendredi, évaluant à 5,5 milliards d’euros « le montant des erreurs non corrigées par les actions de contrôle interne ». « 5,5 milliards d’euros de versements indus mais aussi de prestations non versées à tort ont été constatés à la fin 2023, qui ne seront jamais régularisés », a souligné la Cour dans un communiqué.
    « Les erreurs liées aux données prises en compte pour verser les prestations » représentent « 7,4 % du montant des prestations », indique le Cour dans son rapport annuel sur les comptes du régime général de la Sécurité sociale. Elles concernent notamment le #RSA, la #prime_d’activité et les aides au logement. « En particulier, un quart des montants versés au titre du RSA est entaché d’erreurs », souligne-t-elle.
    Elle se déclare donc « dans l’impossibilité de certifier » les comptes de la Caisse nationale d’allocations familiales (#Cnaf) pour 2023. L’an dernier la Cour avait été plus sévère encore, « refusant de certifier » les comptes de l’exercice 2022, en raison d’un « montant beaucoup trop élevé » d’erreurs, de 5,8 milliards d’euros.

    ... « La capacité de détection des erreurs par le réseau demeure très inférieure au risque induit par l’insuffisante fiabilité des données déclarées par les allocataires »

    .... La branche famille a procédé en 2023 à une évaluation de la #fraude, comme elle le fait tous les deux ans. Selon la Cour des comptes, la #fraude_potentielle « représente 4,9 % des prestations légales versées » par la Cnaf, soit 3,90 milliards d’euros, en hausse de 39 % par rapport à la précédente évaluation en 2021. « Le RSA, la prime d’activité, et les aides au logement » sont les « prestations les plus susceptibles de fraude », note-t-elle.

    #cafouille #CAF #APL