Oui, mais dans le même temps, on a la logique assez classique en matière de répression : on met en place des procédures de répression dont l’échec est prévisible, pendant qu’elles provoquent tout de même des effets (« imprévisibles ») réels et un durcissement du discours et des attitudes, éventuellement des effets d’intimidation pour des discours et des attitudes légitimes mais de plus en plus « borderline ». Et l’étape suivante est d’utiliser ce prévisible « échec » de la répression pour réclamer encore plus de moyens de répression.
C’est un peu le même bazar sur la liberté d’expression de tous en ligne, qui « pose problème » depuis la fin des années 90, avec un empilement de lois, d’organismes de régulation/autorégulation, de « prises de conscience », etc., qui ont achevé d’obliger tout le monde à passer par les grandes plateformes marchandes (largement parce qu’assumer le risque financier lié à toutes ces lois est très problématique)… et on arrive soudain à ce que le sujet de préoccupation du Président, c’est l’« anonymat » en ligne, comme si c’était pas une vieille lune, justement, des années 1990, et qu’on avait une flopée de lois à ce sujet.
Ici, clairement, la Hadopi communique sur ses « difficultés » pour réclamer, en dernier paragraphe, l’extension de ses prérogatives :
►https://www.zebulon.fr/actualites/17799-hadopi-fait-part-de-ses-difficultes-a-contrer-le-piratage.html
Pauline Blassel, secrétaire générale de la Hadopi confie en effet : « Nous sommes assez désarmés face à ces nouveaux services », ajoutant : « Nous aimerions que l’on reconnaisse à la Hadopi un pouvoir de caractérisation de ces sites. C’est une hypocrisie que ces sites pirates puissent être accessibles et toujours pas fermés. Il nous faut informer les consommateurs, impliquer les intermédiaires et faciliter l’office du juge ».