person:pierre de villiers

  • Fabrique du consentement : selon un sondage, un Français sur deux favorable à un gouvernement militaire… (OD)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15843-fabrique-du-consentement-selon-un-sondage-un-francais-sur-deux-favo

    … En cas d’attaques terroristes, bien sûr !

    Après l’épisode de la célébration médiatique du général Pierre de Villiers, nos manipulateurs de l’ombre ont encore recours à un “sondage”, cet instrument pervers de la démocratie d’opinion, pour préparer les esprits à la prochaine carte qu’ils pourraient abattre : un “attentat terroriste” conduisant à une énergique reprise en mains par l’armée et à la suppression (“temporaire”) des libertés publiques. L’état d’urgence de Hollande et de Valls n’aurait alors été qu’un avant-goût de ce qui nous attend : une solution radicale pour mater ces « factieux », ces « casseurs », et même ces « terroristes » de Gilets jaunes qui refusent de rentrer dans le rang… OD

    « Face au risque terroriste, 55 % de nos compatriotes sont favorables à de nouvelles mesures d’exception « pour mieux assurer (...)

  • Des mésaventures de Monsieur « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher » en 2018 : Les Champs Elysées, théâtre du pouvoir macronien, de l’investiture aux « gilets jaunes », Ariane Chemin, 29 décembre 2018

    En décembre, retranché à l’Elysée, il a renoncé aux bains de foule et autres déambulations. Pour les fêtes, il s’est privé de vacances au ski, à La Mongie dans les Htes-Pyrénées, où il va depuis son enfance, pour ne pas attiser encore l’exaspération de ses concitoyens. (ailleurs dans le même journal)

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2018/12/28/aux-champs-elysees-splendeurs-et-miseres-d-emmanuel-macron_5402911_4500055.h

    L’ostentatoire avenue parisienne s’est transformée en rendez-vous des « #gilets_jaunes ». Un retour de bâton pour le président qui y a régulièrement mis en scène son pouvoir « jupitérien ».

    Raide comme un lancier dans son command car , Emmanuel Macron remonte les Champs-Elysées. Il a posé sa main sur l’arceau du véhicule militaire. Derrière lui, le Louvre et sa Pyramide, point de départ de la fameuse « voie royale », perspective esquissée au XVIIe siècle par le jardinier Le Nôtre, qui file désormais sans obstacles jusqu’au quartier d’affaires de la Défense. Un sourire pincé assouplit légèrement les lèvres du héros. Regard martial, maxillaires saillants, il faut clore la séquence du « président normal ». Représenter les Français, mais d’abord incarner la France.

    À chaque président, son mini-coup d’Etat dans des protocoles trop huilés. Ce dimanche 14 mai 2017, la passation des pouvoirs s’est déroulée selon le rituel constitutionnel : tapis rouge, garde républicaine, tête-à-tête avec François Hollande, visite du PC Jupiter, ce bunker réservé au commandement militaire. Emmanuel Macron est devenu à 39 ans le 25e président de la République française.

    Mais, au moment de quitter l’Elysée pour gagner la place de l’Etoile et raviver la flamme du tombeau du Soldat inconnu, surprise : ce n’est pas la traditionnelle Citroën qui patiente devant la grille du Coq, sortie la plus discrète du Palais. Emmanuel Macron n’a pas fait son service militaire mais raffole de l’uniforme. Sa griffe, ce sera ce VLRA (véhicule léger de reconnaissance et d’appui) en « livrée camouflage ».

    Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien

    Hormis les cordons de chevaux et de motards de la garde républicaine, rien ne protège le nouveau président des spectateurs postés le long des trottoirs. De quoi aurait-il peur ? On ne hait pas un inconnu. À mi-parcours, plusieurs chevaux se cabrent brusquement, manquant de semer la panique dans le cortège, mais les ruades sont vite oubliées, un épiphénomène dans ce cours radieux. Qu’importe s’il a été élu par moins de 21 millions d’électeurs [8 657 000 au premier tour, ndc] : Macron a conquis le pouvoir à la vitesse d’un Rafale, sans mandat ni parti. Il a raflé 66 % des voix au second tour, face à Marine Le Pen, et savoure son apothéose sur l’avenue de la mémoire nationale.

    Le pays tout entier a pris l’habitude de s’y rassembler pour fêter ses triomphes, deux millions de personnes pour la libération de la capitale en août 1944, un million et demi pour la victoire des Bleus de Zidane en juillet 1998. Ce 14 mai 2017, dans l’objectif des photographes, le visage juvénile du président sur « la-plus-belle-avenue-du-monde », encadré par l’écarlate des plumets, le cuivre des casques, le bleu des gyrophares, symphonie de couleurs devenue spécialité française, offre des clichés de rêve. Comment imaginer que l’avenue de son sacre deviendra bientôt le théâtre de sa disgrâce, l’artère d’une tragédie en plusieurs actes ? Ce jour-là, les Champs-Élysées s’imposent comme la scène politique du pouvoir macronien.

    Un spectacle en trompe-l’œil

    14 juillet 2017. C’est encore l’état de grâce. Le lendemain de son investiture, Emmanuel Macron a rendu visite à Angela Merkel, puis reçu Vladimir Poutine à Versailles. Pour son premier défilé militaire, il a même convaincu le président des États-Unis, installé six mois plus tôt à la Maison Blanche, de traverser l’Atlantique. Comme pour chaque fête nationale, les Champs ont sorti le grand jeu. Tout au long de ses deux kilomètres, l’avenue est pavoisée, drapeaux, fourreaux et kakémonos. Le président savoure le spectacle. On lui donne même les clés des jardins des Tuileries, qu’il traversera à pied, sous la lune, le 8 mars 2018, au retour d’un dîner officiel.

    Cette année, centenaire de l’engagement américain dans la guerre de 1914-1918 oblige, cinq militaires en uniforme de « Sammies » défilent avec l’armée française. Somptueux. Des chars vieux d’un siècle descendent les pavés de l’avenue. « Il y avait beaucoup d’avions », commente Donald Trump, emballé. « Les gens ne savent pas quels grands guerriers il y a en France », s’émerveille le chef d’Etat américain. Il repart même à Washington avec un projet fou : copier ce défilé sur Pennsylvania Avenue, entre le Capitole et la Maison Blanche. « France is back », se réjouissent les diplomates.

    Seuls quelques gradés le savent, les Champs-Elysées offrent ce jour-là un spectacle en trompe-l’œil. En arrivant place de l’Etoile, le président a tapé en souriant sur l’épaule galonnée du chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers, comme si de rien n’était. Après son élection, Emmanuel Macron a souhaité garder près de lui le général de 60 ans une année supplémentaire. Mais, deux jours plus tôt, on a rapporté au locataire de l’Elysée le coup de gueule du haut gradé devant la commission défense de l’Assemblée à l’annonce de coupes programmées dans le budget militaire : « Je ne vais pas me faire baiser comme ça ! »

    Macron n’a pas apprécié. Villiers veut faire de la politique ? O.K., il va comprendre. Le nouveau chef de l’Etat l’a recadré lors de la traditionnelle garden-party du ministère des armées, la veille du défilé. « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’aime le sens du devoir. J’aime le sens de la réserve. » Réserve, devoir, le président reprend à son compte les obligations des militaires pour mieux mettre au sol le chef des armées. « Je suis votre chef ! », claque aussi Macron en poussant les octaves jusqu’au fond des jardins de l’hôtel de Brienne.

    Macron tremble un court moment

    Depuis, les deux hommes n’ont pas échangé un mot. Sur le command car, le visage de Villiers reste blanc comme la nuit qu’il vient de passer. Seule son épouse a pu le convaincre d’aller défiler. Il est seul à savoir que cette revue des troupes est sa ronde d’adieu : allez, se persuade en effet l’Elysée, il ne partira pas, aucun chef des armées n’a osé le faire depuis 1958. La Macronie se trompe. Les militaires ont l’habitude de se faire broyer le dos par des rangers, pas par des souliers vernis, et Villiers est une sacrée tête de lard. Cinq jours après la parade sur les Champs, le général cinq étoiles démissionne.

    Macron tremble un court moment, à l’automne, en apprenant que son ancien chef d’état-major s’apprête à publier un livre : il se rassure en notant que l’ouvrage ne comporte aucune petite phrase ou règlement de comptes. Un coursier a d’ailleurs apporté courtoisement le premier exemplaire de l’ouvrage dédicacé à l’Elysée.

    Dans les jours suivants, Servir (Fayard) est dans toutes les librairies. Depuis les années 1970, les salles de cinéma de l’avenue demeurent, chaque mercredi, le meilleur baromètre du succès d’un film, et le drugstore Publicis, au pied de l’Arc de triomphe, est un bon sismographe des ventes de livres. Dès le 8 novembre, les écrits du général y font chauffer les étals.

    Le grondement de 700 bikers déboulant sur les Champs, le 9 décembre, couvre heureusement cette onde de choc. Johnny Hallyday, ce morceau du patrimoine français, est mort. C’est l’une des dernières mythologies nationales qu’on enterre. L’Elysée a décidé de lui offrir des obsèques XXL. Des dizaines de milliers de fans patientent entre l’Etoile et la Concorde. Des motards venus de tous les pays se joignent aux Harley rutilantes qui escortent le cercueil blanc du rocker. « Johnny était là pour vous, vous êtes là pour lui » : pour mettre en mots les liens tissés par un autre, Macron, ce jour-là, est très bon. Jeunes, vieux, femmes et hommes, urbains et « périphériques », une foule accourue de toute la France pleure un gilet de cuir sur l’avenue la plus courue de France.

    Ici siègent l’argent, le pouvoir, la réussite

    C’est ici, en 2015, qu’Emmanuel Macron a testé pour la première fois sa popularité. Manuel Valls avait pris l’habitude chaque 11-Novembre de prendre un verre avec quelques-uns de ses ministres sur une terrasse des Champs-Élysées. Mais sur BFM-TV, autour de la table du bistrot, c’est le tout frais patron de Bercy qui prend la lumière. Il a l’habileté de descendre seul le trottoir des Champs. « Vous êtes le seul intelligent de ce gouvernement, les autres on ne veut pas en entendre parler », lance une vendeuse de chaussures. Cette fois, la caméra du « Petit journal » est là et immortalise ce premier bain de foule, sa première échappée.

    Vuitton et ses monogrammes dorés, Ladurée et ses macarons parfumés, Lancel, Guerlain, Cartier… Entre l’avenue Montaigne et l’avenue George-V, le « triangle d’or » des Champs-Elysées concentre toutes les griffes du luxe français. Ici siègent l’argent, le pouvoir, la réussite. Le chef de l’Etat connaît bien le quartier. C’est là que banquiers et avocats d’affaires se donnent rendez-vous. Là qu’ils ont leurs bureaux. À l’été 2014, lorsqu’Emmanuel Macron avait quitté le secrétariat général de l’Elysée et réfléchissait à se lancer dans les affaires, Antoine Gosset-Grainville l’avait hébergé quelques semaines dans son cabinet, au 44 de l’avenue.

    Les Champs, c’étaient surtout Henry Hermand. Le mécène d’Emmanuel Macron donnait ses rendez-vous au Lancaster, un palace de la rue de Berri, l’adresse de ses premiers bureaux avant d’emménager rue Lamennais. Le vieux monsieur s’était entiché d’« Emmanuel » en 2002, et le président sait bien que son « casse » électoral aurait été impossible sans ce généreux patron de la grande distribution. Hermand s’est éteint quelques mois avant la présidentielle, au 288e rang des fortunes françaises, sans avoir vu son protégé au faîte de la gloire.

    Les gênantes punchlines du président

    L’aurait-il mis en garde, cet homme de la « deuxième gauche », contre ses saillies de plus en plus gênantes, de plus en plus voyantes ? Ces « gens qui ne sont rien », « le Gaulois réfractaire au changement », « les fainéants, les cyniques, les extrêmes ». Et puis cette phrase volée à de Gaulle : « La seule chose qu’on n’a pas le droit de faire, c’est de se plaindre. » Un festival.

    Les punchlines présidentielles glissent sur les pavés des Champs-Elysées, mais pas sur le bitume des nationales et des départementales, ces routes des triangles de détresse que déploie la France des vieux diesels, des petites retraites, cette France des cuves à fioul qu’il va falloir remplacer au plus vite pour se mettre aux normes.

    Le pays silencieux a la mémoire longue. Les formules tournent dans les têtes et les groupes Facebook, prêtes à surgir sous un gros feutre ou une bombe de peinture. Tout cloche dans les phrases de ce président-là, même le « pognon de dingue ». Pognon, c’est de l’argot de riches, un mot de tradeurs ou de théoriciens de la « société inclusive » encanaillés devant les films d’Audiard, de jeunes banquiers qui fument sur les trottoirs au coin des Champs-Élysées, en bras de chemise et pantalons slimissimes.

    L’été 2018 approche. 2017 avait laissé croire au retour de la croissance, mais elle semble désormais un brin compromise. En bas des Champs, côté pair – celui que préfère la banlieue –, les galeries et boutiques de prêt-à-porter notent que l’économie nationale donne des signes de faiblesse. Mais la veine sourit au président. Dimanche 15 juillet, l’équipe de France de football remporte le Mondial 2018. Dans les loges du stade Loujniki, à Moscou, Macron bondit en l’air comme un coach sur le bord du terrain. Voilà à nouveau la place de l’Etoile au cœur de la folie qui s’empare du pays. La foule entonne même un chant à la gloire du milieu de terrain N’Golo Kanté sur l’air des « Champs Elysées » de Joe Dassin : « Il est petit, il est gentil, il a stoppé Leo Messi, mais on sait tous c’est un tricheur, N’Golo Kanté… »

    Le bus accélère, le quinquennat s’emballe

    En écho aux réseaux sociaux, la RATP rebaptise la station de métro en bas de l’avenue « Deschamps-Elysées Clémenceau », spéciale dédicace au sélectionneur des Bleus. Les noms des vingt-trois joueurs s’affichent sur le fronton de l’Arc de triomphe. Ces dernières années, hélas, le monument a surtout servi d’épitaphe : « Paris est Charlie », pleurait en janvier 2015 une bannière noire projetée sur le monument. Deux ans plus tard, un policier, le capitaine Xavier Jugelé, mourait sous les balles d’un islamiste au 104 de l’avenue, entre les magasins Marionnaud et Yves Rocher. Ce dimanche d’été 2018, le triomphe des hommes de Didier Deschamps permet de retrouver la légèreté oubliée. De l’avenue Marigny au Grand Palais s’improvise une samba endiablée.

    Les champions sont attendus le lendemain, au même endroit. Ce lundi 16 juillet, l’avion de l’équipe de France a atterri à 17 heures à l’aéroport Charles-de-Gaulle, avec pas mal de retard. Quand, à 19 h 20, les héros atteignent enfin la place de l’Etoile, la foule des supporteurs cuit depuis des heures dans une chaleur d’étuve. D’un coup, dans le halo des fumigènes, apparaît le bus à impériale. L’avenue s’efface dans une brume rose, presque un spectacle de Disney. Trop courte extase.

    Jean Lassalle inscrit le « scandale des Champs » aux questions d’actualité de l’Assemblée. « M. Macron a voulu accaparer [les joueurs] à l’Elysée. Résultat : un peuple entièrement déçu, moins de dix heures après avoir dansé tous ensemble. »

    Il y a vingt ans, le bain de foule de l’équipe d’Aimé Jacquet avait duré quatre heures. Cette fois, les groupies de Kylian Mbappé et d’Antoine Griezmann n’ont droit qu’à une parade express. À l’avant de l’autocar, un jeune homme a l’oreille vissée à son portable. Il raccroche et fait un geste au conducteur. Le bus accélère, et c’est tout le quinquennat qui s’emballe avec lui.

    Les 1 700 mètres du parcours prévu sont bouclés en vingt minutes. Tant pis pour la foule massée le long des trottoirs : le couple Macron guette les joueurs sur le perron de l’Elysée et aimerait faire profiter les JT de 20 heures de leurs retrouvailles. À 19 h 51, les Bleus prennent la pose entre coupe et président. Place de l’Etoile, la fan-zone commence à comprendre qu’elle s’est fait voler ses champions.

    Furieux qu’on soit « capable de faire tourner au vinaigre ce qu’il y a de plus beau », le député Jean Lassalle, fils de bergers occitans de la vallée d’Aspe, un fort en gueule réélu sans souci depuis 2002, inscrit le « scandale des Champs » au menu des questions d’actualité de l’Assemblée nationale. « M. Macron a voulu accaparer [les joueurs] à l’Elysée. Résultat : un peuple entièrement déçu, moins de dix heures après avoir dansé tous ensemble. (…) le petit peuple [n’aurait] pas le droit de voir l’équipe qui vient de triompher en son nom devant la planète tout entière ? Il est trop petit, le peuple, trop petit ! »
    Jamais sans Benalla

    Même la coupe a été dérobée aux regards. « On la cherchait partout », a dit Philippe Tournon, l’attaché de presse de l’équipe de France. Le jeune inconnu du bus l’a gardée avec lui et trimballe pendant quelques jours et quelques nuits le trophée dans une malle en aluminium. Il la montre à ses amis de l’Elysée et de la Préfecture de police de Paris, la pose fièrement sur le bureau du commandant Jean-Yves Hunault, propose à Laurent Simonin, autre ponte de la « préf », de l’admirer à son tour.

    Le nom de ce conseiller ? Alexandre Benalla. Depuis la campagne, cet adjoint au chef du cabinet d’Emmanuel Macron ne compte pas ses heures et peut tout dire ou presque au chef de l’Etat. Brigitte Macron a « Mimi » (Marchand), le président peut compter sur Alex. Dans les moments délicats, Benalla sait tout faire, même faire accélérer le bus des Bleus sur les Champs-Elysées.

    Emmanuel Macron a pourtant failli le perdre. Le 1er mai 2018, Benalla a été autorisé à assister en « observateur » aux manifestations aux côtés des forces de l’ordre. Bien qu’il ne soit pas policier, il portait ce jour-là un casque et un brassard. Face à un manifestant, puis à un couple lançant des bouteilles sur des agents, place de la Contrescarpe, il n’a pu se retenir d’intervenir, avec balayette et clés de bras. Suffisant en principe pour saisir la justice. Mais, en un an à l’Elysée, Benalla a tout vu, tout su, et s’est rendu indispensable : le chef de l’Etat a choisi d’étouffer la faute.

    « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher », lance, fin juillet, Emmanuel Macron devant les députés de sa majorité.

    Le 18 juillet, trois jours après la victoire des Bleus, le chauffeur de Laurent Simonin est occupé à admirer la Coupe du monde quand il entend Benalla souffler : « Mon affaire va sortir. C’est une question d’heures. » Dès le lendemain, l’« affaire » vire au scandale. Le parquet de Paris ouvre une information judiciaire, le Parlement deux commissions d’enquête. « S’ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu’ils viennent le chercher », lance, fin juillet, Emmanuel Macron devant les députés de sa majorité. Etrange formule, aussitôt moquée sur les réseaux sociaux et qui ne tombe pas dans l’oreille de sourds.

    Le 11-Novembre, Donald Trump est de retour sur la place de l’Etoile, pour célébrer le centenaire de l’armistice de 1918. Il a cette fois sa tête des mauvais jours : Emmanuel Macron vient d’avancer sur CNN l’idée d’une « armée européenne », un projet « très insultant », a tweeté, de son avion, le président américain. Il sèche la remontée des Champs, comme Vladimir Poutine.

    Un souci de plus pour Emmanuel Macron qui sort à peine d’une minitornade médiatique : il s’est englué tout seul dans un débat sur l’opportunité d’un hommage au maréchal Pétain, choquant pas mal de Français et, surtout, d’historiens. La chanteuse béninoise Angélique Kidjo peine à détendre l’atmosphère. L’ambiance a bien changé depuis juillet 2017.

    Et les « gilets jaunes » vinrent chercher Macron…

    Six jours plus tard, les premiers « gilets jaunes » fleurissent sur l’avenue. Ils n’ont pas supporté l’annonce de la hausse du prix des carburants. Ils se donnent rendez-vous sur Facebook et sur les ronds-points des zones commerciales. Parmi eux, peu d’ouvriers, peu d’habitants des quartiers, mais des tas de gens qui se sentent seuls et viennent se réchauffer autour des flammes des braseros. Beaucoup pensent que tous les journalistes et tous les politiques mentent. Ils ont la rage.

    Qu’ils viennent me chercher, disait Macron. « On vient te chercher chez toi ! », crient les manifestants. Ils ont l’intention d’approcher aussi près que possible du palais de l’Elysée. Les rues qui bordent le Faubourg-Saint-Honoré sont bloquées ; le repli se fait donc sur les Champs. Le samedi 17 novembre, ce ne sont que de petites grappes, du côté de la Concorde. Le 24, ils investissent la place de l’Etoile, sur du Joe Dassin encore : « J’manifestais sur l’avenue, mais mon gilet leur a pas plu… ».

    Sur leurs dossards fluo, des doléances sur la vie chère, le smic, l’ISF. « Macron, invite-nous au Fouquet’s ! » Il y a surtout le RIC, ce référendum d’initiative citoyenne, qui pourrait peut-être permettre de renverser le président. L’un des porte-parole du mouvement rêve tout haut du général de Villiers à l’Elysée ; d’autres crient « All cops are Benalla » (« tous les flics sont des Benalla »), détournement improvisé de « All cops are bastards ». Tout s’emmêle, mais un slogan, « Macron démission », fédère les participants, et l’arrière-plan demeure le même : les Champs-Elysées.

    Début décembre, cette fois, ce sont des blindés de la gendarmerie qui encerclent la place de l’Etoile, du jamais-vu depuis la guerre. Le samedi précédent, l’Arc de triomphe a en effet été vandalisé. De Tokyo à New York, la photo fait la « une » des magazines de la planète, qui racontent même que Paris brûle. Dans les entrailles de son musée, la réplique en plâtre d’une statue de François Rude a perdu un œil.
    Le lendemain, Macron s’y rend à pied. Se recueille devant le Soldat inconnu. Ne dit rien. Sauf ces quelques mots, glissés au président du Centre des monuments nationaux : « Rouvrez le plus vite possible. » En s’éloignant, il peut voir des touristes faire des selfies devant les piliers de l’Arc tagués d’insultes. Le 15 mai 2017, l’avenue était le champ d’honneur d’un jeune président. Aujourd’hui, on photographie les stigmates d’un champ de bataille.

  • Emmanuel Todd : « Le risque majeur n’est pas la révolution mais le coup d’Etat »
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15338-emmanuel-todd-le-risque-majeur-n-est-pas-la-revolution-mais-le-coup

    Cette intervention d’Emmanuel Todd date d’avant l’annonce du moratoire sur les taxes. Mais, comme on l’a vu, un moratoire ne vaut pas une suppression et n’est en aucun cas de nature à calmer les esprits… Pour Todd, face aux Gilets jaunes, le gouvernement « cherche le chaos pour provoquer une rupture ». Je lui donne entièrement raison, et d’ailleurs le “mulet” est prêt.

    OD

    « L’historien et anthropologue Emmanuel Todd, invité de France Culture lundi 3 décembre 2018, accuse le président de la République de prendre le risque d’une guerre civile en France. Et estime que la seule issue pour Macron est un coup d’État.

    Todd : Honnêtement je ne crois pas Emmanuel Macron capable de comprendre intellectuellement ce qu’il se passe…

    France Culture : Ce n’est pas a priori quelqu’un de limité intellectuellement…

    Todd : (...)

  • Putsch par démission
    http://www.dedefensa.org/article/putsch-par-demission

    Putsch par démission

    Le site bien connu dans ces colonnes WSWS.org, de la IVème Internationale trotskyiste, tient sans aucun doute la démission du CEMA français, le général Pierre de Villiers, pour un événement très important. Il a publié simultanément le texte original en anglais et sa traduction française (les deux à la date du 20 juillet), ce qui est rarissime pour lui qui fait en général suivre d’un jour les traductions à partir de l’anglais original (y compris destextes concernant la France). Ces petits détails sont significatifs et nous tiendrons d’autant plus comme exemplaire ce texte de WSWS.org sur notre affaire.

    Nombre de textes de WSWS.org sont très intéressants, du moment qu’on les débarrasse des clichés de commentaires et de conclusions sur la mobilisation de la classe ouvrière (...)

  • Macron : quatre erreurs et une réussite dans la crise avec le général de Villiers
    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/macron-quatre-erreurs-et-une-reussite-dans-la-crise-avec-le-general-de-vil

    La démission du chef d’état-major des armées est un gâchis incroyable. Quatre erreurs d’appréciation ont contribué au départ du général Pierre de Villiers.

    Tout Jupiter qu’il est, Emmanuel Macron s’est « raté » dans la gestion de la crise avec le général Pierre de Villiers et sa démission. Un gâchis incroyable dû à une succession d’au moins quatre erreurs d’appréciation majuscules qui ont entraîné le départ d’un chef d’état-major des armées (CEMA) respecté des militaires, des parlementaires et des industriels : économies dans le budget de la défense pour 2017 à la surprise générale, recadrage public très sévère du général de Villiers, mise en cause du droit à l’information du Parlement et, enfin, méconnaissance des responsabilités du chef d’état-major des armées.

    En revanche, Emmanuel Macron a semble-t-il fait le bon choix sur le successeur du général Pierre de Villiers. La nomination du nouveau chef d’état-major des armées le général François Lecointre (55 ans), qui arrive à la tête des armées dans une situation de crise, semble faire l’unanimité dans les armées.

    Vraie volée de bois vert de la part de la toujours gauchiste Tribune, en particulier les points 3 et 4.

    • Castaner : « Le général de Villiers a été déloyal dans sa communication »
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/21/castaner-au-figaro-villiers-a-ete-deloyal-dans-sa-communication_5163565_8234

      « C’est son comportement qui a été inacceptable. On n’a jamais vu un chef d’état-major s’exprimer via un blog, ou faire du off avec des journalistes ou interpeller les candidats pendant la présidentielle, comme cela a été le cas. Il s’est comporté en poète revendicatif. On aurait aimé entendre sa vision stratégique et capacitaire plus que ses commentaires budgétaires », poursuit M. Castaner.

      Le porte-parole du gouvernement est en train de s’enfoncer ! Sur la forme, reprocher au général de Villiers son comportement en campagne alors qu’il a été confirmé dans ses fonctions ; pour un licenciement ordinaire, aux prudhommes, ressortir ex post une faute lourde qui n’a pas été sanctionnée lors de sa constatation disqualifie absolument l’incrimination de faute lourde.

      Sur le fond, il manifestait devant l’instance compétente la divergence qu’il constatait entre sa " vision capacitaire " et les orientations budgétaires.

    • L’autoritarisme de Macron cache une absence de réflexion stratégique
      https://www.marianne.net/debattons/tribunes/l-autoritarisme-de-macron-cache-une-absence-de-reflexion-strategique

      L’autoritarisme d’Emmanuel Macron est aggravé par le contenu des choix critiqués par Pierre de Villiers, et le contexte politico-militaire dans lequel ils sont opérés. L’inquiétude des militaires tient avant tout à la déconnexion entre les moyens qui leur sont alloués et les missions qui leur sont attribuées. En pratique il est irresponsable de maintenir l’armée française sur autant de théâtres d’opérations tout en l’amputant de 850 millions d’euros, alors que l’usure des hommes et des matériels est d’ores et déjà plus que problématique.

      C’est pourquoi lors de la campagne présidentielle le candidat de la France Insoumise avait précisé : « La question des moyens ne doit pas être posée avant celle des objectifs. Nous devons viser la cohérence entre les moyens et les fins géopolitiques. Il est inutile de graver dans le marbre un pourcentage qui ne signifie rien en lui-même. Affirmons plutôt, entre autres exemples, qu’aucun soldat français ne devra compenser avec ses propres deniers tel ou tel manque d’équipement avant de partir en mission ».

      A l’inverse de cette sagesse élémentaire le candidat Macron, relayant les exigences de l’OTAN, a lui endossé la promesse de consacrer, à l’horizon 2025… 2 % du PIB au budget militaire. Avait-il, déjà, l’intention d’entamer son mandat en aggravant l’austérité pour les armées, entre autres ? Il était en tout état de cause prévisible que sa pensée néolibérale strictement comptable, et sa propension à reprendre à son compte des injonctions européennes contraires aux intérêts de la nation, l’amèneraient à opérer de tels choix.

      Ces contradictions ont d’autant plus heurté les militaires qu’Emmanuel Macron a dès son élection abusé des mises en scènes aux côtés de
      « ses soldats » - là encore il a fallu lui rappeler que ce sont les soldats de la nation - pour prendre une posture régalienne. Mais les photos du président au Mali, ou se faisant hélitreuiller à bord d’un des sous-marins de la force de dissuasion – singeant ainsi de plus en plus la communication de Vladimir Poutine – ne feront pas oublier les promesses trahies ni, surtout, l’absence de vision stratégique en toile de fond de cette crise.

    • Budget défense : quand Florence Parly était d’accord avec le général Pierre de Villiers
      http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/budget-defense-quand-florence-parly-etait-d-accord-avec-le-general-pierre-

      Début juillet, la nouvelle ministre des Armées Florence Parly était encore sur la même longueur d’onde que le chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui depuis a démissionné... « J’ai bien connaissance du chiffre que le chef d’état-major des armées a rappelé comme cible : il a raison de considérer qu’il faut trouver les financements pour les OPEX (opérations extérieures, ndlr) et, en même temps, assurer la régénération de l’équipement des armées. Nous ne sommes pas en désaccord sur ce point », avait-elle ainsi expliqué le 6 juillet lors de son audition devant les députés de la commission de la défense. Pour 2018, le chef d’état-major des armées d’alors réclamait trois milliards d’euros supplémentaires, dont un milliard, pour les OPEX, selon le député Joaquim Pueyo.
      […]
      Par ailleurs, la ministre avait également « l’espoir » dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire, de « mettre en cohérence ce modèle d’utilisation intense de nos forces avec les moyens qui leur sont nécessaires. En tout état de cause, ce sera le premier axe de ma feuille de route : donner les moyens de la réussite à nos forces armées ».

      Exactement la position du général de Villiers. La ministre n’a pas jugé bon de mettre en jeu son poste dans l’arbitrage, le général n’a pas vraiment eu le choix quant à lui.

      Toute légitimité doit découler du souverain…

  • Zeus, l’Olympe devient glissant
    http://www.dedefensa.org/article/zeus-lolympe-devient-glissant

    Zeus, l’Olympe devient glissant

    20 juillet 2017 – Je vais jouer au “franc-jeu de la chronologie”, non par devise de bon esprit mais parce qu’on trouvera dans ce procédé autant mes réflexions sur l’affaires (la “crise“ devenue crise, on verra plus loin) que mes réactions devant les effets de l’affaire devenue cette crise. Je parle du brouhaha français, considérable et significatif, accompagnant la démission du CEM (Chef d’État-Major), le général Pierre de Villiers.

    D’abord et dès appris la nouvelle, hier matin, j’écrivis ceci qui donne ma première impression :

    « Ce monsieur Arnaud Benedetti, qui est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne, a fait un texte assez juste sur le baston Macron-Villiers, le 17 juillet, sur Figaro-Vox, deux jours avant la démission du CEM. Le thème, repris par (...)

  • Démission du chef d’état-major : une crise politique et militaire
    https://www.mediapart.fr/journal/france/190717/demission-du-chef-d-etat-major-une-crise-politique-et-militaire

    Le général Pierre de Villiers, en poste depuis 2014, a annoncé mercredi sa démission après une semaine de bras de fer sur le budget des armées, en baisse cette année. Il s’agit d’une crise historique, et la première du quinquennat d’Emmanuel Macron, investi il y a seulement deux mois. #Emmanuel_Macron et Pierre de Villiers © Reuters

    #France #budget_de_la_défense #chef_d'état-major #Elysée #General_Pierre_de_Villiers #ministère_des_armées

  • François Hollande et « le permis de tuer »

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/01/04/francois-hollande-et-le-permis-de-tuer_5057277_1653578.html

    Dans un ouvrage intitulé « Erreurs fatales », qui paraît aujourd’hui, le journaliste indépendant Vincent Nouzille raconte comment la France dresse des listes nominatives de terroristes à éliminer, soumises à l’aval du président de la République, quitte à faire passer la justice au second plan. Extraits.

    Journaliste indépendant, Vincent Nouzille explore depuis des années les zones grises des services secrets. Dans Erreurs fatales (Fayard/Les Liens qui libèrent, 20 euros, 384 pages), il plonge au cœur de la lutte antiterroriste française et raconte, après une longue enquête, comment, depuis le début des années 1980, les autorités ont échoué à prévenir les attaques les plus graves. Le Monde en publie des extraits.

    Des exécutions extrajudiciaires décidées par le président

    « Depuis son élection en mai 2012, François Hollande entend incarner une politique plus martiale que ses prédécesseurs, quitte à en payer le prix et à sortir du strict cadre de la légalité. Ainsi, il a décidé de répliquer de manière systématique aux prises d’otages et aux attentats qui touchent des Français dans le monde. Face aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, il a admis avoir ordonné ce type de vengeances : « L’armée, la DGSE ont une liste de gens dont on peut penser qu’ils ont été responsables de prises d’otages ou d’actes contre nos intérêts. On m’a interrogé. J’ai dit : “Si vous les appréhendez, bien sûr…” » Ces propos confirment ce que nous écrivions au début de 2015, à savoir que la France dresse des listes nominatives de personnes à éliminer, soumises à l’aval du président.

    Entouré de conseillers militaires plutôt enclins à l’action, dont son chef d’état-major particulier, le général Benoît Puga, et les membres du cabinet de Jean-Yves Le Drian, François Hollande a donc donné des consignes claires aux états-majors militaires et à la DGSE sur le sujet : ils ont son feu vert pour tuer à l’étranger, y compris clandestinement, des « chefs terroristes » et d’autres ennemis présumés de la France. Les militaires les appellent des High Value Targets (HVT) ou des High Value Individuals (HVI) – en somme, des cibles de haute valeur. (…)

    Le président a confié à Gérard Davet et Fabrice Lhomme avoir décidé au moins quatre assassinats ciblés durant son mandat. Un chiffre minimaliste, en vérité. Selon nos sources, au moins une quarantaine de HVT ont été exécutées à l’étranger entre 2013 et 2016, soit par les armées, soit par la DGSE, soit encore, plus indirectement, par des pays alliés sur la base de renseignements fournis par la France. Cela représente environ une opération par mois – un rythme jamais vu depuis la fin des années 1950, à l’époque de la guerre d’Algérie. De ce point de vue, François Hollande marque une vraie rupture dans l’usage de la force, alors que Nicolas Sarkozy et surtout Jacques Chirac étaient plus prudents sur ces sujets régaliens.

    Officiellement, les états-majors récusent le terme d’exécutions ciblées. Les militaires préfèrent parler, de manière plus générale, de « neutralisation » de « cibles ennemies » et d’« objectifs stratégiques ». Ils démentent toute identification préalable des personnes visées. Ces dénégations traduisent un certain embarras, lié à une réserve éthique et au flou juridique relatif à ce type d’opérations antiterroristes. En effet, en cas de conflit militaire déclaré, avalisé par le Parlement et par des instances internationales comme l’ONU, les opérations spéciales peuvent être assimilées à des actes de guerre et les cibles à des combattants ennemis, ce qui ne pose pas trop de problèmes légaux a priori.

    En revanche, lorsque les forces spéciales ou les agents du service action (SA) de la DGSE interviennent dans des « zones grises » ou en marge d’une opération militaire classique, le cadre juridique est plus incertain : ils pourraient être exposés à des poursuites dans les pays concernés. Le risque demeure théorique, mais il doit être pris en compte, les missions de ce type s’étant multipliées ces dernières années. Entre 2008 et 2013, les forces spéciales françaises et la DGSE ont, par exemple, capturé ou tué près d’une centaine de djihadistes dans certains pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger) sans qu’aucune opération militaire ait été légalement déclenchée. Sans oublier les raids menés en Libye en 2011 dans la plus grande discrétion, ou celui de la DGSE en Somalie en janvier 2013, en pleine « zone grise ».

    En réalité, la France applique la loi du talion et va même bien au-delà. Ce « permis de tuer » s’apparente parfois à de froides représailles et à des exécutions extrajudiciaires, y compris sous forme préventive. Les frappes militaires n’ont pas grand-chose à voir avec les procédures judiciaires. La légitimité de ces actions peut être admise lorsqu’il s’agit de répliquer à une agression. Mais leur légalité pose souvent question, tout comme leur efficacité réelle dans la lutte contre le terrorisme, puisqu’elles n’empêchent pas les groupes rebelles de se reconstituer et qu’elles accroissent les risques de surenchère. « La France est en guerre, elle tue les chefs ennemis, rien de plus normal », plaide pour sa part un vétéran de la DGSE, partisan de ces opérations « Homo » (pour homicides).

    Selon les responsables des services de renseignement, la traque des cibles humaines est minutieusement préparée. En septembre 2015, évoquant ces opérations de manière exceptionnelle, le général Christophe Gomart, patron de la Direction du renseignement militaire (DRM), en a détaillé le processus devant un public d’initiés, lors de l’université d’été de la défense : « Les cibles d’intérêt, les leaders des groupes armés terroristes, sont très difficiles à intercepter en raison de leur mobilité et des mesures de discrétion qu’elles mettent en œuvre. Le processus vise à réduire progressivement les mailles du filet pour parvenir à identifier puis à localiser la cible avant de lancer l’opération. Ce travail est conduit en partenariat avec d’autres services de la communauté nationale du renseignement, selon le principe que nous appelons “Find, Fix, Finish, Exploit” [trouver, réparer, finir, exploiter]. »
    Le ciblage est affiné à partir de renseignements électroniques, des interrogatoires de prisonniers et des études d’imagerie, qui permettent ensuite l’identification formelle de la cible et son suivi « jusqu’au moment le plus favorable au déclenchement de l’opération » (…).

    Bernard Bajolet, le patron de la DGSE, a livré d’autres confidences sur le sujet. Questionné à huis clos, en mai 2016, par la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, il a indiqué que soixante-neuf opérations d’« entrave de la menace terroriste » avaient été conduites par son service depuis le début de 2013. Cinquante et une ont concerné des arrestations, des projets déjoués ou la mise « hors d’état de nuire » de terroristes dans les zones suivantes, par ordre d’importance : Afrique subsaharienne, zone afghano-pakistanaise, corne de l’Afrique, Syrie, Europe, Libye et Egypte. La DGSE aurait contribué directement à la mise en œuvre de quarante opérations de ce type sur cette période, dont une partie était des exécutions – leur nombre n’étant pas précisé.

    Des juges en colère

    Naturellement, sur instruction de l’Elysée, les états-majors mènent généralement ces opérations spéciales dans la plus grande discrétion. Elles sont classées « confidentiel Défense » et ne donnent lieu qu’exceptionnellement à des communiqués militaires. Le président de la République, le ministre de la défense et le chef d’état-major des armées souhaitent cependant montrer régulièrement que la France réplique désormais à toute attaque contre ses intérêts et traque sans relâche les commanditaires, afin de les éliminer. Au risque de se heurter aux magistrats chargés d’enquêter sur les actes terroristes et désireux de pouvoir renvoyer un jour leurs auteurs devant les tribunaux, comme c’est le cas notamment dans les affaires des otages d’Arlit, de la mort de Philippe Verdon ou de celle des deux journalistes de RFI.

    Car les juges, ainsi que les parties civiles, n’apprécient guère les exécutions extrajudiciaires décidées en haut lieu, qui s’apparentent, selon certains d’entre eux, à la réinstauration d’une peine de mort sans autre forme de procès. Aux yeux de l’Elysée et des états-majors, à l’inverse, la guerre contre des ennemis lointains et fanatiques justifie la primauté des opérations militaires sur le recours incertain à la justice hexagonale.

    L’affaire d’In Amenas illustre bien cette tension. Le 16 janvier 2013, une trentaine de terroristes de la katiba El-Mouaguiine Biddam (Les Signataires par le sang), des dissidents d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) dirigés par Mokhtar Belmokhtar, attaquent un gigantesque complexe gazier situé à Tigantourine, à une soixantaine de kilomètres d’In Amenas, dans le sud de l’Algérie. Des centaines d’employés et d’expatriés sont pris en otage. L’armée algérienne lance un raid qui se solde par un terrible bilan : en plus de la trentaine d’assaillants tués, trente-huit civils trouvent la mort durant les combats, dont un Français, Yann Desjeux. Cet ancien soldat des forces spéciales devenu le chef adjoint de la sécurité du site a réussi à sauver plusieurs otages avant d’être exécuté.

    Certains des pays dont sont originaires des victimes, notamment le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Norvège et la France, lancent des procédures judiciaires. A Paris, l’enquête préliminaire est menée par la DCRI. Une information judiciaire, ouverte en janvier 2014, est ensuite confiée au juge Laurence Le Vert, l’un des piliers de la galerie Saint-Eloi, qui regroupe les juges antiterroristes au Palais de justice. La famille de Yann Desjeux, ainsi qu’une infirmière française, Murielle Ravey, rescapée de l’attaque, et trois autres employés français qui ont été séquestrés, se constituent partie civile. Ils soupçonnent notamment les autorités algériennes de ne pas vouloir tout dire sur ce qui s’est vraiment passé à In Amenas, où les dysfonctionnements de sécurité étaient nombreux.

    L’identification des commanditaires de l’attaque est relativement aisée, puisque le groupe de Mokhtar Belmokhtar l’a revendiquée dans une vidéo, la présentant comme une action en représailles contre l’opération militaire française « Serval » déclenchée au Mali quelques jours plus tôt et soutenue par les Algériens. Belmokhtar est l’un des chefs terroristes les plus recherchés au Sahel – aux yeux des Français, l’une des principales HVT à éliminer. Il écume la région depuis des années, enchaînant les prises d’otages et les attentats, associés à la contrebande. Affilié un temps à AQMI, il a déjà échappé à plusieurs raids français et américains. (…)

    Mais un juge ne peut se contenter de ces bribes d’informations pour faire avancer son instruction. Laurence Le Vert doit retracer le déroulement précis des faits, authentifier les causes réelles de la mort de Yann Desjeux, évaluer les éventuelles responsabilités algériennes, identifier tous les membres du commando, poursuivre les assaillants qui ont survécu et les chefs. Plusieurs terroristes ont été faits prisonniers. Auditionnés par les Algériens et le FBI, trois d’entre eux livrent de précieux renseignements sur l’organisation de l’attaque et ses participants, transmis à la justice française ainsi qu’à d’autres pays concernés. Il y est notamment question des préparatifs effectués en Libye et des différents chefs qui ont supervisé l’opération, dont l’Algérien Mohamed Lamine Bencheneb, un diplômé en mathématiques mort durant le raid, et Mokhtar Belmokhtar, qui reste introuvable.

    De son côté, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, interrogé [sur Europe 1] en octobre 2014, évoque huit responsables identifiés et déjà efficacement traqués : « (…) Nous avons neutralisé sept d’entre eux. Il n’en reste plus qu’un et nous l’aurons. » Il s’agit évidemment de Mokhtar Belmokhtar, à qui sont imputées d’autres attaques – les attentats-suicides à Arlit et Agadez au Niger, en mai 2013, et celui commis contre une unité de l’armée française près de Gao, au Mali, le 14 juillet 2014, ayant tué un légionnaire et blessé six soldats.

    Le général de Villiers ne parle pas à la légère. Depuis des mois, plusieurs proches du « Borgne » (Belmokthar) ont effectivement été éliminés sur ordre de l’Elysée : Abou Moghren Al-Tounsi, à la fin de septembre 2013 ; Fayçal Boussemane et le Mauritanien Al-Hassan Ould Al-Khalil, alias Jouleibib, gendre et porte-parole de Belmokhtar, en novembre 2013 ; Omar Ould Hamaha, dit Barbe rouge, bras droit de Belmokhtar, en mars 2014 ; Abou Bakr Al-Nasr, dit l’Egyptien, spécialiste des armes, très actif du côté de Benghazi en Libye, tué en avril 2014. Un autre lieutenant du Borgne, Ahmed Al-Tilemsi, trouvera la mort en décembre 2014 ; il était suspecté d’être l’un des principaux responsables de l’enlèvement de Vincent Delory et Antoine de Léocour à Niamey, en janvier 2011.

    Les déclarations du général de Villiers provoquent de vives réactions au Palais de justice de Paris. « Nous avons appris, un peu furieux, par les médias, que des individus susceptibles d’être impliqués dans des affaires de terrorisme avaient été capturés et neutralisés par l’armée française, déplorera Juliette Le Borgne, ancienne procureur au parquet antiterroriste. Notre objectif judiciaire, c’est de conserver ces personnes en vie pour les traduire en justice. Or ce n’est pas l’objectif de l’armée française. Nous voulons juste savoir la vérité, pour les familles. »

    Tout aussi courroucée de voir les militaires mener leur justice expéditive, la juge Laurence Le Vert a aussitôt convoqué le général Pierre de Villiers pour une audition. Les deux logiques, militaire et judiciaire, s’affrontent, et il ne paraît pas possible de les faire coïncider. A l’Elysée, François Hollande approuve visiblement les opérations militaires classées « confidentiel Défense » visant à éradiquer les chefs des groupes terroristes, sans s’embarrasser des lourdeurs judiciaires. Que ce soit au Sahel ou, désormais, en Syrie ou en Libye, il s’est engagé dans l’engrenage de la guerre. La justice passe au second plan. »

    Erreurs fatales, Vincent Nouzille, Fayard/Les Liens qui libèrent, 20 euros, 384 pages

  • « La France, le Président et la bombe » ou 53 minutes de #propagande (...) - L’observatoire des armements
    http://www.obsarm.org/spip.php?article270

    De même, le #documentaire concède que « la #dissuasion #nucléaire s’est toujours déclarée inopérante face au #terrorisme international », mais cela n’empêche pas le général Pierre de Villiers, actuel chef d’état-major des armées, d’expliquer ensuite qu’il faut suivre de très prés l’évolution de Daech et que « cette réflexion doit être corrélée au concept nucléaire »… Comme pour signifier qu’une « frappe d’ultime avertissement » avec une bombe atomique pourrait bien être utilisée contre eux si le Président estimait que les intérêts vitaux de la France avaient été touchés !

    « Ça peut être aussi une frappe dans le désert à un endroit où on risque de tuer quelques chameaux mais guère plus », complète, sans ironie, son ancien homologue, le général Henri Bentégeat !

    Plus inquiétant encore — soulève Paul Quilès sur son blog et l’association IDN (Initiatives pour le désarmement nucléaire) qu’il préside —, le documentaire signale qu’en cas de guerre, le Président de la République peut désigner secrètement une personne pour donner l’ordre de tir nucléaire en cas d’empêchement de sa part. Une procédure qui n’a aucune #légitimité constitutionnelle ni même parlementaire… « Si cette information est exacte, elle nécessite des éclaircissements et des explications publiques. Si elle est fausse, elle discrédite un document censé informer les Français », souligne l’ancien ministre de la défense.

  • Vichypirate
    http://survie.org/billets-d-afrique/2015/252-decembre-2015/article/vichypirate-5058

    Le Canard enchaîné s’en est fait l’écho dans son édition du 4 novembre : auditionné par la commission de la Défense nationale et des forces armées le 15 octobre dernier, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, a défendu l’utilisation de l’armée pour lutter contre le terrorisme sur le territoire national. « Peut-être ne l’a-t-on pas suffisamment expliqué ? Loin d’être une sorte de Vigipirate bis, Sentinelle répond à une rupture stratégique : nous considérons (…) que les forces de sécurité (...)

    #252_-_décembre_2015

    / #Armée_française, #Brèves_d'Afrique_et_d'ailleurs

  • Le réchauffement climatique, un enjeu majeur pour la paix dans le monde, selon des responsables réunis à Paris
    http://information.tv5monde.com/en-continu/le-rechauffement-climatique-un-enjeu-majeur-pour-la-paix-dans-

    Il devient « indispensable d’anticiper les impacts du réchauffement climatique sur le plan sécuritaire », ont souligné plusieurs participants, dont M. Fabius, même si des pays comme la France ont déjà intégré le climat dans leur politique de défense.

    Je découvre le concept de #défense_verte.

    Le chef d’état-major des armées françaises, le général de Pierre de Villiers, a assuré que l’armée partageait ce « même attachement à la planète », assurant que des efforts étaient aussi faits sur les matériels, la consommation d’énergie, pour rendre les armées plus propres.

    Militaires et écologistes fraternisent contre le dérèglement climatique
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/10/14/01016-20151014ARTFIG00273-militaires-et-ecologistes-fraternisent-contre-le-

    Entre le général cinq étoiles et l’éternel insoumis, le rendez-vous aurait pu tourner court. Il s’est révélé plus que cordial. Le chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers et le militant altermondialiste - et député européen - José Bové ont souligné leur intérêt commun pour la cause du climat, mardi au Sénat, à la veille de la rencontre international des ministres de la Défense qui s’est tenue jeudi à l’Ecole militaire et à l’approche de la COP21.
    [...]
    Côté écolos, Jean-Vincent Placé et l’ancienne ministre Dominique Voynet avaient aussi répondu présents.
    [...]
    Face au défi global du déréglement climatique, ces partenaires improbables ont décidé d’amorcer un dialogue. Une première rencontre avait eu lieu l’an dernier entre Daniel Cohn-Bendit et le général Bertrand Ract-Madoux, alors chef d’état-major de l’Armée de terre.
    [...]
    « Les Français ont toujours su se retrouver dans les moments difficiles », a conclu le général de Villiers, évoquant un « pays de Gaulois » et se tournant vers son voisin moustachu en déclenchant des sourires. José Bové lui a fait écho. Le porte-flambeau du mouvement du Larzac, dans les années soixante-dix, ne s’émeut même pas de l’arrivée prochaine de Légionnaires sur le Causse.

    #climat-sécurité #militarisation

    • « Le lien entre changement climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger »
      http://www.liberation.fr/futurs/2015/10/14/le-lien-entre-changement-climatique-et-conflits-n-est-ni-a-surevaluer-ni-

      Quand on regarde le nombre de publications américaines et britanniques sur le changement climatique et la sécurité, comparé aux publications françaises, il n’y a pas photo. Le premier travail français sur le sujet date de 2011. Et nous sommes peu à travailler dessus. On y vient tout doucement. Il y a dix ans, cela faisait sourire tout le monde ; dans dix ans, ce sera normal. La recherche va s’amplifier car nous avons tous compris qu’il s’agit là d’un vrai enjeu.

      [...]

      [Katrina] a accéléré la prise de conscience des Etats-Unis. Ils se sont rendu compte que le changement climatique posait aussi des questions de #sécurité intérieure et favorise l’apparition de troubles à l’ordre public. Les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables, mais cela ne veut pas dire que les plus riches ne le sont pas.

      [...]

      L’accaparement des terres peut être perçu indirectement comme une politique d’adaptation.

  • « 1ère grosse opération de la France contre l’Etat islamique » déclare l’état-major français | AFP/La-Croix.com

    http://www.la-croix.com/Actualite/France/Irak-7e-frappe-francaise-contre-le-groupe-EI-1re-participation-a-un-raid-d

    Les forces de la coalition, dont les forces françaises, ont frappé et détruit un centre d’entraînement du groupe Etat islamique (EI) dans la nuit de jeudi à vendredi dans la région de Kirkouk (nord), a indiqué vendredi le chef d’état-major des armées françaises, Pierre de Villiers.

    « Cette nuit, nous avons fait une grosse opération en Irak. Nous avons détruit des bâtiments dans lesquels Daesh (acronyme de l’EI en arabe, NDLR) produisait leurs pièges, leurs bombes, leurs armes pour attaquer les forces irakiennes », a déclaré M. de Villiers sur Europe 1. Il s’agit de la première participation des forces françaises à un raid de masse, selon l’état-major.

    « De l’ordre de 70 bombes ont été larguées, nous avons tiré 12 bombes guidées au laser et nous avons fait but ». « Ce sont des bombes que nous avons utilisées pour la première fois cette nuit de façon à détruire les bâtiments dans lesquels était l’arsenal de Daesh, ce sont des bombes que nous pouvons tirer à distance », a précisé Pierre de Villiers.

    « Je crois pouvoir dire qu’on leur a fait mal cette nuit. L’opération est réussie », a-t-il affirmé. « Bien sûr nous avons les moyens de faire d’avantage, nous avons neuf Rafale qui décollent des EAU (Emirats arabes unis), nous pouvons en mettre plus si nécessaire », a-t-il ajouté.

    Depuis le début, mi-septembre, de l’opération française baptisée Chammal, les forces françaises avaient jusque-là frappé à six reprises en Irak contre l’organisation jihadiste Etat Islamique. Il s’agit de leur première participation à un raid de masse.

    Interrogé sur l’opportunité d’envoyer des troupes au sol, le chef d’état-major de l’armée française a rappelé que la logique de la coalition dirigée par les Américains était que « les troupes au sol soient les forces locales ».

    « Le plan de campagne est en cours de constitution. Nous verrons comment nous allons nous organiser. Il faudra de toute façon une action au sol pour accompagner ces bombardements et regagner le terrain progressivement », a-t-il précisé.

    « C’est un conflit qui sera probablement long. Il va falloir gérer le temps long de la montée en puissance de la formation des forces locales et le temps court de nos sociétés qui exigent des résultats immédiats », a observé M. de Villiers.

  • Points de vue divergents sur la Libye - Actualité - El Watan
    http://www.elwatan.com/17-09-2014

    Visite du Chef d’état-major des Armées françaises en Algérie
    Points de vue divergents sur la Libye

    La visite du chef d’état-major des armées françaises en Algérie n’a pas été commentée par la presse française.

    (...) La dernière visite du chef d’état-major des armées françaises en Algérie avait donné lieu à bien des analyses de la part de la presse algérienne relayant le principe de non-intervention militaire algérienne hors de ses frontières. La presse française est restée, quant à elle, bien avare en articles sur cette visite intervenant dans un contexte où la France tente de faire rallier les pays du Maghreb à son expédition libyenne. Le niet d’Alger exprimé par son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, et son offre de dialogue à tenir en Algérie entre les Libyens ne sont pas pour étonner la partie française. Mais au-delà de cette réponse prévisible et qui a sans doute touché les portes de l’Elysée avant qu’elle ne soit délivrée à la presse, il serait utile de noter que le choix de participer ou non à une intervention militaire ne se décide pas lors de la visite d’un chef des armées.

    Ces décisions se prennent, du moins du côté français, au niveau politique ; le chef des armées est pour sa part concerné par les aspects opérationnels. D’où l’interrogation sur l’objet réel de la visite du général Pierre de Villiers en Algérie (Alger et Biskra) pendant que Lamamra affirmait que l’Algérie ne fera pas partie de l’expédition militaire en Libye. De Villiers a-t-il été invité à livrer les intentions de l’intervention technique en Libye ou est-il venu demander aux Algériens une assistance extra-muros, c’est-à-dire en dehors des frontières libyennes en cas d’opération militaire dans le pays voisin ?

    Le silence assourdissant de la presse française n’apportant pas de réponse, a été habillé par deux sites anglophones, l’un est turc, World Bulletin, et le deuxième est moyen-oriental, Middleeast Monitor, qui se sont intéressés à la visite du responsable militaire français en Algérie et ont cité une source diplomatique algérienne anonyme sur le sujet.

    « Les officiels algériens désirent discuter avec le chef des armées français, Pierre de Villiers, de garanties permettant d’éviter de cibler des civils, si intervention militaire occidentale il y a, et le déploiement d’une force capable de préserver la sécurité pour les Libyens une fois l’intervention terminée », indique le site turc World Bulletin en citant un diplomate anonyme s’exprimant à l’agence turque Anadolu. Ce diplomate aurait déclaré que l’Algérie avait conditionné son appui à l’opération si ces deux exigences étaient garanties. Et d’ajouter : « L’Algérie n’est pas convaincue qu’une intervention militaire agirait en faveur de la stabilité en Libye », en rappelant l’anarchie et l’instabilité régnant dans ce pays voisin depuis la dernière intervention de l’Otan en 2011.

    (...) « L’Algérie craint que le degré de violence connaisse une hausse avec une nouvelle intervention militaire ce qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité dans la région du Maghreb. »

    Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait suggéré que les troupes françaises postées au Mali soient mises à contribution pour intervenir en Libye. La question est de savoir si l’Algérie permettra une nouvelle fois le survol de son territoire pour ces troupes postées au Mali en partance vers la Libye ou bien ira-t-elle jusqu’à permettre un passage terrestre ? 

    Nadjia Bouaricha

  • Le patron de l’armée française en Algérie

    Le Soir d’Algérie
    http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/09/15

    Actualités : CRISE LIBYENNE
    Quel rôle pour l’Algérie ?

    Le séjour en Algérie, mais surtout la virée à l’école d’application des troupes spéciales de Biskra du chef d’état-major des armées françaises, le général d’armée Pierre de Villiers, relance ces spéculations autour d’une intervention militaire française en Libye. En filigrane de ces supputations, des questions autour du rôle de l’Algérie sont soulevées. Qu’en est-il au juste ?
    Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)

    L’association de manière directe de l’Algérie dans les opérations militaires que la France envisagerait de mener en Libye paraît invraisemblable pour de multiples raisons. Ceci même si d’aucuns suggèrent la possibilité, y entrevoyant une causalité avec la visite de Pierre de Villers en Algérie.
    La probabilité d’une implication de l’Algérie est vraiment ténue, cependant. En tout cas, les observateurs les plus sérieux et les analystes les plus perspicaces l’excluent. Comme lors de l’intervention occidentale au Mali, au moment de l’opération française Serval notamment, l’Algérie n’impliquera pas ses troupes dans des opérations militaires en Libye. Tout d’abord, parce que la non-intervention en terre étrangère est un crédo de l’armée algérienne et parce qu’ensuite l’opinion nationale n’y serait pas favorable.
    Par ailleurs, l’Algérie s’est toujours positionnée en faveur d’une solution politique négociée. C’est sous son entremise qu’est mené le dialogue intermalien, lequel vise à faire sortir le Mali du cycle de l’instabilité qui le ronge.
    Pourrait-elle cependant réussir le même mécanisme s’agissant de la crise libyenne ? Envisage-t-elle, du moins, d’en prendre l’initiative ? Fin août dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a soutenu, à propos d’éventuelles attaques occidentales sur la Libye, que l’Algérie « ne croit pas aux solutions militaires pour la résolution des crises politiques dont souffrent les pays voisins à l’instar de la crise libyenne. »
    Dans une déclaration à la presse, Ramtane Lamamra avait affirmé en outre que « l’Algérie a déjà exprimé à maintes reprises son rejet des solutions militaires et reste aujourd’hui sur sa position ».
    Cette position-ci de l’Algérie ne pouvait pas avoir changé avec la visite du chef d’état-major des armées françaises. L’Algérie avait, par ailleurs, pris l’initiative d’appeler à la création d’un groupe des Etats voisins de la Libye pour trouver une solution à la crise politique. » En fait, l’Algérie plaide pour un dialogue politique entre les Libyens. Cependant, ce dialogue est difficile à amorcer et conduire étant donné la complexité de la situation en Libye, livrée aux rivalités des milices armées.
    La difficulté réside aussi dans le fait qu’il n’y a pas d’antécédent en matière de médiation algérienne en Libye, contrairement aux crises maliennes qui ont connu moult médiations algériennes.
    Ceci, bien sûr, à supposer qu’il reste encore une chance à la solution politique. Les Français semblent vouloir engager des opérations militaires.
    Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian avait souligné l’éventualité d’un mouvement des forces françaises au Mali vers la frontière libyenne.

  • FRANCE : Face à un budget menacé, l’armée française se rebiffe
    http://www.brujitafr.fr/article-france-face-a-un-budget-menace-l-armee-fran-aise-se-rebiffe-123708

    Le général Benoît Puga, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, François Hollande, Le général Pierre de Villiers, le ministre délégué aux Anciens combattants Kader Arif et le général Hervé Charpentier (22 mai 2014) © reuters. Les armées privées sont désormais opérationnelles en Europe Hollande a peur de ses armées Destruction de l’armée française : le ministre de la défense promeut les sociétés militaires… Exclusif = France : ces privatisations qui pourraient sauver l’armée française du déclin France : à la tête de l’armée … L’armée française, menacée de nouvelles coupes budgétaires, se rebiffe et - fait rare - ses plus hauts responsables militaires mettent leur (...)

    #ECONOMIE_/_FINANCE

  • L’amiral quitte le bord, par Philippe Leymarie
    Les blogs du Diplo, 30 janvier 2014
    http://blog.mondediplo.net/2014-01-30-L-amiral-quitte-le-bord

    Fils du journaliste Jean-Louis Guillaud, créateur de la troisième chaîne de l’ORTF et ancien PDG de TF1 et de l’AFP, l’amiral Edouard Guillaud, chef d’état-major des #armées depuis 2009, n’a pas été pour autant le super-communiquant dont on aurait pu rêver. Alors qu’il doit céder son poste le 15 février prochain à son adjoint, le major général Pierre de Villiers, il s’est tout de même un peu « lâché » devant les journalistes de #défense, lundi dernier, tout en se défendant de se livrer à un quelconque « testament », et en convenant qu’il n’aura fait que « passer ». Verbatim.

    (...)

    Droite, gauche — « La continuité de notre politique de défense est un grand motif d’optimisme. A droite, on disait : les armées sont le fer de lance de notre diplomatie. A gauche, on entend : une armée forte permet une diplomatie forte ».

  • SCOOP : FRANCE - SECRET DEFENSE = Le général Pierre de Villiers bien placé pour devenir chef d’état-major des armées
    http://www.brujitafr.fr/article-scoop-france-secret-defense-le-general-pierre-de-villiers-bien-pla

    Le général Pierre de Villiers bien placé pour devenir chef d’état-major des armées Sa nomination pourrait intervenir en février. Ce cavalier est le frère de Philippe de Villiers. Selon plusieurs sources concordantes, le général Pierre de Villiers pourrait succèder à l’amiral Edouard Guillaud au poste de chef d’état-major des armées (Cema). Cette nomination pourrait intervenir dès le mois prochain. Ce choix n’est pas définitif, même s’il semble « sûr à 95% ». Pierre de Villiers est toutefois bien placé pour savoir que les politiques changent parfois d’avis au dernier moment : en 2010, il avait été quasiment désigné au poste de chef d’état-major particulier du président de la République avant que le (...)

    #ACTUALITES