person:jean-claude gayssot

    • A contre-courant, #Sarajevo affiche sa solidarité

      Quelque 600 migrants parmi les 8 000 entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale.

      La scène est devenue familière. Sur le parking de la gare de Sarajevo, ils sont environ 300 à former une longue file en cette soirée chaude de juillet. S’y garera bientôt une camionnette blanche d’où jailliront des portions des incontournables cevapcici bosniens, quelques rouleaux de viande grillée servis dans du pain rond, accompagnés d’un yaourt. Une poignée de femmes et quelques enfants se mêlent à ces jeunes hommes, venus de Syrie, d’Irak, du Pakistan ou d’Afghanistan et de passage en Bosnie sur la route vers l’Europe de l’Ouest. Environ 600 des 8 000 migrants entrés dans le pays depuis le début de l’année sont actuellement en transit dans la capitale. La majorité est bloquée dans le nord-ouest, en tentant de passer en Croatie.

      « Ici, l’accueil est différent de tous les pays par lesquels nous sommes passés. Les gens nous aident. Ils essaient de nous trouver un endroit où prendre une douche, dormir. Les flics sont corrects aussi. Ils ne nous tabassent pas », raconte un Syrien sur les routes depuis un an. Plus qu’ailleurs, dans la capitale bosnienne, les habitants tentent de redonner à ces voyageurs clandestins un peu de dignité humaine, de chaleur. « Les Sarajéviens n’ont pas oublié que certains ont été eux-mêmes des réfugiés pendant la guerre en Bosnie[1992-1995, ndlr]. Les pouvoirs publics ont mis du temps à réagir face à l’arrivée des migrants, contrairement aux habitants de Sarajevo qui ont d’emblée affiché une solidarité fantastique. Grâce à eux, une crise humanitaire a été évitée au printemps », affirme Neven Crvenkovic, porte-parole pour l’Europe du Sud-Est du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

      En avril, 250 migrants avaient mis en place un campement de fortune, quelques dizaines de tentes, dans un parc du centre touristique de Sarajevo. L’Etat qui paraissait démuni face à cette situation inédite ne leur fournissait rien. « Dès que nous avons vu venir des familles, nous nous sommes organisés. Des gens ont proposé des chambres chez eux, ont payé des locations », raconte une bénévole de Pomozi.ba, la plus importante association humanitaire de Sarajevo. L’organisation, qui ne vit que des dons des particuliers en argent ou en nature, sert actuellement un millier de repas par jour dans la capitale bosnienne et distribue vêtements et couvertures. Lors du ramadan en mai, 700 dîners avaient été servis. Des nappes blanches avaient été disposées sur le bitume du parking de la gare de Sarajevo.

      Non loin de la gare, un petit restaurant de grillades, « le Broadway », est tenu par Mirsad Suceska. Bientôt la soixantaine, cet homme discret apporte souvent des repas aux migrants. Ses clients leur en offrent aussi. Il y a quelques semaines, ils étaient quelques-uns à camper devant son établissement. Un groupe d’habitués, des cadres qui travaillent dans le quartier, en sont restés sidérés. L’un d’eux a demandé à Mirsad de donner aux migrants toute la nourriture qui restait dans sa cuisine. « Quand je les vois, je pense aux nôtres qui sont passés par là et je prends soin de ne pas les heurter, les blesser en lançant une remarque maladroite ou un mauvais regard », explique Mirsad. Dans le reste du pays, la population réserve un accueil plus mitigé à ces voyageurs.

      http://www.liberation.fr/planete/2018/07/29/a-contre-courant-sarajevo-affiche-sa-solidarite_1669608

    • Et au contraire... la #non-hospitalité

      Le guide de l’hospitalité que n’a pas écrit #Christian_Estrosi

      En juillet 2013, le maire LR de #Nice, Christian Estrosi, envoyait à 3 500 édiles ses recommandations pour éviter la concentration de populations migrantes. Le Perou, un collectif d’urbanistes, a adressé en juillet aux mêmes communes un guide de l’hospitalité, issu de leurs expériences dans des bidonvilles.

      http://www.liberation.fr/france/2018/08/07/le-guide-de-l-hospitalite-que-n-a-pas-ecrit-christian-estrosi_1671153

      Pour télécharger le #guide du #Perou :
      http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2018/08/Guide_PEROU_images.pdf

    • Barcellona e Open Arms si uniscono per salvare vite umane nel Mediterraneo

      La nave #Open_Arms avrebbe dovuto lasciare il porto di Barcellona in direzione della zona SAR della Libia per continuare il suo compito umanitario di osservazione e salvataggio, ma la Capitaneria di porto, che dipende dal Ministero dello Sviluppo spagnolo, le ha negato l’autorizzazione a partire fino a quando non sarà garantito un accordo con le autorità della zona SAR del Mediterraneo per lo sbarco delle persone salvate in mare. È improbabile che ciò avvenga, vista la chiusura dei porti di Italia e Malta.

      In risposta, la sindaca di Barcellona Ada Colau ha inviato una lettera al Ministro dello Sviluppo, José Luis Ábalos, chiedendo l’immediata revoca del blocco della nave OpenArms. La sindaca esprime la preoccupazione che per ragioni amministrative il governo spagnolo non riesca a proteggere i migranti che intraprendono un viaggio molto pericoloso attraverso il Mediterraneo, in fuga dall’orrore. Esorta inoltre il Ministero ad attuare le azioni necessarie per superare il più rapidamente possibile gli ostacoli amministrativi che impediscono alla nave di lasciare il porto di Barcellona.

      Allo stesso modo, il Comune di Barcellona ha firmato un accordo di collaborazione con Open Arms per lo sviluppo del progetto della fondazione per la protezione dei migranti a rischio di naufragio e conseguente pericolo di morte imminente per le aree SAR nel Mediterraneo centrale come emergenza umanitaria. L’accordo persegue inoltre l’obiettivo di denunciare la situazione di violazione dei diritti umani nel Mediterraneo.

      Il progetto Open Arms “Protezione per presenza, soccorso umanitario e comunicazione di emergenza nel Mediterraneo” si articola in tre filoni di lavoro:

      – Protezione attraverso la presenza nella zona SAR, la visibilità come deterrente per eventuali violazioni dei diritti umani e la garanzia di protezione per le persone trovate in mare.

      – Protezione attraverso l’azione, con il salvataggio di persone in pericolo di morte in acque SAR e sbarco con garanzie di sicurezza.

      – Comunicazione di emergenza, per rendere visibile e denunciare l’attuale situazione di violazione dei diritti dei migranti nel viaggio attraverso il Mediterraneo e le sue frontiere.

      L’accordo, in vigore fino all’ottobre del 2019, finanzierà con 497.020 euro il 35,4% del progetto della ONG. Con questo contributo la città di Barcellona si riafferma come città rifugio, vista la presenza minima di ONG nel Mediterraneo centrale dalla scorsa estate a causa della chiusura dei porti italiani e maltesi e della criminalizzazione e blocco delle imbarcazioni delle ONG di soccorso umanitario.

      Il Comune di Barcellona e Open Arms concordano sul fatto che la situazione di crisi e il blackout umanitario al largo delle coste libiche richiedano un’azione di emergenza con il massimo sostegno delle istituzioni pubbliche, in particolare delle città europee, sull’esempio di questo accordo.


      https://www.pressenza.com/it/2019/01/barcellona-e-open-arms-si-uniscono-per-salvare-vite-umane-nel-mediterrane

      #Barcelone

    • Siracusa pronta ad accogliere i migranti della Sea Watch. Sindaco: «Cittadini disponibili a ospitarli nelle loro case»

      Il primo cittadino del capoluogo aretuseo, #Francesco_Italia, ha già scritto al ministro della Marina mercantile chiedendo di consentire l’attracco della nave. «Al resto, penseremo noi, la Curia e le associazioni di volontariato disposte a prestare aiuto»

      https://meridionews.it/articolo/73871/siracusa-pronta-ad-accogliere-i-migranti-della-sea-watch-sindaco-cittadi
      #Syracuse #Siracusa

    • Numéro spécial sur villes et hospitalité de la revue Plein Droit :

      À rebours des politiques migratoires impulsées par les États, des municipalités ont décidé de se montrer solidaires des migrant⋅e⋅s qui passent ou qui s’installent sur leur territoire, et de leur venir en aide, voire de les protéger contre des autorités étatiques qui ne cherchent qu’à les chasser. Villes-refuge, villes sanctuaires, villes solidaires, villes d’asile, villes rebelles, les qualificatifs sont aussi nombreux que les degrés d’hospitalité qui vont de l’affichage médiatique à une réelle politique municipale qui crée les conditions d’un accueil digne des exilé⋅e⋅s. Et quand les municipalités se montrent également hostiles à l’égard des migrant⋅e⋅s, il arrive que les citoyen⋅ne⋅s prennent le relais, faisant fi des menaces institutionnelles, de la pression policière ou du climat xénophobe, parfois pour parer à l’urgence humanitaire, parfois pour favoriser une réelle cogestion fondée sur l’autonomie. Ces expériences multiples d’hospitalité et d’activisme local montrent que l’humanité peut l’emporter sur la fermeté, n’en déplaise aux gouvernements.


      https://www.gisti.org/spip.php?article5812

    • #BD publiée par @vivre sur la commune de #Fourneaux :

      La BD reportage « Après l’arrivée » raconte une histoire d’accueil. Comment 33 réfugiés, débarquant du jour au lendemain de la jungle de Calais, s’inscrivent dans le récit d’une commune de Savoie et de ses habitants. Un dessinateur, HERJI, une journaliste, Julie Eigenmann, sont partis à leur rencontre et ont ramené dans leur valise ce reportage dessiné. L’histoire pourrait se dérouler un peu partout sur la planète, parce qu’il s’agit d’humanité, de partage et de ces rencontres qui montrent qu’un autre monde est possible.


      https://asile.ch/sommaire/ve-165-decembre-2017

    • #Convention_sur_l'accueil de #Grande-Synthe :

      Dans un contexte de sécurisation et de fermeture des frontières européennes, l’#accueil des réfugiés s’impose dans le débat public et dans nos réalités locales.

      Grande-Synthe reçoit la Convention nationale sur l’accueil et les migrations, 2 jours de débats pour réfléchir collectivement à une politique d’accueil fondée sur la solidarité et le respect des droits humains et pour questionner les pouvoirs publics. Avec la participation de nombreuses associations et ONG impliquées quotidiennement ainsi que de personnalités : Anne Hidalgo (Maire de Paris), Benjamin Stora (Historien, Professeur et Président du Musée national de l’histoire de l’immigration), Edwy Plenel (Médiapart), Eric Piolle (Maire de Grenoble), Frederic Leturque (Maire d’Arras), Pierre Laurent (Secrétaire national du PCF) mais également Benoit Hamon, Aurélien Taché (Député LREM), Eric Coquerel (Député – France Insoumise), Michel Agier (Dir. d’études à l’EHESS), Rony Brauman (co-fondateur de MSF) , Cédric Herrou, ainsi que des représentants du HCR, de la Cimade, de MDM et des associations locales…

      Autour de cette convention ouverte à tous, une programmation culturelle plurielle : expo, humour, concert, docus…

      http://convention-accueil-grande-synthe.fr

    • Des dizaines de villes inventent une politique d’accueil des migrants

      Jeudi et vendredi s’est tenue à Grande-Synthe la première #Convention_nationale_sur_l’accueil_et_les_migrations. Des élus aux associatifs, tous les acteurs de l’aide aux migrants ont jeté des ponts entre les initiatives locales, cherchant à construire un réseau des villes accueillantes.

      https://reporterre.net/Des-dizaines-de-villes-inventent-une-politique-d-accueil-des-migrants

    • Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux migrants. Ce que les villes font aux migrants

      ce livre permet de mieux comprendre la diversité et la complexité des formes de l’accueil des migrants sur notre continent. Il nous fait saisir comment cet enjeu refaçonne les liens sociaux, les valeurs et les émotions collectives, et interroge les définitions pratiques de la citoyenneté prise dans un jeu de frontières. Dans un contexte d’anxiété identitaire qui se manifeste par la fermeture des frontières, le confinement et les expulsions, ce livre montre que la ville peut constituer un pôle de résistance et de contournement, voire de renversement des décisions de l’État central.

      Il est constitué d’enquêtes claires et approfondies menées dans plusieurs grandes villes européennes (Paris, Copenhague, Berlin, Barcelone, Istanbul…), et de témoignages d’acteurs concernés (migrants, militants, observateurs directs…).

      http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/bibliotheque-des-frontieres/entre-accueil-et-rejet-ce-que-les-villes-font-aux-migrants.html

    • Les ciutats fan front a la necessitat urgent d’habitatge públic

      Les ciutats europees han de fer front a la necessitat urgent d’habitatge públic. Per això, molts governs municipals estan reforçant les seves polítiques amb mecanismes innovadors que permetin fer front a la crisi de l’habitatge i a l’expulsió dels veïns dels seus barris.

      L’Ajuntament de Barcelona ha presentat un projecte per construir pisos d’estada temporal de construcció ràpida, sostenible i de qualitat. La iniciativa, anomenada APROP (Allotjaments de Proximitat Provisional), oferirà una resposta urgent mentre es construeixen les promocions d’habitatge públic, que requereixen de més temps.

      Responsables del consistori barceloní van explicar ahir aquest projecte en un acte organitzat per l’Observatori DESC i el propi Ajuntament.

      La jornada, anomenada ‘Urgent: solucions innovadores en habitatge públic’, es va celebrar al Pati Manning de Barcelona i hi van participar representants de les ciutats d’Amsterdam i Munic, a banda d’entitats com la Federació d’Associacions de Veïns i Veïnes de Barcelona (FAVB), la Fundació Hàbitat 3 i l’Institut de Tecnologia de la Construcció de Catalunya (ITeC), entre d’altres.

      http://ajuntament.barcelona.cat/lescorts/ca/noticia/les-ciutats-fan-front-a-la-necessitat-urgent-dhabitatge-pzblic

      Et dans ce cadre, le projet #APROP:
      https://www.barcelona.cat/infobarcelona/en/temporary-local-housing-to-combat-gentrification-2_622017.html
      #Barcelone

    • Sanctuary in the City : #Beirut

      The world’s refugee crisis is a global responsibility that is especially discharged locally, in particular, in Lebanon, where refugees and displaced persons form a large percentage of the national population. Since the beginning of the Syrian Crisis in March 2011, Lebanon has been a refuge for many hundreds of thousands of people fleeing war. This project explores how municipalities cope with the crisis within the normative framework of human rights and corresponding obligations. It seeks to give voice to the experience of Beirut among the world’s cities claiming to apply that framework in policies, practice, services and local democratic leadership and administration.

      Through a series of workshops and other survey tools, the project captures the expressions, principles and experiences of local governance amid the refugee/displacement crisis. It seeks to channel the experience of refugees, civil society and local authorities by expressing operational principles and allows people in Beirut to identify what works and what could work better.

      One outcome of the project will be a local charter that gives voice to this community of practice among the world’s cities that are facing comparable challenges. The charter will form a basis for exchange, mutual learning and guidance for local administrations in future. The Beirut charter is seen as one tangible way to give credit to the people of Beirut for their role in assuming a local responsibility that the wider world shares.

      http://hic-mena.org/spage.php?id=qG8=

      Ici pour télécharger la charte de la ville de Beirut :
      http://www.hlrn.org/img/documents/Beirut_Charter_to_share_EN.pdf
      #ville-refuge

    • Migrants’ (Denied) Right to the City

      The history of cities in the Indian sub-continent goes as far as the middle of the third millennium BC with the emergence of cities like Harappa and Mohenjo Daro in the Indus valley (Champakalakshmi 2006:8). During different phases of Indian history, many new cities have emerged and many have declined, shaping the history of India (Ramachandran 1995). The dynamics of city growth shows that migration has been a very important component as cities were centres of trade, manufacturing and services. These functions could not have been sustained without migration and migrant labour. People migrate to cities not only for work, but also on account of business, education, marriages, natural disasters and conflicts etc. As cities have evolved through various migrations over a long period of time, they are characterized by diversity in terms of ethnic and religious identities, occupations, language, culture, food habits and so on. In fact heterogeneity is the hallmark of cities and innovations -in which migrants have played a very significant role -are central to their existence. Migration, especially internal migration, contributes significantly to the growth of Indian cities. The Indian Constitution guarantees freedom of movement and freedom to settle within the territory of India as a fundamental right of all citizens (Article 19). Yet migrants face several barriers in terms of access to civic amenities, housing and employment, as well as restrictions on their political and cultural rights because of linguistic and cultural differences. These discriminations are articulated in various parts of India in the theory of ’sons of the soil’, which evokes anti migrant sentiments (Weiner 1978, Hansen 2001). Migrants are all the more vulnerable to discrimination and exploitation as many of them are poor, illiterate and live in slums and hazardous locations prone to disaster and natural calamities. As such, the condition of migrants in cities needs to be addressed squarely in urban policies and programmes.

      https://www.researchgate.net/publication/234169322_Migrants'_Denied_Right_to_the_City

    • Mobile Commons, Migrant Digitalities and the Right to the City

      This book examines the relationship between urban migrant movements, struggles and digitality which transforms public space and generates mobile commons. The authors explore heterogeneous digital forms in the context migration, border-crossing and transnational activism, displaying commonality patterns and inter-dependence.



      https://www.palgrave.com/us/book/9781137412317
      #livre

    • Ce qu’ils font est juste : ils mettent la solidarité et l’hospitalité à l’honneur

      L’étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s’il survit dans le plus profond dénuement, s’il souffre de la faim, du froid, qu’il n’a pas de toit pour se protéger. L’étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu’il faut combattre à tout prix.

      La loi dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France » encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

      Cette sanction pénale est réservée aux « aidants » désintéressés, animés par le seul élan d’humanité et de dignité vis-à-vis d’eux-mêmes et de ceux voués à tout juste subsister. Ils ont choisi, en connaissance de cause, de commettre ce qu’on appelle le « délit de solidarité » ou « d’hospitalité ». Des expressions devenues familières, dans leur obscénité, depuis qu’on a vu traduits devant les tribunaux des « désobéissants », paysans, professeurs, élus municipaux, citoyens bienfaisants coupables d’avoir, sans contrepartie d’aucune sorte, secouru, protégé, rendu service à des hommes, femmes et enfants qui n’avaient pas l’autorisation de fouler la terre française.

      Les élections présidentielle et législatives en France ont fourni l’occasion d’une chasse aux désobéissants, comme si la majorité des candidats s’étaient accordés pour rassurer l’opinion en la sommant de collaborer : la France ne laissera pas entrer chez elle des hordes de réfugiés, de migrants si menaçants. Chaque jour a apporté son nouveau délinquant, lequel n’a pas désarmé, il est entré en résistance. Il offre le gîte, le couvert, la circulation à des exilés miséreux, il est capturé par des policiers, punit par des magistrats… et il recommence, parce que l’hospitalité et la solidarité ne sont pas une faveur mais un droit, un devoir et qu’il aime accomplir ce devoir-là.

      Des écrivains ont accepté avec enthousiasme d’écrire, à leur guise, dans une nouvelle, fiction ou rêverie, leur respect pour ces gens de bien, et leur inquiétude de voir agiter les spectres de graves menaces incarnés par des êtres humains réduits à peu de choses. Pas seulement : c’est aussi vers l’Autre que va leur curiosité, l’Autre qui gagne toujours à être connu et non chassé.

      http://www.donquichotte-editions.com/donquichotte-editions/Argu.php?ID=147

  • Jean GADREY » Blog Archive » La casse du fret ferroviaire au profit du tout camion depuis 2000 : un « crime » écologique et social perpétré dans le silence des grands médias
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2016/12/05/la-casse-du-fret-ferroviaire-au-profit-du-tout-camion-depui

    Visionnez (ou allez voir si des projections/débats sont organisées près de chez vous) le dernier documentaire de Gilles Balbastre, « Transport de marchandises : changeons d’ère ! », réalisé à la demande du comité d’entreprise de la SNCF-fret. Une heure d’un ciné vérité épatant, avec des « acteurs » de terrain qui ont des choses concrètes et précises à dire. Pas seulement pour dénoncer une casse dont je n’imaginais pas la brutalité en 15 ans, mais aussi pour expliquer comment on pourrait y mettre fin et faire du service public du fret ferroviaire un outil majeur au service de la transition écologique. A l’opposé des choix qui ont été faits et qu’on peut qualifier « d’écocides » ou de « climaticides », en complément des dommages sociaux qu’ils ont provoqués.

    #transports #climat #écocide

  • La loi Gayssot au conseil constitutionnel, la Shoah mais aussi d’autres victimes du nazisme
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article2651

    Le conseil constitutionnel français doit se prononcer, sur le recours du négationniste Vincent Reynouard, concernant la conformité de la loi qui réprime la contestation des crimes contre l’Humanité commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus connue par loi Gayssot, votée sous le second Gouvernement Rocard, du nom du député communiste Jean-Claude Gayssot, elle réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. C’est une procédure commune que la juridiction constitutionnelle, chargée d’assurer la (...)

    #associations,_mouvement,_vie_associative,_initiatives_citoyennes,_intérêt_commun,_communauté,_Etat,_institution

    / censure, presse, journaux, dictature, expressions, liberté, #Israël,_Proche-Orient,_EPU,_droits_de_l’homme,_ONU, France, immigration, marche, beurs, discrimination, racisme, (...)

    #censure,_presse,_journaux,_dictature,_expressions,_liberté #France,_immigration,_marche,_beurs,_discrimination,_racisme,_intégration #fait_divers,_société,_fléau,_délinquance,_religion,_perdition #France_Sarkozy_justice_politique_scandale_UMP_PS_PCF

  • Sur la "marche républicaine" du 11 janvier 2015

    La grande émotion ressentie instantanément par un grand nombre de français s’est traduite par une manifestation sans précédent semble t-il - plus de 4 millions personnes - dans un pays dans une profonde crise économique et sociale depuis de longues années peut étonner à plus d’un titre, si on considère que les motifs principaux sont la défense de la liberté d’expression et la condamnation du terrorisme. Bien entendu, ce sont des causes louables, mais tout de même, jamais la lutte contre le chômage, l’emploi ou la défense des acquis sociaux n’ont poussé autant de monde à défiler dans la rue. Après tout, Paris n’est pas Bagdad, où le terrorisme fait des dizaines de morts par jour au point que la question sécuritaire est devenue fondamentale et vitale pour l’Etat irakien. Quel serait le motif inavoué de cette marche sans précédent ? Esquisse d’une réponse.

    Le dernier billet de Frédéric Lordon, "Charlie à tout prix ?" publié sur son blog "Pompe à Phynance" sur le site du Monde diplomatique, pos s’interroge sur le sens de l’expression "Je suis Charlie" repris quasi-instantanément par des millions de personnes à travers le monde suite à l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier dernier.

    Commençons par un extrait de son billet :

    " "Je suis Charlie". Que peut bien vouloir dire une phrase pareille, même si elle est en apparence d’une parfaite simplicité ? On appelle métonymie la figure de rhétorique qui consiste à donner une chose pour une autre, avec laquelle elle est dans un certain rapport : l’effet pour la cause, le contenu pour le contenant, ou la partie pour le tout.

    Dans « Je suis Charlie », le problème du mot « Charlie » vient du fait qu’il renvoie à une multitude de choses différentes, mais liées entre elles sous un rapport de métonymie.

    Or ces choses différentes appellent de notre part des devoirs différents, là où, précisément, leurs rapports de métonymie tendent à les confondre et à tout plonger dans l’indistinction.Charlie, ce sont d’abord des personnes humaines, privées – par bonheur, on s’est aperçu rapidement que dire simplement « Charlie » pour les rassembler faisait bon marché de deux policiers, un agent de maintenance, un malheureux visiteur de ce jour là, et puis aussi de cinq autres personnes, dont quatre juives, tuées les deux jours d’après. Sauf à avoir rompu avec toute humanité en soi, on ne pouvait qu’être frappé de stupeur et d’effroi à la nouvelle de ces assassinats.

    (...) Et voici donc le deuxième sens possible de « Charlie » : Charlie comme métonymie des principes de liberté d’expression, des droits à exprimer sans craindre pour sa sécurité, tels qu’ils sont au cœur de notre forme de vie.(...)

    On pouvait donc sans doute se sentir Charlie pour l’hommage aux personnes tuées – à la condition toutefois de se souvenir que, des personnes tuées, il y en a régulièrement, Zied et Bouna il y a quelque temps, Rémi Fraisse il y a peu, et que la compassion publique se distribue parfois d’une manière étrange, je veux dire étrangement inégale.On pouvait aussi se sentir Charlie au nom de l’idée générale, sinon d’une certaine manière de vivre en société(...)

    Mais les choses deviennent moins simples quand « Charlie » désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand « Charlie », donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal."

    Si le crime est inacceptable : "mourir pour des caricatures" , c’était malheureusement prévisible car la rédaction s’était mise en danger selon le témoignage d’un des anciens de Charlie Hebdo, Delfeil de Ton, qui a déclaré en vouloir à Charb (Stéphane Charbonnier), le directeur de la rédaction de Charlie, d’avoir fait de la surenchère avec ces caricatures et d’avoir mis selon lui la vie de la rédaction en danger.

    Même Wolinski, selon Delfeil, aurait tenu les propos suivants : "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. (…) On fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il ne fallait pas le faire". Pourtant Charb a "recommencé", lui reproche Delfeil de Ton. En 2012, Charlie Hebdo publie de nouvelles caricatures de Mahomet, condamnées par plusieurs instances religieuses et des politiques.

    Je ne justifie pas ce crime, loin s’en faut. J’ai été choqué d’apprendre la mort de Cabu que j’appréciais du temps où il y avait encore des émissions de télévision où l’on pouvait débattre, c’était le temps de l’émission "Droit de réponse" de Michel Pollack au début des années 1980.

    Si la religion a été désacralisée en Europe, ce n’est pas le cas pour le reste du monde, et cela ne se limite pas à ce que l’on appelle l’"Orient". Car même les plus hautes autorités religieuses chrétiennes d’Orient ont condamné ces caricatures à commencer par Tawadros II le patriarche des coptes , la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, qui a déclaré que « L’insulte est refusée à n’importe quel niveau. »

    Quant au pape François, il a déclaré qu’ « on ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision », lors d’une conférence de presse dans l’avion qui le conduisait de Colombo à Manille, comme on l’interrogeait sur les caricatures de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo.

    Il est plus que probable que la voix du pape François soit plus audible en dehors du continent européen.

    Je vais rappeler plusieurs faits survenus ces 10 dernières années. En 2003, le roman de Dan Brown, Da Vinci Code, paraît et se vendit à 86 millions d’exemplaires et fut traduit en 40 langues. Il sera adapté au cinéma en 2006 avec des acteurs prestigieux et célèbres comme l’américain Tom Hanks et la française Audrey Tautou. De quoi s’agissait-il ? C’était un roman de fiction basé sur plusieurs théories selon lesquelles le Christ avait eu un enfant issu de sa relation avec Marie-Madeleine et aurait même une descendance qui aurait perduré jusqu’à nos jours.

    Je me souviens à l’époque que l’ouvrage avait été interdit au Liban et dans tout le Moyen-Orient suite aux pressions de l’Eglise maronite du Liban (qui est minoritaire) et en Egypte par l’Eglise copte également minoritaire (15% de la population). Un de mes amis qui vit au Liban m’avait demandé à l’époque de lui acheter le roman et de le lui amener personnellement lors d’une visite, car même les colis postaux étaient scrutés.

    Lorsque trois ans plus tard, le film était sorti sur les écrans : le film fut interdit au Liban, en Jordanie, en Egypte en Chine (!) - pays dont la communauté chrétienne est extrêmement minoritaire -, au Pakistan, au Sri Lanka, dans certaines provinces en Inde, aux Philippines, en Thaïlande, à Singapour...Quant à la très catholique Amérique latine, elle a suivi les consignes du boycott qui appelait au boycott du film.

    Aux Etats-Unis, des manifestations appelant au boycott avaient eu lieu. Vous en conviendrez avec moi que cela fait beaucoup de monde tout de même et que le caractère sacré du Christ est encore majoritairement perçu dans un grand nombre de pays abritant des communautés chrétiennes dans le monde.

    Toujours à la même époque, "La passion du Christ" de Mel Gibson sorti sur les écrans au printemps 2004 avait suscité de très vives réactions en Amérique et en Europe car il a été jugé "antisémite"...De quoi s’agissait-il encore ? Il était question des dernières du Christ, son procès, ses souffrances, ses supplices et sa mort sur la Croix puis sa résurrection. Le film était d’une violence crue et se voulait une description réaliste de ce que le Christ avait enduré. Le film fut attaqué par des organisations juives qui considéraient que c’était une attaque contre tous les Juifs du monde et la 20th Century Fox avait subi maintes pressions mais ne céda pas.

    Je ne me souviens pas que "la liberté d’expression" fut lancée comme leitmotiv dans les deux cas cités plus haut et surtout pas pour Mel Gibson dans les médias dominants du main-stream catalogué depuis comme une sorte d’icône de l’antisémitisme.

    Mais ce n’est pas le plus important à mes yeux :

    La loi n° 90-615 du 13 juillet 1990 dite loi Fabius-Gayssot (du nom du député communiste Jean-Claude Gayssot) a tendance à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe,c’est une loi française qui a innové par son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, tels que définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg en 1945, qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de ce statut soit par une personne reconnue coupable de tels crimes.

    À l’époque du vote, la droite parlementaire, majoritaire au Sénat s’était opposée à cette loi portant selon elle atteinte à la liberté d’expression. Le Sénat avait procédé à des votes de rejet les 11, 29 et 30 juin 1990. Parmi les hommes politiques opposés à cette loi, on peut citer Dominique Perben, Pascal Clément, François Fillon, Gilles de Robien, Jean-Louis Debré, Pierre Mazeaud et Jacques Chirac, Jean Foyer, Jacques Toubon, Alain Peyrefitte et même Simone Veil.

    Jacques Toubon, qui n’était encore que député, déclara : « Je suis contre le délit de révisionnisme, parce que je suis pour le droit et pour l’histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l’histoire » (AN, 3e séance du 21 juin 1991). L’opposition est aussi venue d’intellectuels et notamment d’historiens : « la grande majorité des historiens » selon les termes de Pierre Vidal-Naquet (Le Monde, 4 mai 1996) ; les historiens Pierre Nora, François Furet et François Bédarida. Mais aussi d’écrivains comme Michel Tournier, Michel Houellebecq, Jean Daniel et Alain Robbe-Grillet, de magistrats comme Philippe Bilger, de journalistes comme Philippe Tesson et Ivan Rioufol et de philosophes comme Paul Ricœur.

    Jacques Chirac qui fut élu président de la République cinq ans plus tard, en 1995, disposait d’une majorité parlementaire et sénatoriale sans précédent, mais il n’avait pas jugé bon de revoir cette loi. Il avait en revanche, en juillet 1995, lui, l’héritier du général de Gaulle, rompu avec la doctrine gaulliste en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français pour la déportation des juifs en Allemagne alors que c’était le gouvernement illégitime de Vichy qui était responsable - position maintenue par tous les présidents de la quatrième et cinquième République - François Mitterrand compris.

    Malheureusement, la loi Fabius-Gayssot est toujours en vigueur et plus grand monde n’appelle à son abrogation. Caricaturer Mahomet ou le Christ est une chose normale. En revanche, peut-on caricaturer la "Shoah" sans être inquiété et sans être passible de poursuites judiciaires ?

    Je souhaiterais quand même dire un mot sur une certaine hypocrisie et sur cette unanimité et héroïsation imposées par les médias. Charb était soutien du parti communiste français (PCF) depuis longtemps . À l’occasion des élections européennes de 2009 et des élections régionales françaises de 2010, il apporte son soutien au Front de gauche. Il était le compagnon de Jeannette Bougrab, fille de harki, islamophobe, membre de l’UMP, ancienne secrétaire d’Etat à la jeunesse du gouvernement Fillon et sarkozyste notoire...

    On comprend mieux pourquoi la famille de Charb a formellement démenti cette liaison alors que les preuves de cette liaison s’accumulent sur les réseaux sociaux : cela fait mauvais genre une liaison entre un gauchiste et une néo-conservatrice pur-jus pour ne pas dire "hallal"...

    Enfin, ce "11 septembre à la française" ne va tarder à porter ses fruits amers au proche et moyen-Orient- et c’est un euphémisme . François Hollande a présenté ses vœux aux armées le 14 janvier 2015 et a décidé de revoir la baisse programmée des effectifs de l’armée. Il va envoyer le porte-avions nucléaire le Charles-de-Gaulle aux larges des eaux syriennes pour éventuellement bombarder l’Etat islamique en Irak avec l’efficacité que l’on sait au vu des précédents américains en Irak, Pakistan, et Libye pour ne citer que les plus récents, alors que l’attentat contre Charlie Hebdo a été revendiqué par Al-Qaeda au Yemen...allez comprendre quelque chose.

    L’attentat du 11 septembre 2001 avait été perpétré par 19 terroristes dont 15 d’entre eux étaient de nationalité saoudienne. Ils avaient fait leur coup à l’aide de cutters qu’on achète en papeterie, ils ne disposaient pas d’armes de feu. Quelle fut la réaction de la "plus grande démocratie du monde" ? Cela a été de mobiliser 150 000 soldats, de raser l’Afghanistan, l’Irak, puis le Pakistan en faisant des centaines de milliers de victimes....

    14 ans plus tard, Al-Qaeda est encore plus forte que jamais et elle a engendré des monstres encore plus sanguinaires car elle a su créer des réseaux sociaux dans les populations qui ont subi les bombardements atroces des forces coalisées occidentales. La réponse adéquate aurait dû être l’affaire du contre-espionnage : plus discrète et mieux ciblée. Mais surtout, demander à l’Arabie Saoudite de rendre des comptes. Que nenni, rien de tout cela.

    Le philosophe italien Girogio Agamben, disciple de Michel Foucault, a écrit dans un récent article paru dans le Monde diplomatique de janvier 2014, intitulé "Comment l’obsession sécuritaire fait muter la démocratie" les lignes suivantes à propos de la politique de gouvernement telle qu’elle est pratiquée en général en Europe, je le cite :

    L’Etat dans lequel nous vivons à présent en Europe n’est pas un Etat de discipline, mais plutôt — selon la formule de Gilles Deleuze — un « Etat de contrôle » : il n’a pas pour but d’ordonner et de discipliner, mais de gérer et de contrôler. Après la violente répression des manifestations contre le G8 de Gênes, en juillet 2001, un fonctionnaire de la police italienne déclara que le gouvernement ne voulait pas que la police maintienne l’ordre, mais qu’elle gère le désordre : il ne croyait pas si bien dire.

    Autrement dit, on ne s’occupe pas des causes, on gère simplement les effets.

    La plus grande manifestation jamais organisée en France, dite "marche républicaine" du dimanche 11 janvier 2015 s’est déroulée sans incident à Paris : 1.5 à 2 millions de manifestants à Paris, un chiffre qui est donc supérieur au défilé de la Libération du 25 août 1944 qui sonnait le glas de l’occupation nazie dans la capitale française.

    Au total, les manifestants étaient 4 millions dans toute la France et seul, peut-être, le Front populaire de 1936 peut soutenir la comparaison. Si la Libération de Paris d’août 1944 reste dans la mémoire collective comme le début de la fin de la barbarie nazie, et le Front populaire de 1936 comme l’invention des congés payés, la découverte du temps libre, les vacances bref, une émancipation majeure pour la classe ouvrière et les salariés. La "marche républicaine du 11 janvier 2015 ne me paraît pas vouée au même illustre destin.

    Car comme le rappelle justement Frédéric Lordon, journaliste au Monde diplomatique et auteur du billet "Charlie à tout prix ? " le 13 janvier 2015, je le cite :

    (...) On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras [de mai 1990 en réaction à la profanation des tombes juives du cimetière de Carpentras] et du 1er mai 2002 [manifestation du « front républicain » en réaction à la présence de Jean-Marie Lepen au second tour des élections présidentielles de 2002] , effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.

    Pour ma part, j’observe que la loi Fabius-Gayssot de juillet 1990 a été votée deux mois après la profanation des tombes de Carpentras qui fut la conséquence directe de cet événement qui, depuis, s’est dissipé dans les limbes de la mémoire collective.Ce fut une loi qui a été portée par l’émotion collective instantanée et s’est traduite par le vote d’une loi liberticide.

    De même, la réélection de Jacques Chirac à un score soviétique de 82 %, n’a t-elle, elle aussi, laissé des traces dans nos mémoires si ce n’est une fin de règne plombée par divers scandales comme les fameux frais de bouche de 4000 francs quotidiens lorsqu’il était maire de Paris...Et son slogan de la "fracture sociale" usé jusqu’à la corne lors de son élection de 1995 a été voué à un oubli collectif tout aussi profond que le précédent.

    Je me souviens aussi, que lorsque mes amis et moi allions manifester en juillet 2014 pour les enfants palestiniens de Gaza, massacrés et atrocement mutilés par centaines par des chasseurs F-16 israéliens - crimes bien plus barbares que ceux de Charlie Hebdo - le Tribunal administratif de Paris avait interdit le 25 juillet 2014 la manifestation pro-palestinienne qui devait avoir lieu le lendemain sous le motif de "la nécessité de prévenir d’éventuels débordements".

    Nous n’étions que quelques milliers alors que le 11 janvier 2015, il n’y a pas eu de débordements car les mesures de sécurité adéquates ont été prises.L’interdiction de manifester du 25 juillet 2014 fut une décision sans précédent dans l’histoire de la Cinquième République ! On peut gérer une manifestation de plusieurs millions de personnes mais pas une manifestation de quelques milliers...

    Qu’en sera-t-il du 11 janvier 2015 ? Est-ce vraiment la "victoire de la liberté de l’expression" alors qu’elle n’a pas cessé d’être encadrée juridiquement depuis des décennies et que certaines voix commencent à dénoncer un "Patriot Act à la française" à venir ? Il serait salutaire de questionner cet événement et de voir ce qu’il signifie au fond.

    Le 25 juin 1958, l’écrivain André Malraux, ministre des affaires culturelles du général de Gaulle, avait tenu lors d’une conférence de presse, les propos suivants, je le cite :

    Depuis que la France a laissé aux américains le soin de signifier la puissance et aux russes, naguère, le soin de signifier la justice, il y a un malaise profond en France qui demeure. Les français ne pardonnent ni aux uns ni aux autres ni à eux mêmes d’être devenu un peuple sans mission [...] Nous voulons proposer à la France une sorte de mission nouvelle et de nouveau lui donner l’occasion de signifier quelque chose.

    "Un peuple sans mission". En réalité, les français ne l’étaient plus depuis la Commune de Paris de 1871. Après la défaite de Sedan de 1870, c’est une très lente régression ponctuée par de terribles tragédies notamment la première guerre mondiale qui a littéralement éventré la pyramide des âges en laissant un vide d’au moins un million de jeunes hommes dans la force de l’âge morts pour si peu. Suivront quelques sursauts mais sans lendemain.

    La seconde guerre mondiale et la défaite de mai 1940 avait succédé au Front populaire. Par la suite, ils allaient à chaque fois s’engouffrer dans des entreprises coloniales et impériales comme en Indochine puis en Algérie. La guerre de Suez allait définitivement la reléguer à un rôle secondaire.

    Malgré cela, la France a pu être audible et entendue durant la présidence du général de Gaulle car sa diplomatie se voulait autre chose que se limiter au choix entre l’alliance atlantique dominée par les Américains et le bloc communiste de l’Est dominé par l’URSS. Cette parenthèse de la politique de la grandeur gaullienne allait durer 12 ans jusqu’à la disparition de De Gaulle et encore l’Etat profond français ne suivait pas toujours notamment durant l’affaire de Mehdi Ben Barka (assassinat de l’opposant marocain grâce à une opération conjointe entre les services secrets français, marocains et probablement la CIA) et le contournement discret de l’embargo sur la vente d’armes aux arabes et aux Israéliens suite à la guerre des six jours de juin 1967 en faveur d’Israël.

    Des slogans comme "liberté d’expression", "Patrie des droits de l’Homme" etc...sont des expressions qui sont vidées de leur substance dès qu’il s’agit de les appliquer à des non-européens. Quel est le projet ? rien. L’Union nationale qui s’est traduite par une manifestation comme on en voit une ou deux fois dans un siècle pour une liberté d’expression tronquée...A croire qu’il n’y pas de chômage, pas de crise économique,pas de crise du logement, pas de système éducatif en déliquescence, pas de jeunesse à la dérive. Non rien de tout cela. Un naufrage politique qui dure depuis plus de 40 ans.

    A se demander s’il s’agit bien de la patrie de René Descartes, père de la philosophie moderne, ou bien celle de Jean-Paul Sartre ou encore de Jean-Jaurès, des hommes qui lui ont permis de lui "sauver la face" et de prétendre encore qu’elle était encore la France des idéaux de 1789.

    Quelle sera la réponse ? Un sommet anti-terroriste à Washington le 18 février qui réunira tous les pays de l’Otan alors que c’est la France qui a été touchée et non les Etats-Unis. Cela n’augure rien de bon non pas pour les terroristes mais pour les peuples du proche et moyen-Orient. On sait depuis longtemps que la Turquie soutient, abrite et sert de transit pour les djihadistes syriens et que le Qatar finance. Evidemment, la Turquie est membre de l’Otan et le Qatar investit massivement en France.

    Je n’ai rien contre le peuple américain, je dis bien le peuple américain et non leur gouvernement. Encore moins contre les Européens. Et encore moins contre mes compatriotes français.

    Mais je ne peux pas m’empêcher de ne pas penser à ces derniers mots en guise de conclusion de l’ouvrage de Frantz Fanon, "les damnés de la terre" écrit en 1961 en pleine guerre d’Algérie et préfacé par Jean-Paul Sartre, je le cite :

    Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord (...) Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue « aventure spirituelle » elle étouffe la quasi totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle.

    Un autre sens de la "marche républicaine" du 11 janvier 2015, c’est aussi une invitation aux musulmans et aux arabes à quitter justement "cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre...>>

  • Quand le président de Vinci Airports travaillait pour le ministère des Transports - Notre-Dame-des-Landes - Basta !

    Un sujet que Nicolas Notebaert connaît bien. Ce polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées de 42 ans a fait ses premières armes au ministère de l’Équipement et des Transports entre 1995 et 2002, devenant même conseiller technique du ministre (communiste) de l’époque, Jean-Claude Gayssot. Au moment précis où le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ressortait des cartons. Et que le ministère préparait le débat public sur le sujet, ses services affinant leurs arguments : évolution des prévisions du trafic aérien, « capacité de développement limité » de Nantes-Atlantique…

    http://www.bastamag.net/article2836.html