• Sainte-Soline : Loïc, le « poète maraîcher », condamné à un an de prison
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    En procès avec trois autres personnes, le militant écologiste Loïc Schneider a été condamné à un an de prison ferme, pour sa participation à la manifestation à Sainte-Soline. Il dénonce la violence des forces de police.

    Niort (Deux-Sèvres), reportage

    « Le privilège de l’uniforme doit être aboli », martèle Loïc Schneider. Dans son dos, le policier chargé de l’escorter fronce les sourcils. « Vous me demandez d’assumer mes actes, mais citez-moi un flic qui assume avoir commis des tirs tendus ? » Le 28 juillet, le poète maraîcher de 28 ans, dont Reporterre dressait le portrait au mois de juin, a comparu devant le tribunal de grande instance de Niort (Deux-Sèvres). Près de sept heures durant, les magistrats en robe noire ont tenté de découvrir si, oui ou non, le militant écologiste était bien l’homme surnommé « le moine zadiste ».

    Encore aujourd’hui, les images de cette silhouette élancée, aux allures de templier du Moyen-Âge, circulent sur les réseaux sociaux. Le 25 mars, au cœur de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, elle est photographiée en train de brandir le gilet d’un gendarme. Quelques instants plus tôt, le militant masqué taguait les lettres « ACAB », l’acronyme anglais de « Tous les flics sont des bâtards », sur un fourgon en proie aux flammes. « Alors… Vous l’avez vu ce moine ? » ne cessera de demander le président du tribunal aux témoins. Un brin de malice dans la voix, lui lancera finalement, avant d’être condamné à un an de prison ferme : « Tant que je ne saurai pas qui a tiré sur Serge [blessé à Saine-Soline] et qui a tué Rémi [Fraisse, tué par la grenade d’un gendarme à Sivens (Tarn)], vous ne saurez pas qui est le moine de Sainte-Soline. »

    Brigade antiterroriste et mandat d’arrêt européen

    Loïc Schneider comparaissait avec trois autres prévenus. Aux alentours de 13 h 30, le vingtenaire franchit la porte du box. D’une pochette cartonnée, il extirpe quelques feuilles. Dessus, est écrite à la main son unique déclaration, parsemée de ratures. Ses doigts tremblent, ses lèvres gélifiées. Il risque jusqu’à sept ans de prison. Un tour de tête à gauche, et ses yeux croisent le sourire de Manon Aubry [1], sa compagne. Alors, son aisance resurgit. Ce procès sera politique. « On ne m’accuse d’aucune violence sur qui que ce soit, je n’ai tué personne, commence-t-il. Alors pourquoi suis-je emprisonné ? Pourquoi ai-je été arrêté par des hommes cagoulés, armes à feu en main, d’une brigade antiterroriste ? »

    #écologie #antiterrorisme #justice