Ces derniers jours, à lire les commentaires épouvantables de Twitter sur les manifestations interdites, j’ai le sentiment que nous avons parfaitement intégré une nouvelle obligation dégueulasse : le devoir d’obéissance.
J’ai connu et détesté les années 1980 : plus je m’approchais de l’âge adulte, moins je supportais l’ambiance de conformisme aigu de l’époque. Mais ces derniers temps, les injonctions à l’obéissance (obéir au gouvernement, obéir aux flics, obéir au jugement moral des présentateurs télévisés…), devenues omniprésentes dans les forums de l’interwebz, c’est déprimant au dernier degré. Le conformisme des années 80 consistait à se déguiser en yuppie et à mépriser bruyamment les déviants, mais pas à leur imposer de devenir eux-mêmes des yuppies (au contraire, la yuppitude reaganienne avait évidemment besoin de l’autre justement pour pouvoir afficher ce mépris des malpropres soixante-huitards) ; le discours ambiant actuel revendique, lui, l’adoption des mêmes codes et de la même obéissance pour tous.
Nous avions déjà la grosse-couillitude des forums, le racisme-camembert, l’adoption des codes de non-discussion des aboyeurs télévisuels, le personnal-branding de nos relations, mais ça, c’est encore autre chose. C’est je crois un mode de pensée proprement totalitaire à la sauce Twitter : « mais puisqu’on te dit que c’est interdit, merde, c’est pas compliqué à comprendre, ça, que c’est interdit ! ».