person:jacques delors

  • La thèse de Daniel (1) une préhistoire de la monnaie européenne _ Librairie Tropique - 6 Mai 2019 *
    http://www.librairie-tropiques.fr/2019/05/la-these-de-daniel-1-une-prehistoire-de-la-monnaie-europeenne.ht

    Historique de la budgétaire de la France, de la fin des trentes glorieuses, de la lutte contre l’inflation, de l’inflation des actifs financiers, du logements, de la stagnation et la baisse des salaires, de l’amélioration de la qualification des travailleurs, de leurs productivités et la mise en concurrence artificielle avec les travailleurs d’autres pays.

    https://www.youtube.com/watch?v=Dc4pCPhJrqQ

    Daniel est autiste asperger.
    Il a été diagnostiqué tardivement.
     
    Né de père fils d’immigré polonais et de mère alsacienne, il a grandi dans un environnement social d’ouvriers catholiques provinciaux, de jeunesses ouvrières chrétiennes, de CFTC devenue CFDT.
     
    C’était également un milieu d’élection pour la démocratie chrétienne refoulée qui fut se consola un temps au MRP, celui de Jacques Delors, de certains gaullistes dits « sociaux » puis du socialisme mitterandien en même temps que de pas mal de gauchistes « vieillissants »
    Après une enfance troublée, une adolescence chaotique et une socialisation d’adulte problématique, une fois fixé sur son handicap, Daniel a su s’extraire de cette couche sociale et idéologique. Il a repris à 40 ans passés, à ses frais, des études en cours du soir au CNAM.
     
    Après avoir obtenu un master 2 il a décidé de s’engager dans une thèse de doctoratpour laquelle il a lu et assimilé une masse exceptionnelle de documents, ouvrages,informations et entretiens avec des témoins et personnalités de premier plan.
     
    En attendant la soutenance de cette thèse, nous vous livrons son « making of » sous forme de feuilleton d’éducation populaire... européenne, sociale, économique et politique.

    #jacques_delors, #daniel_machlik, #économie_politique, #histoire, #union_européenne, #franc #euro, #SME #ue #monnaie #François_Bloch_Lainé #Poincarré #Charles_De_Gaulle #Raymond_Poincaré #Banque_de_France #traité_de_rome #Bretton_Woods #Robert_Marjolin #Jean_Monnet #Jacques_Rueff #plein_emploi #croissance #inflation #Jean-Marcel_Jeanneney

  • Une stratégie européenne pour la gauche | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/2017-11-06-Une-strategie-europeenne-pour-la-gauche

    Avec l’admirable conscience professionnelle des boussoles qui indiquent le Sud, Jean Quatremer et ses semblables n’ont pas manqué de décréter la question de l’euro définitivement « tranchée » par l’élection de Macron. Mais, à la fin des fins, qu’une boussole indique le Sud n’est pas un problème, pourvu qu’elle l’indique avec constance — ce qui est assurément le cas en l’occurrence. Il n’y a plus qu’à regarder dans la direction opposée pour s’orienter avec sûreté. La prédiction australe posée, nous savons donc maintenant avec certitude que « la question européenne » est tout sauf close, et qu’elle ne manquera pas de revenir. Pour une bonne et simple raison d’ailleurs : c’est que, par paraphrase inversée du Manifeste du parti communiste, un spectre hante la gauche — l’Europe. Si la dernière élection a confirmé quelque chose, c’est bien que l’euro est l’hypothèque posée sur toute stratégie de conquête du pouvoir à gauche. Même les débris de la social-démocratie ont fini par s’en apercevoir, un peu tard cependant, et, mettant les bouchées doubles pour rattraper un si long silence, pensent avoir trouvé avec le « parlement de l’euro » de quoi racheter vingt-cinq ans d’errements. C’est que, si plus personne ne croit, ni même ne peut entendre, la promesse devenue outrageante de « l’Europe sociale », celle de « l’Europe démocratique » a pris le relais — en apparence plus fraîche, mais en réalité aussi résolument creuse.

    • Les termes réels de l’équation européenne à gauche :

      1. Il n’est pas de politique progressiste qui ne verrait ses dispositions les plus centrales interdites par les traités européens.

      2. Soustraire les contenus substantiels de certaines des plus importantes politiques publiques aux délibérations d’une assemblée ordinaire, pour les sanctuariser dans des traités ne répondant qu’à des procédures de révision extraordinaires, est une anomalie qui disqualifie radicalement toute prétention démocratique.

      3. Seule une révision des traités propre à instituer un véritable parlement, auquel serait rendue l’intégralité des domaines de décision actuellement hors d’atteinte de toute redélibération souveraine, est à la hauteur du projet de rendre l’Europe démocratique.

      4. En l’état actuel des choses, une telle révision fera l’objet d’un refus catégorique de l’Allemagne qui, serait-elle mise en minorité dans le débat européen, préférerait l’intégrité de ses principes à l’appartenance à l’Union.

      Que ce soit sous l’espèce d’un parlement pantomime, en fait privé de toute voix au chapitre sur les questions fondamentales et réduit à la figuration résiduelle, ou bien, a fortiori, sous toute proposition qui envisagerait d’aller plus loin, l’Allemagne (sans doute accompagnée) dira non. On peut donc si l’on veut persister dans l’erreur ou la cécité volontaire un certain temps, mais pas trop quand même. Comme jadis « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique » n’aura pas lieu. Il s’ensuit que, si elle reste accrochée à l’illusion d’un « autre euro », c’est la gauche au pouvoir qui n’aura pas lieu non plus.

    • Toujours cette rhétorique indigeste (avec, au passage, pour la bonne figure, évocation de Marx, du matérialisme et de la lutte de classe - mais ceci pour abuser qui ?) ... pour promouvoir, en guise de solution transitoire, la vieille lune protectionniste de la sortie de l’euro.

      Il n’y a pas à s’étonner que Lordon s’intéresse au sort de la gauche, de cette gauche (gouvernementale, gestionnaire) qui a rompu depuis des décennies avec toutes perspectives révolutionnaires pour adopter la boussole de la collaboration de classe, car, en lui proposant, pour se requinquer, de faire sienne une vieille diversion nationaliste, il reste sur le même terrain.

      Sur ce terrain, la division de la société en deux classes fondamentales antagonistes, l’existence d’un prolétariat international uni par les mille liens de la mondialisation capitaliste, renforcé numériquement par le développement des forces productives, n’existent pas. Tout au plus y a-t-il opposition d’une « oligarchie financière », impersonnelle et désincarnée aux « peuples souverains » - Lordon, du reste, n’a jamais conçu les transformations qu’il appelle de ses vœux que par le haut, par un changement des institutions et finalement par l’intervention des États nationaux.

      Il faudra bien un jour s’en rendre compte : en présentant les institutions européennes comme responsables de l’austérité et de toutes les attaques subies par les travailleurs, Lordon n’a jamais fait que ce que les souverainistes « de droite » ont toujours fait : rendre l’Union européenne, l’euro et la mondialisation responsables de tous les maux de la société indépendamment de la domination de la bourgeoisie. C’est-à-dire se refuser de désigner les capitalistes en chair et en os, camouflés derrière les abstractions qu’il dénonce. Et ainsi, fondamentalement, à l’instar de tout nationaliste qui se respecte, dédouaner la bourgeoisie française et tous les gouvernements successifs à son service.

      Le principal danger que représentent les idées souverainistes, c’est qu’elles obscurcissent la conscience des opprimés en leur désignant des leurres et des boucs-émissaires plutôt que de les aider à comprendre les mécanismes réels de la société et de l’économie.

      Quand ceux que ce monde révolte comprendront que, derrière la prose insupportable de Lordon, ne se trouvent, somme toute, que ces idées-là, des idées qui ne sentent pas meilleurs que les pièges nationalistes portées par l’extrême-droite, on aura peut-être commencé à faire un petit pas.

    • La « gauche de gouvernement », elle, refuse depuis 1982-1983 de mettre en œuvre une politique correspondant aux attentes du bloc social qui la porte au pouvoir. Cette coalition politique, dominée par le PS, est donc condamnée à rechercher un électorat alternatif qui soutiendrait les options fondamentales autour desquelles s’articule sa politique économique : l’intégration européenne et les « réformes structurelles » néolibérales, éventuellement adoucies par une politique sociale « active » et/ou une politique macroéconomique tournant le dos à l’austérité. Les groupes susceptibles d’appuyer une telle orientation se caractérisent par un revenu et un niveau d’éducation relativement élevés ; c’est pourquoi on peut qualifier de « bloc bourgeois » le front qu’ils constitueraient. Son cœur serait formé des cadres supérieurs de la fonction publique, traditionnellement rattachés au bloc de gauche, et des cadres du secteur privé, qui font plutôt partie du bloc de droite.

      La stratégie politique correspondante n’est pas nouvelle et a été explorée avec des succès limités par les divers représentants de la droite du PS : M. Jacques Delors appelait en 1985 « les sages de tous les camps » à se mettre d’accord sur une politique économique qui ne varierait que peu suivant les alternances politiques ; Michel Rocard, prenant la tête du PS après la défaite aux législatives de 1993, cherchait dans un « big bang » une solution de rechange à l’alliance traditionnelle du PS avec le PCF.

      Celui qui l’incarne actuellement de la façon la plus flagrante est M. Macron, qui, malgré ses prétentions à la nouveauté, revendique un « ni droite ni gauche » souvent utilisé dans le passé. On peut facilement deviner le programme économique dont il est porteur à la lecture de ses œuvres de jeunesse, le rapport Attali, comme à l’examen de son parcours de ministre, avec la loi Macron. Ses orientations de politique économique, pro-intégration européenne, favorables aux privatisations, à la « libéralisation » du marché du travail, correspondent à la tentative de constituer un « bloc bourgeois » qui serait dominant.

      Il y a toutefois un obstacle à ce projet. Cet électorat est constitué de groupes sociaux diplômés et aisés mais socialement et politiquement minoritaires. Une stratégie réaliste impliquerait donc de rechercher une médiation susceptible d’agréger d’autres troupes. Comme le projet économique repose sur des réformes néolibérales rejetées par la majorité de l’ancien bloc de gauche, le renfort proviendrait le plus vraisemblablement de fractions appartenant au bloc droitier (indépendants, professions intermédiaires). Ce serait là une solution aux contradictions internes de la droite : rejeter dans la minorité politique les catégories les plus hostiles aux « réformes structurelles » pour s’allier aux groupes de l’ancien bloc de gauche qui y sont le plus favorables. Cette majorité politique resterait probablement sociologiquement minoritaire.

      Étrange démocratie française : depuis trente-cinq ans, les programmes des grands partis de gouvernement ne correspondent pas aux attentes économiques des classes populaires, qui représentent pourtant plus de la moitié du corps électoral. Contrairement aux idées en vogue sur l’effacement des clivages idéologiques, les aspirations des ouvriers et des employés dessinent un bloc social de gauche.

      Majorité sociale, minorité politique par Bruno Amable
      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/03/AMABLE/57285

    • « Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie »

      Nous sommes aujourd’hui face à une situation qui peut laisser perplexe…
      La taxe de 3% sur les dividendes, instaurée sous le quinquennat de François Hollande, a été invalidée par le conseil constitutionnel.
      Cette taxe visait à compenser une perte de recettes budgétaires de de près de 5 milliards (qui elle-même datait du quinquennat du gouvernement de Nicolas Sarkozy dont faisait d’ailleurs parti Bruno Le Maire)
      Elle visait à encourager les entreprises à réinvestir leurs bénéfices plutôt que de distribuer des dividendes.
      Assez rapidement, les spécialistes de droit fiscal avaient alerté sur l’incompatibilité de cette taxe avec le régime fiscal des sociétés-mères et de leurs filiales au sein de l’Union européenne.
      Le président Hollande avec l’appui de son fidèle conseiller économique de l’époque Emmanuel Macron, avait décidé d’introduire, une contribution additionnelle à l’impôt sur les sociétés.
      Cela allait dans le bon sens, mais sans surprise, la mesure a été retoquée par le Conseil Constitutionnel après l’invalidation partielle de la Cour de Justice européenne.

      Une façon de persister dans l’erreur qui laisse songeur…

      En 2015, la Commission européenne avait mis la France en demeure au sujet de cette taxe.
      A ce moment-là, la facture était seulement estimée entre 2 à 3 milliards d’euros.
      On peut donc se demander pourquoi l’État a maintenu cette taxe sous sa forme aussi longtemps.

      Il ne s’agit donc pas tout à fait de gérer un imprévu …. mais plutôt de faire un correctif nécessaire suite à une gestion juridique que l’on pourrait qualifier dans le meilleur des cas, d’hasardeuse ….

      Peu importe si notre président actuel s’occupait précisément de la fiscalité des entreprises à cette période…
      Peu importe si de nombreux membres de la majorité actuelle ont participé au vote de cette loi et ont accepté l’amendement invalide au regard de la constitution.
      Et enfin, peu importe si des parlementaires devenus ministres de l’actuel gouvernement ont voté tout cela…

      Nous voilà rassurés…

      Désormais, en tenant compte des pénalités et des intérêts, la facture a donc grimpé à près de 10 milliards.
      Voyant la douloureuse arriver, le nouveau gouvernement a décidé de simplement supprimer la taxe de 3% sur les dividendes au lieu de la remanier pour la rendre applicable.
      Pour le reste Bercy propose la solution que vous connaissez…

      Au grand désespoir du Medef, la moitié sera financée par une nouvelle taxe exceptionnelle et ponctuelle pour les grandes entreprises et l’autre moitié par le contribuable.

      Il est peut-être temps de réformer le Conseil Constitutionnel dont la composition et l’orientation idéologique pose question.

      En effet, ses membres, que la presse qualifie curieusement de « sages », peuvent interpréter la constitution et décider de l’équilibre entre intérêts économiques particuliers et intérêt général…

      Et ils semblent avoir souvent fait primer la défense de l’ordre économique établi, et donc des privilèges des multinationales, sur les objectifs de justice sociale et fiscale empêchant de ce fait toute forme de vision alternative.

      Les grands groupes en jouent, comme le démontre l’enquête de Mathilde Mathieu pour Mediapart qui nous parlent des “portes étroites” : ces contributions informelles, qui sont commandées à d’éminents professeurs de droit constitutionnel ou à des cabinets d’avocats spécialisés, moyennant rémunération de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et envoyées au Conseil pour tenter d’influencer sa décision.

      Le conseil constitutionnel a ainsi censuré de nombreuses mesures législatives bénéfiques à l’intérêt général ces dernières années :
      – la proposition de taxer les très hauts revenus à 75% sur la dernière tranche,
      – la loi Florange, censée mettre fin aux « licenciements boursiers » en imposant des pénalités aux entreprises qui fermeraient des sites rentables.
      – la taxe sur les dividendes.
      – ils se sont également opposé aux sanctions contre les lobbyistes, qui ne respecteraient pas les obligations liées aux registres, imposant un minimum de transparence de leurs activités, à l’Assemblée ou au Sénat.
      – ils ont même censuré la disposition prévoyant une aide financière aux lanceurs d’alerte.

      Étonnamment , nous n’avons pas eu de réaction du Conseil Constitutionnel sur la baisse des APL, sur la casse du code du travail, sur les pertes de liberté individuelles, ou le démentellement de la protection sociale qu’il s’agisse de l’assurance chômage ou de l’assurance maladie.

      Ne nous trompons pas.

      Il ne s’agit pas là d’une fatalité insurmontable pour la France comme pour l’Europe, qui nous empêche de rendre notre société plus juste mais d’un basculement idéologique !

      Comme le dit très justement Emmanuel Todd « Dans un monde où les inégalités de revenus primaires s’accroissent dans des proportions démesurées, les riches, exigent et obtiennent que leurs impôts diminuent.

      Ils veulent toujours moins d’État, toujours moins de fonctionnaires. Nous n’avons plus affaire à une logique d’efficacité économique, mais à une dynamique de pouvoir. Ce glissement inquiétant, de la recherche du profit à celle du pouvoir, traduit la mutation du capitalisme, passé par étape du stade industriel au stade financier. »

      Profitons de ce projet de loi de Finance rectificative pour nous poser la bonne question :

      Quelle fiscalité pour quelle société ?

      De l’argent, il y en a. Mais il est capté par les uns au lieu d’être mis au service de l’intérêt général par l’impôt.
      Le système fiscal doit être entièrement refondé sur des bases justes et claires, en appliquant le principe de la progressivité qui veut que plus on gagne d’argent, plus on contribue au bien public.
      Nous considérons que le partage entre salariés et actionnaires est injuste et inefficace, et que la fiscalité doit davantage taxer l’économie financière.

      Louise Michel avait raison : « notre plus grande erreur, fût de n’avoir pas planter le pieu au cœur du vampire : la finance » !

      Ce système, non seulement ne fonctionne pas, mais il détruit des millions de vies. Vous avez sacrifié le code du travail ! Vous avez piétiné la loi qui protégeait les plus faibles, vous avez supprimé l’ISF…
      Il faut renverser les perspectives et orienter l’économie vers de nouvelles valeurs.

      Il est indispensable que l’accumulation des biens et la thésaurisation de capitaux financiers soient très sérieusement encadrées et qu’une fiscalité plus juste réduise les écarts extravagants qui ne cessent de se creuser.
      L’argent a perdu sa vocation initiale qui était de favoriser les échanges entre les hommes pour devenir une finalité en soi.
      Introduit dans tous les aspects de la vie, développé de manière démesurée, il devient un écran qui nous sépare. Accumulé, il consolide la séparation entre ceux qui le maitrisent et ceux qui en subissent le manque.
      Dans un monde où l’argent règne, son manque rend esclave, sa possession devient domination, et son accumulation tyrannie.

      En effet, les réalités concrètes de nos quotidiens ne peuvent se résumer aux seules lois de l’argent et du marché.
      Et vous savez aussi bien que moi que cet argent ne reviendra jamais dans le circuit de l’économie réelle et qu’aucun emploi ne sera créé !
      C’est clair, nous avons donc deux visions différentes de l’économie.
      Comme certains d’entre vous le savent peut-être, le terme « crise » en chinois provient de l’association de deux notions : danger et opportunité.

      Derrière la crise du système capitaliste débridé, il y a aussi une opportunité : nous saisir de cette bifurcation pour redonner sa place à l’humain.
      Commençons par construire une fiscalité plus respectueuse des gens et de leur environnement, une fiscalité socialement et écologiquement responsable !
      Mettre l’économie au service de l’humain c’est résister à une mondialisation dépersonnalisante et destructrice, mais c’est aussi réaffirmer la volonté de partager les biens et les richesses créées par le travail.

      La dérive des institutions, l’abstention de masse, l’uniformité médiatique, le rétrécissement du débat politique aux dogmes de la « pensée unique », font prévaloir les normes néolibérales.
      Pour stopper la folie des marchés, il faut juste que le peuple se mette en mouvement et cela commence par chacun d’entre nous.
      L’explosion des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, les violations répétées de la démocratie, le dénigrement des rapports humains basés sur la solidarité et la coopération, tout ceci, en apparence inéluctable, dépend entièrement de nos choix politiques.

      Par exemple, Vous aviez le choix d’augmenter l’ISF mais vous l’avez supprimé.
      Vous aviez le choix de renforcer les droits des travailleurs, mais vous les avez dégradés.
      Vous aviez le choix de permettre véritablement l’accès au soin pour tous, mais vous avez supprimé les cotisations sociales concernant l’assurance maladie, ce qui contribue à fragiliser son financement.
      Vous aviez le choix de permettre à chaque bachelier d’avoir une place dans l’université de son choix et vous laissez perdurer un système qui généralise le tirage au sort.

      Des exemples parmi tant d’autres qui reflètent le délitement de l’état.
      Un état qui a renoncé à protéger les plus faibles.
      Un état qui abandonne peu à peu son rôle : être présent sur tout le territoire.
      Un état qui permet à la population de consommer des produits alimentaires toxiques et qui recule sur le CETA et le glysphosate.

      Je conclurai avec Jean-Claude Bresson-Girard :

      « Après la fin du développement, la décroissance soutenable, avec la sortie de la société de marché qu’elle implique, est la réponse logique pour permettre à l’humanité d’échapper aux conséquences désastreuses de la barbarie consumériste, pour que l’humanité s’accomplisse comme l’humanité, si tel est son désir, en prenant conscience d’elle-même. »

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/06/discours-percutant-de-muriel-ressiguier

  • Jupiter se mue en Atlas, par Guillaume Berlat Proch et Moyen Orient.ch - Guillaume Berlat - 2 octobre 2017

    http://prochetmoyen-orient.ch/jupiter-se-mue-en-atlas

    « La parole est au peuple. La parole du peuple, c’est le souverain » (Charles de Gaulle). Manifestement, le président de la République est omniprésent sur la scène intérieure et sur la scène internationale, pris d’une boulimie jamais égalée de paroles même à l’époque de Nicolas Sarkozy…1 Pour ce qui est des actes, nous jugerons dans quelques mois. Emmanuel Macron veut transformer la France (Cf. les ordonnances sur la loi travail que nul ne conteste en réalité), changer le monde (Cf. son discours devant la 72e Assemblée générale de l’ONU à New-York le 19 septembre 20172) et aujourd’hui refonder l’Europe (Cf. son discours devant des étudiants venus de toute l’Europe dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 26 septembre 2017)3. Alors que l’Union européenne est marquée par un signe d’usure qui compromet son avenir (Cf. mise en route de la négociation sur le « Brexit », désaccord sur la répartition des migrants décidée il y a deux ans, sur l’évolution de la zone euro, mise en cause par la Hongrie et la Pologne du socle des valeurs fondamentales de l’Union et , ce qui est plus grave encore, sur les objectifs du projet européen), le docteur Macron livre urbi et orbi le diagnostic du mal qui frappe l’Europe et le remède miracle qu’il a dans sa trousse à outils4. Dans quel environnement se situe cette intervention ? Quel est son contenu ? Quelle pourrait être la suite de cette intervention ?

    L’ENVIRONNEMENT DE L’INTERVENTION
    Environnement global : il n’y a pas que des bonnes nouvelles
    Hormis, une légère remontée dans les sondages d’opinion, les jours précédant la divine intervention n’ont pas apporté que de bonnes nouvelles. Emmanuel Macron doit encaisser deux mauvaises nouvelles. Sur le plan intérieur, les résultats des élections sénatoriales du 24 septembre sont décevants pour la République en Marche. Surtout, ils augurent mal d’une possible majorité des deux tiers requises pour faire adopter sa réforme constitutionnelle comportant entre autres une réforme de la Justice alors que le président de la République veut exporter le modèle juridique français chez tous les mécréants. Le 28 septembre 2017, il était censé prononcer un important discours sur le thème de la sécurité qu’il annule en dernière minute. Sur le plan extérieur, le résultat des élections législatives en Allemagne du 24 septembre 2017 est pour le moins inquiétants au regard de son projet de réforme de l’Union économique et monétaire5. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne correspondent pas entièrement au souhait d’Emmanuel Macron pour son projet de refondation de l’Europe6. En particulier, Berlin risque de ne pas suivre Paris sur son projet de réforme de la zone euro7 défendu fort à propos par un des conseillers du président de la République lorsque ce dernier était à Bercy8. Pire encore, son Europe rêvée9, ses ambitions risquent d’être contrariées par l’Allemagne. Il est vrai que nos partenaires européens, qui connaissent la France sur le bout du doigt, attendent des actes après les paroles.

    Environnement européen : la vie continue comme si de rien n’était
    Rappelons qu’après avoir prononcé son auguste intervention, Emmanuel Macron se rend à Lyon pour participer à un sommet franco-italien (27 septembre 2017) avant de s’envoler vers l’Estonie pour participer à un sommet européen sur le numérique (29 septembre 2017). On comprend bien que l’architecte-pompier Jupiter est sur tous les fronts à la fois. Pour ce qui est de sa vision de l’Europe, le sujet n’est pas entièrement vierge. Il l’évoque déjà dans son entretien à l’hebdomadaire Le Point dans lequel il qualifie la France de « phare de l’Europe »10. Mais, surtout, il formule des propositions particulièrement concrètes et détaillées dans des interventions publiques officielles : son discours prononcé lors de la semaine des ambassadeurs (29 août 2017)11 qu’il reprend pour certaines et les approfondissant lors de son intervention sur la colline du Pnyx, face au Parthénon, symbole de la démocratie, à Athènes (7 septembre 2017). « Aujourd’hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger”, lance-t-il au premier jour de sa visite d’Etat en Grèce. « Ce soir, je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années » Emmanuel Macron réclame la création d’un parlement de la zone euro et indique qu’il faut que « nous puissions pendant six mois organiser des consultations, des conventions démocratiques ». Le ton est donné. Aux grands maux, les grands remèdes. Qu’en est-il de sa prestation à la Sorbonne à l’occasion de laquelle il veut faire la « pédagogie de son action » ?

    LA SUBSTANTIFIQUE MOËLLE DE L’INTERVENTION
    Débuté avant 35 minutes de retard (ne dit-on pas que l’exactitude est la politesse des rois), cette « initiative européenne » de 90 minutes est interminable, parfois lyrique, mystique12, parfois délirante, décousue, technocratique, partant dans tous les sens avec une inflation d’effets d’annonce. Si l’on prend la liberté de reconstruire ce discours, on pourrait l’organiser autour des trois axes suivants.

    Diagnostic notarial : l’Europe va très mal
    L’Europe est une idée ancienne qu’il faut nous réapproprier car les États membres se sont endormis sur leurs lauriers, pris par la langueur et l’habitude et par leur goût immodéré pour la bureaucratie. Ils ont laissé s’installer le doute. Ils ont bâti un édifice à l’abri des peuples en confiant leur sécurité à l’Amérique et leur économie à la mondialisation. Nous avons collectivement ignoré que le passé pourrait revenir. Or, il revient à travers le souverainisme, le repli, le protectionnisme et l’indentitarisme, toutes choses contre lesquelles nous pensions être immunisés. Aujourd’hui, l’Europe est faible, lente et inéquitable. Face aux nombreux défis mondiaux, nous devons préparer l’avenir. L’Europe doit défendre ses intérêts et ses valeurs en recherchant un équilibre dépassant ses divisions internes. Elle doit se fixer un cap autour de quelques principes simples débouchant sur une souveraineté européenne. Tout le discours est émaillé de références aux pères fondateurs (Monnet à Schumann) sans oublier pour les personnalités qui comptent, Jacques Delors. Il prend parfois un ton lyrique, enflammé qui nuit à la pertinence du propos. Le diagnostic revient à tous les endroits du discours, amoindrissant ainsi sa portée. Un hymne à la jeunesse que nous ne devons pas décevoir en lui consacrant la part importante qui lui revient dans nos réflexions et dans nos actions.

    Remèdes conceptuels : les six clés de la souveraineté européenne
    La construction d’une Europe forte passe par les six clés de la souveraineté européenne : (1) défendre notre sécurité (capacité européenne autonome de défense) ; (2) assurer notre souveraineté en maîtrisant nos frontières et en préservant nos valeurs (traiter humainement les vrais réfugiés et renvoyer les autres, travailler à la stabilisation des pays d’origine de l’immigration) ; (3) développer une politique étrangère en partenariat avec l’Afrique ; (4) préparer la transition écologique en développement un modèle économique et alimentaire nouveau (sécurité et souveraineté alimentaire) ; (5) préparer la révolution numérique (définir un cadre juridique approprié qui protège les libertés individuelles) ; faire de l’Europe une puissance économique et industrielle (à travers le développement d’une union économique et monétaire). Le président de la République marque son attachement à la culture, l’éducation, au triangle souveraineté/unité/démocratie, au respect de l’état de droit de manière décousue.

    Remèdes concrets : un inventaire à la Prévert de propositions
    À suivre l’exposé jupitérien, l’auditeur attentif est pris d’une sorte de tournis, bombardé qu’il est d’initiatives qui partent dans tous les sens sans la moindre hiérarchisation et sans le moindre chiffrement : initiative européenne d’intervention ; académie européenne du renseignement ; parquet européen contre la criminalité organisée et le terrorisme ; office européen de l’asile ; police des frontières européenne ; force européenne de protection civile ; aide publique européenne au développement financée par une taxe européenne sur les transactions financières13 ; budget européen de la zone euro, ministre des finances de la zone euro ; taxe carbone européenne ; fonds européen d’enquête de lutte contre les fraudes alimentaires ; marché européen de l’énergie ; expertise scientifique européenne indépendante (Cf. le scandale des glyphosates14) ; agence européenne de l’innovation numérique ; universités européennes ; harmonisation et reconnaissance des diplômes universitaires et secondaires ; Erasmus élargi ; obligation de parler deux langues européennes ; commission réduite à 15 membres ; élargissement de l’Union européenne à tous les pays respectant des valeurs (Balkans en particulier), voire demain au Royaume-Uni ; institution d’une Europe à plusieurs vitesses ; communautarisation des élections européennes en deux temps (2019 et 2024) ; lancement de conventions démocratiques sur l’avenir de l’Europe ; procureur commercial européen ; nouveau partenariat avec l’Allemagne (traité franco-allemand à l’occasion du 75e anniversaire du traité de l’Élysée) ; lancement immédiat d’un groupe de la refondation européenne….

    Que peut-on imaginer pour l’avenir proche et lointain de cette refondation de l’Union européenne qui va au-delà d’un mini-compromis15 ?

    LA SUITE DE L’INTERVENTION
    À l’évidence, comme souvent dans ses interventions, le discours de la Sorbonne pose problème dans sa méthodologie que dans son contenu.

    Méthodologie jupitérienne : la com’ d’abord et avant tout
    On peut tout d’abord s’étonner que les principales propositions contenues dans le discours du président de la République (déjà évoquées à Paris et à Athènes) se retrouvent dans les principaux médias plusieurs heures avant son prononcé. Du bon travail de l’équipe de communication de l’Élysée pour qui l’important n’est pas tant dans le contenu que dans l’annonce ! En raison de la politique de l’essuie-glace, cet évènement est destiné à être remplacé par un autre dans les heures qui suivent. Un discours éphémère pour une durée de vie éphémère. On peut ensuite, du point de vue de nos partenaires européens, au premier rang desquels les Allemands qui se trouvent dans une période délicate de composition d’un gouvernement de coalition, se poser la question de savoir s’ils apprécient cette méthode qui se trouve à l’opposé de la méthode communautaire et de la confiance minimale entre Berlin et Paris. Dans le langage courant, on appelle cela mettre quelqu’un au pied du mur. Encore une fois, Emmanuel Macron est pris à son propre jeu. À Berlin, on évoque en termes pudiques « une bonne base de travail ». Ce qui signifie, tout est à revoir en termes moins diplomatiques.

    On ne peut dans le même temps stigmatiser les souverainistes et s’inspirer de leur démarche pour jouer perso comme dans certains sports collectifs. Cela s’appelle une contradiction dans les termes. Pour renforcer sa main dans la construction européenne, la meilleure méthode est la persuasion dans la discrétion pour créer un momentum en sa faveur. La pire des méthodes est l’arrogance dans l’ostentation. Forcer la main conduit le plus souvent à braquer ses partenaires ! Telle est la principale leçon que tirent les diplomates ayant une bonne pratique de la diplomatie multilatérale. Prendre date en proposant sa vision de l’Europe est une chose, respecter ses partenaires en est une autre. Emmanuel Macron a tendance à confondre ces deux démarches pour forcer le destin. Nous ne sommes pas certains que cela ne soit pas perçu comme une forme d’arrogance à la française, venant d’un pays qui n’est pas un parangon de vertu, en particulier sur la question des déficits budgétaires. Le risque est grand que tout son édifice ne se délite au fil des semaines et des mois comme un vulgaire château de cartes. Notons au passage que le lendemain de ce discours, le premier ministre présente son projet de loi de finances 2018 qui fait apparaître les gagnants (Défense, écologie, justice, éducation, sécurité et asile) mais également les perdants au premier rang desquels figure le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (moins de crédits, moins d’emplois) qui est censé porter ce projet pharaonique. Où se situe la logique de cet exercice au pays de Descartes ?16 On peine à la trouver surtout pour un ministère régalien comme le Quai d’Orsay. Finie les déclarations d’amour de la semaine des ambassadeurs.

    Contenu irréaliste : la stratégie n’est pas au rendez-vous
    À lire et à relire l’interminable discours d’Emmanuel Macron, on peine à trouver un cap clair avec quelques objectifs précis et quelques mesures susceptibles de remettre l’Europe sur les bons rails dans un avenir rapproché. C’est une logorrhée à jet continu. L’exercice oral auquel s’est livré le président de la République, devant un parterre d’étudiants européens, relève de la parole ou de la prophétie auto-réalisatrice. Pas plus qu’à l’ONU, la semaine précédente, la saturation en propositions européennes – qui pour la plupart d’entre elles ont peu de chance d’être retenues – ne constitue la méthode pour avancer dans la bonne direction même s’il y a urgence. Il faut malheureusement donner du temps au temps pour construire la confiance. Les premières réactions allemandes sont pour le moins distantes surtout au moment où Siemens avale Alstom17. Au pays du pragmatisme, on quantifie les propositions et on prend ses distances. On ne peut critiquer l’approche structurelle et la pratiquer à outrance en proposant la mise en place de toute une série de structures. Commençons par faire mieux fonctionner celles qui existent par un effort de rationalisation et travaillons à la mise en place d’un multilatéralisme efficace. Le reste suivra forcément. Si les partenaires sont enclins à réformer l’Europe, nul ne donne son aval aux propositions concrètes, c’est que l’on qualifie « d’accueil poli »18. Tout le monde sait à Bruxelles que le diable est dans les détails. Le « macronisme », fondé sur du bricolage fait de bric et de broc19 ne semble pas être la meilleure approche pour répondre à des questions existentielles qui sont au cœur de la construction européenne, de sa survie à l’avenir. Il n’est pas aussi la meilleure manière de traiter nos amis allemands dont l’économie n’a jamais été aussi florissante20. Or, qu’en est-il aujourd’hui de la réalité du couple franco-allemand ? Le couple franco-allemand est un leurre. La France et l’Allemagne n’ont plus les mêmes intérêts convergents dans la construction européenne21.

    À Emmanuel Macron qui fait état d’un « consensus commun » (pléonasme, ou bien il y a consensus ou bien il n’y en a pas) entre Européens sur la nécessité de refonder l’UE au lendemain d’un dîner informel à Tallinn où ses propositions pour l’avenir de l’Europe ont reçu un « accueil poli mais prudent », la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, sur Twitter, avant le dîner, a ainsi mis en garde ses partenaires : « Attention à éviter les mirages dans le désert ». Tout est dit en peu de mots.

    « L’hyperinformation et l’hypercommunication n’apportent pas de lumière dans l’obscurité »22. Transparence et pouvoir sont difficilement compatibles. Qui sème l’indécision, récolte l’incompréhension ! Aller encore plus loin en prônant un saut fédéraliste qui ne dit pas son nom (toujours plus d’Europe alors qu’on critique son inertie), c’est faire un cadeau en or à ceux qui rêvent de voir l’Union européenne exploser en vol. Alors, on fait des annonces de réforme pour donner le change, pour pouvoir dire que l’Europe continue et se transforme. Mais cette frénésie d’annonces risque surtout de masquer l’impuissance de l’Europe à se ressaisir et, par voie de conséquence, de la France à peser dans le débat. Car cela ne changera pas grand-chose23. « Vox clamantis in deserto ». Finalement, l’Europe a deux ennemis : ceux qui ne l’aiment pas et ceux qui l’aiment mal24. Emmanuel Macron aura peut-être, sans le vouloir, réussi le tour de force de réconcilier les deux extrêmes. La seule question important à laquelle ne répond pas Emmanuel Macron est de savoir si les 27/28 États membres voudront ou non, un jour prochain s’interroger sur la raison d’être de l’Europe au XXIe siècle et sur quelques objectifs simples unanimement partagés. Faute de quoi, il y a fort à parier que toutes les mesures proposées par le chef de l’État à la Sorbonne soient de nature à enrayer la crise de l’euro, à contrecarrer les forces centrifuges qui sont de plus en plus fortes, à enrayer l’absence de solidarité entre États membres, à empêcher la dislocation des règles européennes et cela en dépit de la mue récente de Jupiter en Atlas voulant porter l’Europe à lui tout seul.

    Guillaume Berlat 2 octobre 2017
    1 Grégoire Poussielgue, Macron n’entend laisser aucun temps mort, Les Échos, 25 septembre 2017, p. 3.

    2 Guillaume Berlat, Un prédicateur à Manhattan, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 septembre 2017.

    3 Erik Emptaz, Europe Hop Hop !, Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 1.

    4 Discours du président de la République, Emmanuel Macron sur la refondation de l’Europe, Sorbonne, 26 septembre 2017, www.elysee.fr , 27 septembre 2017.

    5 Dominique Quinio, L’Allemagne dans l’Europe, La Croix, 25 septembre 2017, p. 25.

    6 Bqstien Bonnefous/Cédric Pietralunga/Solenn de Royer, Un long dimanche de contrariétés pour Macron, Le Monde, 20 septembre 2017, p. 10.

    7 Cécile Ducourtieux/Jean-Pierre Stroobants, Berlin risque d’être plus réticent à la réforme de la zone euro, Le Monde, 26 septembre 2017, p. 6.

    8 Shahin Vallée/Pierpaolo Barbieri, « Il faut un budget pour la zone euro », Le Monde, 26 septembre 2017, p. .21.

    9 Éditorial, L’Europe rêvée d’Emmanuel Macron, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 24.
    
10 Guillaume Berlat, Jupiter fait le point, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 septembre 2017.

    11 Guillaume Berlat, Zeus a rendez-vous avec Hermès : vers une diplomatie de la transformation ?, www.prochetmoyen-orient.ch , 4 septembre 2017.

    12 Bastien Bonnefous/Solenn de Royer, Macron un président très spirituel, Le Monde, 24-25 septembre 2017, p. 8.

    13 Kemal Dervis, Une refonte de l’aide au développement pour réguler les flux de migrants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    14 Stéphane Foucart, Glyphosate : la France en pleine cacophonie, Le Monde, 27 septembre 2017, p. 7.

    15 Collectif, L’Europe mérite mieux qu’un mini-compromis, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    16 Service international, Planète et société, Défense, écologie, éducation… les gagnants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 10.

    17 Martine Orange, Alstom-Siemens, un nouveau bradage industriel, www.mediapart.fr , 27 septembre 2017.

    18 Cécile Ducourtieux, L’accueil poli des Européens aux idées de Macron, Le Monde, 30 septembre 2017, p. 6. 

    19 Jean-Pierre Robin, Le « macronisme », du bricolage fait de bric et de broc, et fier de l’être, www.lefigaro.fr , 24 septembre 2017.

    20 Allemagne : Macron a la « trouille », Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 2.

    21 Cécile Ducourtieux/Solenn de Royer, Macron détaille sa vision de l’Europe en ménageant Merkel, le Monde, 28 septembre 2017, p. 3.

    22 Byung-Chul Han, La société de transparence, PUF, 2017, p. 76.

    23 Martine Orange, « Le couple franco-allemand est un leurre », www.mediapart.fr , 26 septembre 2017.

    24 Jack Dion, La folle complainte des eurolâtres, Marianne, 22-28 septembre 2017, pp. 50-51.

    Articles repris par Les Crises https://www.les-crises.fr/jupiter-se-mue-en-atlas-par-guillaume-berlat
    #macron #discours #pensée #communication #médias #hypercommunication #union_européenne

    • Bonjour @alain1 Alain

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      Amicalement,
      André

  • « Le brouillage entre le #public et le privé met en jeu le bon fonctionnement de la démocratie »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020717/le-brouillage-entre-le-public-et-le-prive-met-en-jeu-le-bon-fonctionnement

    Sous la pression des théories néolibérales et du #droit européen, l’État s’est transformé en régulateur des intérêts #privés. Antoine Vauchez et Pierre #France décrivent, dans leur livre Sphère public, intérêts privés, « un nouveau système collusif » entre le public et le privé, où les hommes politiques et les hauts fonctionnaires, devenus avocats d’affaires, tiennent une place centrale. Entretien avec Antoine Vauchez.

    #Economie #avocat_d'affaires #Conseil_d'état #Etat #Fonction_Publique #pantouflage #Partenariat_public-privé

    • Antoine Vauchez : Jusqu’au milieu des années 1980, nous avons connu une forme de pantouflage des grands corps qui était liée au système de l’économie mixte « à la française ». La circulation vers les entreprises stratégiques et les grandes banques s’inscrivait dans le prolongement du puissant secteur public économique et de l’idée d’une forte prééminence de l’État.

      Sous l’effet du tournant néolibéral qui touche tous les pays européens à partir des années 1980, et notamment de la montée en puissance d’un droit européen de la concurrence, un nouveau rôle de l’État a émergé ; ce n’est plus l’État « ordonnateur » du système d’économie mixte, mais l’État qu’on dira « régulateur », car sa mission économique principale est de faire fonctionner les marchés privés, d’éviter les « défaillances du marché » et d’assurer la concurrence libre et non faussée.

      Ce nouveau rôle s’est accompagné d’un éclatement du « public » en une multiplicité de « régulateurs ». En plus de l’échelon européen, on assiste en France à la création de multiples autorités de régulation, comme l’Autorité de la concurrence, l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Elles sont chargées, justement, de gouverner les marchés, notamment les marchés sensibles (santé, banques, assurances) ou stratégiques (télécoms, transports). C’est un État dans l’État qui se développe ainsi, qui est à la fois indépendant du gouvernement et dégagé des contraintes statutaires de la fonction publique.

      Pour suivre les effets politiques de cette « nouvelle donne » des rapports entre État et marché, nous avons décidé de suivre le « droit public des affaires » qui est construit dans les agences, dans les cours et dans les ministères. L’écriture de ce droit est devenu un enjeu crucial pour les acteurs du marché. Les grandes batailles économiques se jouent en effet aujourd’hui autour de la capacité des grandes entreprises à orienter à leur profit ces multiples règles publiques qui définissent les marchés.

      Cette transformation a fait naître une nouvelle forme de pantouflage qui suit de près cette nouvelle chaîne de la régulation. Cela va des hauts fonctionnaires d’état-major (Élysée, Matignon) aux agents publics sectoriels (fiscalité, concurrence, etc.), en passant par des responsables politiques, des membres des agences ou des cabinets ministériels : ils rejoignent notamment les métiers du conseil et les grands cabinets de droit des affaires, qui ont suivi de près cette mue néolibérale de l’État en créant en leur sein des départements spécialisés en concurrence, droit fiscal, droit des contrats de partenariat public-privé, droit de la régulation, etc.

      Les métiers que ces transfuges exercent sont moins des métiers « du privé », comme on le dit souvent, que des métiers « para-publics » qui s’exercent tout contre l’État. Il s’agit d’accompagner les clients dans les méandres de la sphère publique en proposant une expertise de ce droit public-privé, un lobbying administratif et politique, une représentation devant les agences de régulation, mais aussi des recours judiciaires multiples comme la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devant le Conseil constitutionnel, devenue un nouveau terrain de bataille pour les grandes entreprises.

      Au final, le tournant néolibéral, qui avait comme objectif revendiqué de clarifier les rôles entre l’État et le marché, a conduit au contraire à opacifier, à brouiller les lignes. Et chacune des lois qui ont libéralisé, « agencifié », dérégulé, a contribué à élargir cette zone grise.

      Vous parlez dans votre livre d’une élite de l’élite. Comment la définir ?

      Dans notre étude, nous avons recensé 217 transfuges qui, après avoir été à un moment dans la haute fonction publique ou dans des fonctions politiques, se retrouvent inscrits au barreau de Paris ou au barreau de Nanterre, les principaux barreaux pour le droit des affaires en France. Mais ce chiffre sous-estime très probablement le phénomène. Car nous n’avons pas pu avoir accès à l’intégralité des données.

      Pour résumer, cette élite de l’élite, ce sont, dans une majorité écrasante, des hommes – ce qui confirme que la circulation public-privé tient du nouveau plafond de verre. La plupart ont fait Sciences Po, sont pour la moitié d’entre eux issus de l’ENA et sont passés dans la même proportion par les cabinets ministériels. Ce groupe des transfuges était au départ surtout composé de fonctionnaires du secteur des impôts et de la concurrence, mais il s’est rapidement élargi au-delà, touchant bientôt les grands commis de l’État. L’un de ceux qui ont ouvert la voie, c’est Jean-Pierre Jouyet, qui a été à l’inspection des finances, puis au cabinet de Jacques Delors à la Commission européenne, avant de devenir en 1995 avocat d’affaires et de poursuivre la longue carrière au sommet de l’État qu’on connaît, notamment à la tête de l’AMF. Mais on pourrait aussi citer le cas d’un Hubert Védrine qui, de secrétaire général de l’Élysée, s’est installé dans les locaux du cabinet Gide. À partir de ce moment-là, le mouvement s’est accéléré et s’est développé du côté des élus et des anciens ministres, créant de nouvelles positions d’attente ou de reconversion dans les carrières politiques.

      Cela est passé assez inaperçu, mais toute une nébuleuse d’enceintes, salons des partenariats public-privé, ateliers de la concurrence, entretiens du droit public économique et autres clubs et think tanks a accompagné ce mouvement, en se donnant pour raison d’être, justement, de renforcer les échanges entre le public et le privé. Cette nébuleuse, très active, forme un véritable sas où se développe une sociabilité « public-privé », où s’acquiert une forme d’ethos « public-privé » et où se construisent des opportunités de reconversion.

      Vous insistez beaucoup sur le rôle du Conseil d’État dans cette mutation. En quoi cette institution a-t-elle été déterminante ?

      Le Conseil d’État est une institution très discrète, qui reste peu étudiée. Elle a pourtant une position charnière au sommet de l’État et c’est aujourd’hui un des lieux essentiels où se définit ce droit public des affaires. Pour le comprendre, il faut revenir aux années 1980, quand le Conseil d’État s’est trouvé menacé par toute la critique sur l’obsolescence d’un droit administratif vu comme un frein à la modernisation de l’État. Il s’est aussi retrouvé contesté dans son rôle par l’émergence d’un droit européen de la concurrence qui n’accordait aucune place (ou presque) aux notions cardinales de « service public » et « d’entreprise publique ». Ce risque de marginalisation l’a conduit à un repositionnement au sein de l’État comme dans le monde du droit. Le Conseil d’État a importé de façon progressive les théories de la concurrence, notamment le principe d’indifférence entre le public et le privé, au cœur même du droit administratif, redéfinissant au passage les contours de la notion d’intérêt général. Il s’est aussi imposé comme un des acteurs clés du développement des autorités de régulation. Et ses membres ont trouvé dans les cabinets d’avocats d’affaires de nouveaux débouchés compensant ceux perdus sous l’effet du rétrécissement du périmètre de l’État. Au final, les membres du Conseil d’État circulent aujourd’hui à tous les points sensibles de cet État régulateur, comme juges administratifs bien sûr, mais aussi comme membres des autorités de régulation, directeurs juridiques des ministères, dirigeants des départements « Public » des grandes firmes de droit, quitte à revenir au Conseil d’État par la suite. Ce faisant, le Conseil d’État s’est placé au cœur des nouvelles relations entre l’État et le marché.

      Dans les témoignages que vous citez, tous ces transfuges disent « continuer à servir l’intérêt général mais par d’autres moyens ». Est-ce une posture, selon vous ? Ou sont-ils vraiment persuadés de ce qu’ils disent ?

      Ce qui frappe, c’est que ces « transfuges » ne pensent pas leur passage comme un changement d’état, ni comme une rupture. Ils se voient en quelque sorte en incarnations de la troisième voie : celle d’un privé qui permet à l’État de réaliser mieux ses missions, celle d’auxiliaires du service public. L’État, avec lequel ils continuent d’entretenir un rapport singulier, les encourage d’ailleurs dans cette direction. Quand il s’agit d’avoir l’avis d’un expert, d’entendre la voix du « privé » dans l’écriture d’un projet de règlement ou de loi, c’est vers ces ex-pairs hauts fonctionnaires qu’on se tourne fréquemment. La solidarité des grands corps joue ici bien sûr, au risque d’oublier que les uns et les autres ne servent plus les mêmes intérêts. Dans ces circulations et ces échanges, c’est en fait la capacité de distinguer le public du privé qui s’estompe progressivement.

      Quel contrôle peut exercer le Parlement quand la loi s’écrit en dehors de son enceinte, dans des négociations entre le public et le privé ?

      L’article 20 de la Constitution nous dit que le « gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » et qu’il est « responsable devant le Parlement ». Mais dans les faits, ni l’un ni l’autre ne sont aujourd’hui en capacité de remplir cette mission. Le développement d’autorités de régulation indépendantes prive le gouvernement d’une part de sa capacité à « conduire l’action publique » justement. Le Parlement, pour sa part, a très peu de prise sur les politiques et les réseaux d’influence qui se développent autour de ces agences. Or, la chose n’est pas négligeable, vu l’importance des décisions qui y sont prises, mais aussi vu les relations privilégiées, voire symbiotiques qui s’y nouent, entre régulateurs et régulés. Ce faisant, la définition de l’intérêt public finit progressivement par échapper au circuit de la politique représentative. Un « trou noir » du pouvoir qui est renforcé par les responsabilités « publiques » croissantes assumées par les professionnels du conseil, cabinets d’avocats en tête.

      Lutter contre les conflits d’intérêts pour rétablir une meilleure séparation entre le public et le privé est insuffisant, selon vous. Pourquoi ?

      La notion de conflit d’intérêts est devenue la notion clé des réformes visant à « moraliser la vie publique ». Elle est certainement utile pour saisir en droit des situations individuelles où une décision publique a été influencée par un intérêt privé. Mais cela reste une vision étroite d’un problème qui a une portée systémique et politique. Ce qui est en jeu dans le brouillage de la frontière public-privé, c’est plus généralement la capacité de l’État à jouer efficacement son rôle dans le contrôle et la surveillance des marchés ; c’est aussi sa capacité à prendre en compte, dans la définition de l’intérêt public, non pas seulement les « régulés », mais encore une diversité d’intérêts et de causes économiques, sociaux, environnementaux, souvent évincés des lieux de la régulation ; c’est la perte de spécificité du « public » comme espace autonome soumis à des règles d’un autre ordre (délibération démocratique, contrôle politique). C’est en cela que le brouillage de la frontière public-privé met en jeu le bon fonctionnement de la démocratie.

  • Qui est Nicolas Berggruen, le milliardaire « philanthrope » qui a financé Sylvie Goulard ? Investigaction - Laurent Daure - 29 Jun 2017

    Prise dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, Sylvie Goulard a quitté le gouvernement Macron. L’éphémère ministre des Armées a dit vouloir être en mesure de « démontrer librement sa bonne foi ». Et voilà que le Journal du Dimanche dévoile que l’ancienne eurodéputée a été rémunérée à hauteur de 10.000 euros par mois par l’Institut Berggruen. Ruptures s’est penché sur le profil de Nicolas Berggruen, l’homme à la tête du think tank particulièrement généreux à l’égard de Sylvie Goulard. (IGA)


    L’information était disponible depuis 2014, mais Le Journal du dimanche l’a actualisée et mise sur le devant de la scène le 25 juin dernier : Sylvie Goulard a reçu de l’Institut Berggruen plus de 10 000 euros par mois d’octobre 2013 à janvier 2016, période au cours de laquelle elle était députée européenne (voir notre article). Dans la rubrique « Mon parcours » de son site personnel, l’éphémère ministre des Armées présente ainsi son activité au service du  think tank américain : « Conseillère spéciale du Council for the Future of Europe  [Conseil pour l’avenir de l’Europe] », un groupe de réflexion qui dépend du  « Nicolas Berggruen Institute for Governance  [Institut pour la gouvernance] ».

    Sylvie Goulard précise ensuite qu’il s’agit d’une  « association à but non lucratif visant à promouvoir une meilleure gouvernance mondiale et européenne. »  Elle ajoute que le Conseil pour l’avenir de l’Europe  « est présidé par Mario Monti »  et qu’il  « comporte des personnalités de sensibilités politiques diverses telles que, notamment, Jacques Delors, Guy Verhofstadt, Pascal Lamy, Romano Prodi ou Jean Pisani-Ferry. »  On imagine les débats enflammés entre ces anticonformistes que tout oppose…

    Un milliardaire « philanthrope » de plus
    Basé en Californie, l’Institut Berggruen a été fondé en 2010 par le milliardaire américano-allemand – qui a grandi en France – Nicolas Berggruen, fils du richissime collectionneur et marchand d’art Heinz Berggruen (décédé en 2007). Le magazine  Forbes  évalue la fortune personnelle du  golden boy  à 1,81 milliard de dollars. Mais, à 55 ans, cet ancien jet-setter est quelque peu blasé, il a l’argent triste et veut désormais être reconnu en tant qu’intellectuel.

    Nicolas Berggruen aspire même à une vie d’ascète :  « Je ne suis pas si attaché aux biens matériels […]. Je possède très peu de choses. […] quelques papiers, deux ou trois livres et quelques chemises, vestes et pulls », déclare-t-il en 2012 au Daily Mirror. La preuve de son détachement des biens de ce monde : il a longtemps vécu « sans domicile fixe », c’est-à-dire dans des hôtels cinq étoiles, ce qui fascine les médias. Le Figaro est tombé sous le charme de ce bourlingueur de luxe qui  « sillonne le monde dans son jet privé Gulfstream IV. Ce nomade richissime peut ainsi résider dans 14 villes différentes en un mois. »  Sans doute en phosphorant durant les vols sur les moyens de réduire l’empreinte carbone des gueux.

    Financier à la réputation d’excentrique se piquant de « philanthropie » et d’ « idées », Nicolas Berggruen reste avant tout un homme d’affaires. Avec sa holding personnelle, qui fait des investissements immobiliers et financiers dans le monde entier, il est l’actionnaire majoritaire du premier groupe de médias espagnol Prisa (qui possède notamment le quotidien  El País ). Ce géant des médias présent dans 23 pays détient 15 % du groupe Le Monde. D’après Mediapart, M. Berggruen  « siège au conseil d’administration du Monde » . On peine à comprendre la discrétion du « journal de référence » sur un si prestigieux compagnonnage.

    L’amicale de la « mondialisation heureuse »
    Quand  L’Obs  – alors encore  Le Nouvel Observateur  – publie un portrait du  « loup de Wall Street repenti en berger philanthrope », qui est sollicité pour faire l’éloge du  « milliardaire qui voulait sauver le monde » ?… L’indispensable Alain Minc bien sûr ! Le chantre de la « mondialisation heureuse » semble parler de lui-même lorsqu’il plaide en faveur de Nicolas Berggruen :  « Un businessman arpentant le domaine des concepts ne fait-il pas œuvre plus utile qu’un intellectuel se lançant dans les affaires ? »  Pur hasard : Alain Minc est lui aussi membre du Conseil pour l’avenir de l’Europe, ainsi que du 21st Century Council (Conseil du XXIe siècle), un autre groupe de réflexion issu de l’Institut Berggruen, dont la description et la composition valent le détour.

    Ancien président du conseil de surveillance du  Monde, il se trouve qu’Alain Minc a représenté Prisa et… Nicolas Berggruen lorsque le groupe espagnol voulait racheter le quotidien vespéral en 2010, une offre concurrente de celle portée par le trio finalement victorieux Bergé-Niel-Pigasse (cf. le livre  Un si petit Monde  d’Odile Benyahia-Kouider, Fayard, 2011). Un banquier de chez Rothschild épaulait alors secrètement M. Minc dans cette opération tout en prétendant par ailleurs travailler gratis pour la Société des rédacteurs du  Monde . C’était Emmanuel Macron. Le futur président était même allé jusqu’à se cacher au dernier étage d’un immeuble pour éviter – en vain – que son double jeu ne soit découvert.

    Le portrait au cirage de Nicolas Berggruen brossé par  L’Obs  serait incomplet si l’irremplaçable Jacques Attali n’y avait pas apporté sa touche :  « C’est un garçon étrange, extrêmement gentil, extrêmement cultivé et extrêmement curieux, dans tous les sens du terme » . Et le grand mage médiatique surenchérit : « C’est un honnête homme au sens du XVIIIe siècle. Quelqu’un qui a décidé de mettre son argent au service de l’intérêt général. Je le crois sincère dans sa démarche. »  Même si elle a touché 300 000 euros d’émoluments, Sylvie Goulard devrait être décorée pour avoir servi un si précieux personnage.
    Le financier qui voulait être philosophe
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    Macron pour les Nuls

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    http://www.investigaction.net/fr/qui-est-nicolas-berggruen-le-milliardaire-philanthrope-qui-a-finance
    Ruptures : https://ruptures-presse.fr/actu/nicolas-berggruen-institut-milliardaire-philanthrope-sylvie-goulard

    #Sylvie_Goulard #Nicolas_Berggruen #MoDem #gouvernement_Macron #eurodéputée #Institut Berggruen #Prisa #El_País #Le_Monde #Alain_Minc #21st_Century_Council #Rothschild #Emmanuel_Macron #mécène #Huffington_Post #WorldPost #philanthrope #mondialisation #Europe_de_la_Défense

  • Ludivine Bantigny, historienne : « Faudrait-il un mémorial des vies brisées ? »
    http://www.liberation.fr/debats/2017/05/09/ludivine-bantigny-historienne-faudrait-il-un-memorial-des-vies-brisees_15

    Tout était déjà là : en 1985, Jacques Delors entonnait l’hymne de la « bataille économique joyeuse et sauvage » et « des réalités aussi souveraines et immuables que des étoiles dans la nuit » : la compétition, l’entreprise et le marché. François Hollande vantait le sacrifice d’emplois, les gains de productivité et le dynamisme des marchés financiers. Cette politique qu’il célébrait il y a trente ans, il l’aura menée jusqu’au bout durant son quinquennat : atteintes au code du travail et aux droits des chômeurs, amputation des dépenses publiques, crédit d’impôt et pacte de responsabilité, travail du dimanche et « en soirée » - l’euphémisme de la loi Macron -, libéralisation des professions réglementées qui a aujourd’hui un nom, l’"ubérisation". Et au milieu de ce cortège écrasant, la répression policière contre les manifestants.

    De telles « réformes » n’en sont pas : elles accroissent la précarité, creusent les inégalités et étendent la pauvreté. Elles frappent par la mise en concurrence, l’anxiété et parfois l’angoisse d’une compétition généralisée. Le mal qu’elles font porte des noms. Celui de Djamal Chaar, immolé par le feu devant un Pôle Emploi. Celui d’Edouard Postal, cheminot et syndicaliste harcelé par son employeur, qui s’est jeté sous un train. Celui de Rémi Fraisse, passionné d’écologie, à qui un gendarme a ôté la vie. Ceux de Lamine Dieng, Amine Bentounsi ou Adama Traoré. Faudrait-il un mémorial des vies brisées pour rappeler la responsabilité immense et l’indécence de gouvernements « #socialistes » que, de toutes leurs forces, les socialistes historiques combattraient - et qui de fait ont été combattus, par les grèves et dans la rue ? Il était donc là, « le changement » ?

  • Les aventures de Tina
    (There Is No Alternative)

    Il n’y a pas d’alternative
    (Margaret Tatcher)

    Il n’y a pas d’alternative au nucléaire
    (Valéry Giscard d’Estaing)

    Il n’y a pas d’alternative à la pause
    (Jacques Delors, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative au plan de rigueur
    (François Mitterand, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de la sidérurgie en France
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative à la déréglementation boursière
    (Jean-Charles Naouri)

    Il n’y a pas d’alternative à la mort de Pierre Desproges
    (Pierre Desproges)

    Il n’y a pas d’alternative à la dévaluation compétitive, c’est-à-dire à la stagnation des salaires
    (Pierre Bérégovoy)

    Il n’y a pas d’alternative aux privatisations
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative aux pesticides, aux insecticides, aux fongicides

    Il n’y a pas d’alternative à la privatisation de la régie Renault
    (Michel Rocard)

    Il n’y a pas d’alternative à la guerre du Golfe
    (Georges Bush)

    Il n’y a pas d’alternative à Maastricht
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative aux Restos du Coeur
    (Le Conseil d’État qui les reconnaît d’utilité publique)

    Il n’y a pas d’alternative à l’indépendance de la Banque de France
    (L’Europe)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les jeunes en dessous du Smic
    (Edouard Balladur)

    Il n’y a pas d’alternative à l’Euro

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de la fiscalité des stosk-options
    (Dominique Strauss-Kahn)

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de l’impôt sur les sociétés
    (Laurent Fabius)

    Il n’y a pas d’alternative à la montée de l’insécurité avant les campagnes présidentielles
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de l’entreprise Moulinex
    (Pierre Blayau, PDG de l’entreprise qui la quitte avec 2 millions d’euros de prime)

    Il n’y a pas d’alternative au projet de la Constitution Européenne
    (nos élites politiques et médiatiques)

    Il n’y a pas d’alternative à porter la période d’essai d’un contrat à durée indéterminée à deux ans pour les moins de 25 ans
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative au bouclier fiscal
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les footballeurs de l’équipe de France des ponts d’or
    (Raymond Domenech, qui ne s’oublie pas au passage)

    Il n’y a pas d’alternative à l’allongement de l’âge de la retraite
    (Nicolas Sarkozy)

    Il n’y a pas d’alternative à il n’y a pas d’alternative...

    Je suis allé partout dans le pays.
    Tous posent la même question :
    où allons-nous ?
    John Steinbeck, Les raisins de la colère.


    #TINA
    http://www.seuil.com/ouvrage/il-n-y-a-pas-d-alternative-gerard-mordillat/9782021051759

  • François Hollande, le Président qui faisait jouer la France en seconde division européenne alors qu’elle était encore en première | Atlantico.fr
    http://www.atlantico.fr/decryptage/francois-hollande-president-qui-faisait-jouer-france-en-seconde-division-e

    Atlantico : Dans une confidence passée inaperçue de l’ouvrage Un président ne devrait pas dire ça, François Hollande revient sur sa capacité à négocier, avec le concours de la Commission européenne, le passage de la France sous la barre des 3%. Son argumentaire repose essentiellement sur le fait que la France pèse dans l’Europe. Ainsi, les journalistes Gérard Davet Fabrice Lhomme rapportent les propos du président : "Ça c’est le privilège des grands pays, ce que beaucoup n’acceptent plus. Le privilège de la France, de dire « Eh bien oui, on est la France, on vous protège, on a quand même une armée, une force de dissuasion, une diplomatie...
     », ça compte. Ils (les Européens) le savent, ils ont quand même besoin de nous. Et donc ça, ça se paye. Il y a un prix, qui doit être acquitté, à la puissance politique, diplomatique, militaire". En quoi un tel constat peut-il être destructeur pour le chef de l’Etat ? François Hollande n’indique-t-il pas en creux qu’il a les moyens de faire peser, sur l’Europe, une véritable force de proposition européenne ? Avec ces mots, François Hollande ne trahit-il pas une volonté d’user de prérogatives extraordinaires à des fins tout à fait subalternes ?

    Alain Wallon : Pour l’avoir moi-même vécu de l’intérieur des institutions européennes, je peux vous dire que de tels propos, tenus non plus en privé mais publiquement, provoqueront de sérieux ravages et pour longtemps au détriment des positions françaises et de tous ceux, fonctionnaires français en poste à Bruxelles ou à Paris, qui tentent avec foi mais déjà avec difficulté de redresser l’image négative que la France a fini par acquérir auprès de leurs collègues des autres Etats membres et au sein de ces institutions. Que les effets de son franc-parler atteignent par ricochet François Hollande est moins grave pour lui-même, proche de sa fin de mandat, que pour la position et le poids de la France dans les négociations sur les grands dossiers actuels. La dégradation de l’image de notre pays auprès de nos partenaires de l’UE n’est, hélas, pas une situation nouvelle. L’élargissement de l’Union à de nouveaux Etats membres comme la Suède, la Finlande et l’Autriche dans les années 1990, puis à treize autres pays, Croatie incluse, dans les années 2000, avait rapidement à la fois modifié l’équilibre politique au sein du Conseil européen, mais aussi fortement relativisé la place et l’influence des pays fondateurs dans tous les compartiments de l’édifice institutionnel. La fonction publique européenne, qui s’était construite en grande partie sur le modèle administratif français, s’est vue remodelée très sensiblement, tant d’un point de vue linguistique et culturel qu’en termes de management, selon un modèle beaucoup plus anglo-saxon.

    Coordonnés d’une main sûre par le Foreign Office, les Britanniques ont été particulièrement offensifs en la matière, avec beaucoup d’habileté. Et les postes stratégiques, au niveau du Secrétariat général de la Commission, des directeurs généraux, des portefeuilles et des cabinets de commissaires ont vu la présence française s’amenuiser drastiquement. Bien entendu, l’une des causes de ces changements était, disons, mécanique : on ne peut espérer vivre à 28 comme à 6 ou même 12. Mais nos gouvernants – et cela remonte bien avant 2012 – ont donné l’impression que la France, qui n’était plus perçue comme celle de Jean Monnet ou de Jacques Delors, pouvait conserver un statut identique, couronnée d’éternels lauriers et partageant son sceptre avec la seule Allemagne… De là, s’est construite et répandue une image d’arrogance de la France, qui finit par former un préjugé assez systématique à l’encontre de nos représentants, quelle que soit ou ait pu être leur excellence, dans les différentes instances de confection des décisions, de leur adoption et de leur mise en œuvre. Et voilà que le Président français, au lieu de redonner aux pays partenaires des raisons de percevoir autrement la France en tant qu’acteur européen, brandit la pire des caricatures : tel un acteur de commedia dell’arte tombant le masque, le voilà soudain sous les traits d’un tacticien roué, « à qui on ne la fait pas, hein Angela ? », manœuvrant comme dans les coulisses d’un congrès du PS à la bonne vieille époque de la synthèse inter-courants, agitant sous le nez de la Commission et des Etats trop obsédés par les règles budgétaires la menace de laisser l’Europe sans défense. On croit cauchemarder !

    Franchement, je ne pense pas que le message en creux, si tant est qu’il y en ait un et qu’il soit constructif pour l’Europe à construire, ait la moindre chance de convaincre. On y verra plutôt un Président français en fin de course qui prend ses désirs pour des réalités, bombant le torse pour faire oublier son inaction et son absence de propositions fortes, susceptibles d’être l’objet d’un vrai débat, puis d’un consensus suffisant pour relancer l’Europe à un moment crucial de son existence. Or, c’est l’inverse qui a lieu car François Hollande se met à dos tout le monde : la Commission européenne en laissant entendre qu’il la laisse gentiment « pisser dans un violon » en se jouant de ses menaces de sanction ; l’Allemagne, Angela Merkel et son intraitable ministre des Finances Wofgang Schaüble, en ridiculisant leurs pressions pour faire rentrer le déficit budgétaire français dans les clous ; et aussi tous les Etats membres qui, parfois avec d’énormes difficultés politiques, économiques et sociales, n’ont pas le luxe de disposer des moyens militaires de faire du chantage diplomatique au moment de rendre des comptes. Carton plein…

    Mathieu Mucherie : On se place sans jamais vraiment le contester dans le cadre de Maastricht. Les 3% de déficits ont été inventés sur un coin de table (pas Ikea) par Francisque Mitterrand (l’inventeur de l’euro et du FN). Ils ne signifient strictement rien économiquement : on peut faire 3% de « bons » déficits si on est en crise ou si on investit pour l’avenir, et 1% de très mauvais déficits si on est en haut de cycle et qu’il s’agit surtout d’une dérive des charges courantes. Ils ne signifient strictement rien financièrement, d’autant que les taux ne sont plus à 5% mais très proches de 0%. Le simple fait de respecter (ou plus exactement, dans le cas français : de faire semblant de respecter) une règle aussi infondée, voilà qui est déjà révélateur, en matière de démission intellectuelle et politique. En bonne logique économico-fiscale, soit on ne norme rien (on fait confiance au marché et/ou à la banque centrale pour discipliner les émetteurs de dettes), soit on norme le stock de dettes, en termes réels et structurels (depuis Maastricht, on a normé le solde, en nominal et sans tenir compte du cycle). L’idéal aurait été de normer la dépense publique au sens large, mais à gauche personne ne voulait (les mêmes qui nous causent d’harmonisation fiscale européenne…). Bref. On ne pouvait probablement pas demander à un rejeton de Delors et de Mitterrand d’imaginer un cadre comptable plus convenable, puis de l’imposer aux Allemands, surtout au vu des comptes publics marécageux de la France (merci Chirac, merci plein de gens) et de la prolongation de la crise de 2008. Mais du coup, on commence ce débat en position de quémandeur, déjà c’est mal parti.

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  • L’Europe selon Juncker : l’Union des forces & des énergies
    http://www.taurillon.org/l-europe-selon-juncker-l-union-des-forces-des-energies

    Jean-Claude Juncker s’est exprimé à l’occasion de deux conférences, l’une organisée par le Barreau de Paris, l’autre à l’invitation de l’institut Jacques Delors qui fête ses 20 ans d’existence. Délaissant le discours rédigé par sa « plume », Juncker s’est exprimé avec clarté sur les objectifs de la gouvernance européenne. « L’Europe peut-elle tout maîtriser ? Non évidemment. Mais l’Europe peut maîtriser des enjeux que les États membres isolés ne peuvent parvenir à résoudre », tels furent les mots d’ouverture d’un (...)

    Actualités

    / #France, #Commission_européenne, #Politique

  • « L’#euro n’est pas viable à long terme », selon l’Institut Jacques Delors
    http://geopolis.francetvinfo.fr/l-euro-n-est-pas-viable-a-long-terme-selon-l-institut-jacques-

    « Dans sa forme actuelle, l’Union économique et monétaire (UEM) n’est pas viable à long terme »… Le propos n’est pas de Marine Le Pen ou du prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz, qui publie un livre à charge contre l’euro, mais vient d’une étude signée par le très pro-européen Institut Jacques Delors. Décidément, l’euro et l’#UE ne sont pas en forme. Précisions.

  • L’accord entre l’Europe et la Turquie : un signal positif ou un jeu de dupe ?

    Dans l’hebdomadaire de centre-gauche L’Obs, le président et le directeur de l’Institut Jacques Delors, António Vitorino et Yves Bertoncini, soulignent l’importance d’une lutte efficace contre les passeurs pour la réussite de l’accord avec la Turquie :

    « Le sommet européen du 7 mars a demandé à Donald Tusk de finaliser le projet d’accord dans le respect du droit européen et international, ce qui ne sera pas forcément aisé. ... Si tel était le cas, on pourrait sans doute se féliciter d’avoir enfin soustrait les réfugiés à l’emprise des réseaux de #passeurs en les prenant directement en charge en Syrie afin d’organiser leur voyage vers l’Europe. Mais cela supposera que ces ’réinstallations’ aient effectivement lieu, et de manière rapide, sauf à priver l’accord de sa portée humanitaire. ... Et cela impliquera aussi que ces réseaux de passeurs soient effectivement démantelés et empêchés de se redéployer dans d’autres pays. Si ces deux conditions ne sont pas réunies, l’accord UE-Turquie sera un ’jeu de dupes’. »

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1496388-l-accord-entre-l-europe-et-la-turquie-un-signal-positif-ou

    #Turquie #asile #migrations #réfugiés #UE #Europe #externalisation #push-back #refoulement #politique_migratoire

    • Traduction par Eurotopics :

      L’accord UE-Turquie est contraire à la Convention de Genève sur les réfugiés, mais aussi à la Convention européenne des droits de l’homme, critique le portail libéral T24 :

      « Ces deux conventions proscrivent formellement l’expulsion de groupes entiers de population, quel que puisse être le niveau de sécurité que leur garantit le pays vers lequel ils sont refoulés. Ce qui est navrant dans ces négociations, c’est que des vies humaines sont en jeu, et surtout la vie de personnes qui fuient les guerres. Il faut également discuter de la réponse que la Turquie a donnée à la proposition immorale faite par l’UE. »

      AB’nin ahlaksız teklifiyle son pazarlık
      http://t24.com.tr/yazarlar/fulya-cansen/abnin-ahlaksiz-teklifine-ahlaksiz-yanitta-son-pazarlik,14125

    • Seminar video: Making sense of the EU-Turkey deal: law, politics and practicalities

      On 7 March 2016, EU leaders announced a new agreement with Turkey, stating that ‘bold moves were needed to close down people smuggling routes, to break the business model of the smugglers, to protect our external borders and to end the migration crisis in Europe. We need to break the link between getting in a boat and getting settlement in Europe.’ While the details of the agreement and its implementation remain to be seen, this seminar brings together experts to examine its legality under both international and EU law, its likely efficacy and its political impact.

      http://www.rsc.ox.ac.uk/news/seminar-video-making-sense-of-the-eu-turkey-deal-law-politics-and-practica

    • Les Vingt-huit expulsent le droit d’asile

      Derrière les grandes proclamations sur le respect des droits de l’homme, du droit international et du droit européen, la réalité est brutale : les vingt-huit États européens vont bel et bien enterrer le droit d’asile accusé d’attirer des centaines de milliers de réfugiés. Le plan germano-turc, présenté lors du sommet européen du 7 mars, et qui prévoit le renvoi quasi-automatique de tous les migrants, économique ou demandeur d’asile, vers la Turquie, a été adopté aujourd’hui par les chefs d’État et de gouvernement, une nouvelle fois réunis à Bruxelles.


      http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2016/03/18/abandon-du-droit-dasile-mode-demploi

    • Uno scambio miserabile

      Sull’accordo di ieri tra Consiglio d’Europa e Turchia bisogna reprimere un senso opprimente di vergogna. I 28 statisti che governano questo continente di 506 milioni di abitanti hanno negoziato con Davutoglu (cioè con il suo padrone Erdogan) il seguente accordo: l’Europa accetterà 72.000 profughi e ne rimanderà altrettanti dalla Grecia in Turchia. In cambio Ankara ottiene per il momento 3 milioni di Euro per progetti sui migranti (i termini qui sono vaghi per occultare le promesse europee di altro denaro), l’avvio della procedura di ammissione della Turchia alla Ue e una facilitazione, anch’essa vaga, dei visti d’ingresso dei cittadini turchi in Europa.

      http://ilmanifesto.info/uno-scambio-miserabile

    • EU-Turkey Summit on the refugee crisis - Law and (dis)order?

      “Deal done!” This is the main outcome and message of the Summit between the 28 EU leaders and Turkish Prime Minister Ahmet Davutoğlu. After many meetings and long hours of discussion between 6/7 and 18 March, both parties agreed on a series of “action points” to manage the flow of people coming to Europe from Turkey. Faced with an unprecedented crisis and forced to send signals to public opinions back home, EU leaders had one objective in mind: getting the number of migrants arriving in the EU down to bring back order within the framework of EU rules. A closer look at the Summit Conclusions and the EU-Turkey statement leaves a bitter taste, as the final result of this negotiation creates more problems than it solves.

      http://www.epc.eu/pub_details.php?cat_id=4&pub_id=6418

    • Réfugiés : l’Europe veut bétonner l’accord avec la Turquie

      Les négociateurs bruxellois se démènent pour rendre légal l’accord avec la Turquie sur les réfugiés. Même si nombre d’ONG et d’élus, jusqu’aux Nations unies, continuent de douter de sa conformité avec le droit international. Inventaire des points litigieux d’un texte qui pourrait être finalisé dans la douleur, vendredi à Bruxelles.

      Cela fait un certain temps que les Européens sont passés maîtres dans la construction d’usines à gaz juridiques. Il suffit de se souvenir de certains arrangements ultra-techniques avec les traités, au plus fort de la crise de la zone euro. L’affaire est en train de prendre des proportions inédites avec l’accord en chantier avec la Turquie, censé, selon l’expression officielle, « tarir le flux » des réfugiés rejoignant les îles grecques.

      Ce texte très controversé instaure le principe du « un pour un » : Ankara s’engage à reprendre l’ensemble des migrants clandestins arrivant sur les îles grecques (qu’ils soient migrants économiques ou réfugiés politiques, Syriens ou non), tandis que l’UE, elle, consent à « réinstaller » sur son sol, pour chaque réfugié syrien « retourné » de Grèce vers la Turquie, un réfugié syrien présent dans un camp turc (via des « couloirs humanitaires »). Pour ses partisans, l’accord doit permettre de « mettre en échec définitivement le modèle économique des passeurs », puisqu’il reviendrait à rendre inutile la traversée de la Mer Egée.

      Signe qui ne trompe pas, beaucoup de négociateurs bruxellois restent sceptiques sur l’avenir de ce texte, qui pourrait être finalisé lors d’une nouvelle réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, en fin de semaine dans la capitale belge. « Je ne vous cache pas du tout que l’approche que nous proposons est extrêmement compliquée, mais je ne vois pas d’autres approches qui permettraient de dire que la situation humanitaire est acceptable », a résumé mercredi le Néerlandais Frans Timmermans, numéro deux de la Commission européenne, bousculé par des journaliste sceptiques. « C’est encore difficile. Il y a plusieurs points encore incertains, sur le plan juridique comme sur le plan pratique », grimaçait le même jour un diplomate de premier plan.

      • 1 - Pas d’« expulsions collectives » ?
      A l’issue du sommet UE-Turquie du 7 mars (lire notre compte-rendu), des ONG, certaines capitales comme Madrid, ou encore les Nations unies, ont mis en doute la légalité du texte. La Charte des droits fondamentaux de l’UE précise ainsi que « les expulsions collectives sont interdites » (article 19) et garantit le droit d’asile tel que la Convention de Genève l’établit (article 18). Depuis lundi, les responsables bruxellois ont trouvé la parade : ils martèlent que l’approche sera individuelle et personnalisée. Du cas par cas, promettent-ils. « Il n’est pas question de faire du refoulement massif : ce serait à la fois illégal et politiquement insoutenable. Il ne peut s’agir que de traitements individuels », affirme un diplomate, qui préfère, au concept d’« expulsions collectives », celui de « réadmission d’individus ».

      Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne, à l’issue du sommet UE-Turquie le 7 mars 2016 à Bruxelles. ©CE.
      Une fois sur les îles grecques, les migrants qui le souhaitent pourront déposer une demande d’asile (pour le moment, dans la grande majorité des cas, ils ne le font pas, espérant rejoindre d’autres pays en Europe). Cette demande sera instruite sur place. S’ils sont déboutés, ils pourront alors déposer un recours et être entendus par un juge. Si le pré-accord avec Ankara finit par entrer en vigueur, la plupart de ces demandes seront jugées « irrecevables ». En clair, on leur expliquera qu’ils se sont trompés de guichet, et qu’il faut retourner en Turquie. « Je reconnais que la différence entre l’irrecevabilité et le caractère infondé de la demande est subtil, mais elle existe en droit », commente un négociateur.

      A ce stade, parmi les nombreuses questions techniques qu’il reste à régler, il y a celle de savoir si les recours déposés en Grèce seront suspensifs ou pas. Les réfugiés syriens demandeurs d’asile en Grèce pourront-ils attendre sur place, le temps de l’examen de leur recours (d’autant que ces délais peuvent être très longs, surtout si un recours est déposé devant la Cour de justice de l’UE…) ? Nombre des négociateurs laissaient entendre mercredi que ce recours ne serait pas suspensif : il serait donc possible de renvoyer les réfugiés syriens en Turquie, même si ceux-ci déposent un recours sur le sol grec.

      • 2 - La Turquie, un « pays tiers sûr » ?
      C’est un autre point très dur de la discussion. Dès le 7 mars au soir, Jean-Claude Juncker, le patron de la commission, avait assuré que cet accord pouvait être conforme au droit communautaire. Il s’était appuyé sur les articles 33 et 38 de la directive sur la procédure d’asile de 2013. D’après ce texte, un Etat de l’UE (au hasard : la Grèce) peut estimer qu’une demande de protection internationale est « irrecevable » lorsqu’« un pays qui n’est pas un Etat membre est considéré comme un pays tiers sûr pour le demandeur ». L’article 38, lui, précise ce qu’on entend ici par un « pays tiers sûr ». Parmi les conditions, il doit exister dans ce pays (au hasard : la Turquie) « la possibilité de solliciter la reconnaissance du statut de réfugié et, si ce statut est accordé, de bénéficier d’une protection conformément à la convention de Genève ».

      Le problème, c’est que la Turquie a bien ratifié la convention de Genève, mais avec une « limitation géographique ». En clair, elle n’applique le statut de « réfugié » qu’aux ressortissants de pays membres du Conseil de l’Europe. Les Syriens, depuis 2014, ont droit, eux, à un statut de « protection temporaire », qui n’est pas identique (ils sont censés être enregistrés sous ce statut lorsqu’ils passent par un camp turc). Quant aux réfugiés irakiens ou afghans, rien n’est prévu. Sur ce point, les négociateurs bruxellois rappellent qu’il revient à la Grèce (et pas à l’UE) de décider si elle considère la Turquie comme un « pays tiers sûr » au sens de l’article 38. Ils s’en sortent aussi par ce qui peut ressembler à une belle pirouette : il n’est pas nécessaire pour Ankara, jugent-ils, de ratifier la convention de Genève sans « limitation géographique », mais tout simplement de garantir des conditions d’accueil « conformes » au droit de Genève pour d’autres réfugiés sur son sol.

      • 3 - Une mesure « temporaire et exceptionnelle » pour un maximum de 72 000 Syriens
      Là encore, l’élément de langage tourne en boucle depuis lundi : il n’est pas question de faire du « un pour un » pendant des années. Le dispositif doit être « temporaire », le temps de dissuader les passeurs. « Des semaines, quelques mois, pas plus », dit un négociateur. La précision fera plaisir à certains dirigeants qui, à l’issue du sommet UE-Turquie de la semaine dernière, s’étaient inquiétés des volumes de réfugiés qu’il faudrait « réinstaller » en Europe. Eux imaginaient déjà des millions de réfugiés syriens à accueillir dans les mois à venir, si ce nouveau mécanisme se met à fonctionner à plein régime...

      Les négociateurs bruxellois travaillent sur des chiffres beaucoup plus restreints. L’une de leurs astuces est de s’être appuyés sur les engagements qu’avaient pris les Etats membres l’an dernier, en matière d’accueil des réfugiés. En juillet 2015, les 28 avaient accepté de « réinstaller » 22 000 réfugiés syriens logés dans des camps au Liban, en Jordanie et en Turquie. Jusqu’à présent, environ 4 000 personnes ont bénéficié du mécanisme - ce qui laisse 18 000 places vacantes.
      Même calcul pour le plan de « relocalisation » de 160 000 migrants, adopté à l’automne 2015. Ce dispositif prévoit de redéployer, en fonction de quotas au sein des 28, les réfugiés déjà présents sur le sol de l’UE (en Grèce, en Italie ou en Hongrie). Or, la Hongrie n’a jamais joué le jeu de cette « relocalisation » et il restera donc au moins 54 000 places à pourvoir à la fin du programme. D’où le total de 72 000 « réinstallations » possibles, depuis la Turquie, dans les semaines à venir, pour tester le programme du « 1 pour 1 ». Dans l’entourage de Donald Tusk, le président polonais du conseil européen, la ligne est très claire : il n’est pas question d’aller au-delà de ces ordres de grandeur.

      A titre de comparaison, on estime qu’environ 43 000 réfugiés sont d’ores et déjà bloqués en Grèce, après la « fermeture » de la frontière avec la Macédoine (ceux-là ne seront pas concernés par le nouveau plan, qui n’est pas rétroactif). Quelque 800 à 1 000 migrants –dont une majorité de Syriens– débarquent chaque jour sur les îles grecques. Le calcul des responsables européens, c’est donc de tester ce dispositif du « un pour un » sur quelques semaines (une semaine équivaudrait en théorie à une réinstallation d’un peu moins de 7 000 réfugiés syriens). « Si dans trois ou quatre semaines, les niveaux de passage restent stables, cela voudra dire que le dispositif n’est pas dissuasif, que c’est un échec, et qu’il faudra donc trouver une autre solution », résume un diplomate européen.

      • 4 - Une décision discriminatoire ?
      Autre difficulté juridique du dispositif encore en chantier : il revient à faire le tri entre réfugiés syriens, irakiens et afghans. Si la Turquie s’engage à reprendre la totalité des migrants « irréguliers », le dispositif des réinstallations vers l’UE, lui, ne concerne que les Syriens. N’y aurait-il pas là une forme de discrimination difficile à défendre, entre plusieurs catégories de réfugiés politiques ? Sur ce point, un diplomate de premier plan répond : « C’est une question que l’on s’est posée. La conclusion, c’est qu’il y aurait discrimination si les réinstallations en Europe étaient obligatoires, au regard du droit international. Mais ce n’est pas le cas. C’est quelque chose que nous lançons de manière complémentaire. Donc il n’y a pas de discrimination ».

      • 5 - Le dispositif a-t-il une chance de voir le jour ?
      Le « plan de relocalisation » qui a vu le jour à l’automne dernier devait profiter à 160 000 réfugiés. Au 15 mars 2016, à peine un millier de personnes ont été « relocalisées ». Ce premier bilan en dit long sur l’extrême lenteur de l’application de ces mécanismes totalement inédits à l’échelle de l’Europe. Autre exemple : les 28 avaient promis, en novembre dernier, une aide de trois milliards d’euros aux Turcs, pour soutenir le fonctionnement des camps de réfugiés à la frontière syrienne. Mi-mars 2016, les premiers millions d’euros commencent à peine à être débloqués sur le terrain. A tel point que beaucoup se demandent, au-delà des obstacles juridiques qu’il contient, si le dispositif du « un pour un », particulièrement complexe, a une chance de voir le jour à court terme, avec des résultats visibles « dans les semaines à venir » comme l’espèrent ses défenseurs...

      Aux yeux des négociateurs, tout dépendra en fait de la manière dont la Grèce et la Turquie vont s’approprier les termes de l’accord. Les deux exécutifs vont devoir adopter des lois et des règlements dans l’urgence. Athènes, en particulier, devra adopter une réforme de sa procédure de recours, à destination des demandeurs d’asile. Surtout, tout cela demande des moyens humains et matériels qui manquent tragiquement, sur les îles grecques. Dans ces îles grecques totalement dépassées, il faudrait de nouveaux bâtiments pour faire patienter les demandeurs d’asile sur place, des juges présents pour étudier les recours, etc. « Le premier ministre grec fera valoir ce coût (lors du sommet, ndlr), et il nous semble normal que l’Europe fasse preuve de solidarité, parce que tout cela se passe à la frontière extérieure de l’UE », fait-on valoir côté français.

      • 6 - Chypre, le vrai « game-breaker » ?
      C’est l’un des charmes de l’Europe à 28, régie par les règles du consensus : Chypre, 1,1 million d’habitants, peut faire capoter à elle seule l’accord. Donald Tusk, à la tête du conseil, l’a bien compris, qui s’est rendu à Nicosie puis à Ankara la même journée de mardi, pour tenter de déminer le dossier. Le gouvernement chypriote est très remonté contre l’une des contreparties exigées par Ankara à l’accord sur les réfugiés : l’ouverture de nouveaux chapitres de négociations, en vue d’une adhésion - lointaine - de la Turquie (qui ne reconnaît pas la république chypriote) à l’UE.

      Chypre avait déjà fait le dos rond lors du sommet de novembre. Mais cette fois, les choses se corsent. Depuis 2008, plusieurs chapitres de la négociation (ceux qui portent sur le marché intérieur) sont gelés, à l’initiative de l’UE, en soutien à Nicosie, parce que la Turquie ne respecte pas « le protocole d’Ankara ». Cet accord prévoyait que la Turquie ouvre ses ports et aéroports aux avions et bateaux chypriotes – ce qui n’est toujours pas le cas. Ankara ne semble pas disposé à avancer sur ce sujet extrêmement sensible à court terme. Une formule suffisamment floue et ambiguë, dans les conclusions du sommet, suffira-t-elle à faire baisser les tensions des deux côtés ?

      L’autre contre-partie exigée par Ankara n’est pas forcément plus consensuelle : elle porte sur l’accélération de la libéralisation des visas pour les Turcs souhaitant se rendre dans l’espace Schengen. En novembre 2015, la date-butoir était fixée à octobre 2016. Au sommet de mars, le calendrier a été avancé, à « fin juin » 2016. Mais la liste des 72 critères auxquels la Turquie doit se conformer n’a pas évolué, et Ankara est encore loin de les avoir remplis. D’après un rapport de suivi (pdf, 318.0 kB)de la commission, Ankara ne remplit aujourd’hui que… dix critères sur les 72. La date-butoir de juin 2016 semble donc, là encore, hautement irréaliste.

      _____________________________________________
      https://www.mediapart.fr/journal/international/170316/refugies-l-europe-veut-betonner-l-accord-avec-la-turquie?onglet=full

    • Is the EU-Turkey refugee and migration deal a treaty?

      This brings us to two concluding observations. First, the devil of implementing the EU-Turkey deal is in the detail. Although its effectiveness in terms of stopping irregular migration by creating a deterrent effect may depend on returning all persons arriving in Greece as quickly as possible, fundamental rights may well halt returns in individual cases or result in lengthy procedures. It is indeed the question whether the appropriate human rights framework is in place in Greece (as is observed by UNHCR). Second, the EP is right in asking critical questions about the Council not following the rules for concluding a treaty (also see earlier questions about the EU-Turkey deal of 29 November 2015). Although one could take the view that time did not allow to await an Opinion of the CJEU, the agreement was not concluded with Turkey overnight and there would at least seem to have been opportunity to ask consent from European Parliament (Art. 218(6) says that, in an “urgent situation”, EP and Council may agree on a time-limit for consent). That the institutional role of the EP has been neglected confirms the worrying trend that intergovernmental decision-making is taking over in the Union, and that national interests increasingly often prevail over the common values of the Union. This is bad for European democracy.

      http://eulawanalysis.blogspot.ch/2016/04/is-eu-turkey-refugee-and-migration-deal.html

    • #libéralisme #socialistes #PS #Histoire #années_80

      Selon lui, la libéralisation des années 1980 a été favorisée par trois personnalités proches de François Mitterrand : Henri Chavranski, alors président du Comité des mouvements de capitaux et des transactions invisibles, Jacques Delors, alors président de la Commission européenne et Michel Camdessus, alors directeur général du FMI. C’est leur impulsion qui donna sa puissance au néolibéralisme. Tandis que les ailes gauches du PS proclamaient leur attachement à « l’Europe sociale » et à « l’internationalisme », quelques hauts fonctionnaires non dénués de talent codifiaient donc, quant à eux, la mondialisation. Au sens gramscien, les élites socialistes furent les « intellectuels organiques » du néolibéralisme et entraînèrent leur électorat à devenir, malgré lui, un groupe auxiliaire du groupe dirigeant lié à l’économie financière. C’est finalement cela, le « social-libéralisme ».

    • Trois personnalités, ça me parait plus que court, inepte. On recycle ici la théorie des grands hommes, fussent-ils de l’ombre. Les intellectuels organiques en question furent en fait excessivement nombreux, on citait ici il y a peu la #fondation_saint_simon, mais les exemples sont légion ; l’#intellectuel_collectif_organique à cette contre-révolution avait déjà l’allure d’une vaste constellation, incluant divers média ("Libé"ration au premier chef), une pléthore d’"experts" et de politiques, dont bon nombre de renégats issus de diverses formes de contestation (syndicats, CFDT en tête, Mai 68, pensée critique).

    • Il me semble qu’une des erreurs a été d’accepter de nommer « libéral » ou « libéralisme » un mouvement politique qui ne fait que défendre le pouvoir des « propriétaires ». On ferait donc mieux de parler de « propriétarisme », cela ne résoudra pas tout mais cela participera à éclaircir notre penser à et contrer la propagande de ce mouvement politique.

    • Tout à fait d’accord avec @gastlag ce libéralisme est juste une vampirisation des aspirations individualistes et libertaires post-soixante-huitardes par la classe capitaliste qui s’était trouvée culturellement ringardisée dans les années 70’s...

      La ficelle est grosse, mais la manipulation a fonctionné, avec l’aide de la lobotomisation mass-médiatique.. Ce n’est pas l’oeuvre d’intrigants isolés, s’ils n’avaient pas été là, d’autres les auraient remplacés, c’est un phénomène massif..

      Voir les classes populaires s’en prendre à l’Etat et aux étrangers, et devenir les alliés docile du pouvoir économique, ça ne me rappelle qu’une chose : les Chouans, volant au secours de l’aristocratie, durant la Révolution..

    • Pour illustrer ce que dit @petit_ecran_de_fumee ici :

      La ficelle est grosse, mais la manipulation a fonctionné, avec l’aide de la lobotomisation mass-médiatique.. Ce n’est pas l’oeuvre d’intrigants isolés, s’ils n’avaient pas été là, d’autres les auraient remplacés, c’est un phénomène massif..

      j’ai trouvé ce passage résumant le documentaire de #Noam_Chomsky (Manufacturing Consent) ici :
      http://4emesinge.com/la-fabrication-du-consentement-noam-chomsky-et-les-medias-1992

      Les médias constituent un système qui sert à communiquer des messages et des symboles à la population. Ils ont vocation à distraire, amuser, informer, et à inculquer aux individus les croyances et codes comportementaux qui les intégreront aux structures sociales au sens large. Dans un monde où les richesses sont fortement concentrées et où les intérêts de classe entrent en conflit, accomplir cette intégration nécessite une propagande systématique. Une modélisation de la propagande se focalise sur la prodigieuse inégalité dans la capacité de contrôle des moyens de production ; et ce qu’elle implique tant du point de vue de l’accès à un système de médias privés que de leurs choix et fonctionnements. Le modèle permet de reconstituer par quels processus le pouvoir et l’argent sélectionnent les informations.

      On peut aussi trouver le livre réédité chez Agone dans une version revue et actualisée :
      http://agone.org/contrefeux/lafabricationduconsentement/index.html

      Et sur Acrimed, une présentation de l’œuvre suivie d’un extrait :
      http://www.acrimed.org/Lire-La-fabrication-du-consentement-de-Noam-Chomsky-et-Edward-Herman-un-ext

      Les propos de Chomsky et Herman nous permettront de rebondir sur ce que dit @colporteur.

      @gastlag qui parle de « propriétarisme », ne pas oublier que les principes du libéralisme politique sont : liberté, responsabilité, propriété. Et là on se dit qu’appliqué à l’économie, le libéralisme fait fi des deux premières valeurs. Et c’est là que surgit la « main invisible » d’Adam Smith dont les émules soutiennent (encore) mordicus que « des actions guidées uniquement par l’intérêt personnel de chacun peuvent contribuer à la richesse et au bien-être de tous ».

      Maggie’s not dead ...

  • Au pied du mur !
    http://www.pressefederaliste.eu/Au-pied-du-mur

    Comment ne pas être frappé par les carences répétitives de l’Union européenne (UE) quand sa raison d’être est précisément de répondre aux défis singuliers qui caractérisent notre temps ? La crise des subprimes partie des États-Unis en 2008 a balayé les fragiles acquis de l’Union économique et monétaire conçue par Jacques Delors, provoquant une montée sans précédent du chômage depuis les années 1930 en guise « d’Europe sociale », une récession dont nous peinons à nous extraire difficilement, au prix d’effets (...)

    #Numéro_169_—_Septembre_2015

  • Yanis Varoufakis à Frangy
    http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/250815/yanis-varoufakis-frangy

    Je suis ici parce que notre Printemps d’Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Berthold Brecht l’a dit une fois « Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ? » Pourquoi faire un coup d’état quand vous pouvez envoyer le président de l’Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d’un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu’il a le choix entre le programme d’austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troika peuvent contrôler chaque département du gouvernement et écrire chaque loi du pays ?

    • Je vais vous dire pourquoi je suis ici, avec des mots que j’ai empruntés à un vieux manifeste célèbre. Je suis ici parce que :

      Un spectre hante l’Europe - le spectre de la démocratie. Toutes les puissances de la vieille Europe ont conclu une sainte alliance pour exorciser ce spectre : les banquiers parrainés par les États et l’Eurogroupe, la Troïka et le Dr Schäuble, les héritiers du legs politique de Franco, le leadership berlinois du SPD, les gouvernements baltes qui ont soumis leurs populations à une récession terrible et inutile, et l’oligarchie grecque en résurgence.

      Je suis ici en face de vous parce qu’une petite nation a choisi de s’opposer à cette sainte alliance. Pour la regarder dans les yeux et lui dire : Notre liberté n’est pas à vendre, notre dignité n’est pas aux enchères. Si nous renonçons à la liberté et à la dignité, comme vous l’exigez, l’Europe perdra son intégrité et renoncera à son âme.

      Je suis ici en face de vous parce que rien de bon ne peut arriver en Europe qui ne parte pas de la France.

      Je suis ici en face de vous parce que le printemps d’Athènes qui a uni les Grecs leur a redonné :

      • Leur sourire

      • Leur courage

      • Leur liberté contre la peur

      • La force de dire non à l’irrationalité

      • Non à la non-liberté

      • Non à la subjugation qui au final ne bénéficie même pas à l’Europe forte et puissante

      Le magnifique Printemps d’Athènes, qui a culminé à 62% par un Non majestueux à la non-raison et à la misanthropie,

      Notre Printemps d’Athènes, qui était aussi une chance pour un printemps de Paris, un printemps de Frangy, de Berlin, de Madrid, de Dublin, d’Helsinki, de Bratislava, de Vienne.

      Je suis ici parce que notre Printemps d’Athènes a été écrasé, comme le fut celui de Prague. Bien sûr pas par des tanks, mais par des banques. Comme Berthold Brecht l’a dit une fois "Pourquoi envoyer des assassins quand nous pouvons recourir à des huissiers ?" Pourquoi faire un coup d’état quand vous pouvez envoyer le président de l’Eurogroupe dire, au nouveau ministre des finances d’un gouvernement fraîchement élu, trois jours après son entrée en fonction, qu’il a le choix entre le programme d’austérité antérieur qui a plongé son pays dans une énorme dépression, ou la fermeture de ses banques nationales ? Pourquoi envoyer des troupes quand des visites mensuelles de la Troika peuvent contrôler chaque département du gouvernement et écrire chaque loi du pays ?

      Les élections ne peuvent rien changer

      Lorsque, durant ma première réunion de l’Eurogroupe, en février, j’ai suggéré aux ministres des finances un compromis entre le programme antérieur d’austérité de la Troika et l’agenda de réformes de notre nouveau gouvernement, Michel Sapin a pris la parole pour me donner raison – pour argumenter avec éloquence en faveur d’un terrain d’entente entre le passé et le futur, entre le programme de la Troika et le manifeste électoral de notre nouveau gouvernement que les Grecs venaient juste d’élire.

      Le ministre des finances allemand intervint immédiatement : "Les élections ne peuvent pas changer quoi que ce soit. Si à chaque fois qu’il y a une élection les règles changeaient, l’Eurozone ne pourrait pas fonctionner.”

      Reprenant la parole, je répondis que, vu la façon dont notre Union était conçue (très, très mal !) peut-être que le Dr Schäuble marquait un point. Mais j’ajoutai “S’il est vrai que les élections ne peuvent rien changer, nous devrions être honnêtes et le dire à nos citoyens. Peut-être devrions-nous amender les traités européens et y insérer une clause suspendant le processus démocratique dans les pays obligés de d’emprunter auprès de la Troika. Suspendre les élections jusqu’â ce que la Troïka décide qu’elles pourront se tenir. Pourquoi soumettrions-nous notre peuple au rituel d’élections coûteuses si les élections ne peuvent rien changer ? Mais, ai-je demandé à mes collègues ministres, est-ce que l’Europe est d’accord avec ça ? Est-ce que nos peuples ont voté pour ça ?”

      Pensez-y, admettre une telle chose serait le meilleur cadeau à faire au parti communiste de Chine, qui lui aussi croit que les élections constituent une complication dangereuse entravant l’efficacité du gouvernement. Bien sûr ils ont tort. Comme Churchill l’a dit, la démocratie est un système terrible. Mais c’est la meilleure de toutes les alternatives, également en termes d’efficience économique à long terme.

      Un silence glacé s’est installé pendant quelques secondes dans l’Eurogroupe. Personne, même le si souvent abrasif Mr Djisselbloem, ne trouvait quoi que ce soit à dire, jusqu’à ce que des collègues d’Europe de l’Est brisent le silence avec une autre incantation sortie du Livre des psaumes de l’austérité de la Troïka. Du coin de l’oeil je voyais l’air désolé de Michel Sapin. Je me rappelais une chose qu’il m’avait dite à Paris, quand je l’avais rencontré pour la première fois dans son bureau : "La France n’est plus ce qu’elle était".

      Depuis mon jeune âge je trouvais dans la France mon inspiration, peut-être me souvenant de la façon dont la réémergence de la Grèce dans le monde moderne avait été inspirée par la révolution française, et alors des citations de Voltaire et Rousseau résonnaient dans ma tête. En ce moment-là, le silence de Michel fut très difficile à supporter. La perception de l’impuissance est le signe avant-coureur d’une Europe qui s’est égarée.

      Un coup d’état très européen

      Retour vers les jours de notre dictature 1967-1974, quand les tanks occupaient les rues d’Athènes, et que les démocrates Grecs venaient en France, voyageant vers l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, le Canada, l’Australie, afin d’obtenir un soutien pour la nation grecque assiégée. Afin de galvaniser la solidarité avec le peuple grec dans sa lutte contre la dictature fasciste.

      Amis, je ne suis pas ici aujourd’hui afin de rallier un soutien pour la démocratie grecque écrasée.

      Je suis ici pour exprimer le soutien du peuple grec et sa solidarité avec la démocratie française.

      Pour ce qui est vraiment en jeu. La démocratie française. La démocratie espagnole. La démocratie italienne. La démocratie à travers toute l’Europe. La Grèce a été, et demeure malheureusement, un laboratoire où les forces destructrices de l’austérité ont été essayées et testées. La Grèce n’a jamais été la question pour la Troïka et ses favoris. Vous l’êtes !

      Il n’est pas vrai que l’intérêt de nos créanciers soit d’obtenir leur argent de l’état grec. Ou qu’ils veuillent voir la Grèce réformée. Si tel avait été le cas, ils auraient discuté sérieusement nos propositions de restructurer la dette publique grecque de façon à le permettre. Ils ont plutôt insisté sur notre reddition. C’est la seule chose qui les préoccupait. Ils voulaient une seule chose : confirmer la maxime du Dr Schäuble selon laquelle les élections ne sont pas autorisées à changer quoi que ce soit en Europe. Que la démocracie s’arrête quand l’insolvabilité commence. Que les fières nations confrontées à des questions de dettes doivent être condamnées à la prison de dette, dans laquelle il est impossible de produire la richesse nécessaire pour rembourser les dettes et obtenir la libération. Et c’est ainsi que l’Europe, maison commune, est devenue cage de fer partagée.

      C’est important. Vous lisez des journaux et écoutez des programmes de radio et de télévision qui vous bombardent avec des douces histoires selon lesquelles l’Eurogroupe, la Troïka autour desquels l’Europe est construite, proposent à la Grèce des programmes d’austérité à titre de RÉFORMES, pour la forcer à développer son économie défaillante afin qu’elle paie ses dettes et cesse de peser sur le reste de l’Europe.

      Seulement, ce n’est pas ainsi que l’Europe fonctionne en pratique. Si vous étiez une mouche sur le mur observant nos négociations, vous verriez comme je l’ai vu qu’une seule chose intéressait Mme Lagarde, M. Draghi, M. Juncker, certainement le Dr Schäuble : nous dicter les "termes de la reddition". Des termes qui mettent fin au Printemps d’Athènes. Des termes qui effacent le sourire de ceux qui à travers l’Europe nous regardaient et pensaient qu’une nouvelle politique est possible. Des termes incroyables imposés par les créanciers, garantissant que nous, l’endetté, ne pourrions pas rembourser nos dettes, anciennes et nouvelles.

      Remède toxique

      Beaucoup d’entre vous demanderont, à juste titre : Mais pourquoi les créanciers imposent-ils à la Grèce des conditions qui réduisent sa capacité à leur rembourser ses dettes ? Pourquoi les créanciers demandent-ils au gouvernement grec de faire des choses qui l’empêchent de mettre en oeuvre de vraies réformes ? Des réformes qui amélioreraient la place de la Grèce en Europe ? Se pourrait-il que la Troïka soit simplement en train d’essayer de faire prendre à la Grèce un remède amer mais nécessaire ? Et que les Grecs ne veuillent pas prendre leur remède ? Ne veuillent pas faire leurs devoirs, comme pourrait le dire Mme Merkel ?

      Ce sont des questions cruciales. Pour vous, pour le peuple de France. Pourquoi ? Parce que si nous, Grecs, sommes responsables de nos propres problèmes, et s’il est vrai que nous soyons gâtés, paresseux, refusant de faire nos devoirs et de prendre nore remède amer, alors vous n’avez rien à craindre. Vous ne devriez pas perdre de temps à écouter des gens comme moi.

      Mais si, en fait, le remède que l’on nous demande de prendre encore et encore est toxique, si nous avons fait nos devoirs mais que le maître ne veut même pas les lire, alors ce qui arrive dans des endroits comme la Grèce n’a rien à voir avec la Grèce. Cela concerne la politique de l’Europe, de la France en particulier.

      Aussi soyons clairs : le remède n’est pas juste amer. Il est toxique. Un médecin délivrant une telle potion à un patient serait arrêté et radié de l’Ordre des médecins. Mais dans l’Eurogroupe le fait que la potion tue le patient est vue comme la preuve que le remède est bon. Que la dose doit être augmentée !

      Pendant cinq ans, le programme d’austérité de la Troïka a créé la récession la plus longue et la plus profonde de notre histoire. Nous avons perdu un tiers de notre revenu collectif. Le chômage est passé de 10% à 30% dans un pays où seulement 9% des chômeurs ont déjà reçu des allocations de chômage. La pauvreté a submergé 2 de nos 10 millions de concitoyens.

      En 2010, l’Etat grec a fait faillite. Il ne pouvait pas payer ses dettes aux banques françaises et allemandes. Alors, qu’est-ce que l’Europe a fait ? Elle a décidé de donner à l’Etat grec en faillite le prêt le plus important dans l’histoire, sous des conditions d’austérité qui ont réduit le revenu devant permettre de payer les énormes prêts, anciens et nouveaux. Un enfant de dix ans pourrait dire que la personne en faillite ne peut pas s’en sortir avec de nouveaux prêts si on lui impose des conditions faisant chuter ses revenus.

      L’austérité diminue les revenus tandis que les dettes grossissent. Toujours plus de dette, sous la forme de nouveaux prêts d’urgence, à condition qu’une austérité de plus en plus forte sape de plus en plus les revenus : cela conduit avec une précision mathématique à une catastrophe.

      Tout le monde le savait. Alors, pourquoi l’Europe l’a-t-elle fait ? Parce que l’objectif n’était pas de renflouer la Grèce, l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne ! L’objectif était de sauver la Deutsche Bank, BNP Paribas, Finanz Banque, la Société Générale, les banques allemandes et françaises avec l’argent des contribuables, et de faire peser le fardeau sur le plus faible des Européens, en provoquant une crise humanitaire en Grèce et une récession à combustion lente en France.

      Et puis, quand il fut révélé que toute cette austérité avait augmenté la dette grecque de 120% à 180% du revenu national, au lieu de la réduire, que fit l’Europe officielle ? La même chose en 2012, en 2013, en 2014. Les revenus ont continué à baisser, la pauvreté a augmenté, le chômage a atteint le record du monde, tout le monde devait de l’argent à tout le monde et personne ne pouvait payer. Une politique économique consistant à prêter à l’état plus d’argent payé par les plus faibles des citoyens ne pouvait pas marcher. Comme Macbeth qui a commis crime après crime, essayant de cacher son crime précédent en en commettant un nouveau, la Troïka a ajouté sauvetage toxique après sauvetage toxique, étendant la crise, l’approfondissant, en ne cessant de prétendre qu’elle était sur le point d’être résolue.

      C’est ce processus misanthrope qui a éteint l’espoir en Grèce de 2010 à 2015. En janvier dernier, nous avons été élus pour redonner espoir. Plutôt que de nous asseoir dans l’ombre et de maudire l’obscurité, nous avons décidé d’allumer une bougie. Pour donner de l’espoir et une autre chance à la rationalité. Et les gens l’ont remarqué. La petite bougie que nous avons allumée a illuminé les visages des gens, et pas seulement en Grèce.

      Du point de vue de la Sainte Alliance de la vieille Europe, c’était un crime terrible pour lequel nous, et ceux qui avaient voté pour nous, devions être punis. Avec un autre prêt énorme. Avec plus d’austérité autodestructrice portant notre dette publique à 205% du revenu national. Avec une autre décision de l’Eurogroupe condamnant notre peuple à des souffrances inutiles pour le crime odieux d’avoir espéré et, pire encore, que l’espoir se propage dans le reste de l’Europe.

      Un terrain d’entente ?

      Pour en revenir à mes premiers pas dans l’Eurogroupe, je dois dire que j’y allais avec la volonté de trouver un terrain d’entente, comme Michel Sapin. Permettez-moi de vous lire des extraits de mon intervention dans laquelle je proposais un nouveau partenariat avec les institutions et avec mes collègues, les autres ministres des Finances :

      Le nouveau partenariat que nous vous proposons devrait être basé sur des objectifs réalistes et des politiques efficaces.

      Nous, le nouveau gouvernement grec, devons gagner une monnaie très précieuse sans dilapider un bien capital : nous devons gagner votre confiance, sans perdre la confiance de notre peuple - des électeurs qui, pour le moment, nous approuvent fortement. Une telle approbation est un important capital dans la lutte de l’Europe pour réformer la Grèce et la rendre stable et normale.

      En cette période de changement, nous percevons vos préoccupations au sujet des intentions de notre gouvernement. Nous devons, de toute évidence, les apaiser.

      Je suis ici aujourd’hui pour vous transmettre un message clair sur le programme et les engagements du nouveau gouvernement envers ses partenaires de l’Eurogroupe.

      La Grèce, en tant que membre de la zone euro, s’engage pleinement à trouver une solution discutée conjointement entre les partenaires, afin de renforcer notre union monétaire.

      Nous nous engageons à coopérer de bonne foi avec tous nos partenaires européens et internationaux, sur un pied d’égalité.

      Nous nous engageons à des finances publiques saines. La Grèce a fait un vaste ajustement au cours des cinq dernières années avec un immense coût social. Son déficit est maintenant en dessous de 3% en termes nominaux, en baisse de 15% en 2010. Nous avons maintenant un excédent primaire et notre excédent structurel, tel que mesuré par le Fonds monétaire international, est le plus grand dans l’UE.

      Le nouveau gouvernement prend cet ajustement comme point de départ. Nous souhaitons maintenant aller de l’avant, sur la base d’un nouveau partenariat mutuellement bénéfique avec nos partenaires européens.

      Nous nous engageons à de profondes réformes structurelles.

      Notre programme de réforme vise à recréer la confiance entre les citoyens grecs, la croissance de l’économie, et la crédibilité en Europe. Il reconnaît le besoin de réformes profondes pour ancrer la prospérité à long terme de la Grèce dans la zone euro.

      Nous reconnaissons que le programme d’ajustement précédent reflète les engagements pris par la Grèce et ses partenaires de l’Eurogroupe.

      Nous reconnaissons les efforts considérables déployés par les contribuables de vos pays pour soutenir la dette de la Grèce et maintenir l’intégrité de l’euro.

      Cependant, des objectifs budgétaires autodestructeurs et irréalistes ont été imposés à notre pays et à la population : ils doivent être révisés. Un objectif d’excédent primaire de plus de 3% du revenu national n’a pas de précédent historique dans une situation ressemblant à celle de la Grèce aujourd’hui. Il sera tout simplement impossible pour notre pays de se développer si nous continuons sur la voie de l’austérité imposée à notre économie car elle sape la croissance. C’est également tout à fait incompatible avec la réalisation d’un ratio durable dette-revenu.

      Le nouveau contrat que nous proposons de discuter avec vous devrait reconnaître cette évidence.

      Le nouveau contrat se fondera sur les réformes qui sont « possédées » par des citoyens et des institutions nationales, en utilisant de nombreux éléments de l’ordre du jour politique convenu précédemment. Cela signifie également que l’espoir de prospérité partagée doit être relancé à travers l’Europe.

      Nous voulons discuter avec vous de ce programme du pays qui reflète à la fois nos contraintes potentielles et spécifiques. Nous souhaitons que notre croissance soit inclusive, fondée sur l’investissement, et des gains de productivité. Une croissance fondée sur une compression supplémentaire du coût du travail ne peut pas marcher en Grèce et a été rejetée par notre peuple.

      Basé sur des objectifs d’excédent primaire plus réalistes et sur le programme de réforme et de croissance de notre pays, le nouveau contrat que nous proposons permettra de restaurer une trajectoire durable de la dette.

      Nous invitons le Fonds monétaire international à travailler avec nous pour évaluer la soutenabilité de la dette grecque fondée sur les engagements du gouvernement. La Grèce sera prête à faire des propositions concrètes à ses partenaires, en temps voulu, sur une série d’instruments novateurs pour réduire le fardeau de la dette de manière efficace, y compris les échanges de dettes.

      Ensuite, j’ai conclu avec ces mots :

      Chers collègues,

      L’Europe est entière et indivisible, et le gouvernement de la Grèce estime que la Grèce est un membre permanent et inséparable de l’Union européenne et de notre union monétaire.

      Certains d’entre vous, je le sais, ont été mécontents d’une victoire d’un parti de gauche, de gauche radicale. A ceux-là je dis ceci : Ce serait une occasion perdue de nous voir comme des adversaires.

      Nous sommes résolument européistes. Nous nous soucions profondément de notre peuple, mais nous ne sommes pas populistes, promettant tout à tout le monde. En outre, nous pouvons mener le peuple grec le long d’un accord véritablement bénéfique pour l’Européen moyen. En nous, vous trouverez des partenaires de confiance qui ne voient pas ces réunions comme un moyen d’extraire quelque chose de rien, de gagner au détriment de qui que ce soit.

      Je suis impatient de discuter avec vous maintenant, dans un véritable esprit de coopération et de partenariat, et d’écrire ensemble cette nouvelle page de notre relation.

      Je vous remercie beaucoup pour votre attention.

      Pardon d’avoir lu tous ces extraits. Mais je voulais vous donner une idée de l’esprit de coopération avec lequel nous avons approché l’Eurogroupe. Alors que je récitais ces lignes dans l’Eurogroupe, des "sources" de Bruxelles prétendaient que j’étais impoli, que je faisais des cours à mes collègues, que je rejetais les « réformes » de la Troïka. Je ne prenais pas ces rumeurs personnellement parce qu’elles ne me visaient pas personnellement. Elles faisaient partie d’une campagne de propagande brutale visant à justifier la diabolisation de notre gouvernement, à nous peindre comme des communistes radicaux afin de préparer l’opinion publique européenne à notre renversement.

      Pendant cinq longs mois, de notre côté il y eut clarté et propositions sophistiquées :

      • sur la réforme de l’administration fiscale, qui la rendrait totalement indépendante de mon ministère, mais aussi de l’oligarchie
      • sur une restructuration de la dette qui minimiserait les nouveaux prêts de la Grèce et maximiserait nos remboursements à nos créanciers
      • sur une nouvelle banque de développement qui ferait appel à des biens publics, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement
      • sur une nouvelle mauvaise banque avec laquelle faire face aux dettes privées non performantes du système bancaire grec, aux mauvaises dettes privées qui bouchent les circuits de crédit, et permettrait d’empêcher les banques de prêter même à des taux rentables, les entreprises axées sur l’exportation
      • sur les mécanismes de lutte contre la corruption, la fixation des prix dans les marchés de détail, le travail non déclaré dans les marchés du travail, la réforme des retraites qui a réduit la retraite anticipée sans pousser plus de personnes âgées dans la pauvreté.

      Chaque fois que nous avons proposé une mesure ou une réforme sensible, nous avons été repoussés. Mes collègues français étaient clairement sans épaisseur, avec un déprimant manque d’influence. Même lorsque nous convenions d’une certaine mesure avec Michel Sapin ou Pierre Moscovici, que se passait-il ? Si le président de l’Eurogroupe en décidait ainsi, notre accord n’était même pas entendu dans l’Eurogroupe - pas sûr que M. Djisselbloem n’ait jamais pris ces décisions de son propre fait. Lorsque, conscient de cela, je posai la question au Dr Schäuble, il a refusé de négocier avec moi sur quoi que ce soit de substantiel : C’est le programme existant (échoué) ou la route, telle était sa ligne. "Allez aux institutions." Ce que j’ai dûment fait.

      Mur de pierre

      Sauf que nos négociations avec les institutions, la Troïka, étaient l’expérience la plus frustrante que l’on puisse avoir. Comme certains personnes ennuyeuses qui veulent tellement vous parler de tout à la fois que vous finissez par ne parler de rien du tout, les institutions ont insisté sur un "examen complet" conduisant à un "accord global", ce qui signifiait qu’ils voulaient parler à propos de tout.

      Ils disaient : nous avons besoin de toutes vos données sur la trajectoire budgétaire actuelle de l’économie grecque, nous avons besoin de toutes les données sur les entreprises publiques, toutes les données sur les fonds de pension, sur les sociétés d’énergie, sur ceci, cela et autre chose. Pour démontrer notre coopération nous avons avancé, répondu aux questionnaires, tenu d’innombrables réunions et nous fournissions les données. Après avoir perdu beaucoup de temps à chercher des données qu’ils avaient déjà, et avant que nous les ministres en prenions connaissance, ils nous demandaient ce que nous avions l’intention de faire à propos de la TVA. Nous faisions de notre mieux pour leur expliquer nos plans modérés sensibles pour la TVA. Ils écoutaient, semblant sceptiques, rejetaient notre proposition mais ne parvenaient pas à en faire une. Et puis, avant d’avancer vers un accord sur la TVA, ils passaient à une autre question, comme la privatisation. Ils demandaient ce que nous voulions faire au sujet de la privatisation, nous mettions en avant quelque chose de sensé et de modéré, ils le rejetaient. Ensuite, ils se déplaçaient sur un autre sujet, comme les pensions, puis sur les marchés de produits, puis sur les relations de travail, etc. C’était comme un chat qui court après sa queue.

      Peut-être le plus grand obstacle à la conduite d’une négociation raisonnable était la fragmentation de la Troïka. Le FMI était proche de nous pour reconnaître l’importance de la restructuration de la dette, mais il a insisté pour que nous retirions toutes les protections restantes des droits des travailleurs et des professionnels de la classe moyenne, comme les pharmaciens ou les ingénieurs. La Commission était beaucoup plus sympathique à notre égard sur ces questions sociales, mais interdisait toute référence à la restructuration de la dette de peur que ça ne dérange Berlin ou Francfort. La BCE avait son propre ordre du jour. En bref, chacune des institutions avait différentes lignes rouges, ce qui signifiait que nous étions emprisonnés dans une grille de lignes rouges.

      Pire encore, nous avons dû faire face à la "désintégration verticale " de nos créanciers, car les patrons du FMI et de la Commission avaient un programme différent de leurs sbires ou que les ministres des finances allemands et autrichiens avaient un ordre du jour en contradiction totale avec celui de leurs chanceliers.

      Pendant ce temps, comme les jours et les semaines passaient en raison de la détermination de nos créanciers à retarder, retarder et retarder, tandis que des fuites dans la presse prétendaient dans le même temps que nous empêchions les négociations, notre gouvernement a été asphyxié par la BCE. Même avant notre élection, la BCE avait indiqué qu’elle réduirait en Grèce l’accès bancaire aux liquidités. Nos adversaires dans la presse ont tourné cela en une gigantesque campagne de peur, incitant efficacement les déposants à retirer leur argent des banques. Il n’y a rien de plus facile au monde que de provoquer un bank run - bank run que les banques centrales ont été créées pour empêcher.

      Quelques jours après notre élection, je me suis précipité à Londres pour parler aux financiers de la ville afin de calmer leurs nerfs et de les convaincre que notre gouvernement était favorable à l’entreprise, tout en étant déterminé à sauvegarder l’intérêt de notre population en difficulté. Ça a marché. Le lendemain matin, la bourse grecque a augmenté de 12% et la Banque d’actions de 20% et plus. Le jour d’après, la BCE a annoncé qu’elle devait limiter l’accès de nos banques au mécanisme de liquidité. La bourse fut de nouveau écrasée. Pourquoi la BCE fit-elle cela à notre nouveau gouvernement ?

      La réponse officielle fut que « le programme » de la Grèce venant à expiration à la fin de Février, cela "soulevait des questions sur la garantie des banques grecques". En réalité, la BCE mettait la pression sur notre gouvernement afin qu’il arrête le rêve de rallumer l’espoir et accepte le programme échoué de la Troïka tel qu’il était - peut-être avec quelques modifications cosmétiques.

      Il est intéressant de comparer ce que la BCE nous a fait avec ce qu’elle avait fait l’été 2012, lorsqu’un nouveau gouvernement avait été élu et que, à nouveau, le « programme » grec était dans les limbes. La BCE avait alors augmenté la liquidité des banques à des niveaux très hauts en une seule fois et l’augmentation du crédit de la carte (ou T-Bill) limite de l’Etat grec de 15 milliards à 18. 3 milliards. Dans notre cas ? Dans notre cas, la BCE a augmenté la liquidité des banques peu à peu, jour après jour, créant chez les déposants la peur que peut-être demain la limite ne serait pas relevée et que les banques seraient à sec. Naturellement, le bank run a empiré.

      Quant à la limite de la carte de crédit du gouvernement, au lieu de la pousser jusqu’à 15 à 18.3 milliards, la BCE a poussé vers le bas, utilisant une astuce juridique sans précédent, passant de 15 à 9 milliards. Et tout cela à un moment où je devais trouver 7 milliards pour effectuer des paiements au FMI, paiements devant à l’origine être faits avec de nouveaux prêts qui ne nous ont été jamais donnés.

      Leur stratégie était très, très simple : retarder tout accord avec nous, nous en faire porter le blâme, parler du manque de « crédibilité » de nos propositions, jusqu’à ce que notre gouvernement, l’État, soit à court de liquidités. Puis nous poser un ultimatum sous la menace de la fermeture immédiate de la banque. Ce ne fut rien d’autre qu’un coup d’Etat.

      Comme je l’ai déjà dit : en 1967, il y eut les tanks et en 2015 il y eut les banques. Mais le résultat a été est le même : renverser le gouvernement ou le forcer à se renverser - en tant que Premier ministre Tsipras malheureusement a décidé de le faire le soir de notre magnifique référendum, et je démissionnais alors de mon ministère, et puis il le fit de nouveau le 12 juillet.

      Les gros poissons à frire

      Pour en revenir à Février, je pouvais voir l’écriture sur le mur. Je pouvais voir que la Troïka n’était pas intéressée par les réformes touchant l’oligarchie, en partie parce qu’ils étaient dans une relation confortable avec les oligarques (dont la presse a soutenu la Troïka dans sa lutte contre nous) et en partie parce qu’ils avaient d’autres poissons à frire, la France étant le plus gros.

      Que pouvais-je faire pour qu’il leur soit difficile d’ignorer nos propositions ? J’ai fait deux choses. Je leur ai d’abord suggéré que ce que je proposais était un compromis décent et raisonnable pour le processus de négociations. Je leur ai dit : nous convenons de trois ou quatre réformes importantes, comme le système fiscal, la TVA, un système pour lutter contre la corruption dans les marchés publics, et nous les mettons en œuvre immédiatement, pendant que la BCE assouplit les restrictions sur notre liquidité. Vous voulez un accord global ? Continuons la négociation pour y arriver - mais en attendant, laissez-nous nous soumettre ces réformes au parlement.

      Leur réponse ? "Non, non, non, ce doit être un examen complet. Rien ne sera mis en œuvre si vous osez introduire une législation. Ce sera considéré comme une action unilatérale hostile au processus pour parvenir à un accord".

      Donc, en réponse, j’ai essayé une autre chose, qui m’avait été recommandé par une personne très haut placée dans le Fonds monétaire international. Avec une équipe d’experts talentueux, j’ai élaboré un plan de 60 pages pour le redressement de la Grèce, un programme de réformes pour la Grèce, un plan directeur pour mettre fin à la crise grecque. Dans cette équipe travaillaient des experts non grecs : le ministre britannique des finances, Thomas Mayer, ancien économiste en chef de la Deutsche Bank, mon grand ami Jamie Galbraith, de l’Université du Texas, et Mariana Mazzucato, de l’Université de Sussex. Ensuite, Jeff Sachs, de l’Université Columbia, qui a partucipé à l’élaboration de nombreux programmes nationaux de réforme au nom du Fonds monétaire international, m’a aidé à modifier et à éditer le document.

      J’ai remis ce document aux autres ministres des Finances, l’ai envoyé aux gouvernements et aux fonctionnaires des institutions. Quelqu’un y a-t-il porté attention ? Bien sûr que non. Même mon Premier ministre a été trop timide pour oser le soumettre à d’autres chefs de gouvernement, de peur que la Troïka ne le voie comme un défi à son autorité, à son "processus d’examen complet".

      Pendant ce temps, la Troïka, diverses personnes de la Commission, du ministère allemand des Finances et d’autres sources de pouvoir, ont multiplié les fuites dans les médias, disant que nous refusions de réformer le pays, que nous perdions notre temps, que nous n’avions rien crédible à offrir !

      Je vous invite à regarder mon site où j’ai téléchargé ce document et, si vous en avez le temps et l’énergie, de le comparer à l’« accord » qui a finalement été imposé au Premier ministre Tsipras. Un rapide coup d’œil vous convaincra que notre plan, celui dont personne ne discute, que même le gouvernement grec n’a pas réussi à faire connaître, mettrait fin à la crise grecque, contrairement aux termes de la reddition dictée le 12 Juillet, que notre Parlement a adoptée récemment, et qui va alimenter la crise avec en outre des effets catastrophiques sur les plus faibles des citoyens grecs.

      Jeu final

      Et la négociation s’est poursuivie sans fin, jusqu’à ce que notre Etat manque complètement de liquidités. A la 11ème heure, le 25 Juin, quatre jours avant que les banques grecques ne soient fermées par la BCE, la Troïka nous a donné sa proposition d’accord. C’était un ultimatum. Vous acceptez, ou vos banques ne rouvriront jamais leurs portes.

      Nous lisons leurs propositions. Elles étaient absolument toxiques ... totalement non viables et toxiques. Ils voulaient que nous engagions une nouvelle austérité ridicule, que nous augmentions la TVA sur les hôtels de nos îles de l’Egée de 6% à 23%, quand en Turquie, il est de 7%, que nous réduisions les pensions des retraités les plus pauvres d’un tiers. La liste des horreurs sur lesquelles ils insistaient était sans fin.

      Pendant des mois, ils ont asphyxié notre gouvernement et l’économie avec simultanément un bank run et un resserrement des liquidités, ils exigeaient que notre état stressé rembourse le Fonds Monétaire International au détriment de sa propre substance en décomposition, et ils ont freiné les négociations jusqu’à ce que nous arrivions au bord de la falaise. Et à ce moment ils ont fait le genre de proposition qu’on fait quand on ne veut pas d’accord. La question est : Pourquoi donc faisaient-ils cela ?

      Ont-ils tout fait pour que nous acceptions ces réformes ? Bien sûr que non. Nous souhaitions désespérément introduire des réformes. Quand ils parlaient de réformes, ce n’est pas de réformes qu’ils parlaient. Ce n’est pas une réforme de réduire la pension mensuelle d’un retraité de 300 euros par mois à 200 euros par mois. Nos propositions de réforme du système de retraite étaient de véritables réformes - nous avions un plan pour utiliser comme levier les biens publics afin de créer des investissements versant des dividendes qui, à leur tour, soutiendraient les fonds de pension. Nous avons proposé une restructuration des fonds de pension et des restrictions drastiques sur la retraite anticipée. Mais cela ne les a pas intéressés.

      Permettez-moi maintenant d’aborder la question de la dette. L’objectif d’une restructuration de la dette est de réduire les nouveaux prêts nécessaires pour sauver un débiteur en faillite. Les créanciers offrent un allègement de la dette pour obtenir plus de valeurs en retour et réduire les nouveaux financements. Les créanciers de la Grèce ont fait le contraire. Ils ont refusé de restructurer la dette et insisté pour que nous nous endettions de plus en plus, dans des conditions rendant le remboursement impossible.

      Au cours des négociations, je ne cessais de suggérer à nos créanciers une série de swaps intelligents de la dette qui auraient deux objectifs : réduire au minimum les nouveaux prêts, et s’assurer que la Grèce bénéficie du même soutien de la BCE dont le reste des Etats membres de la zone euro bénéficient quotidiennement, ce qui est la meilleure façon de cesser d’emprunter auprès des contribuables européens. Ils ont rejeté mes propositions et ont imposé un nouveau prêt qui est le double de ce qui était nécessaire.

      Nos propositions n’ont même pas été rejetées : elles n’ont jamais été discutées, c’est ça le vrai problème ! Même si nous étions habilités à dire qu’elles étaient techniquement rigoureuses et juridiquement solides, la volonté politique de l’Eurogroupe était de les ignorer, de laisser les négociations échouer, de fermer nos banques, et de forcer le gouvernement grec à capituler sur tout - y compris sur un nouveau prêt massif beaucoup plus important que ce que nous avions proposé.

      Pourquoi ?

      Donc, retour à la terrible question : Pourquoi les créanciers de la Grèce préfèrent-ils un nouveau paquet de prêts plus grand que nécessaire ? Pourquoi ignoraient-ils nos propositions de réforme dont ils savaient que nous pouvions et voulions les mettre en œuvre ? Pourquoi ont-ils gaspillé l’opportunité que nous représentions en tant que gouvernement ayant le soutien de la grande majorité du peuple grec ? Nous pouvions demander aux Grecs de prendre un remède amer, mais pas toxique, de la médecine réformiste. Pourquoi ont-ils exigé que le médicament soit toxique et non thérapeutique ?

      Il n’y a pas de réponse économique ici. La seule réponse est en termes de puissance politique. La plus grande crainte de la Troïka était que notre gouvernement puisse réussir. Que sa grande sagesse et son autorité à elle, la Troïka, soient mises en cause par vous, chers amis, par les peuples d’Europe. La Troïka ne se préoccupe pas de la plaie purulente permanente qu’est la Grèce. Le ministre allemand des Finances n’est même pas préoccupé par le remboursement des contribuables allemands.

      Ceux qui dirigent le spectacle en Europe sont prêts à verser beaucoup plus d’argent de leurs contribuables dans la fosse sans fond grecque, pendant que les Grecs souffrent, si c’est la seule façon qu’ils ont de perpétuer leur contrôle sur leur propre peuple.

      • La dette est le pouvoir du créancier et la dette insoutenable donne aux créanciers encore plus de puissance.

      • Ils ne voulaient pas rembourser votre argent.

      • Ils voulaient renverser notre gouvernement à vos frais.

      • Encore mieux, ils nous voulaient étendus un lit de clous, dépendant de leur bon vouloir, et les en remerciant.

      • Ils voulaient humilier le seul gouvernement qui a osé questionner la logique d’une politique économique illogique.

      Notre longue négociation de cinq mois fut un conflit entre le droit des créanciers de gouverner un pays débiteur et le droit démocratique des citoyens de cette nation d’être autogouvernés. Il n’y a jamais eu une négociation entre l’UE et la Grèce en tant qu’Etat membre de l’UE.

      Voilà pourquoi je suis ici. Je suis ici parce que ce qui nous est arrivé est en train de vous arriver. La Grèce est un champ de bataille sur lequel une guerre contre la démocratie européenne, contre la démocratie française, a été tentée et testée.

      En mai dernier, en marge d’une autre réunion de l’Eurogroupe, encore un autre, j’avais eu le privilège d’une conversation fascinante avec le Dr Schäuble. Nous avions parlé longuement à la fois de la Grèce et de l’avenir de la zone euro. Plus tard ce jour-là, l’ordre du jour de la réunion de l’Eurogroupe comportait un article sur les changements institutionnels à venir pour renforcer la zone euro. Dans ces conversations, ce que le Dr Schäuble prévoyait pour l’Europe est devenu très clair. Il était également clair que la grande majorité des ministres des Finances étaient d’accord. Michel Sapin n’était pas parmi ceux-là, mais, je ne me souviens pas de l’avoir vu contester ouvertement la vision de Dr Schäuble. Clairement, la France n’est plus ce qu’elle a été...

      Et quel est le plan ? François Mitterrand savait que la zone euro avait été mal construite. Il croyait que la première grande crise de l’euro obligerait ses successeurs à introduire l’union politique nécessaire pour sauver l’Europe d’une fragmentation semblable à celle des années 1930. Il avait tort.

      Une crise à grande échelle est bien sûr inévitable lorsque le contrôle sur l’argent de différentes nations est concédé à des "technocrates" déconnectés de tout processus parlementaire susceptible de l’infléchir si nécessaire. Une fois que la crise inévitable éclate, les intérêts nationaux refont surface sur un mode vengeur. L’histoire a prouvé que Mitterrand avait tort : La crise a opposé une nation fière à un autre et a repoussé à un avenir lointain une solution fédérale.

      Nous sommes restés avec le plan de Dr Schäuble : Un seigneur du budget Eurozonal (peut-être une version glorifiée de président de l’Eurogroupe) muni uniquement de pouvoir négatif, ou de veto, sur les budgets nationaux. Sur le budget de la France, pour être précis. Un Eurogroupe qui devient de plus en plus puissant pendant que la Commission européenne se fane à l’arrière-plan, confinée à des questions d’importance mineure.

      A ceux qui disent « plus d’Europe » et parlent en faveur d’une « union politique », je dis : méfiez-vous ! L’Union soviétique était aussi une union politique. La question est : Quel genre d’union politique ? Un royaume démocratique de prospérité partagée ? Ou une cage de fer pour les peuples d’Europe ?

      Une démocratie fédérale comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou l’Australie, permettez-moi de vous le rappeler, est fondée sur la souveraineté de ses citoyens, comme en témoigne le pouvoir de ses représentants fédéraux de légiférer au nom du peuple souverain.

      En contraste, le Plan Schäuble conçoit seulement des pouvoirs négatifs : Un seigneur du budget qui peut seulement dire « non », mais a une capacité très limitée de recycler les excédents vers les régions déficitaires de l’Europe - ce qu’un système fédéral ferait.

      Le problème posé par ce plan est double. Premièrement, il ne permet pas de protéger et de gérer la macro-économie de la zone euro. Deuxièmement, il viole les principes fondamentaux de la démocratie libérale occidentale.

      Alors, que vient faire la Grèce dans tout cela ? Elle est utilisée dans une sorte de conte moral, pour vous démontrer à vous ce qui vous attend si vous résistez à cette version disciplinaire de l’union politique. Le Grexit est conçu comme une menace pour forcer le peuple de France à accepter comme un moindre mal l’austérité permanente, la crise permanente et le contrôle de votre destin par des irresponsables, des gens sans visage, des pseudo-technocrates économiquement analphabètes.

      Ne vous méprenez pas : Notre gouvernement a été écrasé, car nous avons osé dire non à la Troïka à une époque où elle avait des plans pour venir à Paris. Vous ne pourrez pas dire que vous n’avez pas été prévenus. "Nous sommes tous des Grecs désormais" non pas parce qu’il y a quelque chose de supérieur chez les Grecs, mais parce que le printemps d’Athènes a allumé une petite bougie d’espoir chez tous les Européens. Une bougie que la Troïka devait éteindre à tout prix, de peur que son autorité soit contestée par le spectre de la démocratie.

      Perte de la souveraineté sur les ministères clés de l’Etat

      Une des choses les plus choquantes pour moi, après que je fus devenu ministère des Finances, fut de comprendre à quel point cinq ans de règne de la Troïka avaient transformé l’Etat grec en fromage suisse. Des pans entiers de notre gouvernement avaient été engloutis par la Troïka, leur répondant directement à eux, ne rendant pas compte aux ministres, voire au Parlement.

      Et ce n’était pas seulement la Banque de Grèce, qui était incorporée dans la Banque centrale européenne et qui, au lieu d’aider notre gouvernement (comme il était prévu que les banques centrales le fassent), nous a asphyxiés. Non, je pense à d’autres institutions cruciales comme le Fonds hellénique de stabilité financière - HFSF - (qui détient pour le compte de l’Etat toutes les banques), à l’instance qui gère toutes les privatisations, à l’Office statistique et, bien sûr, au secrétariat de mon propre ministère.

      Quand j’ai décidé de réduire les énormes salaires des gestionnaires de HFSF, nommés en grande partie par la Troïka, je reçus une lettre de M. Thomas Wieser, le président du groupe de travail euro, un fonctionnaire clé de la Troïka, qui m’a dit que je ne pouvais pas le faire sans son approbation. Dans un pays où la Troïka exige des réductions de salaire et de retraite constants, le ministre ne peut pas réduire les salaires exorbitants des favoris garçons et filles de la Troïka - salaires versés par notre nation en faillite.

      À une autre occasion, je essayé d’interroger le secrétariat de mon propre ministère à propos du retard de quatre mois qui affectait l’ouverture de l’application Web par laquelle les entreprises soumettent leurs déclarations de revenus. Or durant ces quatre mois notre état était asphyxié et avait grand besoin de recettes fiscales. On m’a dit que je n’avais aucune autorité sur le Secrétariat des recettes publiques, qui était effectivement directement relié à la Troïka. Bientôt, au cours des négociations, la Troïka donna plus d’autonomie au secrétariat général qui aidait à l’asphyxie de notre état !

      Et quand, après ma démission, je parlai à un groupe de financiers de mon plan pour rétablir la souveraineté nationale sur ce secrétariat particulier, je fus soudain confronté à une campagne, par les médias grecs amis de la Troïka, dont le but était de me faire inculper pour ... haute trahison.

      Je vous dis tout cela afin que vous soyez avertis. Lorsque la Troïka viendra à Paris, en personne ou en esprit, sachez ceci : une privation hideuse de souveraineté nationale sera imposée aux ministres français aussi - si ce n’est pas déjà fait.

      Déficit démocratique

      Permettez-moi de revenir à la fin Juin. Le premier ministre Tsipras avait annoncé le référendum car nous n’avions le mandat ni d’accepter un accord non-viable, ni d’entrer en conflit avec l’Europe. Donc, nous avons demandé au peuple grec de donner son avis sur l’ultimatum.

      Lors de la réunion de l’Eurogroupe qui a suivi, le 27 Juin, je suis fustigé par plusieurs ministres des Finances pour avoir posé des questions financières complexes à des gens ordinaires. Quoi ? N’est-ce pas une question de démocratie ? Poser des questions complexes aux gens ordinaires, sur la base de : une personne, une voix ? Avais-je bien entendu ? L’Eurogroupe - l’organe de la plus grande économie du monde où toutes les décisions qui façonnent nos économies sociales sont prises - me jetait la démocratie au visage ?

      Lors de cette réunion, le président Dijsselbloem a annoncé qu’il était sur le point de convoquer une deuxième réunion tard dans la soirée, sans moi : sans que la Grèce ne soit représentée. Je protestais qu’il ne pouvait pas, de lui-même, exclure le ministre des Finances d’un État-membre de la zone euro et j’ai demandé un avis juridique sur la question.

      Après une courte pause, l’avis est tombé du Secrétariat de l’Eurogroupe : "L’Eurogroupe n’existe pas dans le droit européen. C’est un groupe informel et, par conséquent, aucune règle écrite ne peut contraindre son président". Aucune règle écrite, aucun procès-verbal (permettant aux citoyens de voir ce qui a été dit en leur nom), aucun respect pour la démocratie. Voilà l’institution qui décide pour vous et moi, pour vos enfants et les miens. Est-ce l’Europe pour laquelle Adenauer, De Gaulle, Brandt, Giscard, Schmidt, Kohl, Mitterrand, etc. avaient travaillé ? Ou est-ce l’épitaphe de l’Europe que nous avions toujours pensée être notre point de référence, notre boussole ?

      Une semaine plus tard, le peuple de Grèce, malgré les banques fermées et la peur exploitée par des médias grecs corrompus, a prononcé un NON retentissant au référendum. Le lendemain, le Sommet Euro a répondu en imposant à notre Premier ministre un accord qui ne peut être décrit qu’en termes de capitulation de notre gouvernement. Et l’arme de choix du Sommet Euro ? La menace illégale d’amputer la Grèce de la zone euro.

      Quoi qu’on pense de notre gouvernement, et malgré les divisions que cette capitulation a occasionnées entre nous, cet épisode restera dans l’histoire de l’Europe comme le moment où l’Europe officielle a déclaré la guerre à la démocratie européenne. La Grèce a capitulé, mais c’est l’Europe qui a été défaite.

      Notre mécontentement

      Comme vous avez pu l’entendre, cette nuit-là j’ai été en désaccord avec le Premier ministre Tsipras et j’ai démissionné. Nous avions été en désaccord sur un certain nombre de questions auparavant.

      Le fait d’avoir concédé à la Troïka fin avril des excédents primaires ridiculement élevés, sans mon consentement, a été une façon d’enhardir nos créanciers. Une fois que vous acquiescez sur des excédents primaires élevés, vous acceptez une nouvelle austérité, vous signalez que vous n’êtes pas vraiment sérieux quand vous parlez de restructuration de la dette. Et une fois que vous cédez sur l’austérité et la dette, la Troïka sait que vous êtes battu. Tout ce qu’ils avaient à faire était d’attendre notre capitulation.

      La raison pour laquelle je ne l’ai pas démissionné alors, fin Avril et début mai, c’était que j’étais certain que la Troïka ne donnerait pas à mon Premier ministre un accord à moitié décent, même après qu’il leur eut accordé presque tout ce qu’ils avaient demandé. Car leur but était notre humiliation, plutôt qu’un accord très dur d’austérité. Et donc j’ai attendu que Alexis durcisse le ton. Le référendum lui a donné cette chance.

      Lorsque l’Eurogroupe a demandé à la BCE de fermer nos banques en représailles à notre référendum - les mêmes banques que la BCE avait déclaré à plusieurs reprises être insolvables - je recommandais deux ou trois actes en représailles de notre côté. Quand je fus mis en minorité au sein de notre cabinet de guerre, je savais que c’était fini.

      Et pourtant les personnes courageuses de Grèce, en dépit de la propagande menée par les oligarques de la télévision et de la radio, ignorant les banques fermées, avaient voté un retentissant « Non » à la capitulation. Cette nuit-là Danae et moi avons senti que nous avions une autre chance. Ou que, à tout le moins, nous devrions démissionner si nous pensions que nous avions usé toutes nos armes, prenant la rue avec notre peuple courageux. « Pas en notre nom » aurait dû être notre réponse de défi à la demande de la Troïka que nous signions son catastrophique « nouveau » plan.

      Ces désaccords entre Alexis Tsipras et moi sont maintenant de l’eau sous le pont. Je suis désolé que nos chemins aient divergé. En particulier, je me désole d’entendre mon camarade se battre pour appuyer un programme dont il sait qu’il n’est pas fait pour marcher.

      Pouvons-nous aller de l’avant unis dans la différence ? La gauche n’a pas si le faire dans le passé. Cela s’améliore maintenant. Nous devons laisser la porte ouverte à tous ceux qui ont l’envie et la capacité de nous rejoindre dans la lutte pour récupérer l’intégrité et l’âme de l’Europe. Pour démocratiser la zone euro.

      Une fausse, mais divertissante, histoire de l’euro

      Pourquoi nous, Européens, avons créé l’euro ? Une réponse peu analytique mais divertissante :

      Les Français craignent les Allemands

      Les Irlandais voulaient échapper à la Grande-Bretagne

      Les Grecs étaient terrifiés par la Turquie

      Les Espagnols voulaient devenir comme les Français

      Les Italiens du Sud voulaient des droits migrateurs vers... l’Allemagne

      Les Italiens du Nord voulaient devenir allemands

      Les Néerlandais et les Autrichiens étaient presque tous devenus allemands

      Les Belges ont cherché à guérir leurs profondes divisions en rejoignant à la fois la Hollande et la France sous l’égide d’un Deutsch mark reconfiguré

      Les pays baltes frissonnaient à la pensée d’une résurgence de la Russie

      Les Slovaques n’avaient nulle part où aller après la séparation d’avec leurs frères tchèques

      La Slovénie fuyait les Balkans

      La Finlande devait faire quelque chose que la Suède ne ferait pas

      Et, enfin, les Allemands craignaient les ...Allemands !

      Comme tous les gros mensonges, cette liste contient d’importantes petites vérités. Les Français craignaient vraiment les Allemands. Et les Allemands avaient des raisons de craindre cette peur, ainsi que la capacité à l’autodestruction de leur propre État-nation.

      Sur ce point, je tiens à différer de ceux qui ont imputé la crise de l’Europe "à l’Allemagne" et "aux Allemands". Je me suis toujours opposé à cela pour deux raisons.

      Tout d’abord, "les Allemands" ça n’existe pas. Pas plus que "les" Grecs. Ou "les" Français. Quiconque connaît les sociétés allemande, grecque, française sait qu’il y a beaucoup plus de différences de caractère, de vertu ou d’opinion parmi les Grecs, les Français ou les Allemands qu’il n’y a de différences entre Allemands, Français et Grecs.

      La deuxième raison pour laquelle je m’oppose à la censure de l’Allemagne est que Paris porte une plus grande responsabilité que Berlin dans notre pagaille actuelle. Permettez-moi de vous ramener au 18 Septembre 1992. Ce jour-là, deux jours avant que les Français ne votent lors du référendum sur le traité de Maastricht, Le Figaro avait écrit :

      Les adversaires de Maastricht craignent que la monnaie commune et la nouvelle Banque centrale ne fortifient la supériorité du Deutsche Mark et de la Bundesbank. Mais c’est exactement le contraire qui va se passer. Si elle vient à Maastricht, l’Allemagne devra partager sa puissance financière avec les autres. « L’Allemagne paiera », disaient-ils dans les années 1920. Aujourd’hui, l’Allemagne paie vraiment. Maastricht est le Traité de Versailles sans la guerre.

      Aucun Allemand ne pouvait pardonner une telle insensibilité. Que l’establishment français lutte de cette façon pour convaincre un électorat français sceptique de voter « OUI » au référendum n’était pas une excuse.

      Le Traité de Versailles de 1919 a condamné les Allemands à la misère indicible, a humilié la fière nation allemande, et a préparé le terrain aux voyous nazis. Les nazis seraient restés une note historique en bas de page s’il n’y avait pas eu les réparations impossibles du traité de Versailles.

      Ce ne fut pas seulement le capricieux éditorial de certains journaux français. Le Président De Gaulle avait également envisagé l’union monétaire avec l’Allemagne comme "la guerre par d’autres moyens », précisément dans l’esprit du Figaro. Et puis en 1983, lorsque François Mitterrand a décidé d’abandonner les politiques anti-austérité du gouvernement socialiste pour apaiser les marchés et la Bundesbank, Jacques Delors a fait valoir qu’il embrassait l’austérité parce que l’austérité pouvait être seulement vaincue au niveau européen. Le plan de Delors était de capturer une institution chérie par le peuple allemand, la Bundesbank, de la subsumer dans une banque centrale française dominée, et d’étendre en Allemagne et au reste de l’Europe des politiques chères au coeur de Paris.

      Oui, il est vrai que j’en ai eu assez d’entendre les politiciens allemands, comme Wolfgang Schäuble, parler et encore parler sur la sainteté de règles inapplicables. Mais nous devons être honnêtes : les élites de la France sont responsables d’avoir mis les élites de l’Allemagne sur la défensive. Les diplômés des Grand Écoles françaises tiennent des beaux discours sur le bien commun de l’Europe, mais en réalité, ils ont tenu à sacrifier les intérêts de la majorité du peuple français sur l’autel de leur étroit intérêt. Ils n’ont cessé d’exiger de leur propre peuple et du reste de l’Europe de faire des sacrifices afin que la classe dirigeante de la France prospère, avec des Deutsch mark ou des euros plein les poches.

      L’euro a changé tout cela. Enfermés dans son étreinte d’acier, les administrateurs sophistiqués de la France se rendent compte maintenant que l’union monétaire ne va pas leur offrir l’Allemagne sur un plateau. En effet, ils se rendent compte que non seulement ils ne gagnent pas sur l’Allemagne mais qu’ils perdent la France. Cela ne nous offre, à nous humanistes européens engagés, aucun réconfort. Nos peuples en France, en Allemagne, en Grèce, en Finlande souffrent de la manipulation inepte par nos prétendues élites de la crise inévitable de l’euro.

      Les fourmis et les sauterelles

      Pour en revenir à ce vieux manifeste avec lequel j’ai commencé mon discours, il reste vrai que l’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte de classes. La seule force politique qui l’a oublié est la ... Gauche. La droite n’a jamais cessé de poursuivre la guerre de classe dans la pratique tout en utilisant chaque crise pour opposer les unes aux autres les nations fières.

      L’idée que les fourmis vivent toutes dans le Nord et les sauterelles toutes dans le Sud, en plus de l’Irlande, est absurde. Il y a des fourmis et il y a des sauterelles dans chacune de nos nations. Pendant les « bons » moments de la zone euro, les sauterelles du Nord et les sauterelles du Sud ont dévoré frénétiquement. Et quand leurs péchés ont conduit à la crise, ce sont les fourmis du Nord et les fourmis du Sud qui ont été forcées de payer la facture.

      La Troïka et l’Eurogroupe sont les instances qui ont endossé l’agenda des sauterelles de l’Europe officielle, partout en Europe, tournant les fourmis du Nord contre les fourmis du Sud dans une Europe qui est en train de perdre son âme du fait des stéréotypes, des dénis et à cause des sales prétendues élites extrêmement déterminées à ne pas lâcher les leviers du pouvoir mal acquis.

      En 1929, un accident à Wall Street a commencé le processus qui a démantelé la monnaie commune de l’époque - le Gold Standard. En 2008, un autre accident à Wall Street a commencé le processus de fragmentation de la zone euro. À ces deux occasions, les Français se retournèrent contre les Allemands, les Allemands contre les Français, avant que les Français ne se retournent contre les Français, les Grecs contre les Grecs et les Allemands contre les Allemands. À ces deux occasions, dans les années 1930 et maintenant, les seuls bénéficiaires ont été les bigots, les nationalistes, les xénophobes, les misanthropes. L’œuf du serpent n’a pas mis longtemps à éclore dans de telles circonstances.

      Anti-nationaliste, anti-nazi

      Voilà pourquoi il est si important que nous évitions de commencer des phrases par « Les Allemands ceci » ou « Les Français qui" ou "Les Grecs". Voilà pourquoi il est impératif que nous comprenions que "les" Allemands, "les" Grecs ou "les" Français n’existent pas. Que nous sommes tous des Européens face à une crise très européenne.

      Lors de ma première visite à Berlin, au cours de la conférence de presse que je donnais avec le Dr. Wolfgang Schäuble, j’ai dit :

      En tant que ministre des Finances d’un gouvernement confronté à des circonstances d’’urgence causées par une crise de dette déflationniste sauvage, je pense que la nation allemande est celle qui peut le mieux nous comprendre. Personne ne peut mieux comprendre que les gens de ce pays à quel point une économie très déprimée, soumise à un rituel d’humiliation nationale et de désespoir sans fin, peut voir éclore l’œuf du serpent en son sein. Quand je rentrerai à la maison ce soir, je vais me retrouver dans un Parlement où le troisième plus grand parti est un parti nazi.

      L’Allemagne peut être fière du fait que le nazisme a été éradiqué ici. Mais c’est l’une des ironies cruelles de l’histoire que le nazisme ait montré son visage laid en Grèce, un pays qui a mené une forte lutte contre lui. Nous avons besoin du peuple de l’Allemagne pour nous aider à lutter contre la misanthropie. Nous avons besoin que nos amis allemands restent fermes dans le projet européen de l’après-guerre ; c’est à dire, ne plus jamais permettre une dépression comme celle des années 1930, divisant les fières nations européennes. Nous ferons notre devoir à cet égard. Et je suis convaincu que c’est ce que feront nos partenaires européens.

      Donc, jamais plus de stéréotypes sur les Grecs, les Allemands, les Français, tout le monde. Tendons la main à tous ceux qui veulent refaire de l’Europe un royaume démocratique de prospérité partagée.

      CONCLUSION

      Je vous ai assez fatigués. Laissez-moi en mon nom et en celui de Danaé, exprimer nos profonds remerciements à Arnaud Montebourg et Aurélie Filippatti pour leur hospitalité, leur amitié et pour nous avoir permis de vous rencontrer vous tous aujourd’hui - pour cette occasion de commencer quelque chose d’important, ici, à Frangy.

      La France est le laboratoire de l’Europe. En apportant en France l’esprit du printemps d’Athènes on peut donner à l’espoir une autre chance.

      Chers amis, la diversité et la différence n’ont jamais été le problème de l’Europe.

      Notre continent a commencé à se réunir avec de nombreuses langues et des cultures différentes, mais il est en train de finir divisé par une monnaie commune.

      Pourquoi ? Parce que nous laissons nos dirigeants faire quelque chose qui ne peut pas être fait : dépolitiser l’argent, pour faire de Bruxelles, de l’Eurogroupe, de la BCE, des zones franches apolitiques.

      Quand la politique et l’argent sont dépolitisés, ce qui se passe c’est que la démocratie meurt. Et quand la démocratie meurt, la prospérité est confinée au très petit nombre de gens qui ne peuvent même pas en profiter derrière les portes et les clôtures qu’ils ont eu besoin de construire pour se protéger de leurs victimes.

      Pour contrer cette dystopie les peuples d’Europe doivent croire à nouveau que la démocratie n’est pas un luxe offert aux créanciers et refusé aux endettés.

      Peut-être le temps est-il venu d’un réseau européen dont l’objectif explicite soit la démocratisation de l’euro. Pas un autre parti politique, mais une coalition inclusive paneuropéenne de Helsinki à Lisbonne et de Dublin à Athènes, s’engageant à passer de l’Europe de « Nous, les gouvernements » à l’Europe « Nous, le peuple ». S’engageant à mettre fin au jeu du blâme. Attaché à la maxime selon laquelle il n’existe rien de tel que "les" Allemands, "les" Français ou "les" Grecs.

      Le modèle des partis nationaux qui forment des alliances fragiles au Parlement européen est obsolète. Les démocrates européens doivent se réunir d’abord, former un réseau, établir un programme commun, et ensuite trouver des façons de se connecter avec les communautés locales et au niveau national.

      Le réalisme exige de notre nouveau réseau européen de chercher des moyens d’adapter les institutions européennes existantes aux besoins de nos peuples. D’être modestes et d’utiliser les institutions existantes de façon créative. Pour oublier, au moins pour l’instant, les modifications des traités et les mesures fédérales qui ne pourront suivre que lorsque nous, et le spectre de la démocratie, aurons mis fin à la crise.

      Prenez les quatre domaines où la crise de l’Europe se déroule. La dette, les banques, l’insuffisance des investissements et la pauvreté. Ils sont tous les quatre actuellement laissés dans les mains des gouvernements qui sont impuissants à agir sur eux. Européanisons les !

      Que les institutions existantes gèrent une partie de la dette des États-membres, place les banques en faillite sous une juridiction européenne commune, donne à la BCE la tâche d’administrer un programme pan-européen de récupération de l’investissement. Et, enfin, utilisons les bénéfices comptables accumulés dans le Système européen de banques centrales pour financer un programme de lutte contre la pauvreté partout en Europe - y compris en Allemagne.

      J’appelle ça un programme primordial d’européanisation décentralisée car il européanise nos problèmes communs, mais ne propose pas de trésor fédéral, pas de perte de souveraineté, pas de transferts fiscaux, pas de garanties allemandes ou françaises pour la dette irlandaise ou grecque, pas de modifications des traités, pas de nouvelles institutions. Il donne plus de liberté aux gouvernements élus. Il limite leur impuissance. Il rétablit le fonctionnement démocratique de nos parlements.

      Il y a quelques années, Michel Rocard a défendu cette proposition, et en a même écrit la préface. Ce peut être le point de départ des réflexions de notre réseau paneuropéen réunissant la gauche française, la gauche radicale grecque, une société allemande plus confiante, et même les conservateurs qui reconnaissent que les dispositions actuelles empoisonnent la démocratie et font dérailler nos économies.

      Nous ne sommes pas d’accord sur tout. Démarrons avec l’idée commune que la zone euro doit être démocratisée.

      Lorsqu’on a demandé à Gandhi ce qu’il pensait de l’Union Européenne, il a répondu par son célèbre : "... Ce serait une très bonne idée".

      Si l’on nous demandait ce que nous pensons de notre Union européenne aujourd’hui, nous dirions : "Quelle idée splendide ! Si seulement nous pouvions la retirer !"

      Nous pouvons la retirer. Tout ce que nous devons faire est d’aider le spectre de la démocratie à hanter ceux qui la détestent.

      Permettez-moi de terminer en ajoutant aux idéaux français de la liberté, de fraternité et d’égalité des notions que notre Printemps d’Athènes a mises en avant et que la nouvelle Europe doit de nouveau embrasser : l’espoir, la rationalité, la diversité, la tolérance et, bien sûr, la démocratie.

      –-----

      Le texte anglais de cette conférence à été publié et introduit hier par Christian Salmon :

      http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-salmon/240815/notre-printemps-dathenes-par-yanis-varoufakis

  • Le crépuscule d’une époque, par Frédéric Lordon - Les blogs du Diplo
    http://blog.mondediplo.net/2015-07-07-Le-crepuscule-d-une-epoque

    Comme un symptôme du degré ultime de soumission à l’ordre des choses qu’aura incarné la « social-démocratie », c’est en effet au Parti socialiste qu’on trouve les plus beaux spécimens de la catastrophe : Sapin donc, mais aussi Macron, Valls, Moscovici, et bien sûr, primus inter pares, Hollande. Les figures ahuries du gouvernement des ratios et, en temps de grande crise, les poules dans une forêt de démonte-pneu. Un cauchemar de poules. Il faut les regarder tourner ces pauvres bêtes, désorientées, hagardes et incomprenantes, au sens étymologique du terme stupides. Tout leur échappe. D’abord il y a belle lurette que les ratios ont explosé à dache, mais la vague angoisse qui les gagne leur fait bien sentir que c’est plus grave que ça : ça pourrait ne plus être une affaire de ratios… La pensée par ratios risque de ne plus suffire. Il faudrait refaire « cette chose… » : de la politique. « Mais comment faire ? Nous ne savons pas ».

    On le sait qu’ils ne savent pas. Le pire, d’ailleurs, c’est quand ils font comme s’ils savaient. Qu’ils s’essayent à la « vision ». « Il faut que les jeunes Français aient envie de devenir milliardaires », voilà la pensée des ratios dans son effort de « prendre de la hauteur ». Les ratios en hauteur, ça donne ça : la vision civilisationnelle d’Emmanuel Macron. Voici les gens que nous mandatons pour nous conduire. Mais où peuvent-ils nous emmener si ce n’est au désastre — civilisationnel, précisément ? Comment imaginer que l’Europe à tête de bulot ait pu aller ailleurs qu’au naufrage ? Quelqu’un depuis vingt ans a-t-il éprouvé le moindre tremblement à un discours européiste ? Senti le moindre souffle ? Peut-on composer une épopée autre que grotesque lorsqu’on met bout à bout les odes à l’Europe sociale d’Elisabeth Guigou et de Martine Aubry, les bafouillements de Jacques Delors, les chuintements de Jean-Claude Juncker, les hystéries de Cohn-Bendit, les commercialismes de Lamy, les fulgurances charismatiques de Moscovici, et tant d’autres remarquables contributions à la chronique d’un désastre annoncé ? La vérité est qu’il suffisait de les écouter, ou plutôt de tendre l’oreille, en fait de percevoir l’absence de toute vibration, pour se pénétrer de la certitude de l’échec : une entreprise historique conduite par des gens de cette étoffe ne pouvait qu’échouer. [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/4160 via Le Monde diplomatique

  • C’est parce que Ulysse avait l’espoir de retrouver Ithaque et Pénélope qu’il a eu le courage et l’énergie d’endurer dix ans d’épreuves, après celles de la guerre de Troie. C’est aussi parce que Grecs et Européens pourront regarder ensemble vers un avenir nécessairement commun et pressenti meilleur qu’ils trouveront les voies d’un compromis faisant honneur aux principes de coopération et de solidarité qui fondent la construction européenne.

    Du Jacques Delors dans le texte. Au moins, il y voit clair et a un discours, pas comme les socialistes français actuels

    #Grèce #europe

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/04/jacques-delors-appelle-a-poursuivre-l-odyssee-avec-athenes_4670372_3232.html

  • Protection sociale : au-delà du coût
    http://www.revue-projet.com/articles/2015-05-clerc-protection-sociale-au-dela-du-cout

    Au fond, la question du niveau des dépenses compte moins que celle de leur efficacité : les pays scandinaves dépensent à peu près autant que nous, en proportion, pour le social, sans que cela ait la moindre conséquence sur leurs économies ni sur le consentement de leurs opinions publiques à payer. « Ils en ont pour leur argent » a coutume de dire Jacques Delors. Ce n’est pas le cas chez nous, pour trois raisons essentielles : les fondements mêmes de notre protection sociale, son caractère plus curatif que préventif, enfin – et ce n’est pas la moindre –, les réticences d’une partie du corps social à consentir les efforts nécessaires pour que la protection sociale joue son rôle en faveur de tous.

    #protection_sociale

  • #Méditerranée, le cimetière marin

    confrontée au drame des migrants : autour de Christine Ockrent, cette semaine :

    #Jean-Christophe_DUMONT chef de la division des migrations internationales à l’OCDE, il dirige la publication du rapport annuel, Perspectives des migrations internationales(OECD publishing, le dernier rapport date de décembre dernier).

    #Yves_Bertoncini, directeur de l’Institut Jacques Delors, il a publié avec Antonio Vitorino “Schengen, le terrorisme et la sécurité”, article paru le 12 février dernier.

    #Issandr El Amrani, Directeur du projet Afrique du Nord pour International Crisis Group. Les derniers rapports sont en lignes sur le site de Crisis Group.

    #Ferruccio_Pastore Directeur du FIERI (International and European Forum for Migration Research). Il vient de publier, “La Libye, plaque tournante de l’émigration dans le nord de l’Afrique”, Le Monde (16 avril 2015)


    http://www.franceculture.fr/emission-affaires-etrangeres-mediterranee-le-cimetiere-marin-2015-04-2
    #politique_migratoire #asile #réfugiés #Forteresse_Europe #sauvetage #EU_summit

    • Dumont donne quelques chiffres en disant qu’on est face à un moment historique :
      – entrées irrégulières en Europe (comptabilisés par Europe) : 280’000 (2,5 - 3,5 fois plus que l’année passée)
      – demandes d’asile : 600’000 pour 2014 dans les pays de l’UE et 800’000 dans les pays de l’OCDE

      #Charles

  • #Budget_européen : Comprendre les enjeux des crises institutionnelles successives
    http://www.taurillon.org/budget-europeen-comprendre-les-enjeux-des-crises-institutionnelles

    Dans une interview exclusive, Eulalia Rubio, chercheuse senior à Notre Europe - Institut Jacques Delors, décrypte les enjeux et les perspectives autour du budget européen, qui suscite cette année encore de nouvelles crises institutionnelles. Ses recherches et ses publications portent notamment sur le budget de l’Union européenne, la crise de la dette souveraine dans la zone euro, la gouvernance de l’UEM (Union Economique et Monétaire) et l’avenir du modèle social européen. Son expertise permet de dresser une analyse fine de la situation actuelle et des possibilités de résolution du conflit entre les institutions.

    Actualité

    / #Commission_européenne, Budget européen, Institutions (...)

    #Institutions_européennes

  • Les #socialistes français, la #crise et l’#Europe, par Christophe Pannetier et Yves Poirmeur (avril 1984)
    http://www.monde-diplomatique.fr/1984/04/PANNETIER/37948

    Dès l’automne 1982, les premières mesures de rigueur sont mises en œuvre par le gouvernement. Elles sont caractérisées par un certain « réalisme » : réalisme en matière de coopération (M. Jean-Pierre Cot quitte ses fonctions ministérielles), réalisme en matière internationale, avec des discours très atlantistes de M. Claude Cheysson. Le plan Delors marque l’entrée dans la politique de rigueur en même temps qu’un arrêt brutal de « construction du socialisme ».

    Cet arrêt a une dimension éminemment européenne : l’option sur laquelle le président Mitterrand a longuement hésité, et qui a fait l’objet d’une importante dramatisation, était celle du maintien ou non de la France dans le système monétaire européen (SME), de l’utilisation ou non des clauses de sauvegarde que comporte le droit européen. A l’arrière-plan, se profilait la question du protectionnisme et de la fermeture des frontières ou du maintien intégral dans le Marché commun. La victoire des thèses de M. Jacques Delors marquait finalement la réaffirmation de l’ancrage de la France à l’#Europe : le socialisme à la française prenait un visage social-démocrate et s’orientait doucement (malgré la contradiction des termes qui en exprime bien la nature) vers ce qu’il faut bien appeler un « socialisme libéral ».

    M. Pierre Mauroy justifia alors sa nouvelle politique par des impératifs européens : « La France ne peut conduire une politique de gauche intégrale si les autres pays européens appliquent des politiques de droite » . L’hostilité de l’environnement européen fonde donc l’impossibilité de poursuivre la construction du socialisme dans un seul pays, et l’abandon (définitif ?) de la politique de relance pour une cure d’#austérité, rebaptisée « #rigueur » pour la circonstance. Cure d’austérité d’autant plus mal ressentie par les Français qu’ils avaient été bercés par un pouvoir serein, qui distillait jour après jour de douces illusions, et que le développement du chômage se profilait à l’horizon.

  • André Gorz : « Pourquoi la société salariale a besoin de nouveaux valets » - Perspectives gorziennes
    http://www.perspectives-gorziennes.fr/index.php?post/2013/05/15/André-Gorz:-«Pourquoi-la-société-salariale-a-besoin-de-nouveaux-valets»/1520

    En RFA, le volume annuel du #travail a diminué de 30 % depuis 1955. En France, il a baissé de 15 % en trente ans, de 10 % en six ans. Les conséquences de ces gains de #productivité sont ainsi résumées par M. Jacques Delors : en 1946, un salarié âgé de vingt ans devait s’attendre à passer au travail un tiers de sa vie éveillée ; en 1975, un quart seulement ; aujourd’hui, moins d’un cinquième. Et encore ce dernier chiffre n’intègre-t-il pas les gains de productivité à venir et ne prend-il en considération que les salariés employés à plein temps, toute l’année durant. Toujours selon M. Delors, les Français âgés aujourd’hui de plus de quinze ans passeront moins de temps au travail qu’ils n’en passent à regarder la télévision.

    Ces #chiffres, notre #civilisation, notre presse, nos représentants politiques préfèrent ne pas les regarder en face. Ils se refusent à voir que nous ne vivons plus dans une société de producteurs, dans une civilisation du travail. Le travail n’est plus le principal ciment social, ni le principal facteur de socialisation, ni l’occupation principale de chacun, ni la principale source de #richesse et de bien-être, ni le sens et le centre de nos vies. Nous sortons de la civilisation du travail, mais nous en sortons à reculons, et nous entrons à reculons dans une civilisation du temps libéré, incapables de la voir et de la vouloir, incapables donc de civiliser le temps libéré qui nous échoit, et de fonder une culture du temps disponible et une culture des activités choisies pour relayer et compléter les cultures techniciennes et professionnelles qui dominent la scène. Nos discours demeurent dominés par le souci de l’efficience, du rendement, de la performance maximale, donc par le souci d’obtenir le plus grand résultat possible avec le minimum de travail et dans le minimum de temps. Et nous semblons décidés à ignorer que nos efforts d’efficacité, de rationalisation ont pour conséquence principale ce résultat - que la rationalité économique ne sait ni évaluer ni charger de sens - de nous libérer du travail, de libérer notre temps, de nous libérer du règne de la rationalité économique elle-même.

    #RdB

  • http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/07/14/gpa-jospin-et-delors-pressent-hollande-de-s-opposer-au-marche-des-bebes_4457

    « Si la France plie, si les filiations des enfants issus de contrats de mère porteuse faites à l’étranger sont inscrites à l’état civil français, alors le marché des bébés devient de fait efficace », réagit cette tribune, signée, entre autres, par l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin, Yvette Roudy, ministre des droits des femmes sous François Mitterrand, ou l’ancienne secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet.

  • Blog gaulliste libre : La caste cannibale (Coignard – Gubert) : le PS et ses meilleurs « ennemis » de la finance (billet invité)
    http://www.gaullistelibre.com/2014/07/la-caste-cannibale-coignard-gubert-le.html

    .........

    Mais c’est peut-être Philippe Lagayette, ancien directeur de cabinet de Jacques Delors et actuel vice-président de Barclays France, qui illustre le mieux les reniements de la « gauche ». Car à l’entendre,
    « (les retraites) c’est comme quelqu’un qui gagne le SMIC et qui s’achètent une Porsche. Il faudra bien financer la voiture de sport un jour. (…)
    Aujourd’hui, parce que ça va mal, certains en reviennent au keynésianisme et à sa vision simpliste. Ils pensent encore que la croissance vient de la demande. C’est confondre une équation comptable avec la réalité. La vraie source de croissance a toujours été l’initiative. Or, la condition pour que les gens aient envie de prendre des initiatives et des risques, c’est que l’échange soit le plus libre possible. (…) (les inégalités) sont inévitables en période de prospérité. Il y a un danger à ne pas admettre cela. Et puis, l’argent circule : les artistes modernes vendent aux riches. S’ils n’y a plus de riches, il n’y a plus d’artistes modernes. (…) Une partie de notre population est inadaptée au monde moderne à cause de notre système éducatif. On traîne ce boulet. Et on veut le corriger, c’est sans fin … Nous accumulons ça : cela donne une perception de l’inégalité ressentie plus durement qu’ailleurs. (…) Et puis le RMA (il voulait sans doute dire le RSA …) coûte cher, et cela finit par peser sur la croissance ».............

    #finance
    #économie
    #politique
    #Dominique_Strauss-Kahn
    #François_Hollande
    #La_caste_cannibale
    #mondialisation
    #Nicolas_Sarkozy
    #Romain_Gubert
    #Sophie_Coignard

  • Ubu président et la dette - des pas perdus
    http://www.despasperdus.com/index.php?post%2F2014%2F01%2F23%2FUbu-dette

    Ubu président et la dette

    Le conseil supérieur de l’internet civilisé créé par Sarkozy et amélioré par Hollande ordonne au webmaster de publier cette interview en avant-première, conformément aux dispositions du décret relatif à la liberté d’expression et d’information dans l’internet civilisé :

    Président Ubu :

    « Ventrebleu, de par ma chandelle verte, les caisses de l’Etat sont vides ! »

    Le ministre des phynances

    « Bougre de con, la pompe à phynances est à sec ! »

    Les éditocrates :

    « Sapristi, mais que comptez-vous faire ? »

    Président Ubu :

    « De par ma chandelle verte, nous allons poursuivre la même politique ! »

    Le ministre des phynances

    « Cornegidouille, c’est la seule politique possible d’après le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE, les médias dominants, le forum de Davos, la BCE, le G20, le MEDEF, l’UMP, le MoDem, le FN et le PS ! »

    Président Ubu :

    « De par ma chandelle verte, nous maintenons le cap tracé depuis 1983 par Jacques Delors ! »

    Les éditocrates :

    « Sapristi, ne pourriez-vous pas innover en imposant à la banque centrale de prêter directement à l’État plutôt qu’aux banques privées ? »

    Le ministre des phynances :

    « Cornegidouille, nous n’allons pas rompre avec la logique de 1973 et la loi Pompidou dite loi VGE dite loi Rothschild, l’aïeul du propriétaire du journal Libération, indépendant, objectif et à gauche ! »

    Président Ubu :

    « De par ma chandelle verte, les banquiers ne pourraient plus prêter à l’État ni spéculer sur la dette publique ! »

    Le ministre des phynances :

    « Vrout merdre, c’est l’évidence, nos amis de la finance ne pourraient plus réaliser de coquets profits ! Que deviendrait le capitalisme ? »

    Président Ubu :

    « De par ma chandelle verte, quand la finance va tout va ! »

    Les éditocrates :

    « Merdre, vous dites vrai, sans la finance nos médias objectifs et indépendants, pluralistes et neutres auraient mis la clé sous la porte malgré vos généreux subsides publics... »

    Le ministre des phynances :

    « Cornegidouille, comme dit président Ubu, la finance n’a pas de nom ! »

    Président Ubu :

    « De par ma chandelle verte, Moi candidat, j’ai enfumé les électeurs avec cette formule géniale ! »

    Le ministre des phynances :

    « Merdre, la politique de l’offre devrait essorer peuple et gaver la finance, comme convenu !’ ».......

    #Ubu #président et la #dette