Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Sortie aujourd’hui en librairie de « Pommes de terre contre gratte-ciel » de Gilles DauvĂ© et de « Patriarcat et accumulation Ă  l’échelle mondiale » de Maria Mies

    Plus la crise Ă©cologique s’aggrave, plus l’écologie devient une idĂ©o­lo­gie domi­nante. Elle nous promet un monde « dĂ©car­bonĂ© » grĂące au tout-Ă©lectrique, au tout-numé­ri­que et au « nuclĂ©aire vert ». Mais capi­ta­lisme et Ă©cologie sont incom­pa­ti­bles. Le capi­ta­lisme repose sur l’exploi­ta­tion de pro­lé­tai­res dans des entre­pri­ses for­cĂ©es par la concur­rence d’accu­mu­ler plus de valeur que leurs riva­les. La quĂȘte inces­sante de pro­duc­ti­vitĂ© entraĂźne sur­pro­duc­tion, sur­consom­ma­tion
 aux effets des­truc­teurs pour les pro­lé­tai­res, pour l’huma­nitĂ© et pour la pla­nĂšte. Il n’y aura pas de « rĂ©vo­lu­tion Ă©cologique » sans rĂ©vo­lu­tion sociale qui rompt avec les rap­ports de classe.

    ▻https://entremonde.net/pommes-de-terre-contre-gratte-ciel

    PubliĂ© en 1986, ce livre nova­teur a Ă©tĂ© saluĂ© comme un chan­ge­ment de para­digme majeur pour la thĂ©o­rie fĂ©mi­niste et reste une contri­bu­tion essen­tielle Ă  la thĂ©o­rie du dĂ©ve­lop­pe­ment capi­ta­liste. En dĂ©trui­sant l’auto­no­mie des femmes, les hommes ont pu acqué­rir du capi­tal pro­duc­tif et accu­mu­ler des riches­ses. La vio­lence contre les femmes dans des pays comme l’Inde n’est donc pas un ves­tige de la sociĂ©tĂ© ancienne, mais un Ă©lĂ©ment du pro­ces­sus de moder­ni­sa­tion. Retraçant les ori­gi­nes socia­les de la divi­sion sexuelle du tra­vail, Mies pro­pose une his­toire des pro­ces­sus connexes de colo­ni­sa­tion et d’« assi­gna­tion domes­ti­que » et Ă©tend cette ana­lyse Ă  la nou­velle divi­sion inter­na­tio­nale du tra­vail. PrĂ©face de Silvia Federici.

    ▻https://entremonde.net/patriarchy-and-accumulation-on-a

    #écologie #féminisme #communisme #livres #édition

  • Johann Soufi - X :
    ▻https://x.com/jsoufi/status/1794000830779236381

    🚹BREAKING : La CIJ_ICJ ordonne Ă  IsraĂ«l de cesser immĂ©diatement son offensive Ă  Rafah, considĂ©rĂ©e comme susceptible d’imposer des conditions de vie Ă  la population palestinienne de Gaza pouvant entraĂźner sa destruction physique ! đŸ‡żđŸ‡Šâš–ïžđŸ‡źđŸ‡± đŸ§”Je vous explique briĂšvement 👇

    2. L’Afrique du Sud demandait des mesures conservatoires supplĂ©mentaires considĂ©rant que l’attaque de Rafah constituait une nouvelle circonstance qui aggravait le « risque de gĂ©nocide ». IsraĂ«l s’y opposait.

    3. À 13 voix contre 2 (juges Sebutinde et Barak ), la Cour considĂšre que l’attaque israĂ©lienne sur Rafah accroĂźt le « risque de prĂ©judice irrĂ©parable aux droits des palestiniens d’ĂȘtre protĂ©gĂ©s contre un gĂ©nocide » et qu’IsraĂ«l doit stopper immĂ©diatement son offensive !

    (4 pages de l’arrĂȘt)

    4. Les juges ordonnent aussi Ă  IsraĂ«l de maintenir le point de passage de #Rafah ouvert pour faciliter la fourniture d’aide humanitaire requise de toute urgence !

    5. Enfin les juges ordonnent Ă  IsraĂ«l de garantir l’accĂšs, sans entrave, Ă  toutes les commissions d’enquĂȘte ou organismes chargĂ©s par l’ONU d’enquĂȘter sur les allĂ©gations de gĂ©nocide ! 🔍đŸ‡ș🇳

    6. Une victoire judiciaire importante de l’Afrique du Sud, et une dĂ©cision courageuse de la @CIJ_ICJ.👏
    ▻https://pbs.twimg.com/media/GOWYXfAWMAAHBLW?format=jpg&name=medium#.
    La dĂ©cision (dĂ©jĂ  dispo en đŸ‡«đŸ‡·) comme toutes celles de la Cour, est OBLIGATOIRE. Les États doivent s’assurer qu’IsraĂ«l la respecte et la mette en Ɠuvre !

    â–șhttps://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20240524-ord-01-00-fr.pdf

    7. Bien évidemment la Cour renouvelle ses appels précédents à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas.

    Il faut espĂ©rer que cette dĂ©cision soit respectĂ©e et contribue Ă  un cessez le feu et Ă  la paix et la justice ! đŸ‡źđŸ‡±âš–ïžđŸ‡”đŸ‡ž

  • La semaine derniĂšre on s’est regardĂ© Idiocracy (2007) avec les enfants. Je n’ai donc pas suivi le dĂ©bat entre Attal et Bardella, parce que mĂȘme si c’est rigolo, on va pas se mater le mĂȘme film en boucle toutes les semaines.

    It’s what plants crave : it’s got electrolytes

  • Les voitures nous volent notre #territoire
 et limitent les Ă©changes sociaux
    ▻https://carfree.fr/index.php/2024/05/24/les-voitures-nous-volent-notre-territoire-et-limitent-les-echanges-sociaux

    Cet article de David Engwicht, un urbaniste australien, est extrait de son livre « Street Reclaiming : Creating Livable Streets and Vibrant Communities » (RĂ©cupĂ©rer les rues : crĂ©er des rues habitables et des Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Argumentaires #Etalement_urbain #Fin_de_l'automobile #Fin_des_autoroutes #Insécurité_routiÚre #2000 #aménagement #australie #culture #mobilité #recherche #san_francisco #société #trafic #transport #urbanisme #ville #ville_compacte

    • En 1970, Donald Appleyard, urbaniste anglo-amĂ©ricain Ă  l’UniversitĂ© de Californie Ă  Berkeley, a menĂ© des recherches novatrices Ă  San Francisco. Il a choisi trois rues rĂ©sidentielles qui, Ă  premiĂšre vue, Ă©taient identiques, Ă  l’exception de leur niveau de trafic.

      [...]

      Il a demandĂ© aux gens d’indiquer oĂč vivaient leurs amis et connaissances dans leur rue. Les habitants de la rue calme ont dĂ©clarĂ© avoir trois fois plus d’amis et deux fois plus de connaissances dans leur rue que ceux de la rue Ă  fort trafic (figure 1.1).

      Un indice sur la raison pour laquelle les habitants de la rue Ă  fort trafic avaient trois fois moins d’amis et de connaissances que les habitants de la rue calme est apparu lorsqu’Appleyard a demandĂ© aux habitants de dessiner sur la carte de leur rue ce qu’ils considĂ©raient comme leur « territoire familier » (figure 1.2).

      [...]

      Appleyard a dĂ©couvert que le trafic ne se contente pas d’occuper l’espace physique. Il a une « zone d’influence » qui intimide et prend possession d’un espace sur le plan psychologique. À mesure que la vitesse et le volume du trafic augmentent, la zone d’influence s’étend et le territoire familier se rĂ©trĂ©cit. Dans la rue calme, les enfants jouaient encore au milieu de la rue et les gens s’y arrĂȘtaient pour parler. Mais avec l’augmentation du trafic, ces activitĂ©s se sont dĂ©placĂ©es sur le trottoir. Avec l’augmentation du trafic, la fonction du trottoir est passĂ©e d’un espace de jeu et de socialisation Ă  un espace utilisĂ© « uniquement comme un couloir entre le sanctuaire des maisons individuelles et le monde extĂ©rieur ». L’abandon du trottoir comme espace de socialisation crĂ©e un cercle vicieux. Les enfants et les adultes abandonnent cet espace parce qu’il est sale, dangereux et bruyant. La suppression de ces activitĂ©s rend l’espace encore plus stĂ©rile et accroĂźt le sentiment qu’il s’agit d’une sorte de territoire Ă©tranger. Il est donc encore plus dĂ©laissĂ©.

      Cependant, Appleyard a constatĂ© que le rĂ©trĂ©cissement du territoire familier ne s’arrĂȘtait pas au trottoir. Sur la rue Ă  fort trafic, le nombre de personnes jardinant ou simplement assises sur leur perron a considĂ©rablement diminuĂ©. Le rĂ©trĂ©cissement ne s’est pas non plus arrĂȘtĂ© au perron. De nombreux habitants de la rue Ă  fort trafic ont abandonnĂ© les piĂšces de leurs habitations donnant sur la rue, les utilisant davantage comme tampon entre la rue et les piĂšces arriĂšres de la maison. Ainsi, certains habitants de la rue Ă  fort trafic ont mĂȘme perdu une partie de leur espace de vie interne en tant qu’élĂ©ment de leur territoire familier.

      L’une des raisons pour lesquelles les habitants de la rue Ă  fort trafic avaient moins de contacts sociaux est prĂ©cisĂ©ment qu’ils avaient moins de territoire sur lequel ils pouvaient effectuer des Ă©changes sociaux. La derniĂšre Ă©tape de cette saga du rĂ©trĂ©cissement du territoire familier a Ă©tĂ© l’abandon total du logement par certaines personnes, ce qui a eu pour effet de perturber les rĂ©seaux sociaux existants. Ce phĂ©nomĂšne, combinĂ© au rĂ©trĂ©cissement du territoire familier, explique pourquoi les habitants de la rue Ă  fort trafic avaient moins de contacts sociaux dans leur rue.

      #urbanisme #mental_mapping #carte_mentale

  • « Le “systĂšme voiture”, un modĂšle occidental problĂ©matique qui a colonisĂ© l’espace public »
    ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/24/le-systeme-voiture-un-modele-occidental-problematique-qui-a-colonise-l-espac

    La voiture a aussi colonisĂ© l’espace public et l’a reconverti en zone de circulation rapide et dangereuse, au point de s’en approprier jusqu’à 80 %, au dĂ©triment des places et des espaces de flĂąneries, en ville comme Ă  la campagne. Ont Ă©tĂ© exclus, sans discussion ou presque, les enfants, dĂ©sormais durablement cantonnĂ©s dans les parcs ou tenus fermement par la main, les marcheurs et les piĂ©tons, relĂ©guĂ©s latĂ©ralement sur des trottoirs trop Ă©troits et les accotements des routes secondaires, et tous ceux qui ne conduisent pas ou pas toujours, de plus en plus nombreux, parce qu’ils sont trop jeunes ou trop vieux, ne pouvant pas ou ne voulant pas conduire aussi vite ou de nuit.

  • Weighing in on “Man or Bear” - BIKEPACKING.com
    ▻https://bikepacking.com/plog/man-or-bear-debate

    I don’t spend a huge amount of time surfing the web. But recently, so many people posted bear memes that even I got sucked into “Man or Bear,” a rowdy internet debate that seems to have spawned from this viral Tik Tok video. In the video, a man asks eight women if they’d rather be stuck in a forest with a man or a bear. Seven out of eight women said they’d prefer the bear.

    This led to a long stream of commentary from women describing their fear of men and male violence. In turn, this commentary was met with a backlash from men expressing anger and deriding women’s responses. An article published by CNN gives a recap of the fray.

    The original video now has over 18 million views and over 75,000 comments. It’s led to countless replica videos, social media posts, and memes. And it’s opened up a larger conversation about gender-based violence and what it means to feel safe in the world.

  • L’histoire selon ChatGPT | Le Devoir
    ▻https://www.ledevoir.com/societe/le-devoir-de/807380/devoir-education-histoire-selon-chatgpt

    Si ces Ă©carts ont pu faire sourire les Ă©tudiants, ils ont cependant trouvĂ© moins drĂŽle que les Ă©lans d’inventivitĂ© non contrĂŽlĂ©s de ChatGPT, ou « hallucinations », comme les dĂ©signe le jargon de l’IA par un anthropomorphisme abusif, s’étendent aux rĂ©fĂ©rences bibliographiques.

    L’étudiant qui travaillait sur le physicien Louis NĂ©el avait peinĂ© Ă  collecter des sources pour documenter son travail. Il fut donc surpris de constater que la biographie produite par ChatGPT renvoyait Ă  plusieurs ouvrages universitaires qu’il avait Ă©tĂ© incapable de trouver, avant d’ĂȘtre encore plus Ă©tonnĂ© de dĂ©couvrir que ces rĂ©fĂ©rences Ă©taient en fait inventĂ©es de toutes piĂšces.

    Une Ă©tudiante ayant choisi d’explorer la carriĂšre du mĂ©decin Ignace Philippe Semmelweis a non seulement dĂ©couvert que ChatGPT lui avait suggĂ©rĂ© des rĂ©fĂ©rences inexistantes, bien qu’elles parussent Ă  premiĂšre vue plausibles, mais que mĂȘme les vraies rĂ©fĂ©rences qu’il avait fournies ne mentionnaient Semmelweis que de façon anecdotique.

    Fait intĂ©ressant : un des ouvrages mentionnĂ©s par ChatGPT Ă©tait mĂȘme considĂ©rĂ© comme une rĂ©fĂ©rence de qualitĂ© mĂ©diocre par les historiens sĂ©rieux du mĂ©decin austro-hongrois. DeuxiĂšme constat, mĂ©thodologique cette fois, l’agent conversationnel Ă©tait non seulement susceptible d’enrichir l’historiographie d’oeuvres imaginaires, mais mĂȘme lorsqu’il proposait des rĂ©fĂ©rences rĂ©elles, la qualitĂ© de sa revue de littĂ©rature pouvait s’avĂ©rer faible et peu pertinente.

    D’un point de vue pĂ©dagogique, j’aurais pu exploiter ces rĂ©fĂ©rences bibliographiques inventĂ©es pour expliquer aux Ă©tudiants la « mĂ©canique » derriĂšre le fonctionnement de ChatGPT. Ses « hallucinations » ne sont pas uniquement dues, comme on l’entend souvent, au fait que les donnĂ©es sur lesquelles il a Ă©tĂ© entraĂźnĂ© (en gros, le contenu d’Internet jusqu’en 2021) contiennent elles-mĂȘmes des erreurs factuelles ou des informations contradictoires et biaisĂ©es, puisque les rĂ©fĂ©rences erronĂ©es qu’il produit n’existent tout simplement pas sur Internet.

    Ces « hallucinations » sont en rĂ©alitĂ© indissociables de l’outil lui-mĂȘme, qui reste un trĂšs puissant gĂ©nĂ©rateur de textes
 probabilistes, formant des phrases Ă  partir de la probabilitĂ© que des mots apparaissent dans des phrases et des contextes similaires. Autrement dit, ni intelligent ni crĂ©atif, ChatGPT est un algorithme qui s’appuie sur des mĂ©thodes statistiques de calcul de probabilitĂ©s et une quantitĂ© massive de donnĂ©es d’apprentissage pour gĂ©nĂ©rer le texte ayant les chances les plus Ă©levĂ©es de rĂ©pondre « correctement » Ă  une question qui lui est posĂ©e.

    MĂȘme s’il Ă©tait entraĂźnĂ© sur un corpus de donnĂ©es « parfaites », la probabilitĂ© qu’il gĂ©nĂšre des erreurs ne serait pas nulle. ChatGPT rĂ©pond donc en termes probabilistes et non en fonction de critĂšres de vĂ©ritĂ© ; son « intelligence » n’est par consĂ©quent qu’apparente, comme l’est celle de tous les algorithmes.

    • Comme je l’écrivais hier, il y a pleins de mĂ©tiers de production de documents oĂč cet Ă  peu prĂšs est suffisant, aussi bon, voire meilleur, que ce que l’humain produit. Les boites Ă  consultants, qui ne vendent que du vent pour justifier des fulgurances crĂ©tines de dĂ©cideurs en recherche d’auto-lĂ©gitimation vont s’en satisfaire.
      ▻https://seenthis.net/messages/1054953#message1055021

      Comme d’habitude, on commence collectivement Ă  mettre les mĂȘmes mots au mĂȘme moment sur ce que reprĂ©sente cette innovation, pas si crĂ©tine dans l’absolu, mais utilisĂ©e par les toujours mĂȘmes crĂ©tins malveillants.

    • On peut voir la question sous l’angle du contrĂŽle du document produit par l’outil ; dans un certain nombre de cas, tchatgĂ©pĂ©tĂ© va probablement (sic) produire un Ă  peu prĂšs relativement voire trĂšs correct, qu’il faut nĂ©cessairement corriger, Ă  la marge (ou pas), pour en faire un « vrai » document, relu et validĂ© par de la cervelle moite. Dans la plupart des cas, la phase de validation/correction est peu coĂ»teuse et l’outil a effectivement aidĂ©, globalement, en raccourcissant le temps de recherche et de production du « gros » du document. Dans les cas oĂč la production de la machine est trop foireuse, selon le degrĂ© d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle de l’opĂ©rateur humain, soit c’est « bien tentĂ©, mais non merci, je ne valide pas » et il faut refaire, soit c’est « oh, ça ira bien, vu les destinataires du document... ».

      Dans les cas oĂč l’opĂ©rateur humain ne voit pas que le document produit par la machine est un subtil ramassis de mensonges sans autre consistence que formelle (= il ne rĂ©sulte d’aucun raisonnement), alors il n’a que ce qu’il mĂ©rite :-) Il faudrait simplement Ă©valuer la probabilitĂ© de « vrai faux » et dĂ©cider si on prend le risque, selon les domaines.

  • La rĂ©forme du choc des savoirs : un choc contre l’École fraternelle
    ▻https://www.cafepedagogique.net/2024/05/24/la-reforme-du-choc-des-savoirs-un-choc-contre-lecole-fraternelle

    La rĂ©forme du Choc des savoirs est rejetĂ©e par l’ensemble de la communautĂ© Ă©ducative. Encore une fois, une rĂ©forme de l’Éducation nationale est menĂ©e tambour battant et Ă  marche forcĂ©e sans aucun dialogue ni l’adhĂ©sion des actrices et acteurs de terrain. Cette verticalitĂ© est ressentie avec brutalitĂ© et interroge en profondeur le mĂ©tier des professeur.es, comme la crise du recrutement au concours de l’enseignement en atteste. Le nombre d’admissibles ne recouvre pas le nombre de postes dans certaines disciplines. Comment un mĂ©tier peut-il ĂȘtre attractif quand il est dĂ©considĂ©rĂ© financiĂšrement et socialement, quand les salaires ne sont pas revalorisĂ©s. La France paie particuliĂšrement mal ses enseignant, en comparaison avec les pays europĂ©ens. Le mĂ©tier mĂȘme de professeur Ă©volue, il est transformĂ© en mĂ©tier d’exĂ©cutant. Les brĂ©viaires, les manuels montrent le glissement vers une perte de libertĂ© pĂ©dagogique comme une perte de confiance dans le professeur. Cette mĂ©thode descendante atteste d’un manque de confiance dans l’art du professeur, la pĂ©dagogie, l’art de transmettre. Mais n’est-ce pas une mĂ©thode qui permet de ne pas interroger le manque de formation des enseignants ? « Qui veut encore des professeurs ? » interroge Philippe Meirieu dans un court ouvrage publiĂ© l’annĂ©e derniĂšre : ce titre Ă  l’apparence polĂ©mique doit nous interroger en profondeur sur le devenir du mĂ©tier de professeur, et sur l’avenir de l’École.

    Le choc des savoirs est Ă  l’image de notre Ve RĂ©publique, elle est le fait du Prince. Et de ce fait, les valeurs de la RĂ©publique, libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ© peuvent-elles ĂȘtre respectĂ©es dans l’École ?

  • Kanaky : la vie chĂšre imposĂ©e par les grands groupes attise les rĂ©voltes
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Kanaky-la-vie-chere-imposee-par-les-grands-groupes-attise-les-r

    Le groupe Bernard Hayot, du nom du dirigeant historique du groupe, est l’un des visages de ces grandes familles de colons qui dĂ©tiennent l’économie en Kanaky. Descendant d’une famille de bĂ©kĂ©s arrivĂ©s en Martinique au XVIIĂšme siĂšcle et ayant fait fortune avec l’exploitation du sucre basĂ© sur l’esclavage ▻https://www.humanite.fr/-/-/02-anti..., Bernard Hayot est Ă  la tĂȘte d’une multinationale florissante, fondĂ©e dans les annĂ©es 80 autour d’activitĂ©s industrielles et qui s’est par la suite emparĂ©e de larges secteurs de la grande distribution et de la distribution automobile, en particulier dans les colonies françaises en Martinique, Guadeloupe, Guyane Ă  la RĂ©union, Ă  Mayotte et en Nouvelle-CalĂ©donie. Aujourd’hui, Bernard Hayot se trouve dans le classement des 500 plus grandes fortunes françaises avec un patrimoine personnel estimĂ© Ă  plus de 300 millions d’euros. En 2021, le chiffre d’affaires du groupe, qui communique extrĂȘmement peu sur ses rĂ©sultats, Ă©tait de 3 milliards d’euros.

    Le cas du GBH est illustratif de la structure de l’économie des colonies françaises comme la Nouvelle-CalĂ©donie, dominĂ©e par des grandes familles de colons. Comme le rapporte notamment l’association Survie, cette concentration de capitaux et des moyens de production dans les mains de certaines grandes familles est type de l’exploitation qui a cours dans les colonies françaises. Cette concentration de l’économie de territoire comme la Kanaky dans les mains d’une poignĂ©e de grands capitalistes français qui organisent la vie chĂšre et l’exploitation est ainsi Ă  l’origine des inĂ©galitĂ©s profondes entre les colons et leurs soutiens d’une part, et les peuples colonisĂ©s de l’autre.

    Les scĂšnes de « pillages » de grandes enseignes de supermarchĂ©s et de commerces dans le cadre des rĂ©voltes de la jeunesse Kanak doivent ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ©e dans cette situation Ă©conomique coloniale qui plonge des pans entiers de la sociĂ©tĂ© Kanak dans la prĂ©caritĂ© Ă©conomique. Pendant que de l’autre cĂŽtĂ©, des grandes familles de colons Ă  NoumĂ©a concentrent l’essentiel des richesses de l’archipel.

  • Gaz de schiste : un rapport accable TotalEnergies et ses rejets toxiques au Texas
    ▻https://disclose.ngo/fr/article/gaz-de-schiste-un-rapport-accable-totalenergies-et-ses-rejets-toxiques-au-

    Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par deux ONG amĂ©ricaines rĂ©vĂšle que les forages de gaz de schiste de TotalEnergies au Texas sont responsables d’importantes fuites de mĂ©thane dans l’air. Rien que dans la rĂ©gion d’Arlington, les auteurs du rapport ont enregistrĂ© pas moins de 85 rejets de ce gaz nocif pour la santĂ© et l’environnement, entre aoĂ»t 2023 et janvier 2024. Au Texas, prĂšs d’un demi-million de personnes vivent Ă  proximitĂ© des puits de gaz de TotalEnergies. Lire l’article

  • Pourquoi il est essentiel de mettre Rachida en prison| Fonds pour une presse libre
    ▻https://fondspresselibre.org/pourquoi-il-est-essentiel-de-defendre-nos-medias-publics

    La rĂ©forme de l’audiovisuel public, menĂ©e au pas de charge par la ministre Rachida Dati, est une escroquerie Ă©conomique qui masque mal la volontĂ© d’une reprise en main politique par l’exĂ©cutif, Ă  nouveau alliĂ© en cette occasion Ă  la droite et l’extrĂȘme-droite. Le danger est majeur : mettre sous tutelle les mĂ©dias publics, par dĂ©finition au service du public, pour en faire des mĂ©dias d’Etat.

    ▻https://www.humanite.fr/politique/france-telecom/rachida-dati-aurait-touche-plus-de-800-000-euros-comme-avocate-dorange-pend

    Alors que Rachida Dati risque dĂ©jĂ  un procĂšs pour « corruption passive » et « trafic d’influence » dans l’affaire Renault, le journal LibĂ©ration rĂ©vĂšle que la ministre de la Culture aurait touchĂ© plus de 800 000 euros comme avocate d’Orange, alors qu’elle Ă©tait dĂ©putĂ©e europĂ©enne, entre 2010 et 2018.

  • Meredith Whittaker, prĂ©sidente de Signal : « L’IA concentre le pouvoir dans les mains des gĂ©ants de la tech »
    ▻https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/05/23/meredith-whittaker-presidente-de-signal-l-ia-concentre-le-pouvoir-dans-les-m

    La France vient de bloquer TikTok en Nouvelle-CalĂ©donie, en proie Ă  des Ă©meutes depuis quelques jours
 Qu’en pensez-vous ?
    Je ne connais pas bien le contexte, mais en 2024, bloquer l’accĂšs Ă  un rĂ©seau social afin de reprendre le contrĂŽle d’un territoire, cela semble trĂšs daté  Cette dĂ©cision ressemble Ă  celle d’un rĂ©gime autoritaire et ne convient pas Ă  une dĂ©mocratie.

  • Guerre IsraĂ«l-Hamas : pour #MSF, le port artificiel amĂ©ricain est « une #mascarade, une stratĂ©gie de #diversion, de la poudre aux yeux »
    ▻https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-israel-hamas-pour-msf-le-port-artificiel-americain-est-une-masca

    Caroline Seguin explique que ce n’est pas suffisant et que l’aide « est bloquĂ©e aujourd’hui au point d’entrĂ©e de Rafah ». En dĂ©but de semaine derniĂšre, l’armĂ©e israĂ©lienne a pĂ©nĂ©trĂ© Ă  Rafah et a pris le point de passage frontalier avec l’Egypte, verrouillant une porte d’entrĂ©e majeure pour les convois transportant des aides Ă  la population. La responsable adjointe des urgences de MSF chiffre Ă  « 2 000 » le nombre de camions « qui attendent de rentrer des stocks importants d’aide humanitaire qui attendent en Egypte aujourd’hui ». Pour Caroline Seguin, il s’agit donc d’une « stratĂ©gie de communication malsaine et qui tend Ă  cacher la volontĂ© de bloquer l’accĂšs Ă  #Gaza de la part des IsraĂ©liens ».

    #états-unis #génocidaires

  • CrĂ©atures ou IA : consultez, manipulez & annotez les images des bibliothĂšques, musĂ©es
 grĂące Ă  IIIF
    ▻https://linuxfr.org/news/creatures-ou-ia-consultez-manipulez-annotez-les-images-des-bibliotheques-mu

    L’initiative IIIF, pour International Image Interoperability Framework, est nĂ©e de la constatation que la diffusion d’images patrimoniales sur le web Ă©tait « trop lente, trop coĂ»teuse, trop dĂ©cousue, trop complexe ». IIIF apporte une solution pĂ©renne et Ă©lĂ©gante Ă  ces difficultĂ©s en conciliant accessibilitĂ©, interopĂ©rabilitĂ© et sobriĂ©tĂ©. Il intĂ©resse les GLAM (collections, bibliothĂšques, archives, musĂ©es, etc.) ainsi que les acteurs de l’enseignement et de la recherche.

    ConcrĂštement, IIIF crĂ©Ă© un cadre technique commun grĂące auquel les fournisseurs peuvent dĂ©livrer leurs contenus sur le web de maniĂšre standardisĂ©e, afin de les rendre consultables, manipulables et annotables par n’importe quelle application compatible.

    lien ná”’ 1 : Site officiellien ná”’ 2 : Introduction Ă  IIIF (documentation Biblissima)lien ná”’ 3 : (...)

  • SantĂ© : des chercheurs japonais dĂ©veloppent un traitement qui fait repousser les dents
    ▻https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/aujourd-hui-c-est-demain/sante-des-chercheurs-japonais-developpent-un-traitement-qui-fait-repous

    On pourrait bientĂŽt en finir avec les couronnes, les bridges et les prothĂšses. Une Ă©quipe de chercheurs de l’hĂŽpital Kitano Ă  Osaka au Japon a identifiĂ© le gĂšne qui bloque la repousse des dents et ils ont rĂ©ussi Ă  le dĂ©sactiver avec un mĂ©dicament. C’est donc comme si on avait des dents de lait en permanence, elles pourront repousser indĂ©finiment. Ils ont prĂ©sentĂ© les dĂ©tails de l’étude clinique qui doit confirmer l’efficacitĂ© de ce traitement chez des humains.

    Cela fait plusieurs annĂ©es qu’ils y travaillent, ils ont dĂ©jĂ  rĂ©ussi Ă  faire repousser les dents des souris et des furets. Ils passent donc Ă  l’étape suivante, des tests sur l’Homme sont prĂ©vus en septembre 2024. Vous savez que nous n’avons pas de chance, contrairement aux requins ou aux crocodiles, nos dents d’adulte ne repoussent pas. Si elles sont abĂźmĂ©es, on est obligĂ©s de les arracher et de mettre une prothĂšse. Avec ce type de traitement, ce sont nos propres dents, toutes propres, toutes neuves, qui pourraient naturellement repousser.
    Une alternative Ă  la prothĂšse

    Ce nouveau traitement sera testĂ© sur des enfants, entre deux et sept ans, atteints d’une maladie congĂ©nitale qui empĂȘche leurs dents de pousser. Mais dans un premier temps, il faudra s’assurer que le mĂ©dicament ne pose aucun danger. Il sera donc d’abord inoculĂ© Ă  des adultes sains Ă  qui il manque au moins une molaire, comme ça, ils ne risquent pas de se retrouver avec 33 dents si le traitement fonctionne bien. À priori, aucun effet secondaire n’a Ă©tĂ© constatĂ© sur les animaux. Donc ce sera aussi l’occasion de le vĂ©rifier. Cette premiĂšre Ă©tape devrait durer Ă  peu prĂšs un an, jusqu’en aoĂ»t 2025. Ensuite, ils enchaĂźneront avec les tests sur les enfants. Et si tout se passe bien, le traitement pourra ĂȘtre commercialisĂ© d’ici 2030.

    Le mĂ©dicament ne servira pas qu’à soigner cette maladie congĂ©nitale l’objectif est bel et bien de trouver une alternative Ă  la prothĂšse quand on a perdu une dent, que ce soit aprĂšs un accident ou aprĂšs une mauvaise carie. Ce serait formidable de voir ses propres dents repousser. C’est pourquoi cette recherche sera suivie de trĂšs prĂšs. Elle pourrait marquer un tournant dans la mĂ©decine dentaire.

  • Les MystĂšres de Montpellier : Escalade de problĂšmes Ă  PhilippidĂšs
    ▻https://www.francebleu.fr/emissions/a-hauteur-d-enfant/les-mysteres-de-montpellier-escalade-de-problemes-a-philippides-3261025

    L’une des nouvelles Ă©crites par les enfants montpelliĂ©rains dans Les MystĂšres de Montpellier est Escalade de problĂšmes Ă  PhilippidĂšs.
    Une Ɠuvre collective des Ă©lĂšves de CM1 et CM2 de l’école Marguerite Yourcenar.

    Je vous ai dĂ©jĂ  parlĂ© des MystĂšres de Montpellier : chaque annĂ©e, des classes de CM1 et CM2 des Ă©coles de #Montpellier participent Ă  l’écriture d’un recueil de nouvelles et de poĂ©sies, imprimĂ© de maniĂšre trĂšs professionnelle et distribuĂ© gratuitement lors de la ComĂ©die du Livre (c’était le week-end dernier). L’occasion pour les gamins de dĂ©dicacer le livre auprĂšs du public du salon, et de se prendre en photo avec le maire. Pour les curieux, on peut retrouver la collection des volumes des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes dans les mĂ©diathĂšques de la ville.

    Mes petits y ont participĂ© avec leur classe il y a deux ans, c’est une expĂ©rience extrĂȘmement gratifiante, et chaque annĂ©e on retourne sur le stand pour aller rĂ©cupĂ©rer un exemplaire et dire bonjour Ă  leur ancienne maĂźtresse.

  • Handicap : « Un p’tit truc en plus », une fable validiste pour garder les yeux fermĂ©s | CĂ©line Extenso
    ▻https://www.politis.fr/articles/2024/05/artus-un-ptit-truc-en-plus-une-fable-pour-garder-les-yeux-fermes-validisme

    Dans le film Un p’tit truc en plus d’Artus, CĂ©line Extenso pointe une dissimulation des violences concrĂštes que subissent les personnes handicapĂ©es, Ă  l’instar de l’institutionnalisation. Source : Politis

  • Apocalypse Google - Par Thibault PrĂ©vost | ArrĂȘt sur images
    ▻https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/apocalypse-google

    Traçons d’abord Ă  travers le brouillard du bullshit. Google, comme le reste de la Silicon Valley, nous vend constamment une IA qui n’existe pas, une IA mensongĂšre et fictive devenue la routine marketing. En 2018, la firme dĂ©voilait un assistant vocal phĂ©nomĂ©nal, Duplex, capable de passer des coups de fil Ă  votre place. La dĂ©mo Ă©tait probablement fausse, et le service Ă©tait en rĂ©alitĂ©... un call-center. En guise d’IA, trois humains sous un impermĂ©able. Rebelote en dĂ©cembre 2023 avec la dĂ©mo extraordinaire de son IA Gemini, qui Ă©tait au moins partiellement scriptĂ©e. OpenAI, Microsoft et les autres font la mĂȘme chose. L’IA n’est pas une course aux armements, c’est un concours de prestidigitateurs, face auquel le scepticisme par dĂ©faut devient la seule attitude saine. Il n’y a absolument aucune raison de croire que ce que Google nous montre reflĂšte l’état de l’art de ses produits, et toute raison de penser que nous venons de voir un court-mĂ©trage d’anticipation publicitaire. Pourquoi ? Parce que la dĂ©mo promet les deux choses que les logiciels d’IA gĂ©nĂ©rative sont structurellement incapables de fournir : la fiabilitĂ© et l’exhaustivitĂ©.


    L’IA Duplex, trois humains sous un impermĂ©able

    Je sais que je me rĂ©pĂšte de chronique en chronique, mais je le rabĂącherai jusqu’à ce que la bulle de l’IA explose : la-technique-ne-fonctionne-pas. Selon les critĂšres d’évaluation, le taux d’erreur du meilleur logiciel actuel, GPT-4, se situe entre 2,5% et 25%. Ces erreurs sont extrĂȘmement plausibles, assĂ©nĂ©es avec autoritĂ©, et par consĂ©quent plus dangereuses encore que les fake news classiques. L’industrie appelle ça des hallucinations. Le terme, Ă  la fois magique, mignon et puissamment neutralisant, a surtout pour fonction de dissimuler la rĂ©alitĂ© politique et sociale aux rĂ©gulateurs : l’IA gĂ©nĂ©rative est une arme de dĂ©sinformation massive. Et c’est donc le pire outil possible Ă  dĂ©ployer comme portail d’informations en ligne. Si un taux d’erreur de 2,5% vous paraĂźt faible, dites-vous que le moteur de recherche Google rĂ©pond Ă  8,5 milliards de requĂȘtes... par jour. Ça en fait, de la fake news.

    Les hallucinations sont inĂ©vitables. Elles sont une propriĂ©tĂ© structurelle de ces systĂšmes. Ça-ne-se-rĂ©pare-pas. L’industrie le sait trĂšs bien. Elle a tellement compris qu’elle est bloquĂ©e avec ses machines mythomanes qu’elle a dĂ©jĂ  modifiĂ© son rĂ©cit publicitaire. En 2023, Ă  en croire le clergĂ© de l’IA, nous foncions tout droit vers la superintelligence cosmique. En 2024, Sam Altman nous dit que les mensonges font partie de la « magie » de la technique, et le PDG de Google nous explique qu’il faudrait mĂȘme qu’on s’émerveille lorsque les logiciels racontent n’importe quoi, comme devant des enfants de maternelle qui nous rendent des dessins qui ne ressemblent Ă  rien ou des tables de multiplication fausses– bravo Gemini, c’est super, continue comme ça ! AprĂšs des dĂ©cennies Ă  nous affirmer que les programmes informatiques sont des machines froides, neutres, objectives et parfaitement infaillibles (alors que ça a toujours Ă©tĂ© parfaitement faux), la Silicon Valley veut maintenant nous persuader qu’il faudrait traiter ses logiciels mal foutus comme des enfants Montessori, en troquant l’évaluation des compĂ©tences contre l’encouragement et la bienveillance. Une autre maniĂšre de s’extirper du champ de la critique politique, en instrumentalisant notre tendance innĂ©e Ă  l’anthropomorphisation.

  • Biais du survivant : pourquoi il faut se mĂ©fier des conseils nutritionnels des centenaires
    ▻https://theconversation.com/biais-du-survivant-pourquoi-il-faut-se-mefier-des-conseils-nutritio

    Ainsi prĂ©sentĂ©, ce biais du survivant peut apparaĂźtre Ă©vident. Il est pourtant prĂ©sent partout dans notre sociĂ©tĂ©. Nous avons tous dĂ©jĂ  lu ou entendu l’histoire de ce cĂ©lĂšbre acteur ou de ce talentueux entrepreneur qui a percĂ© malgrĂ© l’adversitĂ©, en travaillant dur, en ayant cru en ses valeurs, et qui, grĂące Ă  cela, a fini par connaĂźtre le succĂšs.

    Mais nous n’entendons jamais parler des innombrables exemples d’individus qui ont essayĂ© tout aussi dur, en donnant leur maximum, mais sans jamais rĂ©ussir
 Et pour cause : mĂ©diatiquement parlant, l’histoire ne serait pas trĂšs bonne
 Cette situation crĂ©e un biais, car nous entendons principalement parler des succĂšs, jamais des Ă©checs.

    Ce biais s’applique aussi, par exemple, Ă  notre perception de l’architecture. En effet, les bĂątiments d’une pĂ©riode donnĂ©e qui parviennent jusqu’à nous sont les mieux conçus, ou les plus importants. Nous ne voyons plus ceux qui se sont effondrĂ©s ou ont Ă©tĂ© dĂ©molis, ce qui fausse notre impression de la qualitĂ© de la construction de ces Ă©poques.

    La finance n’est pas en reste : si les personnes qui ont rĂ©ussi des investissements risquĂ©s sont citĂ©es en exemple, nous n’entendons gĂ©nĂ©ralement pas parler de celles qui Ă©chouent, puisqu’elles ne vendent pas de livres ni de plans de dĂ©veloppement personnel
 Il en est de mĂȘme pour les plans de carriĂšre : « si vous travaillez dur et abandonnez l’universitĂ©, vous pouvez devenir un athlĂšte Ă  succĂšs comme moi », disent
 ceux qui ont rĂ©ussi !

    • Estrosi : « J’ai eu le Covid, mais j’ai organisĂ© une messe solennelle et j’ai suivi le traitement du bon docteur R. Comme je ne suis pas mort c’est bien la preuve que ça marche. »

  • Norway recognises Palestine as a state - regjeringen.no
    ▻https://www.regjeringen.no/en/aktuelt/norway-recognises-palestine-as-a-state/id3040194

    Press release | Date: 22/05/2024

    ‘The Norwegian Government has decided that Norway will recognise Palestine as a state. In the midst of a war, with tens of thousands killed and injured, we must keep alive the only alternative that offers a political solution for Israelis and Palestinians alike: Two states, living side by side, in peace and security,’ said Prime Minister Jonas Gahr Stþre.

  • Kenneth Stern, juriste amĂ©ricain : « Notre dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme n’a pas Ă©tĂ© conçue comme un outil de rĂ©gulation de l’expression »
    ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/21/kenneth-stern-juriste-americain-notre-definition-de-l-antisemitisme-n-a-pas-

    L’universitaire new-yorkais dĂ©plore, dans un entretien au « Monde », l’utilisation du concept d’antisĂ©mitisme Ă  des fins politiques dans le cadre de la guerre IsraĂ«l-Hamas.
    Propos recueillis par Valentine Faure

    Le juriste amĂ©ricain Kenneth Stern est directeur du Center for the Study of Hate de l’universitĂ© de Bard (New York) et auteur de The Con­flict Over the Con­flict : The Israel/​Palestine Cam­pus Debate (University of Toronto Press, 2020, non traduit). Il a Ă©tĂ© le principal rĂ©dacteur du texte sur la dĂ©finition de l’#antisĂ©mitisme de l’Alliance internationale pour la mĂ©moire de l’Holocauste (IHRA), utilisĂ©e dans de nombreux pays, dont la France, oĂč elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e en 2019 par l’AssemblĂ©e nationale en tant qu’« instrument d’orientation utile en matiĂšre d’éducation et de formation et afin de soutenir les autoritĂ©s judiciaires et rĂ©pressives dans les efforts qu’elles dĂ©ploient pour dĂ©tecter et poursuivre les attaques antisĂ©mites ». Depuis plusieurs annĂ©es, il s’élĂšve contre le dĂ©tournement de cette dĂ©finition Ă  des fins politiques, pour faire taire les propos critiques envers la politique du gouvernement israĂ©lien.

    Vous avez Ă©tĂ© le principal rĂ©dacteur de la dĂ©finition de l’antisĂ©mitisme adoptĂ©e en 2016 par l’IHRA, une organisation intergouvernementale basĂ©e Ă  Stockholm. Dans quel contexte est-elle nĂ©e ?

    AprĂšs la deuxiĂšme Intifada [2000-2005], nous avons observĂ© une nette rĂ©surgence de l’antisĂ©mitisme en Europe. ChargĂ© de rĂ©diger un rapport, l’Observatoire europĂ©en des phĂ©nomĂšnes racistes et xĂ©nophobes [EUMC] a identifiĂ© un problĂšme : ceux qui collectaient les donnĂ©es dans diffĂ©rents pays d’Europe n’avaient pas de point de rĂ©fĂ©rence commun sur ce qu’ils devaient inclure ou exclure de leurs enquĂȘtes. Ils travaillaient avec une dĂ©finition temporaire qui dĂ©crivait l’antisĂ©mitisme comme une liste d’actes et de stĂ©rĂ©otypes sur les #juifs. Les attaques liĂ©es Ă  #IsraĂ«l – lorsqu’un juif est visĂ© en tant que reprĂ©sentant d’IsraĂ«l – Ă©taient exclues du champ de l’antisĂ©mitisme si l’agresseur n’adhĂ©rait pas Ă  ces stĂ©rĂ©otypes.

    En avril 2004, une Ă©cole juive de MontrĂ©al a Ă©tĂ© incendiĂ©e en rĂ©action Ă  l’assassinat par IsraĂ«l d’un dirigeant du Hamas. J’ai profitĂ© de l’occasion pour interpeller publiquement le directeur de l’EUMC sur le fait que, selon leur dĂ©finition temporaire, cet acte n’était pas considĂ©rĂ© comme antisĂ©mite. L’American Jewish Committee, oĂč j’étais expert en matiĂšre d’antisĂ©mitisme, a pris l’initiative de travailler avec l’EUMC pour Ă©laborer une nouvelle dĂ©finition, dans le but principal d’aider les collecteurs de donnĂ©es Ă  savoir ce qu’il faut recenser, Ă  travers les frontiĂšres et le temps. Le texte liste onze exemples contemporains d’antisĂ©mitisme, parmi lesquels « la nĂ©gation du droit du peuple juif Ă  l’autodĂ©termination » et l’application d’un traitement inĂ©galitaire Ă  IsraĂ«l, Ă  qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigĂ©s d’une autre nation. Les exemples reflĂštent une corrĂ©lation entre ces types de discours et le niveau d’antisĂ©mitisme. Il ne s’agit cependant pas de dire qu’il y a un lien de cause Ă  effet, ou que toute personne tenant de tels propos devrait ĂȘtre qualifiĂ©e d’antisĂ©mite.

    Aujourd’hui, vous regrettez l’usage qui a Ă©tĂ© fait de ce texte. Pourquoi ?

    Depuis 2010, des groupes de la #droite_juive amĂ©ricaine ont tentĂ© de s’approprier cette dĂ©finition, de la marier aux pouvoirs confĂ©rĂ©s par le Title VI (la loi de 1964 sur les droits civils, qui protĂšge contre la discrimination fondĂ©e sur la race, la couleur et l’origine nationale) et de l’utiliser pour tenter de censurer les discours propalestiniens sur les campus. En 2019, Donald Trump a signĂ© un dĂ©cret exigeant que le gouvernement analyse les plaintes pour antisĂ©mitisme en tenant compte de cette dĂ©finition. Une violation du Title VI peut entraĂźner le retrait des fonds fĂ©dĂ©raux aux Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur. Au moment de l’adoption de ce dĂ©cret, Jared Kushner, le gendre de Trump, a clairement indiquĂ© son objectif dans une tribune au New York Times : qualifier tout #antisionisme d’antisĂ©mitisme.

    Or, notre dĂ©finition n’a pas Ă©tĂ© conçue comme un outil de rĂ©gulation de l’expression. Sur les campus universitaires, les Ă©tudiants ont le droit absolu de ne pas ĂȘtre harcelĂ©s ou intimidĂ©s. Mais il est acceptable d’ĂȘtre dĂ©rangĂ© par des idĂ©es. Nous ne voudrions pas que la dĂ©finition du #racisme utilisĂ©e sur les campus inclue l’opposition Ă  la discrimination positive ou Ă  Black Lives Matter, par exemple. L’universitĂ© est censĂ©e ĂȘtre un lieu oĂč les Ă©tudiants sont exposĂ©s Ă  des idĂ©es, oĂč ils apprennent Ă  nĂ©gocier avec la contradiction, etc. Nous devons ĂȘtre en mesure de rĂ©pondre et d’argumenter face Ă  ces discours.

    Lors de son tĂ©moignage au CongrĂšs sur l’antisĂ©mitisme, dans le contexte de manifestations propalestiniennes sur les campus amĂ©ricains, Ă  la question de savoir si « appeler au gĂ©nocide des juifs violait le rĂšglement sur le harcĂšlement Ă  Harvard », Claudine Gay, qui Ă©tait alors prĂ©sidente de cette universitĂ©, a rĂ©pondu que « cela peut, en fonction du contexte ». Comment comprendre cette rĂ©ponse ?

    Les universitĂ©s, publiques comme privĂ©es, sont tenues de respecter le premier amendement, qui garantit la #libertĂ©_d’expression. La distinction gĂ©nĂ©rale du premier amendement est la suivante. Je peux dire : « Je pense que tous les “X” devraient ĂȘtre tuĂ©s » ; je ne peux pas crier cela si je suis avec un groupe de skinheads brandissant des battes et qu’il y a un « X » qui marche dans la rue Ă  ce moment-lĂ . La situation doit prĂ©senter une urgence et un danger. Il y a une distinction fondamentale entre le fait d’ĂȘtre intimidĂ©, harcelĂ©, discriminĂ©, et le fait d’entendre des propos profondĂ©ment dĂ©rangeants. David Duke [homme politique amĂ©ricain, nĂ©onazi, ancien leader du Ku Klux Klan] a Ă©tĂ© vilipendĂ©, mais pas sanctionnĂ©, lorsque, Ă©tudiant dans les annĂ©es 1970, il disait que les juifs devraient ĂȘtre exterminĂ©s et les Noirs renvoyĂ©s en Afrique, et qu’il portait mĂȘme un uniforme nazi sur le campus. S’il avait Ă©tĂ© renvoyĂ©, il serait devenu un martyr du premier amendement.

    La suspension de certaines sections du groupe des Students for Justice in Palestine [qui s’est illustrĂ© depuis le 7 octobre 2023 par ses messages de soutien au Hamas] est profondĂ©ment troublante. Les Ă©tudiants doivent pouvoir exprimer des idĂ©es, si rĂ©pugnantes soient-elles. La distinction que j’utilise ne se situe pas entre les mots et l’acte, mais entre l’expression (qui peut se faire par d’autres moyens que les mots) et le harcĂšlement, l’intimidation, les brimades et la discrimination, qui peuvent se faire par des mots Ă©galement – de vraies menaces, par exemple. En d’autres termes, oui, cela dĂ©pend du contexte. Claudine Gay [qui a dĂ©missionnĂ© depuis] avait donc raison dans sa rĂ©ponse, mĂȘme si elle s’est montrĂ©e sourde au climat politique.

    Comment analysez-vous la dĂ©cision de la prĂ©sidente de Columbia, suivie par d’autres, d’envoyer la police pour dĂ©loger les manifestants propalestiniens ?

    La dĂ©cision de faire appel Ă  la police aussi rapidement n’a fait qu’enflammer la situation. Les campements ont probablement violĂ© les rĂšgles qui encadrent le droit de manifester sur le campus. Mais faire appel Ă  la police pour arrĂȘter des Ă©tudiants devrait ĂȘtre, comme lorsqu’un pays entre en guerre, la derniĂšre mesure prise par nĂ©cessitĂ©. D’autres #campus qui connaissent des manifestations similaires ont abordĂ© le problĂšme diffĂ©remment, dĂ©clarant que, tant qu’il n’y a pas de violence ou de harcĂšlement, ils ne feront pas appel Ă  la #police.

    Vous parlez de « zone grise » de l’antisĂ©mitisme. Qu’entendez-vous par lĂ  ?

    Dans sa forme la plus dangereuse, l’antisĂ©mitisme est une thĂ©orie du complot : les juifs sont considĂ©rĂ©s comme conspirant pour nuire aux non-juifs, ce qui permet d’expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Mais voici une question plus difficile : « OĂč se situe la limite entre la critique lĂ©gitime d’IsraĂ«l et l’antisĂ©mitisme ? » Cette question porte davantage sur notre besoin de dĂ©limitations que sur ce que nous voulons dĂ©limiter. Nous voulons simplifier ce qui est complexe, catĂ©goriser un propos et le condamner. L’antisĂ©mitisme, pour l’essentiel, ne fonctionne pas ainsi : on peut ĂȘtre « un peu » antisĂ©mite ou, plus prĂ©cisĂ©ment, avoir des opinions qui se situent dans la zone grise.

    La question la plus Ă©pineuse Ă  cet Ă©gard demeure celle de l’antisionisme.

    Moi-mĂȘme sioniste convaincu, je souffre d’entendre dire qu’IsraĂ«l ne devrait pas exister en tant qu’Etat juif. Je comprends les arguments de ceux qui assurent qu’une telle conception est antisĂ©mite : pourquoi les juifs devraient-ils se voir refuser le droit Ă  l’autodĂ©termination dans leur patrie historique ? Mais l’opposition Ă  l’idĂ©e d’un #Etat_juif est-elle intrinsĂšquement antisĂ©mite ? Imaginez un Palestinien dont la famille a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e en 1948. Son opposition au sionisme est-elle due Ă  une croyance en un complot juif ou au fait que la crĂ©ation d’IsraĂ«l lui a portĂ© prĂ©judice, Ă  lui et Ă  ses aspirations nationales ? Et si vous ĂȘtes une personne qui s’identifie Ă  la gauche et qui a dĂ©cidĂ© d’embrasser la cause palestinienne, est-ce parce que vous considĂ©rez que la dĂ©possession des #Palestiniens est injuste, parce que vous dĂ©testez les juifs et/ou que vous voyez le monde inondĂ© de conspirations juives, ou quelque chose entre les deux ?

    Certains #Ă©tudiants juifs sionistes progressistes se plaignent d’ĂȘtre exclus d’associations (de groupes antiracistes et de victimes de violences sexuelles, par exemple) par des camarades de classe qui prĂ©tendent que les sionistes ne peuvent pas ĂȘtre progressistes. Or il y a eu de nombreuses annulations d’intervenants perçus comme conservateurs et n’ayant rien Ă  voir avec IsraĂ«l ou les juifs, comme Charles Murray [essayiste aux thĂšses controversĂ©es] ou Ann Coulter [polĂ©miste rĂ©publicaine]. Le militant sioniste est-il exclu parce qu’il est juif ou parce qu’il est considĂ©rĂ© comme conservateur ? L’exclusion peut ĂȘtre une forme de maccarthysme, mais n’est pas nĂ©cessairement antisĂ©mite. A l’inverse, certaines organisations sionistes, sur les campus et en dehors, n’autorisent pas des groupes comme Breaking the Silence ou IfNotNow – considĂ©rĂ©s comme trop critiques Ă  l’égard d’IsraĂ«l – Ă  s’associer avec elles.

    La complexitĂ© du conflit israĂ©lo-palestinien, dites-vous, devrait en faire un exemple idĂ©al de la maniĂšre d’enseigner la pensĂ©e critique et de mener des discussions difficiles


    Pensez Ă  l’articulation entre distorsion historique, antisionisme et antisĂ©mitisme. Le lien ancien entre les juifs et la terre d’IsraĂ«l est un fondement essentiel du sionisme pour la plupart des juifs. Est-ce une distorsion historique que d’ignorer cette histoire, de considĂ©rer que le sionisme a commencĂ© dans les annĂ©es 1880 avec Herzl et l’#immigration de juifs europĂ©ens fuyant l’antisĂ©mitisme et venant en Palestine, oĂč les Arabes – et non les juifs – Ă©taient majoritaires ? S’agit-il d’antisĂ©mitisme, au mĂȘme titre que le dĂ©ni de la Shoah, lorsque les antisionistes font commencer cette histoire Ă  un point diffĂ©rent de celui des sionistes, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, et omettent une histoire que de nombreux juifs considĂšrent comme fondamentale ? Un collĂšgue de Bard, qui s’inquiĂ©tait de voir les Ă©tudiants utiliser des termes tels que « #colonialisme_de_peuplement », « #gĂ©nocide », « sionisme », a dĂ©cidĂ© de mettre en place un cours qui approfondit chacun de ces termes. Je rĂ©serve le terme « #antisĂ©mite » aux cas les plus Ă©vidents. En fin de compte, la tentative de tracer des lignes claires ne fait qu’obscurcir la conversation.

  • [Tribune] La France le dernier État colonial ? | Le TĂ©lĂ©gramme
    ▻https://www.letelegramme.fr/opinions/tribune-la-france-le-dernier-etat-colonial-6588039.php

    Georges Cadiou, journaliste, Ă©crivain, et ex-adjoint au maire de Quimper, Ă©voque « la rĂ©alitĂ© d’un Ă©tat colonial français » en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la Nouvelle-CalĂ©donie.*

    « Les colonies sont faites pour ĂȘtre perdues. Elles naissent avec la croix de mort au front. » (Don Alvaro dans « Le MaĂźtre de Santiago », Henry de Montherlant, 1947).

    Avec la rĂ©cente flambĂ©e de violence en Nouvelle-CalĂ©donie, la question que l’on ose rarement poser revient d’actualitĂ© : la France est-elle le dernier État colonial des pays occidentaux ?

    Il Ă©tait beau le planisphĂšre de notre enfance affichĂ© dans nos Ă©coles. En bleu, les colonies françaises, en rouge, les colonies anglaises et, plus discrĂštement, dans d’autres couleurs, les colonies portugaises en Afrique (Angola, Mozambique, GuinĂ©e Bissau), en Asie (Goa, Macao) et en MĂ©lanĂ©sie (Timor) et, encore plus discrĂštement, les restes des ex-empires coloniaux comme l’Espagne ou les Pays-Bas (IndonĂ©sie, Guyane hollandaise, Antilles nĂ©erlandaises). Toutes ces possessions occidentales ont disparu au fil de l’Histoire, les anciennes colonies britanniques Ă  commencer par l’Inde, ou les anciennes colonies hollandaises et, plus rĂ©cemment, avec la RĂ©volution des ƒillets, les colonies portugaises. Toutes sauf celles que Jean-Claude Guillebaud avait judicieusement appelĂ©es « les confettis de l’Empire » dans un livre ainsi intitulĂ© et publiĂ© au Seuil en 1975. Dans ce livre, le journaliste du Monde posait carrĂ©ment la question : « En 1975, la France serait-elle la derniĂšre puissance coloniale du monde ? ».

    La France avait connu plusieurs vagues de dĂ©colonisations, ou plutĂŽt de pertes de son ex-empire : le Liban et la Syrie en 1943, l’Indochine aprĂšs le dĂ©sastre militaire de Dien Bien Phu en 1954, le Maroc et la Tunisie en 1955-56, la plupart des pays du continent africain en 1960 et, bien sĂ»r, l’AlgĂ©rie en 1962 Ă  l’issue d’une guerre qui, longtemps, ne voulut pas dire son nom. Mais pour le citoyen lambda, cette indĂ©pendance algĂ©rienne scellait la pĂ©riode coloniale de la France. C’était faux bien sĂ»r, car, dans les annĂ©es 1970, sous la prĂ©sidence de Giscard d’Estaing, d’autres territoires devenaient indĂ©pendants comme Djibouti, les Comores (moins Mayotte) ou le condominium franco-britannique des Nouvelles HĂ©brides (aujourd’hui nommĂ© Vanuatu). Ce mouvement de dĂ©colonisation encouragĂ© par l’Onu Ă©tait gĂ©nĂ©ral avec les multiples indĂ©pendances tout autour de ce que l’on appelait les DOM-TOM, les dĂ©partements et territoires d’Outre-Mer français, par exemple la Barbade, la Guyana, le Surinam, Fidji et plusieurs Ăźles du Pacifique ex-possessions anglaises ainsi que, nous l’avons dit, les ex-colonies portugaises.

    « L’orgueil national-français d’une prĂ©sence sur tous les ocĂ©ans du monde pour se donner l’illusion d’ĂȘtre encore une grande puissance se fracasse sur une rĂ©alitĂ©, la rĂ©alitĂ© d’un Ă©tat colonial et jacobin incapable de se rĂ©former. »

    Seul contre-exemple : la France, qui s’accroche Ă  ses confettis aux Antilles, en Guyane, Ă  La RĂ©union, en PolynĂ©sie et donc en Nouvelle-CalĂ©donie. On peut dire s’accrocher en dĂ©pit du droit international et des nombreuses rĂ©solutions de l’Onu dĂ©nonçant par exemple la prĂ©sence française Ă  Mayotte oĂč la situation dĂ©jĂ  explosive devient aujourd’hui ingĂ©rable. Seize rĂ©solutions de l’Onu exigent le retour de Mayotte aux Comores. La France n’en a respectĂ© aucune. Aujourd’hui, c’est en Nouvelle -CalĂ©donie que la situation s’envenime. Les accords dits de Matignon puis de NoumĂ©a n’ont rien rĂ©glĂ©. Cela n’a fait que retarder un processus inĂ©vitable : l’orgueil national français d’une prĂ©sence sur tous les ocĂ©ans du monde pour se donner l’illusion d’ĂȘtre encore une grande puissance se fracasse sur une rĂ©alitĂ©, la rĂ©alitĂ© d’un État colonial et jacobin incapable de se rĂ©former en envisageant, par exemple, une solution d’une indĂ©pendance d’un État associĂ© comme l’est Porto Rico par rapport aux États-Unis ! Cela est impensable aux yeux de nos tenants d’un colonialisme d’un autre Ăąge condamnĂ© Ă  disparaĂźtre tĂŽt ou tard. L’envoi de la troupe en Nouvelle-CalĂ©donie n’y fera rien. LĂ  aussi, comme dans d’autres parties du monde, la solution ne peut qu’ĂȘtre politique. Il faut dĂ©noncer ceux qui veulent faire un petit remake de la guerre d’AlgĂ©rie. Qu’ils le veuillent ou non, dans quelques annĂ©es, la Kanaky sera libre. C’est le sens de l’Histoire.

    • et, sur la mĂȘme page, l’édito bien rance d’Hubert Coudurier, directeur de l’information et frĂšre du directeur de la publication (quatriĂšme gĂ©nĂ©ration)

      [Édito] Macron ou les vertus du forcing | Le TĂ©lĂ©gramme
      ▻https://www.letelegramme.fr/opinions/edito-macron-ou-les-vertus-du-forcing-6588241.php

      Notre Ă©ditorialiste Hubert Coudurier livre son point de vue sur la dĂ©cision d’Emmanuel de se rendre lui-mĂȘme en Nouvelle-CalĂ©donie.

      GĂ©rald Darmanin aurait dĂ», en toute logique, se rendre sur place. Le ministre de l’IntĂ©rieur et des Outre-mer connaĂźt bien le dossier pour l’avoir repris des mains d’Édouard Philippe Ă  son dĂ©part de Matignon. Il s’est rendu sept fois sur le « caillou ». Or c’est d’abord le rĂ©tablissement de l’ordre qui doit prĂ©valoir. Dix mille jeunes mĂȘlant militants indĂ©pendantistes et dĂ©linquants dĂ©ferlant sur NoumĂ©a, c’est terriblement anxiogĂšne pour la population en manque de soins et d’alimentation. Une autre forme de chaos qu’on a pu observer dans les DOM-TOM. Du coup, les indĂ©pendantistes ont recrĂ©Ă© une solidaritĂ© interethnique entre mĂ©lanĂ©siens (autochtones) et nĂ©o-calĂ©doniens (d’origine europĂ©enne). Emmanuel Macron, qui ne rĂ©siste jamais Ă  l’envie de se mettre en avant, avait confiĂ© durant le week-end le dossier Ă  son Premier ministre, avant de dĂ©cider de se rendre sur place. Pourquoi cette prĂ©cipitation ? Gabriel Attal n’écartait pas un assouplissement de l’agenda de la rĂ©vision constitutionnelle prĂ©vue dans un CongrĂšs fin juin. Laquelle prĂ©voit le fameux Ă©largissement du corps Ă©lectoral qui fait bondir les indĂ©pendantistes malgrĂ© trois rĂ©fĂ©rendums qui leur ont Ă©tĂ© dĂ©favorables. Certes, le dernier, tenu durant la covid, a Ă©tĂ© boycottĂ© par les kanaks dont la prĂ©occupation principale Ă©tait d’enterrer leurs morts. À moins qu’ils aient compris que c’est la cause de l’indĂ©pendance qui Ă©tait morte. La promotion de la prĂ©sidente loyaliste du sud a de surcroĂźt nourri le soupçon que le gouvernement choisissait son camp. Mais au final, l’objectif des indĂ©pendantistes dĂ©bordĂ©s par leur base, n’est que de gagner du temps. Le prĂ©sident français ayant dĂ©cidĂ© de passer en force, estimant que la messe Ă©tait dite, s’expose nĂ©anmoins inutilement. Car la question dĂ©coloniale est sans fin puisqu’elle nous rattrape dĂ©sormais dans l’Hexagone comme on l’a vu lors des Ă©meutes de juin dernier.