• Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/21/comment-l-argent-de-l-union-europeenne-permet-aux-pays-du-maghreb-de-refoule

    Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser des migrants en plein désert
    Par Nissim Gasteli (Tunis, correspondance), Maud Jullien (Lighthouse Reports), Andrei Popoviciu (Lighthouse Reports) et Tomas Statius (Lighthouse Reports)
    s des droits humains et avec le renfort de moyens européens.
    A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par un prénom ont requis l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police, en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été interpellées, puis incarcérées. Leur crime ? Avoir pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après que les forces de sécurité l’ont lâché, au beau milieu des montagnes, près de la frontière avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était déporté en l’espace de quelques mois.
    Ces trois récits de personnes migrantes se ressemblent. Ils se déroulent pourtant dans trois Etats différents du nord de l’Afrique. Trois pays distincts qui ont en commun d’être les étapes ultimes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la Méditerranée occidentale, qui part du Maghreb vers l’Espagne ou encore la route dite « Atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara occidental pour rejoindre les îles Canaries.
    Pour cette raison, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont aussi en commun de faire l’objet de nombreuses attentions de l’Union européenne (UE) dans la mise en place de sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Alors que la question migratoire crispe les opinions publiques et divise les Etats membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour éviter que les Subsahariens candidats à l’exil ne parviennent jusqu’à la mer. Au risque que l’aide apportée aux gouvernements du Maghreb participe à des violations répétées des droits humains.
    Depuis 2015, les trois Etats ont perçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontières, rien que par l’entremise du fonds fiduciaire d’urgence (FFU), lancé par l’UE lors du sommet sur la migration de La Valette, capitale de Malte. Une somme à laquelle s’ajoutent des aides accordées directement par certains Etats membres ou relevant d’autres programmes. En juillet 2023, l’UE a encore signé un accord avec la Tunisie, qui inclut une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière. Peu de temps avant, le 19 juin, le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, en déplacement à Tunis, s’était engagé à verser plus de 25 millions d’euros à Tunis pour renforcer le contrôle migratoire. Plus récemment, le 8 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait de Nouakchott la signature d’un soutien financier pour 210 millions d’euros à destination de la Mauritanie, dont une partie serait allouée à la « gestion des migrations ».
    A travers quelles pratiques ? Au terme de près d’un an d’enquête, Le Monde, le média à but non lucratif Lighthouse Reports et sept médias internationaux partenaires ont pu documenter pour la première fois le recours à des arrestations massives et à des expulsions collectives dans ces trois Etats. Au Maroc, en 2023, près de 59 000 migrants auraient été interpellés sur le territoire par les forces de sécurité, d’après un décompte officiel. Une partie d’entre eux ont été déportés vers le sud et vers l’intérieur du pays comme à Agadir, Khouribga, Errachidia, Béni Mellal. En Mauritanie, plusieurs bus rejoignent chaque semaine les étendues arides de la frontière avec le Mali et y abandonnent des groupes de migrants sans ressources. En Tunisie, ce sont onze renvois collectifs vers les frontières libyenne et algérienne, organisés par les forces de sécurité entre juillet 2023 et mai 2024, que nous avons pu documenter grâce à des témoignages, des enregistrements audio et vidéo. Une pratique aux conséquences dramatiques : au moins 29 personnes auraient péri dans le désert libyen, selon un rapport de la mission d’appui des Nations unies en Libye, paru en avril.
    Des migrants subsahariens abandonnés par la police tunisienne sans eau ni abri, dans le désert, non loin de la ville frontalière libyenne d’Al-Assah, le 16 juillet 2023.
    Interrogé sur le cas tunisien, en marge du discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen, le 15 septembre, le vice-président de la Commission européenne, le Grec Margaritis Schinas, assurait : « [Ces pratiques] ne se déroulent pas sous notre surveillance, et ne font pas partie de nos accords. L’argent européen ne finance pas ce genre de tactiques. » Notre enquête démontre le contraire.
    En Tunisie, des pick-up Nissan utilisés par la police pour arrêter les migrants correspondent à des modèles livrés par l’Italie et l’Allemagne entre 2017 et 2023. Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, reçoivent une partie de l’enveloppe de 65 millions d’euros alloués par l’UE au royaume chérifien, entre 2017 et 2024, pour le contrôle de la frontière. En Mauritanie, les Vingt-Sept financent, dans les deux principales villes du pays et pour une enveloppe de 500 000 euros, la reconstruction de deux centres de rétention. Ceux-là mêmes où des migrants sont enfermés avant d’être envoyés dans le désert, acheminés dans des pick-up Toyota Hilux en tout point similaires à ceux livrés par l’Espagne en 2019. Des exemples, parmi d’autres, qui démontrent que ces opérations, contraires à la Convention européenne des droits de l’homme, bénéficient du soutien financier de l’UE et de ses Etats membres.
    Lamine, 25 ans, connaît les rues de Rabat comme sa poche. Le jeune homme, natif de Conakry, est arrivé au Maroc en 2017 « pour suivre une formation » de cuisine, relate-t-il lorsque nous le rencontrons, en octobre 2023, dans le quartier de Takaddoum, devenu le lieu de passage ou d’installation des migrants. Le jeune homme est enregistré auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) comme demandeur d’asile, ce qui est censé le protéger d’une expulsion.
    Au fil des années, Lamine s’est habitué aux « rafles » quotidiennes par les forces auxiliaires de sécurité marocaines visant des migrants comme lui. A Takaddoum, nombreux sont ceux qui assurent avoir été témoins de l’une de ces arrestations de ressortissants subsahariens. « Tous les Blacks savent que s’ils sortent entre 10 et 20 heures, ils risquent de se faire embarquer », ajoute Mafa Camara, président de l’Association d’appuis aux migrants mineurs non accompagnés. Une affirmation « sans fondement », selon le ministère de l’intérieur marocain. Sollicité, le HCR confirme qu’« il arrive parfois que les réfugiés et les demandeurs d’asile soient arrêtés ». La suite est également connue : les personnes sont amenées dans des bâtiments administratifs faisant office de centres de rétention, avant d’être transférées dans un commissariat de la ville où des bus viennent les récupérer. Elles sont alors déportées, le plus souvent dans des zones reculées ou désertiques. Ce harcèlement serait un des maillons essentiels de la stratégie du royaume pour lutter contre l’immigration irrégulière. « Le but est bien sûr de rendre la vie des migrants difficile, soutient un consultant requérant l’anonymat. Si l’on vous emmène dans le Sahara deux fois, la troisième, vous voulez rentrer chez vous. » L’homme, qui a participé au Maroc à plusieurs projets de développement financés par l’UE, soutient que les autorités marocaines agissent de la sorte pour justifier les nombreux financements européens qu’elles reçoivent, dont 234 millions d’euros uniquement du FFU. « La relocalisation des migrants vers d’autres villes est prévue par la législation nationale. Elle permet de les soustraire aux réseaux de trafic et aux zones dangereuses », oppose, de son côté, le ministère de l’intérieur marocain.
    Début 2023, Rabat soutenait avoir empêché plus de 75 000 départs vers l’Europe, dont 59 000 sur son territoire et 16 000 en mer. En 2023, Lamine, lui, a été arrêté à six reprises avant d’être envoyé à l’autre bout du pays.
    Pendant plusieurs jours, nous avons suivi et filmé les minivans des forces auxiliaires qui sillonnent les rues de Rabat. Des témoignages, des vidéos et des enregistrements audio réunis par ailleurs attestent de l’ampleur du phénomène de harcèlement des migrants de Tanger à Fès, de Nador à Laayoune. Au cours de notre enquête, nous avons pu identifier deux types de véhicules utilisés pour ces opérations, achetés grâce à des financements européens. Comme ces utilitaires Fiat Doblo, visibles sur une vidéo d’arrestation de migrants, diffusée en mai 2021 à la télévision marocaine, identiques à ceux d’un lot acheté à partir de 2019 grâce au FFU. Ou ces 4 × 4 Toyota Land Cruiser, utilisés lors d’arrestations dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, et qui correspondent aux modèles achetés par l’Espagne, puis par l’Europe dans le cadre du FFU.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Au Maroc, les forces auxiliaires de sécurité, à l’origine de nombreuses arrestations, filmées à Rabat, le 19 octobre 2023.
    Lors de ces arrestations collectives, le mode opératoire est toujours identique : deux minivans blancs stationnent dans un quartier fréquenté par des migrants, tandis que plusieurs agents en civil se mêlent à la foule. Ils contrôlent, puis appréhendent les migrants, avant de les faire monter dans les véhicules. Une vingtaine de personnes, que nous avons interrogées, assurent avoir été témoins ou victimes de violences policières lors de ces arrestations.
    Le 19 octobre 2023 à l’occasion d’une opération que nous avons documentée, un bus des forces auxiliaires a pris la direction de Khouribga, une bourgade à 200 kilomètres au sud de Rabat. En pleine nuit, les officiers ont déposé une dizaine de jeunes hommes à l’entrée de la petite ville. Ces derniers ont ensuite marché vers la gare routière, avant de rejoindre un petit groupe de migrants, eux-mêmes déportés quelques jours plus tôt. Parmi eux, Aliou, un Guinéen de 27 ans, affirme avoir été déplacé de la sorte « près de 60 fois » depuis son arrivée au Maroc, en 2020.

    C’est une valse incessante qui se joue ce 25 janvier, en fin de matinée, devant le commissariat du quartier de Ksar, à Nouakchott. Des véhicules vont et viennent. A l’intérieur de l’un d’eux – un minibus blanc –, une dizaine de migrants, le visage hagard. A l’arrière d’un camion de chantier bleu, une cinquantaine d’exilés se cramponnent pour ne pas basculer par-dessus bord. Tous ont été arrêtés par la police mauritanienne. Chaque jour, ils sont des centaines à découvrir l’intérieur décrépi de ces petits baraquements ocre. Cette étape ne dure que quelques jours au plus. « Il y a plusieurs bus par semaine qui partent vers le Mali », confirme un visiteur du commissariat faisant office de centre de rétention.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024.
    Sur ces images filmées en Mauritanie, en caméra cachée, plus d’une dizaine de migrants sont sur le point d’être déposés devant le centre de rétention de Ksar, à Nouakchott, avant d’être déportés loin de la ville, le 25 janvier 2024. Certains migrants ont été appréhendés dans les rues de Nouakchott. « Le bus des policiers se promène dans les quartiers où vivent les migrants, comme le Cinquième [un quartier à l’ouest de Nouakchott], témoigne Sady, un Malien arrivé en Mauritanie en 2019. Les policiers entrent dans les boutiques. Ils demandent aux gens : “Tu es étranger ?” Puis ils les emmènent. A chaque fois, j’ai vu des gens se faire frapper, maltraiter. On vit avec la crainte de ces refoulements. »
    « Les éventuelles interpellations concernant les étrangers en situation irrégulière se font conformément aux conventions, lois et règlements en vigueur, sans arbitraire ni ciblage de zones ou de quartiers spécifiques », assure le porte-parole du gouvernement mauritanien, Nani Ould Chrougha. Bella et Idiatou ont, quant à elles, été interceptées en mer par des gardes-côtes, lors d’une tentative de traversée en direction des îles Canaries, confettis d’îles espagnoles à plusieurs centaines de kilomètres des côtes africaines. Le traitement qui leur a été réservé est le même que pour les autres migrants, alors qu’elles bénéficiaient d’un titre de séjour mauritanien : une expulsion manu militari vers les frontières sud du pays. « Des expulsions vers le Sénégal et le Mali, sur des bases raciales, ont eu lieu entre 1989 et 1991, souligne Hassan Ould Moctar, spécialiste des questions migratoires. Mais les demandes répétées de l’Union européenne en matière migratoire ont réactivé cette dynamique. »Pour Bella et Idiatou comme pour Sady, la destination finale est Gogui, à la frontière malienne, une zone désertique à plus de 1 000 kilomètres de Nouakchott. « Ils nous ont jetés hors du bus, puis ils nous ont poussés vers la frontière. Ils nous ont chassés comme des animaux et ils sont partis », raconte, révoltée, Idiatou, quand nous la rencontrons au Sénégal, où elle a trouvé refuge. Ce récit, neuf migrants au total l’ont confié au Monde. Sady, qui vivait à Nouakchott grâce à des petits boulots, a été repoussé deux fois. Selon un document interne du HCR, que Le Monde a consulté, plus de 300 personnes dénombrées par le Haut-Commissariat ont fait l’objet du même traitement en 2023. La majorité d’entre elles assurent avoir été victimes de violations des droits humains. Sollicité, un porte-parole du HCR confirme avoir « reçu des rapports faisant état de cas de refoulement vers le Mali » et « plaider auprès des autorités mauritaniennes pour mettre fin à de telles pratiques ». « Les migrants en situation irrégulière sont reconduits aux postes-frontières officiels de leur pays de provenance », se défend le porte-parole du gouvernement mauritanien, selon lequel le procédé est conforme à la loi et réalisé en assurant une « prise en charge totale – nourriture, soins de santé, transport ». La Mauritanie est depuis quinze ans l’un des verrous des routes migratoires qui mènent en Espagne. D’après notre décompte, sans inclure l’argent promis début 2024, plus de 80 millions d’euros ont été investis par l’UE dans le pays depuis 2015, destinés surtout au renforcement des frontières, à la formation des effectifs de police ou encore à l’achat de véhicules. Les groupes d’action rapide-surveillance et intervention (GAR-SI), des unités d’élite financées par l’UE dans plusieurs pays du Sahel à travers le FFU, ont également fait partie du dispositif. En 2019, ils ont ainsi livré à la police mauritanienne 79 personnes appréhendées sur le territoire, d’après un document interne de l’UE. Un rapport non public de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), daté de février 2022, mentionne qu’une bonne partie de leurs effectifs – plus de 200 hommes – a été déployée à Gogui pour des missions de « surveillance frontalière ».
    En outre, plusieurs véhicules utilisés pour assurer les expulsions de Nouakchott vers le sud du pays correspondent à des modèles livrés par des Etats membres. Comme ces pick-up Toyota Hilux fournis par l’Espagne, « pour la surveillance du territoire ou la lutte contre l’immigration irrégulière ». Depuis 2006 et en vertu d’un accord bilatéral de réadmission de migrants entre les deux pays, une cinquantaine de policiers espagnols sont déployés en permanence à Nouakchott et à Nouadhibou, les deux principales villes du pays. Des moyens techniques, dont des bateaux, sont également mis à disposition. En 2023, près de 3 700 interceptions en mer ont ainsi été réalisées par des patrouilles conjointes, d’après un décompte du ministère de l’intérieur espagnol, consulté par Le Monde. Plusieurs sources policières et un visiteur des centres de rétention mauritaniens attestent de la présence fréquente de policiers ibériques à l’intérieur. Bella et Idiatou assurent avoir été prises en photo par ces derniers au commissariat de Nouakchott. Interrogée sur ce point, l’agence espagnole Fiiapp, principal opérateur de ces projets de coopération policière, a nié la présence d’agents dans le centre de rétention. Les autorités mauritaniennes, quant à elles, ont confirmé l’existence d’« échange d’informations dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine », mais « dans le respect de la vie privée des personnes et de la protection de leurs données personnelles ». Selon un autre document du HCR, daté de janvier 2023, des migrants rapportent que les Espagnols ont participé aux raids les visant. « Parfois, ils essayaient même d’expulser des gens qu’on avait identifiés comme réfugiés », se souvient un salarié de l’agence, que nous avons interrogé. « Notre équipe de policiers sur le terrain n’est pas au courant de telles pratiques », assure la Fiiapp. Quand le ministère de l’intérieur espagnol se borne à répondre que ses effectifs travaillent « dans le respect des droits de l’homme, et en accord avec la législation nationale et internationale ».
    Un matin de novembre 2023, dans la ville tunisienne de Sfax, Moussa, un demandeur d’asile camerounais de 39 ans, et son cousin sortent d’un bureau de poste lorsqu’ils sont interpellés par les autorités. En quelques heures, les deux hommes se retrouvent à la frontière libyenne, remis aux mains d’une milice, puis enfermés dans l’un des centres de détention pour migrants du pays. Pendant plusieurs mois, ils subissent des violences quotidiennes.
    Selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), près de 9 000 personnes ont été « interceptées » depuis l’été 2023 par les autorités de Tripoli, à la frontière tunisienne. Dans une note interne que nous avons consultée, la Manul déplore des « expulsions collectives » et des « retours forcés sans procédure », exposant les migrants à de « graves violations et abus des droits humains, avec des cas confirmés d’exécution extrajudiciaire, de disparition, de traite, de torture, de mauvais traitement, d’extorsion et de travail forcé ». « Ils repartent d’où ils viennent, car ils causent des problèmes », justifie, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la garde nationale. Sollicité, le ministère des affaires étrangères tunisien réfute les accusations d’« expulsion de migrants d’origine subsaharienne vers des zones désertiques », les qualifiant d’« allégations tendancieuses ».
    Dès le 7 juillet 2023, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières, est pourtant informée – selon un rapport interne dont nous avons pris connaissance – de ces « opérations » consistant à « conduire des groupes de ressortissants subsahariens jusqu’à la frontière [de la Tunisie] avec la Libye et l’Algérie, en vue de leur refoulement ». Frontex ajoute que ces opérations sont surnommées sur les réseaux sociaux « ménage de blacks ». Une source européenne anonyme, au fait du dossier, veut croire qu’« aucune ressource provenant de l’UE n’a contribué à ce processus [d’expulsion] », mais reconnaît toutefois qu’il est « très difficile de tracer une limite, car [l’UE soutient] les forces de sécurité ».
    Utilisation de ressources européennes
    Depuis une dizaine d’années, de fait, l’UE participe au renforcement de l’appareil sécuritaire tunisien, d’abord à des fins de lutte contre le terrorisme, puis contre l’immigration irrégulière. Jusqu’en 2023, elle a investi plus de 144 millions d’euros dans la « gestion des frontières », auxquels s’ajoutent les aides directes des Etats membres, permettant l’achat d’équipements comme ​​des navires, des caméras thermiques, des radars de navigation… Près de 3 400 agents de la garde nationale tunisienne ont par ailleurs reçu des formations de la part de la police fédérale allemande entre 2015 et août 2023 ; et deux centres d’entraînement ont été financés par l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas, à hauteur de 8,5 millions d’euros.
    L’enquête du Monde et de ses partenaires montre que certaines de ces ressources ont directement été utilisées lors d’expulsions. Ainsi, Moussa a formellement identifié l’un des véhicules dans lequel il a été déporté vers la Libye : un pick-up Navara N-Connecta blanc du constructeur Nissan – modèle analogue aux 100 véhicules offerts à la Tunisie par l’Italie, en 2022 pour « lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité organisée ». A Sfax, en Tunisie, ces véhicules utilisés par la police lors d’une arrestation collective sont du même modèle que ceux fournis par l’Italie en 2022, comme le montre un document nos équipes se sont procuré.
    En 2017, le gouvernement allemand avait, lui aussi, offert à la Tunisie 37 Nissan Navara, en plus d’autres équipements, dans le cadre d’une aide à la « sécurisation des frontières ». Deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, et que nous avons vérifiées, montrent également l’implication des mêmes véhicules dans les opérations d’arrestation et d’expulsion menées par les autorités tunisiennes dans la ville de Sfax. Contacté, le ministère de l’intérieur allemand s’est dit attaché « à ce que les équipements remis dans le cadre de la coopération bilatérale soient utilisés exclusivement aux fins prévues », tout en estimant que les véhicules décrits par notre enquête sont « très répandus en Afrique ». Les autorités italiennes n’ont pas répondu à nos sollicitations.
    En dépit de la situation, largement relayée par la presse, de centaines de migrants repoussés dans les zones frontalières du pays, l’UE a signé, le 16 juillet 2023, un mémorandum d’entente avec la Tunisie, devenue le premier point de départ des migrants vers le continent. Un accord érigé en « modèle » par Mme von der Leyen. La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a toutefois ouvert une enquête sur ce mémorandum : « Le financement de l’UE (…) ne doit pas soutenir les actions ou mesures susceptibles d’entraîner des violations des droits de l’homme dans les pays partenaires », a rappelé Mme O’Reilly à Mme von der Leyen, dans une lettre rendue publique le 13 septembre 2023.
    « Les Etats européens ne veulent pas avoir les mains sales. Ils sous-traitent donc à des Etats tiers des violations des droits de l’homme, estime, pour sa part, Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Mais, du point de vue du droit, ils pourraient être tenus pour responsables. » La Commission européenne nous informe par la voix d’un porte-parole que « l’UE attend de ses partenaires qu’ils remplissent leurs obligations internationales, y compris le droit au non-refoulement » et que « tous les contrats de l’UE contiennent des clauses relatives aux droits de l’homme permettant à la Commission d’ajuster leur mise en œuvre si nécessaire ». Or, des documents que nous nous sommes procurés attestent de la connaissance que les instances de l’UE ont de ces arrestations et de ces déportations collectives. Une décision de la Commission européenne, de décembre 2019, à propos des financements de l’UE au Maroc, fait par exemple référence à une « vaste campagne de répression » contre des migrants subsahariens, se traduisant par des arrestations et des expulsions « illégales » dans des zones reculées. Dans un rapport finalisé en 2019, la Cour des comptes européenne s’inquiétait, déjà, de l’opacité avec laquelle les fonds attribués par les Vingt-Sept aux autorités marocaines étaient utilisés, ainsi que du manque de « procédures de contrôle ».
    En Mauritanie, plusieurs officiels du HCR, de l’OIM ou des forces de police espagnoles confient avoir connaissance de la pratique d’expulsion en plein désert. Des éléments repris dans un rapport et une recommandation du Parlement européen datés de novembre 2023 et janvier 2024. Alors que le déploiement de Frontex en Mauritanie est en cours de discussion, l’agence rappelait, en 2018, dans un guide de formation à l’analyse de risques, destiné aux Etats africains partenaires dans la lutte contre l’immigration irrégulière, que la « charte africaine des droits de l’homme et des peuples interdit les arrestations ou détentions arbitraires ». En dépit de cette attention, Frontex a ouvert une cellule de partage de renseignement à Nouakchott, dès l’automne 2022, et procédé à la formation de plusieurs policiers. Parmi eux se trouvent plusieurs agents en poste au centre de rétention de Nouakchott. Celui-là même par lequel transitent chaque jour des migrants victimes de déportation collective.

    #Covid-19#migrant#migrant#UE#tunie#maroc#mauritanie#espagne#frontex#oim#hcr#droit#sante#refoulement#violence#migrationirreguliere#politiquemigratoire#routemigratoire

  • Le gouffre de la méthode Macron en Kanaky-Nouvelle-Calédonie - AOC media
    https://aoc.media/opinion/2024/05/16/le-gouffre-de-la-methode-macron-en-kanaky-nouvelle-caledonie

    Dans l’Histoire qui s’écrit en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, vouloir à tout prix « aller vite », comme l’a fait Emmanuel Macron, c’est forcément « aller contre » les acquis politiques du processus de décolonisation, et donc « contre » la reconnaissance du peuple colonisé. Au-delà d’explications sociales, économiques et historiques, la situation présente sur l’île apparaît comme une conséquence directe et immédiate de cette position d’humiliation assumée par le président français, sous influence politique de l’extrême droite.

    https://justpaste.it/aniaf

    • En 2020, le tribunal administratif a reconnu le caractère irrégulier des contrôles qu’a subi Jérôme Laronze sur son exploitation. Selon vous, cela aurait dû faire avancer le dossier ?

      M.-P. L. : « Oui, ça aurait dû permettre une accélération. La décision du tribunal administratif du 28 février 2020, elle est éclairante sur deux éléments. D’abord parce que le tribunal, en 18 mois, est en capacité de rendre une décision. Donc ça signifie que quand la justice veut, elle peut. Le manque de moyens ne doit pas devenir non plus un prétexte. Le dossier sur les contrôles administratifs était très complexe et il y a eu plusieurs audiences, le directeur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Mâcon a été interrogé. Il y a eu un vrai travail sérieux de fond, honnête et rapide. Ce travail doit servir l’instruction parce qu’elle vient montrer où était la violence, où étaient les régularités.

      Avec deux balles dans le dos, où est la légitime défense ?
      Marie-Pierre Laronze

      avocate, soeur de Jérôme Laronze

      Le dernier contrôle, c’était la suite des précédents. Jérôme était quelqu’un à qui on reprochait plein de choses. Or, il s’avère que les précédents contrôles sont annulés parce que l’administration n’a pas fait les choses de façon régulière. Donc tout ça a un sens par rapport à une instruction sur la mort d’un homme. Cela donne un éclairage sur la compréhension du dossier et pourtant sept ans après, ce dossier est toujours en état de mort cérébrale. Aujourd’hui les éléments sont dans le dossier, mais ils ne sont pas exploités ».
      Vous attendez un procès pour aussi entendre le gendarme qui a tué votre frère ?

      M.-P. L. : « En fait la ligne de défense du gendarme, on ne la connaît pas puisqu’on est au stade de l’instruction. Le gendarme, aujourd’hui mis en examen, a tout de suite répondu qu’il a agi dans le cadre de la légitime défense. Avec deux balles dans le dos, où est la légitime défense ? Je veux l’entendre, lui, et les autres. N’oublions pas que si c’est lui qui a tiré et tué Jérôme, il y a quand même eu des sacrés problèmes sur la scène de crime. On a fait disparaître des éléments importants comme des douilles. D’autres de ses collègues sont aussi largement concernés dans ce dossier.

      Il y a les éléments matériels de preuve dans le dossier mais c’est important d’entendre la vérité des gendarmes. On aimerait savoir pourquoi ils ont laissé Jérôme une demi-heure sur son siège, sans soin. Elle est où l’humanité ? Qu’est-ce qui fait qu’on peut laisser un homme qui gît dans son sang, qui agonise ? Ces gendarmes étaient pourtant tous formés aux gestes de premiers secours ».

      #Justice (déni de)

  • jean-michel aphatie - X :- Parlons de la Nouvelle-Calédonie
    https://twitter.com/jmaphatie/status/1790992840652112194

    Parlons de la Nouvelle-Calédonie.
    Notons d’abord le traitement partial des médias. Les personnes d’origine européenne sont très largement dominantes dans les récits de la situation, qu’il s’agisse de témoins ou de responsables politiques. De manière involontaire tant la logique coloniale est ancrée dans nos esprits, les médias français en 2024 gomment largement la présence des Kanaks et n’expliquent jamais ce que sa situation de peuple premier sur le territoire implique dans la longue et douloureuse histoire calédonienne.
    Mentionnons à cet égard l’usage sans restriction de la part des journalistes métropolitains de l’adjectif « loyaliste » systématiquement cité quand par exemple le député @NicolasMetzdorf ou la présidente @SoniaBackes prennent la parole. Cela induit la « déloyauté » des « autres », les Kanaks en l’occurrence, qui seraient donc des traîtres. Oui, en 2024, nos esprits demeurent coloniaux.

    Très peu de gens sur les plateaux ou dans les journaux, hélas, ne revienne au fait fondateur de 1853 qui fausse tout, parce qu’il brouille nos repères et défie la logique avec laquelle nous vivons dans la démocratie métropolitaine. La Nouvelle Calédonie n’est française que par la violence des armes et la soumission des individus qu’elle a suscité. Le mépris national à l’égard des Kanaks, de leur culture, de leur identité rend artificielle la proclamation d’une Nouvelle Calédonie française. Ce discours, nous l’avons tenu à propos de l’Algérie. Quand il est revenu au pouvoir en 1958, le général de Gaulle se moquait en privé de cette phraséologie. Nous n’avons rien appris de ce passé douloureux. Nos schémas de pensée demeurent les mêmes qu’à l’époque. C’est une grande tristesse de constater cela.

    Le seul discours que nous tenons ces jours ci est donc logiquement un discours d’ordre. Des troupes vont être envoyées, des gens vont être emprisonnés, il y aura des morts, puis probablement tout rentrera dans l’ordre. Ceci ne rendra pourtant pas la Nouvelle Calédonie plus française qu’elle ne l’est pas aujourd’hui. Ce sera la même façade de faux semblants. Jusqu’à la prochaine explosion des Kanaks qui ne comprennent toujours pas pourquoi il y a 170 ans des gens sont arrivés avec des fusils et ont fait exploser les cadres sociaux, économiques et culturels dans lesquels ils vivaient depuis des millénaires.
    Cette histoire possède d’ailleurs sa part de triste ironie. Il existe à Paris un musée des Arts premiers, voulu comme une marque de respect à l’égard de ces cultures qui ne sont pas la nôtre. Ceci ne nous empêche pas de continuer à piétiner celle qui s’est épanouie, jadis, dans ce bout d’Océan Pacifique.
    Deux remarques pour terminer. Les accords de Matignon et de Nouméa, en 1988 et 1998, n’avaient de sens que s’ils aboutissaient à une décolonisation du territoire. Michel Rocard d’ailleurs, des années après leurs conclusions, les évoquait toujours comme l’exemple d’une décolonisation originale. Les trois référendums devaient légitimer cet aboutissement. La démographie favorable aux Caldoches a donné un autre résultat. Ce formalisme du suffrage universel est un piège dans lequel s’enferment ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux.

    La deuxième remarque est destinée à @PascalPraud, elle est mesquine au regard des enjeux mais je ne peux pas m’en empêcher. Je le trouve pathétique quand il égrène des noms d’individus isolés pour contester une réalité profonde, issue du tréfonds d’une histoire violente.

    Étonnant, non ?

    • Je pige toujours pas comment ce mec peut sortir parfois ça (et quelques fois sur d’autres sujets), tout en étant un des pires mais vraiment des pires chiens de garde de l’extrême centre libérale dans les médias, et avoir été une horreur de personne avec tous les gens de gauche interviewés (coupant la parole, les insultants et disant qu’ils ne servent à rien dès l’intro ou la toute première « question », etc). On en voit encore des exemples dans la vidéo de cette semaine d’Acrimed sur Blast.

    • jean-michel aphatie - X
      1:10 PM · 19 mai 2024
      https://x.com/jmaphatie/status/1792150863957430756

      Un débat à distance avec @ruthelkrief sur la Nouvelle Calédonie me paraît susceptible d’éclairer une situation à bien des égards confuse. J’ai du respect professionnel et de l’amitié personnelle pour Ruth Elkrief. Nous avons travaillé ensemble sur LCI où j’ai apprécié à la fois sa rigueur et son ouverture d’esprit.

      Sur le point qu’elle développe dans cet extrait, je suis en désaccord. Elle réfute ici toute comparaison entre la Nouvelle Calédonie d’aujourd’hui et l’Algérie française d’hier. Elle s’appuie pour cela sur la diversité de la population présente actuellement sur le territoire calédonien, cette mosaïque invalidant selon elle la référence algérienne.

      Si ce point peut être entendu, les similitudes entre les deux territoires sont pourtant nombreuses. Comme l’Algérie, la Nouvelle Calédonie a été conquise par la force. Des rebellions contre l’occupant ont été réprimées de la même manière ici et là bas. Un statut de l’indigénat, restrictif et humiliant, a été appliqué ici et là bas. Des enrôlements forcés durant la première guerre mondiale d’Algériens et de Kanaks se sont produits de la même façon, alors même que la République refusaient de considérer les uns et les autres comme des citoyens. Ceux là sont pourtant morts pour la patrie. La terre a été volée pour des colons dans les deux territoires où a été imaginé, à l’identique, le projet de colonies de peuplement. Les enfants algériens et kanaks ont été faiblement scolarisés. Ainsi, les points de ressemblance entre l’Algérie française et la Nouvelle Calédonie française sont infiniment plus nombreux que d’éventuelles différences.

      Le reconnaître nous gêne-t-il ? J’ai dit ailleurs mon hypothèse qu’une honte collective nous habite toujours par rapport à notre passé colonisateur. Convenir qu’il perdure encore aujourd’hui nous est difficile, voire impossible. En outre, l’indépendance a été le point terminal de l’aventure algérienne. Nous n’imaginons pas qu’il puisse en être ainsi pour la Nouvelle Calédonie. D’où les blocages collectifs, chez les acteurs c’est une évidence, et aussi parmi les observateurs.
      Terminons sur cette situation étrange. Si la République a concédé en 1998 à la Nouvelle Calédonie cette singularité qui consiste à ne pas inscrire tous les citoyens sur les listes électorales, c’est bien que la situation y est particulière à l’égard des valeurs et des principes que professe la France. Le gel de la liste électorale, en soi inouï, a bien été consenti pour alléger le poids qui pèse sur nos consciences.
      La société toute entière, les journalistes en son sein, doivent réfléchir au traitement de l’information exceptionnelle que produit la Nouvelle Calédonie. Elle nous renvoie à ce moment sombre de notre histoire où les intérêts supposés de l’Etat ont provoqué le malheur de femmes et d’hommes, seulement coupables d’être nés sur une terre qu’un instant nous avons convoitée.

    • Mieux que l’homme tronc anti-colonialiste Aphatie. Les confrères de Orient XXI @orientxxi Radio M ont repris en texte et en vidéo l’intervention d’Ali Bensaad au Forum Maghreb Machrek pour la Palestine qui a eu lieu à Tunis du 10 au 12 mai. L’enseignant-chercheur y déclarait : « L’Algérie ne peut pas soutenir la Palestine avec ses meilleurs journalistes en prison. »
      https://radio-m.net/ali-bensaad-lalgerie-ne-peut-pas-soutenir-la-palestine-avec-ses-meilleurs-j

      Lors d’un colloque sur la #Palestine et les droits de l’Homme à Tunis le 12 mai, le professeur de géopolitique Ali Bensaad a vertement critiqué l’emprisonnement des journalistes en #Algérie, estimant que cette répression hypothèque toute crédibilité du pays à soutenir la cause palestinienne.

      “Comment voulez-vous mener une bataille d’opinion quand vous mettez vos meilleures #journalistes en #prison ? Je pense à Ihsane El Kadi en Algérie”, a lancé Bensaad, évoquant le cas du directeur de Radio M et Maghreb Emergent, condamné à 7 ans de prison ferme en juin dernier.

      “Vous croyez que c’est par les slogans de vos petits ‘ballais’ qui répètent ‘la Palestine’ et caetera que vous allez convaincre l’opinion internationale ?”, a-t-il poursuivi avec ironie, dénonçant “l’absence de liberté” et “l’autoritarisme” régnant dans les pays maghrébins.

      Le géopolitologue a rappelé le rôle crucial du “soutien international” dans la lutte pour l’indépendance algérienne, quand “l’Algérie représentait la liberté, ce que représente aujourd’hui la Palestine”. “Nous sommes complices du génocide qu’il y a en Palestine”, a-t-il accusé, pointant du doigt l’hypocrisie de certains régimes réprimant les manifestations pro-palestiniennes.

      “Un pays qui se prétend le plus fermement au côté de la Palestine a pourchassé ceux qui voulaient manifester après le 7 octobre”, a dénoncé Bensaad, faisant aussi référence à l’interdiction de déployer des “parapluies aux couleurs palestiniennes” lors d’un rassemblement le 8 mars. “Ne nous racontez pas d’histoires, vous ne pouvez pas soutenir la Palestine en enfermant votre propre peuple”, a-t-il conclu.

      La descente aux enfers de Radio M

      La répression qui s’abat sur Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et Maghreb Emergent, symbolise la descente aux enfers que connaît ce média critique ces derniers mois.

      Pour rappel, El Kadi a été arrêté chez lui dans la nuit du 23 au 24 décembre 2022 par les redoutés services de la DGSI. Dans la foulée, les locaux d’Interface Médias, la société éditrice de ses médias, ont été mis sous scellés le 24 décembre.

      Depuis, c’est un véritable calvaire judiciaire qui s’est abattu sur le journaliste. Le 12 octobre 2023, la Cour suprême a rejeté ses derniers pourvois en cassation dans deux affaires distinctes le visant.

      La première l’a condamné en appel en décembre 2022 à 6 mois de prison ferme et 50 000 dinars d’amende pour des chefs aussi vagues que “fausses informations” et “atteinte aux intérêts nationaux”. En cause ? Un simple billet de blog critiquant l’ex-ministre Amar Belhimer.

      Mais c’est sa seconde condamnation qui illustre l’acharnement des autorités. En juin 2023, El Kadi a écopé de la lourde peine de 7 ans de prison, dont 5 ferme, pour “réception de fonds de l’étranger” et “atteinte aux institutions”.
      Depuis le 29 décembre 2022, le directeur de Radio M purge donc cette peine draconienne sur la base d’articles liberticides du code pénal. Et pour quel crime ? Celui d’avoir exercé son métier de journaliste.

      Symptomatique de la dérive autoritaire du régime, cette affaire reflète le recul des libertés fondamentales, le pays occupant la 136e place du classement de la liberté de presse par Reporters sans frontières.

  • Joe Biden has done more than arm Israel. He’s complicit in Gaza’s devastating famine | The Independent
    https://www.independent.co.uk/news/world/americas/us-politics/gaza-famine-biden-israel-hamas-b2542961.html

    Extrait d’un long et important article dans lequel des fonctionnaires US de l’USAID déclarent (anonymement) que l’administration Biden a sciemment contribué à affamer la population de Gaza.

    By December, the two international institutions used by governments around the world to determine when famine is occurring – the Integrated Food Security Phase Classification and the Famine Early Warning Systems Network – had come to the same conclusion: famine was imminent, and threatened more than one million people.

    Mr Konyndyk, who led USAID’s Office of Foreign Disaster Assistance for three years, said those warnings should have compelled the White House to act urgently. If the same conditions were appearing in most other countries in the world, he said, it would have. But the US had stubbornly refused to do anything that would hamper Israel’s war effort.

    “When the warnings start signalling that risk, there should be a forceful reaction, both on the relief aid front and on the diplomatic front,” he said. “Nothing about the Biden administration’s response to the December famine forecast demonstrated that kind of hard pivot toward famine prevention.”

    What followed was a pattern of defence, deflection and outright denial from the White House.

    Under questioning from The Independent, Biden administration spokespersons have routinely highlighted Mr Biden’s repeated requests for the Israeli government to open up more crossings to aid, and pointed to temporary increases in aid trucks entering Gaza as proof of what they describe as his effectiveness.

    What was left unsaid by those Biden aides was the fact that those piecemeal influxes of aid were not consummate to the scale of the crisis. Hunger continued to spread, and still the White House refused to use its leverage by threatening to condition military aid.

    Nothing about the Biden administration’s response to the first famine report demonstrated that kind of hard pivot toward famine prevention

    Jeremy Konyndyk, former director of USAID’s Office of US Foreign Disaster Assistance

    “Behind the scenes, my impression is that the Biden administration was pushing Israel to resume opening crossings to aid. But it was this posture of pretty extensive deference to how Israel was choosing to fight the war, while continuing to supply it with arms and not putting any real conditions on that,” Mr Konyndyk said.

    A spokesperson for the White House National Security Council said: “Since the beginning of this conflict, president Biden has been leading efforts to get humanitarian aid into Gaza to alleviate the suffering of innocent Palestinians who have nothing to do with Hamas.”

    “Before the president’s engagement, there was no food, water, or medicine getting into Gaza. The United States is the largest provider of aid to the Gaza response. This is and will continue to be a top priority to address dire conditions on the ground since much more aid is needed,” the spokesperson added.

    Inside USAID, career civil servants with extensive experience were horrified by the lack of urgency from their politically appointed leaders.

    Internal USAID documents seen by The Independent showed that staff were passing their concerns about the lack of action up the chain to USAID administrator Samantha Power and other senior leaders in the form of letters and internal dissent memos, often to no avail.

    “What was surprising to me, and deeply disappointing, was the fact that we were hearing nothing about imminent famine in Gaza,” said a USAID staffer, who asked to remain anonymous because they are still employed by the agency.
    A Palestinian child transporting portions of food walks past a building destroyed by Israeli bombardment in Gaza City in May
    A Palestinian child transporting portions of food walks past a building destroyed by Israeli bombardment in Gaza City in May (Getty)

    Dissent memos – a kind of sanctioned internal protest through a dedicated channel for offering critical feedback on policy – are relatively rare in USAID compared with the state department. However, the USAID staff member said they were aware of at least 19 memoranda being sent in objection to the lack of action by the agency – and the government – over the looming famine.

    Mr Konyndyk described it as “an extraordinary number,” and noted that he didn’t recall encountering a single dissent memo at USAID during his more than five years there under Mr Obama and Mr Biden.

    By mid-January, aid agencies on the ground in Gaza were issuing desperate pleas for a humanitarian ceasefire so that food supplies could be delivered. The United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) reported that 378,000 people in Gaza were facing catastrophic levels of hunger, and all 2.2 million people in Gaza were facing acute food insecurity.
    A graphic showing the number of trucks to enter Gaza since the 7 October Hamas attacks
    A graphic showing the number of trucks to enter Gaza since the 7 October Hamas attacks (UNRWA)

    “This is a population that is starving to death, this is a population that is being pushed to the brink,” the World Health Organisation’s emergencies director Michael Ryan said at a press conference on 31 January.

    The same day Mr Ryan described Gaza’s grim outlook, White House national security communications adviser John Kirby defended the Biden administration’s decision to suspend aid to UNRWA. Mr Kirby denied that cutting off assistance to the UN entity with the largest footprint in Gaza would have a detrimental effect on the humanitarian situation there, and instead claimed that the US was “working so hard to get more [humanitarian] assistance into the people of Gaza”.

    Even at this point, the White House was focused on giving Israel everything it needed to win its war against Hamas.
    UNRWA loses ability to function

    Hunger spread rapidly over the next month as the war raged on. On 27 February, three senior United Nations officials told a security council that at least 576,000 people were now “one step away from famine”.

    “Unfortunately, as grim as the picture we see today is, there is every possibility for further deterioration,” Ramesh Rajasingham, director of UN’s OCHA, told the chamber.

    In one of the most deadly massacres of the conflict, dozens of Palestinians desperately trying to access supplies were killed after Israeli troops fired on a crowd collecting flour from aid trucks on 29 February near Gaza City. The Israeli army initially blamed a stampede for the chaos, but in a later review claimed that Israeli forces “did not fire at the humanitarian convoy, but did fire at a number of suspects who approached the nearby forces and posed a threat to them.”

    “During the course of the looting, incidents of significant harm to civilians occurred from the stampede and people being run over by the trucks,” the Israeli army review added. More than 100 Palestinians were killed trying to access aid that day.

    Before the war, UNRWA, the largest UN agency working in Gaza, provided and distributed the basic necessities for people to survive in the blockaded territory, such as food, medicine and fuel. The US was by far the largest donor to UNRWA, contributing nearly half the agency’s yearly operating budget.
    World Central Kitchen team prepare food for displaced Palestinians after resuming work in Gaza in this handout picture released on 30 April
    World Central Kitchen team prepare food for displaced Palestinians after resuming work in Gaza in this handout picture released on 30 April (Reuters)

    But the US suspended that funding following allegations by Israel that some 12 UNRWA employees were involved in the 7 October attack and around 10 per cent of its staff had ties to militants. (An independent review led by former French foreign minister Catherine Colonna later found that Israel has yet to provide any supporting evidence of these claims.)

    By the end of February, UNRWA said Israel had effectively banned it from entering the north of Gaza.

    At least 188 of its staff had been killed since the beginning of the war, more than 150 of its facilities were hit – among them many schools – and more than 400 people were killed “while seeking shelter under the UN flag”, the organisation said.

  • 4 videos d’arguments non sanitaires contre le tabac

    Quelle est la PIRE DROGUE de l’histoire ? (3 épisodes peu connus)
    https://www.youtube.com/watch?v=gBj0BmbKsrA

    Dans cet épisode, on part à la découverte de l’histoire méconnue du tabac. En compagnie d’Olivier Milleron, auteur de “Pourquoi fumer c’est de droite”, je vous raconte l’histoire des esclaves brésiliens, des Afro-Américains, et de James Dukes, pionnier du capitalisme.

    Pourquoi les FEMMES qui fument sont plus BELLES ? (3 histoires)
    https://www.youtube.com/watch?v=6Db6Go9awNI

    Des suffragettes à Netflix, trois histoires qui montrent comment l’industrie du tabac a réussi à faire fumer les femmes en misant tout sur l’image que renvoie la fumeuse.

    Pourquoi ARRÊTER de FUMER (4 raisons politiques)
    https://www.youtube.com/watch?v=FKAmBRWtShQ

    Le cardiologue et ancien fumeur Olivier Milleron a écrit le livre « Pourquoi fumer, c’est de droite », pour inciter ses amis à arrêter de fumer. Dans cet épisode, je vais décortiquer ses arguments afin d’essayer de te convaincre soit d’arrêter, soit de ne jamais commencer, sans utiliser aucun argument lié à la santé.

    Top des PIRES MYTHOS sur la clope
    https://www.youtube.com/watch?v=smqOsg5GvwA

    Les sept histoires de cet épisode vont nous permettre de comprendre pourquoi l’industrie du tabac a été surnommée l’industrie du mensonge, et surtout comment elle continue aujourd’hui d’égrener des fake news, qui pour certaines ont fonctionné sur moi !

    #tabac #drogue #sevrage #écologie

  • La représentante du Ministère ukrainien des affaires étrangères... est un avatar généré par IA ! - KultureGeek
    https://kulturegeek.fr/news-309683/representante-ministere-ukrainien-affaires-etrangeres-avatar-genere-ia

    Elle s’appelle Victoria Shi, et elle est la nouvelle représentante ministère ukrainien des affaires étrangères. Victoria Shi a les mensurations d’un mannequin, peut parler de nombreuses langues, et ne commet jamais la moindre erreur de prononciation. Mais voilà, Victoria Shi n’existe (presque) pas, car il s’agit d’un avatar généré par IA.

    Arrêtez tout ! Les forces du bien ont trouvé l’arme ultime, Poutine est foutu !

  • Top Secret : In a 2018 letter, Netanyahu asks Qatar to fund Hamas
    https://www.ynetnews.com/article/bk8mgcefr

    Ce n’est pas si inédit mais c’est bien d’avoir cela sous les yeux... (source israélienne).

    In letter seen by handful of people, PM urges Doha to deliver $30 million to Gaza monthly, claiming funding Hamas would preserve regional stability and avert humanitarian crisis

    Prime Minister Benjamin Netanyahu urged the government of Qatar to continue the transfer of money to Gaza, in a secret letter sent to the Qatari leadership in 2018 and only seen by a handful of people since. In the letter, Netanyahu explained that the funding would reduce the motivation of terror groups there to carry out attacks, would prevent a humanitarian crisis and was vital for preserving regional stability.

    There are two different time periods for Qatari funding of the Gaza Strip, which allowed Hamas to grow from an insignificant terror organization into a military empire with battalions, an underground network of tunnels and the fire power of a small army.

    Between 2007 and 2014, Qatar provided Hamas with funds, away from any international oversight or review and from 2014 on, funding from Qatar was coordinated with the United States and Israel.

    The 2014 war in Gaza was the turning point. The U.S., UN, Israel and Qatar decided soon after the war to set up a new system in which $30 million would be delivered to the coastal strip by Doha each month. Some $10 million was to buy fuel from Israel, needed to operate Gaza’s power station, $10 million to pay the salaries of government employees, and the final $10 million was to be given in $100 stipends to some 100,000 Gazan families in need.

    That was the time when the notion that Hamas would back away from its intent to destroy Israel as long as it accumulates governing and economic assets took root in Israel.

    Until 2018, Qatari funds were not given to Gaza on a regular basis and delivered only occasionally with approval from Israel and the Palestinian Authority. “The PA said it would no longer agree to fund Hamas and rather than let the terror group collapse, Israel decided on an alternative route for its funding,” says Dr. Udi Levi, who was the Mossad official charged with fighting the funding of terror until 2016. “That was part of Israel’s policy to buy quiet. Hamas demanded that the $30 million per month would be delivered directly to the ruling faction. It was naïve to believe Hamas would provide the money to the population in Gaza.”
    תיעוד: חשיפת מנהרת הטרור הגדולה ביותר ברצועת עזה

    It is now evident that Qatar was not fond of the new arrangement. “They were playing a double game then and are still doing so now,” Levi says. “We are talking about the greatest funder of terrorism in the world, but in 2018 Qatar was concerned that funding Hamas – which had been designated a terror organization – would create problems with international institutions.”

    Meanwhile, in November of 2018, then-Defense Minister Avigdor Liberman resigned in protest against the government over a cease-fire in Gaza. “We are on one hand passing a law to withhold funds from the PA, for funding terrorists and on the other hand allowing funds to flow to the terrorists in Gaza,” Liberman said. Anyone who says there is oversight of where those funds go, is being inaccurate, to put it mildly."

    Netanyahu understood the Qatari predicament and sent his urgent letter to Doha but the officials there demanded further assurances. “There was a sense that the Americans were needed, in order to seal the deal,” Levi says.

    Then-U.S. Secretary of the Treasury Steve Mnuchin, who was in charge of finance for the campaign to reelect Donald Trump and who is Jewish, agreed to a request from Netanyahu and sent an additional letter to Doha, this time from Washington, in effect, ensuring Qatar that the funding of Hamas would not be considered funding terror.
    Levi explains that, although he had run the financial war on funding of terrorism between 2001 and 2016, he was never consulted by the political leadership about the transfer of funds to Hamas. “Unlike previous administrations I have served under, during the governments of [Ariel] Sharon and [Ehud] Olmert, Netanyahu did not consult with me despite the fact that I served directly under him,” he says. “I, of course, strongly objected to the transfer of Qatari funding to Hamas, even before 2018, but that did not interest Netanyahu.”

    Ultimately the letters from Netanyahu and Mnuchin satisfied the Qataris and the first instalment in cash was delivered on November 8, 2014, and the rest is history that is still unfolding.

  • La psychiatrie se réapproprie les savoirs de l’antipsychiatrie | Lili Guigueno
    https://blogs.mediapart.fr/lili-guigueno/blog/040524/la-psychiatrie-se-reapproprie-les-savoirs-de-l-antipsychiatrie#at_me

    La psychiatrie se réapproprie les savoirs de l’antipsychiatrie Militante handicapée pour l’abolition des institutions et de la psychiatrie, Lili Guigueno appartient au mouvement de l’anti-psychiatrie en France. Elle a accepté de réagir, par écrit pour Mediapart, aux pratiques de pair-aidance ou d’open dialogue en Sarthe et à Marseille. Source : Relevé sur le Net...

  • Les dix meilleurs films policiers d’URSS à voir gratuitement en ligne
    https://fr.rbth.com/art/94444-meilleurs-films-policiers-urss
    Soustitres ... parfois oui, généralement non.

    30.4.2024 par Alexandra Gouzeva - Des policiers courageux, des espions et des agents secrets soviétiques... Nous avons compilé un petit classement des principaux films policiers originaires d’URSS, que vous devez absolument regarder. D’ailleurs, ils sont tous gratuitement disponibles sur YouTube !

    Il ne faut jamais changer le lieu d’un rendez-vous (1979)
    https://www.youtube.com/watch?v=0x6cxkyoEQE


    Stanislav Govoroukhine/Studio d’Odessa, 1979

    Série culte sur la lutte de la police soviétique contre le gangstérisme dans le Moscou de l’après-guerre. Y incarne le rôle principal le légendaire Vladimir Vyssotski , tandis que son partenaire est joué par Vladimir Konkine.

    #cinéma #URSS #film_policier

  • Un orang-outan fabrique sa propre pommade, du jamais-vu
    https://reporterre.net/Un-orang-outan-fabrique-sa-propre-pommade-en-Indonesie

    Plusieurs jours durant, la scientifique et son équipe ont alors constaté que Rakus mâchait de l’akar badi, une liane présente dans seulement 0,3% des 390 000 repas que les chercheurs avaient enregistré. Toutefois, l’orang-outan ne la mangeait pas : il se contentait d’en extraire le jus et de l’appliquer sur sa plaie avec ses doigts. Puis, à l’aide de la pâte mâchée, il recouvrait le tout pour créer une sorte de pansement.

    Au bout de huit jours, la plaie était refermée et, un mois plus tard, elle avait complètement guéri. Pas surprenant lorsqu’on sait que cette plante est utilisée localement en médecine traditionnelle, pour ses vertus antidouleur et antifièvre.

  • Le chroniqueur Guillaume Meurice suspendu par Radio France après avoir répété ses propos sur Benyamin Netanyahou
    https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/le-chroniqueur-guillaume-meurice-suspendu-par-radio-france-apres-avoir-re

    « Il y a des choses qu’on peut dire. Par exemple, si je dis Netanyahou est une sorte de nazi mais sans prépuce, c’est bon. Le procureur, il a dit c’est bon », a lancé le chroniqueur à l’antenne dimanche, en référence au récent classement sans suite d’une plainte à son encontre l’accusant d’antisémitisme.

    Sur X (ex-Twitter), le chroniqueur a indiqué être convoqué par la direction de Radio France « à un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire ».

  • #Pictalk, une #application créée par deux Grenoblois pour communiquer en dépassant le handicap mental

    Deux frères grenoblois ont développé une application, Pictalk, pour aider leur frère cadet et toutes les personnes souffrant de handicap mental à mieux communiquer, via un système de #pictogrammes. Deux autres applications, #Pictime et #Pictranslate, sont en cours de développement.

    Comment dialoguer avec ses proches souffrant de handicap mental, ceux atteints du syndrome d’Alzheimer par exemple, ou encore de trisomie 21 ? Il peut être parfois difficile de les comprendre ou de se faire comprendre d’eux. Alors face à cette situation, deux frères grenoblois, Alexandros et Adriano Sidiras Galante ont créé l’application Pictalk pour faciliter le quotidien de leur petit frère. Depuis début mars 2024, ils sont soutenus par l’Inria pour se concentrer à plein temps sur le développement de leur projet.

    France Bleu Isère : Vous avez créé l’application Pictalk, comment fonctionne-t-elle et à quoi est-ce qu’elle sert ?

    Alexandros Sidiras Galante : Quand on a un handicap mental, il y a des sur-handicaps qui apparaissent également. Par exemple dans la communication, au niveau de l’organisation, du comportement. Ces personnes avec un handicap mental, ce ne sont pas seulement des personnes avec de la trisomie 21, ça peut être aussi de l’autisme, dû à de la vieillesse, par exemple la maladie de l’Alzheimer, ou encore après un AVC, un accident de la vie. Donc on s’adresse à toutes ces personnes-là et on va les aider à travers différentes applications. La communication, on s’y adresse avec l’application Pictalk, à l’aide de petits pictogrammes comme les panneaux qu’on voit sur la route, on va utiliser ces pictogrammes-là pour pouvoir former des phrases. Par exemple, on a un pictogramme « burger » ou « frites » que mon petit frère Pablo adore et on va le combiner avec le pictogramme qui signifie « manger ». Et comme ça, mon petit frère, en cliquant sur ces deux petits pictogrammes, va pouvoir former la phrase « Je veux manger des frites ou un hamburger ».

    Tout ça part vraiment de votre vécu personnel...

    Quand Pablo était petit, il avait un classeur avec des pictogrammes qui étaient plastifiés, qui étaient imprimés. Et ce classeur-là, au fur et à mesure, a commencé à comporter plus de 1000, 2000 pictogrammes, etc. Il n’était plus portable, on ne pouvait plus le prendre dans la rue, il pesait peut-être deux ou trois kilos. Mon petit frère se sentait différent quand il devait le porter, ce n’était plus un outil, une aide, c’était une charge. Donc moi, je suis développeur en télécommunication. Mon deuxième frère, lui, l’est également. Et on s’est dit pourquoi ne pas l’aider ? L’aventure a commencé à peu près au début du Covid en 2020. On s’est retrouvés avec beaucoup de temps et beaucoup d’envie de l’aider dans son quotidien, de le faire progresser.
    Le classeur à pictogrammes de Pablo, surchargé, a fini par devenir inutilisable. Le classeur à pictogrammes de Pablo, surchargé, a fini par devenir inutilisable.

    Et vous avez deux autres applications qui vont venir compléter la première...

    Exactement. On s’est attaqué dans un premier temps au souci de la communication. Maintenant, on a repéré d’autres besoins qu’il a, notamment l’organisation. Lui, auparavant, ne savait pas de quoi était composée sa journée, ni sa semaine, ni par exemple son mois. Mon petit frère, et en fait en général les autres personnes qui sont dans la même situation, n’ont pas une aussi bonne vision que nous dans le temps. Nous par exemple, on a Google Agenda ou autre. Eux, ils n’ont pas cet outil-là. Et donc la journée, le temps, sont une grande source de stress. Donc notre seconde application Pictime s’inscrit dans cette démarche de faire visualiser la journée, la semaine ou le mois à la personne pour réduire son stress, le rendre un peu plus maître de sa journée.
    Là où Pictalk et Pictranslate servent à communiquer, Pictime se concentre sur l’emploi du temps des personnes handicapées pour les aider à retrouver des repères Là où Pictalk et Pictranslate servent à communiquer, Pictime se concentre sur l’emploi du temps des personnes handicapées pour les aider à retrouver des repères

    Et la troisième ?

    La troisième application, c’est PicTranslate. Elles se ressemblent un peu avec Pictalk, elles sont sœurs jumelles : PicTranslate, ça va être un peu l’inverse. La personne, l’éducateur, le parent, pour se faire comprendre de son enfant (ou même un adulte), PicTranslate va lui permettre de passer du français, de l’anglais, ou d’autres langues écrites à des pictogrammes que la personne en face de pouvoir comprendre.

    Combien avez-vous d’utilisateurs aujourd’hui et quels sont vos objectifs au final ?

    Alors à l’heure actuelle, on a à peu près 2000 utilisateurs inscrits dans Pictalk et les deux autres applications sont encore très, très jeunes et pas tout à fait en ligne. Les objectifs à terme pour nous, c’est d’être utilisés déjà un maximum possible, que ce soit dans les hôpitaux, que ce soit dans les Ehpad, etc... permettre d’accueillir dans des super bonnes conditions toutes ces personnes-là.

    https://www.francebleu.fr/infos/societe/pictalk-une-application-creee-par-deux-grenoblois-pour-communiquer-en-dep
    #app #handicap_mental #communication

    • Pictalk

      Pictalk est une application qui a pour but d’aider à communiquer les personnes souffrant d’un handicap qui les empêche de parler, de lire ou d’écrire normalement. Pictalk utilise des pictogrammes numériques qui représentent un mot ou une idée pouvant être combinés pour former des phrases. Une sorte de traducteur d’image a parole. Chaque utilisateur de pictalk peut créer une bibliothèque personnelle de pictogrammes (ou des photos) pour une expérience de communication personnalisée, répondant à ses besoins ou ses centres d’intérêt.

      https://www.pictalk.org

  • Gaza, 1956 le constat du général Moshe Dayan. - Diversité performance
    https://diversite-performance.com/2024/03/30/gaza-1956-le-constat-du-general-moshe-dayan

    Pour ne pas risquer de tomber sous le coup de l’apologie du terrorisme, citez Moshe Dayan...

    “Ne blâmons pas ces meurtriers aujourd’hui. Que pouvons-nous dire à l’encontre de leur haine terrible envers nous ? Depuis huit ans maintenant, ils restent dans le camp de réfugiés de Gaza et nous voient transformer sous leurs yeux leur terre et leurs villages, où leurs ancêtres et eux-mêmes résidaient auparavant, pour en faire notre foyer.

    • https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Moshe_Dayan

      Enfance

      Moshe Dayan naît dans le kibboutz Degania, situé en Palestine alors sous domination ottomane, non loin du lac de Tibériade. Ses parents, Devorah et Shmuel Dayan, étaient des juifs ukrainiens de Jachkiv, ville située alors dans l’Empire russe. À l’âge de 14 ans, il rallie la Haganah puis est affecté aux « Special Night Squads » dans les rangs desquels il sera marqué par l’influence du major Orde Charles Wingate, un officier britannique pro-sioniste, et qui instillera à l’embryon d’armée juive la doctrine visant à « porter le combat au cœur du secteur d’activité de l’ennemi » plutôt que de privilégier la « défense statique ».

      Premiers combats

      Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est intégré dans les forces britanniques durant deux ans, puis intégré dans la 7e Division d’infanterie australienne, qui combat les forces de Vichy en Syrie. C’est durant cette période qu’il perd l’usage de son œil gauche, par l’enfoncement du binoculaire de ses jumelles, atteint par une balle ennemie. Après cette blessure, il porte un cache-œil. Dayan est décoré à l’issue de la guerre, par l’armée britannique.

  • Un soldat franco-israélien visé par une première plainte pour « actes de torture » à l’encontre de Palestiniens
    Par Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) et Madjid Zerrouky
    Publié la 16 avril 2024 à 11h00, modifié à 17h31
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/16/un-soldat-franco-israelien-vise-par-une-premiere-plainte-pour-actes-de-tortu

    Après la diffusion d’une vidéo diffusée à la fin de février par un proche du soldat sur les réseaux sociaux qui mettait en scène des prisonniers palestiniens violentés, trois associations ont porté plainte devant la justice française.

    Une plainte pour torture visant Y. O., un soldat franco-israélien, a été adressée mardi 16 avril au procureur général de Paris. L’homme est « actuellement au service de l’armée israélienne », énonce la plainte « contre X » déposée par Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon, au nom de trois associations : l’Association des Palestiniens de France -Al Jaliya, Justice et droits sans frontières (JDSF) et le Mouvement du 30 mars, basé à Bruxelles. Les plaignants reprochent à Y. O. d’avoir commis un crime de guerre par « actes de torture » dans le contexte d’une « attaque militaire génocidaire ».

    Fin février, dans une vidéo de cinquante-huit secondes réalisée par le militaire et diffusée sur la messagerie Telegram, on peut voir un prisonnier dans une combinaison blanche, les yeux bandés et les poignets attachés dans le dos. Il essaie de descendre d’un camion. Le soldat de l’armée israélienne commente la scène qu’il filme lui-même : « Tu as vu ces enculés, mon neveu, ces fils de putain. Allez descends, fils de pute… sur les pierres… Là, enculé de ta mère… » Le prisonnier descend du camion. « Tu as vu ce fils de putain. Là, regarde, il s’est pissé dessus. Regarde, je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, regarde ! » Le prisonnier est maintenant dos à la caméra. « Ils l’ont torturé pour le faire parler. Tu as vu son dos. »

    Dans la séquence suivante, des détenus sont assis par terre. « Ah, fils de putain, continue l’auteur de la vidéo. Fermez vos gueules, bande de salopes. Ah, vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes. » Selon la plainte, les prisonniers sont transférés vers une prison israélienne qualifiée de « secrète ». Dans une troisième séquence, on les voit dans un autobus. « Ils sont soumis à cette torture bien connue de l’armée israélienne, écrivent les avocats dans leur plainte, [qui leur impose] des heures durant une musique obsessionnelle. »

    « Supériorité, mépris, provocation »

    Selon les plaignants, après un interrogatoire initial, les prisonniers seraient alors « triés ». Certains sont relâchés, d’autres conduits en Israël, et « placés au secret, dans des conditions de détention inhumaines, puis jugés pour des incriminations liées au “terrorisme” par des tribunaux militaires ignorant tout droit de la défense ». L’Etat hébreu les considère comme des « combattants illégaux » et leur refuse la protection prévue par la 3e convention de Genève.

    L’avocat des plaignants estime que Y. O. « porte au plus haut l’humiliation en passant parmi les Palestiniens menacés et prostrés sur le sol avec une attitude odieuse faite de supériorité, de mépris, de provocation ». Selon la plainte, il a fait « le choix vicieux de filmer ce jeune Palestinien, sachant que le simple fait de filmer un prisonnier, surtout dans cette précarité, est une atteinte illégale à sa dignité ».
    (...) abonnés

    #soldat_franco-israélien

  • Alain Bentolila : entre science et pensée magique, il a choisi ? - Le français va très bien, merci
    https://www.tract-linguistes.org/alain-bentolila-entre-science-et-pensee-magique-il-a-choisi

    Ancien professeur de linguistique à l’Université Paris-Descartes, Alain Bentolila atterre les linguistes (et pas qu’eux) en diffusant depuis 2005, de manière insistante et délibérée, un mensonge. À partir d’un entretien qu’il a accordé au journal Le Monde “Vivre avec 400 mots”, M. Bentolila martèle des chiffres fantaisistes sur la taille du vocabulaire des jeunes des milieux défavorisés. Or, 400 mots c’est la taille moyenne du vocabulaire actif d’un enfant de deux ans ; le vocabulaire passif à deux ans est déjà plus grand. M. Bentolila ne peut pas ignorer cela. Tout en publiant par ailleurs lui-même un rapport où il évoque les milliers de mots des enfants à l’école primaire, il n’a cessé de parler de 400 mots (parfois 250, parfois 500, selon les jours) dans les médias. Très longtemps, les médias ne prenaient pas la peine de vérifier ou de lui demander une source. En 2019, cela a changé : TV5, par exemple, a publié un billet de désintox et les journalistes ont commencé à se rendre compte que 400 mots tiennent sur une feuille A4 et que les affirmations de ce linguiste étaient infondées. Mais c’est cette intox maintes fois répétée qui lui a sans doute permis de se voir confier un « rapport sur l’acquisition du vocabulaire à l’école élémentaire » par le gouvernement français en 2007.

  • L’anthropologue palestinienne Ruba Salih qui enseigne à l’université de Bologne a accepté de confier à l’équipe visionscarto, la traduction en français et la publication de deux textes importants qui portent sur les événements du 7 octobre et de ses conséquences.

    C’est ce que nous avons lu de plus subtil et intelligent sur cet enchainement tragique. Nous avons accompagné les textes de Ruba Salih par une série de cartes contextuelles et éclairantes.

    Les Palestinien·nes peuvent-iels parler ?
    https://www.visionscarto.net/les-palestinien-nes-peuvent-iels

    Gaza entre traumatisme colonial et génocide
    https://www.visionscarto.net/gaza-entre-traumatisme-colonial-et-genocide

    « L’attaque menée par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle des milliers de personnes ont été tuées, est constamment présentée comme le début d’une violence « sans précédent », tout en effaçant doublement, physiquement et épistémiquement, les plus de 5 000 Palestinien·nes tué·es, jusqu’en 2022, dans les bombardements de Gaza. Le 7 octobre devient ainsi le point de départ d’une épistémologie israélienne d’un temps supposé universel, tout en marquant une escalade dans la criminalisation de la contextualisation et du refus de l’historicisation. »

    « Ce n’est pas avec les outils de celles et ceux qui vivent dans la « paix » que nous pouvons comprendre et analyser ce qui se passe aujourd’hui ; cela n’est envisageable (à supposer que cela soit même possible pour ceux qui ne vivent pas à Gaza ou dans les territoires palestiniens occupés) qu’à partir d’un espace défini par les effets de la violence et des traumatismes coloniaux. »

    #palestine #gaza #génocide #colonisation