Qu’est-ce qui a alimenté la vague de VRS en 2022 ?

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  • Qu’est-ce qui a alimenté la vague de VRS en 2022 ? | John Snow Project
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    Nombreu·ses sont cell·eux qui attribuent l’augmentation constatée des maladies aux confinements et à l’idée que les enfants auraient accumulé une prétendue « dette immunitaire » pour n’avoir pas été exposés à autant d’agents pathogènes qu’à l’accoutumée.

    Aussi rassurante que puisse paraître cette intuition, les données commencent à nous dire autre chose.

    Nous avons déjà écrit sur les dommages immunitaires potentiels causés par le COVID-19. Malgré les risques réels qu’il représente pour la santé des enfants en tant que principale cause de mortalité due aux maladies infectieuses1, certain·es commentateur·ices continuent de penser que l’infection par le SARS-CoV-2 présente un avantage net car elle entraînerait le système immunitaire des enfants à reconnaître le virus, ce qui, en théorie, leur donnerait une plus grande capacité à éviter les conséquences graves d’une infection à un stade ultérieur de leur vie. C’est l’argument « la gravité est dans la nouveauté ».

    Mais est-il possible que le COVID-19 affecte le système immunitaire des enfants et les rende moins aptes à faire face à d’autres infections ? Certains immunologistes craignent que le SARS-CoV-2 ne nuise effectivement au système immunitaire des enfants pendant une période indéterminée.

    Une vaste étude israélienne a montré que les enfants couraient un risque plus élevé d’amygdalite à streptocoque jusqu’à un an après le COVID-19, lors d’une analyse comparative entre des enfants ayant contracté le COVID-192 et d’autres ne l’ayant pas contracté.

    Une autre grande étude américaine a récemment montré un risque plus élevé de bronchiolite et d’infection par le virus respiratoire syncytial (VRS), fin 2022, après une infection par le COVID-19, dans une cohorte appariée d’enfants ayant été infectés par le COVID-19 avant août 2022. Cela semble indiquer qu’une infection antérieure au COVID-19 pourrait avoir contribué à la vague massive d’infections par le VRS chez les enfants en 20223.

    Cette étude a porté sur 228 940 enfants âgés de 0 à 5 ans qui ont consulté un médecin en octobre 2022 et qui n’avaient jamais été hospitalisés pour le VRS. Parmi eux, 14 493 enfants avaient contracté le COVID-19 avant le mois d’août 2022.

    Ceux qui avaient eu un COVID-19 documenté à n’importe quel moment avant août 2022, ont été comparés à ceux qui n’avaient pas déclaré de COVID-19 avant août 2022. Leur fréquentation des services de santé pour le VRS et des bronchiolites de cause inconnue a été mesurée d’octobre à décembre 2022 dans les dossiers médicaux.

    Dans des études de ce type, il est essentiel de faire correspondre les deux cohortes. Il n’est pas surprenant que les enfants présentant un risque plus élevé de COVID-19 soient également plus à risque de VRS, en raison de facteurs associés à l’exposition, tels que la promiscuité, le statut socio-économique, etc... Il est donc important de corriger ces facteurs. L’étude a apparié les deux groupes en fonction du statut socio-économique, de l’état de santé antérieur, de l’âge, du sexe et de l’appartenance ethnique, et a constaté un risque 40 % plus élevé d’infections par le VRS chez les enfants de 0 à 1 an et de 0 à 5 ans qui avaient été exposés au COVID-19.

    Les auteur·ices de l’étude montrent qu’il est possible qu’une sensibilité accrue aux infections respiratoires ait également contribué à la grande vague d’infections par le VRS observée aux États-Unis, qui s’est traduite non seulement par une augmentation du nombre de cas, mais aussi par des niveaux très élevés d’hospitalisation pour le VRS.

    Bien que cette étude montre un lien entre une infection antérieure au COVID-19 et le risque de VRS, il n’est pas possible de conclure définitivement que le COVID-19 est à l’origine de l’augmentation du VRS, car il s’agit d’une étude observationnelle. Il est possible que, malgré la prise en compte de facteurs externes qui font que les personnes à risque pour le COVID-19 sont également à risque pour le VRS (statut socio-économique, asthme, etc.), il existe ce que l’on appelle des « facteurs de confusion résiduels », de sorte que toutes les mesures ne sont pas entièrement corrigées.

    Mais cela montre qu’il existe un lien et que des travaux supplémentaires doivent être menés pour comprendre si le COVID-19 nuit au système immunitaire des enfants d’une manière qui accroît leur sensibilité aux infections telles que le streptocoque ou le VRS. Ce n’est pas la première fois qu’un virus a un impact sur le système immunitaire. La rougeole est connue pour provoquer une amnésie immunitaire45.

    Alors que les scientifiques s’efforcent de comprendre les conséquences d’un virus qui existe depuis moins de quatre ans, nous recommandons de faire tout ce qui est raisonnablement possible pour éviter d’être infecté·e par le COVID-19. Vous trouverez ici des conseils sur la manière de réduire votre risque d’infection.

    Cet article s’inspire d’un fil de discussion de la Dr Deepti Gurdasani sur Twitter et certaines parties ont été utilisées avec son autorisation. Son fil original est disponible ici.

    Publication originale (18/05/2023) :
    John Snow Project

    https://johnsnowproject.org/primers/what-drove-the-large-rsv-wave-in-2022