Traverser la rue pour manger sainement

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  • Traverser la rue pour manger sainement - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Traverser-la-rue-pour-manger-sainement

    Travaillant dans le milieu associatif agricole, j’ai souvent entendu cet argument des choix de consommation aberrants des plus pauvres… par des personnes de classes sociales à peine plus élevées et qui démontraient leur grande ignorance du sujet ainsi qu’un certain manque d’empathie. Les associations comme ATD Quart-Monde, les Civam, associations d’agriculteurs et d’agricultrices, les AMAP ont interrogé les aspirations au bien manger des plus pauvres d’entre nous, avec l’aide de chercheuses comme Bénédicte Bonzi ou Magali Ramel (j’en profite pour citer aussi Denis Colombi). Le Réseau Civam vient justement de mettre en ligne un documentaire consacré à cette question, La Part des autres, que je recommande très, très chaudement. Contrairement aux trumperies du chef de l’État, il est difficile de se nourrir bien quand on est pauvre, pour tout un faisceau de raisons, et ces associations le constatent dans leur pratique quotidienne.

  • Traverser la rue pour manger sainement
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    Le premier des obstacles pour choisir une alimentation saine est le prix. En 2017, le quart des ménages les plus pauvres (1) consacre 18 % de son revenu à l’alimentation. C’est le second poste seulement, avec un point de plus que la part qu’y consacre la moyenne des ménages. Ce n’est peut-être pas assez pour certain·es en valeur absolue mais c’est déjà beaucoup en proportion, d’autant que d’autres dépenses sont, elles, incompressibles. Comme le logement, une dépense qui n’est pas choisie et qui est le premier poste du budget des 25 % les plus pauvres d’entre nous, qui exige jusqu’à 45 % de leur justement nommé « taux d’effort » (2). (J’ajoute qu’avec 6 € d’un abonnement Netflix mensuel, on peut s’acheter entre huit et dix pommes bio, soit environ un quartier de pomme par jour. Merci pour le conseil.)

    D’autres barrières sont les conditions matérielles d’accès à une nourriture saine : habiter suffisamment près d’un magasin bio ou d’une offre alimentaire variée, avoir une cuisine suffisamment grande pour traiter des légumes (3), posséder des feux et un four. Ce qui est tenu pour acquis dans certaines classes sociales ne l’est pas dans d’autres, je parle d’expérience, ayant été mal logée. De plus, les associations qui travaillent sur ces questions nous disent le manque de temps pour cuisiner qu’ont les travailleuses et travailleurs pauvres, les plaisirs plus immédiats du sucré et du gras quand on a par ailleurs des vies difficiles et stressantes, sans filet de sécurité, ou bien le fait que personne ne sait si vous avez sauté un repas alors que l’incapacité à effectuer certaines dépenses vous met en marge de la société, symboliquement et parfois même matériellement quand l’accès aux droits passe par une connexion Internet et que le moyen le plus simple et le moins cher de vous connecter est un smartphone.

    Malgré tout, l’aspiration à bien se nourrir existe, les produits bio (et locaux), les fruits et les légumes sont identifiés dans toutes les classes sociales comme une alimentation désirable, bonne pour la santé et pour le milieu naturel.

    #Aude_Vidal #alimentation #agriculture #santé #Macron