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  • Comment la géolocalisation des enfants est devenue un devoir parental
    https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/geolocalisation-enfants-devoir-parental

    Avec la généralisation des outils de surveillance destinés à la sphère domestique, la géolocalisation des enfants s’est imposée comme un nouveau geste éducatif.

    « Imaginez un monde où les enfants auraient la liberté de rester des enfants, un monde où nous pourrions nous assurer à tout moment qu’ils sont en sécurité... ». C’est par ces mots que Kiwip Watch, une montre connectée pour enfant qui lui permet non seulement de passer quelques coups de téléphone et suivre son activité physique, mais aussi, et surtout, qui offre à ses proches la possibilité de le géolocaliser à tout moment.

    Pour Yann Bruna, les motivations des parents sont plus complexes qu’ils ne le prétendent. « La géolocalisation correspond à l’extension d’une surveillance parentale qui s’exerce depuis l’intérieur du domicile vers l’extérieur, explique-t-il. On met en avant le fait que les enfants peuvent joindre leurs parents quand ils veulent avec le smartphone ou la montre connectée, mais c’est surtout l’inverse qui se passe. L’adolescent doit pouvoir rester joignable à tout moment. Dans ce cadre, la géolocalisation devient une réponse quand les jeunes se montrent indisponibles. »
    Grandir en étant surveillé

    Pour beaucoup de parents, l’existence des technologies de surveillance est une raison suffisante pour l’utiliser. Concrètement, « si on peut le faire, alors on le fait ». Mais quand on pousse la réflexion autour de ces nouveaux usages, notamment d’un point de vue éthique, les avis sont plus partagés. Certains parents incluent cette surveillance dans l’achat d’un smartphone avec la promesse de ne l’utiliser « qu’en cas de problème ». D’autres, comme Justine, se plient au jeu de la surveillance réciproque, indiquant que ses filles peuvent aussi accéder à la géolocalisation de son portable via la tablette familiale.

    Cette acceptation de la surveillance, Yann Bruna la confirme dans ses travaux de recherche. « C’est souvent le cas chez les jeunes filles qui ont intériorisé un besoin de sécurité et de réassurance dans un espace urbain possiblement dangereux, explique-t-il. Avec la géolocalisation, les enfants comme les parents ont l’illusion de pouvoir se soustraire à ce potentiel danger. D’autres adolescents que j’ai interrogés voient aussi cette surveillance comme une pratique infantilisante, voire un échec de la parentalité. Certains ados m’expliquaient qu’ils ne feraient pas ça avec leur propre enfant. » Le chercheur ajoute toutefois qu’il est devenu difficile de se soustraire à ces pratiques. « Quand les jeunes arrivent à la fin de l’adolescence, ils restent généralement dans le carcan de la géolocalisation. Ce ne sont plus leurs parents qui les surveillent, mais leurs amis ou leurs compagnons de vie.

    #Géolocalisation #Surveillance #Enfants