#julliard

  • Pour Anne Hidalgo et Bruno Julliard, si tu n’apprécies pas l’épuration ethnique, le bombardement de population civile, et l’incinération d’un nouveau-né, c’est que tu appartiens à la « radicalisation » :
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/08/09/01016-20150809ARTFIG00109-tel-aviv-sur-seine-annuler-ce-serait-ceder-a-la-r

    Tel-Aviv, avec seulement 4,2% d’habitants arabes (dans un pays qui en compte 20%), repoussés dans quelques quartiers marginalisés, c’est l’idéal urbain socialiste de « tolérance » :
    http://www.lepoint.fr/politique/paris-plages-bruno-julliard-repond-a-la-polemique-tel-aviv-09-08-2015-195573

    @nidal : Comment et à quoi bon « anticiper » ce genre de campagne médiatique, ils osent tout.

    • @stephane_m : par « anticiper », j’entends justement ne pas reprendre ces thèmes « explicatifs » ou « défensifs », comme on se retrouve à le faire à chaque fois.

      – Il n’est pas nécessaire de redire la longue litanie des crimes israéliens : tu peux être certain que ceux d’en face le savent parfaitement, et le grand public le sait parfaitement. En rappelant les bombardements, l’épuration ethnique, on est en retard d’une communication : parce que tout le monde le sait déjà (tous les sondages sont très clairs sur l’image épouvantable d’Israël en Europe et en France).

      – Il ne faut pas se défendre de « radicalisation », il faut affirmer dès le début que c’est ce genre d’« initiative » qui relève de la provocation parfaitement assumée. Le public est à mon avis parfaitement capable de l’entendre et de le comprendre : ces « élus » sont en train, purement et simplement, de cracher à la gueule de leur propre population et qu’elle sait que ça ne va pas bien se passer. Ne pas se défendre et ne pas se justifier : il faut dire avec évidence que cette petite festivité balnéaire est une agression évidente et planifiée.

      – C’est très évidemment du whitewashing des crimes israéliens via un axe parfaitement connu de la hasbara israélienne : la liberté sexuelle, l’hédonisme à l’occidentale, images de « femmes-soldats » à la fois cool et sexy en haut de bikini avec un pistolet-mitrailleur, le #pink_washing n’est jamais bien loin non plus… À nouveau : il ne faut pas se défendre, mais attaquer sur le fait que la mairie de Paris se livre à un exercice de propagande pro-israélien archi-connu et archi-classique.

      – En enfin, à nouveau rappeler que la propagande pro-israélienne n’est jamais éloignée ou étrangère à la banalisation de la haine raciste et islamophobe. Ici, très clairement : après l’épisode « Islam, bikini et coquillages » de Reims, qui reprenait exactement le thème de l’année précédente « burka, bikini et coquillages » de Nadine Morano, on recycle à nouveau dans la thématique : « au contraire, les Israéliens aime les top-models à moitié nues à la plage ». Les arabes et leur islam c’est intolérant (thème : « islam bikini-incompatible »), au contraire les Israéliens c’est naturisme et petits culs bronzés (thème : « Tel Aviv, société ouverte et tolérante »).

      Résumé : ne pas se défendre, attaquer tout de suite sur le fait que :
      – c’est une provocation radicale parfaitement assumée, pas une « erreur » de jugement, ça va mal se terminer, ça fait monter volontairement les tensions dans la société, (et ça se dit de gauche) ;
      – c’est un axe parfaitement identifié, de longue date, de la hasbara israélienne ; c’est tellement classique que la Mairie ne peut pas l’ignorer, elle est forcément complice de ça (à nouveau : réfuter l’idée d’une « erreur » de jugement ou une différence d’opinion) ;
      – ce faisant, c’est aussi un axe de la communication israélienne qui promeut, exploite et banalise la haine islamophobe en France (et ça se dit de gauche…).

      Dans ce contexte, rappeler les bombardements, l’occupation, etc., c’est une perte de temps que la communication adverse exploite à son avantage.

    • Ca m’avait échappé.

      Mais j’aime particulièrement :

      « Il ne faut pas faire d’amalgame entre la politique brutale du gouvernement israélien, et la ville de Tel-Aviv, dont les habitants et les élus sont des acteurs progressistes du conflit israélo-palestinien », explique l’adjoint d’Anne Hidalgo

      Parce que Tel-Aviv, c’est une lointaine province isolée (comme la Creuse ou la Lozère, en France) et ce n’est pas du tout la capitale de l’état d’Israël.

      Ce qu’en dise des Israéliens :

      « Le massacre de Gaza par les Israéliens a été orchestré deuis le centre de Tel Aviv dans le complexe ’Kyria’ où sont situés le Ministère de la Défense et le Commandement Général des FDI. Qui plus est, la majeure partie de l’industrie militaire high-tech d’Israël qui développe les armes utilisées contre les civils palestiniens et les enfants palestiniens se trouve à Tel Aviv. »

      http://bdsfrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=3794%3Atel-aviv-sur-seine-de

    • On aurait aussi tort de dénoncer l’islamophobie de Julliard et de Marianne

      « Inversez les deux voyelles, et dans voile, vous trouverez viol. En dissimulant ostensiblement le sexe au regard, fût-ce sous la forme symbolique de la chevelure, vous le désignez à l’attention ; en enfermant le corps féminin, vous le condamnez à subir l’effraction. (…) Toutes les coquettes le savent bien aussi, qui font de la comédie de la dissimulation la forme la plus raffinée de l’exhibitionnisme. »
      Jacques Julliard,
      Le Nouvel Observateur, 16/09/2003

      « Ce que la France doit à ses hôtes immigrés, ce sont les bienfaits de la culture française. »
      Jacques Julliard,
      Le Nouvel Observateur,16/09/2003

      http://indigenes-republique.fr/anthologie-dislamophobie

      A partir de 10.32"
      http://www.dailymotion.com/video/x2cx31_ripostes-emeutes-en-banlieue-1-3_people&start=635

    • Le communautarisme de l’auto-proclamée élite médiatico-politique me gonfle. Et il ne peut qu’alimenter le sentiment d’être isolés et incompris de tous ceux que cette élite nie : les Roms, les arabes, les migrants, les exclus pour raisons économiques.

      Quand les gens de cette classe au pouvoir manifesteront publiquement contre les massacres d’arabes, on en reparlera ...

    • Puissamment vomitif, l’édito de Marianne. On reconnaît bien le style de Julliard.

      L’arrogance communautariste des dominants est en roue libre.

      Il serait bon que quelques-uns parviennent encore à percevoir ce qu’il y a de proprement stupéfiant pour ne pas dire d’inédit à voir des éditocrates chanter les louanges d’une manifestation qui pour eux relève d’une inespérée communion dominicale.

      La presse et le pouvoir n’ont commencé de se sentir « Charlie » que lorsque la question de la liberté d’expression et des valeurs républicaines a été brandie par celui-ci face non à un seul Islam intégriste mais bien face à tous les musulmans, dans un contexte d’histoire coloniale et d’instrumentation religieuse par le pouvoir qui n’est toujours pas critiquée en France.

      Julliard écrit benoîtement combien il souhaite que cela dure et soit renforcé.

      Liberté d’expression mon luc !

      #communautarisme_blanc
      #valets_du_pouvoir
      #en_roue_libre
      #Julliard
      #Marianne
      #émétique

    • Effarant. Ceux qui militent en faveur de droits collectifs accusent ceux qui y sont opposés d’être communautaires. Il faudrait commencer par lire les bons auteurs, tels Charles Taylor pour éviter ce type de confusion et d’inversion.
      ce que d’aucuns juge « vomitif » n’est purement et simplement que de l’humanisme. Mais bien entendu, dans leur juste condamnation du colonialisme, certains n’hésitent pas à jeter le bébé des lumières avec l’eau sale du bain

    • Ce qui est vomitif entre autres choses c’est d’écrire sur le défaite du communautarisme et de mettre en avant deux passage grassement noircis sur L’affirmation d’un communautarisme musulman risque d’entraîner des réflexes racistes et sur Pourquoi les jeunes musulmans des banlieues n’étaient pas là ? .
      C’est d’une hypocrisie rarement atteignable pour le commun des mortels.

    • Pour ceux qui comptent les morts je signale que parmi les personnes décédées il y en avait d’ascendance arabe. C’est monstrueux ça de dire « tant qu’on ne manifestera pas pour des arabes je ne manifesterai pas ». On bascule effectivement là dans une forme de racisme.
      Oui, effectivement. Je pense que la société française a un modèle unitaire qui rejette le communautairisme. Aussi l’affirmation d’un communautarisme musulman, ou tout autre communautairisme provoquerait un rejet de type raciste.

    • Je ne suis absolument pas de culture arabe ou musulmane. Mais la structure de pensée raciste des grands médias et des politiques (PS, UMP, FN), m’agresse en tant que personne qui est intimement persuadée que le pourcentage de salopards est exactement le même dans toute culture-ethnie-religion.

      Combien faut-il de victimes judéo-chrétiennes blanches dans le monde ou en France pour que l’AFP fasse une dépêche ? Combien en faut-il de bronzés ou de noirs pour une dépêche ? Et ça ce n’est pas du communautarisme ou même du racisme ?

      Quand on laisse manifester publiquement les soutiens français d’Israël, qui soutiennent donc Netanyahu et les crimes de masse israéliens, mais qu’on interdit les manifestations contre ces crimes de masse israéliens, c’est pas du communautarisme et même du racisme exacerbé ?

      Pour mettre les faits en perspectives regardons les statistiques sur les pourcentages d’actes terroristes de différentes catégories :

      http://www.thedailybeast.com/articles/2015/01/14/are-all-terrorists-muslims-it-s-not-even-close.html

      Et pour sortir de la définition piégeuse du « terrorisme », qui réfère en droit à la définition bien peu universelle de « ordre publique », regardons simplement les statistiques des homicides. Parce que ça remet le sens des proportions :

      http://www.inhesj.fr/sites/default/files/reperes_25.pdf

    • En fait, je pense qu’un pareil texte ne mérite qu’une chose : c’est d’être cité in extenso.

      En dehors d’un désaccord quant à votre post, je n’ai rien contre vous, Sylvain Manyach. Mais ce qu’ose écrire Julliard est édifiant.

      (les majuscules sont de Marianne)

      Il faut rester « Charlie » !
      Vendredi 16 Janvier 2015 à 5:00
      Jacques Julliard

      Ce dimanche, nous sommes allés de la République à la Nation. Ces noms n’étaient pas seulement des toponymes. Ils redevenaient un programme. Tel est le message qu’il nous faudra garder à l’esprit : le grand vaincu de cette journée historique ne fut pas seulement le terrorisme, ce fut aussi le communautarisme.

      Les Français sont un grand peuple. Nous l’avions oublié. Ils l’avaient oublié. Et puis, tout à coup, l’espace d’un week-end, cette formidable explosion de patriotisme, la Marseillaise et les drapeaux tricolores, depuis longtemps confinés aux terrains de sport, les cris de « vive la France » qui éclatent d’un peu partout. La République et ses valeurs, que d’aucuns avaient décrétées ringardes, revendiquées avec force, avec conviction. Oubliées les fausses pudeurs du cosmopolitisme. Et les signes politiques, tous les signes politiques, gentiment priés d’aller se faire voir ailleurs.

      Gentiment. Dans les manifs politiques, syndicales ou culturelles, il est de bon ton d’afficher une virilité bourrue. Dimanche, c’était autre chose : les gens, imaginez-vous cela, étaient polis. Ils se respectaient. Ils se considéraient. Quand ils se heurtaient malgré eux, ils s’excusaient ; ils faisaient place aux voitures d’enfants, aux vieilles personnes. Un million de personnes ont défilé dans l’ordre, sans slogans imbéciles, sans une bousculade, sans un incident, sans casseurs de fin de parcours. J’ai vu non loin de moi, une vieille dame en astrakan, svelte et droite, défiler auprès d’un « jeune » habillé en rappeur, pantalon bouffant taille basse. C’était le métro à 18 heures. On avait, pour un jour, aboli les classes sociales, sans Marx, sans les sociologues, sans la révolution. A moins qu’il y ait là l’amorce d’une révolution. Ou mieux encore, tenez : le souvenir de la Révolution, qui n’a pas besoin de millésime et qui se contente d’une majuscule.

      Nous allions de la République à la Nation. Ces noms n’étaient pas seulement des toponymes. Ils redevenaient un programme. Ce programme, cet idéal s’appelaient unité. Et même, unité ou barbarie.

      LE GRAND VAINCU DE DIMANCHE FUT AUSSI LE COMMUNAUTARISMELe voilà, le message. Celui que tous les politiques, tous les intellectuels, tous les travailleurs sociaux devront désormais se bien mettre dans la tête, sous peine de rater la signification historique d’une manifestation sans précédent dans l’histoire contemporaine : le grand vaincu de dimanche ne fut pas seulement le terrorisme, ce fut aussi le communautarisme. Le communautarisme est cette doctrine absolument étrangère à l’esprit français, à l’esprit de la Bastille, à l’esprit de la Révolution qui prétend que les individus appartiennent d’abord à des communautés originelles à base ethnique ou religieuse, et que la nation n’est rien d’autre que la fédération de ces communautés. L’exemple type est le Liban où les communautés religieuses, maronites, chiites, sunnites, druzes sont reconnues comme telles par les institutions politiques. Le résultat, on le connaît : dans ce beau, ce cher pays du Cèdre, tout débat politique tourne à la guerre de religion.

      De tout cela, nous ne voulons pas. Le peuple de France a dit dimanche qu’il n’en voulait pas. Il est attaché à une France laïque, qui ne fait pas acception de personnes, qui ne reconnaît que des individus, et non des communautés, conformément au mot célèbre du Comte Stanislas de Clermont-Tonnerre sous la Révolution : « Il faut tout refuser aux juifs comme nation ; il faut tout leur accorder comme individus ; il faut qu’ils soient citoyens ».

      C’est, contre tous ces communautarismes dévoyés, qui ne conçoivent au fond la vie politique que sous la forme de la guerre de tous contre tous, ce que nous appelons intégration. A la différence de l’assimilation, qui prétend réduire le nouvel arrivant à tous les usages de l’ancien habitant, l’intégration concerne tout le monde : elle est un effort pour dégager des manières de vivre ensemble, communes à tous, et acceptables par chacun.

      Il faut que cela soit bien compris par chacun, à commencer par les intellectuels dont j’ai le regret de dire qu’ils ne sont pas actuellement les membres les plus intelligents de la communauté nationale : c’est l’intégration, c’est-à-dire l’acceptation de règles communes, de mœurs communes qui permet aux différences individuelles de s’exprimer sans remettre en cause la seule communauté acceptable, c’est-à-dire la communauté nationale. La laïcité n’est pas seulement la paix ; qu’on se le dise, elle est aussi et peut-être d’abord la liberté. Liberté des consciences, liberté des opinions.

      C’est ici que nous rencontrons l’islam. Pourquoi l’islam ? Parce qu’elle est en France la dernière venue des grandes religions nationales. Le protestantisme et le judaïsme, qui furent discriminés et souvent persécutés sous l’Ancien Régime, ont compris d’emblée que le statut d’indifférenciation que leur offrait la Révolution était pour eux un progrès et même un idéal.

      Avec le catholicisme, le débat fut beaucoup plus rude et tourna même à l’affrontement. Religion privilégiée, véritable religion d’Etat sous l’Ancien Régime, il lui fallut un siècle et demi pour accepter la laïcité. Pas plus que l’islam d’aujourd’hui, l’Eglise d’hier n’acceptait la séparation de l’Eglise et de l’Etat avec toutes ses conséquences. Après un long affrontement, l’Etat finit par faire admettre par les catholiques les règles qui président à la paix dans la cité.

      L’AFFIRMATION D’UN COMMUNAUTARISME MUSULMAN RISQUE D’ENTRAÎNER DES RÉFLEXES RACISTESNous en sommes là. Beaucoup de Français musulmans, dans leur for intérieur, acceptent ces règles du vivre-ensemble que nous appelons la laïcité. La plupart des autorités religieuses de l’islam pensent de même. Il y a pourtant, de la part des plus intégristes et des plus prosélytes, une tentative tenace pour obtenir des statuts particuliers, au chapitre de l’alimentation et du vêtement, ces deux matières dont toutes les religions se servent pour imposer leur particularisme. La bataille est en cours, et si l’on adhère aux considérations développées plus haut, on conclura qu’il ne faut pas céder. Notre vivre-ensemble en dépend. Beaucoup, parmi les intellectuels culturalistes, sont au contraire partisans de la composition. Ils craignent que toute stigmatisation du prosélytisme musulman entraîne des réactions racistes. Cela part d’un bon naturel, mais manque sa cible. C’est au contraire l’affirmation d’un communautarisme musulman qui risque d’entraîner dans le reste de la population des réflexes racistes.

      Mais il y a plus grave. Il y a désormais le djihadisme et le terrorisme. On a eu raison de marteler depuis une semaine : pas d’amalgame ! Identifier l’ensemble des musulmans au terrorisme serait à la fois une faute et un crime. Il faut saluer le sang-froid et la maturité de ce peuple de France qui est sorti dans les rues pour crier à la fois son horreur du terrorisme et son calme refus de toute forme de culpabilisation collective.

      Pour autant, n’y a-t-il « rien à voir » entre l’islam et le djihadisme ? Oui, à la façon dont il n’y avait jadis « rien à voir » entre le christianisme et les croisades…

      POURQUOI LES JEUNES MUSULMANS DES BANLIEUES N’ÉTAIENT PAS LÀ ? Laissons donc de côté les doctrines. Je me garderai bien de prétendre les juger. Mais, dans la pratique, il y a des interprétations pacifiques et des interprétations belliqueuses du Coran. En France même, ces interprétations se combattent, comme du reste dans le monde entier. Ce conflit des interprétations s’est traduit dimanche par une participation assez modeste des musulmans. De petits groupes courageux se sont manifestés. Ce ne fut pas un grand raz-de-marée pour condamner le terrorisme. Les jeunes musulmans des banlieues, dans leur ensemble, n’étaient pas là. Pourquoi ? Par peur, sans doute. Non de la vindicte des autres manifestants, mais plus probablement des représailles à encourir lors du retour dans les quartiers et les banlieues. Dans les écoles, la minute de silence en l’honneur des journalistes de Charlie Hebdo, ces martyrs de la liberté, s’est heurtée à de nombreuses résistances. La ministre de l’Education nationale nous en fera-t-elle le bilan ? Il faudrait bien se décider un jour à voir les choses en face, au lieu de regarder ailleurs.

      En ce sens, une grande occasion de fraternisation a été manquée. La manifestation monstre de dimanche aurait pu être l’occasion d’un grand tournant historique, comme le fut le 14 juillet 1790 la fête de la Fédération, quand toutes les composantes de la nation française convergèrent au Champ-de-Mars pour proclamer la France une et indivisible.

      C’est dire le travail qui reste à accomplir. La tentation terroriste ne sera vaincue qu’avec la collaboration active des musulmans de France et leur adhésion ouverte et massive aux valeurs de la République. Il n’y a pas d’autre chemin. A ceux qui prétendraient, comme on le fait tous les jours de façon paresseuse, qu’une telle adhésion suppose d’abord l’égalité économique, sociale, mais aussi culturelle avec le reste de la population, je réponds qu’à ce compte, jamais intégration entre deux populations d’origine et de conditions différentes ne se serait réalisée.

      Reste que dimanche, un grand événement a eu lieu. Il me semble que le peuple de France, de Paris et de toutes les régions, a voulu malgré son silence, et plus encore grâce à son silence, dire trois choses.

      >>> D’abord sa solidarité avec nos compatriotes juifs, une nouvelle fois victimes du fanatisme islamique. Que cette manifestation soit un coup d’arrêt à cette double montée de l’antisémitisme, dans le vieux fond réactionnaire de la droite française et dans les banlieues immigrées. L’année dernière, près de 7 000 de nos compatriotes ont choisi de quitter la France. Faisons tout pour arrêter ce mouvement, inspiré par la peur et le découragement. Je le demande, que serait la France sans ses juifs ?

      >>> Ensuite, son attachement indéfectible, inconditionnel à la liberté de pensée et d’écrire. Alors que les événements tragiques que l’on sait se déroulaient, de vrais sycophantes, déguisés en critiques littéraires, ne craignaient pas de dénoncer de façon répétitive quasi hystérique « l’islamophobie » de Michel Houellebecq au risque de le désigner aux balles des tueurs. Comme hier on dénonçait, pour les mêmes raisons, « l’irresponsabilité » de Charlie Hebdo. La liberté est indivisible ; il faut la défendre jusque dans ses excès. Il ne suffit pas « d’être Charlie » un beau jour d’émotion nationale et de manifestation patriotique. C’est tous les jours qu’il faut être Charlie, c’est tous les jours qu’il faut rester Charlie !

      >>> Enfin, la réaffirmation de l’identité populaire. Qu’on me permette ici un mot personnel. J’ai publié récemment, avec Jean-Claude Michéa, un échange de lettres entre lui et moi, à propos des rapports de la gauche et du peuple. Et nombre de nos lecteurs, jugeant nos réponses insuffisantes, nous ont demandé : « Qu’est-ce donc, à la fin, que ce peuple dont vous parlez ? » Question légitime, question nécessaire. Et réponse difficile ! A tous ceux-là, et à tant d’autres qui se posent des questions semblables, je dis : regardez ces manifestations. Regardez ces foules dans les rues ne répondant à aucun autre appel qu’à celui de leur conscience et de leurs convictions. Regardez ces foules de Paris, de Lyon, de Toulouse, de Bordeaux, de la plus petite de nos bourgades. Vous cherchez le peuple de France ? Eh bien ! Le voilà !

    • Stéphane si vous voyez le racisme partout, il n’est nulle part. Votre réaction me fait penser à ceux qui accusait les manifestants solidaires des gazaouis de manifester par antisémitisme. S’ils ne bougeaient pas le petit doigt pour les arabes syriens ou irakiens morts c’est bien qu’ils devaient être racistes et que seule la haine des juifs les motivaient...

    • @sylvain, nulle part, rien n’est moins sûr...

      « Il faut défendre la société », Michel Foucault

      La thématique raciste va, à ce moment-là, non plus apparaître comme instrument de lutte d’un groupe social contre un autre, mais elle va servir à la stratégie globale des conservatismes sociaux. Apparaît à ce moment-là – ce qui est un paradoxe par rapport aux fins mêmes et à la forme première de ce discours dont je vous parlais – un #racisme-d’État : un racisme qu’une société va exercer sur elle-même, sur ses propres éléments, sur ses propres produits ; un racisme interne, celui de la purification permanente, qui sera l’une des dimensions fondamentales de la #normalisation_sociale.

      http://monoskop.org/images/9/99/Foucault_Michel_Il_faut_defendre_la_societe.pdf

      #Biopolitique

      #livre_en_ligne

    • La première des manipulation est de sortir "le politique" des événements de la semaine dernière, l’islamisme est un islam politique. Le fait politique disparu ne reste plus que la question du religieux et effectivement Julliard peut appuyer facilement sur le communautarisme musulman, que pourrait on invoquer d’autre après une telle simplification ?
      Je ne ressors pas les liens qui courent depuis une semaine mais la communauté musulmane n’existe pas, il n’y a pas d’unité musulmane, etc, etc...
      Le texte est émaillé du phantasme néocons, l’arrêt de la guerre des classes sans Marx, sans les sociologues.Le discrédit de la violence révolutionnaire...

      "Le voilà, le message. Celui que tous les politiques, tous les intellectuels, tous les travailleurs sociaux devront désormais se bien mettre dans la tête".
      Je vois assez rapidement les limites à l’unité, sus aux travailleurs sociaux.

      C’est Julliard qui assimile Mélenchon à « la chienlit des dégénérés fascistes ».et avait avait déjà comparé les rassemblements du Front de gauche à des rassemblements nazis. Voilà pour les politiques qui devront se bien mettre dans la tête.

      L’unité nationale de Julliard c’est le patriot act à la française et 4 ans de prison pour apologie du terrorisme.

    • Ne confondons pas tout. Sur Mélenchon, ce ne sont pas cet article ci. On peut être en accord avec un auteur sur tel point, et en désaccord sur tels autres. Il faut se débarrasser de la pensée binaire. Un Patriot Act ce n’est absolument pas ce que prône Julliard ici. On peut lui reprocher ce qu’il écrit, mais certainement pas ce qu’il n’écrit pas

    • @sylvain, excuse mon insistance stp mais Julliard a pas besoin de proner un #Patriot_act à la française, tout simplement car il en existe déjà une version ici. Le PS l’a fait et le met en oeuvre.
      Voir l’avis d’Amnesty international sur la multiplication des poursuites pour « apologie de terrorisme »
      http://seenthis.net/messages/332132
      Ou l’analyse d’Agamben sur l’obsession #sécuritaire
      http://seenthis.net/messages/331555

    • à unagi, je pense que toutes les religions ont une importante dimension politique. Elles édictent toutes des normes sociales. Les religions ont sans doute, si on regarde l’histoire humaine, été les premières structures politiques des groupes humains.

    • @stephane_m J’aurai du etre plus précis.
      WP https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27islamisme

      « Les frères musulmans sont une confrérie politico-religieuse fondée en Égypte en 1929 par El Banna. Ils prônent une nécessaire rupture avec la société contemporaine. S’ils ne réfutent pas le progrès moderne scientifique et technique, les frères musulmans luttent contre l’impérialisme occidental. Ils veulent construire un État éloigné du modèle communiste, et du modèle capitaliste. L’accent est mis sur l’action sociale et politique, le respect de la loi islamique restant sur un second plan. Il réclament une réorganisation totale de la société à partir d’un État vraiment islamique et refusent le strict respect de la charia tant que cet État islamique n’aura pas été mis en place. L’objectif final est la justice sociale, atteinte par une prise en charge par l’État de la collecte de l’impôt islamique et sa redistribution. Initialement, la confrérie est bâtie sur le modèle d’une confrérie religieuse avec un guide et un devoir d’obéissance à ce guide. Dans un deuxième temps, elle se transforme en mouvement politique, qui crée certaines organisations syndicales, de femmes, d’étudiants contrôlés par ce mouvement. L’occident est à la fois le modèle et l’ennemi. Le mouvement est doublé d’une organisation secrète de sabotage, de terrorisme, dans un contexte d’occupation. »
      Voilà le sens que je donne à politique pour l’islamisme.

      Comme tu m’as fais faire des recherches...

      Religion et politique – Max Weber et Emile Durkheim
      Hartmann Tyrell :
      http://trivium.revues.org/4430

      « la sociologie (et surtout la sociologie religieuse) d’Emile Durkheim, les rapports entre religion et politique apparaissent sous un jour totalement différent ; les deux sphères se touchent de près et se recouvrent même l’une l’autre, unies sous le concept de société »

      Goguel François. Religion et politique en France. In : Revue française de science politique, 16e année, n°6, 1966. pp. 1174-1180.

      doi : 10.3406/rfsp.1966.392984
      url : /web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1966_num_16_6_392984

    • Loi d’exception : loi qui n’est pas une loi comme les autres, parce qu’elle est d’exception et que l’exception, ben... c’est l’exception. Merci pour la tautologie. Les lois anti-terroristes, je crois qu’il y a des gens qui ont témoigné de leur caractère... exceptionnel. Mais #cépapareil, les « de Tarnac », ils l’avaient bien cherché. Et pi de quoi vous vous plaignez, ils sont dehors maintenant, et libres nan ? Donc CQFD, y-a pas de loi d’exception. Pouet.

    • L’#État_d'urgence, pour en rester à l’exception définie comme telle , a été appliqué durant les émeutes de novembre 2005
      http://fr.wikipedia.org/wiki/État_d'urgence_en_France

      Mais bien des lois sont de fait exceptionnelles « association... » "entreprise terroriste individuelle", etc, sans compter la jurisprudence, dont Deleuze soulignait qu’elle était plus « riche » que « la loi ». Mieux vaut, il me semble, s’intéresser aux #relations_de_pouvoir effectives qu’à la #souveraineté déclarée. Ainsi, pour ce ne citer que cet #exemple, le policier qui a tiré à balles réelles sur des émeutiers en 2007 a-t-il été condamné à du sursis des années après tandis que l’un des blessés avait lui fait 9 mois de préventive
      http://seenthis.net/messages/332006

    • @sylvain. Au moins ton dernier post a le mérite de la clarté, tu es sur une position idéologique. Ce qui n’a rien de répréhensible mais autant que ce soit un postulat de départ sans besoin de le camoufler.
      Aujourd’hui l’expression « loi scélérate » désigne l’ensemble des lois qui présentent l’une des caractéristiques suivantes : recours à des procédures expéditives, répression disproportionnée par rapport aux actes commis, sanctions lourdes uniquement conçues pour dissuader un individu de commettre un acte proscrit. WP
      Comment appeler un acte de fermeture de site, par exemple, sans procédure judiciaire, sans examen contradictoire, sans protection de la liberté d’expression en face ?
      N’est ce pas un no man’s land ?
      http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/01/13/patriot-act-a-la-francaise-il-est-important-de-garder-la-tete-froide_4555146

      Loppsi sur la Quadrature du Net : https://www.laquadrature.net/fr/search/apachesolr_search/loppsi

      La justice court-circuitée (PDF) - Human Rights Watch
      http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/france0708fr_1.pdf

      Intervention de William Bourdon - Avocat
      Verbatim colloque Lois antiterroristes 25 ans d’exception - Tarnac, un révélateur du nouvel ordre sécuritaire.
      Lundi 18 Octobre 2010 à l’Assemblée Nationale

      http://fragmentsduvisible.org/site2/demain/articles/afficher.php?article_id=125

      Hicheur : “j’étais le pigeon providentiel” http://owni.fr/2012/07/02/adlene-hicheur-jetais-le-pigeon-providentiel

    • On peut bien entendu critiquer la législation existante dont une partie est d’ailleurs parfaite ment inefficace. Mais nous sommes encore dans un état de droit qui permet de contester les décisions de l’autorité étatique qui nous affecté.
      Ces échanges sont ttes instructifs. On est passé d’un article sur la nécessité de réaffirmer les principes d’unité et de laïcité de la République à la dénonciation du soi-disant communautarisme des élites politiques et médiatiques, au racisme de ces derniers et enfin à l’Etat policier avec ses lois d’exception qui nous rapprochent de Vichy. Comme si ces maux là avaient un quelconque rapport avec les attentats qu’on a vécu. Et à par ça c’est moi qui ai une approche « idéologique »

  • Je ne suis pas à jour d’encyclique anti-libérale : Michéa a sorti un livre d’échanges épistolaires avec Jacques Julliard le mois dernier : La Gauche et le peuple. Apparemment on en a pas parlé sur Seenthis.

    Je mets donc ici plusieurs liens en rapport ce livre, que je n’ai pas forcément déjà lus ni écoutés.

    Un hommage de Michéa à Simon Leys, juste avant la sortie du livre, cet été :
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140830.OBS7682/simon-leys-le-fleau-des-ideologues.html

    Sur l’Obs, toujours par Aude Lancelin :
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20140930.OBS0697/la-gauche-a-t-elle-trahi-le-peuple.html

    Recension du livre de Julliard sorti précédemment : Le choc Simone Weil (cc @koldobika)
    http://encyclopedie.homovivens.org/documents/le_choc_simone_weil

    Sur France Culture, les émissions en rapport avec le livre :
    http://www.franceculture.fr/oeuvre-la-gauche-et-le-peuple-de-jacques-julliard

    Et notamment par Finky (qui veut à tout pris caser l’identité, la crise de civilisation et même Renaud Camus, mais qui se fait rembarrer 3 fois de suite) :
    http://www.franceculture.fr/emission-repliques-qu-est-ce-que-la-gauche-2014-10-11
    http://rf.proxycast.org/947748997349515264/13397-11.10.2014-ITEMA_20678827-0.mp3

    Et sur Les Matins :
    http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-la-gauche-a-t-elle-encore-un-avenir-2014-10-01
    http://rf.proxycast.org/946728724747788288/10075-01.10.2014-ITEMA_20675255-0.mp3
    http://www.dailymotion.com/video/x26zzuv_les-matins-la-gauche-a-t-elle-encore-un-avenir_news

    cc @aude_v pour la question du libéralisme
    #Michéa #Julliard #libéralisme #gauche #peuple #Progrès #dialogue #débat

    • Ah ben ils sont pas d’accord sur plein de sujets, ça c’est sûr (notamment sur l’obligation d’avoir des dirigeants, apparemment bourgeois d’après ce que je comprends de Julliard).

      Moi ça me fout les boules tous ces débats intéressants qu’il pourrait y avoir, même si on est pas d’accord sur plein de trucs (sur le genre je suppose notamment), toutes ces non-rencontres…

    • Hem. Etes vous vraiment sûrs qu’un « débat » pourrait être envisagé entre des simples mortels et des éditocrates ou des professionnels de la ponte annuelle de philosophie radicale (plus ou moins une ponte par an, pour le ponte Michéa - un peu en dessous de la production d’Onfray, certes) ?
      Corollaire : êtes vous vraiment sûr d’avoir du temps à perdre à écouter ces derniers s’écouter parler ensemble ?

      La simple idée de Julliard se faisant mousser sur quelqu’un comme Simone Weil m’écoeure.
      Julliard rime avec charognard, comme avec répugnant aussi.
      Michéa récupérant Simon Leys. Charognards.

      Ces mecs méritent des tartes à la crèmes. Mais avec quelques cactus dedans, histoire de dégonfler un moment leurs baudruches.

      Pis causer de « gauche » et de « peuple »... bref.
      Causer, tant que vous voulez. mais entre gens d’en bas. Entre précaires. Entre faibles de l’Ordre - celleux sur qui les Forces du même Ordre frappent si courageusement, celleux qu’on gère, qu’on gouverne, qu’on méprise à des degrés divers - histoire de pas oublier trop, de pas s’éloigner de tout ce que d’autres viennent fourrer et dissimuler sous ces mots.

      Histoire de voir ce qu’on devient lorsqu’on accepte d’endosser ce genre de paletot, et où et à quoi ça mène. Et de commencer de refuser de faire pour personne le valet-de-pied, le mannequin ou le portemanteau.

      (mais j’aime bien comme au fil des liens proposés on glisse de Michéa à Finkie et Camus. La pente médiatique et démocrate est glissante, et l’esprit de parti est un des noms que l’on donne communément à la perte de tout esprit.
      Simone et Simon ne méritent pas pareille compagnie.)

      #je_dis_ça_je_dis_rien

    • Bof, Simone et Simon ont échangé et ont eu pour compagnie des penseurs de droite/réac/cathos/ou autre, eux-mêmes. Donc on peut vouer n’importe qui au pilori comme ça.

      Quand Finky invoque Camus (R.), Michéa de son côté propose Vaneigem. On ne peut pas dire que ce soit vraiment la même culture.

      On peut critiquer des choses (et il y a plein de points sur lesquels je ne suis pas d’accord, et de questions que je pourrais lui poser aussi), sans pour autant tout amalgamer.

      Si on ne discutais QUE entre « gens d’en bas », on se priverait quand même du dialogue avec bon nombre de philosophies et de philosophes (y compris dans les études féministes, dont un bon nombre sont issues de gens ayant un très haut niveau universitaire et qui sont payé⋅e⋅s par l’État, et qui, on ne peut pas le nier, ont pu écrire dans de nombreux journaux mainstream aussi).

    • Comment dire. je n’ai pas le sentiment d’être privé d’accès à la pensée des philosophes et universitaires, encore moins de ne pas avoir connaissance du genre de bouillie confusionniste que servent à l’envi les plus médiatiques d’entre eux.

      Ellil est d’ailleurs des universitaires dont je tiens la pensée en très haute estime, et qui sont pour moi une véritable nourriture intellectuelle, je ne prétendrais pas le contraire. Mais ce ne sont pas les plus médiatiques, loin de là. Et entre se trouver de temps à autre exposé dans les médias mainstream - et faire preuve d’une véritable complaisance à leur endroit, voir plus - il me semble qu’il y a un gouffre.

      Aucun des vivants cités ici ne me semble proposer quoi que ce soit de digeste et de suffisamment exigeant envers soi-même pour mériter qu’on s’y attarde. Et il me semble bien peu opportun de souhaiter leur redonner encore la parole dans un « débat », quand ils sont édités et squattent déjà les médias : y compris beaucoup de presse militante, en panne de production originale.

      Il ne s’agit pas d’amalgamer. La rigueur comme la vigueur de la pensée d’un Vaneigem se sont tout de même sacrément émoussées depuis le bon vieux temps du Traité (je n’étais pas né alors), et le contenu le plus incisif de sa pensée du temps qu’il était situ, comme de celle des meilleurs de ses comparses, mérite sérieusement d’être réévaluée et critiquée.

      Des questions comme « La gauche a-t-elle trahi le peuple ? », par exemple, me paraissent d’un inintérêt vertigineux, tant les termes en lesquels elles sont formulées sont creux et ne touchent pas terre. (je pense pour ma part que « le peuple » est une catégorie de la pensée tellement fourre-tout, qui recouvre tant de disparités et de vécus, qu’elle voue ceux qui y ont recours à être trahis ou à se trahir eux-mêmes, par exemple ; tout comme est voué à la même déception l’électeur. Et que la « gauche politique » recouvre trouve justement les hommes et femmes d’Etat et autres agents du Pouvoir qui se trouvent en charge desdites « trahisons ».
      Que si l’on a l’ambition de faire avancer le schmilblick ne serait-ce que d’un angström, il faut partir du constat de ce que le terme « trahison » n’est en pareil domaine depuis longtemps plus approprié : ou qu’il est ici complètement dévoyé, son sens perverti lorsqu’on persiste à prétendre l’employer pour désigner quelque chose d’aussi prévisible et attendu que la déception des représentés. Si l’on veut exprimer réellement, honnêtement ce dont on prétend rendre compte, alors il faut recourir à d’autres termes.
      Qu’inversement, si l’on tient à continuer à penser et poser les questions en termes de gauche, de peuple et de trahison, alors l’on signifie assez clairement que l’on se refuse à hisser sa pensée politique ne serait-ce qu’au seul ras des pâquerettes. Ce qui caractérise assez sûrement tout ceux qui plastronnent dans les médias et qui font profession d’alimenter régulièrement la production littéraire

      Pis Simone Weil, je l’ai connu d’abord par la lecture d’un gars comme Boris Souvarine et des témoignages anarchistes sur la guerre d’Espagne. J’ai étoffé avec d’autres mauvais esprits assez peu mainstream, y compris un Bernanos, qui était un foutu catho, mais qui n’était pas tendre avec son propre camp. C’est un parcours qui en vaut d’autres, assurément, une telle personnalité pouvant s’aborder par bien des faces. Mais le problème est surtout de la compagnie dans laquelle on se trouve en le faisant. Il me semble que cela influence profondément la lecture que l’on va faire d’une oeuvre. Le « mode d’emploi » avec lequel on l’aborde n’est pas le même, pour dire les choses très grossièrement. On peut bien sur s’en affranchir, mais cela va demander ensuite beaucoup de temps.
      Tenez, c’est le même problème avec un type aussi sympathique et épatant que le curé Meslier, que tant découvrent depuis quelques années sous la plume du triste hédoniste Onfray.
      C’est l’époque et le reflux des luttes qui veulent ça, je ne jette la pierre à personne.
      Mais cela n’est pas sans incidence.

      Il ne s’agit pas tant de droite et de gauche que de compromission et de confusion dans leur pensée, de ce que l’on peut soi-même espérer en faire. Je causerais pas une seconde ni de Simone Weil ou de Vaneigem, ni même de la couleur de mes chaussettes ou de la froidure de la pluie avec des personnages aussi résolument antipathiques et complaisants avec ce que ce monde nous inflige que le sont des Michéa ou Julliard (bien qu’il y ait assurément matière à distinguer l’un de l’autre).
      Et je ne recommanderais à personne de le faire !

    • et à propos de Michéa qui me semble parfois forcer le trait en donnant une tonalité « vieux-jeu » à ses propos, qui ne dénonce pas la récupération de son discours par certains réacs, et qui laisse planer le flou quand il parle de common decency :
      http://seenthis.net/messages/156736#message225785
      http://seenthis.net/messages/221090#message222665
      http://seenthis.net/messages/225913#message225930
      http://seenthis.net/messages/263980#message264287

    • Je vais me répéter...

      Des questions comme « La gauche a-t-elle trahi le peuple ? », par exemple, me paraissent d’un inintérêt vertigineux, tant les termes en lesquels elles sont formulées sont creux et ne touchent pas terre. (je pense pour ma part que « le peuple » est une catégorie de la pensée tellement fourre-tout, qui recouvre tant de disparités et de vécus, qu’elle voue ceux qui y ont recours à être trahis ou à se trahir eux-mêmes, par exemple ; tout comme est voué à la même déception l’électeur. Et que la « gauche politique » recouvre trouve justement les hommes et femmes d’Etat et autres agents du Pouvoir qui se trouvent en charge desdites « trahisons ».
      Que si l’on a l’ambition de faire avancer le schmilblick ne serait-ce que d’un angström, il faut partir du constat de ce que le terme « trahison » n’est en pareil domaine depuis longtemps plus approprié : ou qu’il est ici complètement dévoyé, son sens perverti lorsqu’on persiste à prétendre l’employer pour désigner quelque chose d’aussi prévisible et attendu que la déception des représentés. Si l’on veut exprimer réellement, honnêtement ce dont on prétend rendre compte, alors il faut recourir à d’autres termes.
      Qu’inversement, si l’on tient à continuer à penser et poser les questions en termes de gauche, de peuple et de trahison, alors l’on signifie assez clairement que l’on se refuse à hisser sa pensée politique ne serait-ce qu’au seul ras des pâquerettes. Ce qui caractérise assez sûrement tout ceux qui plastronnent dans les médias et qui font profession d’alimenter régulièrement la production littéraire.

  • Lettre ouverte à Madame Anne #Hidalgo et Monsieur Francois #Vauglin | LA GÉNÉRALE
    http://www.lagenerale.fr/?p=4435

    Votre programme de campagne municipale pour le #11ème arrondissement, annonce un projet de cinéma
    « au cœur de l’arrondissement (…) dans le quartier de la Mairie ». D’après le plan, il s’installera au début de l’avenue Parmentier. Cette annonce fait suite à des visites répétées de nos locaux par des cabinets d’architectes privés accompagnés par les services techniques de la ville, ainsi que le Service d’Etude et de #Prospection_Immobilière de la Ville de Paris.

    A cela s’ajoute la visite de Monsieur Carion, souhaitant installer les bureaux de sa société de production cinématographique et à qui Monsieur Bruno #Julliard, Adjoint à la culture, anticipant déjà notre éviction envoie ses vœux 2014 à notre adresse.
    Vous comprendrez aisément notre indignation.

    Nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter de ce cinéma, ni avec Monsieur Vauglin, qui refuse explicitement de nous recevoir, ni avec l’actuel adjoint à la #Culture à la Ville.
    L’action culturelle, artistique et associative menée par #La_Générale, sise au 14 avenue Parmentier dans le 11ème arrondissement, reconnue et soutenue par des personnalités importantes du monde de la culture et des associations d’utilité publique, semble avoir peu d’intérêt à vos yeux.
    Malgré notre ouverture sur le quartier, notre travail de terrain, notre programmation de qualité ou notre soutien à la création émergente, nous ne sommes jamais apparus dans le programme culturel de la Mairie d’arrondissement (notre lieu n’est toujours pas référencé parmi les lieux culturels du 11ème sur le site de la Mairie) et Monsieur le Maire sortant Patrick #Bloche n’a toujours pas daigné venir à La Générale, en dépit de nos invitations régulières.
    Cette annonce publique du projet de cinéma de quartier, proposition de votre campagne, sur le site du 14 avenue Parmentier, illustre un #double_discours insupportable. Dans votre programme électoral et tout récemment, dans une lettre que vous avez adressée au réseau Actes-If (dont nous faisons partie), Madame le Maire, vous reconnaissez la nécessité de structures dites intermédiaires, pour « donner à Paris l’élan de la création artistique » et vous souhaitez vous « appuyer sur les lieux novateurs et ouverts à tous pour valoriser les pratiques artistiques… ». Vous promettez de mettre « à disposition des artistes des #lieux dédiés ».
    La Générale est un de ces lieux de création, encore trop rares dans Paris intra-muros, reconnu et soutenu
    par la Région Ile-de-France comme « Fabrique de Culture ». Or nous constatons l’absence de soutien de votre part, et même la défiance dont font preuve la Mairie du 11ème et les services de la Ville envers notre projet. En nous relogeant au 14 avenue Parmentier en Juillet 2009, nous ne pouvions pas imaginer que la Mairie de Paris s’achetait la paix et se payait à peu de frais des arguments de campagne, qui aujourd’hui sonnent creux à nos oreilles.
    Nous tenons à préciser que notre bail dans ce bâtiment a été reconduit, et ce pour 3 ans, fin janvier 2014. Nous ne sommes pas en bail précaire. Nous avons toute légitimité à travailler dans ce lieu, que nous entretenons et dans lequel nous avons investi plus de 80 000 euros depuis notre arrivée. Nous avons créé 2 CDI et un volume important d’emplois intermittents. Nous avons soutenu et accueilli plus de 250 résidences, servi de tremplin à de nombreux artistes émergents, d’outil de travail à des artistes confirmés, de relais pour plusieurs institutions (comme le Théâtre du Rond Point, le Théâtre Paris-Villette, le Centre Georges Pompidou, le Théâtre de l’Aquarium, les Bouffes du Nord, le 104, la Gaité Lyrique, la MPAA, la Maison des métallos, etc.)

    Nous souhaitons vous rappeler qu’au 14 avenue Parmentier, nous soutenons déjà la création cinématographique dans toutes ses étapes : de l’écriture de scenarios à la diffusion publique.
    Nous demandons à la #Mairie_du_11ème arrondissement et à la #Ville_de_Paris de cesser de nous nier, d’entraver notre travail, et de dénigrer notre projet à qui veut bien l’entendre. L’énergie des artistes associés, bénévoles, engagée dans cette aventure, n’a pas besoin de ces dispersions.
    Lassés de ces attaques répétées, de l’absence de dialogue et de concertation, nous attendons que vos beaux discours de campagne se reflètent enfin dans la réalité.
    Dans l’attente, nous retournons au travail !
    Bien à vous,
    Le collectif La Générale.