Quand on lit la vie des béguines, ces femmes libres de pensée qui se rassemblaient pour échapper au contrôle d’un couvent ou d’un mari – on ne peut qu’admirer la force de leur courage et de leur engagement.
De nos jours, des femmes qui se rassembleraient pour vivre dans une parfaite autonomie, même dans la pauvreté, dans le seul but d’être libres et d’aider les plus démunis, ne dérangeraient aucunement le système. Au contraire, on les verrait comme des bénévoles qui déchargeraient la lourdeur du système.
Au XIVe siècle, on pensait différemment. Ces femmes qui se faisaient appeler « Sœurs de la secte du Libre Esprit et de la Pauvreté Volontaire » n’obéissaient qu’à la Grande Demoiselle, et c’est tout. Le reste était affaire de conscience intérieure.
La naissance du mouvement des béguines débute au XIIe siècle. Vers 1300, le mouvement est bien organisé et se répand en Alsace, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France.
En 1326, la principauté de Strasbourg est envahie par un nombre considérable de béguinages, plus de 85 dans la ville même. Chaque béguinage forme un enclos groupant des maisonnettes où des femmes pieuses, mais dangereusement émancipées, tentent l’aventure des saints. Au lieu de vœux, elles ne font que des promesses, de simples déclarations d’intention renouvelables chaque année.
Qui étaient les femmes béguines ?
Des femmes qui transportaient dans l’âme un mouvement féministe « avant l’heure » !
Ces femmes qui, à l’époque, n’avaient que deux choix, soit celui de se marier (contrat de soumission) ou de rentrer au couvent (vœux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté, cette dernière souvent confondue avec la continence), aspiraient à une autonomie économique, intellectuelle, spirituelle et sociale.
Elles ne se mariaient pas, mais ne faisaient pas de vœux de chasteté. Elles ne prononçaient aucun vœu, seulement des intentions de s’investir pendant une année, après quoi elles évalueraient la situation. Elles se considéraient libres. D’ailleurs, leur secte s’appelait « Libre Esprit ». Elles étaient présentes dans plusieurs secteurs de l’économie : santé (hôpitaux, sages-femmes), l’éducation, l’artisanat (tissu,broderie d’art, tapisserie), le soin aux mourants, les enterrements.
Les béguines étaient des femmes pieuses qui se vouaient à Dieu et aux bonnes oeuvres, sans être bigotes. Elles évitaient le scandale et recherchaient la vie naturelle.