• Au nom du pluralisme, taisez-vous ! - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Au-nom-du-pluralisme-taisez-vous

    Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire, certains retournent (une nouvelle fois) leur veste : c’est l’État tant honni qui est appelé à la rescousse. Mais alors que le système de santé est à bout de souffle du fait des politiques libérales et des coupes budgétaires, alors que des vies sont en jeu, que penser des sommations à la « baisse des dépenses de santé » d’Éric Le Boucher ? Que penser des prophéties de Nicolas Bouzou en 2014, selon lesquelles « dans 10 ans, nous aurons deux fois trop de lits d’hôpitaux » ? Que penser des cris d’orfraie d’Agnès Verdier-Molinié contre « le taux d’absentéisme très élevé qu’il y a dans nos hôpitaux publics » ? Que penser enfin, en pleine crise du Covid-19, des railleries d’Yves Calvi contre « la pleurniche permanente hospitalière » (12 mars 2020) ?

    https://www.acrimed.org/Covid-19-les-editocrates-serrent-les-rangs
    #acrimed #éditocrates #union_sacrée #chiens_de_garde

  • SOS radicalisation vers l’extrême-gauche – Blog YY
    http://blogyy.net/2019/05/21/sos-radicalisation-vers-lextreme-gauche

    Si toi aussi, tu soupçonnes des gens de ton entourage d’être anticapitalistes, peut-être même anarchistes : garde ton sang froid, ne te jette pas tout de suite sur ton téléphone pour les signaler à la police, regarde d’abord cette vidéo québecoise d’un centre de prévention très officiel.

    SOS RADICALISATION VERS L’EXTRÊME-GAUCHE

    – Allo ? Le centre de prévention de la radicalisation menant à la violence ?
    – Oui, bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ?
    – J’ai autour de moi plusieurs amis qui se radicalisent.
    – Qui se radicalisent vers quoi ? Pouvez-vous précisez ?
    – J’ai des amis qui se radicalisent vers… (soupir).
    – Parlez en toute sécurité, Monsieur, nous sommes là pour vous aider. Certains de vos amis se radicalisent vers quoi ?

    https://www.youtube.com/watch?v=lw89mqimZIc

    #gorafi_dépassé

  • #Loi_Blanquer : Ce que la #confiance veut dire...

    « L’#école_de_la_confiance » c’est le slogan préféré de JM Blanquer , celui qui a été utilisé pour justifier sa politique tout au long de ses 18 mois de présence au ministère de l’éducation nationale. C’est encore le nom de son projet de loi sur l’école qui devrait bientôt arriver devant le Parlement. La confiance c’est, selon le Larousse, « le sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose ». Mais le projet de loi de JM Blanquer redéfinit le terme et sa portée. Il éclaire du coup le véritable projet du ministre. L’école de la confiance c’est celle de la mise au pas des enseignants.

    L’article 1 de la loi Blanquer

    L’école de la confiance a déjà pris de sérieux coups depuis le phénomène #pasdevagues. Les enseignants ont largement témoigné de l’absence de confiance de l’institution à leur égard. Un sentiment bien rendu en retour. On croyait d’ailleurs le slogan enterré mais le ministre n’a pas hésité à l’utiliser à nouveau, juste avant que les lycéens apportent à leur tour un net démenti...

    Le projet de loi « pour une école de la confiance » commence par un premier article qui porte sur « l’engagement de la communauté éducative ». Comme d’autres articles de ce texte, il cache bien son jeu.

    L’article 1 du projet de loi demande d’insérer un article L. 111-3-1 dans le Code de l’éducation ainsi rédigé : « Art. L. 111-3-1 - Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation. Ce lien implique également le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. »

    Un mot pour révoquer facilement

    Apparemment c’est une simple déclaration philosophique dont on peut se demander ce qu’elle fait dans un projet de loi. Mais l’étude d’impact du projet de loi, un document obligatoire fourni par le ministère aux députés, éclaire singulièrement ce que JM BLanquer appelle la confiance.

    « Le Gouvernement souhaite inscrire, dans la loi, la nécessaire protection de ce lien de confiance qui doit unir les personnels du service public de l’éducation aux élèves et à leurs familles. Compte tenu de son importance, il serait en effet déraisonnable de s’en tenir à une simple consécration jurisprudentielle », explique l’étude d’impact.

    « Les dispositions de la présente mesure pourront ainsi être invoquées, comme dans la décision du Conseil d’Etat du 18 juillet 2018 précédemment mentionnée, dans le cadre d’affaires disciplinaires concernant des personnels de l’éducation nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public ».

    L’arrêt en question avait annulé la décision d’une cour administrative d’appel qui était revenue sur une décision de révocation d’un enseignant. Il s’agissait d’un professeur de Montceau-les -Mines coupable et condamné avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans. Pour chasser cet enseignant du métier , le Conseil d’Etat a argué de « l’exigence d’exemplarité et d’irréprochabilité qui incombe aux enseignants dans leurs relations avec des mineurs, y compris en dehors du service » et de l’importance de l’atteinte portée « à la réputation du service public de l’éducation nationale ainsi qu’au lien de confiance qui doit unir les enfants et leurs parents aux enseignants du service ».

    Faire taire les profs sur les réseaux sociaux

    Exploitant cette affaire très particulière, le projet de loi Blanquer exploite cet arrêt dans un tout autre domaine. Il ne s’agit plus de délinquant sexuel condamné mais de n’importe quel prof. Il ne s’agit plus de la violation perverse de la relation pédagogique mais du lien d’obéissance au ministre. En s’appuyant sur cet article et cette évocation de la confiance, le ministre veut pouvoir sanctionner ce qu’il n’arrive pas à punir actuellement.

    L’étude d’impact donne des exemples. « Il en ira par exemple ainsi lorsque des personnels de la communauté éducative chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire. Ces dispositions pourront également être utilement invoquées par l’administration dans les cas de violences contre les personnels de la communauté éducative ou d’atteintes au droit au respect de leur vie privée, notamment par le biais de publications sur des réseaux sociaux ».

    La confiance c’est la soumission

    Ainsi toute critique portée par un enseignant sur l’institution pourrait être légalement sanctionnée par une #révocation. Ce que poursuit le ministre c’est la généralisation du #devoir_de_réserve qui concerne aujourd’hui les seuls cadres du système éducatif ou des cas bien particuliers. Les violences tout comme la diffamation sont déjà punis par la loi. Le devoir de réserve peut être invoqué pour des enseignants qui feraient campagne contre l’institution (et non contre un responsable politique). Or la liberté de parole des enseignants est nécessaire à l’exercice du métier. Ils doivent éthiquement privilégier l’intérêt de l’élève avant celui de l’institution. Ils doivent pouvoir exercer librement un droit de critique sur le fonctionnement de l’institution. Celle-ci d’ailleurs le leur demande quand il s’agit des programmes par exemple.

    On mesure le glissement que permettrait le passage de cet article. JM Blanquer inscrit cet article pour permettre une systématisation des #sanctions et faire en sorte que les #enseignants se taisent, notamment sur les réseaux sociaux, dernier espace de #liberté.

    Cet article autoritaire, qui ferait des enseignants une catégorie spéciale de sous-fonctionnaires, montre à quel point le mot confiance est un piège. Si, pour Orwell, « la liberté c’est l’esclavage », pour l’auteur de ce projet de loi, la confiance c’est la #soumission.

    François Jarraud


    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/12/12122018Article636801966942543096.aspx
    #censure #éducation #France #réseaux_sociaux #école

    • https://dijoncter.info/?un-fonctionnaire-ca-ferme-sa-gueule-ou-ca-demissionne-828

      Imaginons qu’un professeur soit amené avec sa collègue enseignant l’allemand, à encadrer une sortie d’élèves, pour étudier au cinéma le film intitulé" Le jeune Karl Marx" ; très vite, il serait amené à évoquer la liberté d’expression, censée être garantie constitutionnellement : l’œuvre s’ouvre en effet sur cette scène insolite où le philosophe et économiste est interpellé par la police d’État alors qu’il se trouve en plein comité de rédaction, le seul crime qu’il est censé avoir commis étant d’avoir participé à un journal contestataire. Cela provoquait l’ire du roi de Prusse.
      Un an plus tard, en 2019, la réalité rejoint la fiction : ce même enseignant prend connaissance de la convocation de Sophie Carrouge pour crime de lèse-majesté (une tribune somme toute inoffensive à l’encontre du président-mandaté du moment). Il apprend aussi - dans les mêmes jours, d’ailleurs - que son ministère a prévu de nouvelles mesures statutaires lui imposant un bâillon à lui ainsi qu’aux milliers d’autres enseignants, sous couvert de renforcement de leur « devoir de réserve » . Sommes nous dans une république bananière ? Dans la Tunisie de Ben Ali ? Non, en France en 2019, où il apparaît légitime de remettre en cause, en toute décontraction, des droits constitutionnels, au nom d’un contrat de travail avec le meilleur des employeurs : l’État.
      Le voilà, par la force de décrets ministériels, dans une situation de sujétion accrue qu’on déguisera au mieux en loyauté à l’égard de la République, au pire en ce qu’on nommera, ce qui ne manque pas de sel ni d’ironie, une « école de la confiance ». (c’est le nom du projet de loi comportant le bâillon en question).
      Pour peu qu’il se rende au Panthéon avec ses élèves, devra-t-il encore rendre hommage à Voltaire ou à quelque autre incitateur de révoltes, qui se sont illustrés contre des institutions vermoulues à l’autoritarisme grossier ? Devrait-on souhaiter, que l’enseignant, comme n’importe quel militaire ou gendarme soumis à sa hiérarchie, soit coopté et jugés honorable que s’il est un fonctionnaire inféodé à tel ou tel gouvernement de passage ? Celui du moment perd chaque jour davantage en crédibilité et légitimité (pour ne rien dire de sa cote de séduction, en chute libre), se crispant toujours davantage sur ses pouvoirs régaliens ; où en est-il, en cherchant à faire taire le moindre professeur de province rédigeant quelques lignes sur un site à la fréquentation confidentielle ? Se met-il sérieusement en tête de traquer quelque « ennemi intérieur » ? Le porte-parole du gouvernement de passage, affolé - et opportuniste - va même jusqu’à qualifier les mouvements de résistance actuels d’ entreprises « factieuses ».

      La liste des « factieux »

      Sont ainsi stigmatisés tous les opposants à la verticalité problématique de la cinquième république désirée par De Gaulle, s’imposant toujours à nous alors qu’elle n’a de cesse de démontrer les excès de l’exécutif : elle à chaque fois chaque fois instrumentalisée par le roitelet du moment (pour cinq ans), lequel est relayé par le moindre de ses petits clones locaux dans chaque institution, chacun se faisant alors une gloire d’être la courroie de transmission de l’insanité d’en haut.
      Seront alors décrétés « Factieux » tous ceux qui osent prendre la parole ou agir hors de la mise-au -pas de la mise « en marche » : ceux qui viennent au secours des sans-papiers, les citoyens qui s’engagent dans une contestation actives, ceux qui alertent l’opinion publique des démolitions programmées des services publics par les réformes qu’on fait passer à coups de matraques, ceux qui remettent en question la dégradation systématique et organisée des services publics (organisée par ceux qui veulent les démanteler pour mieux les vendre aux copains et coquins du privé), et même désormais ceux qui défendent leurs propres élèves contre les algorithmes aveugles ou les matraques sus-citées.
      « Factieux », ceux qui s’indignent de l’annulation de l’ISF, ou du fait qu’on leur tire dessus à bout-portant avec des flash-balls, sans sommation.
      « Factieux » tous ceux qui méprisent la start-up nation et la considèrent aussi has been que Giscard.
      « Factieux » tous ceux qui défendent le véritable esprit républicain et démocratique, qui ne se limitera certes pas à un malheureux vote de barrage dont certains se sont fendus pour éviter Le Pen. Ceux qui réclament des référendums d’initiative populaire, voire une constituante, pour une sixième République : « Factieux. »
      Cela commence à en faire beaucoup, de factieux, beaucoup de citoyens qui prennent encore la parole. Il va falloir recruter encore davantage au ministère de l’intérieur, à défaut d’augmenter le nombre de professeurs, lesquels auraient l’heur d’enseigner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui consacre la liberté d’expression comme un droit imprescriptible, l’article 11 dispose : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi". Les enseignants doivent-ils être traités tels des parias de la République au point qu’ils devraient s’acquitter d’une allégeance absolue à tel chef temporaire de l’exécutif et ses divers valets-exécutants zélés dans tels obscurs bureaux ? Entendu que le devoir de réserve en classe favorise l’auto-détermination de l’élève, sans la biaiser ou la fausser, est-ce à dire que le citoyen qu’est d’abord le professeur, doit désormais s’interdire toute prise de position sociale, éthique, syndicale ou politique hors de ses heures de cours ? Les intimidations feutrées prononcées à l’encontre de Sophie Carrouge doivent alerter tous les citoyens.

      La liberté de la fermer

      Le libéralisme économique cherchant à tout s’assujettir – jusqu’aux institutions de la République, même le temps de mandats – est tout de même bien tenté de s’accommoder , ce qu’il fait du reste de plus en plus, d’une dérive autoritaire, de moins en moins temporaire– l’état d’urgence théorisé par le nazi Carl Schmitt pouvant à l’occasion être fort utile pour faire taire toutes les voix discordantes. Mais bien plus retorses qu’une censure par trop directe, les propensions à susciter de l’auto-censure s’imposent discrètement, par les divers raffinements de l’intimidation, les assignations administratives, le recours à toutes les chaînes de commandement ou à toute autre injonction symbolique ; le tout s’autorisant à peu de frais de grands noms ronflants : on ose évoquer « la démocratie » (même si on l’a rabougrie au seul rite masochiste du vote), tout en évoquant bien entendu la nécessité de l’ « ordre » et de la « sécurité » - - ce qui ne manque pas de s’accorder, sans trop de peine, de fait, avec un discours échevelé sur les libertés civiques, notamment celle d’expression - elle pourra à l’occasion permettre de prendre la défense des « journalistes » de BFM.
      De toute manière, Michel Foucault le relevait déjà dans un texte ironisant à l’encontre de ceux qui ne détectent pas les subtilités prises par les formes de contrôle modernes : « il faut se faire une représentation bien inversée du pouvoir pour croire que nous parlent de liberté toutes ces voix qui, depuis tant de temps, dans notre civilisation, ressassent la formidable injonction d’avoir à dire ce qu’on est, ce qu’on a fait, ce dont on se souvient et ce qu’on a oublié, ce qu’on cache et ce qui se cache, ce à quoi on ne pense pas et ce qu’on pense ne pas penser. Immense ouvrage auquel l’Occident a plié des générations pour produire ‑ pendant que d’au­tres formes de travail assuraient l’accumulation du capi­tal – l’assujettissement des hommes ».
      L’accumulation du capital, lui, en effet, se porte bien. Par contre, la question de savoir si nous pouvons encore nous exprimer librement se pose de nouveau avec acuité, à l’heure où des agents de l’État voient leurs droits constitutionnels mis en danger par leurs tutelles administratives et managériales. Nous sommes bel et bien à l’époque du fichage des manifestants, des arrestations préventives sans fondement juridique, de la violence physique opposée aux lycéens contestataires qui prendraient un peu conscience de ce qui les attend, et de l’utilisation des leviers institutionnels pour procéder à des intimidations à l’encontre de tout citoyen un tant soit peu engagé.
      Il semblerait que la seule liberté d’expression qui soit alors concédée consisterait à laisser des avis sur Tripadvisor ou tel ou tel produit chez Amazon ; et encore, peut-être cela devra-t-il fait sous pseudo ? Que de tristes sires se livrent par ailleurs à des insultes racistes ou à d’autres tombereaux d’immondices fascisantes sur le net - cela semble par contre largement toléré, bien davantage, du moins, que les manifestations citoyennes récentes qui ont le heur de tancer le statu quo néo-libéral. Il sera loisible de les faire passer pour des ennemis internes du pacte républicain- - comme si ceux qui entraient en insurrection contre la véritable république française n’étaient pas tous ceux qui se cachent derrière leurs fonctions administratives ou leurs insignes pour se mettre au service de l’oligarchie démantelant les services publics de ce pays. Qu’une clique arguant de son mandat pour procurer des cadeaux fiscaux trouve en effet dans son sillage tout un ensemble d’opportunistes n’est pas si étonnant ; que ceux-ci profitent à ce point de l’aubaine pour renforcer encore la dérive managériale hiérarchique autrefois constatée chez France Télécom et La Poste, cela suscite d’abord notre étonnement, puis tout simplement notre mépris. Nous retournons enseigner Voltaire, Marx et Beaumarchais à nos élèves, en essayant de ne pas mourir de honte à la place de tous ceux qui n’en éprouvent plus depuis longtemps (de la honte).

    • #Loi_sur_l’école : les débats se déportent un peu plus sur la droite

      L’examen du projet de loi « pour une #école_de_la_confiance », porté par le ministre de l’éducation nationale, a débuté le 11 février. La tonalité conservatrice des débats sur l’#uniforme, le #drapeau ou la restriction de la #liberté_d’expression des enseignants est manifeste.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/loi-sur-l-ecole-les-debats-se-deportent-un-peu-plus-sur-la-droite?onglet=f

  • « 1984 » ne fait plus peur aux jeunes Marie-Michèle Sioui - 17 décembre 2016 - Le Devoir
    Un monde #postorwellien
    https://www.ledevoir.com/societe/education/487335/orwell-en-2016-des-jeunes-qui-boudent-georges-orwell

    Notre époque semble parfois donner vie aux prévisions cauchemardesques du roman d’anticipation #1984 de #George_Orwell. Dans ce bilan de fin d’année, voyons comment la guerre devient la paix, la liberté un esclavage, et l’ignorance une force politique majeure. Autant de menaces (#Big_Brother vous regarde !) auxquelles plusieurs jeunes ne semblent plus croire.

    Pour la première fois en 20 ans, cette année, l’enseignant au secondaire Jocelyn Lapointe a retiré l’ouvrage 1984 de sa liste de #lectures obligatoires.

    Parce que l’an dernier, le prof d’anglais de cinquième secondaire a fait face à une petite insurrection.

    Quiconque serait passé dans sa classe au fil du temps, quiconque y aurait observé les affiches des élèves sur le thème de l’allégorie de la caverne aurait pu croire que

    Jocelyn Lapointe compose très bien avec un peu de rébellion.

    Dans ses cours, il enseigne d’ailleurs à ses élèves que l’école a deux fonctions. « Et la deuxième fonction, ils ne la trouvent pas drôle », raconte l’enseignant de 57 ans autour d’un café partagé avec Le Devoir. « Je leur dis : l’école est là pour t’instruire, mais elle est surtout là pour fabriquer l’#obéissance. Pour que tu sois un bon travailleur, que tu n’arrives pas en retard, que tu respectes l’autorité. »

    Aux jeunes ébahis en classe, il fournit des exemples. « Pourquoi, quand la cloche sonne sur l’heure du midi, vous salivez ? Pourquoi, quand la cloche sonne, vous vous levez ? »

    Jocelyn Lapointe, avec ses 25 années d’expérience d’enseignement, admet pourtant avoir aujourd’hui « un peu baissé les bras ». À l’école privée Mont-Saint-Sacrement, à Saint-Gabriel-de-Valcartier, il avait l’habitude d’enseigner l’anglais et la philosophie, une option qu’il a créée dans une autre école de Québec, en 1994.

    Tous les ans, sans interruption, il obtenait assez d’inscriptions pour former un groupe (ou deux), qui discuterait avec lui de Sénèque ou de Platon et du livre VII de La République. Pas cette année. Huit élèves seulement ont choisi l’option philosophie, et elle a donc été annulée.

    Confortables dans l’ombre

    Dans ses cours d’anglais, ses élèves ont protesté l’an dernier. Protesté pour maintenir l’ordre établi.

    Ils lui ont fait comprendre qu’ils se satisfont pleinement de ce qu’ils ont, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils savent. Ils lui ont dit que les « ombres » de la caverne de Platon leur suffisent. Qu’ils ont trouvé un certain confort dans le fond de l’antre. L’an dernier, ils ont été 50, sur un total de 175 élèves, à refuser de lire 1984, de George Orwell. L’acte de contestation était sans précédent.

    En 1995, quand il a commencé à enseigner l’ouvrage, Jocelyn Lapointe évoquait les banques, les dépanneurs, ces « deux ou trois endroits » dans lesquels la #surveillance était continue. En 20 ans, une douzaine de caméras de sécurité se sont installées à l’intérieur de son école. Les cellulaires, puis les iPad ont fait leur entrée dans les classes. Les exemples d’une société orwellienne ont semblé s’accumuler.

    Mais dans son cours, l’an dernier, ses élèves en ont eu assez, relate Jocelyn Lapointe. « Ils ont dit : “On est tannés de se faire dire qu’on est surveillés tout le temps. On n’en a rien à foutre. Et si on est heureux comme ça, nous autres ?” »

    Devant la question, l’enseignant s’est senti désarmé. « Tu as beau expliquer la double ignorance, expliquer qu’à partir du moment où tu penses que tu sais tout, parce que tu as accès à tout avec Internet, tu ne cherches plus », avance-t-il, les élèves sont « convaincus » que leurs #désirs, ils les ont choisis.

    L’argumentaire, donc, n’a rien donné. Dans la tête du prof, un constat a émergé : « le dispositif, le processus, le programme fonctionnent ».

    L’école n’est pas un lieu pour apprendre « ça » , lui ont dit ses élèves, en évoquant 1984. « On va à l’école pour avoir une bonne job », ont-ils déclaré.

    Dans sa classe, les pourcentages ont commencé à mener une lutte contre la réflexion. « Ils savent que ça leur prend 80 % pour être admis à tel endroit. Et ils sont attentifs à ça : le chiffre, le chiffre », s’inquiète l’enseignant.

    Mais il n’abandonne pas pour autant. Il a présenté une courte entrée de blogue au sujet de 1984 à ses élèves il y a quelques semaines, et ils ont manifesté l’envie d’explorer l’oeuvre. Au pire, s’il doit faire sans Orwell, Jocelyn Lapointe enseignera Salinger (Catcher in the Rye) ou Bradbury (Fahrenheit 451). Et puis, il attendra la rébellion.

    George Orwell, « 1984 »
    Ils ne se révolteront que lorsqu’ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu’après s’être révoltés

    • Surtout, lire :
      « 1984 » à l’indicatif présent Frédérick Lavoie - 2 juin 2018 - Le Devoir
      https://seenthis.net/messages/699696

      La ré écriture de Georges Orwell a été faite pat galimard.

      Traductions comparées
      . . . . .
      Le slogan
      1949  : War is peace. Freedom is slavery. Ignorance is strength.
      1950  : La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force.
      2018  : Guerre est paix. Liberté est servitude. Ignorance est puissance.

      La mentopolice
      1949  : How often, or on what system, the Thought Police plugged in on any individual wire was guesswork.
      1950  : Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque, personne ne pouvait le savoir.
      2018  : À quelle fréquence et selon quel système la Mentopolice se branche sur un individu donné relève de la spéculation.

      Le néoparler
      1949  : “You haven’t a real appreciation of Newspeak, Winston”, he said almost sadly. “Even when you write it you’re still thinking in Oldspeak.”
      1950  : — Vous n’appréciez pas réellement le novlangue, Winston, dit-il presque tristement. Même quand vous écrivez, vous pensez en ancilangue.
      2018  : — Tu n’apprécies pas le néoparler à sa juste valeur, commente-t-il avec un air de tristesse. Même quand tu écris, tu continues à penser en obsoparler.

    • #brain_police

      https://en.wikipedia.org/wiki/Who_Are_the_Brain_Police%3F

      “Who Are the Brain Police?” is a Frank Zappa song, performed by The Mothers of Invention, released on the Mothers’ debut album, Freak Out!. It was released by Verve Records as a single in 1966. Zappa stated that the song was one of religious theme.[1]

      Zappa wrote about the song on the Freak Out! liner notes: “At five o’clock in the morning someone kept singing this in my mind and made me write it down. I will admit to being frightened when I finally played it out loud and sang the words.”[2]

      In a 1988 interview, Zappa added:

      A lot of people police their own brains. They’re like citizen soldiers, so to speak. I’ve seen people who will willingly arrest, try and punish their own brains. Now that’s really sad. That’s vigilante brain policism. It’s not even official, it’s like self-imposed. ... It’s hard to pin it down to one central agency when you realize that so many people are willing to do it to themselves. I mean, the people who want to become amateur brain police, their numbers grow every day – people who say to themselves, ’I couldn’t possibly consider that’, and then spank themselves for even getting that far. So, you don’t even need to blame it on a central brain police agency. You’ve got plenty of people who willingly subject themselves to this self-mutilation.[3]

      https://www.youtube.com/watch?v=DuABc9ZNtrA

    • Je veux remercier mon prof de français au lycée, Mr Brunshweig qui en 3em nous a mis sur la voie de la critique et du rêve avec l’étude du Meilleur des Mondes d’Huxley, de 1984, ou de Johnatan Livingston Le Goëland. Plus tard, j’ai eu aussi la chance d’avoir des cours de philo avec un prof qui nous emmenait voir Brecht au théatre pour en discuter longuement ensuite.
      A l’époque, je ne me rendais pas compte combien ces enseignements furent de formidables appels d’air.

    • Tu as certainement fréquenté une école moins « ancienne » que moi @touti. Les lectures que tu mentionnes, je les ai découvertes grâce à mes ami·es du lycée ou de la fac et non les profs. Tes études dateraient-elles des années 80 ou 90 ? Hélas, depuis le ministère d’un certain Claude Allègre (celui qui voulait dégraisser le mammouth) à l’éducation nationale en 2000, tout est allé de mal en pis.

    • Je ne sais pas #sombre, c’était, au propre et au figuré la fin des années 70 :)
      Il n’y avait alors pas de portable, au collège certain·es lisaient libé, je portais une longue veste en cuir rapé trouvée aux puces, un pantalon rouge gribouillé des signes politiques que j’apprenais, après L’Argent de poche Georges Desmouceaux était devenu ado, on fumait dans la cour en discutant de tout et surtout de rien. On sautait la grille quand on voulait sécher les cours sans que personne n’y trouve trop à redire. / et j’ai eu mon bac très jeune /
      #le_bon_temps