• « Nous sommes le 5 janvier et le protocole sanitaire annoncé le 2 par Blanquer pour entrer en pratique le 3 est déjà abandonné car il est inapplicable.
    Ce n’est pas de l’amateurisme, c’est une mise en danger délibérée.
    Une seule réponse, le droit de retrait.
    #BlanquerDemission »


    https://twitter.com/realmarcel1/status/1478729350719680524?cxt=HHwWmMC5ydCgwIUpAAAA
    Rupture de stocks d’auto tests, le ministre autorise que les tests à J+2 et J+4 ne soient pas réalisés, donc le Mininistère de l’éducation s’assoit sur le protocole qu’il met en place ! #COVID19 #ProtocoleTousInfectes

  • Avec les brigades sanitaires du Covid-19 : « Les gens ont de plus en plus de mal à accepter les consignes »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/14/les-gens-ont-de-plus-en-plus-de-mal-a-accepter-les-consignes-avec-les-brigad

    Au printemps, la Sécurité sociale a mis en place des centres d’appels où des conseillers sont chargés du suivi des malades de l’épidémie et du traçage des cas contacts. A Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord, ils jouent un rôle sanitaire et social déterminant.

    Sullyvan Massy Notebaert jette un coup d’œil rapide à l’écran de son ordinateur. Les noms des malades à appeler en priorité apparaissent. Son casque sur les oreilles, le jeune homme compose un numéro. Il adopte le ton aimable d’un vendeur de parfums. Sauf que c’est du #Covid-19 qu’il doit parler, avec une sexagénaire dont le test s’est révélé positif. La dame s’applique à répondre aux questions de Sullyvan.

    Son histoire avec la maladie est simple, presque banale. Elle s’était confinée chez sa fille et son gendre. Le gendre a été atteint le premier, puis sa fille quelques jours plus tard. Comme elle « regarde les informations à la télévision » , la dame a fait sa valise pour rentrer rapidement chez elle. Après avoir consulté son médecin traitant, elle s’est fait tester le lendemain. C’était son tour. Ça ne l’a pas étonnée, elle commençait à tousser, à se sentir fiévreuse.

    A Sullyvan, elle jure n’avoir « pas vu un chat » depuis son retour dans son appartement. Pas de cas contact à prévenir, donc. Pour faire ses courses, le conseiller l’incite à utiliser le drive ; elle y avait déjà pensé. De toute façon, ses placards sont pleins, « comme si j’avais anticipé le truc », s’amuse-t-elle. La conversation dure encore une dizaine de minutes, la malade fait traîner. A plusieurs reprises, elle glisse qu’à son âge ce n’est pas facile le célibat et la solitude. « Au moins, vous pouvez vous isoler plus facilement ! », plaisante Sullyvan.

    Elle en rit volontiers, mais quelque chose la chiffonne : « On faisait tous très attention, les distances, le masque, le gel, nous sommes des personnes responsables, je ne comprends pas comment on l’a attrapé. » « Vous n’avez pas à vous en vouloir, répond Sullyvan, soucieux de la déculpabiliser, il n’y a pas de risque zéro. » Le jeune homme finit par raccrocher en répétant : « Ça va bien se passer, ne vous inquiétez pas. » Il sourit. L’entretien s’est déroulé de façon idéale : une malade coopérative, informée, aimable. « La plupart des gens sont comme ça », tient-il à préciser.

    Rôle à multiples facettes

    Sullyvan Massy Notebaert, 25 ans, est l’un des 10 000 agents formés par la #Sécurité_sociale au suivi des malades et au suivi de #cas_contacts pour éviter la propagation du virus. Ici, à Villeneuve-d’Ascq, l’un des quatre centres que compte le département du Nord (2,6 millions d’habitants), ils sont plus d’une centaine à se relayer ainsi, sept jours sur sept, derrière les téléphones ; trente de plus travaillent de chez eux.

    Leur mission : convaincre les malades de s’isoler, prévenir les cas contacts et les inciter à faire de même. Mais aussi informer, orienter les précaires et les fragiles, ceux pour lesquels le virus entraîne des souffrances en cascade (perte d’emploi, dépression, violence, isolement…). Rassurer également, lutter contre les « fake news », jouer tout à la fois le rôle de conseiller médical, d’assistant social et de psychologue.

    L’ancien premier ministre Edouard Philippe les avait surnommés les « brigadiers ». Ici, le terme ne plaît guère. « Trop militaire, trop anxiogène, juge Karine Brillault, la responsable de la plate-forme. Nous sommes là pour aider, on veut être sympathiques. » Elle préfère le terme de « conseiller » ou le neutre « collaborateur », très en vogue dans le monde du travail.

    « Ne pas trop se faire balader »

    Quand le gouvernement a demandé à l’Assurance-maladie de se mettre au #traçage des cas contacts, au moment du déconfinement de mai, [pffff..., ndc] l’institution a dû s’adapter à toute vitesse et monter des centres d’appels à travers le pays. « Nous avons eu dix jours pour faire face dans l’urgence et créer de nouveaux services, se souvient Hélène Saumitou Laprade, directrice adjointe de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) du Nord. On a dû mettre en place un système qui permette d’aller plus vite que la diffusion du virus pour briser la chaîne de contamination. Ce n’est pas dans notre ADN premier de gérer une crise sanitaire, on a dû innover. » En plus de l’appel au volontariat en interne, il a fallu recruter. « On cherchait des têtes bien faites, des jeunes qui savent s’exprimer correctement, qui maîtrisent l’informatique et ont le sens du contact », explique Mme Brillault.

    M. Notebaert, diplômé en master de sciences politiques – au chômage depuis que le magasin de vêtements dans lequel il travaillait a fermé avec le confinement –, avait le profil idéal, le genre à pouvoir gérer des situations complexes après une seule petite journée de formation. A quelques mètres de lui, Adam Delory, 25 ans, col roulé sombre et sourire lumineux, a également vite compris ce que l’on attendait de lui : « Il ne faut pas trop se faire balader par le patient, ne pas le laisser prendre la main sur la discussion, car on a des messages essentiels à faire passer, et savoir s’adapter aux situations. Si on entend un enfant en bas âge pleurer derrière, par exemple, il faut aller à l’essentiel. »

    Au début de l’été, les équipes étaient prêtes, mais le virus, lui, se faisait tout discret. « C’était la drôle de guerre, on attendait, mais il ne se passait rien, raconte Baptiste Marchand, directeur santé de la CPAM du Nord. Quand la deuxième vague a éclaté, au moins, nous étions prêts. » Après des semaines exténuantes, les agents commencent enfin à souffler avec le ralentissement de l’épidémie.

    L’outil informatique s’est perfectionné, eux-mêmes se sont rodés. « Au début il y avait des bugs, certaines personnes étaient appelées plusieurs fois, d’autres pas », reconnaît Mme Brillault. Aujourd’hui, alors que l’ensemble du processus – la fameuse stratégie « tester, tracer, isoler », mise en place au printemps – s’est amélioré (mise à disposition des #tests, réduction des délais d’attente des résultats, meilleure transmission des données par les labos), l’Assurance-maladie peut se targuer de contacter 94 % des #malades entre quatre et vingt-quatre heures après leur résultat.

    La confusion règne

    Ici, à Villeneuve-d’Asq, nous ne sommes pas dans un #centre_d’appels comme ceux des produits commerciaux. « On n’est pas là pour vendre des doubles vitrages », résume Adam Delory. Chaque conseiller a devant lui un calendrier en carton, pour calculer les dates de période d’isolement et de contagiosité en fonction des contaminations, des premiers symptômes, du résultat des tests. Il dispose aussi d’un épais script de sujets à aborder, qui évolue au gré des consignes venues d’en haut. Dernière en date : « Faire la promotion de l’application TousAntiCovid ».

    Autre particularité, ils peuvent consacrer le temps qu’ils veulent à un appel. « J’ai eu une dame furieuse au téléphone, car son fils avait reçu un résultat positif six jours après avoir fait le test, se souvient Kevin Quelquejeu, 28 ans, vêtu d’une salopette et d’un peu discret pull de Noël. Elle était très angoissée, car il avait subi une lourde opération l’année précédente. Elle pleurait beaucoup, je suis restée avec elle une heure et quart au bout du fil, à la fin ça allait mieux. »

    Les questions les plus fréquentes tournent autour de la durée de l’#isolement, de la contagiosité, des personnes asymptomatiques, des tests, de l’immunité. « Pour beaucoup, ce n’est pas clair, poursuit sa collègue Céline Turpin, élégante infirmière de 40 ans. Entre ce qu’ils entendent dans les médias, chez leur médecin, à la pharmacie ou chez leurs voisins, ils sont un peu perdus. » Il faut dire que, depuis des mois, tout et son contraire, ou presque, a été dit au sujet de la pandémie. Sur la période d’isolement, entre les quatorze jours annoncés au départ, puis les sept jours, beaucoup de patients n’y comprennent plus rien. Mais plutôt que de parler d’ « informations contradictoires », ici on préfère évoquer « l’évolution des directives ».

    « On sent le ras-le-bol qui monte »

    Le plus difficile : convaincre les gens de rester à l’isolement. Les cas contacts ont du mal à se plier aux règles, surtout lorsqu’ils en sont à leur deuxième ou troisième fois. La veille de notre arrivée à Villeneuve-d’Asq, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de rendre obligatoire l’isolement, une hypothèse évacuée depuis. Le vaste open space, avec ses bureaux disposés en marguerite, bruisse de cette déclaration. Contraindre les gens à rester chez eux, ici, personne n’y croit. « Impossible à mettre en œuvre », estime-t-on. Evidemment, tous savent que certains malades mentent et continuent à sortir.

    L’isolement pose de nombreux problèmes, économiques, sociaux et psychologiques. « Certains entrepreneurs testés positifs nous disent : “Je dois retourner travailler, je ne peux pas laisser mes salariés seuls, je connais les gestes barrières, je porterai un masque et je resterai dans mon bureau”, explique Céline Turpin, l’infirmière qui a intégré la plate-forme après s’être portée volontaire dans une structure hospitalière, lors de la première vague. Il faut essayer de les convaincre. Et quand on repère des problèmes sociaux qui empêchent l’isolement, on oriente sur des numéros d’aide. »

    A quelques bureaux du sien, Nathalie Ruszczynski, infirmière également, gère une situation complexe au téléphone. Une patiente explique avoir bénéficié d’un #arrêt_maladie en tant que cas contact. Entre-temps, elle a été dignostiquée positive et a donc de trois #jours_de_carence pour son arrêt. Une double peine, selon elle. « Je comprends », assure son interlocutrice tout en lui rappelant que c’est la règle : les cas contacts ne perdent pas de salaire, les « covidés » si…

    « Il faut toujours rester calme, tout en étant ferme, dit la conseillère. Ils doivent sentir que ce qu’on dit est la consigne officielle, sinon la confiance n’est pas là. Les gens ont de plus en plus de mal à accepter les consignes, ça dure depuis si longtemps… Ils sont angoissés aussi, quel que soit leur âge ou leur situation sociale. » « Ils saturent, renchérit Kevin Quelquejeu, qui a atterri ici après la fermeture de Disneyland Paris, où il enchaînait les CDD depuis quatre ans. On sent le ras le bol qui monte à l’approche de Noël. » Chacun des conseillers s’est fait raccrocher au nez au moins une ou deux fois – rien de bien grave sur des milliers d’appels. De l’avis de tous, les malades sont plutôt avides de discussion. Les plus hostiles aux mesures gouvernementales, eux, ne répondent pas au téléphone.

    Stratégies de communication

    Pour convaincre leurs interlocuteurs de s’isoler, les agents misent sur la persuasion, voire la culpabilisation. Des éléments de langage leur ont été donnés. Le mot « protection » fait ainsi figure de formule magique. « Ce sont des techniques de communication, assume Karine Brillault. Celle de l’écoute active désamorce beaucoup de colères. »

    L’apparente connivence aussi. « Je les caresse dans le sens du poil, confie en souriant Adam Delory. Si quelqu’un me dit qu’il veut retourner travailler, je lui réponds que je le comprends, que je ne l’oblige à rien. Comme ça, il baisse la garde et je peux le convaincre plus facilement en faisant appel à son sens des responsabilités. Une alliance doit se créer entre eux et nous. Ce job, c’est à 70 % de la psychologie. »

    Pour Kevin, le jeune homme si optimiste qu’il porte des pulls de Noël dès novembre, « il ne faut surtout ne pas être dans le jugement, ne pas faire de reproches ». Lui aussi a sa technique pour calmer les énervés ou les récalcitrants : « Je leur dis : “Je suis là pour vous faire des recommandations, pas pour vous fliquer. On est tous dans la même situation, moi aussi, j’en ai marre de ce confinement”. » « Même si on ne déplace pas des montagnes, j’ai l’impression de servir à quelque chose », ajoute-t-il, satisfait de « l’expérience humaine » qu’il vit depuis septembre. Mais, quand on l’interroge sur son avenir, il n’hésite pas une seconde : dès que la situation sanitaire le permettra, il retournera travailler à Disneyland.

    Toujours aucun article d’ensemble à ma connaissance sur les #agents_de_santé de terrain, et pas de plateforme, à l’exception de quelques papiers sur #covisan à Paris et un peu en IDF. Or, à part la Nouvelle Zélande et l’Australie où je ne sais quelle a pu être leur rôle, je vois pas un seul pays qui ai réussi quelque chose contre le covid qui n’en ai pas employé/utilisé un grand nombre (y compris sous la forme des "comités de quartier" de la dictature chinoise). Et ce dans un pays champion des CDD où on nous bassine depuis 40 ans avec l’exigence de flexibilité. L’âne gouvernemental n’a pas soif de #santé_publique.

  • Le Conseil scientifique plaide pour une stratégie de « suppression » du Covid après la deuxième vague | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/le-conseil-scientifique-plaide-pour-une-strategie-de-suppression-du-covid-a

    Le Conseil scientifique a publié, dimanche, la note dans laquelle il préconisait un couvre-feu plus dur ou un reconfinement. Il s’attend à plusieurs autres vagues en 2021, et esquisse des pistes de réponse.

    UNE DEUXIEME VAGUE ENTRAINANT UNE SITUATION SANITAIRE CRITIQUE, conseil scientifique #covid-19
    https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_conseil_scientifique_26_octobre_2020.pdf

    A. Durée de la 2ème vague

    1. Il est très difficile de prévoir combien de temps va durer la 2ème vague, car cela dépend du virus lui-même, de son environnement climatique, des mesures qui vont être prises pour limiter la circulation du virus, de leur acceptation et donc de leur impact.
    On peut faire une hypothèse d’une sortie de 2ème vague en fin d’année ou début d’année 2021. Cette sortie devrait s’accompagner d’un retour de la circulation du virus à un niveau très contrôlé (5 000 à 8000 nouvelles contaminations par jour maximum). Ce contrôle permettrait de mettre en œuvre une stratégie offensive de « Tester- Tracer-Isoler » avec une plus grande chance de succès.

    2. Il faut en effet commencer à tirer des leçons du relatif échec de la stratégie « Tester- Tracer-Isoler » durant la période de mai à septembre 2020. C’est la seule stratégie, couplée aux mesures de distanciations physiques, qui permet un contrôle possible de la circulation virale comme cela a été montré dans un petit nombre de pays d’Asie du Sud Est.

    Il est donc essentiel de profiter de la période de « contrôle dur » de l’épidémie qui pourrait s’installer pour optimiser cette stratégie en particulier la partie « Tracer- Isoler » dont les moyens doivent être largement augmentés, en particuliers en effectifs humains avec les équipes mobiles « brigades », et sur la mise en place de l’application « Tous Anticovid » sur une large fraction de la population, ainsi que sur l’application d’un isolement de 7 jours accompagné d’ « incentives » (voir Avis du Conseil scientifique sur l’isolement, septembre 2020).

    3. La place des médecins généralistes et d’une façon générale des professionnels de santé (pharmaciens, professions médico-sociales...) doit être beaucoup plus importante durant cette 2ème vague, mais également à son décours, qu’elle n’a été durant la première partie de la crise : dans la prise en charge des patients en amont des hôpitaux mais aussi dans le dépistage. L’utilisation des tests de diagnostics antigéniques doit pouvoir être réalisée de façon large en dehors des laboratoires de biologie.

    #conseil_scientifique #Tester-Tracer-Isoler

    Un rappel de la stratégie Tester-Tracer-Isoler que la présidence a préféré nommer, lors de son allocution du 28 octobre " tester, alerter, protéger". Les avis de ce conseil scientifique finissent par contredire tout à fait le gouvernement, malgré leur concessions trop prudentes (ça monte parcequ’il fait froid). C’était déjà le cas, en creux, sur le maintien des élections municipales, et plus clairement encore en juillet dernier (déconfinement raté, reprise de l’épidémie).

    Le message présidentiel était bien un message d’alerte (au point de sortir opportunément du chapeau un chiffrage des morts en Ehpad), quant aux tests et à la protection... On rigole (pas de prolongation d’allocation pour les chômeurs en fin de droits cette fois, par exemple). Idem pour un traçage qui ne pourrait se faire, si ils daignaient s’y coller, qu’avec 30 à 40 000 embauches (on se demande à quoi servent les CDD), tout comme il serait indispensable d’embaucher à l’école, dans les hostos et dans les Ehad, si il était sérieusement question de "vivre avec le virus"... tout en oeuvrant à sa suppression.

    Le traçage, ils ont à nouveau le temps d’y penser puisque, sauf moyens très conséquents, il faudra attendre des semaines et des semaines (janvier ?) que le nombre de contaminations baisse.

    • Covid-19 : la deuxième vague de la pandémie en France pourrait être plus haute que la première
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/11/02/covid-19-en-france-une-deuxieme-vague-qui-pourrait-etre-plus-haute-que-la-pr

      [...] « Il y a (…) devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile » , prévient-il dans son dernier avis, rendu public vendredi soir. Les scientifiques font l’ « hypothèse d’une sortie de vague en fin d’année ou en début d’année 2021 » , mais craignent que plusieurs vagues se succèdent ensuite au cours de l’hiver et du printemps.

      Leur analyse repose sur de nouvelles modélisations réalisées à partir des données d’hospitalisation jusqu’au 29 octobre. Une note de l’Institut Pasteur, communiquée au Monde samedi, révèle que dans le pire des scénarios, jusqu’à 9 000 malades atteints du Covid-19 pourraient être hospitalisés en réanimation au pic épidémique, autour de la mi-décembre – contre plus de 7 100 lors de la première vague, le 8 avril.

      Dans leur « scénario de référence », les scientifiques estiment que le taux de reproduction du virus (le R0) pourrait tomber à 0,9 – contre 0,7 lors du premier confinement –, mais ils envisagent aussi un « scénario pessimiste », avec un Ro à 1,2, à peine inférieur à ce qu’il est aujourd’hui. « Il y a de grandes incertitudes sur l’efficacité des nouvelles mesures, moins contraignantes » , met en garde Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique.

      Dans le scénario de « référence », autour de 6 000 patients pourraient être hospitalisés en réanimation dès le 12 novembre, et jusqu’à 6 600 dans le scénario « pessimiste » – davantage, donc, que les 6 300 lits disponibles à date. Déclinées par région, ces modélisations font apparaître une situation très critique en Auvergne-Rhône-Alpes, avec plus de 1 300 patients contaminés par le SARS-CoV-2 attendus en réanimation pour seulement 795 lits disponibles, et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), avec 685 patients atteints du Covid-19 anticipés pour 610 lits. En Ile-de-France, la quasi-totalité des 1 425 lits pourraient être occupés.



      Infographie Le Monde

      Eviter que les hôpitaux ne soient débordés

      Toutes ces projections partent de l’hypothèse d’un impact « instantané » du reconfinement. Mais s’il faut plusieurs jours pour que les comportements se modifient, le nombre d’hospitalisations en réanimation pourrait être encore plus élevé. Et le parcours des patients à l’hôpital peut aussi jouer : la probabilité d’être transféré en réanimation lorsqu’on est hospitalisé et la durée du séjour dans le service ont un impact très important sur le nombre de lits occupés au pic, à la hausse comme à la baisse.

      Jusqu’à trois semaines seront nécessaires pour pouvoir estimer la valeur du R0 et réduire ces incertitudes, ce qui signifie que le gouvernement risque de ne pas disposer de signaux clairs au moment où il devra réévaluer la situation dans deux semaines. « Tant qu’on ne sait pas dans quel scénario on se trouve, il est difficile de savoir combien de temps le confinement devra durer » , souligne Simon Cauchemez, en rappelant que l’objectif premier est de plafonner le pic épidémique pour éviter que les hôpitaux ne soient débordés.

      Pour faire face à cette seconde vague, le ministère de la santé compte armer davantage de lits de réanimation, pour atteindre un total de 10 500, contre 6 300 aujourd’hui. Selon un tableau communiqué au Monde, jusqu’à 945 patients pourraient ainsi être pris en charge (+ 20 %) en Auvergne-Rhône-Alpes, près de 1 100 en PACA (+ 80 %) et 2 140 en Ile-de-France (+ 50 %). Pour y parvenir, une grande partie des opérations chirurgicales non urgentes seront déprogrammées, afin de libérer des soignants et des chambres – y compris les blocs opératoires et les salles de réveil.

      « On a l’impression d’être assis sur une Cocotte-Minute dont le couvercle va exploser » , résume[Alexandre Demoule, chef de la réanimation à la Pitié-Salpétrière, à Paris], inquiet de la transformation du profil des patients en quinze jours, plus gravement atteints, et plus jeunes.

      Le retour à la « normale » n’est pas pour tout de suite

      Seuls les patients les plus graves – intubés et placés en coma artificiel – seront placés en réanimation, tandis que les autres pourront être hospitalisés dans des chambres conventionnelles équipées d’un système de surveillance « allégé ». « Cela requiert une grande vigilance car il faut identifier très vite les malades dont l’état de santé s’aggrave et qui doivent être transférés en réanimation », souligne Alexandre Demoule.
      La prise en charge des patients non atteints du Covid-19 est une autre source d’inquiétude. « Nous avons parfois des difficultés à leur trouver un lit. Nous en refusons deux tous les jours » , témoigne le réanimateur, en précisant qu’une solution a toujours pu être trouvée « ailleurs ».

      Le retour à la « normale » n’est pas pour tout de suite. Même dans le scénario le plus optimiste – avec un R0 de 0,7 – on se retrouverait au 1er décembre, fin prévue – pour l’instant – du confinement, avec environ 3 000 patients contaminés par le SARS-CoV-2 en réanimation, soit à peu près le même nombre qu’aujourd’hui. « Si le R0 diminue mais reste proche de 1, il faudra beaucoup de temps pour que le niveau des hospitalisations redescende » , prévient Simon Cauchemez, en précisant que l’allure de la courbe épidémique diffère d’une région à l’autre car les paramètres – structure d’âge de la population, niveau d’immunité acquis lors de la première vague – ne sont pas les mêmes.

      La stratégie pour la suite n’a rien d’évident. Soit on adopte une stratégie de stop and go « en laissant de nouveau filer l’épidémie avec un R à 1,5, avant d’instaurer un nouveau confinement », soit on trouve « une combinaison de mesures qui permettent de sortir du confinement sans avoir à y retourner deux mois plus tard » , explique le scientifique.

      Seule l’arrivée de vaccins changera la donne

      Dès lors que le nombre de nouveaux cas quotidiens sera redescendu autour de 5 000 (contre 50 000 aujourd’hui), la stratégie « tester-tracer-isoler » pourra de nouveau être déployée. « C’est la seule, couplée aux mesures de distanciation physique, qui permet un contrôle possible de la circulation virale », souligne le conseil scientifique dans son avis, en soulignant qu’elle n’a pas vraiment marché jusque-là.

      Il estime « probable » que ces mesures « ne suffiront pas pour éviter d’autres vagues, après la deuxième vague » , en rappelant que seule l’arrivée de vaccins et/ou de traitements changera la donne. « L’immunité en population va mettre de nombreux mois à monter de façon significative et commencer à ralentir la rapidité de la circulation du virus en population générale » , insistent les scientifiques.

      Dans ce contexte, le conseil scientifique souligne l’importance d’ouvrir la réflexion et la discussion sur les objectifs que les Français souhaitent se fixer au lendemain de la deuxième vague. « La société française est-elle prête à consacrer une partie importante des moyens de santé au Covid-19, éventuellement au détriment de la prise en charge d’autres pathologies, avec comme conséquences des pertes de chance pour des pathologies non Covid ? A l’inverse, la société française est-elle prête à affronter un nombre de décès très élevé dans sa population la plus fragile et la plus âgée ? » , interrogent-ils. Le compte à rebours pour y répondre a déjà commencé.

      Cités :

      Epidémie de Covid-19 : « Nous allons être face à des situations humaines impossibles »
      https://seenthis.net/messages/883697

      Covid-19 : la promesse intenable des 12 000 lits disponibles en réanimation [par manque - par milliers- de personnel potentiellement disponible, ndc]

      Coronavirus : le couvre-feu pour tenter de sauver le dispositif de #traçage des #cas_contacts [et en réserve pour un déconfinement à venir, c’est le seul moyen de fermer les bars et restos, sans susciter l’ire des commerçants, ndc]

  • Covid : les lacunes des données de Santé publique France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/08/covid-les-lacunes-des-donnees-de-sante-publique-france_6055280_3244.html


    En l’absence de données localisées sur les délais de tests, difficile de mettre en place des politiques plus ciblées. Ici, un test du Covid-19 à la caserne des pompiers de Marseille, le 22 Septembre. ERIC GAILLARD / REUTERS

    Analyse des chaînes de contamination, détail des clusters, taux de tests effectués par les cas contacts : de nombreuses informations cruciales pour le suivi de l’épidémie ne sont pas disponibles.
    Par Chloé Hecketsweiler, Maxime Ferrer et Léa Sanchez

    Combien de personnes âgées sont réellement décédées du Covid-19 dans les maisons de retraite cet été ? La question travaille Jean-Marie Robine, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (INED). A plusieurs reprises, il a constaté que Santé publique France (SPF), l’établissement chargé notamment de collecter les données relatives à la santé des Français, avait revu à la baisse le bilan des décès survenus en Ehpad. En cause : des erreurs de saisie dans le système de déclaration des cas et des décès en maisons de retraite mis en place dans l’urgence fin mars.

    Le 4 septembre, après plusieurs autres modifications cet été, l’agence retranche ainsi 38 victimes du total des décès sans que les données antérieures soient pour autant corrigées. De quand datent ces morts comptabilisées « en trop » ? Santé publique France, qui se contente de publier le nombre de décès cumulés, ne l’indique pas. Dès lors, faute de données journalières fiables, « impossible de suivre la situation dans le temps et de savoir combien de personnes sont décédées dans les Ehpad cet été » , se désole Jean-Marie Robine.

    Des progrès depuis le début de la crise

    Ces informations manquantes – pourtant cruciales pour éclairer les décisions publiques – font partie d’une longue liste de données que réclament citoyens, chercheurs et journalistes aux autorités sanitaires. Des progrès ont été effectués depuis le début de la crise avec la création du tableau de bord officiel de Santé publique France https://dashboard.covid19.data.gouv.fr/vue-d-ensemble?location=FRA , qui rassemble des informations sur les hospitalisations, les décès ou encore les tests. Mais de nombreux indicateurs sont encore indisponibles, faute de système d’information adapté, de moyens humains ou encore de cadre légal pour leur diffusion.

    [Déclaration de décès en Ehpad et dans les établissements médicaux-sociaux.
    En l’état des données de Santé Publique France, des valeurs négatives peuvent apparaître. Elles correspondent à des corrections apportées par l’organisme.
    avril 2020 (...) octobre 2020-250 250 750
    Source : Santé Publique France]

    C’est le cas des données qui permettraient d’évaluer l’efficacité du contact tracing, un dispositif-clé dans le contrôle de l’épidémie qui vise à repérer et isoler le plus vite possible les personnes infectées. Le test de dépistage du virus RT-PCR doit être en principe réalisé dans les vingt-quatre heures après l’apparition des symptômes, et le résultat rendu en vingt-quatre heures. Le Monde a cherché, en vain, à connaître ce délai, département par département, pour savoir s’il était bien tenu.

    Ces données sont consignées dans une base de données, baptisée Sidep – pour système d’information de dépistage du Covid-19 – et analysées chaque semaine par Santé publique France dans son point épidémiologique. Le 1er octobre, ce document indiquait que le délai constaté entre le début des signes cliniques et la date de prélèvement était en moyenne de 3,3 jours, auxquels s’ajoute le délai de remise de résultat (2,7 à 5,2 jours selon les régions).

    Tout compris, cela signifie que, dans de nombreux cas, l’enquête démarre alors que le « patient zéro » n’est déjà plus très contagieux, et que ses contacts ont déjà eu le temps de contaminer d’autres personnes. Mais, en l’absence de données localisées sur les délais de tests, difficile de mettre en place des politiques plus ciblées, ou de repérer les zones « à risque », où le contact tracing ne permet plus de contrôler la circulation du virus.

    Informations sensibles

    Les autorités sont d’autant plus dans le brouillard, qu’elles n’ont aucun moyen de savoir si les cas contacts se font bien tester. En effet, l’Assurance-maladie n’a pas la possibilité de croiser sa base, Contact Covid, avec la base des tests Sidep pour voir s’il y a bien un résultat pour chacun d’eux. « C’est un peu compliqué côté système d’information. On aimerait obtenir ce type de données de façon plus systématique mais, pour l’instant, on ne peut pas le faire » , avance Thomas Fatome, directeur général de l’Assurance-maladie.

    Le sujet embarrasse. « C’est vrai que pour mesurer l’efficacité du dispositif, cet indicateur serait à étendre » , reconnaît Cécile Somarriba, de la direction veille et sécurité sanitaire de l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. En août, l’Assurance-maladie s’est résolue à mener une enquête auprès d’un échantillon d’assurés : elle a révélé que 86 % des cas contacts avaient bien réalisé le test prescrit. Mais impossible de savoir si ce pourcentage a évolué dans le temps, ou si l’adhésion au dispositif varie d’une région à l’autre.

    Pas de croisement des bases de données

    A l’heure d’annoncer de nouvelles restrictions, une autre inconnue brille par son absence : l’analyse des chaînes de contamination. Les agents de l’Assurance-maladie, lors de leur enquête, ont bien eu connaissance des circonstances dans lesquelles le « patient zéro » a potentiellement contaminé ses contacts. En allant chercher l’information dans Sidep, il serait aussi possible de savoir lesquels de ces contacts ont été infectés. Mais, là encore, aucun croisement n’est fait. L’Assurance-maladie explique ce retard par des contraintes juridiques, liées à la loi Informatique et libertés. « Cela prend un peu de temps. On est très attentifs à ces fichiers qui sont des données sensibles » , souligne Thomas Fatome.

    Seuls les clusters, qui représentent une faible part des cas détectés, sont connus : les cas groupés en entreprise, dans les écoles, ou encore les réunions familiales. Mais là aussi, difficile d’obtenir des informations précises, notamment le nombre de personnes infectées dans chacune de ces situations.

    Difficultés techniques

    Dès le début de la crise, les autorités sanitaires ont rencontré des difficultés pour centraliser les données éparpillées dans le millefeuille du système de santé français. Si cinq data scientists ont été appelés en renfort par le Centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (Corruss), Santé publique France s’est vite retrouvé débordé : « Nous avons eu une pression importante pour produire des données très rapidement », raconte Yann Le Strat, responsable de la direction appui, traitements et analyses des données (DATA) de Santé publique France, qui compte 50 personnes.

    D’autant plus qu’en mars, l’organisme public ne disposait pas d’un outil de crise permettant une gestion, au niveau national, d’une pandémie. Sidep a par exemple été créé « en un mois et demi, explique Yann Le Strat. En temps normal, cela nous aurait pris plusieurs années ». Ce système d’information est à la base des différents indicateurs livrés quotidiennement au grand public, comme le taux d’incidence – nombre de nouveaux cas confirmés pour 100 000 habitants sur une période de sept jours – décliné par classe d’âge ou encore par département.

    Système de surveillance sommaire

    Fin août, Jean Castex se félicitait des « progrès » accomplis. « Lors de la première vague (…) on avait des indicateurs, d’abord assez rustiques, et nationaux (…) mais nous avons su nous doter d’outils de suivi territorialisé » , avançait-il sur les ondes de France Inter. Ces chiffres ne sont cependant pas disponibles à une échelle plus fine que celle du département, quand le virus circule surtout dans les grandes métropoles. Et font l’objet de corrections importantes pour intégrer les résultats de tests arrivés tardivement.

    Le système de surveillance mis en place dans les maisons de retraite est, lui, assez sommaire. Il s’agit d’un questionnaire en ligne « très basique » , reconnaît Yann Le Strat. Les établissements sont invités à indiquer le nombre de cas concernés et le nombre de décès, mais il s’agit de nombres agrégés : impossible de connaître l’âge et le sexe des victimes, au contraire des personnes décédées du Covid-19 dans les hôpitaux. « Il faudrait que tous les Ehpad soient bien informatisés (…) et qu’on ait une saisie individuelle de bonne qualité » , pour pouvoir obtenir ces données, relève Yann Le Strat.

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