#frise_chronologique

  • Deadly Crossings and the militarisation of Britain’s borders

    Military-style solutions won’t solve humanitarian problems, argues our new report that details the nearly 300 border-related deaths in and around the English Channel since 1999. Deadly Crossings and the Militarisation of Britain’s Borders reveals the human tragedies caused by inhumane border enforcement at a time when the UK Home Office is seeking to make Channel crossings ‘unviable’.

    https://irr.org.uk/article/deadly-crossings

    Pour télécharger le rapport:
    https://irr.org.uk/wp-content/uploads/2020/11/Deadly-Crossings-Final.pdf

    #Manche #UK #Angleterre #mer #France #mourir_en_mer #décès #migrations #asile #réfugiés #frontières #militarisation_des_frontières #rapport #chiffres #statistiques #IRR #Gisti #Le_Gisti #chronologie #morts #décès #timeline #time-line #frise_chronologique

    ping @isskein @karine4

    • À Calais, la frontière tue. Contre l’oubli et l’impunité, nommer et compter les victimes

      Jeudi 19 novembre, près de Calais, un homme est mort.

      « Coquelles : un migrant décède à l’hôpital après avoir été percuté sur l’autoroute A16 » a titré La Voix du Nord dans un article classé dans les « Faits divers » [1]. « L’accident s’est produit peu après 16h30 au niveau de l’échangeur 42 sur l’autoroute A16 » a précisé France 3 Hauts-de-France [2].

      Fatalité. Un « migrant » qui « décède après avoir été percuté sur l’autoroute A16 », c’est forcément un « accident » à ranger dans les « faits divers ».

      Pourtant, à Calais et dans la région, des « migrants qui décèdent », il y en a eu des dizaines, des centaines même. Des hommes, des femmes, des enfants et même parfois des nourrissons. Avec un nom, une identité, une histoire. Depuis 1999, ce sont au moins 297 personnes en exil qui sont mortes dans cette zone transfrontalière.

      Mortes en tentant de franchir la frontière qui sépare le Royaume-Uni de la France : écrasées par la cargaison d’un camion ou broyées par l’essieu, électrocutées par les caténaires de l’Eurotunnel, percutées par un véhicule sur l’autoroute A16 ou noyées en essayant de franchir le Channel en bateau, en kayak ou tout simplement à la nage avec des bouteilles en plastique comme seules bouées de fortune. Mortes également du fait des conditions de vie inhumaines que leur réservent les gouvernements français successifs depuis plus de 25 ans.

      « Les CRS font de nos vies un enfer » écrivaient des exilé·es érythréen·nes dans une lettre adressée au préfet du Pas-de-Calais le 16 novembre dernier [3]. « Les CRS sont venus et ont gazé nos affaires et nous ont frappés comme si on était des animaux. Le lendemain matin ils nous attendaient et nous ont encore frappés. Même quand nous marchons ils ouvrent leur voiture et ils nous gazent, juste pour s’amuser » détaillent ils et elles un peu plus loin dans le courrier.

      Violences policières, harcèlement continu, humiliations, contrôles d’identité répétés, destructions de tentes, privation de duvets ou confiscation d’effets personnels, gazage de bidons de stockage d’eau sont le quotidien des personnes exilées présentes dans le Calaisis. Et cette réalité n’est pas nouvelle. Depuis des années, les exilé·es et leurs soutiens locaux dénoncent ce régime de violences généralisées. Des organisations internationales, telles que Human Rights Watch [4], font de même. Le Défenseur des Droits, à plusieurs reprises (notamment en 2012 [5], 2015 [6] et 2018 [7]), a dénoncé les politiques qui font de cet espace transfrontalier un « enfer » pour les exilé·es fuyant la guerre en Afghanistan ou en Syrie, la dictature en Érythrée ou les violences d’états autoritaires au Soudan ou en Éthiopie.

      Mais rien ne change. La réponse des gouvernements, quelle que soit leur étiquette politique, qui se succèdent reste inchangé et le message officiel adressé aux exilé·es errant dans le Calaisis est toujours le même : « Disparaissez ! ». Et si les coups de matraques et les gazages ne suffisent pas, les personnes migrantes comprendront d’elles mêmes qu’à Calais et dans la région, on risque sa peau.

      Aucune de ces vies volées n’est un accident. C’est pourquoi il importe de compter et nommer les exilé·es mort·es à la frontière franco-britannique, et de refuser de réduire ces décès à des événements isolés et anonymes, pour les ranger ensuite dans la case des « faits divers ». Au contraire, recenser les étranger·es décédé·es dans cette zone frontalière montre que ces morts sont le résultat des politiques menées par des sous-préfets, des préfets et des ministres successifs, qui ont délibérément décidé de faire de cette frontière un « enfer ».

      En 2016, le Gisti publiait un numéro de sa revue Plein Droit intitulé « Homicides aux frontières » dans lequel paraissait l’article « Voir Calais et mourir ». L’auteur, un ancien salarié de la Plateforme des Soutiens aux Migrant·e·s (PSM) basée à Calais, y décrivait ce travail d’enquête sur les mort·es à la frontière franco-britannique (qui permettait de dresser une liste des victimes et une cartographie) et montrait comment « l’addition d’accords européens et de traités bilatéraux, destinés à empêcher les indésirables d’accéder au territoire britannique a fait de cette région un mur meurtrier ».

      Des liens récents entre militant·es français·es et activistes britanniques ont permis de travailler à la publication de cette enquête sur les personnes exilées mortes à la frontière franco-britannique pour un public anglophone. Fruit d’une collaboration entre l’Institute of Race Relations (IRR), le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) de Londres et le Gisti, le rapport « Deadly Crossings and the Militarisation of Britain’s Borders » a pour but de donner à voir, une fois encore, les conséquences des politiques migratoires menées par les gouvernements français et britanniques dans cet espace frontalier et d’outiller activistes et associations anglophones dans leur contestation sans relâche du régime meurtrier des frontières.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6510

    • Army sends drones to France to catch migrants crossing Channel

      The armed forces have supplied France with a range of military-grade kit amid fears that plans to overhaul British asylum laws will trigger a sharp rise in Channel crossings this summer.

      Drones, thermal imaging gear, advanced binoculars and radar technology used by the army are being deployed to detect small boats entering the sea at the French coast.

      A fleet of motorbikes was also supplied as part of a £28 million deal struck with Paris in November to bolster efforts on the French side of the Channel.

      (#paywall)

      https://www.thetimes.co.uk/article/army-sends-drones-to-france-to-catch-migrants-crossing-channel-n27nkcvkl

    • UK government spent up to £1bn for military drones to monitor migrants in the Channel despite no-one evading the coastguard

      #Surveillance drones’ sole purpose appears to be to help the state prosecute those seen driving the boats

      THE UK government paid up to £1 billion (€1.1bn) to a drone manufacturing company last year to monitor migrant crossings of the English Channel despite the fact that no-one made it past the coastguards, The Civil Fleet can reveal.

      HM Coastguard told The Civil Fleet in response to a freedom of information (FOI) request that a total of 8,319 people attempted to cross the Channel in 2020.

      With the Channel being one of the busiest and most closely watched shipping lanes in the world, nobody evaded the coastguards, went missing or drowned in English waters last year, service figures show — though four people did die and a 15-month-old boy went missing in French jurisdiction last October.

      Despite the increase from 1,844 people in 2019 to over 8,000 in 2020, the number of irregular arrivals into Britain is less than a tenth of the 99,583 people that the International Organisation for Migration estimates made it into Fortress Europe.

      July, August and September saw the most crossings last year — with 1,128; 1,473, and 1,892 respectfully.

      In response to the right-wing media backlash to the crossings last summer, Home Secretary Priti Patel said the number of “illegal” crossings was “appalling and unacceptably high” and vowed to make this route into Britain “unviable.”

      In August the RAF launched several surveillance flights across the Channel and, according to an FT report that month, the Home Office toyed with the idea of naval blockades and the use of wave machines to push the boats back to France.

      On several occasions that month, The Civil Fleet spotted a drone (with tail number G-TEKV) patrolling the waters in the Straight of Dover on the free flight scanning website Flight Radar.

      The Civil Fleet sent an FOI request to the Home Office in August asking the following:
      • how many drones has the UK Border Force been using or chartering in the English Channel since December 2019 to August 2020,
      • which companies have supplied the drones,
      • when did contracts with these companies begin, and
      • how much has been paid to these companies for these contracts since January 2019?

      It took until November for the Home Office to reply.

      “We neither confirm nor deny whether we hold the information that you have requested about numbers of drones,” the Home Office said in its response.

      Its justification for withholding the information was due to the supposed potential for the disclosure to result in crime. The Home Office did not specify what these crimes could — nor who the victims would — be.

      Asylum seekers crossing borders, “illegally” or not, is not a crime, as Article 31 of the UN Refugee Convention makes clear.

      The government’s contract finder service shows that drones were supplied by Portuguese firm Tekever Ltd from November 21, 2019 to March 31, 2020 – the contract valued from “£0 to 1bn.”

      The Home Office told The Civil Fleet it could not reveal exactly how much public money was spent on the contract because “release of the withheld information would provide [Tekever’s] competitors with information, not available to them by any other means, about current service providers.

      “This would create an unfair advantage resulting in a prejudice to the commercial interests of the company concerned.”

      It claimed disclosure would also prejudice the Home Office’s commercial interests by “damaging commercial relationships with contractors and service providers” and concluded “that the balance of the public interest lies in maintaining the exemption and withholding the contract value information.”

      The Home Office doubled down on March 5, 2021 after The Civil Fleet put in a request for an independent review into its decision not to provide the value of the contract.

      However, the reviewer did accept that the “disclosure of this information would help the public to assess whether or not the Home Office is getting best value for money in terms of its contracts with private providers and partner agencies.”

      In July 2020 the government announced that it had awarded a £990,000 contract in February 2020 to Israeli defence company Elbit Systems UK to develop drones for coastal surveillance operations.

      The EU has been more forthcoming about its work with Tekever in the past, costing a two-year AR5 drone maritime surveillance contract with the European Maritime Safety Agency at €77 million (£66m) in 2018.

      A video posted to the Home Office’s twitter feed last September suggests the true purpose of Tekever’s drones is to gather footage of those driving the boats in order to prosecute them.

      Over footage of what appears to be one of the company’s AR5 drones — which also bears tail number G-TEKV, registered to Tekever — the government’s newly created Clandestine Channel Threat Commander Dan O’Mahoney says: “The aerial surveillance that we can see here today at Lydd [airport] reflects the whole government response that we’re delivering.

      “So the message I want to deliver today is that every single one of these small boats has to be driven by somebody and if that person is you, you can expect to be arrested on your arrival in the UK and locked up in prison for a sizeable jail term.”

      On March 1, the Home Office boasted that “this year nine people have now been jailed for steering small boats across the Channel.”

      Drone Wars’ Peter Burt, author of Crossing A Line: The Use of Drones to Control Borders, warned of the negative human rights implications that come from using military technology at the border and of viewing the people crossing them as a threat.

      “What is increasingly clear is that such technology is no longer just being used for surveillance and control overseas,” Mr Burt told The Civil Fleet.

      “Britain’s military drones are now being deployed on the home front where they are first being deployed against minorities such as refugees fleeing conflict and oppression. But unless we act now, they will eventually be used to spy on us all.”

      Jacob Berkson, an activist from the refugee distress hotline network Alarm Phone, told The Civil Fleet: “It’s difficult to know where to start with such disgusting behaviour.

      “It’s an expenditure of more than £100,000 per person being handed to the same ‘private’ enterprises who profit from the manufacture of the weapons that cause people to flee.

      “It neatly illustrates how the trade in border securitisation goes hand in glove with the trade in weapons and is no more than a trade in death.

      “It’s naked corruption, distorting UK society for the profit of the very few, but more importantly generating those profits at the expense of people’s lives.

      “These unimaginable sums of money should be spent on facilitating people’s right to move and right to stay by repairing the damage caused by centuries of slavery and decades of wars.”

      Clare Moseley, founder of Care4Calais, said: “The people we work with in Calais are not a military enemy. They are farmers, families and students who are simply asking for our help.

      “They are running from the most dangerous regimes in the world.

      “Flying expensive drones over the Channel will not stop them coming because they feel they have no choice. There is no way for them to claim UK asylum other than risking their lives in a flimsy boat.

      “The government is wasting taxpayers money while failing to protect some of the most vulnerable people on the planet.”

      https://thecivilfleet.wordpress.com/2021/03/12/uk-government-spent-up-to-1bn-for-military-drones-to-monito
      #complexe_militaro-industriel

  • #Calais : huit migrants, dont des enfants, trouvés en hypothermie dans un camion frigorifique

    Tôt ce dimanche 27 octobre, la Border Force britannique a trouvé huit migrants en état d’#hypothermie dans un #camion_frigorifique, au terminal ferry du port de Calais. Parmi eux, deux enfants en bas âge.


    https://www.lavoixdunord.fr/657776/article/2019-10-27/calais-dix-migrants-dont-des-enfants-trouves-en-hypothermie-dans-un-cam

    #asile #migrations #frontières #France #Angleterre #UK #camion #décès #morts #mourir_aux_frontières #mourir_dans_la_forteresse_européenne

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    Mise à jour du 29.10.2019...
    Je pense que les 8 personnes qui ont été retrouvées dans le camion ne sont pas mortes (ouf !) :

    Huit migrants afghans, dont quatre mineurs ont été hospitalisés à Calais après avoir été retrouvés dimanche 27 octobre en état de « légère hypothermie » dans un camion frigorifique dans le port de cette ville du Pas-de-Calais.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/20418/une-trentaine-de-migrants-decouverts-dans-des-camions-en-belgique-et-a

    • Une trentaine de migrants découverts dans des camions en Belgique et à Calais

      Quelque 28 migrants, dont des mineurs, ont été retrouvés depuis samedi dans plusieurs camions en partance de Calais et du nord de la Belgique vers le Royaume-Uni. La plupart sont Afghans, Irakiens et Érythréens. L’un des transporteurs avait caché les migrants sous un trappe verrouillée, derrière des poulets surgelés.

      Huit migrants afghans, dont quatre mineurs ont été hospitalisés à Calais après avoir été retrouvés dimanche 27 octobre en état de « légère hypothermie » dans un camion frigorifique dans le port de cette ville du Pas-de-Calais.

      Ils étaient cachés derrière des poulets surgelés, dans le double fond de la cellule frigorifique qui se trouvait sous une trappe.

      Ils ne pouvaient pas s’échapper en cas de problème

      La trappe était verrouillée de l’extérieur, un dispositif extrêmement dangereux puisque les personnes transportées ne pouvaient pas s’échapper seules en cas de problème.

      La semaine dernière, trente-neuf migrants vietnamiens sont morts piégés dans des conditions similaires, dans un camion frigorifique dont le conteneur était arrivé de Zeebruges jusqu’à Londres.

      Dimanche, le petit camion de 3,5 tonnes qui transportait les migrants afghans, a été contrôlé au moment d’embarquer sur un ferry à destination du Royaume-Uni. « Tout le contenant n’était pas rempli, ce qui prouve bien que ce n’était pas un véritable transport de marchandises », a indiqué une source judiciaire.

      Vingt migrants découverts à bord de deux camions en Belgique

      La veille, vingt migrants ont été découverts dans deux camions en route pour le Royaume-Uni depuis la Belgique. Ils ont tous été retrouvés en bonne santé.

      Le premier véhicule transportait onze personnes, dont des femmes et des enfants d’origine africaine, a priori érythréenne, a précisé le parquet du Limbourg. Le chauffeur a découvert ces passagers clandestins lors d’un arrêt technique dans un garage de Saint-Trond, situé à proximité de la frontière avec l’Allemagne (environ 65 km à l’est de Bruxelles).

      Par ailleurs, la police a trouvé samedi matin neuf hommes se disant de nationalité irakienne. Ils étaient cachés dans un camion qui circulait sur une voie rapide à Bruges en direction du port de #Zeebruges, a indiqué le parquet de Flandre occidentale. Les policiers sont intervenus après avoir été avertis de la présence de migrants dans ce camion.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/20418/une-trentaine-de-migrants-decouverts-dans-des-camions-en-belgique-et-a

  • A Calais, la frontière tue ! In Calais, the border kills !


    http://timeglider.com/timeline/65ecd96fa599a9c6

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    Deaths at the Calais Border

    Uncountable lives are wasted and suffer at the hands of the Calais border regime. There is no accurate count of how many people have died. This is a list of people known in Calais or from news reports.

    For sure there will have been more, their deaths ignored, the facts covered up or altogether unreported. Many already go unnamed, without vigils and protests, without families or friends to advocate on their behalf.

    But we will never let these deaths be silenced. We will not forgive and we will never forget.

    These borders kill! One death is too many!

    https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/deaths-at-the-calais-border

    #morts #décès #mourir_aux_frontières #Calais #France #frontières #Angleterre #UK #migrations #asile #réfugiés #base_de_données #database #liste #timeline #ligne_du_temps #mourir_dans_la_forteresse_Europe #visualisation #infographie #frise #frise_chronologique #time-line #chronologie

    ping @reka @simplicissimus @karine4

    • Un article de février 2018

      The deadly roads into Calais

      Since 1999, an estimated 170 migrants desperately seeking a clandestine passage across the Channel to Britain have died in road accidents in and around the port of Calais in northern France, 37 of them since 2015. One former police officer said the situation became so grim “it was humanly impossible to pick up more bodies from the road”. One of the most recent victims was a 22-year-old Eritrean whose mutilated body was found on a motorway last month after he was run over by a truck whose driver fled the scene. Elisa Perrigueur reports from Calais, where she met with Biniam’s relatives as they prepared the return of his body home to north-east Africa.
      The temperature was below freezing point on a bleak dawn last month when Biniam’s remains were found near the port of Calais, lying on the smooth tarmac of the A16 motorway that runs parallel to the Channel coast. According to statements given to the police afterwards by those who knew him, Biniam L. (full last name withheld here), a 22-year-old Eritrean, had probably spent all night looking for a truck he could climb onto in the hope of smuggling his way to England.

      He was successful, at first. He had managed to mount one of them, hiding in its cargo hold, most certainly hoping, like so many others who attempt the same, that once it passed through the fortified perimeter of the port, which is surrounded by 39 kilometres of fencing, it would be one of the vehicles that occasionally escapes the heat scanners and sniffer-dog searches, first in Calais and then, after the brief sea passage, through the British port of Dover. With no ID documents and no baggage, just the clothes he would hope could adequately keep out the biting cold.

      But on that early morning of January 9th this year, his plan went horribly wrong. The truck he had hidden in did not turn off the motorway into Calais, but instead continued its route eastwards. The young man must have panicked when he realised the fact, for he tried to jump from the truck onto the motorway despite the speeding traffic. According to members of the local French migrant aid association, l’Auberge des migrants, who spoke to police afterwards, Biniam landed on his head and was run over by another truck following behind. But neither vehicle stopped, and there remains doubt over the exact circumstances of his final moments.

      Between December 2017 and January this year two other migrants, 15-year-old Abdullah Dilsouz and Hussein Abdoullah, 32, both Afghan nationals, lost their lives in accidents on the roads around Calais. “Since 2015, there have been 37 migrants who have died in [and around] Calais,” said a spokesperson for the local prefecture. “The highest number date back to 2015 and 2016, the great majority are road accidents.” In 2015, the death toll reached 18, followed by 14 in 2016.

      Maël Galisson, a coordinator for the network of associations in the region providing aid for migrants, the Plate-forme de services aux migrants, has carried out research to establish the number of victims over the past almost 20 years and, where possible, to record their identities. “Since 1999, we estimate that at least 170 people have died while trying to cross this frontier area,” he said. The majority of road accidents occur on the stretches of the A16 and A26 motorways close to Calais, and the ring road into the port centre.

      The day after his death, Biniam’s brother Bereket, 26, arrived in Calais from Germany, accompanied by a cousin and uncle who had travelled from Norway. “He had no ‘dream’ as people put it, he just wanted a country where he was accepted,” said Bereket, who said he had difficulty believing the news that his brother, who he said was “so young to die”, had been killed in a road accident, which he received in a phone call from a friend.

      Bereket said he was not aware of the daily reality of the migrants in Calais, the road blocks migrants mount to try and slow traffic and the clandestine crossings in trucks. In his case, he had crossed to Europe by boat across the Mediterranean Sea. Biniam, he explained, had left the family village in Eritrea, north-east Africa, one-and-a-half years ago, to escape conscription into the army. At one point, he joined up with his brother Bereket in Germany, where the latter had been granted residence. “I obtained [official residency] papers close to Stuttgart and today I work in Germany, I had begun to have a stable life,” recounted Bereket. “His asylum demand was rejected, I don’t understand why.” Biniam had re-applied a second time for right of asylum, but was again turned down. It was after that, in November, that he set off for Calais, where between 550 and 800 migrants – according to figures respectively from the prefecture and the migrant aid associations – live rough, mostly in surrounding woodland.

      The few friends of Biniam who Bereket met with in Calais were little forthcoming about his time there. Loan Torondel of the Auberge des migrants association, which had offered Biniam shelter, said he was never seen at the daily distribution of meals. “A month here is not very long for finding a truck,” he said. “Often, migrants spend months before succeeding, for those who manage to.”

      During his visit to Calais on February 2nd, French interior minister Gérard Collomb, hoping to dissuade migrants from gathering there, described the frontier point as “a wall” and “a mirage”. But from the beach, the migrants can see the English coast, where some have family and friends they hope to join, in a country with lower unemployment than in France and where finding work, undeclared, is easier. Others say they would stay in France but fear that, if they engaged in the official procedures, because their fingerprints are registered in the first European Union (EU) country they reached before travelling to France they would be sent back there, in accordance with the regulations of the EU’s so-called Dublin Agreement.

      The victims are often young men’

      For the migrants hoping to cross to Britain from Calais there are few options in how to do so. The British government has handed France about 140 million euros over the past three years to part fund the increased security measures at the port, which is the frontier point before departure for the English coast. On January 18th, at a summit meeting between British Prime Minister Theresa May and French President Emmanuel Macron, London announced that it was to provide a further 50.5 million euros, for a further beefing up of security and for establishing a centre for migrants at a site distanced from the town.

      For the migrants who can afford their fees, one option is to use the services of people smugglers. They charge between 1,500 euros and 10,000 euros per person for a clandestine passage in a truck, operating out of vehicle parks which they reign over as their own territory. Clashes which broke out in Calais on February 1st between Afghan and Eritrean migrants, which left 22 needing medical treatment, including four teenagers wounded by gunfire, appear to have been linked to turf wars between people smugglers.

      Others try blocking trucks on the approach roads to the port, operating in small groups to lay down obstacles to slow or even halt the vehicles in order to jump on. The method is a dangerous one, for both the migrants and the drivers. In June 2017, the polish driver of a truck died after his vehicle crashed into another truck that was blocked by migrants on the A16 motorway, burned alive in his cabin.

      Then there are those, and who probably included Biniam, who try to mount the vehicles on their own. Eupui is a 19-year-old migrant from Cameroun, in West Africa, and has lived since 2016 on the ‘Dunes’ industrial zone of the port, the site of the notorious and now razed migrant camp known as “the Jungle”. His solitary sorties to find a truck that would take him across the Channel somehow allow him “to keep going”, he told Mediapart. “I sleep three hours and then I try,” he said. “As soon as I see a truck that isn’t going too fast, even a car, I see if I can get into the boot.” He said he hides “near the bends of the motorways” because vehicles reduce speed there. “I’m not afraid, I’ve lived much worse,” he added. “I crossed the Sahara in horrible conditions to come here. I have nothing left to lose. I’ve injured my knee, but never mind.”

      Biniam’s brother Bereket said his brother did not realise the danger in the risks he was taking. “I spoke to him three weeks before he died,” said Bereket. “He told me that everything was fine for him in France. But he lied to me, he didn’t tell me he was at Calais. If I had known, I would have told him to get out of this dangerous place.”

      Bereket said he was “disappointed” by what he saw on this, his first trip to France. He has been supported by local charitable associations, including the Réveil voyageur and the Secours catholique, who usually look after relatives of those who have died. “You don’t see many officials, politicians, as if Biniam’s death had no importance,” he said bitterly.

      “The associations have been managing this for years,” said Sabriya Guivy from the Auberge des migrants group. “When relatives arrive in Calais they are disappointed at not seeing many officials. They have the impression that they are not taken into account. Mr Macron referred to the death of the Polish driver, but not that of migrants,” she added, referring to a speech by the French president during his visit to Calais on January 16th.

      Undertaker Brahim Fares, based in nearby Grande-Synthe, says he charges a “lower than average” price to migrant families out of solidarity. “The dead are repatriated to Afghanistan for between about 3,400-3,500 euros, depending on the weight and the size,” he detailed. “For Eritrea, it begins at around 3,200 euros. Burials in Calais are about 1,600 euros, as opposed to a usual 2,400 euros.” Since 2015, Fares says he has organised the return home of about 15 bodies of migrants, and also the burials of about the same number in the north Calais cemetery managed by the Town Hall. The burial spots are simple ones, covered in earth and marked by crosses made of oak. “The victims are often young men, almost all of them identified,” he added. “I once had an Ethiopian woman. Not all the families can come all the way here. Those who manage to are very shocked, because the bodies are sometimes very damaged, as those in road accidents are.”

      Fares was given charge of Biniam’s body, which he recalled had “the hands cut off, the arms smashed up”. The corpse will be returned to Eritrea, where his parents live. Bereket, with his uncle and cousin, made up a large wreath of plastic flowers. “It’s really not so good but we had only that,” he said. But at the hospital in Lille where the body was placed in the coffin, they were told that they could not place the wreath on top of it, nor the white drape they had wanted to cover it with, according to their custom. “The airport authorities will end up throwing the wreath away, it’s not allowed in the hold,” Fares explained to them. After a poignant moment of silence, they asked him why it would be so complicated to do so.

      Biniam’s relatives spent two weeks attempting to find out the exact circumstances of what happened to him. At the police station in Calais, they were shown a photo of his injured face. Members of the motorway patrol police gave them the few details they had, which were the approximate time of the accident, a statement from a witness who had not seen very much, and the fact that the driver of the truck that ran over Biniam had fled the scene. “France is a developed country […] so why can’t the driver who did that be found?” asked Bereket. “Even in Eritrea we’d have found the killer of my brother.”

      Loan Torondel of the association l’Auberge des migrants said he had seen similar outrage by relatives before. “Many don’t understand why their close family member died under a lorry and that the driver did not act voluntarily,” he said. “Biniam’s family thought that there would be the launch of an investigation, like in American films. They think that the police is not [bothered into] carrying out an investigation, but in reality there are few witnesses.”

      Meanwhile, Bereket has lodged an official complaint over his brother’s death “against persons unknown”, explaining: “I won’t be able to sleep as long as I don’t know how he died, and while the person responsible is free.”

      ’It’s incredible that nobody saw anything’

      While the police systematically open investigations into the road deaths of migrants, they are often complex, beginning with the identification of the victim. Patrick Visser-Bourdon, a former Calais-based police detective, recalled the death of a Sudanese migrant whose body was found one morning in 2016 close to the port’s ring road, with “the head opened, abandoned, wearing a pair of jeans and a long-sleeved T-shirt”.

      During his enquiries, Visser-Bourdon approached the head of the Sudanese community of migrants living in the camp known as “the Jungle”, but nobody recognised the body. “We also put out his photo in the police stations,” he said. “In the majority of such cases, we mostly called on the NGOs for help.” As in the case of Biniam, the driver of what was apparently a truck that had hit the Sudanese man had not stopped. “There was blood on the road, there was necessarily some on the bumpers of the truck,” said Visser-Bourdon. “The driver therefore must have stopped his vehicle at some point to clean it, between the Jungle and the port. It’s incredible that nobody saw anything.”

      Sabriya Guivy from the Auberge des migrants group added that because some local sections of the motorways are unlit, “It is entirely possible to not realise that one has hit someone and to carry on”.

      A section of the numerous investigations into such events end up being closed, unsolved. Someone who is charged with involuntary homicide in France faces a sentence of three years in prison, and up to five years in jail in the case of aggravating circumstances such as fleeing the scene. “Sometimes, some of them don’t remain at the scene of the accident, notably in the case of dangerous [migrant] road blocks, but they go directly to present themselves to the police,” said Pascal Marconville, public prosecutor of the nearby port of Boulogne-sur-Mer, whose services have jurisdiction for events in Calais. “In that case, it’s regarded more as a hit-and-run offence which is exonerated by the circumstances.”

      Patrick Visser-Bourdon said he had welcomed the building of a wall surrounding the ring road in 2016 aimed at deterring migrants from the traffic. “It was humanly impossible to pick up more bodies from the road,” he said.

      https://www.mediapart.fr/en/journal/france/190218/deadly-roads-calais

      –----

      En français :
      A Calais, les routes de la mort pour les migrants
      https://www.mediapart.fr/journal/france/180218/calais-les-routes-de-la-mort-pour-les-migrants?page_article=1%20

    • Voir Calais et mourir

      Si, depuis quelques années, militants et chercheurs commencent à compter les morts sur les routes migratoires, ils ont tendance à se focaliser sur l’arc méditerranéen, négligeant la frontière franco-britannique que l’on pourrait qualifier de nasse calaisienne. Accords européens, traités bilatéraux et leurs corollaires sécuritaires font en effet de cette frontière un mur meurtrier. Et les migrants n’ont d’autre choix que de prendre toujours plus de risques pour le franchir… au péril de leur vie.

      Nawall Al Jende avait 26 ans. Elle était originaire de Nawa, une ville située à une trentaine de kilomètres de Deraa, dans le sud de la Syrie. Elle avait fui la guerre et laissé derrière elle son époux et deux de ses enfants. Avec son troisième enfant, Mohamed, âgé de 9 ans, et le frère de son mari, Oussama, son périple l’avait amenée à traverser neuf pays avant d’atteindre Calais. Sa sœur, Sawson, avait réalisé un parcours quasi similaire deux mois plus tôt et l’attendait de l’autre côté de la Manche. Nawall est décédée le 15 octobre 2015, après avoir été percutée par un taxi sur l’autoroute A16, alors qu’elle tentait de se glisser dans un camion afin de franchir la frontière franco-britannique. Comme sur les autres routes de l’exil, des personnes migrantes meurent à Calais et dans sa région. Depuis 1999, on estime qu’au moins 170 personnes sont décédées en tentant de franchir cet espace frontalier reliant la France à l’Angleterre.

      Pourquoi prêter attention aux personnes mortes en migration à la frontière franco-britannique ? Il n’existe pas de données officielles à ce sujet. Par conséquent, participer au travail de collecte d’informations contribue à documenter l’histoire du fait migratoire dans la région. En l’espace de quelques années, la question des exilés morts aux frontières s’est imposée dans le débat public. Elle a été d’abord portée, par des acteurs militants, à l’image des travaux réalisés par United for Intercultural Action, Fortress Europe ou encore Watch the Med. Puis, des journalistes se sont intéressés au sujet (The Migrants Files), ainsi que des chercheurs (Deaths at the Borders Database). Aujourd’hui, une institution officielle telle que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) commence à recenser les personnes mortes en migration. Toutefois, dans ces différents relevés, la situation à la frontière franco-britannique est peu prise en compte, le focus étant davantage dirigé sur la mortalité aux portes de l’Europe, dans l’arc qui va des Iles Canaries à la mer Égée, en passant par le détroit de Gibraltar et le canal de Sicile. Par conséquent, travailler à la collecte d’informations sur les personnes mortes à Calais et dans la région répond à un réel besoin et rend visible une réalité méconnue.
      Redonner un nom aux morts

      Ce travail d’enquête ne veut pas s’en tenir au traitement simplement comptable ou anecdotique de la question des morts en migration. Il cherche, quand cela est possible, à redonner une identité et une histoire à ces « corps sans nom » ou à ces « noms sans histoire ». Tenter de reconstituer des récits de vie, (re)donner une dimension personnelle à chaque décès est un moyen d’éviter leur dilution dans ce qu’on nomme communément, de façon globalisante, les « drames de la migration ». Il s’agit également de rompre avec l’idée que cette hécatombe résulterait de la fatalité. Réduire ces tragédies à des accidents (accident de la route, noyade, etc.), à des violences ou des règlements de compte entre migrants est une façon d’occulter la responsabilité des pouvoirs publics dans une situation qui dure depuis plus de vingt ans dans le nord de la France. Au contraire, c’est bien l’addition d’accords européens et de traités bilatéraux, destinés à empêcher les indésirables d’accéder au territoire britannique qui a fait de cette région un mur meurtrier. De même, considérer que les seules violences exercées à l’encontre des exilés sont dues aux « réseaux de passeurs » est une manière d’occulter celles qui sont liées aux conditions de vie et à l’absence de dispositifs d’accueil adaptés, au harcèlement policier et à la surenchère de dispositifs de surveillance de la frontière.

      On constate en effet que la majorité des décès sont liés aux tentatives de passage, qu’ils soient immédiats ou qu’ils surviennent des suites de blessures que ces tentatives occasionnent. Le long de la frontière franco-britannique, les exilés meurent principalement après avoir été percutés par un train sur le site d’Eurotunnel, renversés par un véhicule – parfois volontairement – sur un axe routier non loin d’un point de passage ou écrasés sous l’essieu d’un poids lourd. Et finalement, les « règlements de compte » ou les violences « inter ou intra-communautaires » se concluant par des morts restent des événements marginaux.

      La majeure partie des exilés tentent de passer la frontière cachés dans la remorque d’un camion ou en dessous. Cette méthode s’avère extrêmement dangereuse et les risques de mourir écrasé par le contenu de la marchandise, par suffocation ou en tombant du camion (en particulier une fois arrivé sur le territoire britannique) sont importants. On pense notamment aux 58 personnes migrantes de nationalité chinoise cachées dans un camion frigorifique et découvertes mortes par asphyxie à Douvres en juin 2000. Un événement qui fait terriblement écho à la tragédie survenue 15 ans plus tard en Autriche, quand 71 exilés syriens cachés dans un camion furent abandonnés sur le bord d’une autoroute par le conducteur et décédèrent par suffocation.

      Même si le phénomène reste minoritaire, on recense plusieurs cas de noyades. Si quelques-unes se sont produites à la suite de rixes ou afin d’échapper à des violences policières, la plupart sont survenues pendant des tentatives de franchissement de la frontière. On observe ainsi plusieurs cas désespérés, et finalement mortels, survenus lors de la traversée du détroit du Pas-de-Calais, par embarcation ou à la nage. Le 12 juin 2002, un exilé russe parti en canoë s’est noyé dans la Manche. Son corps n’a jamais été retrouvé et le camarade qui l’accompagnait est resté accroché pendant cinq heures à l’embarcation à la dérive avant d’être secouru. Le précieux travail d’investigation du journaliste norvégien Anders Fjellberg [1] a permis de retracer le parcours de deux exilés syriens, Mouaz Al Balkhi et Shadi Omar Kataf. Après plusieurs semaines passées entre les Jungles de Calais et de Grande-Synthe et une douzaine de tentatives de passage « classiques » ratées, les deux compatriotes optèrent pour une autre stratégie. Le 7 octobre 2014, ils se procurèrent une combinaison de plongée au magasin Décathlon de Calais. Leurs corps ont été retrouvés quelques semaines plus tard, l’un sur une plage de Norvège, l’autre sur une plage des Pays-Bas.
      Petits arrangements entre voisins

      Les modes de franchissement de la frontière évoluent en fonction de son niveau de sécurisation. Plus un point de passage est rendu inaccessible, plus il y a de prises de risque et plus ces tentatives impliquent le recours à un « tiers », le passeur. En septembre 2014, le ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, signait avec son homologue britannique, Theresa May, un accord bilatéral « incluant une contribution britannique de 5 millions d’euros par an pendant trois ans » dont l’une des mesures principales visait à « renforcer la sécurité, à la fois autour du port et dans la zone portuaire [2] ». Cet accord visait à empêcher, d’une part, les tentatives d’intrusions collectives sur le site portuaire et, d’autre part, les incursions sur la rocade accédant au port, technique consistant à profiter des embouteillages pour se cacher dans la remorque d’un camion La mise en œuvre du versant « sécurisation » de cet accord a été confiée à l’entreprise Zaun, une firme britannique [3], et s’est déroulée en plusieurs étapes. Dans un premier temps, à partir d’octobre 2014, les barrières ont été doublées à l’intérieur du site portuaire. Puis, au printemps 2015, sur une distance de deux kilomètres le long de la rocade accédant à la zone portuaire, a été érigée une double clôture, l’une de 4 mètres de haut et l’autre d’un peu moins de 3 mètres, équipée d’une rampe d’accès incurvée pour éviter qu’on ne s’y s’agrippe, et surmontée d’un fil barbelé. Entre les deux clôtures, un espace de détection infrarouge a été installé. La mise en place de cet arsenal autour de la zone portuaire a obligé les exilés à se détourner du port pour trouver d’autres voies de passage, plus dangereuses, notamment celle du tunnel sous la Manche. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : alors qu’aucun des 17 décès recensés en 2014 n’avait eu lieu sur le site d’Eurotunnel, on en comptait 15 sur les 25 enregistrés en 2015. Il serait difficile d’en conclure que plus on boucle la frontière franco-britannique, plus celle-ci devient meurtrière. En effet, l’augmentation significative du nombre de morts entre 2014 et 2015 s’explique aussi par celle du nombre d’exilés présents dans le Calaisis. Les militants locaux estiment qu’il a crû, en un an, de 1 500 à environ 5 000 personnes. Il est en revanche certain qu’à la multiplication des barrières et des dispositifs dissuasifs, se sont ajoutées les désastreuses conditions de vie des exilés, obligés de survivre dans une extrême précarité et dans un contexte de surpopulation croissante, tout en tentant d’échapper aux violences policières : un cocktail explosif qui les a poussés plus nombreux à prendre des risques pour espérer passer. En août 2015, un nouvel accord franco-britannique fut signé dans lequel les deux ministres reconnaissaient que « depuis la fin du mois de juin, en raison de la sécurisation du port, les migrants ont changé de stratégie, cherchant au péril de leur vie, à s’introduire au niveau des points d’entrée dans le tunnel sous la Manche ». Mais qu’imaginent-ils pour remédier à ce constat inquiétant ? Que « la France renforce l’actuel dispositif de sécurité et l’action de ses policiers et de ses gendarmes, grâce au déploiement d’unités mobiles additionnelles » et que le Royaume-Uni alloue des moyens supplémentaires pour « sécuriser le périmètre de l’entrée du tunnel, grâce à un dispositif de clôtures, de vidéosurveillance, de technologie de détection infrarouge et de projecteurs lumineux » tout en « [aidant] la société Eurotunnel à augmenter nettement ses effectifs en charge de la sécurité et de la protection du site [4] ». Ce qui s’est traduit par l’installation de 29 kilomètres de nouvelles barrières et le « renforcement » de 10 kilomètres déjà existants. Le paysage du site d’Eurotunnel a été radicalement bouleversé : 100 hectares ont été rasés afin de faciliter la surveillance et une partie de cette zone a été volontairement inondée « pour créer des obstacles naturels qui empêchent l’accès aux clôtures » [5].
      Fortification

      Cette séquence n’est finalement qu’une étape supplémentaire dans la longue histoire de la fortification de la frontière franco-britannique. Elle a commencé avec le code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (code ISPS) régissant les zones portuaires fournissant des services internationaux et s’est prolongée, depuis le début des années 1990, par une succession d’accords bilatéraux. Alors que le protocole de Sangatte (1991) avait initié la mise en place de contrôles juxtaposés français et britanniques des deux côtés de la frontière, son protocole additionnel (2000) les a étendus aux principales gares du nord de la France et du sud de l’Angleterre.

      Au tournant des années 2000, la fortification de la frontière prend une autre dimension. Du côté du site portuaire, « en 2000, un premier programme de 6 millions d’euros est engagé pour clôturer une partie du port, installer un réseau de vidéo surveillance ainsi qu’un bâtiment spécifique au département sûreté ». Jusqu’alors, la zone portuaire n’était que très sommairement clôturée. « À partir de 2005, un deuxième programme d’investissement de 7 millions d’euros est engagé […] [permettant] de finaliser l’année suivante, un réseau de 48 caméras fixes et mobiles de vidéo surveillance [6]. » De son côté, Eurotunnel renforce la surveillance de son site à partir du printemps 2001 et bénéficie, en février 2002, du prêt d’un radar PMMW (système à détection thermique) de l’armée britannique. Tandis que la signature du traité du Touquet (2003) étend les dispositions relatives aux contrôles juxtaposés à tous les ports de la Manche et de la mer du Nord, « l’arrangement » franco-britannique de 2009 accentue le recours aux dispositifs de détection et crée un centre de coordination conjoint « chargé de recueillir et partager toutes les informations nécessaires au contrôle des biens et de personnes circulant entre la France et le Royaume-Uni » [7]. Les accords franco-britanniques de 2014 et 2015 sont venus compléter cet empilement de textes.

      Retracer de manière précise et tenter de cartographier l’évolution des dispositifs mis en place autour de la frontière franco-britannique n’est pas chose aisée. En effet, l’accès à l’information est relativement restreint, du fait notamment de la multiplicité des acteurs impliqués (services de l’État, gestionnaires des sites portuaires et du tunnel, prestataires de sécurité privés, etc.) et du manque de transparence qui en résulte. Dans ses déclarations, le porte-parole d’Eurotunnel indique que « depuis l’apparition des clandestins [sic] dans le Calaisis, Eurotunnel a, au-delà de ses obligations contractuelles, investi massivement dans les moyens physiques (clôtures, éclairages, caméras, barrières infrarouges) et humains de protection du terminal de Coquelles : plus de 160 millions d’euros, dont 13 millions d’euros au premier semestre 2015 » [8]. Difficile d’évaluer finement ce que coûte cette surenchère. Cette question fait l’objet d’une bataille de communication, notamment entre l’État et Eurotunnel, le premier reprochant au second de ne pas en faire assez en matière de sûreté tandis que le second réclame toujours plus d’aides pour protéger le site. L’affaire, connue sous le nom de « contentieux de Sangatte », s’est d’ailleurs conclue devant les tribunaux en 2003 par une victoire d’Eurotunnel qui a obtenu de la France et de la Grande-Bretagne une indemnisation pour les investissements qu’il avait consentis à cet effet [9].

      Du coût humain, il n’en est bien entendu pas question. Aux morts recensées s’ajoutent celles qui n’ont pu l’être. Par manque de sources, car « il y a suffisamment à faire avec les vivants [10] » ou par oubli tout simplement. Et puis il y a les personnes blessées, « des jeunes aux mains et aux jambes lacérées par les barbelés qui entourent le site d’Eurotunnel […] ces clôtures [qui] déchiquettent la peau de manière anarchique [11] ». Mutilées ou accidentées, ces personnes n’entrent dans aucun décompte. Le 21 octobre 2001, dans La Voix du Nord, la journaliste Sophie Leroy titrait son article « Assez de mort aux frontières » [12] en reprenant l’un des slogans de la manifestation organisée à Calais par le collectif C’Sur [13] pour dénoncer cette frontière meurtrière. Quinze années plus tard, la liste des morts n’a cessé de s’allonger.

      https://www.gisti.org/spip.php?article5426

  • #Frise_chronologique. Histoire des luttes des immigrations

    La #frise chronologique « Histoires de luttes des immigrations » est un outil multimédia de valorisation des expériences collectées dans les ateliers de récits de vie « Petits Histoires- Grandes Histoires ».

    Cette mini-encyclopédie est nourrie des #souvenirs des participant-e-s, leurs expériences, leurs parcours familiaux et migratoires, avec des événements qui font le lien entre l’histoire personnelle, locale, nationale et internationale.


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  • Infographic: 4,000 Years Of Human History Captured In One Retro Chart
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    If time is a river, the Histomap, created by John B. Sparks and first published by Rand McNally back in 1931, is a raging Mississippi. In that massive river of time, each of humanity’s great civilizations becomes a confluence that ebbs, wanes, and sometimes ebbs again, each a separate current in a river that inexorably rages down to the mouth of the present day.

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  • The Histomap. - David Rumsey Historical Map Collection
    http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~200375~3001080:The-Histomap-#

    The Histomap. Four Thousand Years Of World History. Relative Power Of Contemporary States, Nations And Empires.

    Une image emprunté à slate pour la prévisualisation, mais il faut aller sur le lien pour pouvoir naviguer dans la carte à haute résolution.

    A noter que si la carte d’origine est « Four Thousand Years Of World History », Slate titre son article « The entite history of the world » gommant au passage l’histoire de l’humanité pré-civlisationnelle. Et d’ailleurs la carte de Rumsey a aussi ce #biais car ce n’est pas une « carte » historique du monde mais des #empires. Car je rappelle qu’il y a 500 ans à peine les chasseurs cueilleurs occupaient un tiers du globe, et bien plus encore à la date de début de la fresque.

    #visualisation #civilisation

  • The 1931 Histomap: The entire history of the world distilled into a single map/chart.

    http://www.slate.com/blogs/the_vault/2013/08/12/the_1931_histomap_the_entire_history_of_the_world_distilled_into_a_single.htm

    Assez impresionnant...

    The Vault is Slate’s history blog. Like us on Facebook, follow us on Twitter @slatevault, and find us on Tumblr. Find out more about what this space is all about here.

    This “Histomap,” created by John B. Sparks, was first printed by Rand McNally in 1931. (The David Rumsey Map Collection hosts a fully zoomable version here.) (Update: Click on the image below to arrive at a bigger version.)

    #visualisation #infographie_avant_l_heure #histoire #cartographie