Evidemment c’était en 1949, évidemment le nom du cher Gaston Bachelard ne dit plus grand-chose, et même quasiment rien sûrement, aux jeunes oreilles qui nous écoutent ce soir, évidemment tout cela peut apparaître à ceux qui ne jurent plus que par Twitter, Facebook et le Web, comme une histoire de Néandertal….
Et pourtant la #radio, cette bonne vieille TSF, reste le medium le plus inventif, le plus souple, le plus proche des gens, et, je vous l’affirme, le plus indispensable à la construction d’une pensée autonome, critique, responsable. Là où la télé nous anesthésie les neurones, la radio nous les dope !
Et quand les réseaux sociaux nous abreuvent de rumeurs et d’invectives, de cris de haine, de théories complotistes débiles et de commentaires imbéciles, la radio, quand elle ne s’abaisse pas à copier ces nouveaux modes de vie, nous apporte du grain à moudre, des motifs de réflexion, des questions à méditer bien plus intéressantes que des réponses toutes faites, de la vie, de la pensée, des souvenirs, de la mémoire.
L’Humeur Vagabonde s’apprête à ranger ses cahiers et ses crayons pour des vacances bien méritées. Comme à chaque fois, depuis quinze saisons que nous officions, cette dernière émission sera hors programmation normale.
Ce soir nous n’aurons que trois mots à vous dire : Vive la radio ! Mais de #service_public bien entendu….
La radio, vous le savez déjà, c’est la conjonction, l’addition, de nombreux savoir-faire, de multiples talents, regards, imaginaires et compétences.
Et aujourd’hui est le jour de l’année où je rends hommage à tous ceux et toutes celles qui me font, jour après jour, aimer être ici.
Valérie Ayestaray, d’abord, parce qu’elle est devenue l’élément indispensable qui unit et embellit nos différences. C’est elle le pivot de l’équipe et j’admire son infinie patience, sa capacité de travail, son formidable talent pour habiller les lectures et son écoute jamais en défaut. Grâce à elle et à nos deux magiciens du mixage, Rémi Quincé et Basile Beaucaire, les éléments que nous diffusons durant l’émission sont de purs plaisirs de radio.
Tout comme les fabuleuses archives que Claire Teisseire va dénicher à l’INA, avec l’aide précieuse de Sophie Gillery, Arnaud Plançon et Clary Monarque. Cette mémoire-là, celle de la radio publique, nous aide à mieux regarder le présent.
Anne-Sophie Dazard est la vigilante tête chercheuse de l’émission grâce à qui nos invités ne sont pas ceux qui tournent en boucle partout ailleurs, et son sourire notre anti brouillard des jours « sans ».
Mais, pour contenir la morosité dans les limites du raisonnable, nous pouvons aussi compter sur notre super programmation musicale, taillée sur mesures pour nos oreilles délicates par notre si cher Mr Djub, programmateur de luxe !
Et puis , bien sûr, vous connaissez les noms de notre belle équipe de jeunes reporters qui, chaque soir, ouvrent pour nous les portes capitonnées du studio 611 sur la vraie vie, l’ailleurs, ses bruits, ses odeurs, ses paroles chuchotées ou assénées.
Toujours intelligents, toujours touchants, ces reportages sont la preuve que nous sommes vivants : que soient remerciés pour leur apport indispensable Rémi Douat, Vinciane Laumonier, Elsa Daynac, Martine Abat, Gladys Marivat, Mariannick Bellot, Cerise Maréchaud et Léa Minod, qui reprendront tous du service l’année prochaine, bien sûr.
Ce soir à la console, en régie, c’est l’ami Philippe Duclos qui a le droit de vie et de mort sur nos paroles, et en fait, je me sens assez en sécurité. Comme d’ailleurs avec tous nos amis techniciens qui nous permettent de travailler en confiance, avec bonheur et, parfois même, de nous sauver du naufrage.
Vous n’avez évidemment pas oublié que la radio publique était en grève il y a quelques semaines, toute la radio publique. Vous n’avez pas eu droit à beaucoup d’explications claires sur les raisons de ce mouvement qui fut le plus long de l’histoire de la maison ronde.
Il faut savoir que nous n’avons pas la possibilité de nous servir de l’antenne pour exposer les raisons d’une grève. Mais, contrairement à ce qu’un quotidien du soir a osé écrire à ce propos, dans un éditorial courageusement non signé, ce n’était pas par refus du changement ni pour défendre des privilèges. Sinon, oui, le seul qui nous importe vraiment : pouvoir continuer à faire de la belle radio, celle qui nous fait honneur et qui, je le sais, est celle que vous voulez.
Une radio publique n’est pas, comme on nous le fait entendre, un luxe, résidu d’un autre temps où l’on en avait les moyens. C’est un des piliers essentiels de notre communauté nationale, une ouverture sur la culture pour tous, et une voix fraternelle qui vous parle au creux de l’oreille.
Alors Que Vive la Radio Publique, même si les temps changent !