Projet » Industrie européenne : l’heure des choix

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    http://www.revue-projet.com/articles/2014-04-defraigne-industrie-europe-heure-des-choix

    Fonder la prospérité européenne sur les services est un leurre. Mais face à la désindustrialisation, l’UE réagit de façon désordonnée, avec des moyens dérisoires. Elle met ses États membres en compétition, au lieu d’investir dans l’intégration de ses grands groupes industriels et dans la promotion des PME à travers un appui massif à l’innovation, à l’économie circulaire et au capital humain.


    L’Europe a subi le choc de la globalisation dans ses œuvres vives, l’industrie manufacturière dont elle partageait, avec les États-Unis et le Japon, le monopole vis-à-vis des pays du Sud. Mais à quel point l’Europe s’est-elle désindustrialisée ? Faut-il le regretter ? Quelles réponses apporter ? Nous aborderons ici ces questions et nous esquisserons les contours d’une politique industrielle européenne, ainsi que ses conditions politiques, avec la conviction que l’industrie reste la colonne vertébrale incontournable du développement d’une économie avancée.....

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    L’Allemagne impose des restrictions sur les salaires pour réaliser des profits réinvestis au-dehors.

    Est-ce cette évolution que l’on envisage pour l’Europe ? N’est-il pas plus raisonnable de songer à un recyclage des déficits et des surplus courants intra-européens, à travers un budget central pour l’eurozone, pour améliorer la convergence interne et réaliser un équilibre au niveau européen ? Plutôt que de pousser la compétitivité plus loin encore, n’est-il pas préférable d’exploiter la demande interne pour stimuler la réindustrialisation, par des investissements en recherche et développement, en infrastructures, en économie d’énergie, financés par des project bonds à travers le budget de l’eurozone ?

    Une politique industrielle européenne verticale se justifie pour trois raisons. Il s’agit de réaliser l’unité du marché unique (énergie, infrastructure de réseaux) là où elle reste à finaliser. D’assurer une percée technologique dans des secteurs à fort impact économique (énergie, digital), sociétal (vieillissement, santé) et stratégique (industries de défense), parce que les forces de marché n’assurent pas de progrès suffisant en raison de leur myopie intrinsèque. De progresser, enfin, dans les technologies à applications multiples et trans-sectorielles (nanotechnologie, technologies digitales, bio-ingénierie, matériaux avancés, photonique, systèmes avancés de fabrication).

    La globalisation intra-européenne rend les politiques nationales obsolètes et appelle une forte coordination des capacités innovatrices pour les différents segments de la chaîne de production. Cette réindustrialisation de l’Europe reposera sur trois piliers : l’élévation de la capacité d’innovation bien sûr, dans ses deux fondements scientifiques (recherche et développement) et institutionnels (financement communautaire et accompagnement public par les normes et les marchés publics). Mais aussi la dé-carbonisation et la promotion d’une production circulaire qui exploite le recyclage des déchets et l’efficience énergétique maximum. Et finalement la valorisation du capital humain. La réindustrialisation de l’Europe doit donc s’articuler à la fois sur ses avantages comparatifs propres (le potentiel de connaissance, les terroirs, les savoir-faire dans la culture, l’artisanat et le luxe) et sur les enjeux de société (soutenabilité environnementale, vieillissement, cohésion d’une société métissée) qui vont dominer les prochaines décennies......

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