Je peux comprendre qu’on soit pas content après une telle expérience, mais le billet et l’action en justice m’inspirent plusieurs réflexions :
C’est vrai que l’action en justice et la condamnation est totalement inouïe, disproportionnée, etc... je me demande même comment un juge sain d’esprit a pu décider qu’il fallait « punir » cette « dérive » de la liberté d’expression. Je suis d’accord sur l’idée, et ce n’est pas tellement ça qui me chagrine.
On a tous fait des expériences désastreuses de consommation, et ici, c’en est une assez bien réussie, mais franchement, parler de « censure » et de sacro-sainte défense des commerçants", je n’y crois pas une seconde : et ça méritait certainement pas une description aussi précise. Et elle, elle ne s’attaque pas au commerce comme tu dis, elle est DANS le commerce, en plein dedans, elle participe au système.
Ça me fait quand même marrer, par exemple, qu’elle s’offusque qu’on lui propose pas d’apéritif parce que « c’est son droit, non ? » :) alors que d’autres millions de consommateurs s’offusquent qu’on leur en propose un parce que c’est « pousser à la consommation ». Tout est relatif. Le reste de son billet est tout aussi navrant.
Ça me fait un peu penser à ceux qui décortiquent pour la millième fois les crapuleries de bhl ou Finkielkraut de manière plus ou moins cynique et ça sert à rien (Allain Leprest chantait : « Il pleut sur la mer, et ça sert à rien... »). Tout le monde s’en fout, la portée de ces imposteurs est vraiment très minimes (même si on continue de les voir souvent dans les médias).
Forum, sites etc regorgent de ces récits qui n’apportent rien : et @stephane, tu nous dit que « Les commentaires sur ce restaurant sur TripAdvisor correspondent au récit de la blogueuse » :
D’accord, et alors ? Est-ce que c’est représentatif ? Est-ce que ça tient compte de tous les avis ? Que sait-on vraiment de ce qui s’est passé ce jour là dans les cuisines du restau, ou dans la vie privée de la restauratrice ? ou des relations entre la restauratrice et ses serveurs ? Sur la qualité réelle de la nourriture ? rien. Aucun instrument ne nous permet de savoir aujourd’hui si Trip Advisor et les sites équivalents qui proposent une interactivité avec les Internautes ne sont pas plus ou moins fake(s), un lamentable moyen marketing de plus au service du fric. Comme les sites qui ne cherchent qu’à faire du buzz avec des titres putassiers et un contenu récupéré ici et là (sans parler des sites d’émissions de télé ou de radio où l’on feint de demander (et de tenir compte) de l’avis du public.
Ce qui m’énerve, justement, c’est cette dérive, la facilité avec laquelle on peut trafiquer la connaissance, le savoir, les faits sans vérifier, sans alternative parce que ça demanderait une autre approche, plus méthodologique, plus sérieuse.
Pour finir, ça n’a à voir que très indirectement, mais ça me rappelle l’histoire, que je tiens de plusieurs anciens collègues journalistes du Monde, de l’article sur Johnny Hallyday proposé au Monde par Daniel Rondeau en 1995 si je me souviens bien. Rondeau s’était présenté comme journaliste ayant fait une enquête sur Johnny Hallyday, et révélé entre autre qu’il avait consommé de la drogue... et proposait au monde le papier en exclusivité. Le Monde à l’époque - après avoir hésité - a finalement publié le papier en pensant avoir capté le truc exceptionnel de l’année... pour se rendre compte dans les semaines qui suivirent que d’autres quotidiens et hebdo avait aussi publié des contributions, sous des angles différents, certes, sur Johnny Hallyday... avant la sortie de son album et/ou sa tournée de concert ! Le Monde découvrait, mais un peu tard, que ses colonnes (son espace rédactionnel donc) faisait parti d’un superbe plan média marketing mené par les conseillers de Johnny. Petite douche froide.