Le récit de mort et de dévastation d’un jeune homme de Gaza, survivant de l’attaque de Khuza’a · Global Voices en Français

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  • Le récit de mort et de dévastation d’un jeune homme de Gaza, survivant de l’attaque de Khuza’a
    http://fr.globalvoicesonline.org/2014/07/28/172737

    Le premier raid était sur la route vers Khan Younis, isolant Khuza’a. Le second a touché les transformateurs électriques. Le troisième, les tours de téléphonie mobile. Le quatrième, les lignes terrestres. Nous étions seuls, il faisait nuit noire à Khuza’a, et le bombardement ne cessait pas. Les avions pilonnaient tout. Le verre tombait des fenêtres, les éclats d’obus volaient dans les maisons et tout autour de nous. Nous nous sommes abrités dans un endroit que nous avons cru moins dangereux, en prenant une position dont nous avons cru qu’elle nous protégerait. Nous comptions les attaques et calculions les probabilités : est-ce le son d’un missile qui arrive sur nous ? Cet obus est-il dans la maison ? Pourquoi il n’a pas explosé ? La maison d’untel est-elle visée ? Telle-ou-telle mosquée ? Ceci est une attaque de F16, et ça, un bombardement d’artillerie. Toute la nuit a passé à essayer de garder notre raison et ce qui restait de nos nerfs.

    Au matin ils nous on dit de sortir, que la Croix Rouge à l’entrée du village garantirait notre retraite. Sortez, l’armée ne veut pas vous faire de mal ; l’opération vise vos maisons, vos rues, votre terre et chaque aspect de votre vie, mais vos vies elles-mêmes ne sont pas la cible. Trois mille d’entre nous sont sortis. Nous marchions en une foule aussi massive que celle de Shuja’iya quelques jours auparavant, comme celle de nos aïeux il y a 66 ans. En marchant, nous avons vu avec stupeur l’ampleur des destruction d’une seule nuit. Nous marchions comme si nous faisions nos adieux à ce qui restait. Mais ce n’était pas l’important ; il fallait geler ses sentiments et se concentrer sur ses pieds.

    Nous avons atteint le point où ils nous avaient dit d’aller, et avons trouvé une ligne de chars, et rien d’autre. Nous venions de comprendre que c’était un piège quand ça a commencé à tirer de tous les côtés.

    Et ensuite ? Les gens fauchés, les cris, le chaos total.

    #crime_de_guerre