Yves Clot : « L’institution compte sur les enseignants mais ne fait rien pour eux »

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  • « L’institution compte sur les enseignants mais ne fait rien pour eux » (Yves Clot, L’Humanité)
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    Faire un travail que l’on aimerait faire correctement mais qui reste « ni fait ni à faire » bien qu’on sache comment le faire correctement est ravageur. La dignité professionnelle est un facteur de santé et d’efficacité. S’y joue également la reconnaissance. Etre reconnu, pas seulement par quelqu’un, son directeur, son inspecteur mais se reconnaitre soi-même dans une histoire commune, des valeurs, une technique tout ce qui fait justement le métier.

    Il est fondé sur quatre choses en même temps et c’est un conflit. Un conflit de critères. Un métier est à la fois très personnel, même intime pour un enseignant. Cela correspond à la capacité d’être seul, à prendre des décisions. Il est également interpersonnel. On partage des situations. Et trans-personnel. Cela se passe du côté de la mémoire, de l’histoire collective, qui vient de loin pour les enseignants, histoire des techniques, des valeurs au nom de quoi on fait les choses. Enfin, il est fondé sur un quatrième registre, impersonnel cette fois qui concerne la prescription, les procédures, les objectifs, l’organisation officielle du travail. La prescription ne doit pas être laissée aux prescripteurs sinon cela revient à de la subordination L’un des drames du travail contemporain résulte du fait que les gens ont beaucoup de responsabilités dans l’exercice de leur travail mais très peu de droits pour décider de l’objet et du contenu de leur travail. Le milieu enseignant n’est pas à l’abri de ce phénomène.

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