• Article11 - « L’ego dans son enclos » - JBB
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    Photo André Mérian.

    C’est une charge à l’arme lourde. Violente et résolue. Au fil des pages du Cauchemar pavillonnaire, Jean-Luc Debry dégomme tous azimuts. Ses cibles ? L’idéologie des classes moyennes et leur étroit horizon, réduit au conformisme de la seule consommation. L’inanité des zones pavillonnaires et l’enfermement de ceux qui les habitent dans le triste « huit-clos de l’ego ». L’obsession de la sécurité, le culte de la marchandise. Et la duplication des non-lieux (autoroutes, chaînes hôtelières, centres commerciaux, rues piétonnes, etc.), espaces fonctionnels « sans mémoire, sans passé et sans doute sans futur ».

    Mais si Le Cauchemar pavillonnaire a tout du jeu de massacre, petites espérances et grandes médiocrités des classes moyennes en ligne de mire, il ne faut surtout pas le résumer à sa seule brutalité pamphlétaire. L’essai dessine surtout le détaillé et percutant portrait d’une société dans laquelle toute ambition individuelle se réduit à la jouissance du consommateur. Un monde étriqué et corseté, fait de repli sur soi et d’addiction marchande.

    Ce constat, Jean-Luc Debry le poursuit avec Départ volontaire2. Un roman (noir) qui prend l’entreprise et ses logiques sacrificielles pour décor, campant de veules employés et de détestables chefs de bureau. Des personnages de fiction qui semblent taillés pour habiter le tableau brossé dans Le Cauchemar pavillonnaire. L’essai et le roman se complètent, comme pour mieux souligner la cohérence d’un univers mesquin aux mécanismes affûtés.

    Jean Meslier : http://data.bnf.fr/documents-by-rdt/11915728/70/page1