person:sylvie tissot

  • L’homophobie vient-elle (vraiment, et seulement) d’en bas ? | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/L-homophobie-vient-elle-vraiment-et-seulement-d-en-bas-1997

    Il existe aujourd’hui une condamnation officielle de l’homophobie, et une politique de reconnaissance de l’homosexualité – à travers notamment la légalisation du mariage des couples de même sexe. Cette gayfriendliness institutionnelle résulte en bonne partie de la pression des mouvements sociaux, mais elle a aussi été entérinée et organisée à des fins de diversion – et de stigmatisation parfois explicite des « autres », présentés comme homophobes : les classes populaires, les minorités racisées et le « monde musulman ». C’est ce qu’ont montré plusieurs travaux consacrés à l’« homonationalisme » – terme forgé pour critiquer ces opérations politiques menées au nom du progressisme. Plusieurs réponses ont déjà été apportées pour les contrer, certaines allant malheureusement jusqu’à disqualifier toute lutte contre (...)

  • Les « mecs de gauche ». Réflexions sur nos amis dans l’ère #Me Too | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/Les-mecs-de-gauche

    #MeToo est comme une vague immense, qui ne cesse de se gonfler à partir des minuscules gouttes-d’eau-qui-font-déborder-le-vase, qui font qu’il n’est plus possible de se taire, que le spectacle d’hommes paradant dans leur coolitude, voire leur féminisme, à coup de rouge à lèvres comme D. Baupin, ou de ralliement bruyant et intéressé à la cause des femmes, est soudainement insupportable. Chacun ses moments. Source : Les mots sont importants

    • @raspa Très intéressant. Après pour moi, ce qui est pointé, c’est la différence entre une posture morale (parce que c’est « bien », parce qu’on veut des cookies) et une réelle posture militante (qui peut prendre plein de formes, mais qui engage une réflexion sur soi et ses pratiques, une recherche de cohérence, qui ne sera jamais atteinte à 100%, mais c’est pas pour autant qu’on cherche pas à faire mieux). C’est exactement à cette posture réflexive et pas seulement « savoirs froids + belles actions » que Floréal Sotto invite avec son anti-discrimachine : http://leszegaux.fr/notre-action/lengagement-contre-les-discriminations
      Sur l’écologie, effectivement, j’aurai 1 milliard d’exemples (cette blogueuse qui faisait la leçon sur l’importance d’utiliser des crèmes de soin bio pour préserver la santé et la planète pour nos enfants... tout en prenant l’avion en famille au moins une fois par mois pour ses loisirs... Misère). Et le mécanisme demanderait vraiment à être creusé pour voir comment on peut le contourner. Parce que même avec notre meilleure volonté militante et réflexive, les réflexes discriminatoires par exemple sont quand même très ancrés. Les miens me font régulièrement peur...

    • Pour moi ça va plus loin (même si c’est très lié à cette question de cohérence militante). Ca ressemble à un biais psychologique, inconscient, lié aux identités collectives. Ce n’est pas anodin que ça vienne du Québec, où j’ai entendu plusieurs fosi (et c’est souvent rapporté) qu’on prend l’argument que le Québec serait ouvert et accueillant pour, justement, refuser des droits notamment aux migrants / étrangers ou sortir des paroles terriblement racistes. Un peu comme la France, qui s’identifie comme « pays des droits de l’homme », devient étrangement aveugle aux violations des droits humains dont son gouvernement se rend coupable. Ou d’un pays faiseur de guerre comme les USA qui a l’étrange sentiment que tout le monde les déteste.

      Je prends beaucoup d’exemple lié aux identités nationales mais c’est vrai aussi au niveau individuel. Illustration :

      https://twitter.com/Melusine_2/status/1102959315521077248

      Où sous prétexte qu’on fait un article sur les inflexions féministes dans certaines grosses productions hollywoodiennes, on se permet grassement de caser tous les clichés sexistes connus.

  • Edwy Plenel : voyons un peu de cohérence !

    Dans son dernier article, M.Plenel appelle à l’union des Gauches. On aurait aimé voir un Plenel aussi combatif au moment des perquisitions, lorsqu’on lui parlait de la montée d’un fascisme d’État et que la rédaction de Médiapart a hurlé encore plus fort que les "macronistes". Ensuite on va jouer au révolutionnaire sur les plateaux de TV, on lance des appels à la Gauche, MAIS QUELLE GAUCHE ?

    M.Plenel considère que le mouvement des Gilets Jaunes profitent au RN, il reprend ainsi les éléments de langage du gouvernement relayés par tous les grands médias. Il ne doit pas se souvenir du résultat des européennes 2014. C’est assez facile à comprendre, car Médiapart après avoir passé son temps à dénigrer Jean-Luc Mélenchon, ignorer le programme de France Insoumise et ainsi participer à l’élection du favori de toute la sphère médiatique , doit se trouver fort démunis d’un si piètre résultat, lui qui souhaitait éviter le chaos.

    Pour rappel M.Plenel : 134 économistes issus de 17 pays qui signent une tribune pour afficher leur soutien au candidat de la France insoumise.

    Dans leur texte, ces économistes dénoncent "les politiques de coupes dans les dépenses publiques, de démantèlement de l’État social et du droit du travail, menées sans relâche par les gouvernements précédents" et poursuivies, selon eux, par Emmanuel Macron et François Fillon. "Elles ne conduisent qu’à plonger le pays dans le cercle vicieux du chômage et de la précarité, terreau de la montée du FN", ajoutent-ils.

    Résultats Européennes 2014 :

    M.Plenel pourrait nous expliquer ce qu’il avait lu comme mesures dans le programme de Macron qui aurait été susceptibles de réduire les inégalités, réduire la précarité, éviter le démantèlement des services publics, favoriser l’aménagement du territoire, augmenter la démocratie participative, éviter une nouvelle casse du droit du travail donc de lutter contre la montée du FN.

    Il est à noter que le FN représente le fonds de commerce de nombreux journalistes, ils en ont besoin pour se la jouer gauche bien pensante, donneurs de leçons, gardien du temple, dernier rempart contre la privation de nos libertés. Mais jamais ils ne s’attaqueront aux causes réelles de la montée du FN, c’est à dire le libéralisme et l’UE. Ils préfèrent lancer des pétitions et traiter de sectaire ou d’ignare toute personne qui émettrait un avis contraire.

    Au delà de l’indignation, suscitée par cette attitude, se pose la question de « La lepénisation des esprits », et c’est précisément le rôle joué par la classe politique et les « intellectuels » dans la montée du Front national qu’il conviendrait d’expliquer ? Une tentative d’explication nous est fournie par Pierre Tevanian, Sylvie Tissot dans un ouvrage « La lepénisation des esprits », qui revient sur trente ans de dérive politique, médiatique, culturelle, qui ont abouti, à cette nouvelle présence du FN au second tour de la présidentielle. Mais M.Plenel comme une grande partie de la caste médiatique détient la vérité, il n’a par conséquent aucune responsabilité et on devrait le remercier pour son formidable travail d’information en toute indépendance et sans aucun partis pris.

    M.Plenel aurait quand même pu s’abstenir et ne pas donner des leçons de morale à des Insoumis qui se sont déplacés dans les quartiers populaires qui ont participé à la campagne de France Insoumise et qui cage d’escalier par cage d’escalier ont réussi à arracher des voix au FN. Pour la première depuis des décennies France Insoumise a fait reculer le FN.

    « Bilan d’une sidérante absence de pédagogie antifasciste : 65 % des Insoumis disent ne pas vouloir voter contre Le Pen », tweete aussitôt Edwy Plenel (2 mai). Aux yeux du fondateur de Mediapart, ces grands enfants ignares appellent une rééducation.

    Et M.Plenel qui n’a absolument rien fait dans sa cage dorée, vient ensuite nous traiter d’ignares, nous dire que nous avons besoin de pédagogie anti fasciste. Avouez que c’est un peu fort de café et totalement ridicule. Médiapart aurait éventuellement pu reconnaître son erreur mais non la rédaction continue son travail de sape et essaye avec une malhonnêteté intellectuelle incroyable de dénigrer France Insoumise lors des législatives, de critiquer la composition des listes aux européennes, l’engagement des Insoumis contre la casse du droit du travail ( Mélenchon contre les syndicats ), les comptes de campagne ( rien sur Hamon qui a claqué un pognon de dingue) et l’apothéose c’est Médiapart qui lance l’offensive lors des perquisitions qui prend la tête du bashing. Comme le souligne Jacques Sapir : Le fait qu’une certaine « gôche » ait décidé de joindre sa voix à la meute des macronistes, de Hamon à Médiapart, n’y change rien. Ou plutôt, cela confirme la déliquescence morale de ces personnages et institutions.

    Et maintenant, on pleurniche à l’union des Gauches, c’est tout simplement pathétique !

    Joyeux Noël, M.Plenel !

    https://blogs.mediapart.fr/alberteins/blog/241218/edwy-plenel-voyons-un-peu-de-coherence

  • Gayfriendly. Acceptation et contrôle de l’homosexualité à Paris et à New York | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/Gayfriendly

    Que veut dire être gayfriendly ? Avoir des amis gais ? Soutenir le « mariage pour tous » ? Envisager sans effroi que sa fille devienne lesbienne ? Sortir dans des bars gais et même renouveler ses propres pratiques sexuelles ? Il n’y a pas de « bonne » gayfriendliness, mais des attitudes différentes, en France et aux Etats-Unis, variables selon les âges, le sexe et les parcours de vie. L’acceptation de l’homosexualité, qui progresse indéniablement, n’est pas non plus réservée aux plus riches : ces derniers l’ont plutôt intégrée au sein d’une morale de classe qui leur permet de se distinguer des pauvres, des habitants des banlieues ou encore des populations racisées. Interviewer des hétérosexuels de milieu aisé montre que, dans des espaces de tolérance et de mixité comme le Marais à Paris et Park Slope à (...)

  • « Je ne suis pas féministe, mais... »

    Cet abécédaire, long entretien filmé de #Christine_Delphy avec Sylvie Tissot, explore en 26 lettres les concepts clefs de la théorie féministe (Genre, Travail domestique…) tout en revenant sur les épisodes de la vie de Delphy, ses rencontres et les événements historiques auxquels elle a participé. Il figure, avec le film Je ne suis pas féministe mais…, dans un coffret DVD. Nous souhaitons aujourd’hui le rendre accessible en intégralité au plus grand nombre. Le voici, de A comme Amitié à Z comme Zizi, qui rythmera, en feuilleton, le cours de votre été.

    http://lmsi.net/-Je-ne-suis-pas-feministe-mais,201-

    #féminisme #vocabulaire #mots #terminologie #film #dictionnaire

    • Bon, c’est plus pratique, alors je fais le taf de tout compiler.

      A comme Amitié
      Qu’est-ce que le féminisme a à voir avec l’amitié, et même avec l’amour ? Si le féminisme désenchante certaines relations, notamment les relations hétérosexuelles, il naît à la faveur de rencontres, joyeuses, intenses et créatrices. C’est ce dont témoigne Christine Delphy dans la première lettre, qui fait écho aux liens (entre sœurs, entre féministes, entre générations, souvent d’accord mais pas toujours) à l’origine de ce projet.
      https://vimeo.com/190077328

      B comme Beauvoir
      Dans une émission enregistrée en 1985, Christine Delphy, née pendant la seconde guerre mondiale, est invitée avec Simone de Beauvoir, auteure du Deuxième sexe publié en 1949, pour discuter de leur engagement féministe. Simone de Beauvoir fait partie des rencontres qui ont compté dans la trajectoire de Delphy et son soutien a été crucial pour les militantes du MLF. Comment s’est fait ce croisement de générations, ce passage de relais, et quelle forme exactement a pris ce soutien ?
      https://vimeo.com/191829142

      C comme Communautarisme
      Qu’est-ce que le communautarisme ? Ou plutôt de quoi parle-t-on quand on brandit le spectre du « communautarisme » ? Analyse d’un mot piège qui, comme l’« intégration », permet tout simplement de ne pas parler de racisme et d’incriminer ses victimes.
      https://vimeo.com/192669431

      D comme Désengagement
      Les contradictions font partie de l’expérience de toutes les féministes : être en couple et subir l’inégalité dans la répartition des tâches domestiques, avoir des enfants et s’éloigner des modes de vie alternatifs, etc. Que faire de ces contradictions et nous rendent-elles moins féministes ?
      https://vimeo.com/197268717

      E comme Enfant
      Le désir d’enfant n’a rien de naturel, mais l’obligation d’en avoir, pour une femme tout particulièrement, est très sociale.
      https://vimeo.com/198319954

      F comme Famille
      La famille, en distribuant des rôles à chacun et chacune de ses membres, crée des hiérarchies. Christine Delphy raconte comment elle a pris conscience dès l’enfance des inégalités entre les hommes et les femmes.
      https://vimeo.com/199863783

      G comme Genre
      Il est souvent reproché aux mouvements féministes et homosexuels d’abolir la différence des sexes, voire le sexe tout court. Les femmes et les hommes sont-ils si différents, et le cas échéant est-ce la nature ou le conditionnement social qui explique ladite différence ? C’est pour poser ces questions, et y répondre, que les féministes se sont emparées des concepts de sexe biologique, de sexe social, et de genre.
      https://vimeo.com/200877823

      H comme Harcèlement
      Christine Delphy revient ici sur l’affaire Anita Hill / Clarence Thomas, et plus largement sur les affaires de harcèlement sexuel et leur traitement, aux Etats-Unis et en France. L’occasion de déboulonner quelques clichés sur « le puritanisme américain » et la « culture française de la séduction »… et de souligner le déni français en la matière, et l’indigence des politiques publiques.
      https://vimeo.com/202398537

      I comme IVG
      Christine Delphy revient ici sur la rédaction, la publication et l’impact du « Manifeste des 343 » pour le droit à disposer de son corps, dont elle fut l’une des principales initiatrices.
      https://vimeo.com/205679327

      J comme Joie et Rabat-Joie
      Manque d’humour, autoritarisme, mocheté... Les féministes font face à de constantes stigmatisations, dont elles doivent toujours se défendre. Et avant tout, « elles n’aiment pas les hommes ». Comment comprendre ce lieu commun ?
      https://vimeo.com/207696763

      K comme Kilo
      Derrière les injonctions pesant sur les femmes (être mince sans l’être trop, sexy mais sans "faire pute"), se cache l’idée que leur corps doit toujours rester désirable et accessible aux hommes.
      https://vimeo.com/207696890

      L comme Libéralisme
      « Comment articulez-vous la lutte féministe à la lutte des classes ? Et d’ailleurs êtes-vous vraiment anti-capitalistes ? » : telles sont les questions auxquelles les féministes sont souvent sommées de répondre. Christine Delphy revient sur sa trajectoire politique et les relations conflictuelles qu’elles a entretenues avec les représentants auto-proclamés de la classe ouvrière.
      https://vimeo.com/208708456

      M comme Militant
      Christine Delphy revient sur l’amitié singulière que certains hommes militants portent aux féministes : soutien à la cause mais efforts soutenus pour la cadrer, et rappeler inlassablement aux femmes qu’elles ne sauraient, sans eux, s’émanciper correctement.
      https://vimeo.com/208709972

      N comme Non Mixité
      Le fait de se réunir entre elles, sans hommes, a permis aux militantes du MLF de respirer, de libérer leur parole, de mieux se comprendre, de réaliser leur commune condition et de réfléchir aux moyens de lutter. Delphy analyse ici comment la remise en question de la non mixité, parfois par les femmes elles-mêmes, peut relever d’un sentiment d’infériorité intériorisé.
      https://vimeo.com/212714658

      O comme Outre-Atlantique
      Dans ses analyses critiques des discours en France, Delphy montre que les États-Unis apparaissent souvent comme le grand repoussoir, notamment quand il s’agit de leurs luttes progressistes contre les discriminations.
      https://vimeo.com/215490856

      P comme Parité
      « J’étais bien pour les résultats de la parité, mais pas avec les argumentaires essentialistes ». Christine Delphy défend ici les politiques de parité homme femme au nom du principe simple de « l’action positive », affirmative action, connue – et décriée – en France sous le nom de « discrimination positive ».
      https://vimeo.com/215490901

      Q comme Questions féministes
      Fondatrice avec Simone de Beauvoir de la revue Questions féministes, parue entre 1977 et 1980, puis de Nouvelles questions féministes, qui parait depuis 1981, Christine Delphy a consacré de nombreuses années à l’animation et à l’organisation de ce travail collectif, à la fois scientifique et militant. Une double identité souvent mal acceptée...
      https://vimeo.com/217254245

      R comme Religion et engagement féministe
      Christine Delphy revient ici sur la loi de 2004 interdisant le voile dans les écoles publiques, une loi qu’elle qualifie de « loi d’exclusion », d’inspiration « néo-colonialiste ». L’occasion d’interroger aussi une « laïcité » trafiquée, et la singulière injonction à « s’habiller comme tout le monde ».
      https://vimeo.com/218672199

      R comme Religion et oppression des femmes
      Christine Delphy critique ici les tendances anti-religieuses qui se sont manifestées dans les campagnes « anti-voile », et plus largement l’idéalisme qui consiste à se focaliser sur des « idéologies » plutôt contre des « structures sociales ».
      https://vimeo.com/217909564

      S comme Sexe
      Le féminisme matérialiste et son indispensable analyse des mécanismes de domination sont-ils incompatibles avec les approches queer et l’attention qu’elles accordent aux formes individuelles de subversion ? Celles-ci nous font-elles forcément oublier les mécanismes structurels d’oppression ? Comment tenir compte, alors, des subjectivités, des désirs, des pratiques sexuelles ou des parcours identitaires qui – du changement de sexe pour les personnes trans au sexe tarifé par les travailleuses du sexe, en passant par le SM – suscitent de vifs débats chez les féministes ? Faut-il simplement les défendre comme des droits humains fondamentaux, faut-il les investir d’une signification politique ? Déclinée en 4 moments, la lettre S apporte une contribution à ces débats qui ne peuvent progresser qu’à condition d’affirmer un soutien résolu aux personnes discriminées et stigmatisées, et de donner la priorité aux alliances et aux espaces de rencontre plutôt qu’à l’exclusion.

      S comme Sexe et pouvoir
      Abolir le genre est l’horizon d’émancipation du féminisme matérialiste. Christine Delphy reproche à la théorie queer de l’abandonner, mais aussi d’occulter la dimension de pouvoir, tout particulièrement dans le domaine de la sexualité, où se déploie aussi la domination masculine.
      https://vimeo.com/228474271

      S comme Sexe tarifé
      Y a-t-il quelque chose de spécifique dans les relations de pouvoir qui se déploient dans la prostitution ? Christine Delphy revient sur un des ressorts de sa position abolitionniste : la volonté de soustraire la vie sexuelle et amoureuse des femmes aux relations de dépendance. Mais quelles sont les solutions concrètes ? Et si l’on veut « punir », comment le faire sans pénaliser les prostituées ?
      https://vimeo.com/226949098

      S comme Changement de sexe
      Moins travaillé par Christine Delphy que la question de la prostitution, le débat sur la question trans est abordé ici à travers l’articulation avec la question du genre et de son abolition. Les obstacles que rencontrent les transexuel-le-s pour changer de sexe, l’opprobre qu’ils et elles encourent pour questionner le caractère « naturel » des catégories « homme » ou « femme », n’ont-ils rien à voir avec ce que combat le féminisme ?
      https://vimeo.com/223011288

      S comme Hétéro-sexualité
      Christine Delphy revient sur l’évolution de sa position sur l’institution de l’hétérosexualité. Elle évoque le rôle des hétérosexuelles dans le mouvement féministe, regrettant qu’elles n’aient pas davantage compris que la répression de l’homosexualité était partie prenante de l’oppression des femmes, hétéros aussi.
      https://vimeo.com/219745359

      T comme Travail domestique - Mode de production domestique
      Le féminisme matérialiste qu’ont développé Christine Delphy, Colette Guillaumin et d’autres, met au coeur de l’analyse l’exploitation spécifique des femmes : pas seulement sur le marché du travail, mais aussi dans la sphère domestique. Christine Dephy explique ici la révolution théorique consistant, en dépit des résistances des marxistes mais avec certains outils du marxisme, à penser les femmes comme une classe.
      https://vimeo.com/225763092

      T comme Travail domestique et Famille
      Qu’est-ce qu’est exactement le travail domestique ? Pas seulement une liste de tâches – ce qu’on associe communément au travail ménager. C’est un travail effectué pour autrui, les hommes, et de façon non rémunérée, gratuite. Le féminisme matérialiste développe une nouvelle vision de la famille hétérosexuelle, où s’instituent des rapports de pouvoir. Cette analyse reste d’une grande pertinence aujourd’hui : même actives professionnellement, les femmes sont toujours tenues d’effectuer ce travail d’entretien du foyer.
      https://vimeo.com/223763647

      U comme Universalisme
      Dans son livre Un universalisme si particulier. Féminisme et exception française, Christine Delphy évoque la prétention très singulière des élites françaises à faire de leur pays une incarnation de l’universel et de l’universalisme, et souligne ce que cette prétention comporte d’arrogance – et souvent de racisme et de sexisme.

      V comme Viol
      Reprenant l’expression du journaliste Jean-François Kahn déclarant que l’« affaire DSK » était tout au plus « un troussage de domestique », Christine Dephy coordonne en 2011 un recueil de textes qui analysent le traitement médiatique de cette affaire en France. Elle revient ici sur le classisme, le racisme et le sexisme qui se sont exprimés à cette occasion, assimilant notamment le viol au libertinage. Elle explique aussi que l’accord entre Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn suite au procès civil est, contrairement à ce qu’on affirmé les élites françaises, un aveu de culpabilité de ce dernier.
      https://vimeo.com/229813360

      W comme Wittig
      Christine Delphy revient ici sur la difficile acceptation de son homosexualité à la fin des années 50 et dans les années 60, notamment au sein de sa famille, puis sur les réactions suscitées, au sein du MLF, par la fondation du premier groupe non mixte de lesbiennes. Elle raconte enfin les formes de discriminations qu’elle a subies tout au long de sa carrière au CNRS.
      https://vimeo.com/236219888

      XY comme Différence des sexes
      L’idée d’une différence irréductible est l’argument ultime pour contrer ou relativiser les demandes d’égalité : les hommes et les femmes seraient par nature différents, et donc nécessairement conduits à occuper des rôles différents dans la société. Christine Delphy réfute ici ce faux argument.
      https://vimeo.com/237636887

  • S comme Sexe - L’Abécédaire de Christine Delphy
    http://lmsi.net/S-comme-Sexe

    Cet abécédaire, long entretien filmé de Christine Delphy avec Sylvie Tissot, explore en 26 lettres les concepts clefs de la théorie féministe (Genre, Travail domestique…) tout en revenant sur les épisodes de la vie de Delphy, ses rencontres et les événements historiques auxquels elle a participé. Source : lmsi.net

  • Occupied Saison 2 (1/8) | ARTE

    https://www.arte.tv/fr/videos/067769-001-A/occupied-1-8

    Prochaine diffusion : jeudi 15 février à 20h55

    Dans une Norvège où, sous la pression de l’occupation russe, classe politique, résistance armée et appareil sécuritaire dérivent parallèlement, comment choisir le bon camp ? La deuxième saison, redoutablement convaincante, du vertigineux thriller politique norvégien.

    Six mois ont passé depuis l’appel à la mobilisation lancé par le réseau Free Norway et l’escalade guerrière qui a suivi. Les attentats récurrents maintiennent une tension permanente, et Djupvik, désormais patron du PST (la sécurité intérieure), est prêt à tout pour retrouver Wenche Arnesen, son ancienne supérieure passée à la clandestinité. Exilé volontaire à Stockholm, Jesper Berg, l’ancien Premier ministre, y retrouve sur l’oreiller son ancienne collaboratrice Anita Rygg, devenue directrice de cabinet de son successeur à la tête du gouvernement. Il lui cache ses liens avec la résistance. Peu après, il lance une opération à haut risque, en envoyant un jeune garde-côte sur la presqu’île de Mikoya pour une mission d’inspection, car il sait que les Russes y ont acheminé des armes lourdes et des batteries antiaériennes en violation des accords avec la Norvège. Mais sur place, les militaires russes blessent le soldat et l’embarquent avec ses coéquipiers. Un casus belli pour le ministre de la Défense…

    Troublant miroir
    En continuité avec la première saison, ces huit nouveaux épisodes d’Occupied tiennent le spectateur en haleine avec une cohérence parfaite, mais le vertige suscité par la série augmente d’un cran. Car à mesure que les effets délétères du terrorisme et de l’occupation entraînent les personnages dans d’inexorables dérives, les frontières entre bien et mal, lâcheté et courage, abnégation et ambition tendent à se brouiller en un troublant miroir tendu à la réalité. Remarquablement incarnés, les héros de ce thriller politique retors gagnent en épaisseur et en complexité, questionnant avec plus d’acuité encore les Européens sur la fragilité de ce qu’ils tiennent pour acquis : la paix, la démocratie, la prospérité. Le postulat imaginé par Jo Nesbo prouve une fois de plus sa redoutable efficacité. Bienvenue en zone grise.

    Yes !
    la saison 1, c’était là
    https://seenthis.net/messages/427800
    ou là
    https://seenthis.net/messages/426531

  • Il faut « exiger la fin des pratiques de détentions qui constituent une violation des droits des enfants » en Israël
    Etienne Balibar, professeur émérite de philosophie, université de Paris- Ouest ; Pierre Barbancey, journaliste ; Michel Benassayag, psychanaliste et philosophe ; Rony Brauman, médecin et essayiste ; Alain Brossat, professeur de philosophie ; Marie Buisson, FERC CGT ; Cybèle David, animatrice de la fédération SUD éducation ; Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI. info ; Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU ; Nacira Guénif, sociologue, université Paris-8 ; Kaddour Hadadi, artiste (HK) ; Geneviève Jacques, présidente de la Cimade ; Nicole Lapierre, socio-anthropologue ; Jean Etienne de Linarès,délégué général de l’ACAT ; Gilles Manceron, historien ; Malik Salembour, président de la LDH ; Sylvie Tissot, sociologue ; Dominique Vidal, collaborateur du Monde diplomatique, Le Monde, le 23 janvier 2018
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/23/il-faut-exiger-la-fin-des-pratiques-de-detentions-qui-constituent-une-violat

    Tribune. Nous sollicitons le soutien du président de la République et son intervention pour l’arrêt de la détention d’enfants palestiniens dans les prisons israéliennes. Nous voulons en particulier attirer son attention sur le cas de Ahed Tamimi poursuivie par le gouvernement israélien : le 15 décembre dernier Mohamed Tamimi 15 ans est atteint à la tête par une balle de métal recouverte de caoutchouc tirée à courte de distance par des soldats de l’armée d’occupation israélienne. Le jeune garçon était dans un état critique et sa cousine Ahed Tamimi, âgée de 16 ans, était visiblement bouleversée par l’annonce de son état et la gravité de ses blessures.

    Ces mêmes soldats ont approché une heure plus tard la maison familiale, et Ahed les a frappés en leur criant de partir. Ce moment filmé par sa mère et diffusé sur les réseaux sociaux montre le courage d’une adolescente affrontant à mains nues deux soldats lourdement armés.

    Le 19 décembre 2017, Ahed Tamimi est enlevée chez elle en pleine nuit par l’armée puis traduite devant un tribunal militaire. Les douze motifs d’inculpation retenus contre elle lui font courir le risque de 12 ans de prison. Les tribunaux militaires israéliens ne traitent que des cas de prisonniers palestiniens avec un taux de condamnation de 99,74 %. Ainsi, l’avenir de Ahed Tamimi paraît sombre sans notre intervention.

    Nous lui demandons d’apporter urgemment son soutien à la libération immédiate de Ahed Tamimi et à la levée de toutes les charges retenues contre elle.

    Le cas de Ahed Tamimi n’est pas isolé. Selon l’association Defense of Children International-Palestine, Israël poursuit chaque année de 500 à 700 enfants devant des tribunaux militaires, certains âgés de 12 ans, et détient en prison une moyenne de 200 enfants en toute période.

    Selon les enquêtes des agences des Nations unies, dont l’Unicef, Human Right Watch, B’tselem, Amnesty International, and Defense for Children International – Palestine, trois enfants arrêtés sur quatre subissent des violences lors de leur arrestation ou des interrogatoires. Ils sont fréquemment arrêtés lors de descentes nocturnes dans leur foyer ; 85 % des enfants palestiniens arrêtés ont les yeux bandés et 95 % sont menottés.

    Ils sont privés d’accès à un avocat, de visite de leurs parents durant les interrogatoires et sont forcés de signer des aveux. Ils sont souvent placés en « détention administrative », pouvant ainsi être détenus plusieurs mois sans inculpation ni procès. Leurs centres de détention souvent situés hors des territoires occupés en Israël, rendent les visites de leurs familles difficiles. L’usage des cellules d’isolement pour les interrogatoires d’enfant est une pratique assimilée à la torture par la loi internationale.

    Le rapport de l’Unicef de 2013 « Enfants en détention militaire israélienne » conclut : « la maltraitance des enfants au contact du système militaire de détention semble être généralisée, systémique et institutionnalisée tout au long du processus, depuis le moment de leur arrestation jusqu’à la poursuite en justice de l’enfant, son éventuelle condamnation et l’application de la peine ».

    Nous demandons au président Emmanuel Macron de prendre contact d’urgence avec les autorités israéliennes pour exiger que cessent enfin des pratiques de détentions qui constituent une violation des droits des enfants, des droits humains et du droit international.

    Nous lui rappelons qu’à ce jour, notre compatriote Salah Hamouri demeure lui aussi dans les geôles israéliennes, victime de la même procédure inique de « détention administrative ».

    La France doit agir pour que Ahed Tamimi et tous les autres enfants palestiniens prisonniers retrouvent leur foyer dans les plus brefs délais. On ne saurait regarder ailleurs alors que des enfants et l’un de nos compatriotes sont détenus illégalement loin de leurs familles.

    #Palestine #Ahed_Tamimi #enfants #prisons #Salah_Hamouri

  • Géographie du #sexisme
    Christine Delphy et Sylvie Tissot, Les Mots Sont Importants, 24 mars 2009
    http://lmsi.net/Geographie-du-sexisme

    Des discours autorisés sur la violence faite aux femmes au pays de #Johnny Hallyday

    En 1976, Johnny Hallyday, notre chanteur 100% national, ne chantait-il pas : « Je l’aimais tant que pour la garder je l’ai tuée » ?

    https://www.youtube.com/watch?v=fCTCPD1itEg

    En 1966, déjà, « Les coups »
    https://www.youtube.com/watch?v=KFPblZCH0q8

    #lourd_comme_un_cheval_mort

    • Sur libé je découvre une rubrique « cojones »
      le titre « Johnny, corps caverneux » sous titre « Il n’était pas seulement une voix mais aussi l’incarnation d’une certaine virilité populaire ».

    • Doit-on craindre que cette propension au #virilisme ne s’incarne désormais en la personne de notre (de moins en moins « fraîchement » élu) président de la république. Non, parce qu’il en fait des caisses à l’occasion du décès du chanteur.
      Remarque, que la raie-publique se vautre ainsi dans la politique spectacle ne m’étonne pas plus que ça : rendre hommage à un exilé fiscal, quoi de plus normal pour ceux qui tiennent l’impôt dans une telle détestation.
      Sans parler du bilan carbone de ses funérailles :
      700 motards paradant dans le cortège funèbre, un avion pour transférer sa dépouille à Saint Barthélémy (un paradis fiscal pour ses ossements). J’espère au moins que les frangines de là-bas « s’en battent les steacks » ...
      #cojones

    • Macron, rock’n’roll ?

      Il y a cette étonnante déferlante d’hommages dans les médias. On a même entendu une station de radio qui n’avait jamais passé de chansons de Johnny, soudain les faire tourner en boucle ! Comme si l’événement entretenait les médias et les médias entretenaient l’événement. C’est comme ça, d’ailleurs, pour beaucoup d’évènements. Si bien qu’on ne sait plus vraiment ce que les uns doivent aux autres.

      Il y a, encore plus surprenant, cette mobilisation générale du monde politique, cette avalanche de prises de paroles et de tweets plus ou moins heureux. Tous, anciens élus ou néophytes, de Droite, du Centre, de Gauche, jeunes ou vieux, se sont essayés à l’hommage dans une sorte de concours Lépine de la formule la plus inspirée, se comportant parfois sans retenue, sans pudeur aucune, en groupies, comme s’il leur fallait à tout prix donner des gages d’une rock ’n’ roll attitude propre à leur faire récupérer quelques miettes de la popularité de Johnny, miettes qui pourraient les servir (on ne sait jamais) lors de prochains sondages et de prochaines élections.

      Il faut dire que l’exemple est venu d’en haut, et donné par un expert. Dans le domaine de la communication, Emmanuel Macron ravale en effet Nicolas Sarkozy au rang d’enfant de choeur. Notre Président s’est fendu le premier d’un communiqué en pleine nuit puis d’un tweet d’hommage tôt le matin ( le jeune surhomme veille donc sur la France 24h sur 24 !) entrant ainsi dans le livre Guinness des records de la promptitude hommagière d’un Président de la République.

      Par ses messages, notre président dit (il faut lire entre les lignes) « Oyez braves gens, moi qu’on accuse d’être méprisant avec les gens simples, moi qu’on suspecte de n’être qu’ un pur produit de l’intelligentsia parisienne arrogante, moi qu’on dit ne s’intéressant qu’à des philosophes un peu abscons, je suis comme vous. Comme vous, j’aime Johnny et comme vous j’ai ses photos épinglées et une guitare accrochée aux murs de ma chambre. Comme vous, je porte un blouson de cuir, et, comme vous, je rêve de rouler, par une nuit étoilée, en Harley-Davidson, sur la route de Memphis. Oyez, braves gens, je ne suis pas le président des riches, je suis le président du peuple rock ’n‘ roll ! Oh Yé ! » .

      Un hommage qui fait « en même temps » chaud au coeur et froid dans le dos…

      https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-guillaumond/blog/091217/macron-rocknroll

    • Le 9 décembre 2017, après quelques mois de sidération du peuple de gauche, de mobilisations éparses dans la rue et dans les têtes, d’effets de manches et de nouilles dans une Assemblée réduite au pas de charge, alors qu’un jeune président cyniquement pur détruit par ordonnances des pages entières de notre histoire sociale, régale ceux qui ont tout, écrase ceux qui n’ont rien, qu’il intensifie la chasse aux hommes, aux femmes et aux enfants migrant vers des survies meilleures — et malgré le ciel toujours plus bas, toujours plus lourd, du fascisme aux multiples visages —, la situation bascule en faveur de Johnny Hallyday.

    • A cause de l’espèce de #paywall de Libération :

      Stop au cyberharcèlement islamophobe contre l’association Lallab
      Libération, le 23 août 2017

      Nous, féministes, militant·e·s, chercheur·se·s, journalistes, artistes, citoyen·n·es, universitaires et entrepreneur·se·s, apportons notre soutien à Lallab. Le succès de cette jeune association féministe et antiraciste lui vaut de devoir répondre à nouveau à une campagne de désinformation, et à ses militantes de subir un épuisant cyberharcèlement nourri d’islamophobie et de sexisme. Cet acharnement doit cesser.

      Lallab entend lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes. Sa mission est claire : produire un environnement, des ressources et des outils favorisant la liberté, pour que chaque femme musulmane puisse définir son identité et son parcours de vie. Lallab est une association areligieuse, aconfessionnelle et apartisane dont le rêve est qu’aucune femme ne soit plus jugée, discriminée ou violentée en raison de son genre, de son physique, de son orientation sexuelle, de ses origines ou encore de ses convictions religieuses.

      Ces objectifs sont affirmés dans les statuts de l’association déposés en préfecture, sur son site internet et dans tous ses outils de communication. On peut par exemple lire ceci sur cette page de leur site : « Les femmes musulmanes sont réduites à un silence paradoxal. On ne cesse de parler d’elles mais sans jamais leur donner la parole. […] Les musulmanes sont représentées comme un bloc homogène avec une histoire unique. Ecrire soi-même son histoire est un moyen de se la réapproprier et de déconstruire les mythes qui y sont attachés. […] Notre combat va au-delà des droits des femmes musulmanes ! Nous souhaitons que chaque personne puisse être non pas ce que l’on souhaite qu’elle soit, mais bien ce qu’elle veut être. »

      Afin de concrétiser cet objectif, Lallab a développé des outils militants : réalisation d’une série documentaire « Women Sense Tour in Muslim Countries », organisation de projections débats, édition d’un magazine en ligne, réalisation de portraits mettant en valeur la diversité des vies et des parcours de femmes musulmanes, animation d’un réseau de bénévoles, d’ateliers de sensibilisation et de rencontres culturelles, notamment un festival féministe qui a réuni plus de 500 personnes à la Bellevilloise en mai 2017.

      En un peu plus d’un an, le travail de Lallab a été salué par de nombreuses instances. La Fondation de France a récompensé sa cofondatrice, Sarah Zouak, dans le cadre de son prix « Déclic Jeune » pour sa série documentaire. Cette dernière a aussi reçu le premier prix de Coexister « Femme française émergente 2016 » ou le premier prix « militante associative » du Gala de la femme africaine. L’énergie de l’association lui a valu de nombreux reportages et articles dans la presse : le Monde, Télérama, TV5 Monde, Cheek, ELLE, Grazia… Un tel bilan devrait apporter au moins du respect pour le travail effectué et les objectifs visés. Mais l’accomplissement de Lallab vient de lui valoir une nouvelle campagne de désinformation et de cyberharcèlement misogyne et islamophobe, la troisième en huit mois.

      Le déclencheur a été, cette fois-ci, l’annonce que l’association se dotait à la rentrée d’une équipe de deux salariées et de trois volontaires du service civique. L’agence d’Etat concernée a été noyée sur les réseaux sociaux de messages occultant la réalité du travail de Lallab, véhiculant approximations, procès d’intention et mensonges à son sujet. Cette campagne virulente n’a pas uniquement visé l’association. Ses militantes ont été personnellement victimes d’un attirail de cyberviolences : surveillance sur les réseaux sociaux, recherche et diffusion en ligne d’informations privées, menaces de viol, de meurtre, insultes, raids de cyberharceleur·se·s. Ces méthodes, nourries par le sentiment d’impunité de ceux qui s’y adonnent, résultent en une culpabilisation des victimes, une silenciation des concerné·e·s, et, plus préoccupant encore, entraînent une banalisation d’attitudes et de propos islamophobes.

      La cyberviolence a porté en partie ses fruits. Sans en discuter d’abord avec l’association, l’Agence du service civique a annoncé le retrait des annonces pour les trois candidatures, avant de rétropédaler, face à une réaction massive de soutien à Lallab sur les réseaux sociaux. Selon l’agence, ce retrait n’ait été motivé que par des problèmes techniques. Cela doit cesser. En plus de menacer la structure de l’association et ses activités militantes, ces violences ont un impact physique et psychique massif sur les bénévoles. Nous ne pouvons rester silencieux·ses face à un tel acharnement. Se taire serait se rendre complices. C’est la raison pour laquelle, après avoir manifesté individuellement notre soutien à Lallab, nous nous rassemblons pour cosigner cette tribune et montrer notre détermination à défendre l’association, ses membres et ses valeurs, contre les responsables des raids virtuels dirigés contre elles.

      A l’origine des trois campagnes dirigées contre Lallab, on trouve des membres de l’extrême droite et de groupes identitaires, mais aussi des personnes prétendant défendre une vision « intransigeante » de la laïcité et de l’universalisme républicain. En plus de reposer sur une compréhension erronée de la loi de 1905, cette supposée intransigeance est en réalité une intolérance, voire une paranoïa, qui s’exerce à l’égard d’une seule religion : l’islam. Cette vision les rend complices de l’extrême droite, les amène à hurler avec elle, et à défendre une vision raciste et sexiste de la société. À cet égard, nous dénonçons la responsabilité particulière du Printemps républicain, ou encore du site Ikhwan Info. Supposément de gauche, féministe, universaliste et laïque, ce mouvement s’en prend ici à une association qui rassemble des femmes directement concernées par la misogynie et le racisme, et qui s’auto-organisent pour lutter contre. Ces structures passent par l’approximation et la manipulation pour défendre un universalisme abstrait et une République qui dissimule mal ses inégalités.

      Lallab s’inscrit dans une démarche bienveillante et inclusive. Nous refusons que ses militantes et tant d’autres avec elles, soient constamment scrutées, agressées, acculées et menacées. Nous exigeons que les responsables de ces campagnes rendent des comptes sur les mensonges et les agressions dont ils et elles sont directement ou indirectement responsables. Et, par-dessus tout, nous nous inquiétons de la façon dont les institutions étatiques s’engouffrent systématiquement dans les brèches ouvertes par ces campagnes calomnieuses, compromettant le travail essentiel mené par Lallab contre l’islamophobie qui s’exerce, en France, avec une virulence préoccupante, contre les femmes musulmanes.

      Signataires : Leïla Alaouf, auteure, militante féministe et antiraciste ; Zahra Ali, sociologue à la Rutgers University ; Rebecca Amsellem, cofondatrice des Glorieuses ; Pouria Amirshahi, ancien député, co-fondateur du Mouvement commun ; Christian Andreo, directeur général adjoint de Aides ; Armelle Andro, enseignante à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne ; Judith Aquien, cofondatrice de Thot ; L’association Act Up Paris ; L’association A nous la nuit ! ; L’association En avant toute(s) ; L’association KÂLΠ; L’association FéminiCités ; L’association Les Dégommeuses ; L’association Identité plurielle ; L’association Stop harcèlement de rue ; Pénélope Bagieu, auteure ; Radia Bakkouch, présidente de Coexister ; François.e Blanchon dit.e Fraka ; Alice Barbe, entrepreneuse sociale, directrice Singa France ; Lauren Bastide, journaliste et productrice de podcasts ; Elsa Bastien, journaliste ; Julien Bayou, porte-parole de EE-LV ; Assia Benziane, adjointe au maire de Fontenay-sous-Bois ; Nargesse Bibimoune, auteure, militante antiraciste et féministe ; Fred Bladou, activiste sida ; Sirma Bilge, professeure au département de sociologie de l’université de Montréal ; Laurent Bonnefoy, chercheur au CNRS ; Lucas Bolivard, président de Génération progressiste ; Pascal Boniface, universitaire ; Guillaume Bonnet, fondateur de l’Accélérateur de la mobilisation citoyenne ; Joséphine Bouchez, cofondatrice de Ticket for Change ; Mathilde Boudon-Lamraoui, militante associative ; Anaïs Bourdet, graphiste et créatrice de Paye ta shnek ; Laura Carpentier-Goffre, doctorante au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences-Po ; Silvia Casalino, ingénieure et militante lesbienne ; Rébecca Chaillon, metteuse en scène, performeuse et artiste associée au Centre dramatique national de Normandie-Rouen ; Ismahane Chouder, co-présidente du Collectif des féministes pour l’égalité ; Aya Cissoko, auteure et ancienne athlète de haut niveau ; Clumsy, militante antiraciste ; Le collectif Asiatopie ; sensibilisation au racisme anti-asiatique ; Le collectif Des Raciné·e·s ; Le collectif Féministes contre le cyberharcèlement ; Le collectif Féministes par inadvertance ; Le collectif Ferguson in Paris ; Le collectif Garçes ; Le collectif Globule Noir, groupe de soignant·e·s luttant contre les discriminations au sein des institutions hospitalières ; Les collectifs Paye ton bahut, Paye ta blouse, Paye ton couple, Paye ta famille, Paye ton gynéco, Paye ton IVG, Paye ton jeu, Paye ton journal, Paye ton psy, Paye ta race, Paye ta soirée, Paye ta truelle, Paye ta police ; Le collectif de la Pride de Nuit ; Le collectif ROSA ; Le collectif du magazine féministe Simonae.fr ; Le collectif Team Bagarre ; Le Comité de luttes et d’actions queer (CLAQ) ; Alice Coffin, militante féministe et lesbienne ; Virginie Combe, militante pour l’égalité des droits ; Le Couvent de Paname : les sœurs de la perpétuelle indulgence ; Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Professeure émérite à l’université Paris VII Diderot ; Laurence De Cock, historienne ; Karima Delli, députée européenne EE-LV ; Christine Delphy, sociologue et auteure chez Les Mots sont importants (LMSI) ; Magali Deval, militant·e écologiste et LGBT ; Rokhaya Diallo, écrivaine et journaliste ; Tara Dickman, entrepreneure sociale, formatrice de formateurs sur la laïcité pour les agents du service public ; Lucia Direnberger, militante féministe et sociologue ; Angeline Dorzil, diplômée en Genre, changement social et politiques ; Eva Doumbia, metteure en scène ; Emma, blogueuse féministe ; Eric Fassin, sociologue à l’université Paris VIII ; Gwen Fauchois, lesbienne, blogueuse et activiste ; Amandine Gay, réalisatrice ; Camille Gelpi, journaliste ; Clara Gonzales, activiste féministe ; Nacira Guénif, sociologue à l’université Paris VIII ; Alain Gresh, journaliste ; Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement Coexister ; Leïla H., militante féministe et créatrice de Check tes privilèges ; Malika Hamidi, sociologue et auteure de Un féminisme musulman et pourquoi pas ? ; Benoît Hamon, fondateur du Mouvement du 1er Juillet ; Samia Hathroubi, enseignante et militante associative ; Antoine Henry, militant de la lutte contre le sida ; Alix Heuer, militante féministe, cofondatrice de W(e) Talk et des Glorieuses ; Anne-Charlotte Husson, blogueuse et chercheuse sur le genre ; Siham Jibril, entrepreneure, fondatrice de Génération XX ; Hanane Karimi, sociologue et féministe antiraciste ; Rachel Khan, auteure et comédienne ; Azadeh Kian, professeure de sociologie, directrice du Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes (Cedref) de l’université Paris-VII Diderot ; Léopold Lambert, rédacteur en chef de The Funambulist ; Stéphanie Lamy, cofondatrice du collectif Abandon de famille - Tolérance zero ; Mathilde Larrère, historienne ; Jehan Lazrak-Toub, cofondatrice de W(e) Talk ; Elisabeth Lebovici, critique d’art et auteure ; Anaïs Lecoq, journaliste ; Cécile Lhuillier, activiste LGBTI+ et féministe ; Johanna Luyssen, journaliste et cheffe du service web à Libération ; Grâce Ly, auteure, productrice ; Maeril, illustratrice et directrice artistique ; Myriam Marzouki, metteure en scène ; Philippe Marlière, politiste ; Jérôme Martin, activiste LGBTQI, professeur, ex-Act Up Paris ; Elsa Miské, co-fondatrice de Slice Up ; Morgane Merteuil, militante féministe ; Madjid Messaoudene, élu de Saint-Denis en charge de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité femmes-hommes ; Khadija Moussou, journaliste à Elle.fr ; Céline Mouzon, journaliste à Alternatives économiques ; Mrs Roots, auteure et blogueuse militante afroféministe ; Musulmans inclusifs de France ; Nadia et Nora, fondatrices du magazine Dialna.fr ; Diariata N’Diaye, créatrice de l’application App-Elles ; Hawa Ndongo, étudiante ; Océanerosemarie, auteure, comédienne, réalisatrice ; Les Ourses à plumes, webzine féministe intersectionnel ; Ovidie, réalisatrice documentariste ; Julie Owono, avocate et directrice exécutive d’Internet sans frontières ; Julie Pascoët, activiste, chargée de plaidoyer à l’European Network Against Racism ; Ndella Paye, militante afroféministe et antiraciste ; Lorraine Poncet, chargée d’étude à l’université Paris-I Panthéo-Sorbonne ; Dorothée Prud’homme, chercheure associée au Centre Emile Durkheim, Sciences-Po Bordeaux ; Sandra Regol, porte parole EE-LV ; Valérie Rey, dite « Crêpe Georgette », militante féministe ; Meriem Rodary, anthropologue et féministe antiraciste ; Emilia Roig, directrice du Intersectional Center for Justice ; Diane Saint-Réquier, militante féministe ; Julien Salingue, docteur en sciences politiques ; Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie ; Geneviève Sellier, universitaire ; Rachid Sguini, illustrateur, auteur du blog Les Gribouillages de Rakidd ; Patrick Simon, démographe ; Laura Slimani, conseillère municipale de Rouen, ancienne présidente des Jeunes socialistes ; Charlotte Soulary, militante féministe ; Pierre Tévanian, professeur de philosophie, auteur chez LMSI ; Elise Thiébaut, auteure ; Sylvie Tissot, sociologue, auteure chez LMSI ; Emilie Tôn, journaliste ; Françoise Vergès, docteure en sciences politiques, titulaire de la chaire « Global South(s) » à la Maison des sciences de l’homme, présidente du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, auteure ; Nils Wilcke, journaliste à Alternatives Economiques ; Women’s March Barcelona ; Women’s March Geneva ; Women’s March Global ; Women’s March London ; Women’s March Netherlands ; Women’s March Paris.

  • La politique sexuelle de la viande | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/La-politique-sexuelle-de-la-viande

    Dans la préface de son livre [1], Carol Adams évoque les critiques qui lui sont régulièrement adressées en raison de son engagement dans le végétarisme : « Et les sans-abri ? Et les femmes battues ? » Car nous devrions d’abord nous occuper des êtres humains qui souffrent. « Un tel rétrécissement du champ de la compassion ne me déstabilise pas », écrit l’auteure. Source : Les mots sont importants

  • Anne Hidalgo et la Licra en croisade contre la non-mixité - regards.fr
    http://www.regards.fr/web/article/anne-hidalgo-et-la-licra-en-croisade-contre-la-non-mixite

    Certains, qui n’ont jamais eu besoin de lutter pour leur émancipation et pour l’égalité, ont trouvé un nouveau passe-temps : chercher quel événement organisé par et pour les personnes racisées ils vont pouvoir attaquer. L’été dernier, le camp décolonial de Reims avait donné des haut-le-cœur aux antiracistes spécialistes ès "racisme anti-blancs" (camp qui, au demeurant, avait réuni 170 personnes). Cette année, c’est donc au tour du collectif Mwasi d’en faire les frais. En cause : l’organisation du "Nyansapo Fest", un "festival afroféministe", à Paris du 28 au 30 juillet.
    Anne Hidalgo dans la foulée de la fachosphère

    Concrètement, ce festival se décompose en quatre espaces : un premier réservé aux femmes noires, un deuxième aux personnes noires, un troisième aux femmes racisées et un dernier ouvert à tout le monde, comme il est clairement indiqué sur la brochure du programme.

    Le 26 mai, sur le forum de jeuxvideo.com, la fachosphère organise la fronde pour dénoncer cet événement. Et les dominos tombent. Fdesouche et le FN d’abord. Puis la Licra s’en fait l’écho, osant sur Twitter un « Rosa Parks doit se retourner dans sa tombe ». Enfin viennent Ni putes ni soumises, SOS Racisme, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), Raphael Enthoven, Joann Sfar, etc.

    Mais c’est surtout la vive réaction d’Anne Hidalgo, en sa qualité de maire de Paris, qui a le plus surpris. Via Twitter, elle « condamne avec fermeté l’organisation à Paris de cet événement "interdit aux blancs" », en « demande l’interdiction », annonce « saisir le Préfet de police en ce sens » et se « réserve également la possibilité de poursuivre les initiateurs de ce festival pour discrimination ».

    • Arrêter Madame Hidalgo vous ne connaissez rien du racisme ordinaire qu’une femme noire - ou métis subit au quotidien à Paris et en IDF, et quand plusieurs femmes noires parlent ensembles on sent suinter un mépris des blancs et des blanches autour d’elles qui est insupportable. Alors posez vous les bonnes questions, ne jouez pas au jeu du FN et d’une LICRA radi-laïqualiser, laissez les s’exprimer sans contrainte, et méditez aussi la position du CRAN : « Quelle hypocrisie ! Personne n’est choqué par une autre non-mixité, celle qui est omniprésente dans les milieux des dominants. Ils cultivent l’entre-soi comme une stratégie de domination, en restant dans un monde d’énarques qui est masculin, quinquagénaire et bourgeois. Nous le faisons sur une autre logique, celle de l’ “empowerment”, en nous fondant sur le principe du “For us, by us”… et nous suscitons les critiques ! »

  • Végan/végétarien : « un truc de bobo » ? | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/Vegan-vegetarien-un-truc-de-bobo

    Un jour lors d’une discussion avec des amis-militants (des hommes), alors que nous parlions du féminisme, un de ces amis m’a dit : mais le féminisme c’est une lutte de bourgeoises. Un moment fondateur dans mon histoire compliquée avec l’extrême-gauche. Sous une forme plus en phase avec le langage actuel, on entend aujourd’hui un argument assez proche – l’argument de la classe sociale – pour disqualifier le refus de manger des animaux : ce serait « un truc de bobo ». Source : Les mots sont importants

  • Végan/végétarien : « un truc de bobo » ? | Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/Vegan-vegetarien-un-truc-de-bobo#nh1

    Un jour lors d’une discussion avec des amis-militants (des hommes), alors que nous parlions du féminisme, un de ces amis m’a dit : mais le féminisme c’est une lutte de bourgeoises. Un moment fondateur dans mon histoire compliquée avec l’extrême-gauche. Sous une forme plus en phase avec le langage actuel, on entend aujourd’hui un argument assez proche – l’argument de la classe sociale – pour disqualifier le refus de manger des animaux : ce serait « un truc de bobo ». Source : Les mots sont importants

  • La terre, les morts et nos ancêtres | Christine Delphy et Sylvie Tissot
    http://lmsi.net/La-terre-les-morts-et-nos-ancetres

    « Dès que l’on devient français, nos ancêtres sont gaulois », a déclaré Nicolas Sarkozy, suscitant un déluge de protestations : nos ancêtres sont bien plus nombreux et divers que « les Gaulois » lui a-t-on fait savoir de partout. Ces protestations sont insuffisantes. Ce sont les termes mêmes du débat qu’il faut dénoncer. Source : Les mots sont importants

    • Ce rapport au passé révèle une obsession de l’identité nationale, un désir maladif de la décrire et de la définir ; or on le sait, depuis le funeste débat sur « sur l’identité nationale », celle-ci est toujours destinée, en 2016 comme en 1930, à servir le but de distinguer les « bons » Français des « mauvais » Français, et à énoncer une liste limitative des « valeurs » et des « modes de vie » acceptables. Le corps politique tente d’imposer des normes à la société, de plus en plus homogénéisée, uniformisée, et donc de moins en moins civile.

      Ce tropisme vers « nos ancêtres » repose sur une vision anti-démocratique, un mépris pour les droits individuels, qui consistent à dicter aux individus la nourriture, les vêtements, les lectures ou encore les croyances qu’ils doivent adopter. C’est une logique totalitaire mais aussi fascisante. Car elle prend le relais de l’idéologie d’extrême-droite qui structure la vie politique française de l’entre-deux-guerres. Dans « l’entre-deux-guerres » (quelle perspective joyeuse est induite par cette appellation !), l’exaltation barrésienne de la terre et des morts et sa célébration morbide d’un passé inventé, à l’étalon duquel tout est évalué, visent à distinguer entre les « vrais » – ceux qui s’identifient aux morts – et ceux qu’on exclut progressivement de la nation, les étrangers et les Juifs.(...)

      N’essayons pas de graver dans le marbre, encore moins dans la terre, des origines anciennes et certifiées qui nous donneraient des droits sur l’existence présente d’autrui. Evitons de dire : « J’étais là il y a deux mille ans » pour chasser celle qui était là il y a 50 ans ou celui qui vient d’arriver. Restons à l’échelle de nos vies. Réjouissons-nous si nous avons connu nos deux grand-mères. Et célébrons le fait que la France n’est, pas plus que les autres, un « vieux pays ».

  • Quand il s’agit des femmes, y a-t-il vraiment des hommes de gauche ?
    http://lmsi.net/Quand-il-s-agit-des-femmes-y-a-t

    Même si tous deux abordent la question des hommes engagés dans le féminisme, tout semble, au premier abord, distinguer les livres de Léo Thiers-Vidal et d’Alban Jacquemart [1]. D’un côté un recueil d’une dizaine de textes publiés entre 1996 et 2006 sur des supports essentiellement militants. De l’autre la parution d’une thèse soutenue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales en 2011 et réalisée sous la direction de Rose-Marie Lagrave. Sylvie Tissot propose une mise en perspective des deux livres, visant à éclairer les conditions de l’engagement des hommes dans le féminisme, les formes qu’il prend et ses enjeux pour le mouvement féministe lui-même. Ce compte-rendu a été publié initialement dans le numéro de la revue Nouvelles questions féministes « Morales sexuelles » (2016). Source : Les mots (...)

  • A propos de liberté d’expression et de « légitime défonce » Par Mouvements | Le blog de Christine Delphy
    https://delphysyllepse.wordpress.com/2016/03/18/a-propos-de-liberte-dexpression-et-de-legitime-defonce-par

    Vendredi 4 mars 2016 a eu lieu la soirée de lancement de « Légitime Défonce ». C’est le nom donné à leur mobilisation par celles contre qui Frédérique Calandra, maire du 20e arrondissement de Paris, a porté plainte pour diffamation. Parmi ces accusées, Rokhaya Diallo, à propos de qui Calandra a déclaré : « Si un jour Mme Diallo veut débattre, pas de problème, je la défoncerai ! » Les autres accusées sont les membres du collectif 8 Mars pour Toutes et Sylvie Tissot, en tant que responsable juridique du site Les Mots Sont Importants. Qu’ont-elles fait, selon Mme Calandra ? L’affaire commence avec l’annulation, par la maire, d’une série de débats avec Rokhaya Diallo prévue en mars 2015. Mouvements s’en était déjà fait l’écho. Nous y renvoyions notamment, par les liens hypertextes, à un texte publié par LMSI ironisant sur cette annulation et ses raisons : « Frédérique et Rokhaya sont en bateau, Rokhaya tombe à l’eau ». C’est ce texte, ainsi qu’un autre publié par le collectif 8 Mars Pour Toutes, qui sont portés devant le tribunal pour diffamation – et Rokhaya Diallo pour avoir partagé le texte de LMSI sur sa page facebook !
    La soirée « Légitime défonce » du 4 mars 2016 visait ainsi à lancer une mobilisation destinée à pousser Frédérique Calandra à retirer ces plaintes, à expliquer et dénoncer leur logique de criminalisation de la dissidence, et à lancer un appel à soutien financier pour les accusées. Le principe de la plainte pour diffamation est en effet qu’elle ne peut être déclarée sans objet par le juge avant le passage au tribunal : elle amène automatiquement jusqu’au procès, et implique donc le recours à un avocat et une procédure d’au moins plusieurs mois. Nous publions ici les trois interventions des accusées lors de cette soirée.

    #féminisme #Rokhaya_Diallo #Légitime_Défonce #8_mars

  • De « l’esprit du 11 janvier » à la « déchéance de la nationalité » : chronique d’une année de régression culturaliste

    Saïd Bouamama
    1er janvier 2016

    Trois séries de faits ont marqués l’année 2015. La première borne l’année par les attentats ignobles de janvier et de novembre. La seconde est constituée des instrumentalisations de l’émotion publique, qu’ils ont suscités dans une logique froide de réal-politique gouvernementale : elle va de « l’esprit du 11 janvier » à la déchéance de la nationalité en passant par le double consensus pour la poursuite de la guerre et pour l’Etat d’urgence renouvelable. La troisième est une conséquence logique de la précédente et se traduit par la banalisation des « abus » de l’Etat d’urgence, par la montée des actes islamophobes, par les résultats électoraux du Front National et par la manifestation raciste et islamophobe d’Ajaccio. Le discours médiatique et politique dominant, en présentant les deux premières séries de faits comme reliées par un ordre de causalité, légitime l’Etat d’urgence et la guerre comme nécessités de la sécurité publique. Par le procédé exactement inverse c’est-à-dire en refusant d’interroger les interactions entre les deux dernières séries de faits, les mêmes discours masquent les responsabilités gouvernementales dans le développement rapide de rapports sociaux racistes dans notre société.



    Une question de méthode

    Comprendre une dynamique sociale et politique suppose la recherche des liens de causalités entre des faits sociaux et politiques. Séparer ce qui est relié, nier les relations de causalités entre les faits, est une première erreur méthodologique diffusée lorsqu’un dominant, individu ou groupe social, a intérêt à masquer les causes réelles de ses décisions et de ses pratiques. 



    Des causes générales et abstraites sont alors mises en avant pour masquer les causes matérielles réelles. Des mots lourds envahissent alors le champ lexical. C’est ainsi que nous serions en guerre pour lutter contre la « barbarie » en Syrie aujourd’hui ou pour défendre le « droit des femmes » en Afghanistan hier et non pour des raisons de contrôle des sources pétro-gazières de la région. 



    C’est de même pour défendre la « laïcité » que la loi interdisant le port du foulard à l’école a été votées en 2004 et non pour détourner l’attention des effets d’un libéralisme économique destructeur. La montée de l’islamophobie, les résultats électoraux du Front National et la manifestation islamophobe d’Ajaccio sont incompréhensibles en partant de causalités générales et abstraites. 



    Ces faits sont le résultat de causalités matérielles précises : les décisions économiques, militaires et policières internationales et nationales de l’Etat français. La politique de guerre là-bas, de dérégulation économique et de détournement des colères sociales ici, sont, selon nous, les causalités matérielles que masquent les causalités abstraites et générales mises en avant par le discours politique et médiatique. 



    La recherche des causalités ne peut en outre se réduire à une approche chronologique. Ce qui précède n’est pas automatiquement la cause de ce qui succède. De même que le jour n’ a pas pour cause la nuit, le vote de l’Etat d’urgence n’a pas pour cause les attentats ignobles de novembre et la guerre en Syrie n’est pas la conséquence de l’existence de DAESH. 



    Deux procédés idéologiques des mécanismes de domination peuvent à ce niveau être repérés. Le premier consiste à confondre prétexte et cause. L’invasion du Koweït par l’Irak est ainsi un prétexte qui a médiatiquement et politiquement été construit comme cause pour justifier la guerre du golfe. Le second mécanisme classique des processus de domination est l’inversion de l’ordre des causes et des conséquences. 



    « L’esprit du 11 janvier », « l’unité nationale » et « l’état d’urgence » ne sont pas des conséquences logiques et inéluctables des attentats de janvier et décembre mais sont le résultat d’une instrumentalisation de l’émotion publique à des fins politiques et économiques libérales et guerrières.

    Théorie du complot ou temporalités différenciées ?

    Il est de bon ton aujourd’hui d’amalgamer l’effort de compréhension des stratégies des classes dominantes pour imposer une vision du monde conforme à leurs intérêts matériels d’une part et la « théorie du complot » d’autre part. L’accusation de « conspirationnisme », de « complotisme » ou de « confusionnisme » est même devenue une étiquette infamante brandie face à chaque effort critique. De cette façon s’opère un désarmement idéologique des contestations sociales de l’ordre dominant. Il s’agit bien d’un amalgame au sens de la confusion réductrice entre deux phénomènes hétérogènes.

    

La théorie du complot présente les événements politiquement signifiants comme le résultat d’une conspiration globale orchestrée en secret par un groupe social plus ou moins important. L’approche stratégique c’est-à-dire matérialiste analyse l’histoire comme le résultat de la lutte entre les groupes dominés (classes, minorités nationale et/ou ethniques, nations, femmes, etc.) et les groupes dominants basée sur une divergence d’intérêt matériel. 

La première approche explique la révolution française par un complot maçonnique et la seconde par la lutte entre les féodaux, les serfs et la bourgeoisie. La première explique les luttes de libération nationale de la seconde moitié du vingtième siècle comme le résultat d’un complot communiste alors que la seconde recherche la causalité de ces luttes dans les changements du rapport des forces mondiales ouvrant de nouvelles possibilités de luttes aux colonisés. La première explique l’histoire et ses événements par l’existence d’un complot juif mondial pour dominer le monde alors que la seconde recherche les déterminants historiques dans Les évolutions des rapports de forces entre dominants et dominés. La première explique les guerres contemporaines par un complot de la société des illuminati de Bavière alors que la seconde analyse ces guerres comme conséquences de la lutte pour contrôler les sources des matières premières stratégiques. 



    Si l’histoire n’est donc pas faite de complots, il existe en revanche une histoire des théories du complot, des moments de leur émergence et de leur développement. Celles-ci fleurissent dans les séquences historiques de crises marquées par une crainte sur l’avenir lointain, une incertitude sur l’avenir proche, la peur du déclassement social, l’affaiblissement des facteurs de sécurités sociales et le relâchement des liens sociaux de solidarité. Cette première série de facteurs ne suffit pas. Pour que se développe les théories du complot de manière conséquente, il faut de surcroît qu’aucune explication crédible ne soit suffisamment disponible pour expliquer cette première série de faits.

    

C’est à ce niveau qu’apparaît la responsabilité de Hollande et Valls pour ne parler que de la société française. La nécessité vitale pour eux de masquer les véritables raisons de leurs choix politiques et économiques les orientent vers une temporalité de court terme. Les grilles explicatives proposées sont en permanence conjoncturelles, de réaction à une situation, de mensonge sur les résultats logiques de leurs choix (qui eux sont bien structurels et inscrits dans la longue durée).

    

Expliquer les guerres par leur véritable cause c’est-à-dire les matières premières ou le contrôle d’espaces géostratégiques les rendraient impopulaires. Expliquer la régression sociale généralisée par sa véritable cause c’est-à-dire l’enrichissement d’une minorité la rendrait impossible. La décrédibilisation de ces explications de court terme conduit à l’émergence du terreau des théories du complot comme elle conduit d’ailleurs à la construction de populations bouc-émissaires servant de base au développement des idées et groupes fascisants. 

 L’instrumentalisation de la réalité immédiate pour lui faire servir les choix économiques et politiques structurels de dérégulation globale devient dès lors un impératif de légitimation. Si « l’esprit du 11 janvier », « l’unité nationale » ou le consensus sur la guerre et l’Etat d’urgence ne sont pas le résultat d’un complot où l’ensemble des actes du scénario était prévu, ils sont en revanche le résultat de l’instrumentalisation des attentats et de l’émotion qu’ils ont suscités.

    La lepénisation des esprits

    La temporalité de court terme à des fins de légitimation de décisions illégitimes porte un autre effet important : l’emprunt au Front National de son vocabulaire, de ses logiques de raisonnement, de ses manières de problématiser la société. Il s’agit en effet de tenter de rassurer une angoisse sociale en ne s’attaquant pas à ses bases matérielles en attendant la prochaine échéance électorale. A ce jeu les explications univoques et simplistes du Front National restent les plus efficaces quitte à les nuancer à des fins de distinction. Ce processus décrit il y a bien longtemps par Pierre Tevanian et Sylvie Tissoti est en œuvre depuis plusieurs décennies c’est-à-dire depuis la contre-révolution libérale. D’emprunt en emprunt c’est progressivement l’ensemble du paysage idéologique français qui se trouve modifié. 



    Problématiser les faits et crises sociales à partir de logiques culturalistes, accepter même en les nuançant les théories faisant de l’Islam et des musulmans un problème (pour la démocratie, pour le droit des femmes, pour la laïcité, etc.), reprendre la thématique d’une « identité nationale » en danger par le défaut d’intégration d’une composante de notre société, expliquer les guerres au Sud de la planète par des facteurs uniquement religieux et/ou tribaux, présenter des groupes meurtriers comme DAESH comme surgissement inexplicable de la barbarie ou pire comme conséquence logique d’une religion meurtrière en essence, etc., voilà des décennies que l’hégémonie de cette vision du monde se renforce par emprunts successifs.

    

Le résultat est au rendez-vous : le développement des rapports sociaux racistes dans notre société. Loin d’être une situation isolée, la manifestation islamophobe d’Ajaccio reflète le développement bien réel de ces rapports sociaux sur l’ensemble du territoire. De telles manifestations existent en potentialité ailleurs. Bien sûr ni Sarkozy, ni Hollande ne souhaitent un tel résultat mais celui-ci reste la conséquence logique de décisions de court-terme prisent pour répondre aux besoins de légitimation immédiats de leurs projets de régression sociale. 



    La lepénisation des esprits est un processus c’est-à-dire qu’elle ne peut être stoppée que par la rupture franche et nette avec la logique qui la porte. Or une telle rupture n’est pas possible pour un parti socialiste qui a définitivement fait le choix de la mondialisation capitaliste et de ses nécessités que sont les guerres et la régression sociale généralisée. Elle débouche inévitablement sur une lepénisation des actes. Elle ouvre enfin pour le Front National à une logique de surenchère qui n’a aucune raison de s’arrêter.

    

La proposition du gouvernement d’instaurer une « déchéance de la nationalité » pour les « binationaux » condamnés pour terrorisme est, non seulement, approuvée par le Front National mais celui-ci propose de l’élargir à d’autres situations. « Une fois que le principe a été réhabilité par François Hollande, précise Florian Philippot, nous allons passer à l’étape numéro 2, c’est-à-dire faire pression pour que cette déchéance soit appliquée concrètement beaucoup plus largement (2)." 



    La même logique de surenchère est repérable sur de nombreuses autres questions : L’islamophobie qui se déploie de l’interdiction initiales de porter le foulard au sein de l’école publique à une demande d’extension dans les hôpitaux, les entreprises, la rue, etc. ; La sécurité qui se traduit par une demande d’armements plus conséquents des policiers puis s’étend à l’armement de la police municipale et pourquoi pas demain à la vente libre des armes comme aux Etats-Unis ; Les conditions exigées pour le regroupement familial qui ne cesse de croître depuis trente ans, etc. Sur toutes ces questions ce que le Front National propose devient ultérieurement une réalité mise en œuvre par la droite et/ou le parti socialiste.

    

 L’acceptation d’un champ idéologique entraîne inévitablement les conséquences pratiques de ce champ. L’acceptation pour des raisons de légitimation de court-terme et/ou pour des raisons de détournement des colères sociales et/ou pour des raisons électorales du culturalisme comme grille de lecture du monde conduit inévitablement à un développement des rapports sociaux racistes concrets.



    L’approche culturaliste de la nationalité et logique d’exception

    Les processus culturalistes que nous décrivons s’inscrivent désormais dans la longue durée c’est-à-dire qu’ils se déploient depuis plusieurs décennies. Toutes les mesures culturalistes ne se valent cependant pas. Certaines d’entre-elles signifient des basculements qualitatifs au sens où elles marquent l’éclatement d’un verrou idéologique issu des luttes sociales passées et en particulier de la lutte contre le fascisme au mitan du vingtième siècle et des luttes anticolonialistes des décennies suivantes. Rendre possible la déchéance de la nationalité est une mesure signifiant une telle rupture qualitative.

    

La colonisation instaure un clivage légal entre d’une part des citoyens français et d’autre par des « sujets français ». Elle crée pour les indigènes selon le juriste Jacques Aumont-Thiéville une position « intermédiaire entre celle du citoyen français et celle de l’étranger puisqu’ils sont sujets français (3) ». 



    Ce faisant, elle fonde un droit d’exception s’appliquant à certains français et non à d’autres. Une fois la logique d’exception posée, elle s’étend inéluctablement comme en témoigne la distinction entre « français de papier » et « français de souche » qui date de l’époque coloniale. La hiérarchisation des « français » en fonction de leurs origines touche ainsi les « naturalisés » même européens : 

 

    « Compagnons de France ! A l’appel ! Martinez ! – Présent. Navarro ! – Présent. Esclapez ! – Présent. Napolitano ! Canelli ! Présent ! Présent ! ». Sur les places des villages et des villes d’Oranie, les dimanches matins du salut aux couleurs, le défilé des noms des « compagnons »’ lancés avec l’accent râpeux d’Oran donnait une bonne idée des origines de ceux que les Français « authentiques » appelèrent longtemps avec mépris les « néo-français », ou mieux encore « les Français à 2,75 F » (du prix du papier timbré sur lequel s’établissait la demande de naturalisation) 



    Le décret-loi du 22 juillet 1940 du maréchal Pétain prévoit pour sa part dans son article 1 « la révision de toutes les acquisitions de nationalité française ». Bien sûr nous n’en sommes pas là mais il s’agit bien d’autoriser une déchéance pour des personnes nées françaises sur le seul critère de l’origine. François Hollande le précise nettement le 16 novembre devant le congrès :
    

Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité (4). 



    Quant à la veine idéologique d’une telle mesure, le ministre de la justice de Pétain Raphaël Alibert la précise en argumentant le décret-loi avec un vocabulaire que l’on pourrait croire contemporain : « les étrangers ne doivent pas oublier que la qualité de Français se mérite (5). » 



    Les réponses de Manuel Valls ont, bien entendu été une dénonciation offusquée de l’amalgame entre des situations incomparables. Son argumentaire ne peut cependant pas nous rassurer. Selon lui cette mesure n’est pas nécessaire pour des raisons d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Elle est de nature symbolique :
    

« Oui, c’est une mesure symbolique". Mais "quand des Français prennent les armes contre d’autres Français, prônant la haine de la France, brûlant d’ailleurs le passeport, reniant tout ce que nous sommes, l’Etat, la République peuvent être amenés à prendre un certain nombre de mesures, qui sont à la fois symboliques et concrètes (6). » 



    Si la mesure n’a aucune efficacité, si elle est entièrement de nature symbolique, c’est qu’il s’agit bien de faire éclater un verrou idéologique. Il ne faut jamais sous-estimer les effets d’un tel éclatement quand bien même celui-ci se limiterait à la sphère symbolique. La disparition d’un verrou idéologique libère et autorise, invite et incite, légitime et rend utilisable, des termes et des concepts, des logiques de pensées et des modes de raisonnement, jusque-là prohibés par l’état du rapport de forces. Ce qui est autorisé par l’éclatement de la nationalité homogène qu’instaure la déchéance de la nationalité se sont des pratiques d’exception jusque-là prohibées, ce sont des traitements inégalitaires légaux sur la seule base de l’origine. 



    Nous sommes bien en présence d’une politique de la race construite par en haut pour des raisons de légitimation de court-terme mais imprégnant désormais largement la société française comme en témoigne les derniers sondages comme la manifestation d’Ajaccio. 



    Le peuple de France (comme tous les autres peuples) n’est pas et n’a jamais été raciste par essence. En revanche, il le devient dans certaines périodes historiques, quand se conjuguent des discours culturalistes durables et des incertitudes sociales. Ce fut le cas à l’époque coloniale, telle est aussi notre situation actuelle. La seule réponse est le développement d’une autre explication du présent et d’une autre vision de l’avenir. Mais pour cela une première étape est nécessaire qui consiste à briser les consensus idéologiques que l’on tente de nous imposer. La lutte contre les guerres, l’Etat d’urgence et l’islamophobie revêt désormais le caractère d’une urgence sociale et politique.

    Notes :
    1) - Pierre Tevanian et Sylvie Tissot, Mots à Maux, Dictionnaire de la lepenisation des esprits, Dogorno, Paris, 1998.
    2) - OBS2111/quand-le-fn-proposait-la-decheance-de-nationalite-pour-de-simples-faits-delictuels.html,
    3) - Jacques Aumont-Thiéville, Du régime de l’indigénat en Algérie, cité in Olivier Le Cour Grandmaison, La découverte, Paris, 2010, p. 57.
    4) - http://libertes.blog.lemonde.fr/2015/12/05/decheance-de-nationalite-le-precedent-de-vichy
    5)- Journal de débats du 24 juillet 1940.
    6) - http://www.bfmtv.com/politique/pour-valls-la-decheance-de-nationalite-est-une-mesure-symbolique-936124.html

    Source : Investig’Action http://www.michelcollon.info/De-l-esprit-du-11-janvier-a-la.html?lang=fr

  • Je ne suis pas féministe, mais…
    http://www.nova-cinema.org/prog/2015/151-pink-screens/seances/article/je-ne-suis-pas-feministe-mais

    Florence Tissot & Sylvie Tissot, 2015, FR, HD, vo st en, 52’ La ritournelle est bien connue ! Derrière ce titre, c’est à un état des lieux des luttes féministes passées et à venir que nous assistons. Rien que ça ! Le film retrace le parcours d’une des personnalités actuelles les plus importantes, Christine Delphy : son combat féministe, la création du MLF, mais aussi son enfance, la découverte de son homosexualité, et son combat contre le racisme et l’islamophobie. A travers ce portrait intimiste non dénué d’humour, pleins d’enjeux sont abordés. On en ressort moins (...) samedi 14 novembre 2015 - 15h , Florence Tissot & Sylvie (...)

  • Projection de « Je ne suis pas féministe, mais... »
    http://rebellyon.info/Projection-de-Je-ne-suis-pas-feministe

    Le 15 Octobre à Lyon, projection de « Je ne suis pas féministe, mais… » dans le cadre de la Quinzaine pour l’Égalité Femmes-Hommes en Rhône-Alpes, en présence de la réalisatrice Sylvie Tissot, à l’Université Lyon 2 à 18h. - Infos locales / Rapports sociaux de genre, (...) — Infos locales, Rapports sociaux de genre, Discriminations, http://umap.openstreetmap.fr/fr/map/lyon2-quais_54828#18/45.75089/4.83872, https://jenesuispasfeministemais.wordpress.com/agenda/15-octobre-lyon