• L’éthique environnementale aujourd’hui
    Par Catherine Larrère
    http://www.nonfiction.fr/article-1206-lethique_environnementale_aujourdhui.htm

    Article synthétique de très bon niveau de 2008, autour de la chronique de trois livres.

    Généralités

    Dans les années soixante-dix, la réflexion morale s’est donné un nouvel objet : l’environnement.

    cette éthique est universaliste : elle s’interroge sur les rapports de l’homme et de la nature pour en faire apparaître la dimension morale, et inclure les entités naturelles, voire la nature ou la biodiversité comme un tout, dans notre souci moral. Mais c’est aussi une éthique locale.

    Cette réflexion vise (... ) pratiquement la protection (preservation en anglais) de cette nature sauvage, laissée à l’écart de l’action humaine, et dont est affirmée la valeur intrinsèque, indépendante de toute utilisation que l’on pourrait en faire.
    Or, la globalisation des questions environnementales met en cause le partage entre les espaces protégés et ceux laissés aux activités humaines.

    Le problème du développement durable

    [Avec la globalisation,] il ne s’agit plus de protéger des îlots de nature intouchée, pour autant qu’ils existent encore, il s’agit de rendre l’ensemble des activités humaines compatibles avec le bon état de la Terre. C’est ce que l’on a désigné par l’expression de développement durable. En outre, cette extension du souci environnemental s’est accompagnée d’un très net recentrement des préoccupations sur la dimension humaine de la question. Défini, à la Conférence de Rio, comme un développement économique et social qui vise à +satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l’environnement des générations présentes et futures+, le développement durable envisage donc l’environnement - le terme de nature n’apparaissant même pas dans la définition - de façon purement instrumentale.

    c’est (...) contre cette instrumentalisation de la nature désignée comme anthropocentrique que s’étaient élevées les éthiques environnementales apparues dans les années soixante-dix.

    Sur trois livres chroniqués dans l’article , écrits par Dale Jamieson prof à la New York University

    Jamieson n’est pas un défenseur opiniâtre de la valeur intrinsèque. Il en expédie même assez rapidement les deux principales variantes (celle dite « biocentrique » qui accorde une valeur intrinsèque à toute entité vivante et celle dite « écocentrique » qui insiste sur les devoirs que nous avons à l’égard de la communauté biotique dont nous faisons partie), pour adopter une approche pluraliste des différentes évaluations des valeurs naturelles. Mais il tient ferme sur ce qui est l’ambition fondamentale des éthiques environnementales : affirmer la dimension morale de nos rapports à la nature. Pas plus que ses prédécesseurs, Jamieson ne conçoit l’éthique environnementale comme une simple éthique appliquée, c’est-à-dire comme l’application, à des objets nouveaux, de théories morales préexistantes. Parce qu’elle inclut la nature dans le champ de notre considération morale, l’éthique environnementale remet en cause les limites des théories morales traditionnelles pour lesquelles il n’est de devoirs qu’entre les hommes.

    Le concept de justice environnementale

    [Aujourd’hui] On est ainsi passé d’une interrogation globale sur les rapports de l’homme à la nature à une étude différenciée de l’impact des questions environnementales sur les populations humaines et de l’inégale répartition des dommages environnementaux (mais aussi de ses avantages) entre les différents groupes humains. Telles sont les questions qui relèvent de la justice environnementale. Elles touchent à l’inégale distribution du « fardeau » environnemental, et, par fardeau, il faut entendre les risques, dommages…, liés à la crise environnementale, mais tout aussi bien la répartition des mesures à prendre pour faire face à la situation. Or, ces problèmes de justice environnementale, ignorés par la première génération des éthiques environnementales, ne peuvent être abordés de façon satisfaisante avec les seules théories classiques de la justice, qu’il s’agisse de celle de Rawls, de l’utilitarisme, ou du libertarianisme. On le voit bien dans les nombreux articles sur ces questions que l’on trouve dans les livres de Jamieson. Ces questions de justice environnementale posent des problèmes nouveaux : une forte polarisation Nord/Sud (absente des questions classiques de justice), une dimension temporelle beaucoup plus importante (les fameuses « générations futures »), des problèmes de responsabilité (aussi bien dans l’attribution rétrospective de la responsabilité des dommages actuels que dans la distribution prospective des tâches à accomplir), et, également, une présence de la nature qui n’est pas réductible aux paramètres habituels (particulièrement économiques).

    #éthique #environnement #bioéthique #Larrère #développementdurable #philosophie

  • Les deux journalismes de données
    A partir d’un entretien dans Les cahiers du journalisme n°22/23, automne 2011
    Entretien titré « Evolutions des pratiques journalistiques sur internet » avec Jean-Marc Manach, journaliste en pointe sur le sujet, ancien de Owni.
    http://www.cahiersdujournalisme.net/cdj/pdf/22_23/09_MANACH.pdf

    Pour Manach :

    Il y a deux façons de faire du « data journalism »

    La première façon, pour lui

    [elle] consiste à prendre des sets de données qui sont accessibles publiquement ou que l’on parvient soi-même à créer. On est dès lors en mesure de révéler des informations que l’on n’aurait pas pu trouver si l’on n’avait pas analysé ces sets de données. Généralement les sets de données sont analysés par des universitaires, des chercheurs ou des scientifiques. (...) Au lieu de faire de l’investigation avec des témoins, des sources, des « gorges profondes », on va faire de l’investigation avec les données.

    La seconde, selon Jean-Marc Manach. Elle est liée à la première mais centrée sur une publication web. C’est celle qu’il semble soutenir.

    L’idée c’est d’essayer d’exploiter à fond ce qu’il est possible de faire sur Internet. Les sites d’information sur Internet ont tendance encore aujourd’hui a ne proposer qu’une transcription de la presse écrite. On prend des articles écrits, et on se contente de les mettre en ligne...

    [cette seconde manière permet ] à la fois d’accéder à l’information, de faire de l’investigation, et en même temps de la visualiser. Cela nous donne un autre accès à l’information. Il ne s’agit pas seulement d’illustration, sur le principe des infographies ou des photographies. Là, c’est quelque chose qui permet de creuser l’information et qui permet aux lecteurs d’aller plus loin. (...). On essaye d’aller plus loin que ce que peut faire le journaliste traditionnel et en même temps de faire des choses qu’on ne peut pas faire en radio, en télé ou en presse écrite.

    En pratique pour cette deuxième manière de faire, collective :

    De plus en plus de rédactions mettent en place des cellules où les journalistes travaillent avec des développeurs et avec des graphistes. Ils oeuvrent à créer quelque chose de différent, ce qu’on pourrait appeler des « articles augmentés ». Il ne s’agit pas de reportages, ni de webdocumentaires. Ce n’est pas uniquement du logiciel, ni uniquement de l’infographie. C’est au croisement de ces formats et métiers-là. On est donc amené à travailler ensemble.

    Et il cite une illustration de ce deuxième datajournalisme

    Le plus célèbre exemple est certainement l’enquête du Guardian sur les notes de frais des députés. Le Guardian a été très intelligent là-dessus. Il a récupéré ces notes de frais, il les a mises sur Google Doc et il a appelé ses lecteurs : « Prenez chacun 1, 2 ou 3 notes de frais et quand vous tombez sur quelque chose de litigieux, vous nous la renvoyez ! ».
    Ainsi, les journalistes du Guardian, qui matériellement n’auraient pas pu vérifier 500 000 notes de frais, ont déjà réussi à en traiter 250 000. Une rédaction ne peut pas vérifier 250 000 documents.

    #datajournalisme
    #journalisme_numérique

  • #Insee - Conditions de vie-Société - L’#internet de plus en plus prisé, l’internaute de plus en plus mobile
    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1452

    Entre 2007 et 2012, la proportion de personnes ayant utilisé I’internet au cours des trois derniers mois est passée de 56 % à 75 %. Les différences sont toujours marquées entre générations, mais elles s’estompent avec le temps. Pour les générations nées après 1990, la proportion d’internautes, proche de 100 %, a gagné 8 points en cinq ans. Parmi les générations nées entre 1930 et 1990, elle a progressé d’environ 15 points (tableau 2). Pour les générations nées avant 1930, le taux d’internautes évolue peu et reste inférieur à 9 %. Les différences entre catégories socioprofessionnelles se sont également largement réduites. Parmi les actifs occupés, l’écart entre cadres et ouvriers est ainsi passé de 43 points en 2007 à 15 points en 2012. En effet, la part d’internautes a progressé fortement chez les ouvriers (de 53 % à 84 %) (graphique 1), alors qu’elle était déjà proche de 100 % chez les cadres cinq ans auparavant. En 2007 comme en 2012, il y a un peu plus d’internautes hommes que d’internautes femmes. En revanche, la structure par âge des utilisateurs d’Internet s’est modifiée. L’âge moyen des internautes de plus de 15 ans a ainsi augmenté, passant de 37 ans et demi en 2007 à 41 ans et demi en 2012.

  • Le journalisme web de long format

    Journalisme numérique, la taille ça compte... par Erwann Gaucher
    http://www.erwanngaucher.com/article/06/06/2013/journalisme-numerique--la-taille--ca-compte/1111

    Un exemple sur le site du NY times

    En quelques jours, Snow fall attire 2,9 millions de visites et 3,5 millions de pages vues, réunissant jusqu’à 22 000 internautes simultanément. Des utilisateurs passant en moyenne 12 minutes sur cet article.

    Commentaire : Attention, la durée ne veut rien dire, on ne sait pas la proportion entre ceux qui décrochent et ceux qui restent longtemps. Il faut voir si sur écran on peut rester 30 à 40 minutes à lire un même article, ici ce sont plutôt des dossiers qu’un seul article.

    Frédéric Waringuez, Lequipe.fr, sur leur reportage long :

    « C’est une vraie traduction du grand reportage, l’internaute est vraiment en immersion dans le sujet, il n’est pas pollué par autre chose, et les infographies en HTML 5, les vidéos, ne donnent pas une impression de gadgets ajoutés, mais d’univers complet ».

    Commentaire : En plus de l’article proprement dit, il faut, selon les professionnels du web, tout de même des vidéos, des images ou des infographies. Du visuel, pas que du texte.

    #journalisme_numérique

  • La gouvernance urbaine en question : le cas des lieux de nature cultivée, Une lecture de la situation rennaise
    Revue Vertigo, septembre 2012
    Auteurs : Paula Nahmias et Emmanuelle Hellier, géographes, Espaces et société, Rennes 2
    http://vertigo.revues.org/13109#abstract
    Article analysant autour de deux « actions de concertation » sur des jardins collectifs la difficulté des relations entre politiques et populations (vision d’en haut, vision des habitants). Ex. Prairies Saint-Martin et Blosne

    Institutions vs habitants

    (Les institutions publiques) estiment devoir réguler les fonctionnalités et usages des espaces de nature cultivée en ville au nom de l’intérêt général ; mais leurs propositions ne rejoignent pas nécessairement les attentes habitantes, fondées sur d’autres référentiels, tels que la connaissance des lieux et des rythmes vivants tirée de l’expérience quotidienne.

    les revendications habitantes se heurtent en fait à ce que l’institution prône comme l’intérêt général. Cet intérêt général semble défendu unilatéralement par les responsables de la gestion urbaine, mais l’intérêt du développement métropolitain est-il indifférent aux autres intérêts, à ceux des autres acteurs de la ville ?

    Attitude/réaction des habitants

    Le public n’est pas mis en situation de consultation et de concertation réelle et encore moins d’empowerment. Dans les faits, la participation ne vise donc pas forcément la démocratisation de l’action publique. Dans ces conditions, l’habitant se retrouve souvent porteur d’un avis défensif.

    La vision métropolitaine est portée à une telle échelle qu’elle considère comme inaudibles et invisibles les dynamiques produites à l’échelle des quartiers. Ces opérations de grande envergure cristallisent alors assez logiquement des oppositions, habitantes, citoyennes, voire politiques, qui font monter le conflit en généralité autour de choix et de visions urbaines différenciées.

    Prairies Saint-Martin

    l’élargissement de la mobilisation politique observable depuis la création de la première association en 2011 aux Prairies témoigne de l’opposition entre la vision de citadins attachés à « leurs » terres, rejoints par des militants et agriculteurs, et une promotion de l’aménagement métropolitain par l’intégration de tous les espaces urbains dans le foncier valorisable.

    L’élargissement continuel de la mobilisation aux Prairies Saint-Martin, des habitants aux associations généralistes (patrimoine, écologie) et aux mouvements urbains plus politisés, montre bien que le souci alimentaire est loin d’être une préoccupation confinée au monde rural.

    Méthode/expérience sur le Blosne

    cet essor de créativité et d’aspiration à l’agriculture urbaine chez les habitants se heurte à la manière dont les institutions locales mènent le processus de concertation, qui ne reconnaît que de manière sélective la légitimité et la capacité d’action de l’habitant. En effet, la Ville décide en amont du type, du rôle et de la localisation des jardins collectifs dans le projet de parc en réseau, et sur cette base, essaie de conduire la participation des habitants de telle et telle manière .

    Deux réflexions des chercheuses

    L’approche sensible de l’habitant vis-à-vis de son milieu de vie en fait un être légitime dans un écosystème.

    si le végétal est valorisé dans l’image et le projet urbain, comme une « coloration saine », la nature cultivée par les habitants eux-mêmes n’est pas si bien acceptée dans la Ville. Visiblement, ce ne peut pas être la même nature qu’à la campagne ; ce qu’on tolère à la ferme ou dans une propriété privée n’est pas adapté à la ville, dont les autorités gestionnaires émettent leurs propres normes urbaines de la nature.

    #Sociologie_urbaine
    #Métropole
    #environnement
    #concertation
    #démocratie_locale
    #institution_et_habitants

  • Comment la gentrification est devenue, de phénomène marginal, un projet politique global
    Auteur : le géographe Mathieu Van Criekingen
    Revue Agone, Villes et résistances sociales, 2008

    http://revueagone.revues.org/201#ftn1

    Dernier paragraphe :
    Concurrence entre villes/attractivité territoriale

    Le dogme néolibéral selon lequel le gouvernement des villes doit désormais favoriser les agents économiques opérant à l’échelle internationale pour pouvoir espérer quelques retombées « sociales » à l’échelle locale a acquis, au cours des deux dernières décennies, une puissance redoutable.

    Plus loin

    un modèle mimétique de gouvernement des villes paraît s’imposer, prônant à toutes de faire reposer leur développement économique et social sur l’attraction de potentiels économiques exogènes dans le cadre d’une concurrence inter-urbaine exacerbée

    Plus loin

    La frénésie contemporaine de « grands projets urbains » est la partie la plus visible de cette concurrence que se livrent les villes prétendant à un statut de métropole – régionale, nationale, continentale ou mondiale, selon l’ambition.

    La liste faite par l’auteur est éclairante : centre de congrès, complexes d’affaire mêlant bureaux, hôtels, commerces et résidences haut-de-gamme, technopoles avec de nouveaux campus, musées d’art contemporain, cités des sciences, salles de concert...

    le champ des politiques de redistribution est progressivement désinvesti (en matière de production de logements sociaux notamment) ou mis à la remorque des retombées escomptées de la politique d’attractivité du territoire.

    #gentrification
    #urbanisme
    #métropole
    #sociologie_urbaine

  • Association de journalistes numériques sur Google +

    http://www.erwanngaucher.com/article/24/05/2013/la-face--peine-cachee-de-la-meta-redaction-numerique/1105

    Au menu, beaucoup de questions très concrètes et précises, des réponses, des conseils, le partage d’outils pas forcément connus de tous mais qui peuvent simplifier la vie quotidienne de chacun.

    https://plus.google.com/communities/116980293240150398389

    #journalisme_numérique
    #pratique