• Une vulgarisation attentive de Moishe Postone en deux parties.

    via http://www.palim-psao.fr/2023/04/avoir-une-autre-idee-du-marxisme-moishe-postone-par-alain-lecomte.html

    Avoir une autre idée du marxisme – Moishe Postone
    https://rumeurdespace.com/2023/02/21/avoir-une-autre-idee-du-marxisme-moishe-postone

    Le premier point important de la lecture de Marx par Postone me paraît être celui où il va à l’encontre d’une idée attribuée à Marx, selon laquelle la valeur d’une marchandise produite consiste dans le montant de temps de travail social nécessaire pour la produire. C’est un point important du marxisme traditionnel. Mais dit-il, cela est un point affirmé bien avant lui, notamment par Ricardo. Est-ce que Marx reprend vraiment à son compte cette idée ? Ici apparaît la façon dont nous lisons les textes. Devons-nous les lire en prenant ce qui est dit pour argent comptant ? Comme des constats indiscutables… ou bien comme des paroles rapportées ? Si l’on en croit les Grundrisse et l’analyse qu’en fait Postone, c’est la deuxième alternative qui semble être la bonne. Dans Le Capital, Marx, dit Postone, commence son exposé théorique en prenant les catégories et les concepts tels qu’ils se donnent dans le moment actuel de l’histoire, d’une façon en quelque sorte immanente. Partons de cette proposition-là puisqu’il semble qu’elle soit communément admise, se dit-il. C’est là insister sur le fait qu’il n’est pas, si on est un matérialiste convaincu, de catégorie ou de concept transhistorique, qui ne dépendrait pas de l’ensemble des conditions sociales de production de la pensée. On ne saurait penser la pensée en dehors des conditions concrètes, matérielles, qui l’ont permise. On prend toujours le train (de la pensée) en marche, on fait avec les catégories qui nous sont transmises. Ce sont des catégories historiques.

    Il n’y a, ni selon le Marx des Grundrisse, ni donc selon Postone, de notion transhistorique du travail ! Nous ne sommes pas dans une situation où il y aurait une notion anthropologique que l’on appliquerait à l’analyse d’un procès de transformation. Il y a une notion de travail qui, déjà, est intrinsèque à un système de production, en l’occurrence ici le capitalisme. Et donc, il n’y a pas de possibilité de libération d’un tel travail, pur et abstrait, qui s’échapperait des contraintes posées par le capital. Le travail dont nous parlons, c’est le travail capitaliste, c’est-à-dire inhérent à ce système. Si nous voulons nous affranchir du système, ce n’est pas en le gardant comme s’il pouvait être préservé dans un ailleurs idéal qui serait l’espace du socialisme, non, si nous voulons nous en affranchir, nous devons aussi nous affranchir du travail en ce sens-là ! On voit du même coup ce que cette critique entraîne du point de vue de la valeur. Si le travail (mesuré en temps socialement nécessaire etc.) est constitutif de la valeur, ce n’est pas le travail idéal dont il s’agit (celui que par exemple accomplirait un humain libre dans une société libre, en coupant du bois pour se chauffer ou en gravant son empreinte sur le fond d’une grotte) mais le travail capitaliste, celui qui se scinde toujours en deux moitiés : un travail « concret » et un travail « abstrait », lequel travail abstrait n’étant rien d’autre que la partie du travail qui sert à créer des rapports sociaux par un biais connu que l’on peut résumer ainsi : par le travail abstrait, je peux acheter le travail produit par d’autres, autrement dit s’élabore une société, une vie sociale, non pas par l’échange direct entre les sujets humains, mais par le biais des objets qui s’échangent entre eux par notre intermédiaire

    […]

    Et c’est là qu’apparaît le retournement opéré par Marx dans les Grundrisse : lorsqu’il posait cette thèse de la valeur engendrée par la part de travail socialement nécessaire, il ne décrivait pas un processus dépassant l’historicité, il en faisait la critique et montrait qu’il était lié à l’histoire ! Autrement dit, Marx critique le fait que ce soit pour le capitalisme (et non de manière universelle)que la valeur s’explique par la part de travail incorporée. Dans ces conditions, le capitalisme fera toujours en sorte que jamais le travail ne se libère, puisqu’il constitue, à ses yeux, la valeur. Le Capital demandera donc toujours aux travailleurs de garder la même part de travail dit « socialement nécessaire » (j’ai l’air ici de faire du Capital un « sujet », mais c’est justement ce pour quoi plaidera Postone dans l’un des chapitres de l’ouvrage : le Capital est bel et bien le Sujet de l’histoire), quitte à engendrer (comme nous le verrons par la suite) du travail en réalité… superflu !La sortie du capitalisme ne consisterait plus alors dans une « libération du travail » mais… dans son abolition.

    Marx et Postone (2) : abolir la valeur
    https://rumeurdespace.com/2023/02/28/marx-et-postone-2-abolir-la-valeur

    #Moishe_Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #Marx #capitalisme #valeur #travail #critique_du_travail

  • Travail, retraite : par où la sortie ?

    On fait semblant d’y croire. On fait semblant de manifester contre une réforme, alors que ce qu’on voudrait -si on osait- c’est manifester contre le travail.

    Car, désolé, il n’y a pas d’autres manières d’exprimer clairement les choses. Être contre le travail aujourd’hui, c’est affirmer l’évidence de cet immense chantier devant nous, pour tout remettre à l’endroit. Un chantier impossible à entamer si on reste comme des imbéciles à courir après le fric. Car, aujourd’hui, où que l’on regarde, rien de constructif pour les humains et le vivant n’est finançable.

    https://rebellyon.info/Travail-retraite-par-ou-la-sortie-24526

  • Tract contre la réforme des retraites… en 2010, mais contre le capitalisme et le travail.

    Groupe Libeludd, Mouvement des retraites, 2010
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/02/01/libeludd-retraites

    Il n’y a pas de solution au problème des retraites ou du chômage sans sortie du capitalisme et de la société industrielle.

    Il faut que je ressorte « Le cauchemar de Don Quichotte » de Mathieu Amiech et Julien Mattern aussi… les mêmes arguments de la gauche (et déjà Bernard Friot !) en… 2003 ! 20 ans que ce sont les mêmes réformes, avec les mêmes arguments pro travail, pro croissance, où on ne fait que se défendre pour garder le peu de droits qui restent, mais en continuant de produire et détruire, même pas « tout autant », mais « toujours plus » (faites l’addition des croissances annuelles depuis 20 ans).

    #retraite #capitalisme #croissance #critique_techno #automatisation #informatisation #travail #critique_du_travail

  • Parution le 13 janvier prochain : Marx, par-delà le marxisme. Repenser une théorie critique du capitalisme au XXIe siècle de Moishe Postone (Editions Crise & Critique)
    http://www.palim-psao.fr/2022/12/parution-le-13-janvier-prochain-marx-par-dela-le-marxisme.repenser-une-th

    Figure majeure de la Théorie critique et spécialiste de renommée mondiale de l’antisémitisme moderne, l’historien Moishe Postone a élaboré une réinterprétation de la pensée de Marx d’une grande importance pour une critique sociale à la hauteur de l’époque. Largement saluée, son œuvre maîtresse, Temps, travail et domination sociale, s’est opposée à l’opinion répandue que Marx n’avait plus rien à dire dans une époque d’effondrement du communisme à l’Est et de consolidation du capitalisme néolibéral en Occident. Il a aussi posé les jalons d’une reconstruction de l’œuvre marxienne adaptée à la saisie du monde contemporain qui diffère des critiques marxistes traditionnelles.

    Sa thèse centrale est que la critique du capitalisme par Marx ne consiste pas à glorifier le travail et le développement des forces productives, ni à promouvoir une sorte de société sans exploitation dans laquelle les travailleurs pourraient obtenir la pleine valeur de ce qu’ils produisent. Il s’agit plutôt d’abolir le travail tel que nous le connaissons, et avec lui une société dans laquelle le travail, et la valeur qui lui est liée, régissent nos vies.

    Postone considérait néanmoins sa relecture comme une enquête préliminaire et a passé les vingt-cinq années suivantes à explorer, dans divers essais et entretiens enfin réunis en français, comment Marx fournit, selon ses propres termes, « une puissante théorie sociale critique du monde contemporain ». Il montre combien les Grundrisse contribuent à éclairer la critique de la modernité élaborée dans Le Capital, se confronte au rapport de Marx à Hegel ou encore aux analyses de Georg Lukács sur la corrélation entre les dimensions subjective et objective de la vie sociale et Marcel Mauss sur la distinction entre don et marchandise. Des réflexions qui nous exhortent à élaborer une pensée de la réflexivité théorique et de la spécificité historique pour mieux comprendre et transformer le monde dans lequel nous vivons.

    #Moishe_Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #Marx #marxisme #Histoire #théorie_critique #capitalisme #travail #critique_du_travail

  • Manifeste Tangping. Dictature de l’économie contre désertion en Chine - tousdehors
    https://tousdehors.net/Manifeste-Tangping-Dictature-de-l-economie-contre-desertion-en-Chine

    L’origine exacte du texte que nous traduisons aujourd’hui est difficile à situer. Il semble qu’il ait été en premier lieu posté le 1er juin 2021 sur WeChat (une application de messagerie populaire en Chine), puis partagé sur des plateformes en langue chinoise qui échappent au contrôle du Parti communiste chinois (PCC) . Bien que sa source soit difficilement identifiable et que son auteur·rice demeure anonyme, il est important de comprendre le contexte dans lequel il est apparu.

    Écrasé par la culture de travail du "996", [nom donné à la journée de travail moyenne chinoise qui dure de 9h à 21h, 6 jours par semaine], Luo Huazhong a pris la décision radicale de déserter. Dans une série de publications rapidement censurées sur les réseaux sociaux, Luo Huazhong (dont le pseudonyme signifie "Voyageur au coeur tendre") a décrit les contours d’un autre type de vie qu’il a appelé le Tangping. Terme métaphorique qui signifie s’allonger et laisser les gens se moquer, le Tangping décrit une forme de vie centrée sur le refus d’être esclave de l’ordre économique. Il s’oppose aux "ciboules" qui, dans le langage de l’internet chinois, désignent ces personne qui s’épuisent au travail et perdent leur vie à la gagner.

    Le mode de vie Tangping correspond à une culture du voyage et de la désertion, qui consiste à passer le moins de temps possible au travail. Sur les réseaux chinois, le hasthag sert à raconter comment, plutôt que de s’épuiser à répondre aux impératifs de la culture dominante et de consommer, on peut éviter de se tuer au travail. (...)

    –-------------

    1. Le grand refus

    Certain·es jeunes, écoeuré·es par ce qui se déroule autour d’eux·elles, vont de l’avant. Plutôt que de se laisser écraser par une vie sinistre, ils·elles font le choix de se laisser porter par leur instinct. Leur attitude ne révèle pas une conception renouvelée du repos, du sommeil, de la maladie et de la mort, mais constitue un refus de l’ordre du temps lui-même.

    L’appel du XXe siècle qui aspirait à convertir toute vie en énergie combustible, qui poussait autrefois si violemment ses citoyens à aller de l’avant, n’est plus qu’une mouche irritante qui bourdonne à nos oreilles. Voici poindre une époque dans laquelle une ancienne magie échoue dans sa visée alors qu’une autre revient à la vie.

    En réalité, sans ce récent rappel des Tangpingistes, nous serions presque sur le point d’oublier ce que le mot « justice » signifie. De la même manière que les salarié·es exploité·es tentent de récupérer le temps qu’ils·elles ont perdu à travailler en pratiquant le toucher de poissons[1], les Tangpingistes empruntent le chemin du refus. Ils·elles exigent des compensations pour tous les préjudices qu’ils·elles ont subi dans le passé. L’adoption du Tangping requiert une réduction des besoins afin survivre en consommant le moins possible, ceci dans le but de travailler le moins possible. Il traduit un désir plus large, qui traverse toute la société : celui de se réapproprier le temps et l’espace - de sorte que la position couchée devienne une pratique répandue.

    #travail

    • Nous cherchons à défendre la propriété collective. Nous cherchons à taxer nos collecteur·rices de loyers et nos propriétaires pour qu’ils·elles nous rendent enfin ce qu’ils nous ont volé par le passé. Nous cherchons à créer un grand atelier qui réparera les tonneaux. Nous cherchons des technologies qui accélèrent le Tangping plutôt que l’esclavage, pour que les réductions de travail soient tout de suite payantes. Nous cherchons des maisons de soins et des garderies communautaires. Nous cherchons à supprimer les frontières pour que chacun puisse se déplacer librement entre toutes les régions autonomes qui émergeront. En particulier nous cherchons à faire attention à celles et ceux qui sont dans le besoin – à fournir des soins à celles et ceux qui ont souffert physiquement et mentalement ou qui sont en situation de handicap, à fournir de l’argent à celles et ceux qui sont endetté·es, à ouvrir des espaces pour celles et ceux qui ont enduré la discrimination, la stigmatisation et l’injustice…

      #solidarité #propriété_collective

  • À propos de « Terre et liberté » d’Aurélien Berlan, par Anselm Jappe (recension)
    http://www.palim-psao.fr/2022/04/a-propos-de-terre-et-liberte-d-aurelien-berlan-par-anselm-jappe-recension

    Mais par la suite une évolution dans sa pensée a eu lieu, et toujours en refusant tout « romantisme agraire », il a progressivement abandonné l’idée que l’émancipation sociale dépende forcément d’un degré du développement industriel que seulement le capitalisme a pu assurer. La rupture avec le marxisme traditionnel devait aussi passer par le rejet de cette assomption – qui est resté moins marquée, cependant, que le rejet de la centralité de la « lutte des classes ». De toute manière, il a nettement nié la possibilité de sortir de la logique de la valeur à travers le numérique, en répondant avec son article « La non-valeur du non-savoir » (Exit ! n°5, 2008) à l’article « La valeur du savoir » d’Ernst Lohoff (Krisis, n°31, 2007). La conception d’une sortie du travail à travers les machines « qui travaillent à notre place » est depuis des décennies assez populaire dans une bonne partie de la gauche radicale, et on en trouve des traces même dans le Manifeste contre le travail de 1999. Cependant, la critique « catégorielle » du travail, qui met l’accent sur le caractère tautologique du côté abstrait du travail accumulé comme représentation phantasmagorique de la pure dépense d’énergie et qui devient le lien social, n’est pas identique à une critique « empirique » du travail en tant qu’activité déplaisante – même si l’énorme augmentation du « travail concret » dans la société capitaliste est évidemment une conséquence de l’intronisation du travail abstrait comme lien social. La critique de la valeur a certainement dépassé le stade de l’« éloge de la paresse » ‒ même si ce slogan pouvait constituer jusqu’à 2000 environ une provocation salutaire envers le marxisme traditionnel autant qu’envers le mainstream social. Ensuite cette forme de critique du travail a trouvé une certaine diffusion s’accompagnant de sa banalisation, la polémique contre les « jobs à la con » (David Graeber), etc.

    […]

    L’ancienne idée que le développement des forces productives doit s’achever avant de pouvoir passer à une société émancipée, et qui fait à nouveau rage avec des tendances comme l’accélérationnisme cher à Multitudes, a été abandonnée par la majorité des auteurs de la critique de la valeur (mais non par tous). La critique de la logique de la valeur et une critique des appareils technologiques peuvent donc bien s’intégrer et se compléter dans une critique de la « méga-machine » (Mumford), même si le degré de « mélange » de ces deux critiques peut varier assez fortement selon l’approche choisie. Berlan ne va pas jusqu’à dire, comme d’autres auteurs de la critique anti-industrielle, que la critique du travail aide le capitalisme parce qu’elle dénigrerait le faire artisanal et l’ethos du travail, en favorisant ainsi les procédures automatisées, voire numérisées. Mais Berlan n’évoque jamais vraiment la différence entre travail concret et travail abstrait.

    […]

    Mais lorsque l’écroulement progressif de la société marchande poussera des millions de gens vers ces expériences – comme Berlan le prévoit et le souhaite, ce qui est d’ailleurs une perspective très optimiste – que trouveront-ils à récupérer ? Des arbres coupés et des vignes arrachées, des sols empoisonnés et des savoir-faire complètement perdus. Combien de temps faudrait-il pour recomposer ce qui a été perdu (si on y arrive) ? Et surtout, quoi faire si, au moment de la récolte, des gens se présentent, qui n’ont contribué en rien au labeur, mais qui ont des mitraillettes ? Berlan évoque effectivement le problème de la défense, presque toujours négligé dans ces contextes. Mais il le reperd tout de suite. Or, l’autodéfense ne fait pas peur aux zapatistes et aux kurdes dans le Rojava, et pourrait en tenter quelques-uns dans les zad – mais la plupart des aspirants à l’autonomie en Europe choisissent sans doute d’éviter le problème, effectivement épineux, et préfèrent la bêche au fusil.

    Une autre faiblesse de cette approche réside dans la méconnaissance du rôle de l’argent : en stigmatisant le « purisme » de ceux qui voudraient bannir tout usage de la monnaie, Berlan en défend un usage « raisonnable », limitée, pour les échanges entre communautés largement autosuffisantes. Ainsi fait retour le vieil espoir, pour ne pas dire le mythe éternel, de la « production simple de marchandises », où l’argent ne s’accumule pas en capital, mais reste sagement à sa place en jouant un rôle purement auxiliaire. Proudhon l’a proclamé comme un idéal, Fernand Braudel comme une vérité historique (le marché sans le capitalisme), Karl Polanyi (ce sont tous des auteurs cités par Berlan) comme une situation historique passée (quand la terre, le travail et la monnaie n’étaient pas des marchandises) et qui serait à rétablir. Mais c’est un leurre, très présent même à l’intérieur du marxisme. Marx a déjà démontré le caractère « impérialiste » de l’argent qui ne peut que prendre possession graduellement de toutes les sphères vitales. Le problème réside dans l’homologation des activités les plus différentes dans une seule substance, « le travail » ; si ensuite celle-ci se représente dans une « monnaie fondante », des bons de travail ou de la monnaie tout court, ne touche pas à l’essentiel. La méconnaissance du rôle du travail abstrait est ici évidemment étroitement liée à celle du rôle de l’argent.

    […]

    Dernièrement, on a prêté une attention croissante à l’« absence de limites » que provoque la société capitaliste (et sur laquelle elle se fonde en retour), à la « pléonexie », à son déni de la réalité physique. Cela constitue une partie indispensable de la mise en discussion de l’utilitarisme, du productivisme, de l’industrialisme et du culte de la consommation marchande qui distinguent autant le capitalisme que ses critiques de gauche. Cependant, Berlan risque d’aller un peu trop loin. Il oppose le désir de vivre en communautés autonomes fondées sur le partage et l’entraide, qui aurait caractérisé la plupart des êtres humains dans l’histoire, au désir de se libérer de la condition humaine et de ses contraintes. Ainsi risque-t-on de jeter aux orties, ou de déclarer pathologique, une bonne partie de l’existence humaine. Le désir de délivrance est un élément constant de l’existence humaine, souvent considérée comme sa partie noble, et s’explique avec les limites inévitables, mais quand même difficiles à accepter, de la conditio humana. La volonté d’aventure et d’extraordinaire, de grands exploits et de triomphes, de reconnaissance et de traces à laisser de son passage sur terre semble difficilement éliminable, et même si on pouvait l’éradiquer, on appauvrirait terriblement le monde humain. Le côté agonistique de l’homme doit être canalisé en des formes non trop destructrices, non simplement renié ou refoulé (avec les résultats qu’on connaît).

    […]

    L’omniprésence du désir d’être délesté des taches les plus ennuyeuses et répétitives de la vie évidemment ne justifie en rien le mille et une formes d’hiérarchie et d’oppression auxquelles ce désir a conduit. Mais il faut faire les comptes avec cette pulsion qui semble aussi originaire et fondamentale que le désir de communauté, et en tirer des bénéfices.

    […]

    Même si on n’a jamais trouvé le ciel, ou seulement pour de brefs moments, sa quête a constamment aiguillonné les humains à faire autre chose que l’accomplissement des cycles éternels. Sous-évaluer l’importance de la dimension du sacré, de la religion, du transcendant, ou simplement du rêve et de la recherche de l’impossible (les chiens qui savent voler) a déjà coûté cher aux mouvements d’émancipation. Ce ne sont pas nécessairement ces désirs qui font problème, mais la tentative de les réaliser à travers les technologies apparues sous le capitalisme, qui font sauter toutes les barrières entre le rêve et le passage á l’acte, détruisant au passage aussi la possibilité de rêver. Les mythes universels sur l’immortalité ne sont pas responsables du transhumanisme.

    […]

    [9] D’ailleurs, ce mythe mésopotamien, un des plus anciens connus et dont ils existent de nombreuses versions, débouche justement sur l’impossibilité d’atteindre l’immortalité - un serpent vole l’herbe de l’immortalité que les dieux ont donnée à Gilgamesh, qui accepte alors sa mortalité et décide de jouir des plaisirs des mortels, comme celui de tenir son enfant par la main.

    #Aurélien_Berlan #liberté #subsistance #délivrance #recension #livre #Anselm_Jappe #critique_de_la_valeur #anti-industriel #décroissance #philosophie #désir #émancipation #argent #travail #travail_abstrait #critique_du_travail #mythe #rêve #immortalité #transcendance

  • Forme sociale et subjectivité : À propos de l’égalité et du conflit social immanent à la modernité capitaliste, par Moishe Postone
    http://www.palim-psao.fr/2022/04/forme-sociale-et-subjectivite-a-propos-de-l-egalite-et-du-conflit-social-

    Au contraire, l’action collective peut rendre les travailleurs égaux, c’est-à-dire des sujets bourgeois. Permettez-moi d’élaborer cette idée : le contrat de travail dans le capitalisme est un contrat entre propriétaires de marchandises, entre égaux (Marx, 1996 : 242). Pourtant, comme le note Marx, une fois que le travailleur entre dans la sphère de la production, la relation devient inégale (Marx, 1996 : 177-186). Nombreux sont ceux qui ont interprété l’analyse de Marx comme indiquant que la vérité sous l’apparence de l’égalité est l’inégalité, que l’égalité n’est qu’un simulacre. Cette compréhension est toutefois unilatérale et occulte une dimension historique importante des contrats de travail, à savoir qu’ils sont des contrats entre propriétaires de marchandises. Dans ce cadre, les travailleurs commencent également à se considérer comme des sujets porteurs de droits. Cependant, la seule façon pour les travailleurs de réaliser leur statut de propriétaires de marchandises est l’action collective, qui leur permet de négocier les conditions de vente de leur force de travail, leur marchandise (Marx, 1996 : 239-306). En d’autres termes, grâce à l’action collective, les travailleurs deviennent manifestement ce qu’ils n’avaient été que de manière latente : égaux aux autres, c’est-à-dire des sujets bourgeois (collectifs), détenteurs de droits.

    #Moishe_Postone #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #égalité #droit_du_travail #droit_du_capital #Marx #marchandise #travail #critique_du_travail

  • Réduire le temps de travail : l’évidence abandonnée | Manuel Rolland
    http://cqfd-journal.org/Reduire-le-temps-de-travail-l

    C’est une bataille que la gauche semble avoir délaissée. Comme s’il était désormais vain, voire honteux, de réclamer moins de labeur pour plus de bonheur. Et pourtant, la réduction du temps de travail, au cœur des luttes sociales des siècles précédents, est une solution de bon sens. Retour sur l’histoire d’une idée. Source : CQFD

  • Critique du travail et émancipation sociale. Réplique aux critiques du Manifeste contre le travail | Krisis
    https://www.krisis.org/2004/critique-du-travail-et-emancipation-sociale
    et aussi sur
    http://www.palim-psao.fr/2017/07/critique-du-travail-et-emancipation-sociale.repliques-aux-critiques-du-ma

    Publié il y a cinq ans, le Manifeste contre le travail se démarque des autres publications de Krisis. Conformément à son caractère de pamphlet, il introduit dans le débat public, sous une forme concise et polémique, les positions théoriques centrales développées au fil des ans dans la revue. Cela n’a pas été sans un certain succès. Aucune autre publication de Krisis n’a eu, et ce par-delà le monde germanophone, autant d’échos et par là même autant de critiques. À ce propos, il est frappant de constater qu’en dépit des particularités propres aux différents pays et aux différentes sensibilités de la Gauche, les critiques se recoupent largement. La critique formulée dans le Manifeste touche donc, semble-t-il, à quelque chose de commun à tous ces discours, quelque chose comme une base commune qui va tellement de soi qu’elle n’est même plus perçue consciemment.

    À cet égard, les quatre critiques faites au Manifeste – celles de Jaime Semprun, de Charles Reeve, de Luca Santini et des Éditions Rouge & Noir (par la suite ERN) – et republiées dans la dernière livraison de Krisis peuvent être considérées comme exemplaires. Si différent que soit leur point de départ, elles tournent autour des mêmes interrogations et se focalisent sur les mêmes points (1). Aussi ne faut-il pas voir dans le présent texte une réponse directe à ces quatre critiques, il revêt un caractère plus général.

    #critique_de_la_valeur #wertkritik #Krisis #Nerbert_Trenkle #débat #capitalisme #controverse #travail #critique_du_travail #Jaime_Semprun #Luca_Santini #Charles_Reeve

    • Notamment dans la réponse à Semprun : #cuistrerie

      « Une société libérée devra examiner à chaque fois concrètement la technologie et la science que le capitalisme a engendrées sous une forme fétichiste et largement destructive pour savoir si, et dans quelle mesure, elles pourront ou non être transformées et développées pour le bien de tous. […] Donner à ce propos a priori des critères généraux est impossible. […] Ce sera alors en fonction de divers critères qualitatifs, sensibles et esthétiques qu’ils décideront ce qu’ils acceptent et ce qu’ils refusent. » — Trenkle.

      Notre théoricien sait-il qu’il vient-là de formuler le programme que la revue Encyclopédie des Nuisances s’était précisément proposée d’entreprendre 20 ans auparavant ?

      « Nous nous attacherons à explorer méthodiquement le possible refoulé en faisant l’#inventaire exact de ce qui, dans les immenses moyens accumulés, pourrait servir à une vie plus libre, et de ce qui ne pourra jamais servir qu’à la perpétuation de l’oppression. »
      Revue Encyclopédie des Nuisances n°1,
      Discours préliminaire, novembre 1984.

      Seulement, les « encyclopédistes » n’ont pas attendu les bras croisés qu’une société libre advienne pour juger sur pièces, et justement « en fonction de divers critères qualitatifs, sensibles et esthétiques », la production marchande et industrielle. Et le « critère général » à l’aune duquel ils ont formulés ce jugement « a priori impossible », n’est autre que « le projet d’#émancipation totale né avec les luttes du prolétariat du XIXe siècle » que notre théoricien a semble-t-il totalement perdu de vue, hypnotisé par la cohérence formelle de sa théorie.

      Cela même #Sandrine_Aumercier ne l’a pas vu... Il est vrai que c’est un peu gênant.

  • Radio : Renaud Garcia, Anti-industrialisme ou anticapitalisme ?, 2020
    https://sniadecki.wordpress.com/2021/12/01/rmu-garcia-anticapitalisme

    L’anticapitalisme ou la critique du capitalisme, sous les formes de la dénonciation du profit, des marchés, de la finance et des banques, aussi légitime soit-elle, peut ne jamais toucher au cœur de la dépossession universelle qui s’étend depuis plus de deux siècles, à savoir le mode de vie fondé sur le salariat et l’industrie qui permet la production en masse des marchandises.

    Il est donc nécessaire d’élargir la critique sociale, en lui adjoignant une critique culturelle des grandes organisations, du machinisme et de la représentation scientifique du monde.

    La version orale (pas tout à fait pareille que l’écrit) :
    https://archive.org/download/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.mp3

    + version écrite de l’intervention + un glossaire vulgarisé de la critique de la valeur + un début de critique

    Et la même chose mais compilé dans un même PDF :
    https://ia601400.us.archive.org/26/items/rmu-071-garcia-anticapitalisme/RMU_071_Garcia-Anticapitalisme.pdf

    #Renaud_Garcia #radio #radio_zinzine #audio #anti-industriel #anti-capitalisme #capitalisme #débat #critique_de_la_valeur #wertkritik #subsistance #Écran_total #quantification #Marx #travail #critique_du_travail #dépossession #subjectivité

  • Parution de Le Mur énergétique du capital. Contribution au problème des critères de dépassement du capitalisme du point de vue de la critique des technologies. Un livre de Sandrine Aumercier (Editions Crise & Critique, Septembre 2021)
    http://www.palim-psao.fr/2021/08/parution-de-le-mur-energetique-du-capital.contribution-au-probleme-des-cr

    Chapitre 1 – La crise de l’énergie au coeur de la crise permanente du capitalisme
    1.1 Fin du pétrole et développement durable… du capital
    1.2 L’émergence du paradigme énergétique
    1.3 La bioéconomie, synthèse entre économique et biophysique

    Chapitre 2 – Moteur humain, moteur d’engin
    2.1 Le dogme classique de la substituabilité des facteurs de production
    2.2 Le travail comme « dépense d’énergie »
    2.3 La technologie comme potentialisation de la force de travail dans la contradiction en procès du capital
    2.4 Marx énergéticien ?

    Chapitre 3 – L’abolition du travail et ses conséquences
    3.1 Quel type de démantèlement industriel ?
    3.2 A la recherche des critères de dépassement du capitalisme

    Conclusion

    #livre #Sandrine_Aumercier #critique_de_la_valeur #wertkritik #écologie #énergie #capitalisme #travail #critique_du_travail #critique_techno #anti-industriel

  • Couvre-feu : le message brouillé, par les auteurs de De virus illustribus - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2020/10/couvre-feu-le-message-brouille-par-les-auteurs-de-de-virus-illustribus.ht

    Il faut en retenir que Macron n’aura cessé de marteler la nécessité de continuer à travailler (essentiellement le jour) au détriment de festoyer (essentiellement la nuit). De nouveaux couples d’opposition ont surgi du discours présidentiel : le jour contre la nuit, le travail contre la fête, les vacances contre les sorties nocturnes… Un tissu de contradictions dont le fil rouge est de ne pas toucher au travail ni à l’économie. La « lecture » populaire d’un tel monument d’ambivalence risque malheureusement d’inciter une fois de plus les récalcitrants et les sceptiques à n’y voir qu’un pur effet de méchanceté. Quoi ? Le virus est assez grave pour qu’on nous prive de soirées mais il est « sous contrôle » dès qu’il s’agit de travailler ?

    #coronavirus #travail #économie #critique_du_travail

  • Le travail, à l’intersection de toutes nos colères, par Gilles Tal-Kuntrabandu
    http://www.palim-psao.fr/2020/09/le-travail-a-l-intersection-de-toutes-nos-coleres-par-gilles-tal-kuntraba

    En brandissant le carton « attention, travail », ces arbitres, qui se réclament pourtant moins de Geoffroy Roux de Bézieux[1]que de Jean Jaurès, reprennent à leur compte un procédé très prisé par le patronat dès lors qu’on lui chie dans les bottes, et qu’on appelle le « chantage à l’emploi ».

    Car le travail ne se discute pas, et le refus du débat transcende les positions sociales et politiques. On descend certes dans la rue pour des motifs très souvent liés au travail : parce qu’on ne bosse pas ou parce qu’on bosse trop, parce qu’on revendique des aménagements autour du salaire, du temps de travail, de l’environnement de travail, bref, parce qu’on a des soucis avec les conditions de travail. Mais on ne descend jamais dans la rue contre le travail.

    #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #luttes_sociales #conditions_de_travail

  • Je ne comprends pas la « critique de la valeur »
    Retour sur la critique du travail

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/Je-ne-comprends-pas-la-critique-de-la-valeur-Retour-sur-la-critique-

    Le mouvement de la critique de la valeur, à partir d’une perception qui me semble pertinente et stimulante de la réalité immédiate (le travail et le capital ne peuvent pas être dissociés dans la définition historique du capitalisme, et sa critique doit englober au même titre le travail et le capital), comporte cependant, à mon avis, un biais de perspective : il postule une définition ontologique du capitalisme, en passe d’être entièrement réalisée sous nos yeux, et dont les prémices auraient dès le départ été présentes. L’essentiel de ses travaux peut ainsi se lire comme une tentative de reconstruire à travers une « archéologie régressive » la mise au jour de cette ontologie : c’est tout le sens de l’exhumation d’un Marx « ésotérique » dans l’œuvre « exotérique » de Marx. C’est la même tentative que l’on retrouve dans le livre de Jappe (La Société autophage) ou dans celui de Hemmens (Ne travaillez jamais).

    Dans le cas de Hemmens, on se trouve face à une tentative de comprendre les critiques du travail formulées par Fourier, Lafargue, les surréalistes ou les situationnistes, à travers les limites spécifiques dans leurs approches face à cette ontologie originelle du capitalisme, qu’ils n’étaient pas en mesure de percevoir « correctement ». Dans le cas de Jappe, son travail était plus ambitieux, puisqu’il souhaitait fonder cette ontologie dans une confrontation critique avec les philosophes de la modernité, mais avec la même optique inversée.

    Or, ce qu’il s’agit à mon sens de mettre en avant, ce ne sont pas des insuffisances voire des erreurs de ces critiques ou philosophes par rapport à un référentiel présent, mais se servir de ce décalage perceptible entre ces auteurs d’hier et la réalité actuelle pour comprendre la transformation « qualitative » qui a eu lieu (« qualitative » au sens de non linéaire, non cumulative). La compréhension du présent devient ainsi un moment de la compréhension et de l’intelligibilité éventuelle de ce décalage (« éventuelle » car elle n’est pas aboutie, ni définitive). (...)

    #critique_du_travail #Anselm_Jappe #capitalisme #Marx #communs

  • Ne travaillez (plus) jamais - une lecture illustrée par Hélène Copin du livre Ne travaillez jamais. La critique du travail en France, de Charles Fourier à Guy Debord
    https://copindesbois.fr/fiches/ne-travaillez-plus-jamais

    Une lecture du livre d’Alaistair Hemmens « Ne travaillez jamais. La critique du travail en France, de Charles Fourier à Guy Debord » (2019).

    En précisant que je ne suis pas économiste, que je n’ai pas lu Marx et que je ne suis pas indépendante vis-à-vis du travail. Sans certitude donc que ma compréhension de tout ce que l’auteur expose soit exacte, voilà ce qui m’a le plus parlé.

    #Alaistair_Hemmens #Hélène_Copin #dessin #illustration #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme

  • Pour une critique radicale du travail. Emission-radio avec Alastair Hemmens sur Aligre-FM.
    http://www.palim-psao.fr/2019/09/pour-une-critique-radicale-du-travail.emission-radio-avec-alastair-hemmen

    Dans le cadre de l’émission Liberté sur paroles sur Aligre FM 93.1, la journaliste Eugénie Barbezat s’est entretenue avec Alastair Hemmens autour de son ouvrage Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord paru aux éditions Crise & Critique en juin dernier.

    https://soundcloud.com/liberte-sur-paroles/penser-un-monde-sans-travail

    #Alastair_Hemmens #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #interview #audio #radio #Aligre_FM

  • Bienvenue au lycée professionnel (2/4) : Un monde du travail en miniature
    https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/bienvenue-au-lycee-professionnel-24-un-monde-du-travail-en-miniature


    LSD, la série documentaire par Perrine Kervran - france culture

    En 1986, pendant la loi « 2 laquais » je ne sais plus très bien où j’étais mais pas dans la rue. Déjà en 85, j’étouffais et je suis parti droper dans le sud , en Ariège. Un vrai vent de liberté, j’en avais besoin car encore marqué par l’apprentissage, l’armée me déclarait inapte, réformé P4 alors que je n’avais pas encore gobé mon premier acide. Comme quoi, inutile de s’imbiber de Lysergik Säure Diethylamid pour jouer au crétin.

    2 liens de cette émission :
    Le travail, l’école et la production des normes de genre. Filles et garçons en apprentissage (en France) Prisca Kergoat
    https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2014-1-page-16.htm

    Les Lascars du LEP électronique 1986
    https://www.youtube.com/watch?v=n28JP8Nfjp4

    « Les lascars du LEP électronique » est un film sur le mouvement étudiant et lycéen contre le projet de loi Devaquet de 1986. Ce film a été réalisé à la fin de cette année 86 par un groupe de lycéens qui développe alors une critique du mouvement auquel ils ont eux-mêmes participés : critique de l’insuffisance des revendications étudiantes, critique des orgas politiques, avec une critique sociale plus globale.

    + de texte sous la video
    #enseignement_professionnel #apprentissage #travail #critique_du_travail #lutte_des_classes

  • Contre le travail, tout contre... bibliographie

    https://rverbration.wordpress.com
    https://editionsasymetrie.org
    source : lignes de force/Claude Guillon
    https://lignesdeforce.wordpress.com/2019/06/03/les-editions-de-lasymetrie-a-lhonneur-mercredi-20h-a-la-lib

    Je me suis fait embaucher dans une équipe,
    Là haut dans les montagnes
    J’ai payé une commission au requin
    Et j’ai bientôt senti mes chaînes

    Le patron m’a mis au cloutage
    Et je suais tant que j’en étais aveugle
    Il n’avait pas l’air d’apprécier ma cadence,
    Alors j’ai laissé ce boulot derrière moi

    Et j’ai sauté dans un vieux train de marchandises
    Et je me suis mis à voyager dans le pays ;
    Les mystères de la vie d’un hobo
    M’ont vite été dévoilés.

    J’ai brulé le dur d’est en ouest
    Et les chefs de train ne me sont jamais tombé dessus.
    Le lendemain j’étais déjà très loin
    Du boulot que j’avais laissé derrière moi.

    Et je suis tombé sur une bande de prolos errants
    Qu’on appelait les IWW...
    Ils m’ont appris à me conduire en homme
    Et comment lutter contre les tauliers.

    J’ai versé ma cotise et je me suis joint à eux
    Et maintenant je suis dans l’organisation.
    Hourra pour la cause, et puis merde aux patrons...
    Et au boulot que j’ai laissé derrière moi !

    T-Bone Slim les mystères de la vie d’un hobo chanson tiré de Wobblies & hobos
    http://www.insomniaqueediteur.com/publications/hobos-wobblies
    https://www.youtube.com/watch?v=Rn_Wfydg61c


    #critique_du_travail #IWW #Asymétrie_éditions

  • Parution de Ne travaillez jamais. La critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord, d’Alastair Hemmens ; préface d’Anselm Jappe (éditions Crise & Critique)
    http://www.palim-psao.fr/2019/05/parution-de-ne-travaillez-jamais.la-critique-du-travail-en-france-de-char

    Un vrai seen à part pour la parution de ce livre.

    Qu’est-ce que le travail ? Pourquoi travaillons-nous ? Depuis des temps immémoriaux, les réponses à ces questions, au sein de la gauche comme de la droite, ont été que le travail est à la fois une nécessité naturelle et, l’exploitation en moins, un bien social. On peut critiquer la manière dont il est géré, comment il est indemnisé et qui en profite le plus, mais jamais le travail lui-même, jamais le travail en tant que tel. Dans ce livre, Hemmens cherche à remettre en cause ces idées reçues. En s’appuyant sur le courant de la critique de la valeur issu de la théorie critique marxienne, l’auteur démontre que le capitalisme et sa crise finale ne peuvent être correctement compris que sous l’angle du caractère historiquement spécifique et socialement destructeur du travail. C’est dans ce contexte qu’il se livre à une analyse critique détaillée de la riche histoire des penseurs français qui, au cours des deux derniers siècles, ont contesté frontalement la forme travail : du socialiste utopique Charles Fourier (1772-1837), qui a appelé à l’abolition de la séparation entre le travail et le jeu, au gendre rétif de Marx, Paul Lafargue (1842-1911), qui a appelé au droit à la paresse (1880) ; du père du surréalisme, André Breton (1896-1966), qui réclame une « guerre contre le travail », à bien sûr, Guy Debord (1931-1994), auteur du fameux graffiti, « Ne travaillez jamais ». Ce livre sera un point de référence crucial pour les débats contemporains sur le travail et ses origines.

    #travail #critique_du_travail #critique_de_la_valeur #wertkritik #France #Alastair_Hemmens

  • Il faudrait travailler seulement 9h par semaine pour contrer le réchauffement climatique
    https://www.cnews.fr/monde/2019-05-22/il-faudrait-travailler-seulement-9h-par-semaine-pour-contrer-le-rechauffement

    Selon une étude britannique, les citoyens européens devraient drastiquement réduire leur temps de travail pour limiter le réchauffement climatique.

    Au rythme actuel des émissions carbone, il faudrait en effet que les Britanniques travaillent seulement 9 heures par semaine pour maintenir le pays sous le seuil critique de 2°C de réchauffement climatique, a établi le thinktank britannique Autonomy, cité par le Guardian.

    Selon les projections de ce dernier - basées sur les chiffres des émissions de gaz à effet de serre - des réductions de temps de travail similaires seraient nécessaires en Suède et en Allemagne.

    Cette étude démontre ainsi la nécessité d’inclure la réduction du temps de travail dans la lutte contre le réchauffement climatique, résume Will Stronge, directeur d’Autonomy. « Une semaine de travail plus courte est non seulement viable (grâce aux progrès technologiques) mais également essentielle » pour la planète, souligne-t-il encore.

  • Ivan Illich, Le travail fantôme, 1980
    https://sniadecki.wordpress.com/2019/03/30/illich-travail-fantome

    Illich ici pas mal en lien avec la critique de la dissociation-valeur de Roswitha Scholz.

    Dans cet essai je veux explorer pourquoi, dans une société industrielle, une telle ségrégation existe inéluctablement ; pourquoi, sans ségrégation basée sur le sexe ou la pigmentation, sur les diplômes ou la race ou sur l’adhésion à un parti, une société construite sur le postulat de la rareté ne peut exister. Et, pour approcher en termes concrets les formes méconnues de la ségrégation, je veux parler de la bifurcation fondamentale du travail qu’implique le mode de production industriel.

    J’ai choisi pour thème le versant occulté de l’économie industrielle, et plus spécifiquement le « travail fantôme ». Il ne s’agit ici ni du travail mal payé ni du chômage ; ce dont je parle, c’est du travail non payé qui est le fait de la seule économie industrielle. Dans la plupart des sociétés, hommes et femmes ont ensemble assuré et régénéré la subsistance de leur foyer grâce à des activités non payées. Chaque foyer produisait lui-même la plus grande part de ce qui lui était nécessaire pour vivre. Ces activités dites de subsistance ne sont pas mon propos. Je m’intéresse à cette forme totalement différente de travail non payé qu’une société industrielle exige comme complément indispensable de la production de biens et de services. Cette forme de servitude non rétribuée ne contribue nullement à la subsistance. Bien au contraire, tout comme le travail salarié elle désagrège la subsistance. J’appelle « travail fantôme » ce complément du travail salarié, à savoir : la plus grande part des travaux ménagers accomplis par les femmes dans leur maison ou leur appartement, les activités liées à leurs achats, la plus grande part du travail des étudiants « bûchant » leurs examens, la peine prise à se rendre au travail et à en revenir. Cela inclut le stress d’une consommation forcée, le morne abandon de son être entre les mains d’experts thérapeutes, la soumission aux bureaucrates, les contraintes de la préparation au travail et bon nombre d’activités couramment étiquetées « vie de famille ».

    #Ivan_Illich #critique_du_travail #dissociation-valeur #reproduction #Histoire #moyen_âge

    • Merci d’avoir signalé ce texte...

      Ce serait pas plutôt Roswitha Scholz qui est en retard sur Illich ? C’est en tout cas une prose bien plus lisible et compréhensible que le salmigondis théorique de la WertKritik.

      Et une critique du travail (salarié) qui va à la racine historique de la chose en elle-même et en soi.

      Et hop, Kéops !

    • Haha non mais un jour faudra que t’arrêtes de créer des séparations trop fortes, là où il y a essentiellement des rapprochements et convergences, c’est une sorte de tropisme. :D

      (Quant au style : 1) Illich est très lié aux courants d’éduc pop, notamment d’amérique du sud, c’est un bon pédagogue ; et 2) c’est surtout un historien, qui sait bien parler et transmettre de l’Histoire, mais qui est moins compétent sur la théorie philo-économique et sociale. Mais bon, j’ai pas 3h pour développer, et comme d’hab je vais encore jamais trouver le temps de répondre en longueur, et là j’ai le fiston, faut aller manger.

      Sinon juste pour le contexte, pour pas avoir de quiproquo : pour moi aussi c’est difficile et je n’ai aucun penchant particulier pour les textes compliqués. Je n’ai fait que quelques années d’études techniques, et c’est un travail difficile pour moi de lire de la philosophie, de la théorie critique, etc, qui me prend du temps tard la nuit au lieu de dormir. Et je râle régulièrement sur ClémentH et assimilé pour manque de matériel d’éduc pop sur ce sujet. Mais je pense pas trop débilement avoir compris le cadre général, et perso je fais totalement un lien fort entre critique de la valeur et anti-indus. Comme beaucoup d’ailleurs en fait. @ktche :p )

      À ta santé !
      (un jour peut-être on boira une mousse pour de vrai pour se disputer :p )

  • Terreur du travail et critique du travail. La tolérance répressive et ses limites, par Ernst Lohoff
    http://www.palim-psao.fr/2019/02/terreur-du-travail-et-critique-du-travail.la-tolerance-repressive-et-ses-

    En ce qui concerne la critique et le dépassement du travail, il s’agit de bien plus que de simples exagérations polémiques. Ils doivent être pris au pied de la lettre. Ils reposent sur l’hypothèse qu’une critique théorique du capitalisme consistante et à la hauteur de notre époque ne peut plus être formulée que sous la forme d’une critique conséquente du travail.

    […]

    En ce qui concerne leur contenu sensible, en revanche, l’instruction d’enfants, la production de gaz toxiques, la représentation de performances artistiques devant un public payant et la construction de meubles n’ont pas le moindre point commun. Si l’on se concentre sur ce qui est fait, si l’on fait abstraction de la forme sociale dans laquelle tout cela est produit, l’abstraction-travail se dissout doublement. D’abord, aucun signe n’indique qu’il y aurait une affinité d’espèce au fondement de toutes les activités qu’on regarde comme du travail. Ensuite, du point de vue d’une approche purement matérielle, il est tout aussi impossible d’expliquer pourquoi une même activité — chanter des chansons ou cultiver des fleurs, par exemple — est considérée tantôt comme un travail et tantôt comme un hobby, selon qu’elle sert à gagner de l’argent ou non. En dehors de cette subsomption sous la même forme de contrainte sociale du « se vendre », il existe donc une large palette d’activités concrètes qui créent de la richesse, mais il n’existe en revanche aucune forme d’activité générale correspondant à ce qu’on appelle « travail ». Le travail est le produit d’une réduction forcée de la richesse et de la création de richesse à la production de marchandises, une réduction qui détermine l’ensemble de la structure sociale. Les sociétés pré-capitalistes n’ont jamais eu la drôle d’idée de forcer l’activité des esclaves et celle des hommes libres, celle des prêtres et celle des navigateurs à entrer sous une catégorie commune.

    […]

    La critique du travail en retire conceptuellement qu’il ne s’agit pas seulement d’en finir avec le travail abstrait, celui qui crée de la valeur. Il faut aussi que le travail concret, l’art et la manière dont le capital organise l’appropriation de la nature soit remis à disposition. Il faut dépasser le travail en général, concret et abstrait, parce qu’en tant que travail, le travail concret n’est de prime abord rien d’autre que le précipité sensible-empirique d’un processus d’abstraction qui le transcende.

    […]

    La domination du travail n’est absolument pas concevable sans un important secteur d’« activités de l’ombre » qui, à cause de leur contenu, ne peuvent être traduites que sous conditions ou ne peuvent pas l’être du tout en dépenses acycliques et linéaires de muscles, nerfs et cerveau et refusent d’intégrer l’organisation comme sources de revenus. Aucune société ne peut exister sans que des enfants soient pris en charge et que des individus s’acquittent pour eux-mêmes et pour d’autres de la reproduction quotidienne. L’ennoblissement du travail transformé en seule forme d’activité sociale valable coïncide avec la dépréciation de ces activités dites « féminines » et assignées généralement aux femmes. Elles peuvent être aussi indispensables que la respiration mais, puisqu’elles n’ont pas l’inqualifiable qualité de produire de l’argent à partir d’argent, elles sont ravalées au rang de « choses privées » et inférieures et restent du coup largement invisibles. Tant que l’existence humaine et la participation à la richesse sociale ne devront et ne pourront être qu’un résidu de la valorisation de la valeur qu’opère le grand moulin du travail, ces activités « féminines » ne seront structurellement qu’une condition tacite de la reproduction capitaliste. Les fleurs rhétoriques du jour de la fête des mères et les astucieux exercices de définition alléguant que le travail ne devrait pas être seulement synonyme de gagne-pain mais embrasser aussi les travaux domestiques ne changent rien à cet état de fait.

    #Ernst_Lohoff #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #travail #critique_du_travail #dissociation-valeur