• Vie De Pute : Ou comment le monopole du débat abolo vs réglo pérennise la silenciation de celles qu’ on n’entend jamais (Mélange Instable)
    http://melange-instable.blogspot.fr/2012/09/vie-de-pute-ou-comment-le-monopole-du.html

    J’ ai commencé à me prostituer il y a environ deux ans. A cette époque, j’ étais déjà toxico depuis 7 ans, et ça avait fini par me mettre vraiment dans la merde financièrement. (Interdit bancaire + plus de compte en banque actif + env 10 000 euros de dettes, découverts etc.) Cela faisait déjà plusieurs années que j’ y pensais régulièrement : J’ avais besoin de pas mal de thunes pour assumer ma conso, et je faisais encore et toujours plus de conneries pour y arriver. J’ avais énormément de mal à trouver des ptits boulots, d’ autant plus que j’ étais étudiante et que j’ avais vraiment envie d’ au moins terminer ma licence. Je n’ étais pas boursière, et mes parents ne pouvaient pas m’ aider. C’est donc le salaire de mon copain qui assurait tant bien que mal notre loyer et notre conso, et pour le reste... On ne faisait plus rien depuis des lustres. Je crois bien qu’ on a passé près de trois ans à ne pas se payer de fringues, on creuvait tout le temps la dalle, et le moindre produit de consommation courante était un trésor... Source : Mélange Instable

  • Vie De Pute : Ou comment le monopole du débat abolo vs réglo pérénise la silenciation de celles qu’ on n’ entend jamais (même et surtout quand elles ont des choses à dire...), par Mélange Instable
    http://melange-instable.blogspot.fr/2012/09/vie-de-pute-ou-comment-le-monopole-du.html

    Je considère que la question et le débat sur la #prostitution concerne toute la #société, et qu’ ainsi il ne doit pas devenir un débat d’ entre soi où seuls les acteurs/rices du sujet auraient voix, mais qu’évidemment il ne doit pas non plus rester ce débat majoritairement animé par des hommes, où les points de vues sont très peu au fait d’ une moindre micro idée de ce que peut signifier « période de galère financière »(par exemple), et où les acteurs/rices du sujet sont ultra minoritaires. 
    Je suis en profond désaccord avec la politique et la #législation actuelle sur la question aujourd’hui en France. Le gouvernement déclare vouloir lutter contre la prostitution et ses nombreux réseaux, mais il fait en fait la guerre aux prostitué(e)s. Dans la même lignée d’ ailleurs que la lutte contre la #pauvreté qui s’est transformée peu à peu en guerre contre les pauvres. 
    J’ estime l’ arsenal legislatif actuel comme criminel, et je pèse mes mots. En stigmatisant les putes comme des hors la loi (phénomène renforcé par la confusion qui existe dans l’ opinion publique, où bon nombre de personnes pensent que la prostitution est clairement interdite), il justifie des traitements excluants, dangereux et violents. Je pourrais étayer cette affirmation avec plusieurs anecdotes du genre de celle raconté plus haut (les premiers heurts avec la législation) vécues personnellement ou non. Et bien sur, je pourrais parler des harcèlements policiers subis par les filles de rue/BMC, de l’ isolation et donc de la mise en danger des filles qui sont déjà hyper vulnérables et opprimées (car en réseaux), de ce sentiment de ne pas être légitime et d’ ainsi donc n’ avoir aucun droit (entre autre celui de porter plainte lors d’ agressions, de vols, de viols, ou de pouvoir faire appel aux systèmes de #santé publique lorsqu’ un problème se pose)  
     Je m’ interroge quant à savoir si j’ ai envie de vivre dans une société qui estime normal et socialement acceptable qu’ un homme ou une femme se contraigne à baiser par redevance, quel que soit le contexte. Il y a quelques temps, ça ne m’ aurait pas choquée. Mais en réfléchissant, j’ ai réalisé que la normalisation de cette idée (entre autre à travers le porno et les lieux communs sexistes) avait été extrêmement néfaste pour moi. 
    Du coup je m’ interroge aussi sur la signification du statut professionnel de « prostitué(e) ». N’ envoit il pas un message de banalisation et d’ acceptation sociale d’ un système d’ exploitation ?
    Et justement, je suis mal à l’ aise qu’on soit si prompt à balayer d’ un revers la majorité des prostitué(e)s qui vivent mal leur activité d’ un simple « Nan mais je sais bien que y’ en a pour qui c’est la merde et que y’ en a qui sont en réseaux, mais bon, y’ en a pour qui c’est un choix et qui vivent ça très bien ! ». Certes. Mais justement... Je pense que l’ urgence d’ agir va plutôt vers cette majorité pour le coup ! C’ est assez étrange, cette façon de se désintéresser totalement d’ une majorité en souffrance et opprimée au nom de la défense d’ une minorité...
    Etant moi même pute par choix, même si bien sur, quand il s’agit d’ urgence économique, on ne peut jamais vraiment parler de choix, je souffre surtout de la législation et de cette sensation d’ être en situation de non-droit. Mes principales difficultés ont été de me lancer sans prendre trop de risques, car aide, informations, préventions et conseils ont été difficiles à trouver alors que je ne connaissais rien au milieu. En est responsable la législation qui considère n’ importe qui vous conseillant comme proxénète. 
    Il est également dommage que la prostitution et l’ idée d’ y avoir recours soit autant taboutisée, parce que dans une société où les femmes souffrent encore plus que les hommes des conséquences économiques de l’ ultra libéralisme (chômage, discriminations, pistonnages...), c’est une chose qui peut arriver très vite. Et je trouve ça vraiment regrettable qu’ une fois dans cette situation, on ne trouve rien ni personne vers qui se tourner.