#Féminisme et #laïcité : non aux amalgames - Les mots sont importants (lmsi.net)
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La question de la laïcité est traversée en France par deux grands courants de pensée toujours actifs. Un premier courant, héritier du 18ème siècle, vise la dissolution des religions par le travail de la raison, débarrassée des scories de l’aliénation religieuse. Dans cette perspective, la laïcité charrie beaucoup plus que la simple mise au pas des religions, elle est le vecteur central de la mise en œuvre de ce que serait le projet des Lumières porté par la République. Derrière cette conception se profile un universalisme se posant en surplomb des singularismes de populations, notamment féminines, non encore au fait de ce qui est bon pour elles et pour le monde. Au final, cette conception de la laïcité pose que religion et émancipation sont antagoniques.
Le second courant de pensée, auquel je me rattache, est issu lui aussi des Lumières. Mais il postule que le travail de la raison est animé aussi par les religions. C’est dire que raison, émancipation et religion ne sont pas nécessairement contradictoires [2]. C’est considérer que la laïcité n’est pas garante d’un modèle universel établi, qu’elle est simplement garante des conditions démocratiques nécessaires à la conduite d’un débat public qui participe à la construction de l’universalisme. De ce point de vue d’ailleurs, il faut tordre le coup à l’idée que la religion est un phénomène qui devrait se cantonner à l’espace privé. Outre la contradiction évidente qui consiste à renvoyer à la sphère individuelle un projet qui vise à relier [3] les hommes et les femmes autour d’un sens partagé, ce serait faire des religions une pratique clandestine, invisible, a-sociale parce que nocive. Les théories religieuses ont leur place dans le débat public, ni plus ni moins que toute autre idéologie. Je reprendrai d’ailleurs volontiers la définition de la laïcité établie par la LDH (cf. plus bas).