• Grand Entretien avec Richard David Precht “L’école doit redevenir un lieu qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister” Patrice van Eersel | CLES
    http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-ecole-doit-redevenir-un-lieu-qui-stimule-l-esprit-creatif-et-le-bonheur

    C’est une aberration. L’enfant est naturellement d’une curiosité inouïe. La structuration de ses réseaux neuronaux fait de lui un « athlète synaptique », comparé à l’adulte. Son enthousiasme pour la nouveauté est considérable et ses capacités d’apprentissage impressionnantes. Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie, qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. A partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen Age) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes ; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive à son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien.

  • Inde - Droits humains Une vraie vie de merde Djénane Kareh Tager | CLES
    http://www.cles.com/droits-humains/article/une-vraie-vie-de-merde

    En Inde, “ramasseuse d’excréments” est un métier qui se transmet de mère en fille. Cette tradition nauséabonde pèse sur des millions de femmes. Elle est pourtant interdite par la loi ... / ...

    En Inde, « ramasseuse de merde » est une charge héréditaire que se transmettent les femmes. Depuis des siècles, cette tradition pèse sur les dalits, les « intouchables ». Ceux-là sont en dessous de l’échelle hiérarchique des castes (tellement bas qu’ils en sont exclus…), décrétée par l’hindouisme, interdite par la Constitution, mais plus que jamais vivace au sein de la société – puisqu’elle a une légitimité religieuse, les dalits payant le prix des karmas de leurs vies antérieures.

    #femmes #religion #schlingo #caca #toilettes

    • J’ai étais très étonné de trouver trace de ce système de caste au Japon, les Burakamin qui avaient le monopole des métiers liés au sang et à la mort des animaux : équarrisseur, boucher, tanneur, abatteur d’animaux.
      La religion nationale, le shinto, considère comme souillées toutes les activités liées au sang et à la mort. Par ailleurs, le bouddhisme venu d’Inde par la Chine proscrit la mort des animaux considérés comme des êtres sensibles. Si les activités liées à la vie, à la mort et au sacré relevaient initialement du monopole religieux, les burakumin ont été progressivement chargés des occupations liées à la mort et au souillé, et identifiés à ces professions « impures » mais indispensables.
      Les Burakamin ne présentent aucun trait ethnique différent, le statut est transmit par la naissance.
      Il existe des annuaires des annuaires, officiellement interdits, qui recensent les personnes issues de cette minorité.minorité. Les Burakamin représentent 60% des Yakuzas.
      Les familles qui peuvent se permettre font appel à des agences de détectives pour vérifier l’origine du conjoint ou de la conjointe avant mariage.
      Les burakamins se regroupent par quartiers mais officiellement comme le discrimination n’existe plus la définition géographique est cachée. Il y en ce moment une polémique concernant le déménagement de l’université d’art de de Kyoto du centre vers le quartier Burakamin qui est situé entre la gare et le fleuve.

      Japon : les « intouchables » de Fukushima
      http://www.marianne.net/Japon-les-intouchables-de-Fukushima_a205023.html

      Un cas d’exclusion sociale au Japon : les Burakumin
      http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1984_num_39_4_17969

    • Sans vouloir verser dans le psychologisme, on peut constater que dans toutes les sociétés, les personnes qui ont des « métiers » liés à des éléments « impurs » de la vie (sang, merde, cadavres) sont généralement ostracisés par les autres. Et pourtant comme tu le dis ces métiers sont indispensables. Dans le cas de ces femmes indiennes, on touche le fond. Malgré la loi, la maudite tradition liée à la religion se perpétue. Le gouvernement indien aurait pu accompagner la loi de dispositifs d’évacuations et de traitements des excréments humains.

      Merci @unagi. Je ne connaissais pas l’histoire des Burakamin.

  • Richard David Precht : "Notre école est un crime" (CLES)
    http://www.cles.com/debats-entretiens/article/notre-ecole-est-un-crime

    Pourquoi diable l’école resterait-elle obstinément étanche à toutes les découvertes des neurocognitivistes, des psychologues du développement, des évolutionnistes, des linguistes, des anthropologues ? Le monde des grandes entreprises est souvent plus éclairé que nos écoles qui continuent à fonctionner, au fond, sur le modèle de la société industrielle, vieux de plus d’un siècle.
    Cet archaïsme est conforté par la majorité des parents qui rêvent que leurs enfants soient coachés vers une spécialité pointue, rare et rémunératrice. Comme si le monde n’avait pas changé ! Comme si, au fond, il fallait toujours s’adapter au système pyramidal tayloriste qui fabrique des chefs impeccables au sommet et de bons chevaux de trait à la base, alors qu’il s’agit désormais d’inviter tous les enfants à devenir des « créateurs de projets de vie » imaginatifs et autonomes, conviviaux et polyvalents.
    […]
    Pour au moins deux raisons. Primo, parce que 70 % des métiers qu’exerceront les enfants qui entrent aujourd’hui à l’école n’existent pas encore – d’où la nécessité d’une éducation très différente, beaucoup plus ouverte à l’imagination et à l’intelligence relationnelle, conduisant à épanouir une curiosité polyvalente plutôt qu’une spécialisation de type industriel. Secundo, parce que l’école a perdu son monopole. Jadis, c’était l’endroit où l’enfant apprenait à connaître le monde. Aujourd’hui, nourri d’informations par mille autres biais, le digital native ne voit plus du tout l’intérêt d’aller s’enfermer dans ce lieu si peu excitant, qui ne suscite en lui qu’un mortel ennui.
    […]
    C’est une aberration. L’enfant est naturellement d’une curiosité inouïe. La structuration de ses réseaux neuronaux fait de lui un « athlète synaptique », comparé à l’adulte. Son enthousiasme pour la nouveauté est considérable et ses capacités d’apprentissage impressionnantes. Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie, qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. A partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen Age) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes ; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive à son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien.
    […]
    L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister.

    Tout le reste de l’article est à l’avenant : « L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister. »

    #éducation #système_éducatif #pédagogie #e-learning #éducation_nouvelle

  • Un des plus grands prospectivistes français qui nous décrit le passage obligé par un régime autoritaire pour sauver la planète. Un des scénarios exploré chez nous par Pays de la Loire 2040 !
    Thierry Gaudin : « La vraie Renaissance démarrera après 40 ans de restructuration autoritaire » | CLES
    http://www.cles.com/enquetes/article/thierry-gaudin-la-vraie-renaissance-demarrera-apres-40-ans-de-restructuration

  • « aucune lenteur n’est négligeable ». pour @vinvin, en écho à la lecture de son http://www.cles.com/itineraires/article/je-me-suis-desintoxique-de-twitter

    oculus mundi _
    le peuplier numineux écrin de l’étoile atteste
    en la celant cette vérité fragile, le monde,
    poids infime qui déséquilibre la balance.
    l’étoile déjà s’échappe et glisse le long du peuplier.
    frissonne toute chose dans la lente apnée nocturne,
    quand devant moi contient son regard
    sous la fente imperceptible du vent. il passe en silence
    et plus rien ne semble pouvoir peser pour un moment.

    intervention _
    aller se placer là où les perspectives s’emmèleraient,
    l’une sur l’autre venant argumenter la condition des choses,
    qu’elles se récitent selon un genre nouveau. qu’en est-il
    en effet si les pierres se taisent, s’affaissent, si rien ni personne
    n’intervient ; ou bien tout reste sans objet ni lien, immarcescible et nu...
    qu’en est-il alors de la narration, et le monde et même nos biens
    retomberaient déçus dans l’en deçà de la conscience.
    nous ne sommes pas si faibles que nous ne puissions
    nous augmenter de leur désir, lui rendre forme
    et s’il le faut prendre toute la place qui nous convient.

    la loi du vivant _
    sur un grand nuage passant se surimpriment
    les barres d’un code solaire, insaisissable clef d’accès
    au jardin sous la chaleur, et je comprends la soif,
    ce qui la prépare et ce qu’elle exprime, à quoi tient
    la disposition d’un peuplier et son double s’agitant
    comme en miroir au vent qui les scinde,
    celle plus volontaire d’un saule surgi tout cardé devant eux,
    la voie de l’herbe, tandis qu’on va sur le chemin.
    dans la lancée unique autour de laquelle tout s’organise,
    ce n’est pas la Centfonds, on le comprend,
    qui désaltère vraiment ce monde bruissant de tous ses corps
    labiles comme une interminable caresse dans l’air.

    lenteur _
    le train serein des nuits passées s’efface, sans
    que rien ne bouge, sans ressembler à aucun
    moment au quotidien. tout m’amène au seuil
    du travail. et je me souviens que cet effacement
    a sa valeur en lui-même. aller longtemps apprend
    à ne plus médire des circonstances de la fatigue.
    aucune lenteur n’est négligeable en regard
    de ce qui compte, l’inscription du monde,
    et la voie de sa restitution dans la lumière.

    quatre tirés d’un ensemble « aucune lenteur n’est négligeable », 1995 env. ;  c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2012, LAL1.3.
    note : la Centfonds (écho de Sept-Fons, presque) est une petite rivière passant dans le jardin de Cîteaux

  • CLES - Itinéraire : Retour de flamme féministe - Par Patrice van Eersel
    http://www.cles.com/itineraires/article/retour-de-flamme-feministe

    Une sorte de post-#féminisme pourrait-il subrepticement chambouler notre vision du monde ? « Les faiseuses d’histoires » se propose de le faire en trois actes. Dans l’Acte I, les philosophes Isabelle Stengers et Vinciane Despret, chercheuses et enseignantes à l’Université Libre de Bruxelles, s’appuient sur un texte fameux de Virginia Woolf (« Les trois guinées »), pour mener à deux une conversation sur le thème : « Et si nous refusions le jeu ? » Quel jeu ? Celui de continuer à croire que l’université donne sa chance aux femmes. Stengers et Despret n’y croient plus. Le leadership reste définitivement masculin. En fait, leur remise en cause vise le monde du travail tout entier – les femmes représentant les premières intruses à s’être immiscées, avant les prolétaires et les immigrés, dans un univers à 100% conçu pour l’élite des mâles blancs.