Directeur scientifique de l’I-Stem (unité Inserm 861) au Genopole d’Evry, Marc Peschanski s’agace de l’attitude de la revue Nature. « La technique proposée est testable en quinze jours. Il n’était donc pas très compliqué de vérifier la solidité de ces résultats, mais Nature a préféré faire un coup médiatique. Les grandes revues comme Nature, Science ou Cell publient des travaux présentés comme des évangiles sans prendre assez de précaution. Quand une publication représente une percée spectaculaire, cela justifie de vérifier deux fois plus. »
Un avis que ne partage pas Laure Coulombel, directrice de recherche à l’Inserm (U935) et rédactrice en chef de Médecine/Sciences : « Répliquer les résultats d’une recherche publiée est essentiel, mais il paraît difficile que les revues l’organisent. Comment choisir ce qu’il faut répliquer ? Les articles étaient cosignés par des auteurs chevronnés. C’était à eux et au laboratoire auquel appartient la chercheuse de s’assurer de la solidité des résultats. »
Marc Peschanski souligne un facteur nouveau dans ce type d’affaire : « Quand ces résultats ont été publiés, très vite de nombreuses équipes ont essayé de les répliquer, comme cela se fait classiquement. La différence est l’accélération considérable de la circulation de l’information sur les réseaux sociaux. Les premières équipes qui constataient que le procédé ne fonctionnait pas l’ont indiqué sur #Twitter en demandant si d’autres y parvenaient. Cela s’est propagé comme une traînée de poudre. »
Pour Laure Coulombel, « cette affaire amène à réfléchir plus globalement à cet attrait du scoop immédiat, qui explique au moins pour partie l’augmentation du nombre d’articles qui font l’objet d’un retrait ».