« Tel-Aviv sur Seine » à Paris-Plages : un an après les massacres, une initiative indécente

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  • "Tel-Aviv sur Seine" à Paris-Plages : un an après les massacres, une initiative indécente
    Publié le 10-08-2015 à 15h24 - Modifié à 18h10

    Extrait de la lettre ouverte de Salah Guemriche, Écrivain

    Madame Anne Hidalgo, Monsieur Bruno Julliard, permettez-moi de vous dire que votre « drôle » d’initiative d’inviter Tel- Aviv à la « plage » n’est pas seulement déplacée et indécente, elle est surtout une insulte à la mémoire de ces 493 enfants et de ces 1460 civils tombés sous les bombes israéliennes il y a tout juste un an.

    Inviter la capitale d’Israël à « Paris Plages » alors que pour Gaza le mot « plage » reste indélébilement associé à la mort des quatre enfants fauchés, le 16 juillet 2014, par la marine israélienne, voilà qui fait que vos arguments, des plus alambiqués, tombent à l’eau, si j’ose dire.

    Une portée symbolique

    Je ne sais pas comment s’est installée en vous cette idée, sidérante, sans que vous en ayez mesuré la portée symbolique, encore moins les tenants et les aboutissants.

    À la rigueur, si vous n’aviez pas choisi une telle date, « anniversaire » malencontreux qui vous fait ainsi commémorer, inconsidérément et de manière festive, les massacres de l’été dernier, massacres dénoncés par les opinions publiques à travers le monde ; si vous aviez choisi un autre moment ou, mieux – on peut toujours rêver –, si vous aviez invité conjointement Tel-Aviv et Gaza à se rencontrer à « Paris-Plages », à la rigueur, oui, votre bonne foi et vos bonnes intentions auraient eu une chance de délégitimer les réactions d’adversité à cette initiative irresponsable qui vous vaut l’opprobre de tant de vos concitoyens épris de justice et de paix et qui ne désespèrent pas de la solution à deux états, dans les frontières d’avant 1967.

    Cette chance, vous ne l’aurez pas, et sans doute que vous n’en vouliez même pas et pour cause : le CRIF est là, qui veille !

    Une amère incompréhension

    Si j’imagine mal le Conseil municipal revenir sur sa décision – cela lui coûterait encore plus cher, et je ne dirais pas électoralement mais en matière de crédibilité –, je crois fermement que la municipalité, la vôtre, en gardera à jamais une tache d’indignité.

    À regret, je vous prie, Madame la maire, Monsieur l’Adjoint en charge de la Culture, de trouver dans ces lignes l’expression de mes meilleures intentions, les mêmes que celles qui me firent publier une tribune libre, à l’occasion du Salon du livre de Paris de 2008, avec comme pays invité d’honneur : Israël.

    Des intentions auxquelles j’ajouterai néanmoins, ici, le sentiment d’une amère, très amère incompréhension.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1406703-tel-aviv-sur-seine-a-paris-plages-un-an-apres-les-massacre