Non, la Grèce n’a pas reçu l’aide à la Grèce...

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  • Non, la Grèce n’a pas reçu l’aide à la Grèce...
    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/non-la-grece-n-a-pas-recu-l-aide-a-la-grece-569296.html

    Le quotidien allemand Handelsblatt publie une étude montrant que 95 % de l’aide à la Grèce sont allés à ses créanciers. Un fait connu dont il faut à présent tirer les conséquences ...

    Le Handelsblatt est le journal de référence du milieu des affaires outre-Rhin. A ce titre, et comme l’essentiel de la presse conservatrice allemande, il a régulièrement eu la dent dure contre la Grèce, accusée de refuser les « réformes nécessaires » et de réclamer sans cesse de nouveaux fonds à l’honnête et travailleur contribuable allemand. Mais en une, ce mercredi 4 mai, le journal a affiché une « exclusivité ». Une étude inédite nous dit-on de l’ESMT, une école de gestion de Berlin, qui parvient à cette conclusion : 95 % de la supposée « aide » à la Grèce est retournée aux banques et aux créanciers du pays méditerranéen.

    Pas nouveau
    Le « budget grec » qui a été accusé de ruiner tous les Européens n’en a récupéré que 5 %. On connaît le prix de ces 5 %... Une réduction d’un quart du PIB, une administration réduite d’un tiers, un Etat encore plus défaillant qu’auparavant et aucune perspective de reprise véritable. Cette « exclusivité » du Handelsblatt n’en est évidemment pas une. Ces chiffres étaient connus et avaient été publiés dès décembre 2014 par l’excellent site grec Macropolis, qui en avait donné le détail. L’argument avait été avancé régulièrement par les responsables du premier gouvernement Tsipras durant les négociations avec les créanciers au premier semestre 2015 : il justifiait une remise à plat totale de la politique européenne en Grèce. Mais, alors, on riait de ces chiffres avancés par le « gouvernement d’extrême-gauche » grec qui n’avait d’autre ambition, disait-on, que de ruiner le contribuable européen pour continuer les habituelles turpitudes helléniques...

    Retournement des « experts »
    Étrangement, voici donc que, un an après, les arguments alors inaudibles des autorités grecques deviennent « respectables ». Certes, la Handelsblatt a besoin pour s’en convaincre d’une étude allemande, ce qui prouve une nouvelle fois l’autarcie intellectuelle du monde économique outre-Rhin, mais voilà que, ces derniers jours, on entend de plus en plus des appels à la restructuration de la dette grecque. Rappelons que voici un an, on faisait des divisions simplistes de l’engagement de la France vis-à-vis de la Grèce par le nombre de Français pour annoncer le « chèque » qu’il nous faudrait rédiger en cas de défaut hellénique... Autre temps, autre mœurs. Mais ce contraste prouve une nouvelle fois que l’acharnement médiatique et l’asphyxie des créanciers qui ont visé l’an dernier le gouvernement Tsipras I n’était rien d’autre que politique. Il fallait faire taire une force politique qui mettait à jour l’ineptie de la politique européenne envers la Grèce. Ce fut fait le 13 juillet 2015. Dès lors, les « experts » peuvent changer de camp comme à leur habitude et la « raison » devient la folie d’antan...

    Tirer les conséquences
    Mais il ne faut pas se contenter du chiffre mis en avant par le Handelsblatt. Il faut en comprendre les conséquences. Ce chiffre signifie que les prêts accordés à la Grèce en 2010 ne visaient qu’à sauver les banques françaises et allemandes. Le coût de cette aide bancaire cachée à été transmise aux contribuables européens et au peuple grec. Ce fait n’est pas un jugement du ciel ou un coup du sort, c’est le fruit d’un choix politique. Voici un an, on a appris que le FMI avait travaillé sur un défaut grec en 2010. Ce défaut n’aurait pas évité l’austérité en Grèce, mais il aurait évité la construction d’un schéma de Ponzi immense qui a fait plonger le pays dans un cercle diabolique. Le responsable du FMI d’alors, Dominique Strauss-Kahn aurait alors refusé d’évoquer ce plan, devant l’ampleur du coût pour les banques. Le choix politique fait alors consistait à donner du temps aux banques et à reporter à plus tard le coût pour les contribuables européens. Le tout avec l’aide de la BCE qui, par le programme SMP de 2010 et 2011 a racheté à bon prix cette date grecque aux banques... Les seuls qui ont payé, ce sont les Grecs. Et là encore, il s’est agi d’un choix politique.