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  • Mai 2018 Hautes-Alpes : un corps qui pourrait être celui d’une migrante découvert dans la #Durance

    –-> je refais ici un fil de discussion (pour archivage) autour de la mort de #Blessing_Matthew (son identité à été dévoilée quelques jours après la découverte du cadavre)

    Le parquet n’exclut pas qu’il s’agisse d’une migrante. La victime ne correspond à aucune disparition inquiétante.

    Macabre découverte dans la Durance (Hautes-Alpes). Le corps d’une jeune femme noire a été découvert, mercredi 9 mai, dans la rivière, annonce le parquet de Gap. « Cette découverte ne correspond pas à une disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui permette d’identifier la personne et donc de dire s’il s’agit d’une personne migrante », a précisé le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland.

    Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. « N’ayant pas en l’état d’éléments susceptibles d’être de nature criminelle, l’enquête a été ouverte du chef de ’recherche des causes de la mort’ », a indiqué le magistrat. Une autopsie sera réalisée lundi matin à l’institut médico-légal de Grenoble. « Les empreintes digitales seront exploitées afin de tenter de déterminer l’identité de la personne », a ajouté le procureur, invitant toute personne ayant des informations pouvant permettre de l’identifier à se manifester auprès de la gendarmerie.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/hautes-alpes-le-corps-d-une-jeune-femme-noire-decouvert-dans-la-durance

    Ce que craignait les professionnels de la montagne est en train de se réaliser ? Des cadavres qui font surface à la fonte des neiges ?

    https://seenthis.net/messages/688734#message693469

    #frontières #mourir_aux_frontières_alpines #morts #décès #migrations #asile #réfugiés #Alpes #montagne #mourir_aux_frontières #violent_borders #frontière_sud-alpine #Saint-Martin-de-Queyrières
    –—

    ajouté à la liste des personnes en situation migratoire mortes dans les #Hautes-Alpes :
    https://seenthis.net/messages/800822

    elle-même ajoutée à la métaliste sur les mort·es aux frontières alpines :
    https://seenthis.net/messages/758646

    • Elle s’appelait #Mathew_Blessing...
      Communiqué de presse de Tous Migrants, 14.05.2018

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.
      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.
      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :
      ➢ Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      ➢ Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      ➢ Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      ➢ Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.
      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.
      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :
      « Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter ».
      L’article R.434-19 du même code dispose également que :
      « Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger ».
      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.
      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des « identitaires » qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.
      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.
      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.
      Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.
      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.
      Briançon, le 14 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2151764471721787

    • Le corps retrouvé dans la Durance serait celui d’une migrante qui fuyait la police

      Selon une association, la jeune femme marchait en direction de Briançon lorsqu’elle a été surprise par des policiers.

      L’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances de la mort d’une jeune femme noire retrouvée dans la Durance (Hautes-Alpes) le 9 mai. Selon le procureur de Gap, Raphaël Balland, le corps n’a pas encore été « formellement » identifié.

      Mais pour l’association « Tous Migrants », qui vient en aide aux réfugiés dans la région depuis des mois, la jeune victime est une Nigériane de 21 ans qui voyageait avec deux hommes, également étrangers.
      Des policiers « dissimulés dans les fourrés »

      D’après « Tous Migrants », le 7 mai dernier, à l’aube, tous les trois marchaient sur une route nationale en direction de Briançon, lorsqu’ils auraient été surpris.

      Cinq policiers « dissimulés dans les fourrés » auraient fait irruption, provoquant la dispersion du groupe et une course-poursuite dans un village traversé par la Durance. Un des hommes y a été interpellé mais la jeune femme n’a plus donné signe de vie depuis, selon la même source.

      L’association, qui dénonce « les pratiques policières reposant sur des guets-apens », indique dans un communiqué avoir signalé ces éléments au parquet « afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances de ce drame ».

      http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-corps-retrouve-dans-la-durance-serait-celui-d-une-migrante-qui-fuyait-

    • Hautes-Alpes : la jeune noyée noire était-elle poursuivie par la police ?

      Mathew Blessing, 21 ans, Nigériane, n’a plus donné de nouvelles après avoir été poursuivie par la police le 7 mai, vers 5 heures du matin à La Vachette, hameau de la commune de Val-des-Prés (Hautes-Alpes). L’endroit se situe à 1 400 mètres d’altitude, juste sous le col frontalier de Montgenèvre qui constitue l’un des axes de passage importants des migrants d’Italie vers la France, malgré une importante présence policière.

      Deux jours plus tard, à quinze kilomètres en aval et de l’autre côté de la ville de Briançon, le corps d’une jeune femme noire a été retrouvé dans la Durance, sur un petit barrage. L’autopsie a établi qu’elle « serait décédée à la suite d’une noyade » selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui précise que « la jeune femme n’a pas encore été formellement identifiée » malgré l’appel à témoin lancé la semaine dernière.

      Le collectif briançonnais Tous migrants, qui regroupe les citoyens de la vallée engagés dans le soutien aux migrants, et notamment ceux qui vont leur porter assistance en altitude, n’a « quasiment aucun doute » sur le fait que la disparue et la noyée sont la même personne, dit l’un de ses membres, Michel Rousseau. Selon le communiqué de Tous migrants publié lundi soir, la jeune femme disparue marchait en direction de Briançon, après avoir réussi à passer la frontière, en compagnie de deux hommes dont les témoignages amènent l’association à redouter le pire : une noyade de la jeune femme lors de sa tentative d’échapper aux policiers. « La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes […]. Cinq policiers dissimulés dans les fourrés ont surgi brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant "police, police". Les trois personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champs en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’église. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les cinq policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. »

      Tous migrants, en raison « d’un faisceau d’indices concordants », a déposé lundi soir un signalement auprès du procureur de Gap. L’association soupçonne l’existence de délits de « mise en danger délibéré de la vie d’autrui », « homicide involontaire par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité », « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « non-assistance à personne en danger », « discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence », ainsi que manquements au code de déontologie des policiers. Michel Rousseau est catégorique : « La gendarmerie dispose de tous les éléments que nous communiquons, nous ne sommes pas là pour faire une justice parallèle » et le parquet de Gap annonce qu’il « ne communiquera plus d’éléments sur les investigations en cours » d’ici la fin de l’enquête.

      Tous migrants exige solennellement « l’interdiction des pratiques policières de guet-apens et de chasse à l’homme » et « le rétablissement de l’Etat de droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte ». Avec d’autres associations, elle appelle à une veillée funèbre ce mercredi soir à La Vachette. Face aux eaux tumultueuses et glaciales de la Durance, gonflées par la fonte des neiges.

      http://www.liberation.fr/france/2018/05/15/hautes-alpes-la-jeune-noyee-noire-etait-elle-poursuivie-par-la-police_165

    • Texte reçu par email, via @isskein, qui l’a reçu par une personne qu’elle ne connaît pas.
      Un texte poignant, qui vaut la peine d’être relayé :

      15 mai à 22:26
      Hautes-Alpes : Collomb envoi des renforts, un mort !
      Ou Génération Identitaire l’avait rêvé, les policiers l’ont fait.

      Ca y’ est, c’est sur toutes les lèvres... ce qui devait arriver, arriva. Ou devrait-on plutôt dire que c’est ce qu’ils ont décidé qui vient d’ arriver : la mort. Une jeune fille nigérianne a perdu la vie suite à une course poursuite avec la police lundi dernier 7mai, vers les 5h du matin, au niveau de la Vachette (pied du col de Montgenèvre). Son corps a été retrouvé immergé dans la Durance au barrage de Prelles, 10 km en aval, 3 jours plus tard.

      La militarisation de la Haute Vallée ne peut conduire qu’à des drames comme celui-ci. En plus d’empêcher illégalement des exilés de demander l’asile en France, elle leur ôte la vie, les traquant comme des animaux.

      NON la Haute Durance ne deviendra pas un tombeau à ciel ouvert.

      Pendant tout l’hiver, des dizaines de maraudeurs, de militants ont empêché la mort de frapper dans nos montagnes. Nous ne laisserons ni la police, ni les identitaires transformer la vallée en cimetière.

      Nous appelons à deux RENDEZ-VOUS ce MERCREDI 16 MAI

      11h30 devant le poste de police de Montgenèvre pour une assemblée, discussion, repas.
      20h30 à la Vachette (au croisement avec la route nationale), lieu du départ de la course poursuite meurtrière pour une veillée funèbre (ramenez des bougies et des fleurs, rassemblement en noir) pour les exiléEs.

      Nous demandons donc sans délais :
      – Le retrait immédiat des forces de police à la frontière.
      – La liberté de circulation pour toutes et tous.

    • Briançon • Elle s’appelait Mathew Blessing…

      A dix kilomètres de Briançon, une jeune femme nigériane, Mathew Blessing, âgée de 21 ans, a disparu le 7 mai dernier autour de 5h du matin. Son corps a été retrouvé dans la Durance, à proximité directe d’une prise d’eau du barrage de Prelles, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyrières…

      Une coordination solidaire a été constituée, afin d’éclaircir les conditions du décès de Mathew, de suivre les résultats d’autopsie, de rechercher des proches éventuels, ainsi qu’organiser une commémoration et le retour de son corps vers son pays.

      Notre ami et collègue Sadık Çelik fait partie de cette coordination, en tant qu’automédia, et nous a fait parvenir le communiqué publié.

      Il nous fait aussi savoir qu’aujourd’hui des proches étaient arrivéEs sur place. Il y aura une enquête complémentaire indépendante à l’endroit où la jeune femme a été retrouvée morte. Un procureur de Gap a été saisi de l’affaire et a annoncé jusqu’alors un “décès par noyade”. Une plainte est déposée à la gendarmerie, et le communiqué de presse a suivi.

      Un rassemblement se déroulera demain, à 8h30, le 16 mai, à la mémoire de Mathew.

      Rappelons que ce n’est pas la première victime de cette chasse à l’homme aux frontières. En octobre, une enquête ouverte après la chute de deux migrants dans un ravin, au col de l’Echelle au-dessus de Briançon, survenue en août, fut classée sans suite. Ils avaient fuit une patrouille de gendarmerie…

      –-------

      Voici le communiqué de presse publié le 14 mai 2018, par “Tous migrants” sur leur page Facebook.
      Elle s’appelait Mathew Blessing…
      COMMUNIQUE DE PRESSE

      Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant”police, police”. Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d’une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

      La jeune femme disparue depuis lundi 7 mai s’appelle Mathew BLESSING. Elle est âgée de 21 ans et de nationalité nigériane.

      Les informations que nous avons recueillies font ressortir plusieurs éléments précis et circonstanciés qui pourraient relever des infractions suivantes :

      Mise en danger délibéré de la vie d’autrui par le manquement à une obligation particulière de sécurité ou de prudence, en l’espèce en organisant de nuit une poursuite à l’encontre de personnes de nationalités étrangères dans une zone dangereuse. Faits prévus et réprimés par l’article 223-1 du Code Pénal.
      Homicide involontaire par imprudence, négligence, ou manquement à une obligation de sécurité, en l’espèce en ayant conscience du danger de mort encouru par une chute dans la rivière, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, faits prévus et réprimés par l’article 221-6 du Code Pénal.
      Non-assistance à personne en danger, en l’espèce en ayant omis de signaler aux services de secours la disparition d’une personne dans un environnement dangereux, faits prévus et réprimés par l’article 223-6 du Code Pénal.
      Discrimination d’une personne en raison de son physique ou de son apparence, faits prévus et réprimés par l’article 225-1 du Code Pénal.

      Les manquements aux obligations de sécurité et de prudence précédemment invoqués se déduisent des obligations propres des fonctionnaires de police résultant, notamment, du Code de Déontologie de la Police Nationale.

      Aux termes de l’article R. 434-10 du Code de déontologie de la police et de la gendarmerie Nationale, codifié dans la partie réglementaire du Code de Sécurité Intérieure :

      Le policier ou le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement.
      Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est
      confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.

      L’article R.434-19 du même code dispose également que :

      Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger

      Un signalement auprès du Procureur de la République, reprenant tous ces éléments, vint d’être déposé au nom de notre association par l’intermédiaire de nos avocats, afin que la justice fasse toute la lumière sur les circonstances ayant abouties à ce drame.

      Notre Mouvement citoyen ne cesse de dénoncer, notamment dans nos communiqués et alertes, les pratiques policières reposant sur des guets-apens et des courses poursuites. Ces pratiques révoltantes, désavouées par nombre de policiers et gendarmes eux-mêmes, ont déjà occasionné plusieurs accidents parfois très graves, à l’exemple de celui survenu dans la nuit du 18 au 19 aout dernier.

      Pratiquement toutes les nuits, des accidents sont évités de justesse au prix de souffrances nouvelles et parfois de blessures. Les dangers sont aggravés depuis ces dernières semaines par la débâcle, le renforcement de la présence policière et la présence active des “identitaires” qui collaborent avec la Police pour traquer les personnes migrantes en pleine montagne, sur les chemins et les routes.

      Rappelons que le village de La Vachette est traversée par la Durance qui, en cette période de l’année, connaît un débit très important, avec une température de l’eau de quelques degrés seulement. Toute chute d’une personne dans la rivière constitue un danger fatal.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.

      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que la Côte d’Azur, le littoral calaisien, le canal de la Villette et aujourd’hui nos montagnes, constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, le cimetière Méditerranéen, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      • Nous exigeons l’interdiction des pratiques policières de guets-apens et de chasses à l’homme, ainsi que leurs avatars actuellement mis en oeuvre par le groupuscule suprémaciste Génération Identitaire.

      • Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le plein respect des personnes étrangères qui frappent à notre porte et de leurs droits.

      • Nous exigeons le respect par tous de notre devise “liberté, égalité, fraternité”, à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Briançon, le 14 mai 2018

      –-------

      Entre les “arrestations” musclées et récurrentes dans les gares de la région, les destructions de moyens de survie, les poursuites judiciaires contre les “aidants”, l’abandon cet hiver en haute montagne, et l’acceptation tacite de l’aide de milices fascistes et identitaires dans leur chasse à l’homme, on aurait beaucoup de difficultés à reconnaître une “politique d’accueil et d’asile”, pourtant vantée dans un nouveau texte de loi récent en cours de vote vers le Sénat.

      Là encore, les “forces de l’ordre” font un travail d’Etat au service d’une idéologie de repli identitaire, électoralement dirigé. Le libéralisme économique destructeur de droits sociaux s’accompagne d’une politique répressive à l’encontre de celles et ceux qui résistent, et s’acharne contre les plus faibles, qui fuient la prédation économique et les guerres. L’alliance contre nature du suprématisme et du libéralisme est “en marche”, concernant les politiques migratoires…

      Rappelons que cette idéologie n’est pas majoritaire en France, comme le prouve d’ailleurs l’accueil qui est fait aux marcheurs, partis de la région, en route pour Calais et Londres, via Paris.

      Le décès de la jeune Mathew Blessing est la conséquence directe de cette guerre anti-migrants qui s’avance masquée derrière les rictus hypocrites des politiciens entrés en compétition avec l’extrême droite…

      https://www.youtube.com/watch?v=TiWCo6EeNoI&feature=emb_logo

      https://www.kedistan.net/2018/05/15/briancon-elle-mathew-blessing

    • Briançon • Chronique d’une mort annoncée

      Un récit traduit de l’Italien, fait par Le “Rifugio Autogestito Chez Jesus”, et paru dans le Quotidien Piémontais, qui précise et complète l’article d’hier, à propos du décès d’une jeune migrante près de Briançon.

      Une semaine a passé depuis la mort de B. Cinq jours depuis que le cadavre d’une jeune femme “peut-être migrante” a été retrouvé, dans le fleuve qui passe sous Briançon, la Durance.

      Voici les faits.

      Un groupe d’une petite dizaine de personnes part de Clavière pour rejoindre Briançon à pied. Nous sommes dimanche soir, et comme chaque nuit les exilé·e·s qui tentent d’arriver en France se trouvent obligé·e·s d’éviter la route autant que possible et de passer par la montagne pour éviter les contrôles d’identité.

      Le groupe commence son chemin, et puis se sépare : la femme a des difficultés à marcher et a besoin d’aide et de soutien. Deux personnes restent avec elle, et les trois se détachent du groupe. Ils marchent sur la route, en se cachant dès qu’ils aperçoivent des lumières de phares ou entendent des bruits.

      La police a mis en place une véritable chasse aux migrant·e·s, plus féroce que jamais ces derniers jours. Ils se cachent sur les sentiers, pour surprendre, torches en main, ceux qui tentent la traversée, et font des rondes en voiture sur les routes. Ils se postent aussi aux entrées de Briançon, et à côté des carrefours, mettant en place de réels postes de blocage.

      Les trois personnes marchent pendant une quinzaine de kilomètres et se trouvent alors à 4 ou 5 kilomètres de Briançon. A la hauteur de la Vachette, cinq agents de la police nationale les attendent. Ils surgissent de derrière les arbres à gauche de la route. Il est entre quatre et cinq heures du matin, lundi 7 Mai. Les policiers se mettent à leur courir après. Le groupe se met en fuite, et entre dans le village de la Vachette. Un des trois réussit à se cacher, et les deux autres, un homme et une femme, courent sur la route. L’homme court plus vite, il cherche à attirer la police, qui parvient à l’attraper et le ramène directement en Italie.

      La femme, elle, disparaît.

      La police continue ses recherches dans le village de la Vachette pendant quatre heures. La rivière est en crue, et les policiers concentrent leurs recherches sur les rives de la Durance et autour du pont. Puis ils s’en vont. Cette façon de faire est tout à fait différente des pratiques habituelles de la police, pendant ces nuits de contrôle : en général, après avoir attrapé quelques personnes, ils ne recherchent les fugitifs et fugitives restant·e·s que durant quelques dizaines de minutes. Les recherches concentrées dans la zone du fleuve indiquent clairement que les policiers avaient compris que quelque chose de très grave avait eu lieu.

      50 heures plus tard, Mercredi 9 Mai, un cadavre de femme est retrouvé bloqué à la digue de Prelles, à 10 km au Sud de Briançon. Il s’agit d’une femme d’un mètre 60, aux longs cheveux noirs tressés. Des cicatrices sur le dos, un collier serti d’une pierre bleue.

      Le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, a annoncé la nouvelle le jour suivant, en précisant que “Cette découverte ne correspond à aucune disparition inquiétante. Pour le moment, nous n’avons aucun élément qui nous permette d’identifier la personne et donc de dire si il s’agit d’une personne migrante”.

      Lourde déclaration du procureur. Les disparitions de personnes exilées ne sont donc pas inquiétantes, sous prétexte qu’on ne les signale pas ? Les soutiens de B. étaient au contraire très inquiets : mais comment se tourner vers la police pour déclarer des disparus, quand ils risquent d’être maltraités, et leurs soutiens réprimés ?

      De plus, le procureur ment, car la police savait qu’une femme avait disparue après une poursuite.

      Très peu de journaux ont relevé la nouvelle. Il semblerait que personne n’ait souhaité publier celle-ci. L’intérêt est d’ensevelir cette histoire, pour éviter un scandale face aux violences policières. Deux cas de femmes enceintes refoulées avaient déclenché des réactions publiques en mars dernier.

      Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie afin de déterminer les circonstances du décès. Le magistrat a annoncé que “n’ayant pas d’éléments qui font penser à la nature criminelle du décès, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la mort”. Mais cela aussi est faux. La nature du décès est criminelle.

      Ce n’est pas une mort accidentelle, ce n’est pas une erreur. Ceci est un homicide. Celui d’une jeune femme nigérianne de 21 ans. Cinq policiers les ont poursuivis. Cette femme, B, est morte à cause d’eux et de la politique qui dirige, contrôle et légitime leurs actions.

      B. est morte parce que la frontière ne peut pas être traversée en sécurité par les personnes sans papiers.

      B. n’est pas morte à cause de la montagne, par erreur, elle n’est pas morte dans la neige cet hiver. Elle est morte parce qu’elle était en train d’essayer d’échapper à la police, qui s’adonne de façon toujours plus violente à la chasse aux migrant·e·s.

      Elle a été tuée par ces cinq agents, comme le système de la frontière le leur ordonne.

      Il s’agit d’un homicide avec des mandataires et des exécutants.

      Le Procureur de Gap et la préfète sont autant responsables que les policiers qui l’ont tuée, compte tenu des directives assassines qu’ils donnent.

      Les responsables sont aussi la magistrature et le tribunal, qui criminalisent les solidaires qui cherchent à éviter ces morts en rendant la traversée la plus sûre possible. Les responsables sont tous les politiciens qui fondent leur campagne électorale sur la différence de couleur de peau et de nationalité des personnes.

      Si cela continue, les morts se multiplieront.

      14 maggio, Rifugio Autogestito Chez Jesus

      https://www.kedistan.net/wp-content/uploads/2018/05/briancon-chez-jesus-refugies-sadik-celik-1.jpg
      https://www.kedistan.net/2018/05/16/briancon-chronique-mort-annoncee

    • LA FRONTIERA UCCIDE

      La militarizzazione è la sua arma.

      Una donna è morta. Un cadavere ancora senza nome è stato ritrovato mercoledì all’altezza della diga di Prelles, nella Durance, il fiume che scorre attraverso Briançon.

      Una donna dalla pelle nera, nessun documento, nessun appello alla scomparsa, un corpo senza vita e senza nome, come le migliaia che si trovano sul fondo del Mediterraneo.

      Questa morte non è una disgrazia inaspettata, non è un caso, non è “strana” per tanti e tante. Non c’ entra la montagna, né la neve o il freddo.

      Questa morte è stata annunciata dall’inverno appena passato, dalla militarizzazione che in questi mesi si è vista su queste montagne e dalle decine di persone finite in ospedale per le ferite procuratesi nella loro fuga verso la Francia. È una conseguenza inevitabile della politica di chiusura della frontiera e della militarizzazione.

      Questa morte non è una fatalità. È un omicidio, con mandanti e complici ben facili da individuare.

      In primis i governi e le loro politiche di chiusura della frontiera, e ogni uomo e donna in divisa che le porta avanti.

      Gendarmi, polizia di frontiera, chasseurs alpins, e ora pure quei ridicoli neofascisti di Géneration Idéntitaire, pattugliano i sentieri e le strade a caccia dei migranti di passaggio da questi valichi alpini. Li inseguono sui sentieri e nella neve sulle motoslitte; li attendono in macchina in agguato lungo la strada che porta a Briançon e quelle del centro città. Molti i casi quest’inverno di persone ferite e finite all’ospedale in seguito alle cadute dovute alle fughe dalla polizia.

      Quella donna era una delle decine di migranti che ogni giorno tentano di andare in Francia per continuare la propria vita. Per farlo, ha dovuto attraversare nella neve, a piedi, quella linea immaginaria che chiamano frontiera. Perché i mezzi di trasporto, sicuri, le erano preclusi data la mancanza di documenti e per la politica razziale di controllo che attuano al confine. Poi è scesa sulla strada, quei 17 chilometri che devono percorrere a piedi per raggiungere la città. È lungo quel tratto che deve essere inceppata in un blocco della polizia, come spesso viene raccontato dalle persone respinte. Probabilmente il gruppo di persone con cui era, che come lei tentava di attraversare il confine, si è disperso alla vista di Polizia o Gendarmerie alla ricerca di indesiderati da acchiappare e riportare in Italia, nel solito gioco dell’oca che questa volta ha ucciso.

      Questa donna senza nome deve essere scivolata nel fiume mentre tentava di scappare e nascondersi, uccisa dai controlli poliziesci. L’ autopsia avverà a Grenoble nella giornata di lunedì, solo allora sarà possibile avere maggiori dettagli sulla causa della morte.

      La frontiera separa e uccide.

      Non dimentichiamo chi sono i responsabili.

      Texte vu sur la page FB du refuge Chez Jesus : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=373079166510819&id=362786637540072
      Repris ici aussi : https://hurriya.noblogs.org/post/2018/05/12/frontiera-uccide-militarizzazione-sua-arma

    • "La migrante morta per scappare ai gendarmi è mia sorella: fatemela vedere"

      “Quello a Briançon è il corpo di mia sorella Blessing, ma i gendarmi mi impediscono di vederla”. È arrabbiata la sorella di #Blessing_Mathew, la giovane nigeriana, morta cadendo nella Durance, il fiume che da Montgenevre scorre verso il sud della Francia, mentre cercava di scappare dai gendarmi che pattugliano il confine per impedire ai migranti di valicarlo. “Sono andata dai poliziotti francesi al confine, volevo vedere mia sorella per aver conferma che fosse morta, ma me lo hanno impedito perché dicono che non ho i documenti per entrare nel loro Paese”.

      La donna ha un regolare permesso di soggiorno italiano, ma la sua carta d’identità non è valida per l’espatrio. Per questo ora si trova in Italia, a Claviere, negli spazi occupati sotto la chiesa del paese dal collettivo solidale con i migranti, in attesa di poter identificare il corpo di sua sorella. “Mi hanno prelevato del Dna per paragonarlo con quello del cadavere – racconta – Ma dicono ci vorranno 15 giorni per i risultati. Poi mi hanno interrogato a lungo, ma non mi hanno permesso di andare a vederla. Ho dato ai gendarmi anche le foto di mia sorella, non ci sono dubbi che sia lei. Poco lontano da dove è caduta hanno trovato una borsa con i suoi documenti”.
      Da Bari la donna ieri è arrivata a Torino per cercare di capire cosa fosse successo a sua sorella Blessing, 21 anni, scomparsa all’alba di lunedì 7 maggio. Il gruppo che era con la giovane si è sfaldato all’altezza di Vachette, il paese che si trova al fondo della lunga discesa da Montgenevre. Una pattuglia di gendarmi li ha sorpresi nel buio mentre cercavano di raggiungere Briançon e li ha inseguiti fin dentro l’abitato. Tre sono rimasti indietro, uno è stato catturato e rispedito in Italia, uno è riuscito a scappare ed è arrivato al centro Tous Migrants che è diventato il punto di riferimento per i migranti che usano la rotta alpina per raggiungere la Francia. Di Blessing però nessun traccia, se non quella borsa trovata lungo il fiume.
      Secondo il racconto di alcuni testimoni gli uomini delle forze dell’ordine francese hanno battuto le rive per alcune ore, prima di rinunciare. Segno che forse avevano capito cos’era accaduto. Il suo corpo è stato trovato solo tre giorni dopo nella diga di Prelles, a Saint Martin de Queyrières. Ancora oggi i gendarmi non hanno confermato né l’identità, né la dinamica della morte, su cui indaga la procura di Gap. “L’altro giorno qualcuno ha contattato mia madre in Nigeria dicendo che mia sorella aveva avuto un incidente – ricorda – Così ho chiamato la polizia e saputo cos’era successo. I gendarmi mi hanno fatto vedere i suoi vestiti, ma non so se fossero suoi perché non abitiamo insieme. Lei stava in un centro d’accoglienza a Torino”.

      Proprio da questo documento si è risaliti all’identità della giovane, ma il sospetto dei militanti del collettivo Chez Jesus – che per oggi hanno convocato un presidio al posto di confine di Claviere - è che le forze dell’ordine non vogliano confermare l’identità subito per far scemare la
      tensione che sta creando la notizia di una migrante morta al confine mentre cercava di fuggire dalla gendarmerie. “Ho chiesto loro cosa fosse successo, chi c’era con lei quando è caduta in acqua, quanto tempo ci è rimasta e chi l’ha trovata, ma non mi hanno risposto – attacca la sorella di Blessing – Voglio sapere cosa è accaduto a mia sorella e poterla salutare prima della sepoltura, non capisco perché me lo impediscano”.


      http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/05/16/news/_la_migrante_morta_per_scappare_ai_gendarmi_e_mia_sorella_fatemela

    • Ce midi devant la PAF à Montgenèvre, #Benoît_Ducos, un citoyen solidaire s’est adressé aux forces de l’ordre.

      A MESDAMES ET MESSIEURS LES POLICIERS ET GENDARMES

      "Mesdames, messieurs les Policiers et Gendarmes,

      Nous ne voulons pas qu’après l’enfer libyen et le cimetière méditerranéen, le passage de cette frontière se transforme en un nouvel obstacle meurtrier pour les exilés qui souhaitent venir en France.

      Nous vous demandons de cesser immédiatement les méthodes de cow-boys que vous employez ainsi que cette stratégie de la peur, de l’intimidation et de la répression des solidarités à laquelle vous jouez en mettant en pratique guets-apens, course-poursuites et chasses à l’homme envers des personnes parce qu’elles sont noires de peau ou qu’elles font preuve d’humanité.
      Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la bavure isolée mais dans la répétition systématique de graves atteintes aux droits fondamentaux des personnes de la part de fonctionnaires en charge normalement de protéger l’intérêt public.

      Un policier ou un gendarme se doit, dans l’exercice de ses fonctions de faire preuve de discernement.
      Où est il ce discernement lorsque vous osez poursuivre l’été dernier des jeunes exilés entre deux tunnels, dans la nuit noire, et que deux d’entre eux tombent dans un ravin, échappant à la mort par miracle mais dont l’un deux demeure gravement handicapé ?
      Où est il ce #discernement lorsque vous osez poursuivre en pleine nuit des exilés épuisés par la route et poussez l’un deux vers les eaux glaciales d’une rivière gonflées par la fonte des neige ?
      Où est il ce discernement lorsqu’une femme enceinte de 9 mois est interceptée ici même et que l’un d’entre vous ose lui rétorquer « ma mère à moi a bien accouché dans la neige, tu peux donc bien le faire aussi et même si c’est là devant la PAF ça ne me dérange pas » ?
      Où est il ce discernement lorsque des mineurs, isolés de surcroit, sont systématiquement refoulés. Où est il ce discernement lorsque des exilés pour vous échapper racontent qu’ils ont du traverser la rivière en crue à plusieurs reprises au péril de leur vie.
      Où est il ce discernement lorsque des personnes prônant la haine raciale vous remettent en main des exilés qu’ils ont intercepté et que vous osez les remercier pour le bon boulot qu’ils ont fait ?

      Un policier ou un gendarme se doit, même hors de l’exercice de ses fonctions, de porter assistance aux personnes en danger.

      Tous vous avez trainé vos guêtres sur les bancs de l’école. Je pense qu’un certain gouvernement de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie pour exterminer les juifs vous dit quelque chose. Rappelez vous, pendant cette période des solidaires et des fonctionnaires ont pris des risques pour les protéger et ont été traqués eux aussi.

      J’espère que vous faîtes le lien avec ce qui se passe aujourd’hui et que vous voyez de quelle machine vous êtes les serviteurs.
      La France en vous demandant d’agir ainsi ne respecte ni ses engagements internationaux ni les droits fondamentaux des êtres humains.

      Nous avons tous honte de cette situation et de ce qui se passe ici, certains d’entre vous aussi. Nous le savons parce qu’ils nous l’ont confié.

      Serons nous, un jour, comme ces femmes tunisiennes qui refusent désormais d’aller à la pêche parce les poissons qu’elles ramènent dans leurs filets se sont nourris de la chair de leur enfants ? N’oserons nous plus boire l’eau de nos sources ni mettre un pied sereinement en montagne parce que nous savons que des amis exilés y ont laissé leur vie, traqués comme du gibier.

      Mesdames, messieurs les policiers et gendarmes, posez vous simplement cette question car ce n’est pas un scénario improbable : que voudriez vous que l’on fasse pour vous si vous étiez un jour dans la situation de ces gens qui fuient leur pays ? Si un jour, vous deviez tout abandonner, si un jour vous deviez marcher pour échapper à la mort.
      Osez, vous poser cette question et allez jusqu’au bout du raisonnement. Que souhaiteriez-vous tous que l’on vous fasse, hormis du bien.
      Si vous n’êtes pas responsable du bien que vous ne faites pas, vous êtes par contre entièrement responsable du mal que vous faîtes.

      Les vrais femmes et hommes libres sont celles et ceux qui osent aller chercher leur rêve au bout du chemin, celles et ceux qui veillent contre les injustices.
      En acceptant d’obéir à des directives et des injonctions inhumaines vous trahissez chaque jour les valeurs que vous êtes sensés servir et qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Elles font pourtant la fierté de vos drapeaux sur lesquels sont inscrits ’République Française’. Chaque jour bafouées, elles font de vous les véritables personnes en situation irrégulière.
      Posez vos képis et cessez cette mascarade car vous n’êtes que les serviteurs de lois injustes et nombre d’entre vous le savent déjà.
      Si vous vous demandez encore << mais pourquoi le ferais-je >>, dites vous que parfois désobéir c’est se couvrir d’honneur.
      Pour Blessing, pour tous ceux qui souffrent au passage de cette frontière, pour tous ceux qui arrivent pour demander de l’aide et un peu de paix, pour nous tous, pour que nous n’ayons plus honte de notre pays, Mesdames, Messieurs les Policiers et Gendarmes, ayez le courage de le faire."

      Montgenèvre le 16 mai 2018

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152643054967262

    • La frontière tue

      elle s’appelait
      elle s’appelle elle s’appellera

      silence

      parfois il vaut mieux le silence
      que de parler à travers ou au travers
      d’appeler au calme
      de parler au nom

      la frontière
      les papiers
      ses agents armés
      la traque
      la peur
      la rivière
      la mort

      fascistes État le travail est le même
      l’histoire sait

      administration
      uniforme
      banal

      expulsions
      déportations
      colonisation

      la terreur c’est l’État
      la Justice son sacre

      balland bigot macron collomb
      ce sont eux que la rivière devrait emporter
      ça ne suffira pas

      soyons la crue et non la berge
      soyons les sources qui percent la roche
      que nos larmes forment un torrent de rage

      elle est morte en passant par la montagne
      tuée par la frontière
      et ceux qui la défende

      ne confondons pas le torrent
      et ceux qui nous poussent
      à l’eau

      https://valleesenlutte.noblogs.org/post/2018/05/14/la-frontiere-tue

    • SO SORRY
      Que la terre lui soit légère

      Ce soir à la Vachette, au bord de la Durance ces quelques mots adressés à la famille de Blessing.

      Comment vous dire ? / So Sorry

      A vous les sœurs de Blessing, à vous tous les membres de sa famille et tous ses amis, qui avez perdu le sourire de Blessing, comment vous dire notre tristesse, notre désarroi, notre colère de savoir que c’est dans notre pays, dans nos montagnes que Blessing s’est perdue à jamais ?
      Comment vous dire combien chacun d’entre nous voudrait s’associer profondément à votre chagrin de l’avoir perdue si jeune, en plein espoir d’une vie meilleure ?

      Mais nous avons si honte des sombres événements qui se produisent dans nos montagnes depuis de nombreux mois, que nous osons à peine vous adresser ces quelques mots de compassion.
      Certains d’entre nous sillonnent les montagnes pour tenter de vous protéger contre ces drames nocturnes, d’autres vous accueillent dans les refuges solidaires ou dans leurs maisons, et vous accompagnent dans vos longs et douloureux périples, parfois à leurs risques et périls.
      Mais comment vous dire notre impuissance à permettre que vous soyez toujours accueillis dans le respect et la dignité, malgré toute notre bonne volonté ?

      Nous ne connaissions pas Blessing mais chacun de nous peut se reconnaître en elle, qui aspirait simplement à construire sa vie.
      Comment vous dire que nous saluons le courage qu’il lui a fallu, ainsi qu’à vous tous, pour tout quitter et arriver jusqu’à nous, dans l’espoir d’un possible que vous ne trouvez plus chez vous ?

      La mort de Blessing, nous la portons tous en nous, non seulement comme un drame personnel, mais aussi comme un échec de notre France soit-disant des droits de l’homme, de notre Europe qui ne sait pas ouvrir ses portes.
      Comment vous dire que nous ne voulons pas que sa mort soit vaine, que nous nous battrons pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli, et pour que les lois changent ou soient appliquées ?

      Comment vous dire que chacune des fleurs, chacune des bougies que nous allumons ce soir pour Blessing, est un désir de s’associer à votre peine, un chuchotement de réconfort à votre oreille.

      Comment vous dire que jamais plus nous ne pourrons regarder les belles rivières de nos vallées : La Clarée, la Durance, sans penser à Blessing, à vous tous, au combat de solidarité qui est le nôtre ?

      Puisse Blessing nous donner la force de ne jamais baisser les bras.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2152699918294909

    • La noyée de la Durance serait bien la migrante Nigériane de 21 ans

      Le procureur de la République de Gap a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.
      Dans un communiqué cette après-midi, le procureur de la République de Gap Raphaël Balland a confirmé que la jeune femme retrouvée noyée mercredi 9 mai dernier au barrage de Prelles (Saint-Martin-de-Queyrières) serait bien Blessing Matthew, une migrante nigériane.

      « En l’absence d’élément formel d’identification de la jeune femme décédée par noyade et retrouvée dans la Durance le 9 mai 2018, une expertise génétique a été effectuée par l’IRCGN [Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, NDLR] par comparaison du profil génétique de cette jeune femme avec celui d’une femme de nationalité nigériane, vivant en Italie, et qui s’était présentée auprès des enquêteurs le 15 mai 2018 comme étant possiblement sa sœur qu’elle n’avait plus revue depuis environ 10 ans », précise le magistrat.

      Il poursuit : « Ce jour, cette expertise a conclu à une très forte probabilité qu’il s’agissait effectivement de sa sœur (2000 fois plus probable que par rapport à une personne qui ne serait pas sa sœur). Il s’agirait donc de Blessing Matthew, autrement appelée Blessing Obie. »

      Cette comparaison de profil génétique s’ajoute à d’autres éléments recueillis par les gendarmes ces derniers jours, selon Raphaël Balland, dont des témoignages et « la découverte le 7 mai 2018 par les gendarmes d’un sac contenant un certificat médical au nom de Blessing Matthew à proximité de la Durance sur la commune de Val-des-Prés ».

      « Les investigations [...] se poursuivent pour compléter les éléments d’identité de cette jeune femme et tenter de connaître les circonstances précises de ce décès », conclu le magistrat gapençais.


      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2018/05/18/la-noyee-de-la-durance-serait-bien-la-migrante-nigeriane-de-21-ans

    • COMMUNIQUE DE PRESSE de Tous Migrants du 22.05.2019

      MAMADOU, BLESSING
      Deux morts à en dix jours à la frontière franco-italienne
      Protégeons les humains, pas les frontières

      Ce vendredi 18 mai en fin d’après-midi, des randonneurs ont découvert le corps de Mamamdou, un migrant mort d’épuisement en tentant de passer la frontière franco-italienne. Son compagnon d’infortune a lui aussi frôlé le drame.

      Il y a 10 jours, une jeune femme Nigériane, Blessing Matthew avait été retrouvée noyée dans la Durance. Elle avait été effrayée en amont par un contrôle de police.

      Depuis des mois des habitants du Briançonnais sont mobilisés pour accueillir les personnes exilées dignement et pour tenter d’éviter les drames. Chaque nuit, des solidaires, traqués eux aussi par la Police, ont veillé et porté secours aux exilés en grande difficulté dans la neige et le froid… pour que les Alpes ne soient pas une autre Méditerranée, un cimetière à ciel ouvert.
      Déjà deux drames de trop depuis la fonte des neiges… deux drames qui ne sont pas des accidents, mais bien la conséquence d’une politique mortifère.

      Aujourd’hui, c’est la politique toujours plus répressive du gouvernement, l’envoi de renforts de gendarmerie, le non-respect de la loi et le bafouement des droits humains qui obligent ces hommes et ces femmes à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles de police et qui conduit à ces drames.

      Rappelons que les demandeurs d’asile ne sont pas des personnes en situation irrégulière, pas plus que les mineurs isolés.
      Rappelons que le fait pour une personne étrangère d’être en situation irrégulière ne constitue pas un délit.
      Nous refusons que nos montagnes constituent pour les migrants un nouvel obstacle mortel après l’enfer libyen, la traversée de la Méditerranée, et tous ces murs de la honte qui s’érigent de par le monde.

      Nous exigeons le rétablissement de l’Etat de Droit et le respect des droits des personnes étrangères qui frappent à notre porte.
      Nous exigeons le respect par tous de notre devise « liberté, égalité, fraternité », à commencer par les représentants de l’Etat et les forces de l’ordre.

      Que les morts reposent en paix. Que les vivants soient protégés. Sans relâche.

      https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/2155513458013555:0

    • Deux migrants morts mais pas de coupable pour le parquet

      Le procureur de la République de Gap vient de classer “sans suite” les enquêtes judiciaires relatives aux décès de Blessing Matthew et Mamadi Conde survenus en 2018 dans le Briançonnais. Pour le parquet, aucune infraction n’a été commise par les forces de l’ordre pourtant pointées du doigt par les associations de défense des migrants.

      https://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2019/05/08/deux-migrants-morts-mais-pas-de-coupable-pour-le-parquet

    • Blessing, migrante noyée dans la Durance : des mois de silence et un dossier en souffrance

      Il y a un an, le corps de Blessing Matthew était retrouvé contre un barrage des Hautes-Alpes. La Nigériane, qui venait de franchir la frontière, fuyait une patrouille de gendarmes. Le parquet a écarté lundi leur responsabilité, ce que contestent sa sœur et l’association Tous migrants.

      C’était il y a un an. Le 7 mai 2018, Blessing Matthew s’est noyée dans la Durance à La Vachette (Hautes-Alpes), un lieu-dit de Val-des-Prés situé sur la route de Briançon. Cette Nigériane de 20 ans venait juste de passer la frontière franco-italienne, de nuit, en groupe et par les sentiers, dans le secteur du col de Montgenèvre. Selon ses compagnons de traversée, la dernière fois qu’elle a été vue, peu avant l’aube, elle était poursuivie par les forces de l’ordre, boitillante, épuisée et terrifiée, sur les berges du torrent en crue printanière. Le 9 mai, son corps est retrouvé à dix kilomètres en aval, flottant contre un barrage EDF du village de Prelles. La jeune femme ne porte plus que sa culotte, un anneau d’argent et un collier avec une pierre bleue. C’est le premier cadavre retrouvé depuis le début de l’afflux de migrants à la frontière des Hautes-Alpes, en 2016. Depuis, les corps de trois autres Africains ont été découverts dans la montagne. L’histoire de Blessing est pourtant une tragédie à part. Parce que c’était une femme, alors qu’elles sont ultra-minoritaires sur la frontière, parce que c’était la première victime, et parce que les conditions de sa mort restent troubles.

      Le 25 septembre 2018, sa sœur aînée, Christina, qui vit en Italie, pays dont elle a la nationalité, porte plainte « contre X, pouvant être les représentants de l’autorité publique » pour « homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger ». Depuis, le parquet de Gap, à l’exception d’une demande d’identité de témoins cités dans la plainte, ne s’était plus manifesté. Sept longs mois de silence donc. Jusqu’au classement sans suite, lundi soir, par le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, de l’enquête « pour recherche des causes de la mort » ouverte à la découverte du corps.

      Confiée aux gendarmes de Briançon et à ceux de Marseille pour la partie « tentative d’interpellation » de Blessing, l’enquête a conclu « à l’absence d’infraction » de la part des gendarmes mobiles. La plainte de Christina, reçue « en phase de clôture de l’enquête » n’a pas changé sa nature, ni donné lieu à la saisine de l’Inspection générale de la gendarmerie, détaille le procureur : « Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme » et « n’ont pas entamé de course-poursuite mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite. »

      Trop tard et trop peu pour Christina et l’association briançonnaise Tous migrants : elles se sont constituées partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de Gap, comme le permet la loi lorsque le parquet ne donne pas suite à une plainte dans un délai de trois mois. Maeva Binimelis, du barreau de Nice, signe la nouvelle plainte au nom des trois avocats de Christina et de Tous migrants.

      L’ouverture d’une instruction, désormais incontournable, permettra aux parties civiles d’avoir accès à l’enquête : « J’ai des doutes sur sa qualité. Le parquet a-t-il fait tout ce qui était en son pouvoir ? » interroge l’avocate. Christina, « terriblement choquée », veut « éclaircir les zones d’ombre. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Est-ce un accident ? Quel rôle ont joué les forces de l’ordre ? »
      Lampes torches

      La nouvelle plainte s’appuie sur une version différente de celle des enquêteurs, établie par le travail des militants de Tous migrants, mobilisés dès la découverte du corps. Ils retrouvent Roland, l’un des compagnons de Blessing, Nigérian lui aussi, au principal lieu d’accueil de Briançon, celui de l’association Refuges solidaires qui a accueilli 8 550 migrants depuis juillet 2017. Roland leur raconte que Blessing, épuisée, Hervé (un troisième Nigérian) et lui-même ont été surpris par cinq « policiers » vers 5 heures du matin après avoir marché toute la nuit. Lampes torches allumées près d’eux, ils crient « police ! » Les trois Nigérians détalent vers La Vachette, en contrebas. Roland se cache à l’entrée du hameau, voit les autres s’enfuir et les forces de l’ordre patrouiller longuement avant de partir. Si Roland n’a pas été arrêté, Hervé a été interpellé ce matin-là puis reconduit à la frontière, selon le monde opératoire classique dans les Hautes-Alpes : 1 899 « non-admissions » en 2017, 3 409 en 2018, et 736 déjà en 2019 selon la préfecture, en application de la règle européenne prévoyant que les demandes d’asile doivent être faites dans le premier pays d’arrivée.

      Gisèle Peyronel est une des trois personnes qui viennent entretenir sa tombe. Photo Eric Franceschi

      Tous migrants localise Hervé dans un camp de Turin et son témoignage, recueilli par l’avocat italien de Christina, confirme et précise celui de Roland. Les « policiers » qui « leur courent après » ont leurs armes à la main et menacent de tirer, assure-t-il. Caché en contrebas de l’église, au-dessus de la Durance, il aperçoit Blessing sur l’autre rive, accroupie dans un pré, des lampes torches allumées non loin d’elle. Repéré, il s’enfonce dans des taillis et ne la voit plus, mais il l’entend crier et appeler à l’aide pendant plusieurs minutes. Puis plus rien. Les « policiers » continuent à chercher sur la rive.

      Un troisième témoin rencontré par Tous migrants, J., séjournant dans un gîte à proximité, a été réveillé au petit matin par un « déploiement impressionnant » : des ordres sont criés, trois utilitaires de la gendarmerie sont stationnés dans la rue, une dizaine de gendarmes fouillent les jardins, les abords de la rivière. Michel Rousseau, pilier de Tous migrants, détaille ce recueil de témoignages, mission habituelle de l’association : « Ces témoins, choqués mais clairs dans leurs propos, nous ont parlé en toute connaissance de cause. Nous avons vérifié leurs récits sur les lieux. Tout se tient. » Dès le 14 mai 2018, l’association alerte le procureur, par signalement. Ses militants, puis Roland, sont ensuite entendus par les gendarmes. L’association, en parallèle, dénonce publiquement « les pratiques policières révoltantes reposant sur des guets-apens et des courses poursuites ». Ce signalement auprès du procureur avait été le premier. Depuis, Tous migrants, sous l’égide de Me Binimelis, en a déposé huit autres, reprochant aux forces de l’ordre violences, délaissements de personnes vulnérables, faux en écriture publique, destructions de documents, vols, injures à caractère racial… Deux victimes ont même porté plainte pour « violences aggravées » et « vol aggravé ».

      L’avocate explique que le parquet ne lui a fait part d’aucune prise en compte de ces signalements et plaintes. « Il y a pour moi deux poids et deux mesures : pour les militants solidaires, la machine pénale va jusqu’au bout, mais lorsqu’on suspecte des représentants de la force publique, aucune suite ne semble être donnée. » Depuis un an, 10 militants solidaires ou maraudeurs ont été condamnés à Gap pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire », dont deux, à de la prison ferme.
      « Mise en danger »

      Contacté par Libé , le procureur de Gap assure que « la totalité des signalements et plaintes a été traitée », donnant lieu soit « à des vérifications auprès des services potentiellement concernés », soit « à l’ouverture d’enquêtes préliminaires », dont il ne précise pas la nature, soit à leur ajout« à d’autres procédures en cours ». Il déplore la « posture » de Tous migrants qui consiste à lui fournir des « éléments quasi inexploitables : des témoignages anonymes, ne permettant pas d’identifier les forces de l’ordre visées ».

      Hervé, le témoin clé concernant Blessing, n’a ainsi pas été entendu, explique le procureur qui regrette que Tous migrants ne lui ait pas communiqué « les éléments du témoignage » de cet homme et son identité complète. Les enquêteurs l’avaient joint par téléphone au début de l’enquête mais il avait « refusé de revenir en France pour témoigner », dit le procureur…

      Sur la même période, les témoignages d’infractions commises par les forces de l’ordre, en particulier de par la police aux frontières, se sont multipliés. Les chasses à l’homme - ou « chasses au Noir », comme le lâche Maeva Binimelis - n’ont par ailleurs jamais cessé. « C’est tous les jours, à pied, en quad ou à motoneige, avec des jumelles infrarouges et même des chiens parfois », détaille un maraudeur briançonnais. La Commission nationale consultative des droits de l’homme, institution officielle venue en inspection à Briançon, a invité l’Etat, en juillet, à « prendre immédiatement les mesures qui s’imposent à la frontière franco-italienne pour mettre fin aux violations des droits fondamentaux et aux pratiques inhumaines », à « sortir du déni » et à « modifier radicalement sa politique responsable de la mise en danger d’êtres humains ». La préfecture des Hautes-Alpes indique que « ce rapport à portée nationale n’appelait pas de réponse locale, même si certains faits, appréciations et interprétations pourraient être discutés ».

      Treize ONG, menées par Amnesty et l’Anafé, ont lors d’une mission en octobre récolté « de nombreux témoignages de violation des droits […] et de menaces proférées par les policiers » et déposé 11 référés-liberté, dont 8 pour des mineurs isolés refoulés. La préfecture fustige ce rapport « outrancier et erroné », assurant que les forces de l’ordre « exercent leurs missions dans le strict respect de la loi » et ont « pour consigne constante de considérer en toutes circonstances l’état de vulnérabilité des personnes ». Elle ajoute que signalements et plaintes sont du ressort de la justice et qu’elle n’en a « pas été destinataire ». Michel Rousseau gronde : « Ce qui se passe ici révèle la violence directe, brutale et barbare de notre système. »

      Dans un recoin du cimetière de Prelles, à l’écart, Blessing repose sous un tumulus de terre. Il y a toujours des fleurs fraîches sur sa tombe.

      https://www.liberation.fr/france/2019/05/07/blessing-migrante-noyee-dans-la-durance-des-mois-de-silence-et-un-dossier-en-souffrance_1725550/?redirected=1&redirected=1

    • 12.01.2021

      Hautes-Alpes : Un avocat tente de relancer l’affaire de la migrante retrouvée morte

      Classée sans suite, l’affaire de la migrante retrouvée morte noyée dans les Hautes-Alpes est en passe d’être relancée

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap, l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.​

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me Vincent Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier.

      Pourchassée dans la forêt

      L’association avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête. « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth.

      L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits. « Un témoin confirmant qu(e la migrante) a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également. Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie.

      https://www.20minutes.fr/justice/2951195-20210112-hautes-alpes-avocat-tente-relancer-affaire-migrante-retro

    • Hautes-Alpes : le délibéré de l’appel pour relancer l’affaire Blessing Matthew fixé au 9 février

      Chaque hiver, des migrants tentent de franchir la frontière à pied dans le froid glacial des nuits montagnardes. Depuis une semaine, presque chaque nuit, des interventions de secours ont lieu à la frontière franco-italienne du Briançonnais. Samedi soir, sept personnes « en transit » étaient activement recherchées vers Cervières. Plus tôt, quatre autres migrants étaient secourus à Montgenèvre. Lundi dernier, une dizaine d’entre eux étaient retrouvés en situation de péril au col de Montgenèvre.

      Si la problématique migratoire est bien moins importante aujourd’hui, elle ne cesse d’être présente au quotidien dans les Hautes-Alpes à travers les secours à personne, l’accueil solidaire ou les dossiers en justice.

      A ce titre, l’affaire Blessing Matthew pourrait bien être relancée par l’avocat de l’association Tous migrants. Le dossier, classé sans suite par le parquet de Gap en 2019, a été examiné mardi dernier par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Maître Vincent Brengarth avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020. L’association Tous migrants avait déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le classement sans suite. Selon l’avocat, la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap qui n’est pas indépendant ». De même, un témoin a affirmé que « la migrante a été pourchassée dans la forêt » et n’a pas été entendu.
      Pour mémoire, Blessing Matthew était une jeune Nigériane de 21 ans qui avait été retrouvée noyée à Saint-Martin-de-Queyrières le 7 mai 2018 après avoir traversé la frontière. Elle a été inhumée dans le cimetière du village de Prelles.

      Maître Vincent Brengarth attend maintenant le 9 février prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré qui pourrait ou non relancer l’affaire :

      https://www.dici.fr/actu/2021/01/18/hautes-alpes-delibere-de-l-appel-relancer-l-affaire-blessing-matthew-fixe-9-fev

    • Mort d’une jeune Nigériane en 2018 : l’avocat de Tous migrants veut relancer l’affaire

      #Blessing_Matthew avait été retrouvée noyée le 9 mai 2018, au barrage de Saint-Martin-de-Queyrières, dans les Hautes-Alpes. Le parquet de Gap avait, un an plus tard, classé l’affaire de la mort de la jeune femme sans suite. Au grand dam de l’association #Tous_migrants qui n’a, depuis, de cesse de la relancer.

      Classée sans suite en 2019 par le parquet de Gap , l’enquête sur le décès d’une migrante nigériane de 21 ans, retrouvée noyée peu après avoir franchi la frontière franco-italienne, pourrait être relancée à la faveur d’un nouvel épisode judiciaire.

      L’affaire devant la cour d’appel de Grenoble

      La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble a examiné mardi les arguments de Me #Vincent_Brengarth, l’avocat de l’association Tous migrants, qui avait interjeté appel après l’ordonnance de non-lieu rendue en juin 2020 par le juge d’instruction chargé du dossier. L’association avait déposé une #plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction de Gap en mai 2019 après le #classement_sans_suite, espérant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire et une reprise d’enquête.

      « L’ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction sans même instruire le dossier. Il s’est contenté de reprendre à son compte l’enquête préliminaire », regrette Me Brengarth. L’avocat rappelle que la seule enquête réalisée l’a été « sous le contrôle du procureur de Gap », qui n’est, assure-t-il, « pas indépendant ». Il pointe également des « incohérences et des contractions » dans les déclarations des gendarmes sur le déroulement des faits.

      « Un témoin confirmant [que la migrante] a été pourchassée dans la forêt n’a pas été entendu », déplore-t-il également.

      Elle venait de franchir la frontière

      Blessing Matthew, une Nigériane de 21 ans, avait été retrouvée noyée à #Saint-Martin-de-Queyrières, le 7 mai 2018, peu après avoir franchi la frontière en provenance de l’Italie. Sa sœur avait alors porté plainte en accusant les gendarmes d’avoir tendu un « véritable #guet-apens » au groupe dans lequel Blessing Matthew figurait.

      Décision le 9 février

      L’enquête avait déterminé que les gendarmes mobiles « s’étaient identifiés à haute voix » avant un contrôle, provoquant la fuite de la jeune femme et de ses deux compagnons.

      Selon le parquet de Gap, « les circonstances précises dans lesquelles [elle] aurait chuté dans la Durance demeurent inconnues en l’absence de témoignage direct ». La section de recherches de Marseille avait finalement « conclu à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles », avait relevé le parquet. La décision a été mise en délibéré au 9 février.

      https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2021/01/13/mort-d-une-jeune-nigeriane-en-2018-l-avocat-de-tous-migrants-veut-relanc

  • Castanerie : néologisme ; utiliser un mensonge par omission ou un arrangement avec la vérité en le faisant passer pour une annonce d’importance et, ce faisant, biaiser pour désamorcer une crise.
    Cela se vérifie encore une fois avec l’annonce du retrait « immédiat » de la #GLIF4, ce dimanche, dans son émission préférée pour ce type de menteries :
    https://www.france.tv/france-3/dimanche-en-politique/1151765-dimanche-en-politique.html
    Sauf que c’est une grenade
    qui n’est plus fabriquée depuis 2014 :

    Elle équipe les forces de l’ordre depuis 2011 et n’est plus produite depuis 2014, elle reste cependant encore utilisée par le gouvernement jusqu’à épuisement des stocks et est remplacée progressivement par la grenade GM2L de Alsetex.
    https://maintiendelordre.fr/grenade-instantanee-gli-f4-sae-810-alsetex

    qui a été officiellement remplacée par la #GL2M après la mutilation de Maxime sur la zad

    Sa remplaçante, la GM2L, déjà en dotation, est par exemple utilisée à Notre-Dame-des-Landes dans les opérations actuelles.
    mai 2018, journal de la gendarmerie nationale : https://lessor.org/a-la-une/la-gli-f4-une-grenade-sur-la-voie-de-garage

    (la ZAD avait d’ailleurs servi de test grandeur nature de pas mal de saloperies : https://desarmons.net/index.php/2019/01/24/sur-les-nouvelles-grenades-lacrymogenes-de-40-mm-cm3-et-mp3 )

    dont les stocks sont réduits à peau de chagrin après plus d’un an de gazage intensif des Gilets Jaunes et autres mouvements sociaux...

    Je ne sais même pas si certains les utilisaient encore.
    Du moment que l’on nous laisse les GMD et CM6, le retrait de la GLI-F4 ne me fait ni chaud ni froid.
    Mais c’est un avis très personnel 😉
    Uniform 17👮 : https://twitter.com/17Uniform/status/1221402966319673344

    et dont la remplaçante et tout aussi, si ce n’est plus, dangereuse

    Contrairement à la GLI-F4, la GM2L ne contient pas de TNT mais des éléments pyrotechniques sans effet de souffle surement 48 g d’Hexocire, un mélange de cire et d’héxogène (un explosif plus puissant que la TNT).
    https://maintiendelordre.fr/grenade-lacrymogene-gm2l-sae-820

    Beaucoup tombent dans le panneau de l’annonce, et même si le #fact_checking autonome a fort heureusement progressé (c’est surement la meilleure nouvelle de 2019) cette annonce convaincra uniquement celleux à qui elle est adressée : les personnes susceptibles de voter pour LREM mais qui doutaient un peu quand même à force d’infos sanguinolentes...
    Mettons en perspective 3 faits récents pour mieux voir ce qu’il y a à gazer sous les fumées lacrymos :
    1/ des candidats #LREM qui n’osent pas s’afficher car ils se font chahuter : carte des LREM sans étiquette https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1jZx-vCMTIvDgvBSV_vwMtYdyUw9ee1xh&ll=46.962141096506784%2C2.43753 (à relativiser un peu mais pas tant que ça : https://www.liberation.fr/checknews/2020/01/25/cette-carte-participative-des-candidats-lrem-sans-etiquette-est-elle-fiab )
    2/ la modification de la visualisation des résultats des #Municipales2020 : carte des municipales 2020 : un changement de regle qui risque de modifier la geographie electorale
    /.../ le ministère de l’Intérieur en charge de l’organisation des élections et scrutins en France fait le choix de ne plus prendre en compte la couleur politique des candidats dans les villes de moins de 9 000 habitants (1000 habitants auparavant). /.../ : http://www.chroniques-cartographiques.fr/2020/01/carte-des-municipales-2020-un-changement-de-regle-qui-ris
    (voir aussi la discussion avec @odilon ici https://seenthis.net/messages/821675 )
    3/ panique d’un certain « gratin » sur les conséquences d’une débacle : Macron sommé de réagir sur une note très embarrassante du ministère de la Justice : https://www.huffingtonpost.fr/entry/macron-somme-de-reagir-sur-une-note-tres-embarrassante-pour-le-minist

    J’avais prévu un dimanche de calme et de recueillement... Pas merci Castaner. Cet énième mensonge me touche de trop près pour que je me taise mais... j’espère vraiment qu’on va tou-te-s s’engouffrer dans la pseudo brèche de désescalade dans les #Violences_policières pour te faire tomber de ton estrade.

    Bref, rien de nouveau dans la dégueulasserie politicarde du pouvoir

    #armes #armes_non-létales #armement #maintien_de_l'ordre #guerre_aux_pauvres #enfarinage #infox_ministérielle #Castaner_le_menteur

  • « En tant que bibliothécaire, on n’a pas un rapport administratif aux gens » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/13/en-tant-que-bibliothecaire-on-n-a-pas-un-rapport-administratif-aux-gens_1

    Laurène Pain-Prado est responsable du numérique dans une bibliothèque de Bobigny. Elle raconte à « Libération » comment son service devient peu à peu le dernier recours pour des usagers démunis face au tout-informatique.

    Laurène Pain-Prado est bibliothécaire, responsable du numérique à la bibliothèque Elsa-Triolet de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Elle est notamment en charge des dix ordinateurs en libre-service au premier étage du bâtiment. Un équipement qui constitue le seul point d’accès gratuit à l’informatique et Internet dans cette ville de 51 000 habitants. Mais le travail de Laurène Pain-Prado, 31 ans, va bien au-delà. Tous les jours, elle aide des usagers, souvent démunis, à remplir des demandes de prestations sociales. CAF, #CMU, #RSA, autant de sigles qui n’ont (presque) plus de secrets pour elle. Car si la dématérialisation des procédures s’accélère, la fracture numérique, elle, demeure. Tout autant #bibliothécaire qu’assistante sociale, la jeune femme raconte à Libération ce bricolage permanent pour faire subsister un semblant de service public.

    Est-ce que le développement du numérique complique l’accès aux droits sociaux ?

    Dès que je suis arrivée à ce poste, il y a six ans et demi, j’ai compris qu’il y avait un problème. On fait face à des demandes qui nous dépassent complètement : écriture de CV, inscription à la caisse d’allocations familiales (CAF), actualisation sur le site de Pôle Emploi. Et cela s’accélère avec la dématérialisation des procédures. Par exemple, il y a deux ans, quand les caisses de retraite sont passées au tout-numérique, on a eu la visite d’une cinquantaine de personnes âgées dans les semaines qui ont suivi. Elles ne maîtrisaient pas du tout l’outil informatique, et il a fallu leur ouvrir des adresses mail. Et comme elles n’avaient pas de numéro de mobile non plus, je donnais donc le mien. On a vraiment l’impression d’être le dernier maillon de la chaîne. Si on n’était pas là, plein de gens ne feraient pas les démarches pour accéder à des prestations auxquelles ils ont droit. On voit aussi souvent des enfants de 10 ou 12 ans faire les démarches de couverture maladie universelle (CMU) ou de RSA de leurs parents, c’est assez incroyable.

    Qui sont les gens qui viennent vous demander de l’aide ?

    Il s’agit souvent d’un public cumulant les difficultés : des gens à la rue, des handicapés mentaux… On se retrouve aussi à faire des demandes de revenu de solidarité active (RSA) avec des gens qui ne parlent pas bien le français, voire pas du tout. Un exemple : une femme devenue veuve, qui ne sortait jamais de chez elle, et qui a besoin de faire les démarches administratives après le décès de son mari. Le premier endroit où elle va, c’est la bibliothèque. Ou encore un monsieur qui me ramène toutes ses fiches de paie pour monter un dossier de demande de CMU. Évidemment, je l’ai rempli parce que, sinon, il ne pourrait pas se faire soigner.

    Pourquoi se tournent-ils vers vous ?

    Quand les usagers parlent un peu français et que leur situation n’est pas trop compliquée, la CAF ou Pôle Emploi les aident. Sinon… Souvent, les gens nous disent eux-mêmes qu’ils ont été orientés vers nous par les services sociaux, les conseillers CAF ou Pôle Emploi. J’ai coutume de dire qu’on est des Bisounours en bibliothèque. On n’a pas un rapport administratif aux gens et c’est souvent dans cette brèche qu’ils s’engouffrent. On est victimes de notre succès parce qu’on a dix ordinateurs en accès libre et qu’on est plutôt sympathiques.

    Quelle est la nature de vos échanges avec Pôle Emploi ou la CAF ?

    On a tenté de monter des partenariats avec eux, mais c’est très compliqué. On a l’impression que les conseillers sont débordés, ils nous donnent rarement de leurs nouvelles. Ce n’est pas un problème de responsabilité individuelle, mais bien plus structurel. Ils ont des portefeuilles de demandeurs d’emploi trop fournis. La CAF vient de nous proposer de former dix bibliothécaires à faire des demandes sur leur site. Je ne pense pas qu’on devrait accepter.

    Jusqu’où aidez-vous les gens qui viennent vous voir ?

    J’en suis à créer des mots de passe pour les adresses mail des gens, que je leur recopie sur un petit bout de papier pour qu’ils s’en souviennent. Par ailleurs, ma boîte mail est l’adresse de secours de pas mal de personnes. J’ai déjà pris des rendez-vous en ligne à la préfecture sur mon temps personnel, parce que la bibliothèque est fermée le lundi, mais que les créneaux s’ouvrent en début de semaine. Pour les impôts, les gens viennent à la bibliothèque avec leurs bulletins de paie et font leurs déclarations de revenus sur place. Ils n’ont aucun problème avec ça ! Lors d’un atelier de formation au numérique, je me suis déjà retrouvée à faire des simulations du site des impôts sur un vidéoprojecteur avec mon propre numéro fiscal.

    Cette fracture numérique peut-elle être accentuée par les sites des administrations eux-mêmes ?

    C’est sûr. Certains sites sont de telles usines à gaz que même quand on maîtrise l’informatique, c’est compliqué, sans parler des bugs. A cet égard, le site de la préfecture est le pire. Les télédéclarations de revenus peuvent aussi s’avérer délicates. Par exemple, quand on clique sur « Je déclare », ça ouvre une nouvelle fenêtre. Les gens éloignés du numérique ne captent pas et cliquent plusieurs fois, sans comprendre ce qui se passe.

    Votre formation vous a-t-elle préparée au travail que vous effectuez réellement ?

    Absolument pas. La situation est insatisfaisante, car ce n’est pas dans nos missions. On n’est ni chargés d’insertion ni travailleurs sociaux. On bricole, et parfois on fait des bêtises. A mes débuts, par exemple, j’ai déclaré des revenus de gens qui avaient bossé au noir, parce que je n’avais pas le réflexe de leur demander si le boulot était déclaré ou non. Et puis ça nous empêche aussi de faire le boulot pour lequel on est formés. Un bibliothécaire fournit un service culturel, pas un service social.
    Sylvain Mouillard

    Il y a des situation décrites qui sont complètement dingues. Et le coup de la Caf qui bien gentiment propose de les former WTF !! Évidemment qu’ils ne doivent pas accepter. C’est scandaleux ! Ça me révolte au plus haut point cette organisation faite pour que les gens ne bénéficient pas de leurs droits les plus élémentaires en terme d’aide sociale. D’autant plus que le taux de non recours est clairement prévu pour que le budget destiné à ces aides soit minoré.
    Et on parle d’assistés ! Ce sont des délaissés !

    #aides_sociales #pauvreté #fracture_numérique #CAF #bibliothèque #culture

  • Education : « Un des éléments statistiques que je préfère, c’est la dépense publique par élève » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/11/education-un-des-elements-statistiques-que-je-prefere-c-est-la-depense-pu

    Eric Charbonnier, expert des questions d’éducation à l’OCDE, livre son analyse sur le dernier rapport « Regards sur l’éducation ».

    Voilà de quoi alimenter les débats (très vite enflammés) sur notre système éducatif. L’OCDE publie la 27e édition de son pavé annuel, Regards sur l’éducation, comparant tout ce qu’il est possible de comparer entre les systèmes éducatifs de ses 36 pays membres mais aussi de l’Afrique du Sud, de l’Arabie saoudite, de l’Argentine, du Brésil, de la Chine, de la Colombie, du Costa Rica, de la Fédération de Russie, de l’Inde et de l’Indonésie. Au total, 486 pages de tableaux et de graphes, où il est question de dépenses publiques, scolarisation des tout-petits, rémunération des enseignants, statut des chefs d’établissement… Le point de vue d’Eric Charbonnier, analyste français, à la direction de l’éducation de l’OCDE.

    Vos publications, à commencer par l’enquête #Pisa publiée tous les trois ans, ont à chaque fois un fort retentissement médiatique, et donc politique. Comment l’expliquer ?

    Les comparaisons internationales ont pris de l’importance dans tous les pays, ce n’est pas propre à la France. C’est relativement nouveau. Il y a trente ans, les pays se comparaient beaucoup moins. Les choses ont commencé à changer avec la première enquête Pisa, au début des années 2000. Elle a cassé des idées reçues. Jusqu’ici, on avait coutume de vanter les systèmes éducatifs français et allemands. Pisa est venu montrer que c’étaient en fait des systèmes très inégalitaires, et qu’il existait de bonnes pratiques ailleurs : en Finlande par exemple, au Royaume-Uni ou encore en Estonie. L’Allemagne a réagi rapidement, prenant en compte nos travaux et nos recommandations. Cela a mis plus de temps en France où on a d’abord commencé par critiquer notre méthodologie, avant de commencer à bouger il y a dix ans.

    Quelles informations apporte ce nouveau tome de Regards sur l’éducation sur notre système éducatif ?

    Un des éléments statistiques que je préfère observer, c’est la dépense publique par élève. La France dépense en moyenne 15% de moins pour les élèves en élémentaire que dans les autres pays de l’OCDE. En revanche, l’enveloppe dévolue au secondaire est 35% plus élevée en moyenne que les autres pays de l’OCDE. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

    Ces chiffres par exemple, sont les mêmes depuis des années, alors que les gouvernements successifs répètent qu’ils mettent le paquet sur le primaire…

    C’est vrai. Les données étaient les mêmes en 2012. En partie, parce que pendant ce temps-là, les autres pays continuent d’investir plus dans le primaire, vu que toutes les études montrent que c’est en agissant dès les premières années de scolarité que l’on peut combattre les inégalités.

    Dans votre note sur la France, vous évoquez la scolarisation des enfants de trois ans, où la France est là bien classée.

    La France est en tête : quasiment tous les enfants vont à l’école dès trois ans, contre une moyenne de 76% dans l’OCDE. Annoncer la scolarisation obligatoire c’est bien, mais dans les faits cela ne change rien. Il y a en revanche de gros progrès à faire pour améliorer la qualité de l’enseignement en maternelle, notamment le taux d’encadrement. En maternelle, on a un professeur pour 23 élèves, soit 8 de plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Dans nos travaux, on insiste beaucoup sur la qualité de l’enseignement, c’est une donnée très importante pour lutter contre les inégalités. Les politiques publiques ne doivent pas se contenter d’être axé sur la quantité. C’est la même chose pour l’enseignement professionnel.

    C’est-à-dire ?

    La France investit plus d’argent que les autres pays de l’OCDE dans la filière professionnelle. En revanche, elle reste encore beaucoup trop une voie de garage pour ceux qui décrochent. Là encore, les statistiques sont éloquentes : 87% des élèves en filière professionnelle ont des parents qui n’ont pas de diplôme de l’enseignement supérieur, contre 51% dans les filières générales. Il faut déplacer le débat et avoir aujourd’hui une vraie réflexion sur la qualité de la voie professionnelle.

    Vous pointez aussi la faible reconnaissance du travail de directeur ou directrice d’école, ce qui fait d’ailleurs écho à un débat actuel en France.

    Nos indicateurs sont préparés longtemps en avance, bien en dehors du temps politique. Certains résonnent avec les débats en cours, comme celui des directeurs d’école. C’est une bonne chose, mais ceci dit, on soulève le problème depuis dix ans. En France, un directeur d’école en France gagne à peine 7% de plus que ses collègues enseignants en élémentaire. Ils sont fatalement moins payés chez nous qu’ailleurs. Dans les autres pays de l’OCDE, l’écart de salaire entre enseignant et directeur est en moyenne de 40%. Au-delà de la rémunération, la question de leur rôle et donc de leur statut se pose. Même chose pour les chefs d’établissement au collège et lycée. En France, leurs missions se résument à des questions de disciplines et de budget.

    Vous êtes en train de dire qu’il faudrait laisser plus d’autonomie aux établissements, une idée que défend le ministre Blanquer ?

    Il faut être prudent avec ce mot « autonomie » qui suscite toujours de vives réactions, surtout en France. Je pense qu’il serait intéressant de réfléchir au rôle des chefs d’établissement à l’égard des équipes. Il y a une réflexion à engager. Sur ce sujet comme sur d’autres, l’idée n’est pas de reproduire à l’identique ce qui se fait ailleurs, mais d’avoir une idée précise des politiques qui sont menées et de la façon dont les pays réagissent à des difficultés semblables aux nôtres. Ces comparaisons permettent d’avoir des éléments de réponse sur les façons d’intervenir.
    Marie Piquemal

    Tableau de données chiffrées dans l’article même.

    #école #OCDE #éducation #

  • Androcur : « Ce médicament a chamboulé ma vie » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/11/androcur-ce-medicament-a-chamboule-ma-vie_1677804

    Quatre femmes témoignent des conséquences qu’elles subissent après avoir pris ce médicament prescrit en cas de maladies hormonales.

    Sommes-nous à l’aube d’un nouveau scandale sanitaire ? Sur la sellette, un médicament : l’Androcur. Prescrit depuis les années 80 à des patientes atteintes de maladies hormonales comme l’hyperpilosité ou l’#acné, et à des hommes pour atténuer les effets secondaires du cancer de la prostate, ce dérivé de la progestérone est sur la selette depuis deux semaines et la parution d’une étude alarmante menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (#ANSM) et l’Assurance maladie. Les résultats ont de quoi fortement inquiéter : l’Androcur multiplierait chez la femme le risque de méningiomes, des tumeurs bénignes du cerveau.

    Quatre femmes sous traitement ces dernières années, parfois atteintes de #méningiome, témoignent de leur parcours de soins et évoquent la perte de confiance dans le corps médical.

    « Ce médicament a chamboulé ma vie »
    Géraldine Godard, 49 ans, Saint-Dié-des-Vosges

    En août 2016, Géraldine Godard, 47 ans, se rend en voiture de Metz à Bruxelles pour aider sa fille à déménager. Dans la nuit, elle est prise de maux de têtes violents, de vomissements et d’hallucinations, croit à une méningite. Mais aux urgences, on lui détecte quatre méningiomes, dont un saignant, de la taille d’une clémentine. « Les médecins m’ont demandé si je prenais de l’Androcur, alors que je n’avais rien dit », se souvient-elle. L’équipe médicale vise juste : depuis douze ans, Géraldine Godard prend 21 jours sur 28 un comprimé de 50 mg, comme on prend une pilule contraceptive. Un traitement prescrit par sa gynécologue en 2004 pour diminuer son hirsutisme, une pilosité excessive sur le visage. « C’est inouï de risquer sa vie pour des poils », s’emporte-t-elle.

    Elle est opérée deux semaines plus tard. Elle est alors débarrassée de sa tumeur saignante mais elle garde de graves séquelles de ses méningiomes : pertes de mémoires, grosses fatigues, quelques crises d’épilepsie pour lesquelles elle suit un traitement. Elle parle aussi des conséquences psychologiques auxquelles elle doit faire face : « J’ai arrêté de travailler, explique cette ancienne propriétaire d’un dépôt-vente de prêt-à-porter. Je me suis isolée, j’ai perdu beaucoup d’amis, ce médicament a chamboulé ma vie. » Désormais elle a la volonté de se battre « pour les autres ». « Je n’ai eu aucun suivi durant mon traitement. Pas d’IRM avant ou pendant, je n’ai pas été prévenue des risques. Aujourd’hui, on me considère miraculée… Avant mon opération, on m’avait dit que je ne pourrais plus marcher, que je risquais d’être être aveugle. Les chirurgiens n’en reviennent pas que je me sois si bien remise. »

    « C’est comme de la drogue »
    Coline Le Meler, 26 ans, Melun

    Coline Le Meler a vu sa vie basculer en 2017 lorsqu’on lui a diagnostiqué un gros méningiome de stade 2. Elle est alors prise de maux de têtes violents et voit double. Elle détaille : « ma tumeur appuyait sur le nerf optique ». Le lien est rapidement fait par son neurochirurgien avec l’Androcur qu’elle prend depuis sept ans pour régler ses problèmes hormonaux. Depuis sa puberté, elle souffre de règles irrégulières, d’acné, a de l’hirsutisme sur le visage. « Mon traitement me soignait complètement. J’avais une belle peau, de beaux cheveux. Quand on nous prescrit ça, c’est comme de la drogue. » Jusque là, Coline Le Meler était peu inquiète, rassurée par sa gynécologue : « Elle me disait qu’à mon âge, je ne risquais pas d’avoir de méningiome ». Pourtant, ces sept années de traitement lui ont valu de passer neuf heures sur la table d’opération. Les séquelles de l’acte chirurgical sont encore visibles sur son crâne : une cicatrice de 80 points de suture qui continue à la faire souffrir. S’y ajoutent des maux de têtes quasi quotidiens et de la fatigue.

    Coline Le Meler ne pourra plus prendre de traitement hormonal à l’avenir. Sur sa peau, l’acné et l’#hirsutisme sont revenus, « pires qu’avant ». Mais peu importe : « Quand on a été opérée de la tête avec tous les risques que ça comporte, on sait ce qui est vital et ce qui ne l’est plus. »

    « Je marchais plus lentement que ma mère de 70 ans »
    Nathalie Bricout, 39 ans, Meaux

    Pour arriver à bout de l’acné qui lui pourrissait la vie, Nathalie Bricout a enchaîné les traitements hormonaux : pilule Diane 35, Roaccutane, Provames et enfin Androcur en 1997, alors qu’elle est âgée de 18 ans. Pendant plus d’une dizaine d’années, elle a pris ces deux derniers comprimés simultanément. Seul l’Androcur permet de stabiliser ses boutons sur le buste, le visage, le dos. Son long traitement est suivi, de loin, par cinq gynécologues successifs. Mais aucun ne lui fait passer de bilan de santé ou hormonal avant de lui prescrire ces médicaments.

    En janvier 2012, l’avalanche de symptômes alarmants commence : crises d’épilepsie, le bras et la main gauche qui ont du mal à fonctionner, céphalées, grosses fatigues. « Je marchais plus lentement que ma mère de 70 ans », raconte-t-elle. « Mon médecin a pensé à un syndrome du canal carpien mais m’a prescrit un IRM par ultime précaution. » Verdict : quatre méningiomes, dont un de 5 cm, un autre sur le nerf olfactif, très près du nerf optique. Son neurochirurgien fait directement le lien avec l’Androcur et fait cesser tout traitement hormonal. « L’IRM met en évidence un méningiome olfactif et j’espère que l’arrêt de l’Androcur permettra une régression de ce méningiome comme cela a été décrit dans la littérature », indique-t-il dans son compte-rendu opératoire.

    A 39 ans, après un an de convalescence, Nathalie Bricourt a retrouvé un travail et une vie « presque normale ». Reste l’amertume de toutes ces années passées à ne pas comprendre ce qui provoquait son acné important : un syndrome des ovaires polykystiques (#SOPK), qui explique ses problèmes hormonaux.

    « On a une épée de Damoclès au-dessus de nous »
    Mylène, 29 ans, Toulouse

    Depuis la publication de l’étude de l’ANSM et l’assurance maladie, les questionnements et le stress se sont accrus chez Mylène, 29 ans, qui prend de l’Androcur depuis dix ans pour une hyper pilosité sur le visage. Egalement atteinte d’endométriose, elle prend 50 mg/jour en continu pour ne pas avoir de règles : « On se demande si ça va nous tomber dessus ou pas. »

    La jeune femme passe un bilan hormonal tous les ans, et s’estime heureuse, elle n’a aucun effet secondaire lié à son traitement. Pourtant, si elle se croyait informée, elle sous-estimait jusqu’à présent le risque de méningiome, multiplié par 20 après cinq années de traitement. « Mon endocrinologue m’a dit que les cas étaient rares et minimes, mais je n’y crois plus », explique-t-elle. Sans pour autant être déterminée à arrêter son traitement, Mylène souhaite voir s’il n’y a pas d’autres alternatives à l’#Androcur, et comment renforcer la prévention de méningiomes. « On ne fait jamais d’IRM, par exemple. Maintenant, je commence à avoir vraiment peur. C’est comme si on avait une épée de Damoclès au-dessus de nous. »
    Lysiane Larbani

    J’avoue qu’ayant pris ce médicament également pendant des années, ça me met en colère.
    Quant à la jeune femme avec le syndrome des ovaires polykystiques, c’est vraiment révélateur. Personne n’est jamais fichu de diagnostiquer clairement cette maladie et les femmes galèrent souvent de très nombreuses années avant de savoir ce qu’il en est. C’est pathétique ! Encore une fois un effet du traitement différencié entre hommes et femmes sur le plan médical.

    #industrie_pharmaceutique #médicament

  • Les Hauts-de-France, champions des distributeurs automatiques de légumes - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/02/les-hauts-de-france-champions-des-distributeurs-automatiques-de-legumes_1

    Si l’investissement est lourd, ce système évite aux agriculteurs les aléas de la vente en gros, et s’avère moins chronophage que la vente directe.

    Dans les campagnes des Hauts-de-France, les #maraîchers ont adopté le distributeur automatique. Des #fruits et #légumes frais, direct de la ferme, 24 heures sur 24, les clients apprécient. Les machines ont essaimé aux ronds-points les plus fréquentés et dans les villages. « Sur les 600 présentes en France, la région en concentre 70%, tout simplement parce qu’elle a été précurseure », constate David Clemente, gérant de Providif, fournisseur des automates, qui s’est reconverti après avoir été dans les distributeurs de vidéos à louer.

    Ravitaillement deux fois par jour

    En cette fin août, à Saint-Sylvestre-Cappel, en #Flandre, on trouve derrière les vitres des tomates cerises, des fraises, du jus de pomme fermier, et tout ce qu’il faut pour une ratatouille. Pour payer, c’est le même système que les boissons fraîches et les friandises dans les gares et les métros. On entre le numéro de casier, on valide, et on règle en espèces ou en carte bleue sans contact. Une cliente hésite, un peu paumée sur la marche à suivre. Le maraîcher Benoît Denis, 35 ans, intervient. Un brin de pédagogie, et les vitrines s’ouvrent les unes après les autres, avec un petit « pop » : il suffit de se saisir ensuite des marchandises achetées. Dans ses #distributeurs automatiques, il vend sa production, cueillie le jour même. « Ma fraise est sortie de la serre maximum vingt-quatre heures avant, plus frais je ne connais pas ! », assure-t-il. Son affaire tourne rondement, et l’oblige à ravitailler jusqu’à deux fois par jour les machines. « Du côté de Dunkerque, je connais un autre agriculteur qui a installé le sien dans la zone industrielle », sourit Simon Ammeux, président des Jeunes agriculteurs des Hauts-de-France. « Les ouvriers viennent acheter à la fin de leur poste, à 2 ou 3 heures du matin, surtout pendant la saison des fraises. »

    Fluctuation des cours

    Les agriculteurs trouvent avantage au système : « Un maraîcher qui ne fait pas de vente directe s’en sort moins bien, explique Simon Ammeux. Il est bien plus soumis aux aléas du marché quand il vend en gros. » Car les cours fluctuent : la pomme de terre, par exemple, 30 euros la tonne l’année dernière et 300 euros cette année. Benoît Denis la vend au consommateur à 1 euro le kilo, soit 1 000 euros la tonne, et le prix est stable.

    Le problème de la vente directe, c’est qu’elle est chronophage et empiète sur le temps passé aux champs. Le distributeur automatique résout en partie ce dilemme. Benoît Denis assume son choix : vendre au détail et cultiver de petites quantités, avec des variétés choisies pour leur qualité, plutôt que de la monoculture en gros pour les industriels. « Je ne pourrais pas vendre des fruits ou des légumes qui n’ont pas de goût », s’excuse-t-il presque. Mais l’investissement est lourd : 25 000 euros pour l’achat des distributeurs, 5 000 euros pour l’aménagement du chalet qui les abrite. Avant de se mettre à son compte, il y a trois ans, il a été dix ans salarié agricole, et il vit aujourd’hui sur ses économies. Un salaire ? Ce ne sera pas cette année, avec la sécheresse.
    Stéphanie Maurice correspondante à Lille

    Ça fait cher l’investissement quand même !

    #agriculture #nord #automates

    • L’essentiel, c’est qu’il n’y ai plus de contact avec un être humain.
      Cela se fait depuis longtemps, en Flandres (Belgique), et il y a la bas des distributeur de pain. On ne va quand même pas demander à libé de faire un vrai reportage.

  • Parcoursup : « La mise en place de la rentrée est chaotique » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/09/04/parcoursup-la-mise-en-place-de-la-rentree-est-chaotique_1675496

    Aujourd’hui, Marie Duret-Pujol, maîtresse de conférences en études théâtrales à l’université Bordeaux-Montaigne

    « Je fais partie d’une des rares universités où la présidente a décidé que l’on n’appliquerait pas la réforme Parcoursup pour les filières non sélectives. C’est-à-dire que mes collègues n’ont pas classé les dossiers. Néanmoins, les études théâtrales sont déjà une filière sélective. Au 29 août, à Bordeaux-Montaigne il reste des places partout dans les cursus non sélectifs et sélectifs, bien qu’il y ait encore des personnes sur listes d’attente. En histoire, sans sélection, il reste une cinquantaine de places et en histoire de l’art, plus de cent. Ça signifie que Parcoursup a repoussé les inscriptions. Le cas de Bordeaux-Montaigne prouve bien que sans appliquer la sélection, en raison des nombreux abandons sur la plateforme (170 250 selon les chiffres du ministère du 29 août), ces étudiants, on peut les accueillir.

    « En L1 études théâtrales, on a une capacité de 80 places et pour le moment, 72 sont prises. Cette année, on a étudié 588 dossiers et il ne reste que 23 personnes en attente. Si on prend en compte ces chiffres, proportionnellement ça prouve qu’on devrait aller au bout de cette liste, donc que ça ne servait à rien de les classer. Imaginez ce temps passé pour rien. C’est un gâchis. Des heures de stress pour rien surtout pour les candidats qui sont encore sans proposition et ceux qui ont abandonné la plateforme, sont allés du côté du privé ou se sont dits « je vais aller travailler, ce n’est pas pour moi ». Sans oublier ceux qui vont se retrouver dans une filière qui ne leur plaît pas. Il était question de l’échec en licence, mais là c’est l’orientation par l’échec.

    « Parcoursup reculant le moment de l’inscription, il faut également imaginer que la mise en place de la rentrée est quand même chaotique. On en parle depuis longtemps, quand on ne sait pas combien d’étudiants on a dans une filière, on ne sait pas combien il y a de travaux dirigés (TD). Si on ne sait pas combien il y a de TD, ça signifie qu’il faut garder un vivier de professeurs vacataires, les appeler au dernier moment pour faire cours ou supprimer des vacations. Comment élaborons-nous les emplois du temps ? Comment réservons-nous les salles ? Ce sont des choses précises. Là-dessus on est en attente, alors que d’habitude à cette date-là, on est davantage fixés. J’ai une petite filière, donc les emplois du temps sont à peu près faits, mais dans les filières plus importantes bien que des créneaux soient posés, rien n’est certain puisqu’on ne sait pas combien il y aura d’étudiants.

    « Tout se met en place beaucoup plus tard avec #Parcoursup. La #rentrée va se passer dans de mauvaises conditions surtout pour les #étudiants orientés au dernier moment. Pour eux, ça veut certainement dire déménager, trouver un logement et commencer des études dans des conditions abominables. Entrer dans une classe au dernier moment est aussi difficile. Je me mets dans la tête d’un lycéen qui arrive, qui peut penser « je n’ai pas ma place ici, ils ne voulaient pas de moi ». C’est terrible ce que ça peut engendrer comme stress. »

    (1) Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Enseignement supérieur, incluant les catégories des « inactifs » et ceux qui « souhaitent s’inscrire ».

    Témoignage super intéressant. Je ne savais même pas que les président·e·s avaient le pouvoir de ne pas sélectionner et je ne sais pas si d’autres ont pris la même décision. Quel gâchis monumental finalement !

    #université #Bordeaux #sélection

  • Ces droits communs pris dans les filets antiterroristes : « Mon client me dit toujours : "Ce costume est trop grand pour moi !" » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/31/ces-droits-communs-pris-dans-les-filets-antiterroristes-mon-client-me-dit

    Dans les dossiers terroristes, combien de mis en cause ont une implication secondaire ? Si l’approche chiffrée est délicate, « Libé » a recensé quelques cas emblématiques dans les affaires les plus récentes, de Charlie à l’attentat de Nice.

    Dans les dossiers terroristes, combien de mis en cause relèvent en réalité du simple droit commun, et se voient appliquer des règles réservées aux détenus les plus dangereux ? L’approche chiffrée est délicate, tant l’appréciation relève du contenu même des investigations. Et évidemment de l’avis des magistrats instructeurs. Toutefois, Libération a pu recenser quelques cas emblématiques, ressemblant en tout point à la sombre destinée carcérale d’Aleksander H. : absence de radicalisation, implication très périphérique dans les projets terroristes, mais traitement tout aussi sévère que les auteurs directs, tant au plan des poursuites pénales que du régime de détention. « Effectivement, la justice antiterroriste semble souvent peu encline à distinguer les profils, observe l’avocate Clémence Witt. A fortiori dans les dossiers médiatiques, où sortir un client de prison, même quand il présente des garanties, tient du sacerdoce. La plupart du temps, la détention provisoire est prolongée artificiellement pour satisfaire le besoin de fermeté insatiable de l’opinion publique. »

    « Justice irrationnelle »

    En ceci, l’instruction sur l’attentat de #Nice – 86 morts et 458 blessés le 14 Juillet 2016 sur la promenade des Anglais – est éloquente. Les investigations distinguent en effet nettement deux cercles parmi les complices présumés du tueur, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Celui des proches radicalisés et celui de ceux ayant contribué à la fourniture des armes. Parmi ces derniers, plusieurs membres de la diaspora albanaise des Alpes-Maritimes, ainsi que des petits délinquants. Brahim T. en fait partie. Comme Aleksander H. (Libé du 1er août), il a été incarcéré lors du coup de filet de décembre 2016 pour des faits mineurs. Et comme Aleksander H., il n’a rien à voir, de près ou de loin, avec l’Etat islamique. Concrètement, la justice lui reproche à lui aussi d’avoir participé indirectement à la fourniture d’un pistolet, en mettant en relation deux maillons de la chaîne de revente via ses réseaux de cocaïne.

    Pourtant, un an et demi après son arrestation, Brahim T. est toujours en détention, à la maison d’arrêt de Nanterre. Son état psychologique se dégrade et son corps est couvert par les piqûres d’insectes. « Dans ces dossiers, on a parfois l’impression de faire face à une justice irrationnelle. On attend d’un système aussi élaboré que le nôtre qu’il individualise et fasse bien la part des choses entre les personnes poursuivies. Au lieu de ça, on se heurte à des décisions de maintien en détention quasi automatiques, à revers du contenu des enquêtes, invoquant invariablement les risques de fuite et le trouble à l’ordre public. C’est au mieux décourageant, au pire révoltant », regrette l’avocate de Brahim T., Margot Pugliese.

    Le dossier des tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher comporte la même équation. Les terroristes étant tous morts – les frères Kouachi pour le journal satirique, Amedy Coulibaly pour le magasin situé à la porte de Vincennes –, une quinzaine de complices présumés demeurent poursuivis. Comme pour l’attentat de Nice, les enquêteurs se sont essentiellement concentrés sur la chaîne d’approvisionnement des armes, les commanditaires demeurant mystérieux. Si certains mis en cause sont très impliqués dans cette logistique, d’autres le sont à l’évidence moins, et ne connaissaient pas les terroristes. Pourtant, la majeure partie est toujours en détention provisoire, plus de trois ans et demi après les faits. Leurs différents conseils craignent qu’ils y restent jusqu’au procès, au nom d’un principe de précaution qui ne dit pas son nom.

    « Petit voyou »

    « On se heurte à une question de politique pénale. Le sort de ces individus-là entre en opposition avec le principe fondamental de la personnalisation », abonde l’avocate Léa Dordilly, dont l’un des clients, Mohamed A., est soupçonné d’avoir fourni un pistolet à grenaille à l’auteur de l’attaque d’une militaire à Orly, le 18 mars 2017. Plus précisément, l’homme de 32 ans a conservé à son domicile, durant quelques jours, l’arme de Ziyed Ben Belgacem avec lequel il avait été mis en relation via un ami. Depuis, Mohamed A. est toujours en détention provisoire – une mesure qui, en matière criminelle, ne peut excéder un an, sans être réexaminée tous les six mois. Si le trentenaire possède à son casier judiciaire moult mentions, du délit routier aux stups, celui que ses proches décrivent comme un « petit voyou » totalement désintéressé de la religion n’a rien d’un terroriste. Les premiers éléments de l’instruction ont montré que le mis en cause n’était pas radicalisé, n’avait ni de lien avec l’Etat islamique ni de contact fiché S. Et encore moins de connaissance préalable du projet terroriste de Ziyed Ben Belgacem, ancien braqueur au profil trouble dont l’attaque a été qualifiée de « fuite en avant » par François Molins.

    « Mon client me dit toujours : "Ce costume est trop grand pour moi !" » poursuit Me Dordilly, qui a demandé en mars dernier un placement sous surveillance électronique assorti d’une assignation à résidence. Invoquant le risque de troubles à l’ordre public et de réitération des faits, la chambre de l’instruction a refusé cette libération conditionnelle. « On m’oppose aussi les nécessités de l’instruction, alors même qu’il n’a pas été entendu pendant une année entière », déplore le conseil. Depuis la prolongation de sa détention, Mohamed A. a maigri et peine à se projeter vers l’avenir… Dans son rapport 2015-2016, la commission de suivi de la détention provisoire, s’interrogeant sur les conséquences du contexte des attentats et de l’état d’urgence sur les pratiques judiciaires, notait : « L’idéologie du principe de précaution, de l’aversion au risque et du "zéro défaut" vient forcément colorer l’exercice du juge, de plus en plus tétanisé par les dénonciations en laxisme et en irresponsabilité : on ne saurait dès lors s’étonner de la raréfaction des mesures de remise en liberté et de la répugnance à recourir aux mesures alternatives à la détention. »

    « Démarches d’insertion »

    Sur cette question, le cas d’Adel #Kermiche est sans doute le plus emblématique. L’homme de 19 ans était sous contrôle judiciaire lorsqu’il a tué, avec Abdel-Malik Petitjean, le père Jacques Hamel en pleine messe dominicale à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. Incarcéré à Fleury-Mérogis au printemps 2015 après une deuxième tentative de départ en Syrie, il faisait l’objet depuis quelques mois d’une libération conditionnelle assortie d’un placement sous bracelet électronique. Dans son ordonnance, dont le Monde avait dévoilé des extraits, la juge d’instruction motivait sa décision par le fait qu’Adel Kermiche disait avoir « pris conscience de ses erreurs » et se montrait « déterminé à entamer des démarches d’insertion ». Loin d’être convaincu, le parquet antiterroriste avait alors fait appel, mais la chambre de l’instruction n’avait pas suivi.

    A posteriori, la décision n’avait pas manqué de susciter l’ire de l’opinion publique et de certains politiques. « Question : que ressent la juge qui a ordonné – contre l’avis du parquet – la remise en liberté d’Adel Kermiche, le bourreau du père Jacques ? » avait tweeté Roselyne Bachelot, parmi d’autres. L’événement a-t-il suscité une certaine réticence chez les magistrats quant à remettre en liberté des profils impliqués, même à des niveaux périphériques, dans des dossiers terroristes ? Ou incité à jouer la carte de la prudence, en allongeant plus systématiquement la détention provisoire ? Si le cas Kermiche « a secoué » la galerie Saint-Eloi, « on essaie toujours d’individualiser les problématiques », assure un juge antiterroriste, qui précise : « Nous passons notre vie avec eux ! Nous menons des heures d’interrogatoires, qui donnent lieu à des échanges très aboutis. Ce sont des indications qui nous permettent d’apprécier chaque cas. Sur des faits d’attentats, d’une gravité particulière, il est absolument essentiel que tout l’environnement des auteurs présumés soit mis en évidence. Cette problématique du personnage périphérique va être remise en question au gré des investigations. C’est le principe même de l’instruction : on cherche. A charge ou à décharge. Si on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’élément objectif, on peut retomber dans une qualification de droit commun. »

    Sorte de Jawad Bendaoud

    « Le prévenu se trouve pris dans les mailles d’un filet global qui ne recherche pas la responsabilité pénale individuelle », considère à l’inverse l’avocat Patrick Baudouin, pour qui la logique pénale actuelle, forte d’un puissant arsenal législatif antiterroriste, ne permet que très peu d’échapper à un traitement judiciaire indifférencié. Mais l’affaire ne serait pas nouvelle. Le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) juge que « le vers est dans le fruit » depuis l’introduction dans le code pénal, en 1996, de la notion d’« association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », l’AMT. « Une incrimination fourre-tout permettant d’emblée de mettre en examen très facilement et en bloc. »

    En 2004, le conseil avait défendu Samir Korchi, un Marocain soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique indirect à des terroristes : il avait hébergé dans sa chambre de bonne des Algériens et des Tchétchènes fomentant un projet d’attentat (déjoué) contre la cathédrale de Strasbourg. L’homme de 30 ans avait été condamné à quatre ans de prison. « En terme intentionnel, c’était extrêmement discutable », se souvient Patrick Baudouin (FIDH). Une sorte de Jawad Bendaoud anté-13 Novembre ? « La logique est similaire, le tort est le même : celui d’avoir hébergé des terroristes. » Mais le médiatique « logeur de Daech » a été relaxé, lui. « C’est très rare, surtout dans une affaire de cette importance », souligne Patrick Baudouin. Le trentenaire ayant d’abord fait l’objet d’une mise en examen pour « AMT », avait vu celle-ci requalifiée en « recel de malfaiteurs ».

    Traitement rude

    Toujours est-il qu’en attendant d’être jugés, les mis en examen pour « AMT » font l’objet d’un traitement particulièrement rude en détention. Fouilles à corps abusives, fouilles de cellule fréquentes, absence d’activités ou de promenade… « On constate que les détenus impliqués dans des affaires de terrorisme ou suspectés de radicalisation font souvent l’objet d’une restriction de l’accès au travail ou à une formation professionnelle », rapporte la contrôleure générale des lieux de privation et de liberté (CGPL), Adeline Hazan, qui a d’ailleurs saisi le directeur de l’administration pénitentiaire en décembre 2017 après que des « consignes générales » visant ce type de détenus ont été émises à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Or, rappelle Adeline Hazan, « tous les détenus qui le demandent devraient avoir accès à un travail ». Mais dans les faits, c’est plus compliqué : la décision revient à une commission pluridisciplinaire unique. « Il y a forcément une forme d’arbitraire », s’inquiète la CGPL qui dit rester « hypervigilante » : « Il faut veiller à respecter un équilibre entre les droits fondamentaux et les impératifs de sécurité. Encore plus dans ces dossiers. »
    Chloé Pilorget-Rezzouk

    #terrorisme #prison #justice

  • Mac Tyer : « Je donne un kit à un gamin en lui rappelant que l’école est comme une mère » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/31/mac-tyer-je-donne-un-kit-a-un-gamin-en-lui-rappelant-que-l-ecole-est-comm

    A Aubervilliers ce samedi, le rappeur, qui déplore un recul de la culture dans les quartiers populaires, organise une distribution de fournitures scolaires à près de 800 enfants.

    Socrate Petteng, alias Mac Tyer, décrit « la ghettoïsation du ghetto français » et « l’ignorance » dans un local d’Aubervilliers. Et son raisonnement a logiquement les traits d’une plante carnivore : la paupérisation dans les #HLM et la ruée vers l’or facile ont progressivement dévoré la culture, au point de presque entrevoir ses os. Et puis, il y a les facteurs aggravants. Les modèles de réussite inspirants finissent souvent par s’en aller. Très loin.

    Sur une petite chaise, il dit : « Les jeunes sont de plus en plus vite absorbés par la rue. Quand ils terminent en prison, certains ne peuvent pas rédiger un courrier à leurs proches parce qu’ils ne savent ni lire ni écrire. » Et : « L’ignorance empêche de voir les espaces qui s’ouvrent. Les gens ici ont parfois un talent unique, mais l’inculture fait qu’ils ne s’en rendent même pas compte. Le contexte – les portes de sortie sont de plus en plus rares – fait qu’on ne peut plus se permettre de ne pas savoir. » Le local : un ex-espace dévolu aux deux-roues dans une tour du quartier des Fusains, transformé en studio d’enregistrement par Socrate Petteng, 39 ans, figure du secteur (il y a grandi, il y est resté), de la ville (plus de 80 000 habitants) et du rap français le plus dur, sous le pseudonyme de Mac Tyer (certaines de ses œuvres – le Général, D’où je viens – ont déjà leur place dans l’histoire). A l’entrée de l’immeuble, son portrait est placardé. Ce samedi, il participera, avec des bénévoles - et pour la quatrième fois - à une distribution de fournitures scolaires (cahiers, stylos, trousses…) ici, au pied des grands ensembles. L’événement a son petit nom : « Rentrée pour tous ». La première fois, il l’avait largement financé avec ses propres fonds. Ensuite, des associations et des marques ont apporté ou accentué leur soutien.

    Sorbonne

    Adolescent, « So » planque chez lui les disques d’un ami, fils de témoins de Jéhovah, interdit de #musique à la maison. Le sauveur, et donc complice du péché, met le nez dedans et se fabrique une culture musicale. Pour le reste : deux petits frères (dont un disparu récemment) qui l’ont toujours accompagné dans la musique, deux enfants et un parcours complexe à partir du lycée. Il largue l’école pour la rue en 1re S et devient bandit avec ce que cela implique, soit l’incarcération et la difficulté extrême de faire demi-tour. En parallèle des conneries, il se dégote, à la fin des années 90, un coin de soleil dans le rap français avec Mac Kregor, son compère d’Aubervilliers. Le groupe s’appelle Tandem et à l’époque, ce fut comme un shoot de bitume. Deux gars qui racontent « le ghetto » (sic) avec un sens du détail troublant, comme on décrirait la voisine d’en face qui se change les fenêtres grandes ouvertes – on jurerait qu’ils avaient vu la rue à poil. Dans l’un de leurs textes les plus célèbres, ils proposaient un scénar de fiction inépuisable pour les plus imaginatifs : et si la Sorbonne avait été installée à Aubervilliers ?

    « So », qui continue la musique en solo, dit à propos de l’écriture : « Il y avait de la bienveillance en dépit de la violence des thèmes. J’étais conscient d’écrire des choses en étant dans la peau d’un coupable alors que d’autres rappeurs étaient dans la démarche inverse. Ils entraient dans ce milieu pour s’encanailler. » Et là ? Il raconte une vie de repenti, qui a mangé un temps à la table du diable – vétéran du vice – et qui a par la suite tout vomi. Il y a toujours la musique (ses titres continuent de faire des centaines de milliers de vues), la mode (il a lancé sa nouvelle marque de vêtements « Ntuch », multiplie les shootings et collabore à l’occasion avec Nike) et donc, Aubervilliers (son fief depuis toujours). A propos de « Rentrée pour tous » : « Au départ, c’était anecdotique. Je donne un kit à un gamin en lui rappelant que l’école est comme une mère. Tu t’habitues à sa présence et au fil du temps, tu oublies que c’est une chance de l’avoir à tes côtés. Donc tu la négliges. Ensuite, tu regardes autour de toi : des parents ont vraiment besoin d’aide et un kit les soulage vraiment. Tu connais le prix d’un loyer dans un HLM d’Aubervilliers ? Certains foyers y laissent tout leur budget. »

    Venise

    La porte de son local reste ouverte toute la journée. Parfois, des voisins y passent et des gens d’ailleurs viennent le saluer ou lui demander conseil. Un drôle de lieu, à mi-chemin entre la permanence (le canapé) et le sanctuaire (dans le studio, il parle parfois à voix basse). Il souffle : « Une discussion peut changer une vie. » Il y a une dizaine d’années, il raconte qu’un type est venu interrompre son festin dans un kebab. Le quidam ne comprenait pas pourquoi l’artiste dégageait une image aussi dure. « Je n’y avais jamais pensé… Je ne crois pas que les choses arrivent par hasard. Alors, j’ai entamé ma thérapie du sourire, qui a petit à petit changé ma conception des choses. Il y a des gens qui me suivent, qui aujourd’hui, se déplacent jusqu’à #Aubervilliers pour acheter des vêtements. Au fond, c’est quoi ? Une forme d’amour. »

    Ce week-end, il est question de 800 kits à donner. Et de tout un système derrière : avec des associations, Socrate Petteng encourage des programmes de réinsertion et de réussite scolaire pour les jeunes de son coin. Il se souvient : « J’ai vrillé le jour où j’ai quitté l’école. » Et : « La culture n’a jamais été aussi démocratique comparée à d’autres espaces qui se referment. Et paradoxalement, les codes de banlieue n’ont jamais autant inspiré à l’extérieur. La musique, la mode, le sport… » A quelques mètres du local, à l’entrée des Fusains, des inconnus ont illuminé un mur gris à l’encre rouge et noire. Et résumé un pan de gamberge locale : « Naples partout, Venise nulle part. »
    Ramsès Kefi photo Roberto Frankenberg pour Libération

    #tandem #mac_tyer #rap #hiphop #cité #quartiers_populaires #école #éducation #rentrée_scolaire

  • Attentat de Nice : accusé à tort de terrorisme, retrouvé pendu à Fleury - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/07/31/attentat-de-nice-accuse-a-tort-de-terrorisme-retrouve-pendu-a-fleury_1670

    Arrêté en 2016 dans le cadre de l’enquête sur l’origine des armes de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Aleksander H. n’a eu de cesse de réfuter les accusations de #terrorisme. Il s’est suicidé début juin alors que la justice s’apprêtait à le reconnaître comme un prévenu ordinaire.

    Un corbeau ombrageux pour dernier visiteur. Mirage de son esprit fragile, le volatile se posait de temps à autre sur la fenêtre de sa cellule. Les jours mauvais, le diable en personne s’invitait dans son petit réduit de la maison d’arrêt de #Fleury-Mérogis (Essonne), lui faisant humer la mort. Le 8 juin, las de ses divagations hallucinées, Aleksander H., 38 ans, s’est suicidé peu après l’heure du déjeuner. Il s’est pendu avec un lacet aux barreaux de sa fenêtre, les mêmes qui servaient de perchoir à l’oiseau de mauvais augure. Lorsqu’un surveillant et des détenus auxiliaires l’ont découvert, Aleksander H. était à genoux, comme assoupi. Une heure de massage cardiaque n’y fera rien.

    Mis en examen pour son implication dans l’attentat de Nice (86 morts et 458 blessés le 14 juillet 2016), le quasi quadragénaire ne supportait plus la suspicion qui pesait sur ses épaules. Non pas que le golgoth, né le 24 mars 1980 à Gjocaj, en Albanie, soit un enfant de chœur : la prison, il connaissait, après plusieurs séjours effectués pour divers trafics. Mais cette fois-ci, les soupçons de terrorisme étaient trop lourds à porter pour celui qui disait vomir l’acte de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel : un camion de 19 tonnes lancé à pleine vitesse sur la promenade des Anglais. Ironie de l’histoire, Aleksander H. se trouvait ce soir-là place Masséna, à quelques centaines de mètres du camion sanguinaire, avec sa femme, Liljana, et leur fils de 17 mois, Ludovik. Avant d’être complice présumé, il aurait pu être victime.

    Ce n’est que six mois après la tuerie, en ayant savamment remonté la piste des armes achetées par Lahouaiej-Bouhlel, que les policiers arrivent jusqu’à Aleksander H.. A cette époque, le jeune père de famille travaille au noir sur des chantiers et perçoit un salaire d’environ 800 euros par mois. En situation irrégulière, il sous-loue avec sa famille un petit appartement à « Diu », une connaissance. Happé par la faune locale, notamment la diaspora albanaise, Aleksander H. verse parfois dans divers trafics. Le 12 décembre 2016, lorsque la sous-direction antiterroriste de la PJ (Sdat) l’interpelle, elle s’intéresse au cheminement d’un pistolet et d’une kalachnikov tombés entre les mains de #Lahouaiej-Bouhlel. Le temps de cerner l’implication d’Aleksander H., sur le plan logistique ou idéologique, les juges le placent en détention provisoire. « Quand je l’ai rencontré, il était confiant, certain que la justice comprendrait vite qu’il n’avait aucun lien avec le terrorisme », se souvient son avocate, Olivia Ronen. Il lui clame : « Si tu crois en Dieu, tu fais jamais ça [les actes terroristes, ndlr]. » Aleksander H. se revendique d’ailleurs chrétien, à mille lieux de la doctrine jihadiste.

    « Je suis contre eux »

    Enfant, dans sa petite école nichée au cœur des montagnes albanaises, le garçonnet apprend le français. Sa maîtrise de la langue de Molière est si bonne que l’interprète qui l’assiste n’ouvre jamais la bouche lors des interrogatoires devant le juge. Après une scolarité classique, Aleksander H. décroche un diplôme de mécanicien. Mais il quitte subitement l’#Albanie, à 14 ans, pour s’établir en Grèce. Deux de ses quatre frères et une de ses quatre sœurs y sont alors installés. Est-ce par pression familiale ou quête d’un avenir meilleur qu’il fait le mur ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’Aleksander H. passe onze ans de sa vie en Grèce. Comme de nombreux citoyens albanais, il y subit un racisme débridé et vit dans des conditions précaires. C’est à cette époque, qu’il tombe peu à peu dans la délinquance. En 2012, après des passages éclairs en Italie, Aleksander H. tente sa chance à Paris. La France lui plaît tant qu’il envisage de s’y poser pour toujours. Mais sa faible qualification et son passé judiciaire ne plaident pas en sa faveur. Dans la roue d’un ami, vivotant de travaux dans la maçonnerie, il finit par gagner #Nice, où Liljana le rejoint en 2014. Signe de leur attirance pour les Alpes-Maritimes, la jeune femme dépose une demande d’asile et Ludovik naît quelques mois plus tard, à l’hôpital de l’Archet. Lorsqu’a lieu la tuerie de la promenade des Anglais, Aleksander H. semble enfin en voie de sédentarisation. Dès sa garde à vue, l’Albanais est très irrité d’être assimilé à un jihadiste :

    – « Avez-vous déjà côtoyé des musulmans radicaux ? interroge le policier.

    – « Non, cela ne m’intéresse pas, je suis contre eux.

    – « Que pensez-vous de l’organisation terroriste Daech ou Etat islamique ?

    – « Je ne suis pas d’accord avec eux, je les déteste. Ils pourraient tuer mon fils. »

    Puis, interrogé sur son ressenti à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo, Aleksander H. laisse poindre un certain racisme : « C’est la faute de l’Etat français car vous donnez tout aux Arabes. »

    En prison, cette colère ne le quittera jamais. Au printemps, après plus d’un an de détention, son état se détériore gravement. Il parle seul, crie, ne dort presque plus. Surtout, il s’indigne que la direction de la maison d’arrêt lui interdise de travailler (une règle fréquente pour les détenus poursuivis pour terrorisme). Seul dans sa cellule, Aleksander H. désespère. Les matchs de foot dans la cour de promenade sont ses seuls moments de joie. Après son arrestation, Liljana et Ludovik sont retournés au pays. Au parloir, plus personne ne l’attend. Un soir de mélancolie tenace, l’Albanais avale une petite boulette de shit, qu’il a chapardé les jours précédents. Et décompense violemment. Inquiet, le personnel pénitentiaire le place d’urgence en service médico-psychologique régional, une unité de soins en santé mentale. Il y restera deux semaines. A son retour à Fleury, sa fragilité est telle que les surveillants ont ordre de passer le voir toutes les heures.

    « J’ai senti la mort »

    Rien n’y fait. Aleksander H. veut sortir ou mourir. Le 5 juin, un débat sur la prolongation de sa détention a lieu une nouvelle fois au palais de justice. Tentant le tout pour le tout, le jeune homme déclame sa détresse : « En détention, j’ai senti la mort. J’ai vu le diable en train de m’égorger. Je ne peux plus vivre comme ça, j’ai jamais pleuré mais là je suis mal, je veux me suicider. […] C’est la première fois que je pleure, j’aime bien la France. Les médicaments me mettent plus mal. J’ai un enfant de 3 ans, ma femme en Albanie et ma mère. Je pense qu’à me suicider, j’en ai marre. […] Je peux dormir au commissariat s’il le faut. »

    Maintenu à l’ombre, Aleksander H. se pend quatre jours plus tard, à 14 h 52. Cruelle confidence d’une source judiciaire à Libération : l’accusation et la juge chargées du dossier étaient à deux doigts de revoir les poursuites le visant. Ils comptaient épargner à l’Albanais les crimes terroristes, pour ne retenir que les délits connexes liés à la fourniture des armes. Dans les jours qui ont suivi son décès, son avocate, Olivia Ronen, s’est démenée pour que l’ambassade d’Albanie avance les frais de rapatriement du corps. Et éviter à Aleksander H. de sombrer dans l’anonymat de la fosse commune de Fleury-Mérogis.
    Willy Le Devin

    #prison #suicide #Aleksander_H

  • #travert_de_porc
    Le plan bien-être animal de Stéphane Travert : une opération de com’ indigeste - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/31/le-plan-bien-etre-animal-de-stephane-travert-une-operation-de-com-indiges

    Les associations s’étranglent : « Lors de l’examen en première lecture de la loi alimentation, tous les amendements pour de vraies avancées sur le bien-être animal ont été bloqués », rappelle le CIWF.

    Broyage des poussins
    Retoquées, en effet, les propositions visant à rendre obligatoires les caméras de surveillance dans les abattoirs, ou à interdire le broyage des poussins mâles encore vivants. Repoussés aussi, les amendements souhaitant abolir l’élevage en cage des poules pondeuses, ou à proscrire la castration à vif des porcelets… « Le ministre s’est opposé à toutes ces avancées », tranche Ghislain Zuccolo.

    Quant à la question des lobbies, d’une brûlante actualité depuis le départ du ministre de la transition écologique, de nombreux militants l’ont en travers : ce serait en effet eux qui auraient « empêché de faire reculer les souffrances animales, alors même que le candidat Macron avait annoncé lors de la campagne présidentielle l’installation de la vidéo dans les abattoirs et l’interdiction de vendre des œufs de poules élevées en batterie d’ici 2022 », estime le Parti animaliste

  • Tennis : le président de la Fédération française « n’acceptera plus » la combinaison de Serena Williams, qui le défend face aux critiques

    https://www.francetvinfo.fr/sports/tennis/roland-garros/tennis-le-president-de-la-federation-francaise-n-acceptera-plus-la-comb

    Bernard Giudicelli justifie son point de vue par une volonté de défendre la beauté du sport. « Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l’émotion est magnifiée », affirme-t-il.

    En enfilant cette combinaison noire, Serena Williams n’était toutefois pas uniquement préoccupée par son style : cette tenue, conçue par la marque Nike après deux ans de recherche et de design, permet à la championne américaine d’éviter les caillots sanguins. Depuis 2003, Serena Williams a en effet souffert de plusieurs embolies pulmonaires, dont une a failli lui coûter la vie après la naissance de sa fille Alexis Olympia Junior, le 1er septembre 2017.

    Certaines stars se sont également mobilisées pour défendre la tenue de Serena Williams. « Le besoin des hommes de contrôler les femmes atteint ici un niveau mesquin, a ajouté l’actrice américaine Elizabeth Banks sur Twitter. Serena Williams est la plus grande joueuse de tous les temps. C’est le jeu qui la respecte. » Et l’ancien tennisman Andy Rodick d’ajouter : « C’est tellement stupide et irréfléchi que ça fait mal. Parfois, ce serait sympa si le sport sortait de ses mauvaises habitudes. »

    Même l’équipementier de la championne et designer de la combinaison, Nike, a répondu à Bernard Giudicelli sur Twitter. « Vous pouvez enlever son costume à une super-héroïne, mais vous ne pourrez jamais lui enlever ses superpouvoirs. »

    • http://www.liberation.fr/france/2018/08/26/la-combi-de-serena-williams-a-roland-garros-le-bas-blesse_1674567

      Enfin une bonne nouvelle pour les partisans de l’ancien monde catastrophés par la vague #MeToo et le renouveau féministe collatéral : Bernard Giudicelli veille au grain. Dans un entretien accordé à Tennis Magazine, le président de la Fédération française de tennis (FFT) a annoncé que Serena Williams ne pourra plus jouer à Roland-Garros vêtue de la spectaculaire combinaison-pantalon noire, fuselée, qu’elle arborait en mai sur la terre battue. Argument de Giudicelli, qui entend instaurer un nouveau dress code dans le tournoi français à partir de 2020 : « Je crois qu’on est parfois allé trop loin. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. Il faut respecter le jeu et l’endroit. Tout le monde a envie de profiter de cet écrin. Si je fais passer une émotion avec quelque chose qui est beau dans un endroit qui est beau, l’émotion est magnifiée. » Concrètement : les joueuses doivent jouer en robe ou jupe, sinon c’est moche pour l’image de Roland-Garros et du tennis.

      Tornade américaine

      Quelle fatigue. Il va donc falloir rappeler au moins deux choses à Bernard Giudicelli. 1/ Qu’une joueuse de tennis, comme toute femme, n’est pas une plante verte, un élément de décorum. 2/ Qu’un tournoi de tennis n’est pas une fashion week mais une compétition, et les sportifs ne sont pas des mannequins mais des athlètes dont on attend qu’ils atteignent la plus haute marche du podium en faisant la différence par leur force, leur vélocité, leur agilité, leur souplesse, leur précision, leur acuité, leur résistance. Des qualités que Serena Williams incarne depuis vingt ans, avec 39 titres de grand chelem dans sa besace, ce qui fait d’elle une des plus grandes joueuses de tous les temps. Sachant que Serena y met la manière : explosivité, fougue, panache, son jeu d’attaquante est un régal. Bilan, la tornade américaine a réconcilié plus d’un spectateur avec le tennis féminin lassé par les interminables échanges du fond du court. D’ailleurs, à la place de Serena Williams, on aurait illico répondu à Bernard Giudicelli : ok, alors ce sera sans moi. Car Roland-Garros sans Serena, c’est morne plaine, le tournoi a bien plus à perdre de son absence que l’inverse.

      « Super-pouvoirs »

      Mais non. Serena, en plus, a la classe. C’est Nike, son équipementier qui a d’abord répondu, avec humour, par un tweet figurant la joueuse (vêtue de la combinaison), avec ce message : « Vous pouvez retirer le costume du super-héros mais vous ne pourrez jamais lui enlever ses super-pouvoirs. » Et tandis que la polémique enflait et que Giudicelli en prenait logiquement plein la raquette sur les réseaux sociaux, la Queen des courts a habilement déclaré ceci : « Je ne sais pas exactement ce qu’il a semblé dire ou n’a pas semblé dire. Mais on en a déjà parlé. Nous avons une excellente relation. […] Je suis sûre qu’on va parvenir à un accord et que tout sera ok. Ce n’est pas quelque chose de grave, tout va bien. »

      Serena Williams aurait pourtant pu laminer Giudicelli avec un argument massue : la fameuse combinaison (que personnellement on trouve très réussie, seyante, et rock comparée aux sempiternelles jupettes de fifilles), favorise la circulation sanguine. Or, Serena Williams a souffert par le passé d’embolies pulmonaires liées à des caillots dans le sang. La naissance de sa fille, en septembre 2017, a d’ailleurs été compliquée par des « problèmes de caillots de sang ». Ce qui ne l’a pas empêchée de reprendre, à 36 ans, le chemin des courts quatre mois plus tard… Respect. A l’inverse, Bernard Giudicelli, qui n’est pas revenu sur ses propos à l’heure où on écrit ces lignes, s’avère bien « out » sur ce coup-là. Et c’est l’image de son fameux « écrin » qui en pâtit.
      Sabrina Champenois

  • Racisme dans le foot en Alsace : une audience, et toujours le statu quo - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/24/racisme-dans-le-foot-en-alsace-une-audience-et-toujours-le-statu-quo_1674

    Jeudi à Strasbourg, la ligue du Grand Est a réexaminé les conditions dans lesquelles le 6 mai, un joueur noir de Benfeld, club de D3, a été passé à tabac après un tombereau d’insultes racistes. Kerfalla Sissoko est ressorti de cette réunion conforté dans son sentiment d’injustice.

    Il est à nouveau convoqué par les instances du foot. Kerfalla Sissoko est là, comme les autres fois, silencieux et discret. Kerfalla Sissoko, c’est ce joueur noir de l’AS Benfeld, club alsacien de D3, qui, lors d’un match à Mackenheim le 6 mai, a été menacé d’un couteau de cuisine après avoir essuyé des injures racistes. Il a ensuite été passé à tabac jusqu’à perdre connaissance sur la pelouse, son visage en porte les séquelles. Pourtant, en première instance, fin mai, la commission de discipline du District d’Alsace de football l’a sanctionné, lui et son coéquipier noir Moudi #Laouali, victime également de coups. Dix matchs de suspension. Même tarif que pour deux agresseurs, joueurs de l’AS Mackenheim. Le président de la commission avait conclu : « Dans cette affaire, le racisme est accessoire. » Les sanctions avaient été confirmées en appel début juillet. Cette fois, le dossier est remonté au niveau régional. La ligue du Grand Est prend la main et va tout réexaminer.

    Car les deux clubs ont à nouveau fait appel. Le club de #Benfeld veut réhabiliter ses joueurs noirs. Quant au club de Mackenheim, il conteste la suspension de terrain pour quatre matchs. Le District a privé le club de Mackenheim de sa pelouse, ayant estimé qu’il y avait eu infraction à la police du terrain et aux règles de sécurité (envahissement de la pelouse par les spectateurs qui traquent les joueurs d’origine africaine avec des couteaux). Mackenheim doit disputer les quatre prochaines rencontres en dehors d’un rayon de 30 km, sans compter l’amende de 160 euros… Le Comité directeur lui-même a fait appel des décisions prises dans cette affaire. A première vue, on s’est dit que les autorités footballistiques ont senti qu’elles étaient peut-être passées à côté de quelque chose… D’autant qu’entre-temps Libé a consacré sa une à l’affaire, en détaillant la violence extraordinaire d’un racisme ordinaire qui gangrène le foot amateur dans les patelins.

    Cette fois, le débat à la ligue du Grand Est est public. Il a lieu à Strasbourg, sur le coup de 18 heures. Plusieurs représentants d’associations qui luttent contre l’exclusion et les discriminations sont venues épauler le club de Benfeld et ses joueurs : le collectif Ubuntu, La Maison des adolescents, D’ailleurs nous sommes d’ici… Tout le monde s’engouffre dans la salle, face aux six membres blancs de la commission d’appel régional présidée par Gérard #Baumann qui prévient : « C’est le dernier recours. »

    « L’arbitre n’a jamais sifflé »

    La parole est à l’AS Benfeld. Jean-Michel Dietrich, président du club, raconte la tension, ses trois joueurs noirs, et eux seulement, pris pour cible, les coups, l’arbitre qui siffle la fin à la 43e minute, Moudi Laouali piétiné, Kerfalla #Sissoko « qui se fait massacrer », qui convulse, le chaos, les spectateurs partout, sa secrétaire qui appelle les secours puisque personne ne sort son téléphone… Le lendemain, il sonde l’équipe. Les joueurs blancs, qui n’ont jamais été auditionnés en tant que témoins, décrivent, comme leur coéquipiers noirs, l’ambiance de la première mi-temps : « Retourne dans ta brousse », « Sale nègre », « On n’en pas encore fini avec vous » etc. Kerfalla Sissoko confirme : « Je me faisais traiter tout le match ». Question de la commission : « L’arbitre a-t-il entendu les propos racistes ? » L’arbitre n’est pas là. Donc, selon une logique qui nous échappe, on interroge Kerfalla Sissoko. « Non », répond-il. Il poursuit, explique qu’avant la curée finale, il avait déjà reçu des coups. Il est au sol, crie, l’arbitre est à côté, « il n’a jamais sifflé ». La commission ne bronche pas. Kerfalla Sissoko aurait dû se plaindre à son capitaine, qui aurait fait remonter à l’arbitre. Et qu’importe si le capitaine est gardien de but et ne peut déserter sa cage à l’envi.

    Une question revient en boucle. « Quel a été l’élément déclencheur ? » La commission veut comprendre « la raison des tensions », le « pourquoi », ce qui a fait « basculer ce match sans enjeu dans la violence », imagine que « quelque chose a dû se passer en amont » parce que « d’habitude, ça monte crescendo ». Ils s’interrogent sincèrement face à cette salle divisée en deux : quelques blancs d’un côté (Mackenheim), les noirs de l’autre (Benfeld et ses soutiens). Mais à aucun moment, il n’est question de couleur de peau. « Et côté gendarmerie ? » s’enquièrent les juges du foot. Aucune nouvelle des plaintes, aucune audition. Coup de théâtre, une vidéo a été versée au dossier par Mackenheim qui a fourni une clé USB. Un ado dans les tribunes a filmé. Ils visionnent, l’écran passe de main en main, ils tournent l’ordinateur, penchent la tête, n’écoutant plus que d’une oreille distraite les débats qui n’ont pas été interrompus, on entend un court brouhaha recommencé sans cesse, des rires. « Est-ce qu’on pourrait voir ? », finit par demander Kerfalla Sissoko. Réponse de la commisssion : « Inutile, on ne voit rien. » Si ce n’est qu’il y avait bien plus de quatre spectateurs à envahir le terrain comme le prétendait Mackenheim. L’ordinateur portable est replié.

    Carton rouge en pleine agonie

    Au tour de Mackenheim. La commission : « Et sur le propos raciste, vous n’avez rien entendu ? » La réponse est dans la question. « Et donc vous ne connaissez pas ceux qui sont venus avec des couteaux ? » Idem. Les dirigeants du club de Mackenheim affirment que Kerfalla Sissoko a donné le premier coup. « Je me suis défendu, ils étaient plusieurs sur moi », explique inlassablement le jeune homme. Les joueurs de Mackenheim mis en cause et convoqués ne sont pas présents. Bref, Sissoko a bel et bien porté un coup et « c’est pour ça qu’[il] a eu un carton rouge », lui explique la commission. Lui, il voudrait savoir si c’est bien légal d’avoir un carton rouge « quand on est en train de mourir ». Pas de réponse. Mackenheim rebondit, « Monsieur Sissoko n’a jamais été en danger de mort. » Ils le savent bien : un membre du club est infirmier. « Donc il est intervenu », suppose un membre de la ligue. « Non », dit Mackenheim. La commission se tourne vers Kerfalla Sissoko : « Combien de temps êtes-vous resté couché sur le terrain ? » « J’étais dans les pommes… », bredouille le jeune homme. Une heure déjà que l’audience a débuté. Un membre de la commission fait part de son appréciation à Kerfalla Sissoko : « Donc, vous vous êtes fait tabasser. » Triple fracture au visage, trauma crânien, dix jours d’ITT. Le certificat est dans le dossier.

    L’AS #Mackenheim est assisté d’un avocat. L’homme parle bien, longtemps. C’est son job. La maîtrise du verbe. Il rappelle qu’une procédure juridique en diffamation est engagée contre ceux qui dénoncent le racisme, avec passage en correctionnelle le 22 octobre, et il construit sa plaidoirie en prenant le contre-pied de l’enquête de Libé. « Le racisme dans le foot amateur ne peut pas être illustré par le match du 6 mai 2018 », il faut distinguer « ce qui est avéré et ce qui est fantasmé » : personne n’a rien entendu du racisme. Il réclame l’indulgence de la ligue, les suspensions de terrain, c’est un coup dur pour le club de Mackenheim. La commission aimerait connaître les actions mises en place pour que les faits ne se reproduisent plus ? Ils vont « faire du relationnel avec les joueurs et supporters » (sic)…

    « Nous avons même un cimetière juif »

    Le maire de la commune, Jean-Claude Spielmann, s’est fait inviter. Le président du club de foot est son ami de trente ans. Deux jours qu’ils passent des coups de fil à d’autres communes pour trouver un terrain. Personne ne veut les accueillir, ils essuient des « réponses parfois très désobligeantes ». Et s’ils trouvent, il lui faudra emmener les équipements et les employés communaux là-bas, pour s’occuper de la préparation pelouse, et ça, ça va « peser sur les finances municipales », s’émeut-il. L’élu s’indigne, l’image de sa commune a pris un coup à cause de l’affaire, alors que « Mackenheim n’est pas un terreau de racistes ». La preuve, selon lui : « On est un des rares villages à accueillir une famille de Syriens et nous avons même un cimetière juif. » Puis il en profite pour rappeler à ligue qu’il a déposé une demande de financement pour refaire l’éclairage du club-house. Le président de la commission lui sourit d’un air entendu.

    La séance est levée, la décision sera rendue dans quelques jours. « Au moins, j’ai pu parler un peu plus », lâche Kerfalla Sissoko à la sortie. « Mais c’est toujours moi le fautif. » Sur le parvis de la ligue, les associations imaginent des actions conjointes pour faire reculer le racisme que l’on ne veut pas voir autour du ballon rond. Dimanche dernier, la saison a repris en Alsace. L’AS Mackenheim s’est déplacé à Ebersmunster et l’a emporté 4 à 3. Mais « l’arbitre sifflera la fin du match avant les arrêts de jeu, avant que ça ne dégénère », indique le FC Ebersmunster sur sa page web qui déplore le comportement agressif des visiteurs. L’équipe de Mackenheim, redoutée par les autres clubs pour les dérapages violents qui émaillent souvent les rencontres, a terminé la saison dernière quatrième du championnat. Et elle a obtenu de la ligue de monter en division supérieure.
    Noémie Rousseau

    Le 1er article se trouve ici : https://seenthis.net/messages/711327
    J’aimerais quand même qu’on m’explique pourquoi les assos anti racistes ne sont pas foutues de faire en sorte que Sissoko ait un avocat (comme la partie adverse) pour une convocation aussi importante que celle-ci.
    C’est bien beau de faire des petits badges contre le racisme pour faire beau sur les survêts mais ça fait avancer quoi ?
    Il est où le Lilian Thuram avec sa fondation là ? Il se la joue donneur de leçon en disant que Pelé n’a jamais rien fait par égoïsme (https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Lilian-thuram-critique-le-manque-d-engagement-de-pele-contre-le-racisme/881819) mais lui, à part passer à la télé il faut quoi purée !
    Et puis l’argument du cimetière juif, on dirait une blague de Desproges tellement c’est dingue !

    #football #violence #agression #racisme #Alsace #arbitrage

  • L’hôtellerie-restauration veut embaucher des exilés
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/21/l-hotellerie-restauration-veut-embaucher-des-exiles_1673697

    Pour pallier la difficulté de recruter à laquelle fait face l’hôtellerie-restauration depuis plusieurs années, les professionnels du secteur ont déclaré qu’ils souhaitaient embaucher des demandeurs d’asile lors du conseil interministériel du tourisme le 19 juillet. « Il y a 100 000 postes à pourvoir, la moitié en CDI et l’autre en emploi saisonnier, principalement des postes de commis de cuisine », indique l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Le syndicat patronal explique qu’il « travaille actuellement sur un "plan emploi", dont cette idée fait partie, pour répondre à la pénurie d’employés ». Du côté du GNI-Synhorcat, on parle de « 150 000 à 180 000 postes à pourvoir, de tous types : cuisiniers, commis de cuisine, serveurs… ». Le président de la branche « cafés-bars-brasseries » du syndicat, Pascal Pelissier, juge que « ce n’est pas une équation parfaite, mais on a l’offre des emplois, et il y a de la demande chez les demandeurs d’asile ».

    Reste que les lourdeurs administratives compliquent l’emploi des exilés. Aujourd’hui, ils ne peuvent prétendre à une autorisation de travail qu’au bout de neuf mois après le dépôt de sa demande d’asile (qu’elle soit validée ou non). Le GNI-Synhorcat plaide pour « l’accélération des procédures ». Pascal Pelissier fait savoir qu’une « demande de discussions a été adressée, pour un rendez-vous à la rentrée avec le gouvernement ». Le député LREM Aurélien Taché, auteur d’un amendement voté dans le cadre de la loi asile et immigration réduisant le délai d’autorisation à six mois, voit cet appel des restaurateurs comme « une demande pertinente ». Il confirme que « des discussions se mettent en place. Au cours de l’été elles sont un peu ténues, mais tout cela va reprendre à la rentrée ».
    « Main-d’œuvre docile »

    Mais la question de l’emploi de demandeurs d’asile dans ce secteur souvent précaire, où subsistent le travail au noir et le recours illégal à des sans-papiers, est un sujet très polémique. « La demande du patronat est hypocrite. Il ne veut pas se préoccuper des mauvaises conditions de travail et des rémunérations trop basses », critique le responsable de la CGT-Hôtels de prestige et économiques (HPE), Claude Lévy. Pour être régularisé par le travail, un exilé qui n’a pas obtenu le statut de réfugié, doit résider depuis au moins cinq ans sur le territoire, et prouver une ancienneté d’activité professionnelle de huit mois sur les deux dernières années (ou de trente sur les cinq dernières). La préfecture régularise alors au cas par cas, délivrant un titre de séjour valable un an, pour un CDI. « Pour renouveler sa carte d’un an, le travailleur immigré ne doit pas perdre son emploi, ajoute Claude Lévy. On se retrouve donc avec une main-d’œuvre docile, qui accepte des conditions de travail que les autres travailleurs n’acceptent plus ! Ce petit jeu peut durer des années… » Son syndicat plaide pour que « dès que l’on régularise, ce soit pour un titre de dix ans, afin d’éviter cette mainmise du patron ».

    Début août, douze femmes de chambre et équipiers sans papiers employés au Campanile de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) se sont mis en grève, soutenus par la CGT-HPE. Ils ont obtenu dès le lendemain, de leur entreprise sous-traitante, qu’elle remplisse les documents nécessaires au dépôt de leurs demandes de titre de séjour. « Pour la première fois, les restaurateurs demandent cette régularisation, alors que jusque-là, certains, peu scrupuleux, se satisfaisaient des irrégularités : c’est positif ! » souligne Aurélien Taché. C’est que les restaurateurs sont de plus en plus sommés de se mettre aux normes. Depuis le 1er janvier, dans le cadre de la loi de finances, a été prévu un renforcement des effectifs de contrôleurs fiscaux et des moyens mis à la disposition des enquêteurs contre le travail au noir. Cette loi durcissant également les peines à la clé pour les auteurs de fraudes, les restaurateurs s’exposent de plus en plus à des contrôles de leur comptabilité, et de leur personnel.
    Insertion professionnelle

    « Il y a trente ans, des populations bengalies, sri-lankaises, indiennes sont arrivées en Europe de l’Ouest, dans nos cuisines, et cela se passe très bien, tient à rappeler Pascal Pelissier. Ce sont des métiers à ascension sociale : plongeur, ce n’est pas une destinée, c’est un début », reconnaît-il, tout en affirmant l’importance de collaborer avec des associations intervenant auprès des migrants. « En plus de l’exil, ces personnes vivent le déclassement, alors que nombre d’entre elles sont très qualifiées », ajoute Aurélien Taché. Il faudrait, selon lui, établir « une vraie dimension d’insertion professionnelle dès leur arrivée dans le pays : tester leur niveau de français pour suivre ensuite des cours, valoriser leurs compétences, leur faire découvrir la vie d’entreprise en France ».

    D’autant que d’autres secteurs que l’hôtellerie-restauration sont intéressés, y compris pour des « postes plus qualifiés. J’ai rencontré de nombreuses entreprises qui recherchent ces profils de personnes migrantes, souvent diplômées, parlant plusieurs langues », explique Aurélien Taché, qui a remis en février un rapport de 72 propositions pour l’insertion des exilés. L’objectif du député ? « Que les secteurs où on a des besoins (la restauration, le bâtiment et le numérique) soient pourvus, et que les autres ne passent pas à côté des profils intéressants. »

  • Incendie à Aubervilliers : « Les marchands de sommeil, c’est de la délinquance économique »

    http://www.liberation.fr/france/2018/08/21/incendie-a-aubervilliers-les-marchands-de-sommeil-c-est-de-la-delinquance

    Sept personnes dont cinq enfants ont été grièvement blessés dans l’incendie d’un immeuble du centre d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) dimanche. La maire PCF de la commune, Meriem Derkaoui, a déclaré que l’édifice ne disposait d’aucune autorisation d’habitation. C’était un bâtiment bénéficiant juste d’un bail commercial. De nombreuses personnes d’une même famille y vivaient malgré tout. L’enquête devra notamment déterminer si ce bâtiment était aux mains d’un marchand de sommeil. Deux jours après le sinistre, Stéphane Peu, député PCF du département, très actif sur la question du logement, plaide pour que cette thématique soit déclarée « grande cause nationale ». Ce qu’il s’est passé à Aubervilliers est, selon lui, révélateur de la pénurie d’appartements en Ile-de-France.
    Concernant cet incendie, il apparaît que de nombreuses personnes d’une même famille cohabitaient dans un petit espace vétuste. S’agit-il d’un phénomène courant en Seine-Saint-Denis ?

    C’est l’un des phénomènes caractéristiques de l’habitat insalubre. Il y a d’une part des logements vétustes et insalubres, et d’autre part des locaux qui ne sont pas destinés à l’habitation mais qui sont utilisés comme tels. Il y a des gens qui vivent dans des caves d’immeuble, des réserves de commerces, des boxes de garage, des cabanes de jardin… Ce sont des locaux par définition dangereux. Evidemment, une cave ne remplit pas les critères de sécurité. Il y a beaucoup de décès à cause de ça, notamment en cas d’incendie. C’est la pénurie de logements qui est à l’origine de ces situations de mal-logement. Un bien de très grande médiocrité, voire dangereux, trouve toujours preneur, souvent à des prix exorbitants. Les locataires sont des personnes vulnérables, qui n’ont pas d’autre choix, comme les femmes victimes de violences, les personnes sans garanties. Ce sont les proies des marchands de sommeil. Ce qui est sûr dans le cas de l’immeuble qui a pris feu à Aubervilliers, c’est qu’il s’agissait d’une situation de mal-logement. L’enquête dira s’il y avait aussi une exploitation financière.
    En tant qu’élu de Seine-Saint-Denis, qu’avez-vous constaté dans les logements indignes ?
    Ce sont des logements dont l’électricité n’est pas aux normes, dont la peinture au plomb menace les enfants de saturnisme, avec des plafonds gorgés d’eau qui menacent de s’écrouler, des planchers qui s’effondrent, des taux d’humidité dangereux… Dans la petite couronne parisienne et dans certains quartiers des arrondissements populaires, on estime qu’il y a jusqu’à 40% de logements indignes dans le parc privé [la Seine-Saint-Denis est le département francilien le plus touché par l’habitat indigne, avec 7,5% du parc privé considéré comme tel, ndlr].
    La maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, en appelle au gouvernement pour lutter contre les marchands de sommeil. Qui sont ces propriétaires sans scrupule ?

    Nombre d’entre eux font des placements dans l’immobilier insalubre ou vétuste à forte rentabilité, souvent avec la complicité passive de l’Etat, par exemple au cours de ventes aux enchères judiciaires. Ils achètent peu cher des biens immobiliers très dégradés et les louent ensuite très cher à des personnes acculées. C’est une délinquance économique. Bien souvent, ils se cachent derrière des sociétés. En Seine-Saint-Denis, le blanchiment de l’argent sale, l’argent de la drogue se fait beaucoup à travers les marchands de sommeil avides d’argent. Ils ont parfois pignon sur rue. J’ai connu le cas d’un avocat, par exemple. Récemment, un médecin parisien a été suspendu par l’ordre des médecins et condamné par la justice. Il y a aussi eu un professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine qui a été radié. Il avait un immeuble, à Saint-Denis, dans lequel cinq personnes sont mortes au cours d’un incendie en septembre 2012. Ces propriétaires profitent de la pénurie de logements, des 12 millions de mal-logés en France, ainsi que de la faiblesse de l’arsenal juridique français pour prospérer.

    Délinquance économique et aussi crime sexistes organisé avec complicité de l’état.

  • 500 millions d’euros en moins pour le social : le gouvernement répond (pour celleux qui sont pressés, il répond allez crevé bande de sales pauvres)
    http://www.liberation.fr/france/2018/08/20/500-millions-d-euros-en-moins-pour-le-social-le-gouvernement-repond_16735

    Un demi-milliard perdu en route pour la politique sociale : c’est ce que faisait apparaître un document budgétaire remis par l’Etat aux parlementaires en juillet, et évoqué dimanche par Libération. Dans cette annexe au rapport préparatoire au débat d’orientation des finances publiques, la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » se voyait créditer de 20,8 milliards d’euros pour 2019. Soit 1,3 milliard de plus qu’en 2018, mais… 530 millions de moins que ce qu’annonçait l’Etat fin 2017 dans la loi de programmation des finances publiques pour la période 2018-2022.

    La déperdition est notable, surtout pour cette mission sensible qui finance notamment la prime d’activité, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et l’aide aux victimes de violences sexuelles. « Impossible de savoir à quoi correspond exactement », se plaignait début juillet le rapporteur général (LR) du budget au Sénat, Albéric de Montgolfier. Les sources gouvernementales interrogées ces derniers jours par Libération n’étaient pas en mesure de justifier cette évaporation budgétaire.

    Lundi, le ministère des Solidarités et de la Santé, principal intéressé, a finalement expliqué cette correction à Libération. Sur les quelque 500 millions d’euros manquants, 300 s’expliqueraient par le report d’un projet immobilier du ministère, qui devait en 2019 regrouper ses services sur deux sites contre quatre actuellement. Le chantier a finalement été reporté à 2025. Et 150 millions supplémentaires seraient liés à un « ajustement tendanciel » de la prime d’activité : le ministère estime que l’amélioration économique en 2019 diminuera le recours à cette prestation, réservée aux travailleurs pauvres.

    Bah oui en 2019 les pauvres seront obligé·es de se manger entre elleux, du coup il y en aura moins.