• En Turquie, anatomie d’une purge

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/13/en-turquie-anatomie-d-une-purge_5255858_3214.html

    Accusé d’appartenir au réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques, le policier Kürsat Cevik comparaît mardi 13 février. Son épouse, franco-irlandaise, se bat depuis la France pour prouver son innocence.

    La vie sans nuage d’Elaine Ryan, mère de famille franco-irlandaise de 37 ans, s’est assombrie après le putsch raté du 15 juillet 2016, lorsque son mari turc, Kürsat Cevik, commissaire de police, a été arrêté avec une quinzaine de ses collègues.

    Accusé d’appartenir à « une organisation terroriste armée » (le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques), Kürsat Cevik a été incarcéré à la prison de Sanliurfa, non loin de la frontière syrienne, où il partage une cellule prévue pour dix avec vingt-quatre autres prisonniers. La dernière audience de son procès aura lieu mardi 13 février.

    Elaine ne sera pas présente, « l’ambassade de France me l’a déconseillé ». Rentrée en France avec leurs deux enfants en bas âge, elle a très peu de contacts avec son conjoint. Pas de correspondance, c’est interdit. Ils se parlent dix minutes chaque quinze jours par téléphone.

    Comme la plupart des 50 000 personnes arrêtées depuis le coup d’Etat manqué, l’officier de police est accusé d’avoir chargé sur son portable l’application mobile ByLock, décrite par Ankara comme l’outil de communication des conjurés du 15 juillet, ce qu’il nie.

    La justice maintient l’accusation alors qu’« en dix-huit mois d’instruction, le procureur n’a pas pu apporter une seule preuve allant dans ce sens », déplore Elaine, qui se bat depuis la France pour prouver l’innocence de son époux.

    « En deux ans, il a été muté sept fois »

    Avoir l’application sur un téléphone suffit-elle à faire de son détenteur un putschiste ? Tous les doutes sont permis, surtout depuis que le parquet d’Ankara a reconnu, le 27 décembre 2017, que ByLock pouvait être installée sur un smartphone à l’insu de son propriétaire. C’est le cas pour 11 480 téléphones portables, reconnaît le parquet.

    Par ailleurs, ByLock est une preuve seulement « s’il est établi techniquement et de façon irréfutable que la communication a eu lieu dans le cadre de l’organisation [le mouvement Gülen] », a statué la Cour suprême en juin 2017. Débordés, soumis aux pressions politiques, les tribunaux n’en tiennent pas compte. Les dossiers d’accusation sont tous bâtis sur le même modèle.

    « Dans ce genre d’affaires, les procès-verbaux d’interrogatoires comportent sept questions-type systématiquement posées à l’accusé », explique une avocate soucieuse d’anonymat. Avoir eu ByLock sur son téléphone portable, un compte à la banque Asya, des enfants scolarisés dans les écoles du réseau Gülen, une bourse d’études pour une université étrangère, sont autant d’éléments à charge.

    La bourse d’études obtenue en 2008 par Kürsat Cevik, officier de police bien noté qui mena à bien une thèse de doctorat à l’université de Nottingham en Grande-Bretagne, est une tache noire dans son dossier. Proposées alors de façon tout à fait légale aux policiers, ces bourses, constatent aujourd’hui les juges, étaient « monopolisées par les membres du FETÖ », selon l’acronyme utilisé par les autorités pour désigner le mouvement gülen.

    « Les purges ont visé essentiellement des personnes éduquées qui, pour la plupart, avaient fait des études dans des universités étrangères. Les collègues de mon mari les plus diplômés sont aujourd’hui derrière les barreaux », assure Elaine. Avant de partir à l’étranger, l’officier travaillait à direction pour la lutte contre le crime organisé (KOM) à Ankara mais à son retour en Turquie, il en a été écarté.

    Cette direction était notoirement l’une des plus noyautées par le mouvement Gülen. Réelle, l’infiltration des organes de police et de justice par le mouvement a eu lieu avec le plein aval du gouvernement islamo-conservateur. Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, et Fethullah Gülen, l’imam turc installé en Pennsylvanie (Etats-Unis), furent longtemps les meilleurs associés avant de devenir les pires ennemis. En 2013, leur alliance vole en éclats.

    C’est à ce moment-là que Kürsat Cevik rentre au pays. « Les purges ont commencé. En deux ans, il a été muté sept fois », raconte Elaine, certaine que son mari n’a jamais été güleniste.

    Un verdict inversé après un tweet du gouvernement

    Elle a frappé à toutes les portes, en vain. « Les avocats qui acceptent de défendre des accusés gülenistes demandent des honoraires exorbitants. J’ai tenté d’en trouver par le biais d’ONG, mais je n’ai reçu aucun soutien car mon mari est officier de police, et, en Turquie, les ONG se consacrent à la défense des militants des droits de l’homme et à celle des Kurdes. »

    En avril 2017, le groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations unies (WGAD) a qualifié le cas de son mari d’« arbitraire ». Ankara est restée sourde à cette exhortation.

    « En représailles, les médias pro-gouvernementaux ont accusé Kürsat d’être un espion français. »
    Vers qui se tourner ? La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a vu les requêtes venues de Turquie augmenter de 276 % en 2016, a déclaré irrecevables les dossiers liés à l’état d’urgence imposé après le putsch raté. Le requérant doit d’abord épuiser les voies de recours internes. La Cour constitutionnelle turque en est une, ou plutôt elle l’était avant le 4 février.

    Ce jour-là, ses juges ont ordonné le maintien en prison des journalistes Mehmet Altan (66 ans) et Sahin Alpay (73 ans), en détention provisoire depuis 2016. Le 11 janvier, les mêmes juges s’étaient prononcés pour leur remise en liberté. Il aura suffi d’un tweet de Bekir Bozdag, le porte-parole du gouvernement, dénonçant « un mauvais verdict », de la part d’une Cour ayant « outrepassé ses pouvoirs législatifs et constitutionnels », pour que la décision soit inversée dans le sens voulu par le pouvoir politique.

  • Scandale sexuel en Haïti : la directrice adjointe d’Oxfam démissionne
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/12/haiti-l-ong-oxfam-accusee-d-avoir-engage-des-prostituees-apres-le-seisme-en-

    Je ne sais pas ce qu’en pense les généreux donateurs

    La numéro deux d’#Oxfam démissionne. Penny Lawrence, directrice générale adjointe de l’ONG, dans la tourmente en raison d’un scandale sexuel impliquant des responsables de l’organisation en #Haïti, a démissionné lundi 12 février. Cette démission fait suite à des révélations du quotidien britannique Times, selon qui des employés de la confédération d’#organisations_humanitaires, dont le siège se trouve à Oxford, ont engagé de jeunes #prostituées en 2011 à Haïti au cours d’une mission consécutive au séisme qui avait ravagé le pays en 2010.

    Exprimant sa « tristesse » et sa « honte » de « la conduite d’employés au #Tchad et à Haïti (…) incluant le recours à des prostituées », Penny Lawrence, qui était à l’époque directrice des programmes internationaux, a annoncé sa démission de ses fonctions dans un communiqué

    Selon le Times, des groupes de jeunes prostituées étaient invités dans des maisons et des hôtels payés par Oxfam. Une source citée par le quotidien dit avoir vu une vidéo d’une #orgie avec des prostituées portant des tee-shirts d’Oxfam.

    #prostitution

  • Tensions entre Chypre et la Turquie au sujet de l’exploration gazière
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/11/tensions-entre-chypre-et-la-turquie-au-sujet-de-l-exploration-gaziere_525521

    L’incident pourrait encore compliquer la résolution du problème chypriote. Chypre a estimé, dimanche 11 février, que la Turquie, qui occupe la partie nord de l’île, avait violé « le droit international » en bloquant un navire italien parti explorer du gaz dans les eaux de l’île méditerranéenne.

    Le grand groupe italien de l’énergie ENI a indiqué à l’agence de presse chypriote que des navires de la marine turque avaient donné l’ordre à l’un de ses bateaux de s’arrêter en raison « d’activités militaires » dans ce secteur. Il faisait route vers le bloc 3 de la Zone économique exclusive (ZEE) de Chypre, à l’est de l’île divisée, en vue de commencer l’exploration de cette zone.
    […]
    Chypre, qui a lancé des opérations de forage il y a plus de sept ans au large de ses côtes, a annoncé jeudi la découverte d’importantes réserves de gaz au bloc 6, au sud-ouest du bloc 3, par le groupe ENI et le français Total. L’an dernier, ExxonMobil et Qatar Petroleum ont signé un contrat de licence avec Nicosie pour explorer le bloc 10, situé près du champ gazier égyptien « Zohr », où d’immenses réserves de gaz ont été découvertes.

    Il y a un peu plus de 3 ans, incident au même endroit : un bateau turc prospectait sur cette zone
    https://seenthis.net/messages/307986
    (avec carte des « blocs » d’exploration)

    • Standoff on High Seas as Cyprus Accuses Turkey of Blocking Exploratory Drillship in Eastern Mediterranean – gCaptain
      http://gcaptain.com/standoff-on-high-seas-as-cyprus-accuses-turkey-of-blocking-exploratory-dri


      The Saipem 12000 drillship

      A spokesman for Eni said on Sunday the Saipem 12000 drill ship had been heading from a location southwest of Cyprus towards an area southeast of the island on Friday when it was stopped by Turkish military ships and told not to continue because of military activities in the destination area.
      […]
      A spokesman for the Italian foreign ministry confirmed that Turkish authorities were not allowing the ship to proceed towards its destination.

      Italy is following the matter “at the highest level through its diplomats in Nicosia and Ankara … and following all possible diplomatic steps to resolve the question,” the spokesman said.

      A spokesperson for Italy’s state-controlled Eni said the ship, which was travelling after reporting a natural gas discovery in another prospect within Cypriot maritime boundaries on Feb. 8, would remain stationary until the issue was resolved.

      “The vessel has prudently executed the orders and will remain in position pending an evolution of the situation,” the spokesperson said.

      The ship was heading to Block 3 of Cyprus’s exclusive economic zone, ENI said.

      Turkey’s ministry of foreign affairs, in a statement on Sunday did not make any mention of obstructing the Eni ship but said exploration of Block 3 was a unilateral move by Greek Cypriots that violated the sovereign rights of Turkish Cypriots on the ethnically-split island and Greek Cypriots were jeopardising security and stability in the region.

      Position du Saipem 12000 sur MarineTraffic à l’instant (le point bleu clair au centre, à l’arrêt) il n’est pas encore entré dans le Bloc 3.

    • Cyprus accuses Turkey of blocking ship again in gas exploration standoff
      https://www.reuters.com/article/us-cyprus-natgas-turkey/cyprus-accuses-turkey-of-blocking-ship-again-in-gas-exploration-standoff-id

      Cyprus accused Turkey on Friday of threatening to use force against a drillship chartered by Italy’s Eni, in a standoff over hydrocarbons rights in the eastern Mediterranean.

      There was no immediate reaction from Turkey, which has vowed to prevent Greek Cypriots from exploring for oil or gas around the ethnically-split island. Turkey says some areas of Cyprus’s offshore maritime zone fall under its jurisdiction.

      On Feb. 9, the Turkish navy on maneuvers in the Mediterranean stopped the Saipem 12000 vessel on its way to drill for gas in the waters off Cyprus, triggering a diplomatic standoff that has underscored tensions in the region over competing claims for offshore resources.